10/07/2016
02:23:06
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Activités intérieures.

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Activités intérieures.

Ici seront postés les murmures, les bruits que les médias ne voient pas. Dans ce topic des Activités intérieures, vous découvrirez la population Churaynn.
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Capitale impériale de Walemir – Palais principal de l’Empire

Le convoi de Djafar ibn Alkisahma pénétrait enfin dans la grande ville de Walemir, joyau impérial de la Grande Province. Là, sous les mille lumières du crépuscule, les minarets de jade et d’or s’élevaient comme des lances défiant le ciel. Le vent chaud du désert caressait la pierre blanche du palais, et les torches montraient leur danse de flammes le long des immenses colonnes sculptées de versets anciens. Partout, des soldats impériaux, droits comme des statues, la main sur la garde. Djafar sortit de son véhicule, son manteau noir effleurant le sol de marbre poli. Un chambellan s’approcha et s’inclina profondément.

— Son Altesse Impériale Salahuddin Sayyid vous attend.

Djafar ne répondit pas. Il savait qu’ici, chaque geste comptait. Il n’était pas en territoire ami.

Il avança d’un pas sûr dans les couloirs du palais, guidé par des gardes silencieux. Chaque détail du décor montrait la grandeur impériale : des lampes en verre soufflé, des tapis aux motifs millénaires et des calligraphies dorées retraçant les conquêtes de l’Empire. On y trouvait même des tableaux d'une valeur inestimable, grands, présents dans tous les couloirs du Palais.

Le Sultan voulait impressionner.

Mais Djafar n’était pas venu pour se laisser écraser.

Lorsqu’il pénétra dans la Salle du Trône, le silence s’abattit sur les lieux.

Un dôme monumental s’élevait au-dessus de lui, peint de scènes de guerre où les armées de la Grande Province écrasaient leurs ennemis sous un soleil de plomb. Dans la salle numéro 24, un grand tableau montrait la tête morte du dernier rebelle maqdurien lors de la première conquête.

Sur un trône incrusté de rubis, Salahuddin Sayyid le fixait.

Il était là, vêtu d’une tunique pourpre brodée de fils d’or, un turban impérial ciselé de pierres précieuses. Son visage austère affichait une sérénité ; il le regardait d’une telle manière que l’on pouvait apercevoir dans ses yeux un lion chassant sa proie. À ses côtés, plusieurs généraux et conseillers, tous assis en demi-cercle, observaient Djafar comme un lion jaugeant sa proie.

Mais Djafar ne vacilla pas.

Il avança lentement, sans se presser, savourant ce moment où tous les regards étaient braqués sur lui. Puis, lorsqu’il fut à quelques mètres du Sultan, il s’inclina légèrement.

— Sultan Salahuddin Sayyid.

Un silence pesant suivit.

Le Sultan le fixa longuement, ses yeux noirs transperçant Djafar comme une lame invisible.

Puis, d’un ton lent et précis :

— Tu es venu chercher du pétrole. Du commerce. Peut-être un avenir pour Maqdur. Mais dis-moi, Maqdurien… as-tu seulement quelque chose à offrir en retour ?

Les sbires (généraux, conseillers de l’empereur) échangèrent des regards amusés.

Djafar ne broncha pas. Il prit le temps de détacher son manteau et de s’asseoir sur un coussin de velours, en face du trône.

— La guerre nous a mis à genoux, mais elle ne nous a pas brisés. Maqdur a des terres fertiles, des mines d’or et de cuivre, et surtout, un peuple prêt à rebâtir. Un accord avec nous, c’est un investissement. Pas une charité.

Le Sultan esquissa un sourire glacial.

— Un peuple prêt à rebâtir ? dit-il en se penchant légèrement en avant. Ou une ruine incapable de se défendre ?

Djafar sentit la provocation, mais il ne mordit pas.

— La différence entre une ruine et un empire, c’est un dirigeant capable de tracer une vision.


Salahuddin Sayyid hocha lentement la tête.

— Une belle phrase. Mais je ne fais pas affaire avec des paroles. Je ne suis ni philosophe ni poète. Moi, mon métier, c’est de chasser.

Un claquement de mains.

Un serviteur s’approcha et posa sur la table un plateau en argent, sur lequel trônait un parchemin.

— Voici un accord commercial, dit le Sultan. J’y ai ajouté quelques… conditions.

Djafar prit le document, le déroula et lut attentivement.

Ses yeux se plissèrent.

C’était un piège.

Le Sultan exigeait que Maqdur cède l’exploitation exclusive de ses ressources minières pendant trente ans en échange d’un accès au pétrole.

Un asservissement économique.

Le silence s’étira.

Puis Djafar posa lentement le parchemin et leva les yeux vers Salahuddin Sayyid.

— Ceci n’est pas un accord. C’est un acte de soumission.

Le Sultan sourit légèrement.

— Tu es en position de faiblesse, Maqdurien. Je pourrais te donner ce que tu veux… mais tout a un prix.

Djafar se redressa.

— Et si je refuse ?

Salahuddin Sayyid claqua des doigts.

Deux soldats entrèrent, portant un coffret d’ébène.

Ils l’ouvrirent.

À l’intérieur, un objet brilla sous la lumière des torches.

Un poignard maqdurien, recouvert de sang séché.

Djafar reconnut immédiatement l’arme.

C’était celle d’un commandant rebelle maqdurien, un homme qui, jadis, avait combattu contre lui.

Le Sultan sourit.

— Cet homme a tenté de s’infiltrer en Grande Province, avec d’autres traîtres. Ils se prétendaient loyaux à Maqdur, mais ils étaient prêts à vendre ta région au plus offrant. Devine qui les a capturés ?

Djafar serra les poings.

— Que voulez-vous ?

Salahuddin Sayyid se pencha, sa voix devenant un murmure tranchant.

— Prouve-moi que tu n’es pas un roi sans couronne. Que tu contrôles tes terres. Écrase ces rebelles. Ramène-moi leur chef, vivant ou mort. Alors nous parlerons d’un vrai pacte.

Djafar le fixa un instant, puis se leva.

— Donnez-moi trois jours. Et je vous prouverai que je ne suis pas un homme faible.

Le Sultan éclata d’un rire froid.

— Fais vite, Maqdurien… sinon, d’autres viendront réclamer ce que tu cherches à obtenir.

Djafar tourna les talons, mais avant de quitter la salle, il posa une question.

— Altesse, vous parlez de Maqdur comme d’un jouet, ne voudriez-vous pas que Maqdur devienne une grande région ? Avec toutes ses ressources, Maqdur peut devenir une région avec un poids économique et politique… Même, pourquoi pas… devenir un acteur majeur dans les décisions de l’Empire.

Un léger sourire se porta sur le visage de l’empereur.

— Tout simplement car Maqdur ne sera jamais qu’une terre instable, un champ de cendres qui croit pouvoir renaître sans racines solides.

Salahuddin Sayyid le fixa longuement, puis tapa deux fois dans ses mains.

— Je te laisse deux solutions : chasser ces fichus rebelles ou accepter mes offres.

C’est ainsi que la première rencontre prit fin entre ces deux hommes.
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