
- « C’est tout de même incroyable de voir autant d’hommes et de femmes rassemblés ici, à Marcine pour décider ensemble, pacifiquement, de lutter contre les grands fléaux afaréens, à savoir le colonialisme et le manque d’unité ! Et pourtant, les grandes puissances de ce continent se réunissent ici pour décider ensemble de la marche à suivre, et même mieux, de s’unir pour que les décisions prises ici soient reconnues par tout les états afaréens, et surtout pour tenir à distance les grandes puissances coloniales de ce XXIe siècle, à savoir la Clovanie et ses rivaux de gauche qui tentent de s’imposer en utilisant des méthodes se rapprochant plus que nécessaire de l’ingérence étrangère… »
Mais avant que Bolila puisse finir, le Ministre des Affaires étrangères marcinois fit :
« -Tu es sur que tout va bien se passer ? Enfin, devrais-je te rappeler que l’axe A-B-C, Althaj, Banairah et Cimétie n’a pas encore répondu par la positive, et il est risqué de se passer de leur présence sans s’attirer leurs foudres… Enfin, à partir du moment ou certains inélégants considèrent le Royaume comme une colonie, une marionnette, antérinienne, notre légitimité pourrait être remise en doute par certains… »
« -Oh ! Un ane vient de parler comme ça du Royaume ?! Espérons qu’il n’a pas eu la bêtise de venir à Marcine, car je lui ferais un drôle d’accueil ! Enfin, il ne faut pas prendre les gens pour des escalopes d’antilopes, gare à eux en tout cas ! Enfin franchement, considérer Marcine comme une colonie me dépasse, j’ai l’impression que personne n’est foutu de lire les articles qui se publient ici ! Manquerait plus qu’il ait remis en doute ma légitimité en tant que pan-afaréen et je lui aurai certainement envoyé un missile balistique pour lui apprendre à se comporter ! Quant à ta remarque sur l’absence de l’axe A-B-C, je comprends tes inquiétudes, moi même j’espère qu’ils auront l’envie de me répondre le plus tôt possible, enfin, après, reconnaissons que si la puissance de Marcine sur le continent n’est pas fracassante, le soutien de la Couronne sœur pourra très bien faire l’affaire ! En plus, je pense qu’ils me répondront le plus tôt possible, c’est pas comme si on était des clowns, et je suis certains que le soutien du Grand Kah et de l’Empire du Nord peut aider. D’ailleurs, est-ce que tu as envoyé une missive à Antrania pour lui rappeler que dorénavant c’est Marcine qui fixera la politique antérinienne en Afarée, même si c’était déjà le cas dans les faits, mais une reconnaissance officielle nous éviterait de devoir remonter les bretelles de Louis s’il en venait à commettre des actes bien trop proches des politiques coloniales d’antan. Car sinon, gare à lui ! »
- « Ce sera fait d’ici la semaine prochaine Aimé, mais tu ne pense tout de même pas que la conférence risque d’être difficile ? Enfin, je vois mal Ateh Olinga se montrer pacifique avec les antériens, d’autant lorsque ces derniers sont à l’origine de tensions entre les deux pays, toi même tu as dénoncé les crimes de l’Antegrad, mais pense-tu vraiment que ça va suffire ? Sinon, autant faire un choix maintenant… D’autant plus lorsque des nations plus ou moins rivales s’installent à la table des négociations, comme le Grand Kah et l’Empire du Nord… »
« -Évidemment que je choisit le guide du pan afaréisme, c’est tout de même cet homme qui a mené les guerres de décolonisations contre Velsna, c’est lui qui s’est battu contre l’ogre clovanien au Gondo et ce sera lui qui se battra contre les traîtres à l’Afarée. Il faut juste espérer que l’Antegrad sache se montrer tactique, et ne pas se limiter aux questions de forme, reconnaître quelques erreurs et affirmer son amour pour l’Afarée avec assez de convictions pour que ça passe… Sinon, autant se préparer à séparer deux gamins, car même si Ateh est un homme génial, il reste un peu trop omnubilé par sa Cause et n’est pas toujours un exemple de mesure quand Mère Afarée est prise pour une catin… Quant aux kah tanais et aux nordistes, je pense qu’ils sauront faire preuve de mesure, et même mieux, ils pourront aisément se défaire de leurs rivalité, car cette conférence n’est pas un endroit ou l’on se videra le cœur, ce sera ici ou l’on décidera ensemble pour le bien de l’Afarée, et même plus, pour une union diplomatique des états afaréens contre les ingérences non afaréennes. Encore heureux, cette question d’une alliance internationale sera le plus complexe, et je sens que la question militaire risquera d’en rendre plus d’un assez frileux… ne parlons même pas du gouvernement confédéral, qui viendra certainement nous taper sur les doigts si l’on propose de telles mesures, mais bon, on trouvera bien le moyen de se faire une petite armée pour défendre les intérêts afaréens, avec…ou sans l’accord de la Geauce… »
« -Bon, tu choisis Ateh, et qu’en pensent les anarchistes ? Enfin, son régime politique se rapproche assez bien de l’autocratie… Ou du moins d’une démocratie relativement complexée et défaillante… (fit-il avec une voix sourde pour ne pas voir le Premier Ministre sortir de ses gonds) et tu sais très bien que Diallo est assez opposée à ce genre de système… »
« -Mais non, on en a parlé lors du conseil des ministres, et ça n’a pas l’air de lui poser tant de problèmes, au contraire d’ailleurs, elle préfère un ami du Grand Kah plutot qu’un sbire d’une puissance ultra-libérale corrompue… Mais là encore le sujet reste réglé, quant au F.L.A, je lui ai promis de le consulter lors de la rédaction du traité final, et,restons honnêtes, mais je doute qu’ils iront hurler au scandale si je soutiens une reconnaissance de l’A.D comme seule représentante légitime du gouvernement gondolais, je préfère des Kah tanais aux clovaniens, même si j’essaierai de leur faire remarquer que l’ingérence étrangère dans un état en guerre civile se rapproche des méthodes clovaniennes… Enfin bon, la conférence débutera bientôt, tout est prêt ? »
« -Oui Aimé, tout est là, les sièges sont en place, les prospectus aussi et des secrétaires ont été dépechés pour régler les questions relatives aux prises de note pour les communiqués officiels. Même le Roi est ici, il est certainement occupé à rassurer tant bien que mal le Premier Ministre de la Grande Soeur antérinienne. Après tout, il sera certainement ravi de participer à des conférences de cette ampleur ! »
Puis les deux hommes allèrent rejoindre une immense salle à l’intérieur du palais, elle était d’une propreté impeccable, d’un raffiné à en rendre jaloux les Antériniens eux-mêmes, le parquet resplendissait et les fenêtres illuminaient la salle de lumière. Des petits drapeaux avaient été disposés tout autour de la table, ainsi que quelques bouteilles d’eau, pour étancher la soif des plénipotentiaires. Les grandes portes aux armoiries marcinoises étaient ouvertes tandis que les étendards du Royaume avaient été soigneusement disposés à l’arrière de la salle. Les petits séants noirs étaient légèrement poussés en arrière, les micros et autres traducteurs étaient propres et prêt à l’usage tandis que les deux hommes habillés dans les complets bleus marin s’asseyaient. Il y avait autour d’eux une dizaine de chaises vides, prêtes à accueillir les représentants du Gouvernement Marcinois, mais aussi de l’opposition anarchiste, notamment afin de contenter ces derniers et de leur permettre de prendre part aux débats s’ils le jugent nécessaire.
Après avoir longuement bardés, le Roi arriva, légèrement empetré dans ses habituels costumes, bien plus classiques et conformes au Protocole que ceux des ministres marcinois, qui firent avec un certain humour :
« -Votre Majesté n’est pas obligé de porter ces complets bleus marin ennuyants et fades, elle peut très bien se contenter des flamboyants vêtements que nous portons ! » (fit Bolila en riant franchement).
« -Tu sais très bien Aimé que c’est difficile, notamment lorsque son père est antérinien, tu connais la manie de ces derniers à conserver les formes, les traditions, et ce même dans les costumes d’apparats ! Enfin, heureusement que l’Impératrice Régente m’a poussé dès mon enfance à porter des chaussettes aux couleurs afaréennes, c’est à dire réchauffantes et chaleureuses ! » (répondit le Roi)
Ils rirent tout trois aux éclats, et déjà Bassé disait : « -Un beau jour nous vous convertirons à la sapologie, et vous irez aux Assemblées en portant un costume qui rappellera l’Afarée à nos représentants ! » qui déclencha un éclat de rire général.
Mais ils durent tenter de se maîtriser quand un secrétaire, habillé selon le stricte protocole diplomatique antérinien, entra et fit haletant : « Les Azuréens et les Kah Tanais sont ici ! »
Ils se levèrent tous et allèrent rejoindre en trombe l’entrée du palais ; « heureusement que ce n’est pas si loin de la salle de conférence, sinon, nous aurions l’air fin avec nos costumes aux couleurs de l’arc-en-ciel en courant comme des clowns ! » fit Bolila, tandis que Louis lui répondit : « Justement, et bien dépêchons-nous ! » avant qu’ils n’arrivent tout trois devant une grande cour de gravier blanc après cinq minutes de courses effrénées dans les couloirs. Déjà le corp gouvernemental était là, Armand Sogho et Louis Lobalé firent : « Et bien, inutile de courir, les voitures protocolaires ne sont pas encore arrivées ! » avant de rabattre le col des vestons des trois hommes et de remettre en place les cravates de ces derniers. Puis finalement le convoi arriva, et les kah tanais et Azuréens saluèrent les membres du Gouvernement, tandis que la garde royale aux uniformes verts les escorta jusqu’à la salle de Conférence. Puis ensuite, ce fut un long défilé d’officiels, des diplomates lonégasques aux yukunslaves, l’arrivée d’Olinga fut certainement la plus remarquable, l’homme d’état ouwalindais débarqua en jeep en tirant plusieurs coups de feu en l’air, tandis que les gardes, ahuris, ne firent rien.
Puis il descendit de son véhicule et serra franchement la main de Louis VI de Marcine et d’Antérinie en faisant d’une voix assez rude : « Seigneur de guerre Louis VI, je vous salue ! » avant de serrer la main à l’intégralité des gouvernants marcinois. Ces derniers, surpris et charmés par ces méthodes relativement expéditives ne purent s’empêcher de lui rendre la pareil et le Roi, quelque peu désarçonné ne put s’empêcher de penser : « c’est certes un homme brutal, mais il reste élégant dans sa brutalité. » tandis que Barnabas, se présenta devant les ministres. Le ministre du respect, second d’Ateh Olinga, fit de son éternel air triste : « Je vous salue, et je vous prie d’excuser Monsieur l’Amiral-Président, qui est quelque peu abrupte dans ses manières… ». Finalement, après avoir salué l’intégralité des délégations étrangères à l’entrée, les gouvernants marcinois allèrent rejoindre la salle de conférence. L’ambiance n’était pas encore palpable, mais on commençait à deviner que des tensions existaient déjà, notamment lorsque des regards s’échangèrent entre les antériens et les ouwalindais.
Sentant que le tout pouvait assez facilement dégénérer, le Premier Ministre, en même temps que de présenter un siège à sa rivale anarchiste fit :
« Messieurs, mesdames, je tiens avant tout à vous présenter mes salutations les plus sincères, et à espérer que votre voyage se soit bien déroulé. Si je vous ai aujourd’hui inviter ici, à Marcine, c’est avant tout pour aborder un sujet d’une importance capitale, un sujet, qui fait chaque jour des centaines de morts, un sujet qui déchire actuellement l’Afarée. Je veux bien sur parler de la guerre civile au Gondo.
Ainsi, il me paraît important de rappeler que l’objectif ici est de désigner le seul gouvernement légitime capable de représenter de manière efficace cet état de l’Afarée Occidentale, les accords d’Imcelet existent certes aujourd’hui, mais force nous est de constater que la situation a changé, et qu’il nécessaire de s’adapter à cette dernière, notamment lorsque notre choix fait ici nous permettra de fermer la porte aux ingérences étrangères et non afaréennes dans cette guerre civile sanguinaire.
Mon choix est tout trouvé, je parle bien entendu de l’Armée Démocratique, qui a su se montrer brave et pugnace face aux pressions de ce gouvernement corrompus aux intérêts clovaniens qu’est celui se prétendant représenter le Gondo « légitime », celui la même qui s’appuie sur la colonisation pour se maintenir au pouvoir, et que certains états présents dans cette salle semblent soutenir ! C’est ainsi selon l’avis du gouvernement Marcinois, la seule faction capable de représenter un état gondolais libre et indépendant, un état capable de se débarasser de la corruption et du vice pour se reconstruire.
Bien sur, certains pourraient s’opposer à cela, et je ne peux que les encourager à s’exprimer, nous sommes avant tout une démocratie, et cette décision doit être collégiale, elle nous concernera tous à l’avenir et je ne peux qu’encourager les états participants à cette conférence à se prononcer en faveur… ou en défaveur, de cette proposition. »
Puis le Premier Ministre se rassit et attendit les réponses de ses homologues et des plénipotentiaires afaréens.
