08/01/2016
23:29:06
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[Teyla - Karty] Encore une rencontre.

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Photo du Premier ministre du Royaume de Teyla, Angel Rojas, prise lors d'une conférence sur l'avenir de l'économie du Royaume de Teyla au salon "Teyla 2035" a Gèvre, en présence de nombreuses personnalités du monde économique.
Premier ministre, Angel Rojas


L'ambiance était nerveuse dans la petite pièce feutrée de la Résidence Faure. À travers les fenêtres ouvertes, on pouvait observer la nuit noire à l'extérieur, qui semblait absorber toutes les lumières artificielles de la capitale teylaise. Le Premier ministre du Royaume de Teyla, Angel Rojas, se tenait debout près de la fenêtre avec une cigarette à la main. La fumée recrachée par la bouche muette de l'homme d'État s'échappait à travers la fenêtre ouverte, finissant par errer dans la nuit inhabituellement chaude d'octobre. Bien que la nuit noire la cachait de moitié, laissant visible uniquement la flèche de la Cathédrale, le Premier ministre fixait au loin la Cathédrale qui allait devenir, dans quelques jours, le théâtre d'une cérémonie d'hommage diplomatique comme le Royaume de Teyla en avait rarement vu dans son histoire moderne.

Il aimait ses réunions nocturnes parce que la nuit reposait les yeux et l'esprit d'Angel Rojas. Ses journées étaient bien trop longues et plus encore éreintantes. La diplomatie teylaise enchaînait les dossiers, augmentant la charge de travail de tout le gouvernement, qui était déjà assez élevée avec les nombreuses réformes engagées et le projet Manticore 2030 remanié. Ses nuits n'étaient pas longues, mais elles lui offraient le silence de la vie arrêtée, bien que Manticore fût l'une des villes avec les nuits les plus actives de l'Eurysie et même du monde. La capitale de l'amour ne s'arrêtait rarement, mais on trouvait des endroits calmes, comme la Résidence Faure, sauf lorsque le Premier ministre convoquait des réunions, comme cette dernière. Ces derniers mois, Angel avait augmenté sa consommation de cigarettes à un niveau rarement atteint pour l'être humain. Il faut dire que son avenir politique se jouait dans les prochains mois, il en allait de même pour l'avenir du Royaume de Teyla, qu'il devait guider à la réussite. Rien que ça, pensa-t-il.

Malgré la présence de la ministre de l'Intérieur Yasmine Laval et de Pierre Lore, la pièce était plongée dans un silence, presque pesant. Ce silence n'était que de façade si on regardait de plus près l'entièreté de la Résidence. Les conseillers en sécurité du Premier ministre et du gouvernement entier travaillaient depuis deux jours à l'affinement des plans discutés entre les différents ministères. Voilà que le Royaume de Teyla se devait de protéger toute une délégation étrangère comprenant les plus éminents membres du Saint Empire de Karty, et ce, à différents endroits de la capitale Manticore. Plus encore, avant la réunion actuelle, il avait eu un long appel avec Sa Majesté Catherine III. Cette dernière avait confirmé sa présence et celle de plusieurs membres de la famille royale, aux cérémonies d'hommage prévues pour Ferdl Van Cros. Cela n'arrangeait en rien l'équation sécuritaire.

Le Premier ministre, alors qu'il sentit les regards de Yasmine et Pierre posés sur lui, écrasa sa cigarette contre un cendrier en métal sans décoration. Il regarda un dernier instant cette flèche de la Cathédrale, s'élevant dans le ciel, presque flottant dans ce ciel noir. Tant d'hommes auraient sacrifié leur famille et richesse pour voir cette merveille architecturale. Se retournant, en prenant soin d'appuyer son dos au rebord de la fenêtre, toujours ouverte, il prit la parole.

- Les préparatifs se passent merveilleusement bien pour l'instant. Je souhaite vous remercier pour l'entière coopération entre les différents ministères. C'est une nécessité pour que nous réussissions sur tous les plans cette rencontre diplomatique et cet hommage. Au regard de la missive, on peut s'attendre à un achat d'armement de la part du Saint-Empire vu qu'ils veulent parler d'affaires militaires. Il y a aussi cet entraînement militaire dont a parlé Sa Majesté Catherine III avec Sa Majesté Impériale le Tsar Stanislas I. Je ne sais pas ce que nous devons attendre sur ces deux sujets, à vrai dire, je crois qu'on devrait inviter les patrons du complexe militaro-industriel teylais pour s'assurer du bon déroulement de la rencontre, au cas où les Kartiens souhaiteraient émettre une commande.

- Cela ne peut qu'être une bonne idée, répondit immédiatement Yasmine Laval. Le déploiement prévu est assez conséquent pour prévoir d'autres invités supplémentaires. En outre, en plus du déploiement du service de sécurité kartyen, nous déploierons environ trois mille policiers royaux sur le terrain en complément du bataillon de Sa Majesté, étant donné qu'elle sera présente aux deux cérémonies d'hommage. Nous sommes en lien constant avec le ministère de la Défense sur ce point et la coopération se passe très bien. En l'occurrence, une telle présence et le blocage de quartiers entiers permettront de sécuriser tout cela, pour éviter un drame.

- Nos dépenses de sécurité vont monter en flèche, dit Pierre Lore en gloussant sous les regards intrigués d'Angel et de Yasmine. Je veux dire qu'on doit prendre en compte une partie de la sécurité du siège du Conseil général de l'Organisation des Nations Démocratiques, il y a cette rencontre diplomatique importante. Je rajoute à cela nos déploiements à l'étranger. Je pense que la commission qui doit gérer le budget dans les deux chambres législatives fera la gueule, en voyant que le budget prévu pour la sécurité est en augmentation.

- Oui, mais ce sont des broutilles à l'échelle d'un pays, surtout que depuis, notre Produit Intérieur Brut pulvérise les records qu'il n'avait jamais atteints, répondit Yasmine Laval presque tranchante pour balayer le débat d'un revers de la main.

- Des broutilles ? S'exclama Angel Rojas en claquant des mains et rigolant. Yasmine, autant tu es intelligente, autant sur ce point, tu ne sais pas à quel point les députés de ces commissions adorent faire chier pour chaque putain de centime. Deux semaines, c'est le temps qu'il m'a fallu avec Sandrine pour les convaincre d'augmenter les crédits consacrés à des programmes de formation pour les chômeurs. C'est long, deux semaines, pour une chose qui paraît évidente à quiconque dans ce parti. Rappelez-vous qu'on a la majorité dans toutes les commissions.

Outre ces broutilles, dit-il avec de gros yeux. Comment voulez-vous qu'on gère cette rencontre diplomatique ? On sait que le Saint Empire souhaite parler du militaire, mais nous, on veut parler de quoi ?


- Je ne sais pas, je suis perplexe sur la démarche à suivre, dit avec hésitation Pierre Lore. En outre, je crois qu'ils ont fait assez de réformes en faveur de la démocratie pour qu'on ait le culot d'en redemander, sous peine de les braquer pour le coup. Ils ont été plus qu'ouverts à nos demandes, c'est plus à nous de faire des efforts dorénavant. À ce propos, j'ai pensé qu'on pourrait leur faire profiter de la République Translavique, jusqu'à un certain point. Si les responsables politiques de la République Translavique sont en accord avec nous, la République Translavique pourrait ouvrir une partie de son économie en abaissant les droits de douane concernant les exportations kartiennes vers la République. En outre, selon la commande, la République Translavique a commencé à augmenter ses capacités de production, bien aidée par les membres de l'Organisation des Nations Démocratiques. Toute commande pourra être satisfaite dans de meilleurs délais, si la République Translavique a la technologie requise.

- La dernière proposition est une très bonne idée. Cela profitera tant au Saint Empire qu'à l'économie de la Translavie, dont nous voulons voir l'économie augmenter de manière conséquente pour enculer ces salauds de communistes, répondit le Premier ministre. Je suis beaucoup plus perplexe sur votre première idée, c'est à la République Translavique de le proposer, pas à nous, ça fait vraiment colonie comme vous le présentez, bien que ce ne soit pas ton intention, je sais, Pierre. Toutefois, on peut aller plus loin dans les accords existants et proposer un accord de libre-échange global, plus ou moins. Qu'en pensez-vous ?

La réunion dura encore pendant plusieurs longues heures en plein cœur de la nuit, au grand dam des deux ministres.


Le tarmac de l'aéroport de Manticore frémissait d'une agitation inhabituelle. Les voitures officielles s'arrêtaient devant l'imposant bâtiment et y déposaient les plus éminents hommes d'État et politiques du Royaume de Teyla. On y retrouvait les membres du gouvernement, le Premier ministre, une cinquantaine de députés avec une représentation de chacun des partis politiques, Rosalie Chabas, la maire de Manticore. Au milieu de ce ballet d'hommes et de femmes les plus influents du Royaume de Teyla, Sa Majesté Catherine III se tenait droite comme un I. Elle observait d'un œil agité toute cette agitation et les brouhahas sortant des conversations qu'on ne put écouter en détail. Devant elle, elle apercevait deux lignes de gardes royaux avec leurs mains gantées. Les sabres pointés vers le sol trahissaient que la délégation étrangère n'était pas encore présente. Toutefois, la beauté de ces sabres se reflétait à chaque instant. Le gris du métal contrastait avec le blanc des mains gantées et le magnifique bleu royal teinté de jaune des tenues de cérémonie des gardes royaux.

Lorsque l'avion de la délégation étrangère se posa et que ses membres en sortirent, la foule se tut et le tarmac fut plongé dans un silence de cathédrale. Sa Majesté fixait avec insistance le Premier ministre Kartyen, un homme qu'elle n'avait jamais rencontré et dont elle voulait percer les secrets. Toutefois, d'un geste de la main subtil et bref, elle ordonna à un garde royal de commencer la cérémonie d'accueil. C'est suite à ce geste qu'un garde avança d'un pas puis se mit à hurler :

- Votre Majesté Catherine III, Souveraine du Royaume de Teyla et co-Princesse de la Principauté catholique de Saint-Alban, sur l'étendue glorieuse de notre Royaume, permettez-moi de vous présenter Son Excellence Yaromir Ernaï, Chancelier du Saint-Empire de Karty. Votre présence marque votre place au champ de l'honneur du Royaume de Teyla. Qu'en ces lieux empreints de solennité et d'histoire, lesquels ont vu mes ancêtres construire le Royaume de Teyla, naisse le reflet de la volonté commune pour la paix et nos peuples, unis face à l'adversité.

Le garde se remit dans le rang, et c'est à ce moment maintenant, si la diplomatie teylaise avait bien calculé, que le Premier ministre se retrouva devant Sa Majesté et qu'il vit à sa droite Pierre Lore et à sa gauche Angel Rojas. Sa Majesté prit la parole en première :

- Votre Excellence, c'est un honneur que de vous recevoir sur le sol teylais !
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Octobre 2015, Quelque part dans les cieux Raskenois,
Le Saint Empire de Karty et le Royaume de Teyla, deux nations Eurysiennes sur les voies d'une alliance prometteuses. Aux premiers abords, aucune raison spécifique ne semblerait lier les deux états et pourtant. Pourtant voilà que la délégation Kartienne la plus importante de l'histoire impériale se rend en territoire Teylais. Pourquoi ? A l'initiative Teylaise, deux cérémonies sont organisées en l'honneur du défunt Ministre des Affaires Etangères Ferdl Van Cros. Bien que les obsèques lui ont déjà été rendus, là est bien plus qu'une simple cérémonie funéraire. C'est la preuve irréfutable d'une alliance qui s'est scellée entre les deux puissances Eurysiennes.
Ainsi, le convoi impérial fendait les cieux à bord d'un convoi sobrement escorté. Composé d'un avion de ligne et de cinq Falke VI, le détail du trajet fut assez compliqué. Ne pouvant se risquer à approcher les côtes Loduariennes, le Tsar s'est résolu à contacter l'Empire Raskenois pour en obtenir une autorisation de passage. Ladite autorisation fut assez rapidement donné par Axel Orndorff, à seule condition d'une escorte Raskenoise de deux avions de même génération que les cinq Kartiens.
A bord du principal aéronef, des discussions sans grande importance fusaient entre tous les hauts-placés de l'Empire. "Nous entrons dans l'espace aérien Raskenois", annonce du pilote militaire Kartien. En effet, Stanislas Valaski regarda à travers un hublot de l'appareil et vit les deux avions de chasse qui devaient les escorter "ils sont à l'heure ces raskenois" se dit sa majesté.

Avion de Chasse Raskenois fournis par Urakan (je fais sa propagande en remerciement de l'acceptation du droit de passage)

La délégation du Saint Empire était composée du couple impérial (le Tsar et la Tsarine), deux membres du gouvernement (le Chancelier et le Ministre de la Défense), une quinzaine de militaires en civil de la Garde Impériale (avec pour seul arme un Wüstenadler XI de dernière génération) et pour terminer, l'ambassadeur Kartien en Teyla (Ilya Eksö).


Tsar Stanislas I: A quoi on peut s'attendre venant de Teyla ? Il est clair que cette cérémonie n'est pas à seul but cérémonial si j'ose dire. Notre seule certitude est celle-ci: Les sujets militaires dont nous voulons faire part. Alexander ?
Ministre de la Défense Nationale, Alexander Jükov: C'est cela même. Notre armée étant en constante évolution, il faut entretenir notre puissance aérienne. Nous possédons une des meilleures d'Eurysie, nous devons garder ce statut. De surcroît, nous allons acquérir un Porte-Avions, et sans aéronefs de qualités il ne sert à rien d'en avoir un. Egalement, il y a fort à parier qu'un entraînement militaire Karty-Teyla sera effectué, conformément aux dires de la Reine Teylaise.
Chancelier Yaromir Ernaï: Tout cela est bien beau mais là sont les sujets faciles. Teyla met la barre très haute avec de telles cérémonies que c'en est illusoire si vous voulez mon avis. Nous plaignons tous la mort de Ferdl, mais à quoi rimentt ces événements ? Une simple lettre de condoléance aurait suffit.
Tsar Stanislas I: Tu me parais méfiant Yaromir. Teyla reste un allié de Karty ne l'oublions pas. Ils font cela par courtoisie j'imagine, même s'il ne faut pas écarter l'hypothèse plus que probable qu'ils ont une idée derrière la tête. Les sujets militaires ? Non, c'est nous qui les lanceront. Il me semble que l'OND soit une thèse probable enfin bon, il n'y a pas eu d'évolution majeure. La seule consigne que nous avons est d'être exemplaire, je n'ai pas besoin de vous dire que l'honneur de Karty est en jeu.
Ministre de la Défense Nationale, Alexander Jükov: Commandant Sebasto ?
Commandant Sebasto Daksaï: Mon Maréchal ?
Ministre de la Défense Nationale, Alexander Jükov: Dites à vos hommes de se tenir prêt à toute éventualité. En plus de la délégation Kartienne, il y aura sans aucun doute la famille royale Teylaise enfin bon, tous un beau monde. Je n'ai pas besoin de vous dire que de tels personnalités attirent l'attention.

Sur la quinzaine de militaires Kartiens, un seul haut-gradé était présent. Avec un leadership et des talents exceptionnels, le Commandant Sebasto était un des meilleurs tireurs de tous l'Empire. C'est donc ainsi qu'il a été désigné personnellement par Alexander pour assurer la sécurité Kartienne et le commandement des gardes.
Quelques temps après, les avions ouvrirent le train d'atterrissage et se posèrent en sol Teylais. Pour ouvrir le bal, le Tsar avait ordonné à Yaromir Ernaï de se placer en avant. N'ayant jamais rencontré un Teylais depuis sa récente élection, Stanislas s'était dit que la Reine voudrait sûrement en apprendre un peu plus.


Chancelier Yaromir Ernaï

Chancelier Yaromir Ernaï: Honneur partagé votre majesté, Reine du Royaume de Teyla. Je me permets également de saluer ses Excellences Angel Rojas et Pierre Lore, Yaromir regarda de gauche à droite, faisant deux signes de tête distincts comme pour saluer chacun des concernés. Bien que ce soit pour moi la première fois que je foule le sol Teylais, c'est avec un enthousiasme certain que je vous communique les remerciements du Saint Empire de Karty.
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Photo du Premier ministre du Royaume de Teyla, Angel Rojas, prise lors d'une conférence sur l'avenir de l'économie du Royaume de Teyla au salon "Teyla 2035" a Gèvre, en présence de nombreuses personnalités du monde économique.
Premier ministre, Angel Rojas


- Souveraine du Royaume de Teyla et co-princesse de la Principauté Catholique de Saint-Alban, mais aussi Duchesse de Manticore, comme tous les souverains qui ont régné sur ce Royaume, dit-elle en reprenant le Chancelier du Saint-Empire, ses mots empreints de gentillesse, de bienveillance mais aussi d'une autorité qui faisait celle qui régnait sur le Royaume de Teyla, la reine qu'on surnommait dans la population "Reine de la prospérité". S'il s'agit de votre première fois au Royaume de Teyla, c'est un atout de commencer par Manticore, une ville qui ne dort pratiquement jamais, comme vous pouvez le voir avec ses nombreuses hautes tours en verre ou à la façade de béton et d'acier.

Pierre Lore faisait la moue. Pour avoir déjà côtoyé des Kartiens de près, il ne savait pas si c'était vraiment la meilleure des options de commencer un dialogue sur la vie nocturne de la capitale. Cela risquait d'ennuyer les Kartiens et notamment le Premier ministre. Mais bon, c'était la Reine, il ne dit rien et attendit qu'elle termine puis finit par dire :

- Sa Majesté Catherine III a tout à fait raison sur la vie nocturne dans notre belle capitale. C'est l'une des meilleures de notre beau continent, mais nous aurons tout le temps de vous faire découvrir la vie nocturne teylaise en temps voulu, Votre Excellence. Avant tout cela, nous avons de nombreuses cérémonies et une discussion à faire, pour le bien de nos nations. Sur des sujets majeurs, d'autant plus.

- Oui, le Premier ministre Angel Rojas acquiesça de la tête à la prise de parole de Pierre Lore, son ami. Il me semble que dans votre missive diplomatique, si je m'abuse, vous souhaitez parler de questions militaires. Nous avons pris la liberté de réunir à la Résidence Faure les patrons des différentes entreprises teylaises du secteur que vous pourrez rencontrer à tout moment. En dehors de cela, étant donné que vous êtes le nouveau chancelier du Saint Empire de Karty, nous avons bon nombre de sujets à discuter, je présume.

D'une parole assurée, Sa Majesté Catherine III invita toutes les personnalités présentes à marcher vers les voitures sous les nombreux flashs des journalistes présents en nombre pour une rencontre événement, du moins c'était la vision qu'avait de la rencontre la presse teylaise. Puis, dans un ballet orchestré à la perfection, le cortège se mit en marche vers les véhicules officiels alignés non loin, où les chauffeurs attendaient, prêts à conduire toutes ces personnes de haut rang à la Résidence Faure. Sa Majesté Catherine III entra dans la même voiture que le Chancelier kartien. Une voiture qu'ils partageaient avec le Premier ministre de Sa Majesté, Angel Rojas. Pierre Lore entra seul dans l'une des voitures, bien qu'avec des membres de la délégation kartienne.

Les voitures dans lesquelles se trouvait la délégation kartienne, en route vers la Résidence Faure, étaient de véritables joyaux de l’ingénierie automobile artisanale teylaise. Luxueuses et confortables, elles offraient un calme et un confort sans égal pour leurs passagers, pour des voitures destinées aux plus hautes fonctions du Royaume de Teyla et des nations étrangères. Un subtil logo, formant un C orné d'or, paradait à l'avant des voitures tout en restant discret. Un discret rappel aux observateurs que la voiture était produite par le Groupe Automobile Courvoisier. Ce nom Courvoisier n'était pas un simple nom de constructeur automobile de renom, mais bel et bien le nom de la Souveraine actuelle, Catherine III ou encore Catherine III Courvoisier, le nom de la dynastie régnant actuellement sur le Royaume de Teyla. L'histoire des Courvoisier dans l'automobile remontait au siècle dernier. En outre, la famille royale à l'époque avait décidé d'investir dans l'industrie suite aux volontés du Parlement teylais de réduire les crédits publics destinés à la Famille Royale. Au XIXᵉ siècle, plusieurs domaines de l'industrie avaient intéressé les Courvoisiers, mais la famille Royale eut ses plus grands succès avec l'Industrie automobile qui rehaussa l'image de la famille royale auprès des Teylais, bien que cette hausse doive être fortement nuancée.

- J'espère que vous trouvez cette voiture à votre goût, Votre Excellence, dit Catherine III, c'est l'un des meilleurs modèles fabriqués par le Groupe Courvoisier. Nous produisons aujourd'hui plus que des voitures de sport et de luxe, mais je peux vous assurer que les employés donnent le meilleur d'eux-mêmes pour faire de la marque une marque qui rayonne à travers le Royaume et le monde, j'ai envie de croire. Actuellement, elle existe en huit exemplaires, pensée, conçue et construite par des artisans. La Couronne, y compris sous mon mandat, s'est toujours efforcée de soutenir le modèle économique de l'artisanat, car c'est un art somptueux et magnifique qui doit être perpétué en tout temps et dans n'importe quel système économique, même celui du libéralisme économique à outrance, comme le pratique le Royaume de Teyla depuis les années quatre-vingt.

- Vous avez raison, Votre Majesté, c'est pourquoi nous avons négocié avec la Fédération de Stérus des accords garantissant la viabilité des artisans teylais concernant les domaines d'artisanats encore présents au Royaume de Teyla. Nous restons proches de ceux qui font rayonner la Couronne, et ces voitures font partie des joyaux que peut concevoir le Royaume de Teyla à travers ses ouvriers et ses artisans.

Alors que Sa Majesté parlait ainsi que le Premier ministre, la ville défilait à l'extérieur de la berline noire, laissant entrevoir depuis le sol les hauts immeubles et gratte-ciel de la capitale. Ils étaient en nombre dans la capitale, beaucoup plus en nombre que dans toutes les villes eurysiennes. Le nouveau quartier des Affaires, dont la construction avait commencé en deux mille onze, se terminait peu à peu, pas à pas, et laissait entrevoir un quartier rempli de gratte-ciel. Les lumières de la ville se reflétaient sur la carrosserie noire de la berline. À l'intérieur de la berline, on entendait très peu les sons extérieurs, seul un léger ronronnement du moteur pouvait briser les silences de l'habitacle. Alors que la voiture s'engageait dans une avenue de la capitale, au bout de l'avenue, on pouvait apercevoir un bâtiment à l'allure différente des bâtiments des alentours. Les lignes futuristes et modernes laissaient apparaître un sentiment nouveau au sein de la capitale Manticore. À droite, en tournant la tête, le Chancelier pouvait apercevoir l'importante tour qui servait de siège à l'Organisation des Nations Démocratiques et son Conseil général, tandis que le Conseil militaire était au sein de la République Faravanienne. Le siège de l'Organisation des Nations Démocratiques était sûrement le plus important symbole de la coopération internationale et sa position voulait que chaque convoi allant à la Résidence Faure passe devant.

- Je n'ai pas oublié la discussion que j'ai eue avec Sa Majesté Impériale, dit Catherine III en passant devant le siège de l'Organisation des Nations Démocratiques. Il semblerait, hélas, que les Critères de Norja bloquent plus que je ne pouvais le penser. Le Royaume de Teyla vous soutient toujours pour une adhésion en tant que membre observateur de l'organisation. Mais les débats sont importants sur les Critères de Norja. Hélas, le Royaume de Teyla ne peut vous donner une date d'adoption des critères, je suis certaine qu'ils seront adoptés un jour ou l'autre. Mais je ne puis donner une date précise au Saint-Empire.

- Nous travaillons jour et nuit auprès de nos partenaires de l'organisation pour faire en sorte que le Saint-Empire soit accepté, finit par dire le Premier ministre teylais. Il est vrai que les déplacements de populations rendent la tâche très ardue, plus que nous le pensions. Mais les démarches entreprises pour vous rapprocher des nations membres de l'Organisation des Nations Démocratiques ont eu leur effet et ont permis un changement de vision sur le Saint-Empire de Karty. Nous ne pouvons que vous conseiller de poursuivre vos efforts. Dans ce sens, nous continuerons les nôtres de notre côté, bien évidemment.
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Octobre 2015, Capitale Teylaise à Manticore,
Voyant que la souveraine Teylaise le corrigea sur ses titres, Yaromir eut un sentiment assez rare pour lui, se mêlant dans les mines de la confusion à celles de la contrariété. Il se dit tout d'abord que pour un début de rencontre "ça commence bien !", tout en ajoutant "la tolérance n'est pas valeur fondatrice du Royaume, ou bien ils sont très à cheval sur les formules de politesse !" Par ailleurs, le Chancelier aperçut qu'il fut clairement le seul à être salué, se demandant si cela était voulu des autorités du régime Eurysien. Cette question, il n'en aura jamais la réponse, simplement des suppositions.

Le Kantlser était certes dans un monde où il n'avait jamais posé les pieds, celui du Royaume de Teyla, il n'en était pas moins attentif et analyste qu'à l'accoutumé. Il remarqua dans un premier temps une sorte d'habitude commune au haut-gouvernement Teylais, cette manie d'appuyer la Reine dans tous ses propos. En outre, lorsque cette dernière présenta brièvement la ville de Manticore, elle fut appuyée par le discours quasi immédiat de Pierre Lore ainsi que la validation du Premier Ministre Rojas qui se contentait simplement d'affirmer par un simple "oui". Le Chancelier se demande si là était une simple coïncidence ou une volonté claire de présenter la Reine comme une personne outrecuidante qui aurait toujours raison. "Encore une question où je n'aurais point de réponse à placer" se dit succinctement Ernaï.

Cette analyse faite, le Chancelier en fit immédiatement une autre lorsque sa majesté royale invita l'ensemble des délégations à monter dans les véhicules prévus. En effet, il était clair que la Reine voulait déceler sa personnalité et ses intentions, se traduisant par son isolement dans un véhicule. L'équivalent du Premier Ministre (et Ministre des Affaires Etrangères) Kartien se trouvait à bord d'une automobile de marque Courvoisier, face à deux figures Teylaises non pas des moindres qu'étaient Catherine III et Angel Rojas. "Que cherche la Reine à m'isoler du groupe ?", interrogation qui s'ajouta à la longue liste de questions en suspend de Yaromir.

Le couple impérial quant à lui, était également seul avec pour seule différence qu'aucun Teylais ne les accompagnait. Stanislas et Sveltana se posèrent mutuellement la question du pourquoi, s'ajoutant à celle de la raison qu'hormis le Chancelier, personne n'avait été salué. Que voulait réellement la couronne Teylaise ? Le Tsar Stanislas I avait également aperçu que Yaromir était seul face à deux Teylais, ce qui l'inquiéta, aussi brillant soit le Chancelier. "Bonne chance Yaromir, tu en auras besoin" dit-il en son for intérieur. S'adressant à sa femme la Tsarine, Stanislas annonça:


discussion Tsar-Tsarine
Couple Impérial du Saint Empire de Karty

Tsar Stanislas I: La capitale Teylaise est assez surprenante, tu ne trouves pas Svet ?
Tsarine Sveltana Valaski: Moui, c'est assez joli dit-elle d'un ton hésitant.
Tsar Stanislas I: Quelque chose te tracasse ?
Tsarine Sveltana Valaski: Je n'ai juste pas l'habitude de me trouver à l'étranger, encore moins dans des rencontres officielles aussi importantes !
Tsar Stanislas I: Le Royaume de Teyla reste un état de confiance même s'il faut avouer que j'ai quelques doutes en voyant... Rien de très important en réalité, outrepassons annonça le Tsar, indiquant d'un geste assez discret que la présence de micros ne serait impossible, après tous le couple impérial était dans une voiture Teylaise, et en territoire Teylais.

Quant au Ministre de la Défense Alexander Jükov, ce dernier était présent aux côtés de son Excellence Lore dont il avait suffisamment entendu parler. En outre, selon quelques rumeurs potentiellement et même sûrement véridiques, Pierre Lore se vanterait d'avoir assisté ainsi que voté à un Conseil Militaire du Saint Empire de Karty. Alexander analysa donc son homologue, puisque ce dernier était dans la même voiture que lui, et fut assez surpris de voir qu'il semblait bon diplomate à première vue. "Etrange" se dit par réflexe sieur Jükov, ne disant rien et laissant planer un silence oppressant.

Ainsi, Teyla accueillait la plupart des officiels Kartiens, en passant du couple impérial au Chancelier en ajoutant le chef des armées. A cette heure, seul le Chancelier était le centre d'intérêt des Teylais, aussi surprenant que cela soit-il. Yaromir était coincé avec sa majesté Teylaise et son fidèle Premier Ministre, assaillit par les deux Teylais. Tout commença par un léger discours sur le groupe automobile Courvoisier, encore et toujours appuyé par un subalterne de la Reine. Cette manie était désormais confirmée, à chaque prise de parole de Catherine III, cette dernière est appuyée par un autre, ici par Angel Rojas. Ce léger monologue rappelait l'histoire de l'industrie automobile Kartienne: Steinhart. Yaromir pensa instinctivement au tout premier modèle de la marque, la Steinhart 1935, une large berline noire qui a trouvé sa place en tant que fournisseur officiel de l'Empire. Ce qui est par ailleurs toujours le cas depuis, "il serait intéressant d'en faire part aux Teylais".


Chancelier Yaromir Ernaï

Chancelier Yaromir Ernaï: Cette voiture est d'un certain atout mêlant le luxe au confort je dois l'avouer, la marque automobile Courvoisier doit être une véritable réussite pour porter fièrement le nom de la couronne Teylaise. Cela me fait penser au groupe Steinhart en Karty, bien qu'il ne porte pas le nom de la famille impériale, ils sont assez fins avec des voitures de qualités. Steinhart est surtout connu pour ses voitures diplomatiques d'une somptuosité remarquable, les berlines noires notamment.
Quant à l'Organisation des Nations Démocratiques, il n'est pas bien grave qu'une date exacte ne soit donnée. Pour vous affirmer et conforter dans vos propos, nous ne sommes également qu'au début du projet de part nôtre volonté d'intégrer officiellement ou même partiellement cet organisme n'est pas encore officielle. Tout vient à point qui sait attendre, patience est la clef des réussites. Malgré cela, nous avons tout de même travailler sur ce projet en prenant contact avec nombres membres de l'OND. A commencer par vous évidemment, Tanska, la Yukanaslavie, Sylva et il m'en échappe sûrement. Il y a également les réformes démocratiques que nous appuyons inlassablement et pour preuve, ma fonction est telle que je deviens en quelque sorte un "opposé" du Tsar bien que nous restons principalement sur la même ligne idéologique. Il n'est cependant pas exclu qu'à la fin de mon mandat, une personne totalement opposée au Tsar soit élue, la cohabitation politique s'imposerait.
Permettez-moi de souligner également la beauté de cette capitale qui n'a que seule égale vôtre tenue que je qualifierais d'un certain charme. J'émets l'hypothèse qu'un artisan Teylais, peut-être étranger je ne saurais dire, a passé un temps assez long pour élaborer de si parfaits vêtements. Nous possédons également de bons tailleurs en Karty dont j'en porte fièrement les œuvres comme vous le voyez.
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Photo du Premier ministre du Royaume de Teyla, Angel Rojas, prise lors d'une conférence sur l'avenir de l'économie du Royaume de Teyla au salon "Teyla 2035" a Gèvre, en présence de nombreuses personnalités du monde économique.
Premier ministre, Angel Rojas


Comme l'évoquait la constitution du Royaume de Teyla, c'était bel et bien le Premier ministre, élu par l'Assemblée nationale, qui était le détenteur du titre de chef de la diplomatie teylaise. Plus que cela, le gouvernement teylais était responsable de la politique diplomatique du Royaume. C'est-à-dire de ses réussites comme de ses échecs, des relations qu'il entreprend, qu'il arrête, freine ou commence. Le Souverain du royaume pouvait prendre place dans des rencontres diplomatiques pour plusieurs raisons. La première de tout est le prestige donné par la Couronne de la première monarchie eurysienne et même mondiale, si on se focalise sur le Produit Intérieur Brut. La seconde raison était tout simplement la tradition, bien que la définition de tradition et de ce qu'on y mettait variait énormément en fonction du Premier ministre et de la couleur politique de ce dernier. Depuis la crise de mille neuf cent quarante-huit, la gauche royaliste était beaucoup plus favorable à la Couronne que la droite royaliste.

Ainsi, c'est presque naturellement que les discussions entre la souveraine et Angel se passèrent bien et que le gouvernement donna un rôle diplomatique à Sa Majesté, contrairement à ce que dictait la constitution. Mais attention, les réunions étaient systématiques entre les services de Sa Majesté et du gouvernement lors d'une rencontre diplomatique dans laquelle participait Sa Majesté. En outre, le gouvernement continuait de fixer la politique internationale du Royaume et Catherine III s'y conformait. C'est donc tout naturellement qu'Angel Rojas répondit au chancelier Kartien.

- Ce que vous décrivez me rappelle une période de l'histoire du Royaume de Teyla. Toutes les années à partir de mille huit cent soixante-six, soit l'année de la paix après la sanglante guerre civile teylaise. Durant des années entières, que dis-je des décennies entières, malgré une constitution, le pouvoir royal a toujours essayé d'une certaine manière de garder la main sur une partie de la politique menée par le gouvernement. Regardez ce qu'on nomme les "Chroniques Royales de Raymond VI". En réunissant toutes les élites politiques à Manticore, ce n'était qu'une manœuvre habile pour s'assurer que les discussions aillent dans le sens que Raymond VI voulait. Mais à l'époque, la constitution laissait un nombre important de pouvoirs politiques au souverain. Depuis mille huit cent quarante-huit, les souverains successifs ont compris qu'il n'était pas dans leur intérêt de s'insérer dans la politique intérieure et extérieure menée par le gouvernement.

- Je vous remercie pour ce portrait flatteur, Monsieur le Premier Ministre, dit-elle sur un ton ironique, mais froid. Prenez donc exemple sur ce charmant chancelier venu de terres lointaines, mais qui n'oublie pas de voir la beauté en chacun.

Ce n'était qu'une rumeur qui traînait dans les médias, mais Sa Majesté regrettait le départ d'Antoine Carbasier, le prédécesseur d'Angel Rojas. Antoine Carbasier, bien que de droite, avait noué une réelle complicité avec Sa Majesté, ils étaient amis et se voyaient encore de nombreuses fois. Fort heureusement pour les deux, Antoine Carbasier travaillait à l'Organisation des Nations Démocratiques, au siège de Manticore. Ce qui était assez arrangeant pour les agendas de deux personnes fortes occupées pour le Royaume de Teyla. Concernant Angel Rojas, selon la presse, elle était dubitative sur les réussites de ce dernier, sans remettre en question son poste et sa légitimité. Il avait gagné les élections haut la main, élu par l'Assemblée nationale, et elle respectait trop la démocratie pour remettre en cause l'élection d'un homme. Mais toujours selon la presse, selon les rumeurs, elle trouvait en Angel Rojas un homme qui changeait d'idées en fonction des électeurs, un homme politique qui pratiquait à outrance le clientélisme.

Pierre Lore, par contre, avait gagné le soutien de Sa Majesté. Sa Majesté avait été invitée par l'Empereur de l'Antérinie à venir visiter l'Empire dans une visite d'État officielle. Au regard de la constitution, Sa Majesté devait être accompagnée, si l'empereur souhaitait parler de sujets diplomatiques, économiques, politiques, etc. La présence de Pierre Lore démontrait que Pierre Lore était sous la protection de la Couronne. S'attaquer à Pierre Lore, c'était s'attaquer à la Couronne. Sa Majesté Catherine III voyait en Pierre Lore un véritable homme d'État prêt à se sacrifier pour le Royaume de Teyla. Elle reprit sur un ton neutre :

- Nous avons en commun les Berlines Noires visiblement. Je n'ai qu'une hâte, c'est de tester les voitures du groupe Steinhart. Je n'en ai jamais eu l'occasion jusqu'ici, il y a une première à tout, dit-on au Royaume. Manticore fait la fierté de ses habitants. L'avenir réserve des surprises avec le Projet Manticore 2030 qui doit permettre à la ville de non pas subir, mais de prendre en chemin le virage technologique pour stimuler la croissance, mais aussi offrir un cadre de vie inégalé. Étant donné la centralisation de l'État teylais, c'est un projet piloté par le Gouvernement de Sa Majesté et les différentes assemblées. Assemblée nationale et régionale, j'entends ici.

Pendant ce temps, Pierre Lore fixa Alexander Jükov, son homologue kartien. Le Teylais ne se doutait pas une seconde qu'Alexander Jükov pensait à l'aventure qu'il avait vécue lors de sa visite officielle au Saint Empire de Karty. Une aventure incroyable pour Pierre Lore qui croyait avoir participé à un Conseil militaire kartien. Bien que tout cela soit faux, Pierre Lore pensait le contraire. Le silence laissé volontairement par Alexander Jükov gêna Pierre Lore qui ne savait pas comment se placer face à la situation qu'il considérait comme étrange. Il fit un signe de politesse de la tête à son homologue kartien, laissant l'étranger commencer la conversation, si ce dernier voulait discuter.

Alors que les discussions continuaient, les véhicules arrivaient enfin à la Résidence Faure. Alors que les véhicules s'engageaient dans l'allée de la Résidence aux allures modernes, le gravier crissait sous les pneus, et la façade aux allures futuriste se reflétait sur les carrosseries des berlines teylaises. Onze hommes, en uniforme de cérémonie, s'étaient alignés de façon parfaite. Lorsque toutes les personnes étaient réunies sur le perron de la résidence, devant ces hommes et que les voitures étaient parties, Sa Majesté fit un geste subtil de la main. D’un même mouvement précis, les onze hommes levèrent leurs fusils, les bras tendus vers le ciel, visant un point invisible. Le silence envahit les représentants teylais, alors qu'un sourire naquit sur le visage de Sa Majesté, alors que cette dernière fixait le Premier ministre kartien puis le Tsar.

Pierre Lore, le visage impassible, regardait avec crainte la troupe de onze hommes devant lui, tandis qu'Angel Rojas la regardait d'un air interrogateur. Visiblement, quelque chose se passait sans que Pierre Lore et Angel Rojas le sachent. Sur le visage de Sa Majesté, on ne pouvait déceler aucune surprise, mais de la fierté et de la malice, notamment envers Pierre et Angel. D'un coup, un bruit sec de détonations venant des onze armes parcourut à la vitesse du son la Résidence Faure et se répandit dans la capitale teylaise. Pendant un instant, le monde semblait s'arrêter et se figer. Mais la nature était prévisible par moments. On pouvait observer, décollant des nombreux arbres des jardins de la Résidence, des dizaines d'oiseaux s'envoler. Les silhouettes noires se dispersèrent dans toutes les directions, rendant la scène chaotique.

Pierre Lore resta immobile pendant de longues secondes face à la scène qu'il venait de voir et tenta de comprendre la signification. Il aurait bien aimé être prévenu, comme Angel Rojas qui lui souriait face à cette scène digne des plus grandes réceptions, se dit-il. Sa Majesté finit par prendre la parole :

- J'avais signifié à mon entourage, composé des deux hommes qui m'accompagnent, que je voulais "récompenser" les autorités du Saint-Empire de Karty pour les réformes engagées pour renforcer la démocratie. Ces onze coups de fusil ne sont pas uniquement symboliques, ils représentent les onze articles de notre Déclaration des Droits Fondamentaux et Universels de l'Homme. Mais aussi les onze alliances du Royaume de Teyla. Nous comptons ainsi les huit nations de l'Organisation des Nations Démocratiques, y compris Zélandia, la Fédération de Stérus, la République de Miridian et, pour finir, le Saint-Empire de Karty. Sa Majesté souriait alors qu'en un seul coup elle venait de remercier le Saint-Empire pour les réformes entreprises et rappelait les liens indéfectibles qui réunissaient les deux nations.

- Votre Majesté Impériale, je ne sais pas votre volonté de participer ou non à l'entrevue entre nos chefs de gouvernements. Mais s'il vous plaît, je vous propose une visite de la Résidence et de ses jardins à vous et à votre très estimée épouse et Tsarine du Saint-Empire. Si Votre Majesté Impériale souhaite participer à l'entrevue, alors j'invite votre épouse à cette visite ainsi que tous les membres de la délégation kartienne qui voudront y participer. Il paraît que je suis de bonne compagnie, selon la noblesse teylaise. La source est biaisée, mais j'estime qu'elle est fiable, dit-elle en émettant un rire discret.

Cette proposition ne surprit nullement Pierre Lore ou encore Angel Rojas, montrant que cette partie-là fut discutée entre le gouvernement et les services de Sa Majesté au préalable.
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Octobre 2015, Capitale Teylaise à Manticore,
Dans un silence feutré d'une route Teylaise, un véritable cortège se déplaçait à vive allure, tel l'ombre d'un aigle fendant sur sa proie. La carrosserie d'un noir écarlate couronnée d'un C en or, semblait refléter les rayons du soleil, obtenant sa tinte rouge chaude malgré les doux vents du froid saisonnier. Chaque moteur participait à ce ronronnement général qui se ressentait au passage du convoi diplomatique, brisant le silence glacial de ces saisons hivernales. Chaque voiture succéda la suivante dans sa course effrénée, formant une ligne continuellement répétée vers les chemins de la résidence Faure. Chaque véhicule possédait son lot de diplomates ou haut-placés, formant une ambiance propre à chacun d'entre eux.

Commençons par la voiture transportant le Ministre de la Défense Kartienne ainsi que son Excellence Pierre Lore. L'air était lourd, pesant même, formant un véritable climat certes invisible, mais oppressant. D'un regard précis et acéré, Alexander semblait lancer un duel au regard à son interlocuteur. De tous les Kartiens, le Ministre Teylais était tombé sur le pire qui puisse être. Le chef des armées Kartiennes portait comme à l'accoutumée sa large tenue drapée d'une cape, le tous formant une teinte monochrome neige. Le seul accessoire qui variait cette couleur était les gants noirs du militaire, tous cet uniforme était le fruit des traditions impériales. De ses traits marqués par le poids des années au service de l'Armée Impériale, cette monochromie allait jusqu'à la chevelure du diplomate, grisée par le temps. Quant à son caractère, le Kartien était froid, dur, ferme, sérieux, les qualités d'un soldat et non d'un diplomate. Il serait donc évident d'affirmer que sieur Jükov n'avait rien à faire en ces lieux, remarque légitime soit dit en passant. Vous semblez cependant oublier la nature même du Saint Empire Eurysien, le militarisme. C'est donc sous cette optique que le Ministre se joignait à cette heureuse entrevue, également pour une raison qui lui était personnel. Il ne faut point oublier qu'une cérémonie aura lieu pour le défunt Ferdl Van Cros, officiellement simple collègue de travail d'Alexander, mais en réalité un ami qui lui était cher. Le Kartien fut coupé dans ses réflexions lorsque Pierre Lore lui lança un signe de tête qui se traduisait par une imploration d'aborder un quelconque sujet. Le Ministre se répondit intérieurement "s'il espère que je suis venu parler de la pluie et du beau temps, il se fourre le doigt dans l'œil et jusqu'au cou." Ainsi, Alexander se contenta simplement de joindre ses deux mains gantées, arborant son habituelle façade de marbre en ne prononçant aucun mot.

Le véhicule du couple impérial quant à lui se plaçait sous un jour bien plus heureux, se traduisant presque par une simple ballade romantique. Il faut dire que Stanislas était seul avec sa femme, aussi étrange que soit l'intention Teylaise à ce sujet. C'était l'une des rares fois où le couple impérial était là sans rien faire, hors des obligations diplomatiques pour un court instant. Cette ambiance semblait presque enflammer cet amour de jeunesse, datant d'il y a désormais plus de dix années. Il faut dire que le Tsar a épousé se femme dès l'âge adulte, à ses dix-huit ans. "C'est une charmante intention de la part des Teylais" se dit le Tsar aux côtés de son épouse, épaule contre épaule.

Enfin, l'appareil portant sa majesté Catherine III, le Ministre Rojas, mais aussi le Chancelier Ernaï qui se trouvait face aux deux autres. Cette fois, l'ambiance ne s'ancrait ni dans l'une ni dans l'autre, se plaçant sous le joug des échanges et discussions. Yaromir décela une certaine rivalité entre le Ministre Teylais et sa dirigeante, "tiens donc ? Très étrange, cela vient casser mon raisonnement" dit-il intérieurement. En outre, le Chancelier avait conclu que la couronne Teylaise était appuyée dans tous ses propos par ses subalternes. Pourtant, lorsqu'Angel Rojas clama les erreurs passées de la royauté, Catherine III semblait désapprouver l'entièreté du discours. Voyant que cette dernière dériva sur le sujet automobile, il se concentra sur ledit domaine avant d'annoncer:


Chancelier Yaromir Ernaï: Vous m'envoyez flatté de vos compliments vôtre Excellence, je ne suis tout de même pas digne des gentilshommes de l'ancien temps dit-il amusement. Ce n'est point car ma venue est lointaine que je dois me passer du respect qui vous est dû, vôtre majesté.
Je vous assure que la marque Steinhart répondra à vos attentes, j'en ai la ferme conviction. Comme je l'ai dit, le groupe Kartien octroie toutes les voitures diplomatiques à l'Empire. Si les situations venaient à s'inverser, j'entends par là que vôtre majesté se trouve en territoire impérial, il est assuré qu'une Steinhart vous attende, une Steinhart 2014 précisément.
Je vois que vous me comptez le projet Manticore 2030, j'en ai par ailleurs eu vent par les intermédiaires du Grand Ambassadeur Eksö ici présent dans nôtre délégation. Mes prochains dires vont sûrement vous paraître "vieux jeu" et vous m'excuserez de l'expression, les villes anciennes sont plus à mon goût. Je ne vous contredis point sur le fait que cette technologie amplifiera à coup sûr vôtre économie et bien au contraire. Simplement, de tels travaux n'enlèveront-ils pas ce charme offert du passé, ces bâtisses, que dis-je ces monuments ! La capitale impériale comporte notamment le KaiserPalast, le Kremlin, l'Arc de Triomphe qui trône devant le quartier des affaires de Volkingrad, toutes ces architectures merveilleuses. Cependant, l'on dit que le progrès est inarrêtable, ces infrastructures seront-elles condamnées à être écrasées par le progrès ?

Ernaï fit part de son opinion sincère et profond à la Reine Teylaise, l'invitant par ailleurs à réfléchir sur les dangers des progrès et avancées technologiques. Karty se voudrait un pays traditionnaliste à y réfléchir, conserver ses valeurs est un principe même de l'état. Bien qu'un certain progressisme soit présent, de part l'égalité des sexes respectée depuis déjà des dizaines voir centaines d'années, les principes de ce type restent ancrés.


A la sortie des diplomates de l'Empire des véhicules Teylais, une sorte de ressentiment inexplicable fit son apparition. Comme une sorte de mélodie slave, se jouant à chaque pas des Kartiens. La présence du Tsar amplifiait ce facteur, son aura mêlant le charisme d'un dirigeant à la prestance indéniable de son autorité. Voyant que la Reine le fixait d'un sourire amusé et même enfantin, Stanislas se demanda ce qui était préparé. Encore aux côtés de la Tsarine, il admirait tout de même l'architecture de la résidence Faure, d'un certain charme se disait-il.

Le regard de sa majesté Tsarienne se tourna vers les quelques militaires Teylais, parfaitement alignés, impeccablement dressés, tels les maillons d'une chaîne d'acier. Soudain, les soldats pointèrent leur fusil vers le ciel, comme s'ils visaient des oiseaux planant innocemment dans les airs. D'un son strident et rapide, des balles fuselèrent de leur canon, crachant l'inlassable feu de la guerre. Chaque Kartien eut donc sa propre réaction, en débutant par le seul militaire, Alexander Jükov. Ce dernier resta impassible, ce n'était pas quelques coups de fusils médiocres qui allaient le faire sursauter. Nonobstant, ce n'était pas le cas de la Tsarine qui fit un léger bond en arrière, prenant par la même occasion le bras de son mari. Amusé par sa réaction, Stanislas la rassura de son air enjoué de la situation. Quant au Chancelier, lui était à l'image du Ministre des Affaires Etrangères Teylaises: interrogé par les événements. De même pour le Grand Ambassadeur Ilya Eksö qui ne savait que trop quoi en penser, attendant peut être les explications de la reine qui ne se firent en réalité guère attendre. Par réflexe et naturellement, le Tsar Stanislas I entama donc un bref discours improvisé.


Dirigeant du Saint Empire de Karty, Tsar Stanislas I

Tsar Stanislas I: Mesdames, messieurs, diplomates et hauts-placés, nous voilà réunis ici sur le sol du Royaume de Teyla. Un état qui, par une volonté assidue, n'a jamais cessé d'affirmer son soutien inconditionnel envers nôtre patrie. Nombres états nous auraient tourné le dos, tandis que vous nous avez tendu la main. Je ne peux que vous remercier, vôtre majesté Catherine III, souveraine du Royaume de Teyla, face à cette charmante attention. Croyez-moi sincèrement, le Saint Empire de Karty n'oubliera jamais ce geste désormais ancré dans nos esprits pour toujours, et à jamais. J'en profite par ailleurs pour vous révéler, en avance certes, je ne peux tout de même rester de marbre face à un tel présent, un retour du Saint Empire. Voici donc ce tableau qui je l'espère sera à vôtre goût.
Vous avez entre les mains un des deux seuls exemplaires d'un tableau de Hans Osprey, un des plus grands peintres de toute l'histoire Kartienne, la représentation du HMS Victory. Egalement surnommé le Geißel, c'est le plus grand navire de la thalassocratie Kartienne du XVIIIème siècle, mesurant plus d'une centaine de mètres et possédant plus de 120 canons à son bord. Le premier exemplaire se trouve au Kremlin, voici le deuxième annonça fièrement le Tsar, du même sourire que celui de Catherine III.

Tableau de Hans Osprey, le HMS Victory

Le cadeau fut donc apporté aux yeux des Teylais, en signe de retour du présent offert. Le Royaume de Teyla était la première nation à recevoir une œuvre d'art en cadeau diplomatique, d'une valeur inestimable qui plus est. Nombres collectionneurs vendraient père et mère pour posséder ce tableau s'élevant à des prix astronomiques. Le Tsar vit que la Reine Teylaise s'approchait de lui, sollicitant une visite des lieux hors des obligations diplomatiques.

Tsar Stanislas I: Ma foi je ne peux refuser une demande si gentiment formulée, ma personne ainsi que la Tsarine se joindront donc à sa majesté Teylaise. Je place une totale confiance en ses Excellences Ernaï et Jükov, ils pourront bien se passer de ma présence pour cette entrevue. dit-il d'un sourire rarement vu chez le Tsar, qui invita sa femme à se joindre à lui, demandant par ailleurs son approbation.
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