11/05/2017
16:05:15
Index du forum Scène Internationale Diplomatie internationale

Karty-Sylva [à archiver]

1309
23/10/2015, Aéroport de Volkingrad,
"Encore une rencontre diplomatique" se dit le Chancelier, cela devait être la dixième du mois. Passant de Velsna, Teyla, Achos, l'Alguarena et bien d'autres, Yaromir en avait vu de toutes les couleurs. Il connaissait presque les protocoles par cœur, alors que sa nomination de Kantsler remonte il y a à peine quelques mois. La même musique se répétant "J'aperçois l'aéronef Sylvoi, je me prépare à les accueillir". Le Chancelier avait répété cela plus d'une dizaine de fois à tel point qu'il en était lassé, ce qu'il ne devait en aucun cas montrer. Ces quelques pensées négatives passées, Ernaï arbora un large sourire et annonça aux nouveax-venus:


Chancelier Yaromir Ernaï

Chancelier Yaromir Ernaï: Mesdames, Messieurs (s'il n'y a pas de mesdames/messieurs, faites comme si cela n'était pas dit), soyez les bienvenus en sol impérial, je vous souhaite bien le bonjour. Mais je vous en prie, veuillez me suivre.

Le Chancelier invita, comme à l'accoutumé, la délégation à entrer dans la classique berline diplomatique. Cette dernière démarra succinctement, faisant défiler les monuments Kartiens. La Place Etoile, l'Arc de Triomphe, des statues, tout y passait. Lorsqu'enfin arrivé, le Chancelier le fit remarquer en soulignant "Voici le Palais Impérial Kartien, le Kremlin".

Palais Impérial du Saint Empire de Karty, le Kremlin

Yaromir traversa les longs couloirs du Kremlin, saluant ça et là un fonctionnaire ou homme d'état qui passait. Il s'arrêta devant une large porte puis l'ouvrit.
2663
Fin octobre, l'Eurysie. Si l'hiver n'était pas encore là, le froid s'installait déjà et les arbres dénudés de leurs feuilles donnaient un spectacle déprimant pour tous les sylvois. Novembre, la saison de la dépression dans le vieux monde selon l'imaginaire collectif du pays paltoterran. Les expatriés qui revenaient au pays racontaient comment cette période après les étés ensoleillés et les hivers enneigés ne pouvait être supportée qu'à grand coup de rhum. Pas de couleur dans les rues, ni dans le ciel, un froid persistant, c'était bien trop déprimant pour des sylvois. Mais bien décidé à braver ces périples mentalement délétères, la délégation d'outre océan s'était préparée en conséquence, vêtements chauds, et surtout, chaleureux. À peine posé et garé, Yaromir vit émerger du jet diplomatique un groupe de femme aux habits multicolores.
Délégation
Quelques-unes des représentantes sylvoises

C'était une armée d'expertes chacune dans leurs domaines, accompagnées de la Ministre des Affaires étrangères, Matilde Boisderose. Toutes saluèrent avec courtoisie l'hôte qui les accueillait jusqu'à la voiture. Politesses traditionnelles furent de mise durant le trajet, introduisant les points à aborder durant la rencontre et présentant chacune des représentantes compétentes.

Une fois arrivées, les invitées passèrent avec révérence la grande porte qui menait au Tsar Stanislas. Matilde ne pu s'empêcher de penser à l'Empereur Raskenois éponyme. « Ces dirigeants germains ont-ils tous le même nom ? » Pensa-t-elle pour elle, bien qu'elle n'affichât pas la moindre variation dans son expression. Elle avait fait suffisamment de rencontre diplomatique pour se maîtriser même avec des successions de pensées intrusives. Chaque experte laissa la parole à la Ministre, attendant que soit abordé leur sujet de prédilection avant de s'exprimer :

« Excellence, c'est un plaisir d'être reçues ici et nous nous faisons une joie de mettre à profit ce trajet pour élaborer des échanges plus étroits. Échanges d'ordre économiques, raison principale de cette rencontre, mais aussi humains, culturels, médiatiques, artistiques, académiques et mêmes politiques. Nous avons beaucoup à discuter et je suppose que vous commencerez par la raison principale ayant motivé cette invitation, à savoir l'intensification des échanges commerciaux ? »

Elle laissa son interlocuteur répondre, tandis que son homologue spécialisée sur la chose économique se préparait déjà, ouvrant une serviette dans ce qui ressemblait à du cuir (mais étant en réalité un matériau à base de bananier) des documents récapitulatifs sur le sujet. Elle suspendit également une tablette avec une lanière à son épaule, dans l'éventualité où les informations nécessaires allaient au-delà des résumés à sa disposition. Cela donnait d'ailleurs un contraste fort amusant entre l'aspect très traditionnel de son accoutrement, et le côté « branché » et moderne de son attirail. Elles étaient définitivement toutes venues bien préparées et pour aborder des sujets en profondeur.
1038
23/10/2015, Aéroport de Volkingrad,
Le Chancelier ferma la porte et invita cette dernière à prendre place. Cela fait, il écouta les dires de Matilde Boisderose, les analysa brièvement et intérieurement. Il se dit que son interlocutrice avait bien préparé la rencontre, il finit donc par répondre.


Chancelier Yaromir Ernaï

Chancelier Yaromir Ernaï: Plaisir partagé chères représentantes Sylvoises. Dans l'espérance que votre voyage s'est passé convenablement et agréablement. En effet, les sujets économiques sont la principale raison de nos présences respectives en ces lieux chargés d'histoires. L'intensification des échanges commerciaux est un but pour le Saint Empire de Karty depuis notre grande "diplomatisation" sur le monde. Nous exportons principalement des ressources minières comme le cuivre, le plomb ou le zinc. Egalement, pour ce qui est de l'agriculture, nous exportons blé, orge et huile de tournesol. Là réside notre secteur primaire, l'industrie lourde via l'automobile et la production navale et aérienne est également un secteur clef. Je pourrais également faire l'éloge de la Kartian Weapon Company, nôtre entreprise d'armement. Je vous fournis ici un document résumant mes dires.
7499
Ce furent les expertes de la Bourse Minière Sylvoise et du Secteur Agroalimentaire qui prirent la parole à tour de rôle, avec d'abord la première :

-La question du commerce des métaux, surtout lorsqu'ils sont communs comme le plomb, zinc et cuivre, se fait généralement par l'intermédiaire de la BMS. Il s'agit de l'organisme faisant l'intermédiaire entre les fournisseurs étrangers et consommateurs intérieurs du Duché de Sylva, de manière à centraliser les flux pour les rationaliser et permettre des accords plus importants et favorables. Ces trois métaux sont déjà approvisionnés en quantité par l'Everia et Drovolski, ce dernier étant un partenaire privilégié. Il est également noté que Karty exporte notablement ces ressources-ci ce qui impactera leur disponibilité. La meilleure entente que nous pouvons trouver est de vous inclure dans le marché de la BMS avec les taux standards et, en fonction de vos prix, vous trouverez des fournisseurs. Considérant la situation, il est fort probable que vos apports assurent les pointes de consommation, le gros des besoins étant couverts déjà par le Drovolski et derrière Everia.

Vint ensuite l'intervention de la représentante du secteur agronomique :

-Quant aux ressources que vous évoquez, elles pourront être commencées en Sylva sans formalités particulières et avec des taxes douanières standards. L'orge et le blé n'étant pas massivement produits ici, ils ne seront pas consommés comme des importations provoquant une concurrence défavorable. Le tournesol, par contre, l'est et de manière un peu plus importante. Pour ne pas perturber le marché intérieur sylvois, il verra sa taxe associée adaptée. Et quant au tabac apparemment produit chez vous, c'est simple, il sera taxé conséquemment selon les politiques protectionnistes du Duché si vous essayez de nous l'exporter, puisque représentant une filière importante ici.

Une fois l'intervention de cette dernière achevée, c'est la représentante du Secteur Aéronautique Sylvois qui intervint. Le Duché accordait une très importante attention à ce domaine-là, en faisant un sujet d'innovation nationale jalousement gardé. Ce n'était pas la présidente du secteur, Chloé Boisderose, qui était venu, mais une représentante :

-Concernant les exportations de matériel aéronautique, je vais être sincère : nous n'accordons que trop peu de crédit aux produits aéronautiques kartiens pour appliquer une politique particulière. Que ce soit en termes de fuselage, propulsion, commandes de vol, avionique ou instruments de vols et même radar, dans le civil comme le militaire, le Duché comble déjà le gros de ses besoins et avec des éléments bien plus qualitatifs que ce que propose votre industrie. Considérez que vos industriels seront libres de commercer en Sylva sans restriction particulière, mais que vous ne trouverez pas un marché particulièrement grand.

-Concernant la vente de produits automobiles, poursuivit la représentante attitrée, c'est un domaine bien moins jalousement gardé par l'industrie du Duché. Les sylvois ne consomment par particulièrement de voitures et le gouvernement n'y accorde même pas une importance stratégique et souveraine, contrairement aux transports au commun. Vous pourrez proposer vos produits sur le marché à des taux de douanes normaux. Pouvez-vous élaborer quels types de véhicules vous proposez ? Nous avons compris que vous étiez surtout sur des modèles d'une certaine taille. Là encore, ce n'est pas ce qui rencontre le plus gros succès en Sylva. Les routes étroites et sinueuses sont nombreuses dans les forêts et même en ville, largement dominées par les transports en commun ou les deux-roues. La tendance est plutôt aux petits véhicules légers, rustiques, peu gourmands en carburant et adaptés à des environnements tropicaux (pluie, humidité, boue, reliefs prononcés). D'ailleurs, j'ose espérer que vous proposerez des produits tropicalisés ? C'est là la seule norme particulière pour la sécurité des consommateurs : une transparence totale est exigée sur la conformité de vos produits aux exigences locales, avec amendes voir interdiction de vente si publicité mensongère dans le domaine. Que ce soit la résistance à l'oxydation des métaux face à l'humidité ou au sulfure d'hydrogène produit le long des côtes par les sargasses de manière périodique, ou de la peinture à la pluie et, encore fois, l'humidité. Il en est de même pour l'électronique, s'il y en a une particulièrement intégrée dans vos véhicules.

C'est enfin la MAE qui apporta la conclusion :

-Sur la question de l'armement, qui est hautement politique et stratégique, nos besoins sont déjà contentés par des collaborations avec l'OND, le Miridian, Grand Kah et l'Alguarena. Nous lancer dans une coopération sur le domaine représenterait un acte politique fort témoignant de liens étroits que n'ont pas encore nos pays. Il n'est pas approprié d'en discuter de manière aussi précoce avant qu'une certaine proximité et confiance mutuelle ne s'établisse.
Pour ce qui est du naval, la réponse est similaire à ce qui a été dit pour l'aviation. Le domaine est stratégique et, sans profiter de la même politique protectionniste que l'aviation, reste soumis aux politiques planificatrices. Il n'est pas exclu que les industriels kartiens se présentent sur ce marché, mais ils devront être conscients qu'il est déjà largement occupé par des groupes sylvois ou d'autres partenaires déjà solidement établis.
Nous pouvons maintenant aborder la réciproque de cette discussion, à savoir les points d'échanges de Sylva à Karty que nous souhaiterions établir.

L'experte en agronomie reprit la parole :

-Au niveau du secteur primaire, c'est surtout le terroir sylvois qui primera dans les exportations. Rhum, sucre, fruits tropicaux, tubercules, aliments typiques (comme les acras par exemple). Vous trouverez une liste complète dans cette annexe. Nous avons vérifié et la plupart de ces éléments ne sont pas produits en Karty déjà, à l'exception des produits du tournesol et du tabac. Petite précision également, si cela est contre-intuitif, le secteur de l'agronomie sylvois inclut la sylviculture et d'autres domaines agricoles comme la culture du coton. Nous sommes là encore des producteurs notables.

Tout en passant l'annexe, elle laissa la parole à la spécialiste de l'industrie des matériaux :

-C'est avant tout au niveau de l'industrie secondaire et tertiaire que le Duché prime, incluant le secteur des matériaux, avec toute la R&D induite. Si nous avons compris que Karty est souverain sur ce point, le Duché se permet de proposer certains éléments marginaux pas encore disponibles. Aciers à haute performance, céramiques techniques, composites en tout genre et polymères de haute qualité, nous pouvons fournir une large panoplie de matières premières raffinées pour tous les usages. Nous pouvons même proposer des produits usinés pour des besoins spécifiques et à des prix compétitifs.

-Il y a aussi dans le secteur de l'électronique et de ses dérivés que le Duché brille, ajouta une autre représentante. Le Duché fait partie intégrante d'un réseau de production de micropuces au sein de l'OND et du Drovolski. Ces micropuces s'intègrent dans un écosystème industriel très large et maitrisé au Duché, incluant l'ensemble des dispositifs de communication, réception et transmissions, des instruments de détections et analyses, de l'ensemble de l'appareil informatique et multimédia. Ces éléments s'intègrent également dans tout le secteur de l'outillage industriel, que ce soit pour piloter des machines complexes et notamment les centres d'usinages à commandes numériques (type CNC). Il est à noter que de manière générale, la production d'outils industriels est très développée au Duché, avec les outils de coupe, moulage, fonderie et autres exemples.

La représentante du SAS reprit la parole :

-Même si le Duché de Sylva a insisté sur la place difficile que trouvera l'industrie aéronautique kartienne en Sylva, nous souhaitons tout de même proposer la réciproque. Là encore, nous ne fournirions pas l'ensemble de l'équipement mais pourrions proposer des éléments spécifiques, des composants sur lesquels l'industrie kartienne ne s'illustrerait pas déjà.

-Et de manière plus générale, reprit enfin Matilde, le Duché ne serait pas fermé à une clause plus globale s'appliquant sur l'ensemble des secteurs et spécifiant une ouverture économique avec des taxes douanières standards du moment que les produits n'entrent pas dans une concurrence menaçante pour le secteur local. L'idée est de favoriser le libre échange sans déstabiliser l'économie et le marché.
Bien, si les questions économiques sont résolues, pouvons-nous passer au sujet suivant, ou préférez-vous insister sur certains points ?
1677
23/10/2015, Aéroport de Volkingrad,
Le Chancelier écouta les dires de chaque Ministre, retenant que Sylva était compétitif sur beaucoup de choses que c'en était presque trop beau. Il retint tout de même des les produits agricoles Kartiens hormis le tabac trouveraient leur place, au même titre que l'automobile sous certaines conditions, de même pour les minerais qui trouveraient une certaine compétition contre l'Everia et le Drovolski. Côté Sylva, seuls les composites et les polymères pourraient être utiles. Le kevlar est un élément très recherché par les industries militaires Kartiennes au vu de sa résistance (composite), le nylon pourrait également s'avérer utile (polymère). Il y avait également la réduction des douanes qui étaient mise sur table, mais aussi une contre-proposition pour le secteur aéronautique


Chancelier Yaromir Ernaï

Chancelier Yaromir Ernaï: Avant de fermer la parenthèse économique, laissez-moi vous évoquer quels éléments seraient utiles au Saint Empire. Principalement deux ressources pourraient trouver leurs places au sein de nos marchés, pour ce qui est du composite, nos industries sont à la recherche de kevlar, quant aux polymères, c'est au nylon qu'il faut s'intéresser. Je vois que vous faites une sorte de contre-offre sur le secteur aérien dit-il d'un ton presque riant, se voulant amical. J'ai bien peur que les industries Sylvoises ne puissent s'implanter en Karty malheureusement. J'en viens aux réductions des douanes, nous acceptons évidemment, il faudra tout de même veiller à ne pas déstabiliser le marché.
Allons donc au deuxième point voulez-vous ? Lors de votre prise de parole, vos Excellences ont évoqué le nom de l'Organisation des Nations Démocratiques n'est-ce-pas ? J'émets l'hypothèse que je ne vous apprends rien en évoquant que Karty souhaiterait à terme s'approcher de cette organisation. Nous avons par ailleurs entamer le processus via le Royaume de Teyla dont nous sommes proches alliés.
706
Matilde haussa un sourcil tandis que ses homologues se mirent poliment en retrait, le sujet étant purement politique et diplomatique.

-Ces informations nous sont en effet parvenues et nous y avons apporté une attention distraite. Le Royaume de Teyla tisse un réseau d'alliance fort pertinent pour l'ensemble de l'OND. Concernant Karty, nous n'avons pas d'opinion particulièrement tranchée si ce n'est la fierté de la réussite diplomatique teylaise. Je suppose que vous souhaitez progressivement étendre cette proximité à l'ensemble des membres de l'OND de manière à consolider ce rapprochement et d'éventuels partenariats avec notre alliance.
Jusqu'à où entendez-vous vous rapprocher ? Nous savons que vous avez déjà des partenariats militaires poussés avec Teyla, comptez-vous poursuivre dans cette direction ?
1120
23/10/2015, Aéroport de Volkingrad,
Le Chancelier vit que son interlocutrice se concentra un temps soit plus si l'on comparait avec les anciens échanges. Peut-être que la mention d'Organisation des Nations Démocratiques s'avère être un pic d'énergie soudain se dit Yaromir. A son tour, il écouta les dires de Mathilde Boisderose et annonça quelques secondes plus tard ces quelques mots.


Chancelier Yaromir Ernaï

Chancelier Yaromir Ernaï: Le Royaume de Teyla et le Saint Empire de Karty ont étonnamment trouvé un terrain d'entente, assez conséquent si j'ose dire. La présence du Royaume Eurysien à nôtre ancienne fête nationale du 11 avril témoigne d'une volonté forte d'alliance. Je pourrais ajouter à cela les deux cérémonies en l'hommage du défunt ministre Kartien initiative Teylaise.
Je dois avouer que vôtre raisonnement est le nôtre, nous comptons nous rapprocher de chaque membre de l'organisation. Se faisant, nous avons déjà contacté Tanska pour illustrer mes dires. Concernant nos futurs rapprochements, nous avons du mal à croire que des alliances plus poussées qu'avec Teyla pourraient voir le jour. Nonobstant, je peux vous communiquer nôtre volonté de nous rapprocher de l'OND et de ses membres. Il est trop tôt pour affirmer une volonté claire de l'intégrer, s'en rapprocher est une certitude.
1703
Ce que le Chancelier évoquait n'était pas anodin et pouvait traduire une volonté de partenariat d'ampleur comme d'une simple ouverture diplomatique et économique... Mais il était si peu loquace. Matilde s'attendait à ce qu'il explicite la volonté de cette rencontre plus en détail, les objectifs, mais... rien. Bien décidée à tirer les vers du nez de son homologue, elle répondit :

-Excusez-moi, excellence, je me permets d'interrompre un moment la discussion. » Puis elle se tourna vers l'une des autres sylvoises. « S'il vous plait, pouvez-vous me passer le cadeau diplomatique ?. »

Affichant un grand sourire, l'experte du domaine agricole tira de sa serviette une bouteille remplie d'une liqueur blanche. Débouchant la bouteille tout en affichant une expression d'une extrême fierté, comme si elle présentait un trésor national issu d'un savoir-faire séculaire d'un raffinement extrême.

-Monsieur le Chancelier, un petit punch-coco ?

Et sans vraiment attendre de réponse, elle servit des verres à tout le monde. Elle n'avait pas parcouru plusieurs milliers de kilomètres pour aligner trois mots, il fallait du concret. Et alors que tout le monde trinquait, imposant ce petit écart à Ernaï (il serait très impoli et même vu comme une insulte diplomatique de refuser de participer auprès des invitées), Matilde reprit après deux gorgées de punch-coco.

-Des rapprochements, vous dites ? Au-delà de l'ordre économique ? Il y a plusieurs pas entre une intégration pure et simple et un rapprochement plus limité, dont certains impliquant malgré tout un degré de proximité plus élevé. Nous souhaiterions savoir jusqu'à où ambitionne d'aller le Saint-Empire de Karty. Par exemple, souhaitez-vous devenir un État partenaire de l'OND avec des liens favorisés ? Voir un pacte de défense mutuelle ? Ou est-ce pour intégrer l'OND dans une dynamique géopolitique à l'échelle régionale, en tenant compte des différents rapports de force qui se font ? Je vous prie, n'hésitez pas à élaborer.
1717
23/10/2015, Aéroport de Volkingrad,
Voyant la proposition de goûter à l'alcool Sylvois, le Chancelier s'apprêta à accepter mais il fut prit de cours par son interlocutrice sui servait les verres sans attendre la réponse. "Cela frôle l'impolitesse, poser une question sans en attendre la réponse, autant ne pas la poser" se dit-il. Il ne laisse cependant rien transparaître, il ajouta intérieurement que cette situation lui rappelait celle avec les deus consuls Achosiens. Grâce à ces événements, Yaromir avait obtenu une résistance aux alcools assez hors du commun. Il attrapa donc le verre d'une seule main et y trempa ses lèvres, buvant la liqueur offerte. Bien que non fanatique de la coco, Yaromir trouva un certain charme à ce breuvage. Il se reconcentra plus amplement, se préparant à dévoiler les intentions Kartiennes quant à l'OND.


Chancelier Yaromir Ernaï

Chancelier Yaromir Ernaï: Je ne peux vous certifier que dans l'avenir Karty souhaitera faire partie intégrante de cette organisation. Nous souhaitons tout d'abord nous rapprocher de chacun de ses membres, ce qui est déjà fait avec Teyla, Tanska et désormais vous. A cette heure, l'Organisation des Nations Démocratiques ne compte pas le rôle de membre partiel ou observateur, appelez cela comme vous le souhaitez. Si cette fonction venait à voir le jour, nous en serons fortement intéressé. Cela permettrait de conserveur cette indépendance qui nous tient à cœur, tout en faisant partie d'un organe international. Ainsi je vous pose la question, quel serait le point de vue de Sylva sur tout ça ? Seriez-vous prêt à accueillir Karty dans vos rangs ? Dans le cas contraire, pourquoi donc ? Expliquez moi le fond de vôtre pensée je vous prie. Le Saint Empire a effectué nombres réformes démocratiques, tout d'abord pour nôtre peuple, mais aussi dans ce but. Pour ce qui est des liens spécifiques, nous ne serions pas opposés à un partenariat défensif, bien que l'armée impériale nous confère une défense des plus efficaces, là est la politique de militarisation.
1984
Sirotant son verre, Matilde prit le temps de bien formuler mentalement ses propos avant de les exprimer oralement :

-Ce n'est pas une réponse qui s'improvise. Si l'OND établissait une forme de procédure pour intégrer des États observateurs, le Duché aurait une relative tolérance aux candidats, mais ce n'est somme toute pas la vocation de notre organisation. Par « nation partenaire », j'envisageais une forme de proximité officialisée et formalisée, que ce soit sur les plans politiques, économiques ou militaires, avec l'OND sans pleinement l'intégrer. En soi, rien qui ne corresponde au rôle d'observateur dans une alliance.
Concernant un partenariat défensif, c'est là encore une question sensible, dans la continuité de celles sur les démocraties. Sylva est loin d'être parfaite, mais les retours que nous avons eus sur les vastes mouvements de populations exilées de Karty pour leur affiliation à une idéologie communiste nous sidère quelque peu. Je veux bien croire qu'une part de ces dizaines de milliers aient bien été des criminels, des terroristes, mais l'intégralité ? C'est assez rédhibitoire pour Sylva. Or, un pacte défensif, c'est un engagement politique fort, celui de nous opposer à ceux qui vous menacent, d'être prêt à prendre les armes contre eux, et ce, pour défendre un modèle, le vôtre. Et nous associer à la défense d'un État qui exile impitoyablement quasiment une demi centaine de milliers de ses citoyens est... délicat. Je veux bien croire la bonne volonté que vous me témoignez du Saint Empire à se démocratiser, mais les institutions démocratiques doivent s'accompagner d'une culture de la démocratie. Entre l'implication et bonne connaissance du peuple, la pluralité et collégialité, une diversité des médias pour permettre la bonne information politique des citoyens. Si vos institutions comptent l'ensemble des éléments théoriques permettant de les qualifier de démocratique, l'amalgame de partisans communistes à la frange la plus radicale pour justifier leur criminalisation et exclusion contredit dans la pratique vos avancées. Certes, les réformes démocratiques sont antérieures à cet incident, mais en l'état, nous devons faire preuve d'une réserve.
Je suppose que vous souhaiteriez clarifier cette affaire pour que nous en intégrions tous les tenants et aboutissants ?
2919
23/10/2015, Aéroport de Volkingrad,
Le Chancelier écouta attentivement Mathilde Boisderose et en conclut deux hypothèses. Soit cette dernière ne se mouillait pas pour éviter de s'engager sur le sujet, une stratégie bien pathétique en somme. Soit cette dernière disait vrai et elle ne pouvait pour l'instant se positionner. Yaromir pensa que c'était un peu des deux, "après tout peu importe" se dit-il avant d'annoncer.


Chancelier Yaromir Ernaï

Chancelier Yaromir Ernaï: Je comprends que cela reste flou et que vous ne puissiez vous positionner très précisément, je ne faisais qu'aborder le sujet pour vous le mettre en tête. Ce n'est pas aujourd'hui ni dans un futur très proche que cette action se concrétisera, je vous parle en mois certainement. Nonobstant vous me faites part de vôtre inquiétude ce que j'apprécie, même si la remarque peut sembler déplaisante. Je préfère que vous soyez honnête plutôt que cacher ses intentions derrière de belles paroles qui ne seront suivies d'aucun fait concret. Je vais en effet clarifier cette affaire, concernant les environ 50000 Kartiens communistes qui ont quitté le territoire. Je vais tout d'abord vous énoncer les crimes du PCK, quand vous en saurez la liste non exhaustives, nous avons été assez tolérant si vous voulez mon avis. 1854, sortie du manifeste du Parti Communiste Kartien par Mark Picrouges, tout tient de là. Grâce à ce prodigieux ouvrage et à son auteur, une guerre civile a rongé Karty de 1855 à 1873, ravageant la patrie qui m'est chère. Cela a eu pour effet d'affaiblir l'entièreté du régime royal Kartien, ce qui s'est soldé par le coup d'état du 11 avril 1909, qui a mis fin à cette société de privilèges et de succession des rois, marquant le début du premier Empire, un régime plus équitable. Ces événements vous sont trop au goût du passé ? Laissez-moi vous en compter des récents, bien plus récents. Tout d'abord nous avons l'assassinat du défunt Kaiser Von Blonski, qui a fait chuté le régime encore une fois, le Parti Impérial déchu de son pouvoir. Ces événements ont bien faillis faire de Karty un état sous guérilla soyez-en certain. Ajoutons la tentative d'attentat raté à l'encontre d'un député opposé aux communistes ainsi qu'un autre acte terroriste ayant ôté la vie de plus de 1000 de nos compatriotes. Ne pensez-vous pas que tous ces événements sont de trop et tous perpétrés par un seul et même parti ? Nous avons donc fait arrêter le Président et Vice Président du PCK, aujourd'hui prisonniers de la High Security Kartian Jail dont ils ne sortiront jamais. Pour ce qui est des 49998 autres, ils sont partis de leur plein gré j'en ai bien peur. Cette décision n'a pas été prise de nôtre gouvernement ou l'ancien, non et bien au contraire. Le Conseil Constitutionnel et ses 9 magistrats élus du peuple et indépendants du Tsar ont rendu l'idéologie communiste anticonstitutionnel, conformément à la constitution impériale. Par ailleurs et je cite l'article 54 de nôtre constitution "est jugé inapte à la représentation tous Parti incluant [...] une doctrine renvoyant à l'ouvrage "Manifeste du Parti Communiste Kartien" du dénommé Mark Picrouges et plus généralement le souhait d'une collectivisation, abolition des classes, abolition de la propriété privée ou encore tendance dictatoriale." Suite à cela, les hautes figures communistes sont parties en Loduarie de leur plein gré, des traîtres à leur patrie qui plus est.
2433
Matilde eut d'abord un léger rictus avant que sa mâchoire ne s'affaisse sensiblement. La représentante du secteur agroalimentaire, d'affiliation collectiviste, afficha une ostensible expression de désapprobation face à cet énoncé. Et si les autres représentantes ne partageaient pas l'approbation pour les mouvements de gauche comme leur homologue, le discours du chancelier inspirait toutefois un certain malaise. Matilde, éduquée par sa mère selon une vision paternaliste de l'aristocratie avec une recherche de « bonté d'âme » et de protection des plus démunis, héritage direct d'une vision fantasmée de la chevalerie, ne pouvait pas adhérer à un tel traitement des citoyens même quand ceux-ci ne faisaient pas partie des partisans du modèle monarchique. On arrivait à un stade où une aristocrate, produit direct d'une idéologie par essence conservatrice et réactionnaire, en venait à réfléchir à une explication progressiste et tolérante pour son interlocuteur.

-Vos propos sont décisifs, chanceliers. » Elle termina son punch-coco. « Mais aussi claire que soit votre description des faits, et aussi factuelle fut-elle, elle témoigne d'une divergence politique très profonde entre nos nations et un argument supplémentaire à la distinction entre institutions démocratiques et culture de la démocratie.
Entendons-nous bien, est naturel la condamnation et le démantèlement d'un parti pour des crimes selon le contexte, si le parti est en effet par essence dédié à des actes anticonstitutionnels voir terroristes. Mais est difficilement justifiable d'amalgamer à cette interdiction l'intégralité des courants idéologiques ayant la moindre proximité avec ce parti terroriste quand bien même il n'y a au final pas de liens direct avec les actions terroristes.
Je n'ai pas vocation à faire changer la vision kartienne sur le sujet, et ce n'est pas le propos de cette rencontre, mais je me dois de clairement vous dire que le Duché de Sylva n'approuve pas cette politique et ne la tolérera pas au sein de l'OND. Sincèrement, entendez-vous vos propos ? Interdire la promotion de la collectivisation parce que des terroristes l'ont revendiqué ? On ne parle pas d'empêcher des partisans communistes de violer votre constitution en imposant une collectivisation forcée contre l'avis populaire, mais bien de la simple promotion d'une idée qui ne va aucunement à l'encontre des principes humains.
Et permettez-moi d'exprimer ma très grande surprise à votre dernière remarque. Vous considérez comme de la trahison un exil implicitement contraint par l'interdiction de leur idéologie après un rapprochement douteux avec des actions terroristes ?
Je doute qu'il y ait grand-chose à ajouter à cette discussion qui, comme dit, n'a pas pour sujet l'idéologie communiste. Sachez seulement que nous condamnons cette politique.
1981
23/10/2015, Aéroport de Volkingrad,
Ernaï entendit les dires de Mathilde Boisderose, tout en voyant les désapprobations de ses interlocutrices. Il savait pertinemment que son explication ne serait pas validée, il ne faisait qu'énoncer la vérité. Le communisme a massacré Karty, rendu veuves et orphelins, déchiré tant de vies. La menace rouge a bien héritée son nom, réflexion faite du Chancelier, il annonça enfin.


Chancelier Yaromir Ernaï

Chancelier Yaromir Ernaï: Nos deux états sont bien différents vôtre Excellence Boisderose, dans les faits et je vous le rappelle, nous ne sommes point sur le même continent. Il est bien normal par conséquent que nos raisonnements divergent, ce que je comprends. Laissez-moi simplement vous dire une chose, il n'y a pas eu une seule fois où le communisme a été bénéfique à Karty, jamais. Il n'est qu'anarchisme et débauche pour nous, il est tout simplement incompatible. Dans les faits, à chaque fois que le régime en place a laissé cette idéologie proliférer et donner sa voix, cela s'est soldé sur des massacres et une guerre civile s'étendant sur une dizaine d'années. Vous dites que tous les Partis s'assimilant à des valeurs similaires au PCK sont interdits, hélas ce n'est pas le cas. Nous avons par exemple, dans le cadre du Conseil des Elus nôtre institution, le Front Populaire Kartien. Que je respecte au demeurant bien que j'y sois opposé. Ce Parti prône de taxer plus amplement les riches, de réduire les inégalités, un progressisme, une idéologie de gauche en somme. Pourtant, le FPK assiste, vote et s'exprime au Conseil des Elus, au même titre que l'Union Nationale. Nos états sont différents, c'est le principe de la diversité, ne pas approuver ce fait s'avère à bafouer la démocratie. J'ai conscience que Sylva ne tolère pas ces agissements, c'est la volonté de nôtre peuple hélas. C'est les Kartiens eux-mêmes qui ont chaleureusement nommé le communisme menace rouge. Le dernier contact avec cette idéologie s'avère être un conflit qui a ôté la vie à 15 de nos militaires, l'Escarmouche en Mer Espérance par la Loduarie. Karty a son raisonnement, Sylva le siens. Bien que nous ne soyons pas favorables sur l'ensemble de nos politiques, des accords ont été conclus. Ne nous focalisons pas sur ce simple fait, Karty et Sylva sont en entente cordiale, j'espère sincèrement que cela ne changera pas.
1985
Le sujet étant clos, la délégation sylvoise acquiesça en vague signe d'approbation. Il y avait encore beaucoup à discuter (chose peu surprenante, autrement, n'auraient pas été parcourus ces milliers de kilomètres). Matilde tira un carnet de sa serviette pour en consulter les notes :

-Je ne peux qu'approuver la qualité et courtoisie de cet échange qui, même avec des positions fondamentalement opposées, reste constructif. Il reste quelques sujets à aborder, dans la continuité de vos volontés de rapprochements. Le Duché de Sylva accorde une très grande importance à la proximité diplomatique, qui passe par la proximité des peuples, ce pourquoi nous vous proposons trois axes de collaboration.
Le premier est celui de l'ouverture de la circulation et communications. Bien que nos citoyens respectifs ne parlent pas les mêmes langues, l'ouverture mutuelle des forums et réseaux sociaux seront un vecteur d'échange. De même, la mise en place de visas touristiques, académiques ou professionnels contribueront à une découverte par nos concitoyens de nos pays. Et enfin, une liberté de circulation des œuvres artistiques et médiatiques, qu’elles soient cinématographiques, littéraires ou picturales.
Nous devrons pour cela nous entendre sur les modalités de tels échanges, à savoir les protocoles que nous convenons d'appliquer, mais aussi sur les limites et règles à respecter.
Le Duché de Sylva n'a pas de conditions particulières, qui sortent des standards internationaux, sur la distribution des visas ou des œuvres d'arts. Devront essentiellement être respectées nos lois. Sur la question des visas, les principales exceptions amenant au refus de leur distribution se résumeront aux individus estimés comme trop aptes à ne pas respecter nos lois : individus violents, ne respectant pas les mesures environnementales en vigueur en Sylva ou promouvant des idéologies appelant à la haine et à la persécution, pour simplifier. Nous vous ferons parvenir une annexe sur les détails exhaustifs de ces limites.
Du côté des œuvres artistiques, nous sommes assez libéraux à ce niveau. Les seules limites sont qu'elles ne fassent évidemment pas d'appels à la haine. La désinformation avérée et répétée est également interdite, d'autant plus s'il est évident qu'elle se fait à une fin de propagande ou de publicité.
1273
23/10/2015, Aéroport de Volkingrad,
Yaromir Ernaï vit que la tension baissa, bien heureusement. Ce débat sur le communisme en Karty aurait pu mal tourner sans aucun doute. Le Chancelier écouta donc les propositions Sylvoises, les analysa puis déclara finalement.


Chancelier Yaromir Ernaï

Chancelier Yaromir Ernaï: La nature courtoise de nos échanges réside sur un principe assez simple qu'est le respect, il serait attristant de voir que cette rencontre tourne sous un mauvais seuil car nos opinions se sont pas exactement les mêmes.
Vos propositions sont assez précises, ce que j'apprécie sincèrement. Quant à l'ouverture des circulations et communications, il est évident que c'est accepté sans aucun problème. La barrière de la langue finira bien par tomber, la langue Sylvoise étant le français, c'est une langue étudiée dans nos académies. Il va de soi que des œuvres ou réalisations à but de propagande sont à proscrire, cela va dans les deux sens évidemment précisa Yaromir, Mathilde semblait insinuer que seul Karty pourrait faire usage de propagande. Les visas seront facteurs d'un encouragement au rapprochement du moins.
J'en profite pour apporter les propositions Kartiennes si vous n'y êtes pas opposées. Nous souhaiterions organiser des échanges universitaires qui pourraient se faciliter par une liaison de nos aéroports, ce qui n'a pas été précisé il me semble. Nous pourrions faire de même avec nos ports, baisser les tarifs d'amarrage pour encourager le commerce par exemple.
Haut de page