11/05/2017
16:05:12
Index du forum Scène Internationale Diplomatie internationale

Conférence de Marcine (ouverte à tout les états afaréens)

11624
Tenue du gouvernement marcinois

Et l’Afarée unie fut !

-  « C’est tout de même incroyable de voir autant d’hommes et de femmes rassemblés ici, à Marcine pour décider ensemble, pacifiquement, de lutter contre les grands fléaux afaréens, à savoir le colonialisme et le manque d’unité ! Et pourtant, les grandes puissances de ce continent se réunissent ici pour décider ensemble de la marche à suivre, et même mieux, de s’unir pour que les décisions prises ici soient reconnues par tout les états afaréens, et surtout pour tenir à distance les grandes puissances coloniales de ce XXIe siècle, à savoir la Clovanie et ses rivaux de gauche qui tentent de s’imposer en utilisant des méthodes se rapprochant plus que nécessaire de l’ingérence étrangère… »

Mais avant que Bolila puisse finir, le Ministre des Affaires étrangères marcinois fit :

« -Tu es sur que tout va bien se passer ? Enfin, devrais-je te rappeler que l’axe A-B-C, Althaj, Banairah et Cimétie n’a pas encore répondu par la positive, et il est risqué de se passer de leur présence sans s’attirer leurs foudres… Enfin, à partir du moment ou certains inélégants considèrent le Royaume comme une colonie, une marionnette, antérinienne, notre légitimité pourrait être remise en doute par certains… »

« -Oh ! Un ane vient de parler comme ça du Royaume ?! Espérons qu’il n’a pas eu la bêtise de venir à Marcine, car je lui ferais un drôle d’accueil ! Enfin, il ne faut pas prendre les gens pour des escalopes d’antilopes, gare à eux en tout cas ! Enfin franchement, considérer Marcine comme une colonie me dépasse, j’ai l’impression que personne n’est foutu de lire les articles qui se publient ici ! Manquerait plus qu’il ait remis en doute ma légitimité en tant que pan-afaréen et je lui aurai certainement envoyé un missile balistique pour lui apprendre à se comporter ! Quant à ta remarque sur l’absence de l’axe A-B-C, je comprends tes inquiétudes, moi même j’espère qu’ils auront l’envie de me répondre le plus tôt possible, enfin, après, reconnaissons que si la puissance de Marcine sur le continent n’est pas fracassante, le soutien de la Couronne sœur pourra très bien faire l’affaire ! En plus, je pense qu’ils me répondront le plus tôt possible, c’est pas comme si on était des clowns, et je suis certains que le soutien du Grand Kah et de l’Empire du Nord peut aider. D’ailleurs, est-ce que tu as envoyé une missive à Antrania pour lui rappeler que dorénavant c’est Marcine qui fixera la politique antérinienne en Afarée, même si c’était déjà le cas dans les faits, mais une reconnaissance officielle nous éviterait de devoir remonter les bretelles de Louis s’il en venait à commettre des actes bien trop proches des politiques coloniales d’antan. Car sinon, gare à lui ! »

- « Ce sera fait d’ici la semaine prochaine Aimé, mais tu ne pense tout de même pas que la conférence risque d’être difficile ? Enfin, je vois mal Ateh Olinga se montrer pacifique avec les antériens, d’autant lorsque ces derniers sont à l’origine de tensions entre les deux pays, toi même tu as dénoncé les crimes de l’Antegrad, mais pense-tu vraiment que ça va suffire ? Sinon, autant faire un choix maintenant… D’autant plus lorsque des nations plus ou moins rivales s’installent à la table des négociations, comme le Grand Kah et l’Empire du Nord… »

« -Évidemment que je choisit le guide du pan afaréisme, c’est tout de même cet homme qui a mené les guerres de décolonisations contre Velsna, c’est lui qui s’est battu contre l’ogre clovanien au Gondo et ce sera lui qui se battra contre les traîtres à l’Afarée. Il faut juste espérer que l’Antegrad sache se montrer tactique, et ne pas se limiter aux questions de forme, reconnaître quelques erreurs et affirmer son amour pour l’Afarée avec assez de convictions pour que ça passe… Sinon, autant se préparer à séparer deux gamins, car même si Ateh est un homme génial, il reste un peu trop omnubilé par sa Cause et n’est pas toujours un exemple de mesure quand Mère Afarée est prise pour une catin… Quant aux kah tanais et aux nordistes, je pense qu’ils sauront faire preuve de mesure, et même mieux, ils pourront aisément se défaire de leurs rivalité, car cette conférence n’est pas un endroit ou l’on se videra le cœur, ce sera ici ou l’on décidera ensemble pour le bien de l’Afarée, et même plus, pour une union diplomatique des états afaréens contre les ingérences non afaréennes. Encore heureux, cette question d’une alliance internationale sera le plus complexe, et je sens que la question militaire risquera d’en rendre plus d’un assez frileux… ne parlons même pas du gouvernement confédéral, qui viendra certainement nous taper sur les doigts si l’on propose de telles mesures, mais bon, on trouvera bien le moyen de se faire une petite armée pour défendre les intérêts afaréens, avec…ou sans l’accord de la Geauce… »

« -Bon, tu choisis Ateh, et qu’en pensent les anarchistes ? Enfin, son régime politique se rapproche assez bien de l’autocratie… Ou du moins d’une démocratie relativement complexée et défaillante… (fit-il avec une voix sourde pour ne pas voir le Premier Ministre sortir de ses gonds) et tu sais très bien que Diallo est assez opposée à ce genre de système… »

« -Mais non, on en a parlé lors du conseil des ministres, et ça n’a pas l’air de lui poser tant de problèmes, au contraire d’ailleurs, elle préfère un ami du Grand Kah plutot qu’un sbire d’une puissance ultra-libérale corrompue… Mais là encore le sujet reste réglé, quant au F.L.A, je lui ai promis de le consulter lors de la rédaction du traité final, et,restons honnêtes, mais je doute qu’ils iront hurler au scandale si je soutiens une reconnaissance de l’A.D comme seule représentante légitime du gouvernement gondolais, je préfère des Kah tanais aux clovaniens, même si j’essaierai de leur faire remarquer que l’ingérence étrangère dans un état en guerre civile se rapproche des méthodes clovaniennes… Enfin bon, la conférence débutera bientôt, tout est prêt ? »

« -Oui Aimé, tout est là, les sièges sont en place, les prospectus aussi et des secrétaires ont été dépechés pour régler les questions relatives aux prises de note pour les communiqués officiels. Même le Roi est ici, il est certainement occupé à rassurer tant bien que mal le Premier Ministre de la Grande Soeur antérinienne. Après tout, il sera certainement ravi de participer à des conférences de cette ampleur ! »

Puis les deux hommes allèrent rejoindre une immense salle à l’intérieur du palais, elle était d’une propreté impeccable, d’un raffiné à en rendre jaloux les Antériniens eux-mêmes, le parquet resplendissait et les fenêtres illuminaient la salle de lumière. Des petits drapeaux avaient été disposés tout autour de la table, ainsi que quelques bouteilles d’eau, pour étancher la soif des plénipotentiaires. Les grandes portes aux armoiries marcinoises étaient ouvertes tandis que les étendards du Royaume avaient été soigneusement disposés à l’arrière de la salle. Les petits séants noirs étaient légèrement poussés en arrière, les micros et autres traducteurs étaient propres et prêt à l’usage tandis que les deux hommes habillés dans les complets bleus marin s’asseyaient. Il y avait autour d’eux une dizaine de chaises vides, prêtes à accueillir les représentants du Gouvernement Marcinois, mais aussi de l’opposition anarchiste, notamment afin de contenter ces derniers et de leur permettre de prendre part aux débats s’ils le jugent nécessaire.

Après avoir longuement bardés, le Roi arriva, légèrement empetré dans ses habituels costumes, bien plus classiques et conformes au Protocole que ceux des ministres marcinois, qui firent avec un certain humour :

« -Votre Majesté n’est pas obligé de porter ces complets bleus marin ennuyants et fades, elle peut très bien se contenter des flamboyants vêtements que nous portons ! » (fit Bolila en riant franchement).

« -Tu sais très bien Aimé que c’est difficile, notamment lorsque son père est antérinien, tu connais la manie de ces derniers à conserver les formes, les traditions, et ce même dans les costumes d’apparats ! Enfin, heureusement que l’Impératrice Régente m’a poussé dès mon enfance à porter des chaussettes aux couleurs afaréennes, c’est à dire réchauffantes et chaleureuses ! » (répondit le Roi)
Ils rirent tout trois aux éclats, et déjà Bassé disait : « -Un beau jour nous vous convertirons à la sapologie, et vous irez aux Assemblées en portant un costume qui rappellera l’Afarée à nos représentants ! » qui déclencha un éclat de rire général.

Mais ils durent tenter de se maîtriser quand un secrétaire, habillé selon le stricte protocole diplomatique antérinien, entra et fit haletant : « Les Azuréens et les Kah Tanais sont ici ! »

Ils se levèrent tous et allèrent rejoindre en trombe l’entrée du palais ; « heureusement que ce n’est pas si loin de la salle de conférence, sinon, nous aurions l’air fin avec nos costumes aux couleurs de l’arc-en-ciel en courant comme des clowns ! » fit Bolila, tandis que Louis lui répondit : « Justement, et bien dépêchons-nous ! » avant qu’ils n’arrivent tout trois devant une grande cour de gravier blanc après cinq minutes de courses effrénées dans les couloirs. Déjà le corp gouvernemental était là, Armand Sogho et Louis Lobalé firent : « Et bien, inutile de courir, les voitures protocolaires ne sont pas encore arrivées ! » avant de rabattre le col des vestons des trois hommes et de remettre en place les cravates de ces derniers. Puis finalement le convoi arriva, et les kah tanais et Azuréens saluèrent les membres du Gouvernement, tandis que la garde royale aux uniformes verts les escorta jusqu’à la salle de Conférence. Puis ensuite, ce fut un long défilé d’officiels, des diplomates lonégasques aux yukunslaves, l’arrivée d’Olinga fut certainement la plus remarquable, l’homme d’état ouwalindais débarqua en jeep en tirant plusieurs coups de feu en l’air, tandis que les gardes, ahuris, ne firent rien.

Puis il descendit de son véhicule et serra franchement la main de Louis VI de Marcine et d’Antérinie en faisant d’une voix assez rude : « Seigneur de guerre Louis VI, je vous salue ! » avant de serrer la main à l’intégralité des gouvernants marcinois. Ces derniers, surpris et charmés par ces méthodes relativement expéditives ne purent s’empêcher de lui rendre la pareil et le Roi, quelque peu désarçonné ne put s’empêcher de penser : « c’est certes un homme brutal, mais il reste élégant dans sa brutalité. » tandis que Barnabas, se présenta devant les ministres. Le ministre du respect, second d’Ateh Olinga, fit de son éternel air triste : « Je vous salue, et je vous prie d’excuser Monsieur l’Amiral-Président, qui est quelque peu abrupte dans ses manières… ». Finalement, après avoir salué l’intégralité des délégations étrangères à l’entrée, les gouvernants marcinois allèrent rejoindre la salle de conférence. L’ambiance n’était pas encore palpable, mais on commençait à deviner que des tensions existaient déjà, notamment lorsque des regards s’échangèrent entre les antériens et les ouwalindais.

Sentant que le tout pouvait assez facilement dégénérer, le Premier Ministre, en même temps que de présenter un siège à sa rivale anarchiste fit :

« Messieurs, mesdames, je tiens avant tout à vous présenter mes salutations les plus sincères, et à espérer que votre voyage se soit bien déroulé. Si je vous ai aujourd’hui inviter ici, à Marcine, c’est avant tout pour aborder un sujet d’une importance capitale, un sujet, qui fait chaque jour des centaines de morts, un sujet qui déchire actuellement l’Afarée. Je veux bien sur parler de la guerre civile au Gondo.

Ainsi, il me paraît important de rappeler que l’objectif ici est de désigner le seul gouvernement légitime capable de représenter de manière efficace cet état de l’Afarée Occidentale, les accords d’Imcelet existent certes aujourd’hui, mais force nous est de constater que la situation a changé, et qu’il nécessaire de s’adapter à cette dernière, notamment lorsque notre choix fait ici nous permettra de fermer la porte aux ingérences étrangères et non afaréennes dans cette guerre civile sanguinaire.

Mon choix est tout trouvé, je parle bien entendu de l’Armée Démocratique, qui a su se montrer brave et pugnace face aux pressions de ce gouvernement corrompus aux intérêts clovaniens qu’est celui se prétendant représenter le Gondo « légitime », celui la même qui s’appuie sur la colonisation pour se maintenir au pouvoir, et que certains états présents dans cette salle semblent soutenir ! C’est ainsi selon l’avis du gouvernement Marcinois, la seule faction capable de représenter un état gondolais libre et indépendant, un état capable de se débarasser de la corruption et du vice pour se reconstruire.

Bien sur, certains pourraient s’opposer à cela, et je ne peux que les encourager à s’exprimer, nous sommes avant tout une démocratie, et cette décision doit être collégiale, elle nous concernera tous à l’avenir et je ne peux qu’encourager les états participants à cette conférence à se prononcer en faveur… ou en défaveur, de cette proposition. »


Puis le Premier Ministre se rassit et attendit les réponses de ses homologues et des plénipotentiaires afaréens.

la salle de conférence ressemble à cela
Ismael Idi Amar, le chef suprême de la Fédération centrale démocratique d'Antegrad, était présent à cette rencontre entre le gratin des dirigeants et les représentants d'une partie des nations afaréennes. Celui-ci, habillé en tenue militaire et portant des lunettes, même s'il n'en avait pas besoin, salue une partie des dirigeants avant de s'installer. Il écoute attentivement le discours du Premier ministre marcinois, ne réagissant pas aux critiques qui le visent indirectement. Il le sait, cela est insignifiant. Il trie ses divers papiers entre ses bras. Certains sont des photos, d'autres de simples documents. Il attend un peu, puis demande s'il peut prendre la parole avant de se lever.

"Je tiens également à vous saluer avant de prendre la parole. Je vous annonce que je ne m'exprimerai pas sur ce sujet, car je n'étais pas au courant de certaines choses concernant le camp présidentiel. Cependant, je ne soutiendrai pas l'armée démocratique, qui n'est pas innocente dans l'instabilité régionale. De même, je ne soutiendrai plus le camp présidentiel pour certaines raisons, notamment un message diplomatique dont je ne vais pas parler et parce que j'ai été mis au courant de certains faits. Je ne m'opposerai aucunement à la reconnaissance d'un des deux partis. Merci."

Il se rassoit avant de retirer ses lunettes, les bras croisés, regardant le Premier ministre marcinois. Il savait que cela pouvait sembler contradictoire, mais préférait ne pas en dire plus. Il regroupas ses documents avant de les ranger dans une pochette.

https://i.postimg.cc/zf8sfxqW/gyfhujdik.png
Le chef suprême, Ismael Idi Amar, installé lors de la rencontre.
Cette conférence était attendue de longue date, mais du côté ouwanlindais, on se posait la question de sa pertinence. Non pas que celle-ci ne le soit pas objectivement: après tout, la perspective d'une paix prospère en Afarée était voulue par tous. Mais dans sa croisade contre le colonialisme au Gondo, il se pourrait qu'Ateh Olinga ait raté quelques courriers, et ne se soit guère intéressé à autre chose que la perspective de chasser les clovaniens et autres puissances "décadentes" hors du continent. Tout cela pour dire...qu'Ateh est venu en ayant une connaissance tout à fait partielle de la situation géopolitique afaréenne. Au mieux, il devait peut-être voir cela comme une occasion de voyager tout frais payer sur le compte du "commonwealth" antérinien. Mais tout de même, d'autres officiels ouwanlindais, le ministre du respect Barnabas en tête, étaient curieux à l'idée de ce que pourrait produire un tel évènement, rassemblant des pays pour certains ennemis. Cette conférence ressemblait à un saut dans le vide dont on ne connaîtrait pas le résultat à l'avance, de son avis éclairé. Cela pourrait isoler certaines nations et leurs causes au profit d'autres. Pour cette raison, Barnabas, bien qu'absent à cette occasion, avait recommandé à l'Amiral-Président Olinga la retenue, une qualité dont malheureusement, il paraissait dénué...

A la tête d'un petit convoi militaire rassemblant sa garde du corps de cinquante hommes et autres "courtisans" et compagnons d'armes, Ateh s'enfonçait ainsi en territoire de Marcine avec l'accord des autorités locales. Et l'arrivée fut des plus atypiques, encore une fois, les étrangers découvrant peut-être la tradition protocolaire consistant pour les hommes de la parade, à décharger leurs kalachnikov dorées en l'air au passage de l'Amiral-Président. Saluant chaudement les officiels marcinois dans leurs tenues de parade bariolées, cette rencontre ne manquait pas piquant, quand on faisait la comparaison avec Ateh, qui était dans son éternelle tenue militaire kaki. L'immense ouwanlindais tapait ainsi amicalement dans l'épaule du ministre des affaires étrangères avec sa bonhommie habituelle:
- Aaaaaahhh...monsieur le ministre ! Vous êtes aussi coloré qu'un perroquet ! Regardez moi ça: sapés comme des princes gondolais ! Si ça continue, je vais devoir renouveler ma garde robe. - fait-il, se faisant lui-même rire - J'aime beaucoup la décoration, monsieur le ministre, et l’accueil s'est passé au mieux depuis mon arrivée. Je n'ai croisé que des villages de jeunes gens, d'enfants et de vieilles dames, tous heureux ! J'aurais peut-être dû venir plus tôt. Mais soit, qu'attendons nous ? Je vais de ce pas prendre ma place à cette conférence...

L'immense salle de conférence présentait un bel aspect de Marcine assurément, qui n'était en rien semblable à la représentation du pouvoir en vigueur en Ouwanlinda. Ateh avait un certain mépris du luxe, et par delà cette appréciation personnelle, ce sont tous les fonctionnaires ouwanlindais qui étaient incités à la simplicité, dans cet apparat qui servait à appuyer les origines humbles de la personne qui en était à sa tête. "Je suis né dans une case !" répétait souvent le dictateur à ses subordonnés. Si l'humeur d'Ateh était à aux larges sourires carnassiers à son arrivée, elle changea bien vite lorsqu'il vit les délégués antégriens prendre place en face de lui. Lui qui avait gardé son revolver d'ordonnance colonial velsnien à sa ceinture, comme toujours, était, à l'écoute de ses homologues. Il ne s'agissait pas de la même personne que celle qui était entrée quelques instants auparavant. Son regard ne se détourna pas d'Idi Amar. On aurait presque pu penser...qu'il écoutait et assimilait les informations qui sortaient de la bouche de son homologue, ce qui était rare chez Ateh.Sa main droite, celle qui était du côté de la crosse de son revolver, avait la tremblote.

a

Enfin, le délégué antégrien se rassit. Il était temps. Il y eu l'uun de ces silences après la fin de l'intervention de l'infame comme ceux qu'Ateh déteste. Le bruit et la fureur devaient animer cette conférence, il en serait ainsi. Ce fut à son tour de prendre la parole parmi les délégués. Ateh entendait effectuer une intervention qui ferait date:
- Mes chers hôtes, mes chers compères. Il me vient beaucoup qualit...qualité...qualificatifs pour décrire cette conférence à laquelle nous avons tous été invités. Tout d'abord, il convient de remercier le gouvernement de Marcine pour l'organa...l'organisation. Cette initiative fait honneur à nos hôtes, mais je me permets de faire une graisse...digression sur un autre sujet que sont les réformes récentes de Marcine, qui vont dans le sens de son indépendance vis à vis de sa puissance coloniale qu'est l'Antérinie. En effet, l'interventionnisme et l'ingérence des puissances eurysiennes sera toujours le fléau qui appauvrit toutes nos patries. Que nous soyons gondolais, marciniens, antégriens...nous avons tous à perdre à exister avec des parasites sur notre dos. Et je souhaite débuter cette conférence par ces propos: il n'est pas question pour nous, ouwanlindais qui avons gagné notre liberté au prix fort, que cette rencontre ne soit le lieu d'expression de la servitude qui sortirait de la bouche de certains d'entre vous, représentants de nations qui n'ont pas encore pu ou voulu sortir d'un joug étranger. Cette conférence doit déterminer ce que nous, afaréens entendons devenir. Et une chose est sûre: l'Ouwablinda refusera toute initiative conduisant à un renforcement des politiques coloniales.

Ateh, qui n'était pas habitué à des discours aussi longs marqua une pause, en profitant pour remonter son holster, son revolver le gênant sur sa chaise.

Nos hôtes marciniens parlent bien et parlent juste. Eux, reconnaissent la situation au Gondo comme ce qu'elle est. La cause des insurgés est juste, et il convient de remonter à l'origine de toutes ces violences qui ne se trouvent que du côté d'un gouvernement mafieux et aux abois, complètement asservis à la solde d’intérêts étrangers. Le gouvernement gondolais ne représente plus le peuple gondolais depuis longtemps, et il nous faut tirer un bilan exak...exact: il ne s'agit rien de plus qu'une antenne afaréenne de la Clovanie. Cette Clovanie, qui envoie des mercenaires par vague pour massacrer les femmes et les enfants, vider les villages et incendier les maisons ! Ces gens ont du sang sur les mains, car ils ont été les bons serviteurs d'entreprises étrangères qui leur ont délégué ce travail ! Aussi, à ceux qui n'étaient pas encore tout à fait au fait des raisons de mon intervention au Gondo, sachez ceci: je suis du côté de l'Histoire, et c'est l'Histoire qui me jugera, et qui maudira ceux qui ont prit partie pour le gouvernement gondolais dans cette affaire.

Aussi, je veux que cette conférence permette l'établissement de cette vérité: le Gondo doit être condamné pour ce qu'il a fait subir à ses habitants, et par expansio...extension, à tous les afaréens pour nous faire subir un prolongement des humiliations que nos peuples ont essuyé pendant le joug colonial. Je ne saurai donc vous inciter davantage à reconnaître l'Armée démocratique comme le seul et unique gouvernement légitime du Gondo. Afin que nous puissions tous enfin tourner cette page honteuse. Les gondolais méritent mieux.


C'est à ce moment précis de son intervention que l'Amiral-Président se tourna vers le représentant antégrien. Ses yeux étaient rouges, presque autant que ses épaulières.



Il est également amusant de constater que cette "conférence sur la paix en Afarée" a attiré des espèces très particulières de "pacifistes". On m'invite, j'accepte de bon cœur en pensant que cela serait une entrevue sérieuse. Et que vois-je ? Le visage d'un homme qui fait partie d'un gouvernement qui a jugé bon de bombarder ma patrie à coups de missiles. Un homme qui a participé à une action meurtrière, et au nom de quoi ? L'Antegrad, en face de moi, soutient pleinement et sans conditions les actions criminelles du gouvernement gondolais. Et par dessus le marché, elle se permet, sans déclaration de guerre, de s'attaquer à une autre puissance. Un gouvernement qui invite sur son sol des puissances étrangères en les invitant à profiter de lui: drovolskiens, sylvois... Et qui trouvera convenu de se cacher derrière eux au premier problème, comme un lâche.

Si nous étions dans un endroit civilisé, "monsieur" Idi Amar, cela fait très longtemps que j'aurais sorti mon revolver pour vous tirer une balle dans le crane, soyez en sûr. Ou vous briser le crâne à la machette. Ou vous plaquer les mains sur une pierre pour les briser au marteau. La seule chose qui m'en empêche, la seule chose qui me retient, sachez le, c'est le respect que je dois à mes hôtes. Et au fait que je n'ai guère envie de salir leurs tapis avec votre sang, dont je doute presque qu'il soit d'une couleur différente de celles des autres humains.

Vous êtes un traitre à votre continent et à la cause des afarénes, sachez le. Et dans mon pays, la traîtrise est une maladie qui exige des remèdes particuliers que je me ferais une joie de vous administrer. Gardez les documents que vous voulez là où ils sont: nos preuves à nous, ce sont les cadavres dont nous avons dû regrouper les morceaux après le passage de vos missiles. Vous n'êtes pas légitimes à parler de paix en ces lieux, retournez donc chez vous. Conférence de paix ou pas, il y aura une rétribution à vos actes. Ayez honte.

« Le Gondo ne tolérera aucune ingérence étrangère »

Dans une conférence de presse exceptionnelle, le président de la République gondolaise Désiré Flavier-Bolwou prévient les puissances afaréennes assemblées à Marcine que toutes les décisions qui seront prises là-bas concernant la République démocratique libre du Gondo « ne seront pas en mesure d'influencer de quelque manière que ce soit la vie de nos concitoyens ni l'existence même de l'État gondolais ». Le chef de l'État entend blâmer cette initiative qui se passe de toute représentation gondolaise, et annonce : « le Gondo ne tolérera aucune ingérence étrangère ». Il affirme en outre que leur initiative, qu'il qualifie de « aussi abqurde qu'inattendue et fort malvenue » n'aboutira pas, car représenterait le cas échéant un « légicide synonyme de chaos pour la Terre entière ».
Il a enfin rappelé, en conclusion de son discours, que les puissances affaréennes favorables aux Accord d'Icemlet et à une « solution gondolaise », notamment les Tarmut n Althalj et plus largement les membres du FCAN, devraient « tout faire pour rendre cette mascarade insignifiante, car elle a pour but d'enterrer le format d'Icemlet ».

Les rebelles sur une ligne similaire

Dans la même veine, les principaux mouvements rebelles, qui ont entamé un dialogue trilatéral depuis quelques mois à l'initiative de l'Armée démocratique, préviennent dans un rare communiqué commun que « toute tentative de décider du sort du Gondo sans les gondolais sera nulle et non avenue ».
Ce texte n'a de plus pas été jugé suffisant par les mouvements du MIPL et du MLL, marginalisés par la conférence, de dénoncer chacun de leur côté leur mise au ban « incompréhensible ». Mohammed Gadiel dénonce le caractère « fondamentalement anti-démocratique » de la réunion, à même selon lui de « faire reculer les Droits fondamentaux sur le continent ». Le MIPL prévient quant à lui : « le peuple Pitsi se gouverne seul et les gesticulations des ennemis du peuple ne feront que prolonger la guerre ». Une opinion largement partagée au Gondo d'après les associations les plus actives.
Bassé écoutait attentivement ce que disait Olinga, c’était avant tout une sorte de guide spirituel fort pour lui, mais néanmoins, il était surpris par ce dernier, qui semblait ne pas connaître l’histoire marcinoise, et qui surtout violait le protocole classique, notamment avec ses menaces de mort à l’encontre du dirigeant antérien avait profondément choqué le reste de l’assemblée, Louis VI, ne laissant rien paraître dit tout bas à son ministre des affaires étrangères : « Quel sauvage, après, est-ce qu’il a tort ? » tandis que le Premier Ministre espérait ne pas déraper en rappelant à l’Amiral-Président que Marcine n’est pas une colonie, car déjà elle ne l’a jamais été, et c’est souvent là le problème, car tout le monde considère la Couronne comme une marionnette antérinienne, sujet O combien douloureux chez les Marcinois, qui se sentent ainsi méprisés, parfois même considérés comme « moins » afaréens que les autres, et il assez aisé d’imaginer que les pan-afaréens de Marcine passaient ainsi pour des hypocrites, chose insupportable pour des hommes animés par de telles valeurs et profondément chrétiens, et donc blessés que l’on les prends pour des menteurs et des manipulateurs.

Mais néanmoins, Ateh Olinga conservait l’estime du Premier Ministre, qui voyait là le mouvement d’un homme franc et convaincu par ses idées, bien sur, plusieurs points étaient à revoir, notamment au niveau de la forme, qui était considérée comme bien trop brutale, et qui déplairait très certainement aux autres représentants présents autour de cette table. Et il sentait que les antériens régiraient très mal, d’abord car Idi Amar venait d’être menacé de mort, et ensuite car Ateh faisait référence aux bombardements et à l’attaque antérienne qui s’est déroulé il y a de cela quelques mois, amenant ainsi un froid certain dans la pièce. Car quoiqu’en pensait Bolila, les autres états n’étaient pas forcément favorables au dictateur ouwalindais, et les dénonciation de l’invasion ouwalindaise qui ont été faites par l’Azur et six états afaréens vont dans ce sens. Ainsi ce dernier préférait éviter de laisser les antériens répondre, d’abord afin que la situation ne s’envenime plus, et ensuite pour limiter les risques de voir émerger une certaine méfiance vis à vis des marcinois, qui malgré leurs accointances idéologiques avec Olinga, préféraient rester l’arbitre, ou du moins le modérateur de ce sommet.

Même si ce dernier peut être considérer à bien des égards comme illogique, voire franchement risqué. En effet, l’objectif de cette conférence, selon les mots du Premier Ministre est de pouvoir « renforcer la paix sur le continent afaréen. Amenant pour ce faire une collégialité nécessaire entre l’intégralité des états afaréens, exceptés les états corrompus tels que le Gondo qui pourraient représenter les intérêts des puissances néo-coloniales comme la Clovanie. Mais on doit aussi rappeler que cette collégialité permettrait de former un nouveau pole en Afarée, un pole plus uni, permettant la naissance d’un espace de coopération idéologique voire diplomatique entre les états participants, et ce pour la grandeur du continent. ». Bien sur que le pari restait hasardeux, et les aléas étaient nombreux, l’intervention d’Olinga était certainement le premier exemple de cette conférence, ainsi le Premier Ministre se devait de ne pas décourager les diplomates étrangers y participant et rassurer ces derniers en montrant que le Royaume ne laisserait passer aucune provocation à la bienséance, chère à tout les hommes d’états digne de ce nom.

Ainsi, le flamboyant Premier Ministre fit :

Amiral-Président, je vous prierai de rester poli, je comprends parfaitement votre réaction, mais n’oubliez pas, nous sommes ici pour préparer la paix, et ce n’est certainement pas cette conférence qui devra préparer la guerre, au contraire d’ailleurs, sa finalité est de prévenir ce genre de situation. Et je refuserai que l’on se permette de menacer de mort des plénipotentiaires étrangers, vous avez parfaitement le droit de rappeler les erreurs et les crimes de Monsieur Amar. Ainsi je me dois d’intervenir pour que l’incident soit clos.

Je ne suis pas un de ces hommes qui croit que cette conférence permettra aux peuples afaréens de vivre en bonne entente, malheureusement, de tout temps et de toute époque, la paix fut une chose difficile pour ne pas dire impossible à maintenir. Mais néanmoins, nous pouvons empecher que des conflits éclatent, et c’est notre devoir en tant que chefs d’états. Cette conférence, je le rappelle n’a qu’un but, désigner au nom de la communauté afaréenne le seul Gondo légitime, bien sur le corrompu qui sert de chef d’État à cette pauvre nation appellerait certainement cela de « l’ingérence étrangère », mais pensez-vous vraiment que l’avis d’un homme vendant son état aux intérêts clovaniens est valable ? Ainsi l’objectif sous-jacent serait donc de pouvoir trouver des moyens pour établir une véritable paix dans cet état déchiré, car force nous est de constaté que les accords d’Imcelet n’ont pas eu les effets escompter, les combats armés ont malheureusement repris, la République Démocratique Libre du Gondo n’est pas encore un état de droit, ainsi, notre but serait de pouvoir résoudre la situation locale sans interventions armés, et surtout en coupant l’herbe sous le pied aux puissances s’ingérant dans ce conflit.

Car même si nous réussissons à nous accorder ici sur la faction gondolaise qui sera reconnu comme seule représentante légitime à nos yeux, c’est à dire la factions la moins corrompue, la plus apte à défendre les intérêts gondolais et ce quelque soit son orientation politique ou sociale. Cette décision, je ne l’ai pas précisé au début de cette conférence, mais il me paraît maintenant nécessaire de vous en faire part, même si elle était sous-entendu dans ma missive qui vous était adressée, cette décision se doit d’etre reconnue par tous les états présents à cette table. Je comprends parfaitement que ce ne serait pas forcément ce qui vous enchante le plus, mais faites cela pour la paix, pour faire un geste vers cet idéal inatteignable.

Je tiens aussi à vous rassurer, même si certains pourraient voir en cette conférence une négation du Gondo, je considère que ce ne serait que tenter le diable, en effet nous sommes assez au courant de la situation sur place, et nous pouvons nous passer de propagandistes tentant de nous convaincre, il me semble que nous sommes déjà assez ici.(tenta t’il en voulant placer une boutade pour détendre l’atmosphère). Ainsi je rappelle que tout les points de vue sont les bienvenus, comme dit en guise d’introduction, et que c’est même l’objectif de cette conférence, qui pourrait nous permettre de repositionner certains états sur la question…

Et enfin, l’objectif final est de pouvoir trouver une méthode pour apaiser les tensions, même si je pense que cela sera certainement peine perdue, ainsi je tiens à réserver cela pour la seconde partie de ce sommet. Ainsi je vous prie de conserver votre salive pour plus tard, et d’éviter de proposer des idées qui seront étudiées plus tard.

Je tiens aussi à rappeler qu’il est hors de question que l’on se permette de se montrer aussi menacant durant cette conférence, bien sur les rancunes de certains sont légitimes, mais des moyens plus diplomatiques et surtout plus adaptés existent, nous ne sommes pas des animaux et je vous prierai de vous comporter comme des etres civilisés. (fit il en regardant Ateh Olinga).

Une fois cela dit, je souhaiterai digresser sur un point important, c’est à dire le statut historique et actuel du Royaume, qui n’a jamais été une colonie. En effet mon état est avant tout une union personnelle qui lie Marcine à la Couronne des Antrania. Ainsi, notre état a toujours pu se prémunir des tentatives de colonisations et je vous prierai de ne plus faire le rapprochement entre colonie et Marcine, pour des raisons de bienséances évidentes.

Je vous remercie et je m’excuse de cette interruption, et j’espère ne plus avoir à intervenir pour rappeler les bases de la politesse lors de ce type de rencontres qui se doivent d’être sérieuses.
Ismael Idi Amar, le chef suprême de la fédération d'Antegrad, regarda Ateh Olinga durant son discours sans laisser paraître la moindre émotion. Il le fixa droit dans les yeux pendant qu'il parlait. Il savait que tout ce que pouvait dire le président de l'Ouwanlinda lui était indifférent, surtout ses menaces inutiles : sortir son revolver pour lui tirer une balle dans le crâne, briser son crâne à la machette ou lui écraser les mains sur une pierre avec un marteau. Il se dit :
Il n'arrive même pas à monter dans son char sans assistance, et il prétend pouvoir faire cela ? Quel idiot.

Il attendit la fin du discours de Bassé avant de demander la parole, prenant quelques instants pour réfléchir, puis il se leva. Il remit en place son béret et commença à parler :

"Pour commencer, Monsieur Olinga, moi, je vais faire l'effort de bien prononcer votre nom car, contrairement à vous, je n'utilise pas ce genre de méthode pour rabaisser la personne à qui je m'adresse. Je n'emploierai pas, comme vous, la menace de meurtre ou de torture, car moi, j'ai de l'honneur, monsieur. Vous vous sentez obligé de faire votre intéressant pour compenser un probable complexe d'infériorité avec des menaces qui, si vous voulez mon avis, n'ont pas leur place ici, dans cette salle. Donc, si vous avez du respect pour nos haute, comme vous le dites, vous éviterez de proférer de telles menaces uniquement pour paraître plus fort.

Et je tiens également à vous informer que, selon moi, toutes les personnes présentes ici se fichent complètement de votre manière de traiter les traîtres dans votre pays, car ce n'est pas la raison de votre présence ici. D'ailleurs, la dernière partie de votre discours à mon encontre n'a aucun rapport avec la discussion actuelle, Monsieur Ateh. Avant de débiter de telles âneries, vous devriez tourner votre langue sept fois dans votre bouche.

Je n'en dirais pas plus afin de respecter le sujet principale votre présence, tout comme la mienne.

Merci également à Monsieur Bassé pour sont intervention."


Il se rassit, les bras croisés, en regardant une fois de plus Ateh sans cligner des yeux pendants plusieurs secondes.
Les murmures des représentants s’estompent alors que l’ambiance de la conférence devient toujours plus tendue. Frédéric Farijika, le pro-consul d'Owenbo élu en 2013, représente aujourd'hui l’Empire du Nord et plus particulièrement ses territoires d’outre-mer sur le continent. Il observe attentivement la scène qui se déroule devant lui. Sa posture est calme, mesurée, sereine, mais ses pensées sont en pleine effervescence. Il sait qu’il représente une forme de gouvernance, une histoire et une posture internationale parfois mal vue sur le continent. La démocratie libérale, les principes de l'Organisation des Nations Démocratiques sur ce continent ne sont pas les valeurs les plus populaires. C'est un modèle de gouvernance qui ne va pas de soi cette salle, pleine de tensions et de divergences idéologiques profondes.

Pendant qu’il scrute la pièce, il remarque et note les visages tendus, les soupirs d'exaspération, l'indignation, parfois l'admiration et les yeux fixés sur Ateh Olinga, l'Amiral-Président, qui vient de tenir un discours particulièrement virulent à l’encontre des autres représentants. Frédéric est indigné et choqué de la brutalité du propos d’Olinga, la violence et l'ampleur de ses menaces et sa manière de cliver sans hésiter les opinions qui diffèrent des siennes, si tant est qu'il ait une vision claire et que sa tête volumineuse contienne un peu de matière grise. Il ne peut que ressentir de la réprobation, intérieurement confus par une rhétorique qu’il juge en totale incompatibilité avec les principes de base de la diplomatie.

« Voilà des propos qui frôlent la rupture de l'ordre civilisé », pense-t-il avec une pointe de mépris, tout en gardant un visage impassible. Il est bien sûr au fait que chaque mot prononcé, chaque geste, chaque intonation ici pourrait avoir des répercussions importantes pour la place de son pays et la situation de sa région sur le continent afaréen.

Il observe donc attentivement la réaction des autres, notamment celle du Premier Ministre de Marcine, qui, malgré sa bienséance, peine à cacher une tension palpable. Frédéric se sent en profond décalage avec ce climat de rancune et de vengeance. Lui qui a l’habitude de travailler avec des équipes et une opposition locale dans le cadre des principes démocratiques, où les échanges d’idées sont relativement respectueux et où la modération et l’équilibre sont des valeurs importantes qui l’emportent généralement sur l’impulsivité, ce qui a valu à ses adversaires à l'élection de 2013 de se faire désapprouver par le corps électoral local.

Il n'a pas besoin de se rappeler l’importance de son rôle ici. Non seulement il est le porte-voix de l’Empire du Nord, mais il incarne également dans une certaine mesure l'OND par les valeurs qu’il défend. Cette conférence peut aussi être un levier diplomatique pour le pays qui veut renouer avec une diplomatie plus active, notamment sur le continent Afaréen. Tandis que la tension grimpe, il se prépare à prendre la parole, conscient que son discours doit incarner le contrepoids à l’atmosphère qui se fait de plus en plus lourde et polarisée pour maintenir l'image de l'Empire "au-dessus de la mêlée" d'une part, pour ne pas froisser de futurs partenaires de l'autre, et pour rester dans la continuité de ce qu'il a défendu à Icemlet il y a environ quatre ans maintenant.

Ses pensées se concentrent donc sur comment mettre en avant les valeurs qu’il défend : la coopération, la recherche de solutions diplomatiques, l'État de droit, les droits humains, la place de l'Empire aussi, et surtout, la conviction que le dialogue reste la seule voie pour éviter l’escalade des conflits, en ayant la syntaxe ad hoc pour calmer le jeu et ne frustrer personne. Pourtant, il semble que la confrontation semble inévitable dans cette conférence.

Il se lève lentement lorsque son tour de parole vient, son regard se posant sur la salle, prêt à répondre aux provocations, aux attaques et aux invectives avec la dignité et la fermeté que Estham attend de lui ainsi que Lanéo et Kankela, tout en veillant à ne surtout pas se laisser entraîner dans la même violence verbale qui a envahi l’espace, notamment à l'initiative de Olinga.


" Mesdames et messieurs les délégués,

L’Empire du Nord prend la parole aujourd’hui par mon intermédiaire avec un objectif clair et concret : celui de contribuer, avec respect et dignité, à la restauration de la paix et de la stabilité dans la région et plus particulièrement au Gondo. Nous savons que le continent afaréen traverse une période complexe et difficile, où les défis se multiplient et s'aggravent parfois et où les décisions prises dans cette salle auront sûrement des répercussions bien au-delà de ces murs et de ce territoire. Toutefois, il est fondamental de souligner une chose : la paix que nous recherchons ici, pour le Gondo, doit être une paix que les gondolais construiront eux-mêmes, dans leur propre intérêt et dans le respect de leurs voisins. Nous devons les accompagner dans cette recherche, mais non les diriger. Car il n’est de souveraineté véritable que dans la capacité de chaque peuple à déterminer son destin. Or, aujourd'hui, je constate avec un profond regret et une grande incompréhension l'absence des représentants des factions du Gondo. Et j'appelle donc cette conférence à explorer les pistes de la paix nouvelle au Gondo, mais à ne prendre aucunes décisions qui se verraient par conséquent privées de légitimité du fait de cette absence.

Évidemment, et je pense qu'il y a un accord unanime là-dessus, la guerre civile au Gondo n’est ni souhaitable, ni acceptable. Et elle n'a déjà que trop duré. Nous appelons donc de nos vœux à une cessation immédiate des hostilités et à la mise en place d’un cessez-le-feu durable dans le respect des accords d'Icemlet qui peuvent voir des nouvelles solutions ou méthodes ajoutées dans le but de résoudre les manquements qui ont pu causer la reprise des combats. Ces combats doivent prendre fin, non pas pour imposer une paix de façade et ayant la durée de vie d'un papillon de nuit, mais pour permettre aux gondolais eux-mêmes de trouver une solution durable à leur conflit, une solution qui leur soit propre et qui respecte leur diversité et leurs aspirations.

L’Empire du Nord, fidèle à sa ligne de solidarité et d’engagement total envers la paix, appelle à la formation d’un cadre renouvelé de dialogue où toutes les parties prenantes pourront définir ensemble les contours de la paix gondolaise et apporter les gages d'un arrêt véritable des combats et des violences. Nous n’imposons aucune solution, mais nous serons présents pour soutenir la démarche, pour offrir nos conseils et nos ressources, si cela nécessaire et si cela est souhaité, dans le but que cette nation retrouvée puisse tourner la page de la guerre civile et s’engager résolument dans la voie de la réconciliation, de la guérison de ses blessures et du progrès.

Ce processus de paix devra à nos yeux se réaliser dans un cadre respectueux des principes fondamentaux de l'État de Droit qui est la base et la pierre angulaire de l'assurance d'un apaisement véritable et ancré dans le long-terme. Il ne s’agirait pas d’une simple négociation pour la fin des hostilités, mais bien de la construction d’une institutionnalité forte et stable mais aussi respectueuse des droits humains. Nous attendons de la République Démocratique Libre du Gondo qu’elle prenne l’engagement formel, dans le cadre de ses déclarations la définissant comme seule autorité légitime, de régner sous l’égide de la légalité, en promouvant un ordre juste et équitable pour tous ses citoyens. La République Démocratique Libre du Gondo est un cadre et un socle, je dirais même un creuset pour un nouvel ordre de paix et de stabilité dans le paix, même si elle doit être amenée à se réformer et à évoluer pour répondre aux causes de la guerre civile.

En outre, nous souhaitons rappeler que selon les accords d'Icemlet, tous les condamnés par la République Démocratique Libre du Gondo dans le cadre de la guerre civile, doivent bénéficier d’une remise temporaire de leur peine, bien que cette remise ne deviendrait définitive qu'uniquement dans le cadre de la signature d’un traité de paix définitif, témoignant ainsi de notre volonté commune de voir se créer un véritable climat de réconciliation dans le pays.

Le Gondo doit redevenir un pays stable et démocratique, non pas sous la tutelle d’une quelconque puissance étrangère, mais avec l’aide respectueuse de ses voisins et partenaires. La communauté internationale doit annuler de son poids l'influence qu'ont eu et que continuent d'avoir certaines nations qui par leurs ingérences massives et dangereuses entretiennent les feux de la guerre. Ce soutien de notre part, et par "notre", j'entends les nations désireuses de voir une paix gondolaise émerger et de voir la démocratie prendre racine dans ce pays et cette région, ce soutien ne doit en aucun cas être confondu avec une volonté de domination ou d’ingérence. Les nations présentes ici doivent s’engager à travailler ensemble, dans un esprit d’entraide et de coopération mutuelle main dans la main avec le Gondo, et non dans celui de la tutelle.

En tant que représentant de l’Empire du Nord, mais aussi et peut-être même surtout en tant qu'Afaréen né dans cette région, ayant grandi dans cette région et qui défend mes territoires d'attache, je tiens également à souligner que la coopération doit dépasser le cadre strictement politique et diplomatique et dépasser le sujet seul du Gondo. Nous devons travailler ensemble à renforcer les liens économiques, culturels, sécuritaires et universitaires sur le continent de manière plus active, et le Forum de Coopération d'Afarée du Nord est une plateforme privilégiée pour cela qui mérite que notre attention la revitalise et qu'elle s'étende géographiquement au continent entier. Une Afarée forte et solidaire ne pourra naître que par la mise en commun de ses volontés, par l’échange de savoirs et par la promotion des droits humains partout là où cela est possible et le règlement des conflits ainsi que de la réconciliation. Le continent doit faire front commun face aux défis de notre siècle, et pour cela, la coopération régionale est essentielle.

Il me semble qu'il est nécessaire également d'aborder une question qui, si elle ne concerne pas directement cette conférence et la situation gondolaise, reste au demeurant d’une importance capitale et est présente dans l'esprit de beaucoup : celle des territoires d’outre-mer. Il est essentiel que les pays extérieurs au continent, comme ce que défend l’Empire du Nord, laissent bénéficier d’une autonomie suffisante aux territoires locaux pour protéger leurs intérêts et leurs particularités culturelles, tout en respectant les principes de coopération, de respect et de non-ingérence qui doivent régir nos relations. Cependant, il ne faut pas tomber dans les pièges de l’hostilité décoloniale aveugle, de l'universalisme à tout prix, ni céder aux clichés d’un passé révolu où les métropoles étaient toutes des puissances esclavagistes, oppressantes et destructrices. Les peuples doivent se respecter dans leurs diversités et reconnaître qu’ils partagent une même ambition : un avenir de prospérité commune. Et mon pays reconnait ses torts, ses fautes dans l'Histoire et s'attache aujourd'hui non pas à les faire oublier, mais à en tirer des leçons pour ne pas reproduire ces erreurs et désormais s'appliquer au respect et à la prospérité mutuelle plutôt qu'à une exploitation de la métropole sur l'outre-mer qui est néfaste et qui là, doit être combattue.

Enfin, et ce point est crucial, nous devons affirmer que toutes les puissances extérieures à l’Afarée, comme celles qui disposent de partie de territoires, qu’elles soient anciennes puissances coloniales, pays possédant encore des territoires sur le continent ou nations indépendantes, doivent traiter sur un pied d’égalité avec les puissances de ce continent, sans mépris ou volonté paternaliste. Les nations défendent leur vision mais doivent le faire dans le respect de chacun, des spécificités de chacun et selon les objectifs et situations de chacun, sans tenter de s'imposer. C'est en tout cas ce que nous défendons. Nous, représentants des nations du monde, devons agir sur la base du respect mutuel, de la volonté de compréhension, de coopération et de la dignité des peuples, sans hiérarchie d'aucune sorte, mais dans un esprit d’échange ouvert et de partenariat mutuellement bénéfique.

L’Empire du Nord, dans cette démarche, ne cherche donc aucunement à imposer sa vision, mais à offrir son soutien dans le respect des souverainetés de chacun. Nous sommes ici pour écouter, pour comprendre, et surtout pour construire ensemble un avenir stable, juste et prospère pour tous.

Je vous remercie."



Frédéric Farijika, pro-consul élu de la région Owenbo et désigné dirigeant de la délégation nordiste

https://static-images.lpnt.fr/cd-cw809/images/2025/02/01/27302147lpw-27303851-mega-une-jpg_10835625.jpg
L'Amiral-Président ne semblait pas se tempérer dans son jugement à l'écoute d'Idi Amar, bien au contraire. Par plusieurs fois, il coupa son intervention par des raclements de gorge, des rires et des moqueries, jusqu'à ce que vienne le moment de reprendre la parole:
- "Chef suprême". Il n'est pas besoin d'écorcher votre nom pour vous rabaisser: évoquer vos actions suffit amplement à vous salir sans que j'ai à faire le moindre effort pour vous traîner moi-même dans la boue. Si vous vous estimez offensé, nous pouvons régler cela dehors, cela vous changera peut-être des frappes à longue portée. La Conférence de Marcine a été conçue pour pouvoir assurer à l'Afarée une évolution pacificat-pacifiée dans ses échanges. Or, je pense que le moment est parfait pour parler des bombardements que vous effectué sur vos voisins. Cette conférence n'a pas que le Gondo comme sujet, mais l'avenir de tous les afaréens. Et si vous pensez que nous pouvons aborder cette réunion sans évoquer ce que vous avez fait juste avant sa tenue, vous vous fourvoyez.

Ateh, qui semble en avoir fini (pour l'instant) avec Idi Amar, se tourne vers le représentant de l'Empire du Nord, esquissant un début de réponse à une prise de parole "contenant bien trop de mots" à son goût.

Je pense que monsieur Farijika, qui représente les colonies impériales en Afarée, a du vrai dans son discours, même si je dois bien avouer que je me suis endormi par moments. Vous qui dites qu'il n’y a de souveraineté véritable que dans la capacité de chaque peuple à "choisir son destin.": je suis des plus d'accord avec vous, excellence Farijika...et c'est pourquoi, j'estime que le soutien à l'Armée démocratique du Gondo est la meilleure solution à ce que le peuple gondolais accède pleinement à ce que vous appelez de vos vœux. Je ne vais pas vous refaire mon discours d'introduction, mais vous devinez bien où je veux en venir: j'estime que la République du Gondo, de par son statut de kleptocratie à la solde des intérêts étrangers, en particulier eurysiens, n'est plus apte à faire office de représentation pour la population qu'elle administre...que dis-je, sur laquelle elle règne. Vous appelez les peuples à décider de leur destin: pourquoi ne dénoncez pas les agissements de la Clovanie pour préserver ses intérêts dans le pays dans ce cas ? La vérité, c'est que vous adoptez cette posture en essayant de vous assurer un certain confort, parce que dénoncer le statut de quasi-colonie du Gondo par rapport à la Clovanie reviendrait à vous faire vous poser quelques questions concernant votre statut de sujet vis à vis de l'Empire du Nord. Parce que c'est ce que vous êtes.

Le Gondo redeviendra une puissance indépendante et souveraine, la République bananière qu'elle est n'est plus un cadre décent pour y accueillir un débat démocratique, on voit bien le résultat. La seule solution réside à ce titre dans la victoire de l'armée démocratique, qui est la seule apte à chasser, à la fois un gouvernement corrompu, et les étrangers qui en ont profité pour s'installer dans le pays. Votre discours est beau, monsieur Farijika, mais votre discours est creux. Aucune solution ne s'en dégagera car vous ne comprenez pas la nature du régime gondolais actuel.
Haut de page