11/05/2017
22:19:45
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Freeeedoooooom ! Le Procès de Toni Herdonia

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Tribunal
La salle d'audience du tribunal

Longue avait été l'attente d'Herdonia, soumis aux lourdeurs administratives dans son cas. Du temps était nécessaire pour constituer le dossier et répondre aux questions légales, mais après un large retard et une garde à vue record, commençait le procès tant attendu. C'était une scène surréaliste où un individu connu pour une multitude de méfaits était jugé pour quelque chose d'aussi anodin que la maltraitance animale. Car oui, ses exactions et associations de malfaiteurs tenaient du secret de polichinelle et il avait évité la prison pour une unique raison : le manque de preuves concrètes. On savait par exemple qu'il était lié à du trafic d'humain, mais via du blanchiment d'argent et des intermédiaires contractuels, il gardait une distance qui ne permettait pas fondamentalement de l'inculper (même si nombreux sont ceux qui considéraient là un manque de volonté politique, doutant qu'une enquête avec des moyens raisonnables puissent échouer à incriminer Herdonia).
Et pourtant, n'était-ce pas ce qu'il s'était passé à cet instant ? Le tribunal du comté Boisderose (où s'était situé le méfait), persuadé que Toni Herdonia avait été impliqué dans l'attentat terroriste des libertariens (surnommés de manière populaire “libertarés”, “libertardés” ou encore “liber-tares” et même “frères des jaguars”), avait procédé à une longue enquête qui justifiait ce délai d'attente. Et malgré tout, rien, pas la moindre trace n'avait été obtenue, si ce n'étaient des informations concernant Velsna et sur lesquelles n'avaient aucune autorité Sylva.

Et c'est ainsi qu'arrivait quelque chose de doucement ironique, où l'un des plus grands criminels du globe, recherché par plusieurs États, allait être jugé pour... maltraitance animale. Plus précisément, était accusé le prévenu de : braconnage, détention d'une espèce protégée, rétention dans des conditions inadaptées, et torture par empoisonnement. D'autres affaires de construction sans permis de piscine et non respect des réglementations en vigueur concernant l'approvisionnement en eau de ladite piscine pendant la saison sèche étaient également en cours d'étude mais ce n'était pas l'objet de cette séance.
La salle était bondée et comptait nombre de personnalités insoupçonnées, ainsi qu'une large quantité de militants en tout genre. Cela provoquait une certaine inquiétude dans l'administration qui avait mobilisé une certaine quantité d'agents de sécurité supplémentaires, qui, sans être présents directement dans la pièce, restaient disponibles à la moindre alerte.

La salle était typiquement sylvoise, faite de bois et pierre avec de nombreuses fenêtres ouvertes à l'occasion. Nous sommes en effet en pleine saison sèche, l'air étant chaud et lourd, même les sylvois habitués s'en plaignent dans les rues. Mais dans une culture en totale opposition à la climatisation, la pièce est simplement refroidie avec de grandes aérations et des brasseurs d'air en quantité bien plus économes. Et surprenamment, cela fonctionnait très bien avec un doux courant d'air constant, bien plaisant pour ceux qui avaient patienté dehors.

Étaient même présents la ministre des Affaires étrangères, Matilde Boisderose, en qualité de témoin parmi tant d'autre, ce qui donnait d'autant plus de valeur symbolique à ce qui était en soi un délit bien anodin. C'est madame Irène Lièvremont qui assumait aujourd'hui le rôle de Juge, accompagnée de jurés populaires. Sexagénaire au regard sévère, elle scruta d'un regard inquisiteur l'ensemble de la pièce. La plainte avait été déposée par le Pôle Environnemental National, organisme multi-mission que l'on pourrait résumer à la police de l'environnement de Sylva. Ses missions s'étendaient des montagnes à la mer en passant par les forêts et fleuves, avec pour responsabilité de faire appliquer les règlementations environnementales. Encadrement du bucheronnage et de la pêche, lutte contre le braconnage et l'orpaillage illégale, le PEN avait été saisi dès lors que fut rapporté le délit d'Herdonia, avec une surprenante diligence permettant de l'arrêter avant même qu'il n'essaye de fuir en avion. Leur avocat était madame Amanda Robiquet, une Mounlao trapue avec un sourire très chaleureux qui ne la privait pas d'une capacité à prendre de haut les gens malgré sa hauteur digne d'un dirigeant gradenbourgeois.
C'est la Juge Irène qui ouvrit l'audience d'une voix forte et aiguë qui éclipsait définitivement son micro :

“Mesdames et messieurs, la prochaine affaire concerne le prévenu Toni Herdonia, accusé de maltraitance animale aggravée et détention d'espèce protégée, avec braconnage et actes de tortures, inclut l'usage de rhum pour abreuver la bête, un jaguar originaire des forêts sylvoises. L'enquête a été menée par le service de police du comté Boisderose en coordination avec le Pôle Environnementale National, ce second ayant porté la plainte. La parole est maintenant à maitre Amanda Robiquet, avocate de l'accusation représentant le plaignant. Vous avez la parole, maitre Robiquet.”

Robiquet se leva et descendit de son siège, à peine plus haute debout qu'assise. Sa voix était plus douce que madame la juge, mais recelait une certaine fermeté et assurance via une articulation et un débit dépourvu de toutes hésitations en plus d'une posture parfaite qui compensait largement son mètre soixante.

“Messieurs, ce procès ne sera pas l'occasion de définir la culpabilité de monsieur Toni Herdonia, dont les nombreuses preuves l'accablent, sans aucune place au doute de sa pleine connaissance et implication de la situation. Est-ce bien lui qui, après tout, a fait défiler sous les yeux de ses invités le fauve, après l'avoir annoncé comme “l'Incarnation de la nature sauvage”. Difficile de nier qu'il s'agissait là d'un acte définitivement responsable et planifié. Ajoutons à cela l'analyse vétérinaire du pauvre jaguar, révélant un taux d'alcoole anormal, autre dérive décadente d'un individu excentrique bien trop éloigné des us et coutumes de Sylva, se livrant à un acte de maltraitance gratuit par pure débauche ostentatoire de richesse. Ce n'est là qu'un promoteur, un commercial, qui se vend à son public, lui qui encore disait “Pensez et soyez comme ce jaguar, des animaux sauvages et prennent ce qu'ils veulent”, les comparaisons avec les prédateurs étant après tout chose commune avec ce type d'individu se prenant pour loups, lions, et dans ce cas-ci, jaguar.

Non, il n'y a aucun doute que le prévenu était parfaitement responsable de chacun de ces méfaits, et qu'aucune de ces accusations ne peut être réfutée. La question est plutôt de savoir à ce niveau de quelle peine, de quel degré de gravité il s'agit. Torture animale, braconnage, maltraitance, et mise en danger d'autrui en présentant un animal sauvage sous l'emprise de psychoactifs !

Toni Herdonia a exercé chacun de ces délits à leur plus haut degré, raison pour laquelle nous requérons la peine maximale de trois ans ! Mais avant, Madame la Présidente, je vous laisse interroger les témoins.”

Maître Robiquet retourna s'asseoir, donnant une légère impulsion pour se hisser sur la chaise haute avec une grâce qui éclipsait complètement le comique de la situation. Madame la Présidente Lièvremont prit la parole à nouveau pour la donner à la vétérinaire s'étant livrée au diagnostique, madame Blandine Duchemin. Elle fit un exposé détaillé et concis mettant en évidence l'empoisonnement du jaguar au rhum. Il n'y avait pas grand-chose d'autre à ajouter : l'animal avec une alcoolémie encore élevée une fois dans la clinique vétérinaire, supposant qu'après une telle attente, il avait ingéré une sacrée quantité de rhum à l'origine. Appuyant toujours l'argumentaire de la maltraitance, madame Duchemin insistait qu'un jaguar ne consommerait pas de rhum de lui-même, à moins de ne disposer d'aucune autre source d'eau. La victime avait conséquemment été privée d'eau, son unique source pour s'abreuver étant ledit rhum.

Ce fut ensuite un intervenant du PEN qui prit la parole, la lieutenante Nadine Gaubert, pour certifier l'absence formelle d'autorisation et certificats de Toni Herdonia pour autoriser une telle chose, et la certitude après enquête qu'il ne s'était pas fourni du jaguar dans un parc ou zoo, ne laissant que la piste du braconnage en Sylva. Il ne restait qu'à déterminer s'il ne s'agissait que de complicité de braconnage ou s'il avait procédé lui-même, le prévenu s'étant contenté de nier ou de tenir des discours faisant remettre en cause son état mental.

Vinrent ensuite plusieurs témoins de la soirée, dont la ministre Matilde Boisderose, certifiant la pleine connaissance et responsabilité de Toni Herdonia dans ce spectacle avec un ensemble de récits cohérents. Il avait bien annoncé un “clou du spectacle” avant de présenter la bête et de tenir un discours préparé.

Tout paraissait si accablant et pourtant les partisans du prévenu n'en démordaient pas. Il fallait ponctuellement que Madame la Présidente rappelle à l'ordre face aux murmures persistants dans la pièce. Tout était accablant, mais rien ne faisait pour autant l'unanimité. Une fois tous les témoins interrogés, c'était au tour du prévenu de s'exprimer :

“Monsieur Toni Herdonia, après la prise de parole de maître Robiquet et de l'ensemble des témoins, qu'avez-vous à dire pour votre défense ? Admettez-vous vous êtes procuré illégalement selon les lois du Duché un animal protégé, de l'avoir gardé dans des conditions inadapté et de l'avoir abreuvé sous la contrainte avec du rhum, avant de l'exhiber à une foule sans aucune règle de sécurité alors que l'animale aurait pu devenir fou sous l'alcool, la panique et la foule ? Monsieur Toni Herdonia, qu'avez-vous à ajouter ?”

Les mots de Lièvrement étaient pointus, se matérialisant presque sous forme physique, tels des poignards acérés. Elle parlait comme un professeur qui confronte un enfant à ses torts avec une sévérité implacable.
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Le dernier "prince" de Velsna



Les derniers jours avant la tenue du procès avaient été passés sous l'adage du silence pour le prévenu. Toni Herdonia: le génie de la finance, l'extravagant, le magnifique, l'objet de tous les superlatifs...Toni Herdonia était désormais sous menottes. On aurait pu penser que c'était comme voir un lion en cage, lui qui s'imaginait comme une créature majestueuse. Herdonia n'était pas un simple citoyen velsnien, à la fois de l'avis de l'intéressé, mais aussi de nombre d'observateurs, en particulier à Velsna. Il suffisait de voir l'opprobre dont il avait été l'objet, lui et ses partisans, pour se rendre compte qu'il ne s'agissait pas là d'un simple procès en correctionnelle pour maltraitance animale. Ce que l'on jugeait dépassait les aléas de l'existence d'un jaguar de la jungle sylvoise, et il n'y avait guère beaucoup de journalistes couvrant l'affaire pour penser le contraire. Pour planter le dernier clou dans le cercueil, les jours précédents le procès ont vu défiler les évènements à une vitesse stupéfiante à Velsna: l'arrestation opportune de la plupart des soutiens de Toni Herdonia, y compris les sénateurs de son clan, puis la déchéance du prévenu de son statut de sénateur, et pour finir, la tenue d'un discours clôturant le débat autour d'une possible extradition d'Herdonia à Velsna. Ce discours, par son intensité, la hauteur de son propos et sa magnificence, était déjà considérée de l'avis de tous les observateurs de la politique velsnienne comme historique, et laissait peu de doutes sur le fait que Toni Herdonia était coupable de bien davantage que ce dont les sylvois reprochaient au prévenu.

Dans la salle d'audience, on avait bien remarqué la présence des envoyés de la Grande République: certains figuraient parmi les témoins, d'autres parmi le public et les observateurs. Un quart d'heure avant le début de l’audience, le Maître de la Garde de la Grande République (et accessoirement Mister Monde 2014), le froid Carlos Pasqual, fit son entrée remarquée. L'un des hommes les plus puissants de la cité velsnienne était donc venu pour un simple procès sur un pauvre jaguar ? Cet homme, qui avait été l'auteur de l’arrestation de masse des sénateurs libertariens avait déjà sa réputation... Réformateur de la Segreda, il a eu à cœur d'en finir avec la corruption endémique de cette institution qui avait tant faillit durant la guerre civile. Exerçant désormais un contrôle presque total sur les renseignements, il engageait donc la responsabilité de Velsna dans l'issue de ce procès par sa simple présence, accompagné par un observateur du Sénat, l'indépendant et tonitruant Guliano Maria Tola. Le message était décidément passé: pour les velsniens, ce n'était pas seulement Toni Herdonia que l'on jugeait, mais tout ce qu'il incarnait. La corruption généralisée, les interminables intrigues de palais, la main mise de quelques hommes puissants sur les institutions de la Grande République, les tentations césaristes et la croyance en l'Homme providentiel: la "République des princes", comme l'appelait certains. Vinola était mort, Scaela en exil...il ne restait plus que Toni herdonia pour représenter cette époque que le gouvernement Visconti avait fait le serment d'éradiquer. Le dernier des princes de Velsna. Et il allait payer pour tous les autres...


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Carlos Pasqual (Maître de la Garde de la Grande République)


L'homme qui voulait se faire roi s'avance parmi l'audience jusqu'à son pupitre, menotté comme l'animal qu'il avait enchainé dans bureau avant cette fête fatidique. Il regardait autour de lui: ces visages qui lui semblaient vides d'autre chose que de dédain à son égard. Et il leur rendait bien, par de simples jeux de regard. Il s'attarda plus longuement sur la délégation velsnienne qui avait fait le déplacement. Il croisa celui de Carlos Pasqual, qui lui rendit un sourire dont l'expression flirtait avec la satisfaction sadique. Herdonia eu bien l'idée dans sa cellule, de se tuméfier lui même le visage pour toucher un peu plus le jury, mais il y avait renoncé. Non, il n'y aura guère d'artifice et de faux semblants aujourd'hui.

Mais une fois à la barre, et en entendant ce que le tribunal eu à lui reprocher, l'air pesant et solennel de ce moment laissa place à d'étranges sourires de sa part, accompagnant chacune des accusations de la cour sylvoise. Lièvrement n'avait l'air pour lui que d'un bouffon du roi qu'on envoyait danser devant les sylvois, les velsniens et tous les autres. L'accusation cessa enfin...et tous fixaient désormais le prévenu. Qu'allait-il faire ? Qu'aillait-il dire ? Quelle échappatoire lui restait-il ? Ses lèvres se mouvaient enfin: après de longues secondes de silence, il se tourna tout d'abord vers la partie velsnienne de l'audience:

- Je vous ai sauvé...j'ai sauvé cette cité, et toutes vos vies insignifiantes...J'aurais dû laisser Dino Scaela vous massacrer jusqu'au dernier.

Immédiatement, une partie de l'audience laissa place à une foule rugissant de colère et d'insultes, suivie d'un rappel à l'ordre immédiat des sylvois (probablement). Le prevenu se retourna alors vers l'accusation sylvoise.

Admettre...admettre quoi, ce serait bien là, la question que j'aurais envie de vous poser. Me juge t-on pour un stupide jaguar ? Ou si nous sommes intelligents, nous pourrions poser la question à cette audience: jugeons nous l'accusé car il est commode de faire une telle mise en scène ? Ayez un peu de décence, ayez un peu de respect pour votre public: nous ne sommes pas ici pour assister à un procès en correctionnelle mais à un procès politique !

Cette posture est si confortable pour vous, pour chacun d'entre vous ! Regardez vous...sylvois, loduariens, velsniens, wanmiriens...à baver devant moi comme des chiens qui hument de la viande. C'est tellement plus pratique de maltraiter un simple prisonnier, de le mettre en garde à vue pour un délit aussi mineur pendant de si longues semaines, de le couper du monde, et de penser qu'après un procès bâclé, vous pourrez jeter la clé du cachot jusqu'à ce que vous me vendiez à l'une de ces personnes assises dans cette pièce. Pourquoi pas les loduariens ? Défenseurs du droit et des libertés individuelles, comme tout le monde le sait. Ou les velsniens ? Qui me feront disparaître dans un canal. Ou les wanmiriens ? Qui cherchent encore des eurysiens pour porter des fardeaux dont ils sont eux même responsables.

Coupable...vous voulez entendre ce mot de ma bouche ? Que je suis coupable ? Je vais vous donner satisfaction: je suis coupable...je suis coupable d'être un défenseur de la liberté, c'est là mon seul crime, la seule véritable raison pour laquelle je suis devant vous tous aujourd'hui. Cessons donc de nous voiler la face, messieurs les jurés, monsieur le juge. Je suis la personne que l'on appelle pour régler les problèmes, et que l'on accuse lorsque la situation dégénère: un agent de la liberté que l'on peut sacrifier. Comme lorsque ce cher Vinola qui est idolâtré par chez vous, et qui m'a tant de fois demandé de l'argent et des services...tellement de services pour une cause perdue...

Coupable je le suis donc, mais uniquement d'être gênant pour trop d'entre vous. Dans ces gradins, je ne vois que des assassins velsniens, de communistes tueurs d'enfants lorduariens, des hypocrites et des conspirateurs sylvois... C'est ironique, et logique: quoi de mieux que des criminels de guerre pour juger l'avocat des hommes libres que j'ai toujours été. Au fond, j'ai toujours su que cela se terminerait ainsi. Jugez moi,
Maître Robiquet, jugez moi, madame la présidente, mais au fond nous savons que ce spectacle n'est qu'une parodie de justice. Le plus cynique étant que que vous en avez également conscience. Nous connaissons déjà tous le résultat.
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Madame la Présidente Lièvrement roula des yeux, trop peu surprise de la direction dans laquelle s'engouffrait ce procès. Après quelques coups de marteaux (sur sa table, même si la rumeur infondée voulait que les juges sylvois n'hésitaient pas à le lancer sur les perturbateurs) pour calmer l'agitation, et une fois achevée l'écoute de cet extravagant personnage, elle laissa couler quelques secondes de silence, comme si elle attendait une suite au discours. Comprenant que le concerné refusait de poursuivre, elle intervint :

« Prévenu, est ce tout ? N'avez-vous rien de plus à ajouter pour votre défense ? C'est votre moment d'admettre ou de nier... »

Elle s'apprêta à mentionner que la collaboration des accusés permettait dans la plupart des cas de figure un allègement de leur peine, mais dans son cas, cela aurait signifié une échéance plus brève encore avec les loduariens et donc davantage de raisons d'être dithyrambique. Elle reprit alors.

« La question concerne le jaguar, son braconnage, sa détention et sa maltraitance, et cette séance ne sera dédiée à rien d'autre. » Pis tournant les yeux vers l'assemblée « Si le prévenu Toni Herdonia n'a rien à ajouter, nous laisserons la parole à l'avocat de la défense. »
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Les Zélandiens, ici les Amsterlografois, comme à leur habitude avaient pris leur temps. En politique comme en affaires, il ne fallait pas se précipiter pour se préparer au mieux et cela les Businessmen and women d'Amstergraaf l'avaient bien compris.

Ainsi, après l'adoption par la ville libre d'une ordonnance faisant, de jure, de Toni Herdonia un citoyen d'Amstergraaf et l'un des leurs, le Conseil des Marchands de la cité pris la décision d'envoyer cinq de ses Conseillers au procès en soutien à l'accusé et afin de pouvoir le ramener à Amstergraaf en cas de victoire. . . de leur point de vue.
Ainsi, arriva au Duché de Sylva par vol privé, les Conseillers Amsterlografois suivants: Jasmijn van Os, Christiaan Philips, Colin O’Callaghan — qui a proposé et donné son nom à l'ordonnance faisant de Toni Herdonia un citoyen d'Amstergraaf, Marjolein Elbersen et enfin le plus riche d'entre-eux; Jan van Eck. Tous s'assirent parmi le public, au milieu des Velsniens, Loduariens et Wanmiriens.

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Dans le même temps et peu avant que ne commence le procès, se préparait l'avocat de la défense. Né à Amstergraaf d'un père lui-même avocat et d'une mère Notaire; ayant fait ses études à l'étranger au sein de la Faculté de Philosophie de Velsna; Alexander van Moraes enfile sa robe [d'avocat] avant d'entrer dans la chambre et de s'asseoir aux côtés de son client.

Alexandre de Moraes
Alexander van Moraes en grande tenu, prêt à défendre La FREEEEEEDOOOOOOM!!!

Une fois que la parole lui fut donnée par la présidence de la chambre, le Zélandien se leva et commença son harangue d’un ton calme.

« — Madame le Président¹, mesdames et messieurs les jurés; merci de me laisser la parole et d'assurer comme il se doit la défense de mon client.

Monsieur Toni Herdonia étant mon client; je ne clamerais pas sa culpabilité mais plutôt prouverait son innocence à l’inverse de ce que vous avez pu clamer en tant qu’avocat de l’accusation; Maître Robiquet.

Mon client! HERDONIA Toni, né en 1982 en la cité de Velsna au sein de la classe censitaire de troisième degré, célibataire, citoyen Velsnien de la classe censitaire du second degré et citoyen - d’honneur - Amsterlografois; courtier en bourse, entrepreneur et humanitaire. C’est par ailleurs ce dernier point que j’aimerai appuyer, mesdames et messieurs membres du jury. Né dans une société oligarchique et inégalitaire; mon client a pu observer dès son plus jeune âge l’Injustice régnante autour de lui, lui ouvrant les yeux et lui faisant découvrir en son for intérieur la lutte contre les inégalités et l’Injustice! Lutte qui l’accompagne depuis dans tous les instants de sa vie, dans chaque placement boursier qu’il effectue, dans la création de sa fondation humanitaire d’aide aux sinistrés en zone•s de conflit. Ainsi j’aurai une question aux autorités judiciaires Sylvoises: Ôseriez-vous condamner un humanitaire, citoyen étranger de surcroît, alors que votre État est membre d’organismes internationaux démocratiques et défendant les droits humains et la Liberté comme le fait mon client?

J’aimerai ajouter; que additionné au fait que les lois Ducales ne soient pas facilement accessible d’autant plus pour les étrangers; que vous accusez, Maître Robiquet, Monsieur Herdonia ici présent qui ne pouvait savoir qu’aller chercher UNE unité d’UNE espèce pour UNE soirée, dans la nature était illégale et sans preuve et que ce soit bien lui qui est soulé ce jaguar. Mon client ne voulait seulement faire qu’une démonstration rhétorique propre à la culture Velsienne sur les leçons que l’Homme devrait tirer des félins. À tort ou à raison, il voulait imager son propos avec un représentant vivant des félins locaux sans savoir qu’il était illégal de s’en procurer en l’absence de bulletin étatique et officiel clair accessible à tous pour connaître la Loi Ducale. Concernant l'hydratation de l’animal au rhum; quels sont les éléments qui inculpent mon client de cet acte? En l’absence de preuves claires, ce crime a pu très bien être commis par un employé de cette soirée fatidique auquel cas ce n’est pas mon client qu’il faut juger mais l’individu concerné! »


Terminant sa déclamation, Alexander soutient, avec respect, le regard de la Juge Irène signifiant qu’il en avait, pour l’instant, terminé.


¹Les titres et les fonctions ne s'accordant pas avec le genre de leur dépositaire, il ne s'agit pas d'une faute d'orthographe.
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- Dire autre chose ? Bien entendu madame la présidente que j'ai autre chose à dire. J'ai tant d'histoires merveilleuses à raconter, comme celle où on est entrer par effraction dans les quartiers privés d'une ambassade considérée comme relevant de la juridiction de la Grande République de Velsna, ce qui constitue un vice de procédure évident qui rendrait n'importe quelle preuve nulle et non avenue dans un pays civilisé et doté d'un véritable processus judiciaire décent. Je connais aussi une histoire où une simple garde à vue et mise en examen pour un délit mineur de braconnage s'est mué en un emprisonnement de haute sécurité pour les raisons que j'évoquais plus tôt... Madame la présidente, je suis au regret de vous informer que ce procès n'est qu'une parodie de justice, si mal orchestrée que même un dramaturge tanskien trouverait les ficelles bien trop grosses à son goût. Pour ma part, je suis fort curieux de ce que l'accusation aura à dire de cela...si tant est qu'elle a eu l'audace de se montrer sur ces bancs...à vrai dire à la place de cet avocat...je me sentirais tout aussi gêné... Comment diable va t-on pouvoir justifier mon emprisonnement durant plusieurs mois pour un simple procès en correctionnelle ? Et comment nier à ce moment, en ayant conscience de cela la portée politique qui fausse l'intégralité de ce jugement, quand au même moment, mes compagnons et mes partisans se font arrêter à Velsna pour un motif fallacieux de complot !

Toni Herdonia faisait les cent pas devant le pupitre où on l'avait collé. Cette estrade était trop petite pour celui qui aime tant briller et faire du bruit. Il paru fort amusé de cette situation ubuesque, et regardait souvent derrière son dos, vers le public où le Maître de la Garde Carlos Pasqual avait pris place, et lui rendait bien son sourire provocateur. Lorsqu'il se retourna après sa rapide pause, il n'eut d'autre réaction qu'un rire nerveux. Il porta ses prochains mots à destination de l'avocat Van Moraes. Ceux ci paraissaient plus recherchés que ses précédentes harangues qui venaient davantage des tripes et de la colère:

Son honneur ici présent met ses mots sur quelque chose de concret, et qui me touche. Oui je suis né dans la troisième classe censitaire: si vous savez de quoi je parle, vous saurez que ce n'est pas la situation la plus enviable. Trop pauvre pour peser en politique, trop riche pour profiter de la charité publique. J'ai grandi dans un système injuste: on ne m'a jamais fait le moindre cadeau, on m'a très rapidement fait comprendre que si je voulais quelque chose, il faudrait que j'aille le chercher moi-même. Et c'est ce que j'ai fait: il n'est guère un centime que e n'ai gagné honnêtement à la sueur de mon front, il n'est pas un centime que je n'ai réinvesti dans des causes que je pense juste, et qui apporte beaucoup plus aux autres que ce que le père de famille peut faire pour ses enfants, ou que l'on peut faire pour ses amis. Je suis peut-être coupable...d'avoir crée un véritable système de charité dans des endroits où cela manquait. Peut-être est-ce là un crime par chez vous j'imagine. Si le Duché de Sylva, qui se targue de posséder des lois justes, et d'agir pour la justice et le respect du droit de par le monde, veut m'accuser après un dossier aussi manifestement bâclé que personne ne le prendrait pour argent comptant...alors pourquoi pas. Mais pas tant que l'on ne fournira des preuves que c'est bien moi qui ait été responsable de l'état d’ébriété de ce jaguar, et que ce dernier a bien fait l'objet d'une acquisition par mes soins. Je peux facilement vous trouver une cinquantaine de témoins comme quoi j'ai passé la plupart de cette soirée en leur compagnie dans la salle de réception de l'ambassade, aussi, j'espère que votre dossier d'accusation a les reins assez solides pour tenir face à toute une réception de fête d'ambassade. Dans tous les cas, ce simple fait me dispense du délit de maltraitance: comment puis-je recevoir mes invités tout en administrant à cet animal la cruauté de l'alcool. Comment puis-je être à plusieurs endroits au même moment ? Je suis certes très doué, fort beau et intelligent...mais je ne puis me dupliquer, au grand malheur de toutes ces victimes de catastrophes que je sauve grâce à me programmes humanitaires tout au long de l'année.

En ce qui concerne cette supposée acquisition illégale, Vous savez le nombre de personnel qu'une ambassade velsnienne possède en moyenne ? L'ambassade velsnienne en Duché de Sylva compte un personnel d'un peu moins d'une centaine de personnes, sans compter les coursiers que j'emploie régulièrement pour s'acquitter de tâches diverses. Parmi ceux-là, suis l'homme qui ait eu l'idée et fait la proposition de l'acquisition de ce jaguar ? Non, bien sûr que non. Voyez vous, j'encourage mon personnel à se dépasser en permanence dans la quête de la surprise: la concurrence est le moteur de l'économie, tout comme c'est le moteur des grandes innovations de ce monde. Je laisse mon personnel agir en totale autonomie, parce que je sais que je peux compter sur la plupart d'entre eux, et la moitié du temps je ne sais pas vraiment ce qu'ils font. Je leur donne des lignes directrices, ils me donnent des résultats. Leur ai-je expressement demander de me chercher un foutu jaguar dans la jungle ? Bien sûr que non. Lui ai-je donner de l'alcool ? Bien sûr que non. Vous imaginez bien que j'ai autre chose à faire de ma journée. Mon seul crime dans cette affaire précise serait l'ignorance, à la limite...l'ignorance de la loi au moment où, il est vrai, on m'a amené ce félin pour le présenter à mes invités. Mais au delà de cela, je crois que vous ne vous attaquez pas à la bonne personne, madame la présidente. Aussi, je me doit de réitérer mes propos, puisque vous semblez déterminée à me faire dire le contraire: non, je n'ai pas soulé un jaguar à cette soirée, et non, ce n'est pas moi qui ait fait l'acquisition de ce jaguar. La vérité, madame la présidente, c'est que l'accusation ne dispose d'aucune preuve tangible, ce qui explique sans doute la longueur de cette détention pour laquelle je ne vais pas me priver de demander le cassement de ce jugement pour vice de procédure.

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Un homme naturellement énervant
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Maitre Robiquet passa son regard successivement sur l'accusé et son avocat. La défense du présumé coupable était prévisible et typique des politiciens et personnes fortunées, jouant sur les vices de procédures et la confusion. Elle était par contre surprise que ce soit Toni qui avance une partie de ses points. Pour dire, lui et son avocat ne semblait pas s'être concerté, ce qui était un très net avantage pour elle. Le gouvernement sylvois l'avait pleinement informé des détails délicats de l'affaire, étant une avocate de confiance, pour qu'elle sache à quoi s'attendre et ne soit prise au dépourvu. Considérant que strictement rien n'était avancée sur cette affaire d'intrusion, elle décida de se focaliser là-dessus pour le décrédibiliser.

« Une intrusion, monsieur Herdonia ? Je passe sur le caractère erroné de votre remarque, les ambassades ne relevant pas de la juridiction de leur pays attitré, mais du pays local. Je suis quelque peu surprise qu'un ambassadeur velsnien d'une telle éducation et expérience se montre aussi peu informé de la législation et se laisse aller à des préjugés bien trop répandus. Mais cela n'a pas d'importance et ce qui m'intéresse est plutôt le caractère désespéré de la défense qui doit recourir à cinq éléments, que j'aborderais du plus au moins déplacés. »

Elle se tourne vers le reste de l'assemblée.

« Commençons par cette fameuse intrusion qu'accuse monsieur Herdonia. Une intrusion ? Quand ? Comment ? De quoi parlez-vous au juste ? Pour le premier élément concret que vous daigniez apporter à cette affaire, vous êtes plutôt vague. Êtes-vous en train de dire que les témoins, comptant pas moins que la Présidente Bernadette Vougier et Ministre des Affaires étrangères Matilde Boisderose, s'étaient introduites illégalement dans les festivités ? Je vous saurais gré de rester sérieux et d'apporter des éléments pertinents.

Vient ensuite la question de la connaissance de la loi. Là encore, un ambassadeur prétendant d'une méconnaissance des législations de son pays d'accueil ne retire en rien la gravité de l'acte, mais ajoute simplement au chef d'accusation concernant le braconnage, un autre chef d'accusation sur l'incompétence. Un braconnier qui s'empare d'une espèce protégée ne peut pas se contenter de plaider la méconnaissance pour être innocenté, pas plus qu'un vendeur de cocaïne ou un mari violent.

Puis la question du contexte, du passif de l'accusé. Si ce genre d'élément peut en effet être mis en avant pour aménager la peine d'un condamné en fonction de divers facteurs, cela ne permet en rien d'innocenter. J'ajouterais que l'on ne parle pas d'un sylvois vivant chichement dans une zone marginalisée avec des conditions de vie très en dessous du tolérable, qui essaye de survivre en chassant un crabe en dehors de la saison. Non, on parle d'un individu très fortuné, qui étale sa fortune, rien que maintenant, il ne peut s'empêcher de partager le prote-feuille qu'il utilise pour soutenir des œuvres prétendument caritatives. Monsieur Herdonia n'est pas un velsnien dans la plus basse classe censitaire essayant de survivre en mangeant un animal sauvage, c'est un individu fortuné avec tous les outils à disposition pour connaître et respecter les lois, qui promouvait simplement une formation personnelle à l'attention de ses adhérant.
Et concernant la participation de l'accusé dans des œuvres de charité, cela ne l'innocente en rien et je reviendrais en dernier point là-dessus.

Présentement, il y a la question de la confusion. Peut-on prouver que monsieur Toni Herdonia a-t-il vraiment ordonné la capture de cet animal ? Qu'il l'a soûlé ? Si l'on peut douter qu'il ait fait chacune de ces choses de lui-même, les hommes de son envergure ne se salissant pas les mains, il s'agit toutefois d'une outrageuse provocation que de dire qu'il n'en a aucune responsabilité. »


Elle se tourne vers Herdonia à nouveau, l’interrogeant d'un ton ferme, mais respectueux.

« Monsieur Herdonia, affirmez-vous réellement ne pas être complice de cet acte de maltraitance ? De ne pas avoir participé à la détention de ce jaguar ? De n'avoir aucune responsabilité sur les dérives de vos employées dont vous étiez pourtant au fait ? Pouvez-vous réellement prétendre que vous avez pris en laisse ce jaguar visiblement soul, diminué, sans en prendre conscience, sans vous interroger sur la légalité de la chose ? »

Question rhétorique, elle se tourna à nouveau vers l'assemblée.

« Il n'est plus question de ce qui est prétendu ou non par l'accusé à ce stade. Les faits sont contre lui, il avait ce jaguar, il voyait qu'il n'était pas dans un état normal, il dirigeait cette festivité où le pauvre animal était le clou du spectacle. Et il le dit lui-même : sa seule responsabilité serait de ne pas avoir pleinement eu connaissance de la loi ! Piètre tentative de se déresponsabiliser de ce qu'il a fait ! Le tout appuyé avec audace d'un discours plaintif sur ses conditions de vie dans la classe moyenne puis haute de Velsna !

Vient alors le dernier point, le seul qui ne soit pas fondamentalement hors de propos : les conditions de cette garde à vue prolongée. Hormis que cette accusation témoignerait davantage d'un manquement dans les procédures que d'une véritable innocence, raison pour laquelle les politiciens de l'envergure de l'accusé préfèrent toujours se focaliser sur le moindre défaut de l'enquête plutôt que de leur véritable innocence, elle oublie surtout un élément capital. Se plaindre de la durée de cette garde à vue est surtout un moyen judicieux de détourner les inlassables efforts de l'accusé pour retarder l'application des procédures en ne faisant preuve d'aucune collaboration avec les autorités. Les forces de police et interrogateurs en charge de monsieur Herdonia pendant son séjour affirment qu'il prenait un soin particulier à éviter les interrogatoires visant à faire avancer l'affaire, à ne pas répondre aux questions ou à délivrer des discours fanatiques et à côté de la plaque sur une prétendue incarnation vivante de la main invisible. L'homme était tant que ça hors sol qu'il était envisagé de procéder à des analyses psychologiques et qu'une enquête a été réclamée sur la question, contribuant à retarder cette procédure. Il était difficilement envisageable pour les forces de l'ordre de laisser en liberté un migrant mentalement instable dans nos rues, et pour le personnel judiciaire de traiter de la même façon un homme pleinement conscient de ses actes qu'un homme simplement fou.

Monsieur Herdonia devrait même être reconnaissant de cette attention visant à éviter un traitement expéditif de l'affaire. Une attention normale et justifiée selon les procédures sylvoises, bien que les délais témoignent d'une surcharge de l'activité des organismes dédiés. Malheureusement pour lui, les diagnostics n'ont révélé aucune pathologies mentale, seulement un menteur compulsif et un individu égocentrique avec un syndrome d'immaturité que l'on pourrait décrire comme un enfant gâté n'ayant jamais grandi.

Voilà donc ce que nous avons, un ambassadeur suffisamment peu sérieux pour s'informer des lois locales et insistant sur le point, pris sur le vif dans la détention d'une espèce protégée et alcoolisée, refusant de coopérer avec les autorités d'où le retard de sa garde à vue, avec un profil psychologique clairement établi de menteur compulsif. Et il faudrait le relâcher parce qu'il a participé à des actions de charité ? Rassurez-vous, il pourra toujours procéder à ses dons depuis une cellule !

Mais maintenant, doit-on réellement arrêter pas moins qu'un ambassadeur pour une affaire aussi inconséquente ? Je vais retourner la question, doit-on proférer un acte hautement politique, de ne pas appliquer la loi envers un individu en vertu de ses responsabilités et fonctions ? Sommes-nous prêts à dire que l'on laissera partir libre un individu coupable sous prétexte qu'il est fortuné et représentant d'une nation, quand on arrête sans pitié les mounlao défavorisé qui braconnent pour vivre ? Sommes-nous prêts à déclarer un velsnien comme au-dessus des lois quand chaque sylvois y est soumis ? Il n'est après tout pas impensable de le faire, mais cela signifiera appliquer une décision hautement politique qui, là, permettra de remettre en question la légitimité de la justice sylvoise, et de sa prétention à représenter le système judiciaire d'un pays riche. »
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