01/11/2016
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Sourate 49, verset 10. [Banairah - Azur]

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Réception de la délégation de la République de Banairah à la Porte Splendide, siège du Diwan, Agatharchidès


Bab al-Mashriq - la Porte Splendide

24 novembre 2015. Ou plutôt le 11 Safar 1437, conformément au calendrier hégirien. Le soleil baignait les marches du monument de Bâb al-Mashriq, la "Porte Splendide", reflétant le marbre et le grès rouge. Les bruits du centre-ville faisaient un fond sonore ténu ; le passage du vent, agitant quelques palmes dans le jardin intérieur du Fort Rouge, répandait le silence et le calme.

Le siège du Diwan, abrité dans cette aile orientale connexe à la porte monumentale du XVIIème siècle, se trouvait dans le prolongement du complexe politico-historique. Le Fort, qui hébergeait aussi le Palais du Sérail, régulièrement restauré et paré de nouvelles créations architecturales par les sultans successifs, était le siège du pouvoir. Des siècles avaient passé, émaillés de guerres, de révolutions, de désordres, sans que la force minérale du palais soit ébranlée. C'était toujours là, dans ce palais dit de la Porte Splendide, que siégeait le Diwan, présidé par le Grand Vizir.

On y recevait, en ce mois de Safar 1437, l'auguste délégation de la puissance voisine, la Jumhuriyya de Banairah. La République bédouine, qui était devenu un leader continental sur le commerce, la puissance militaire ou la scène diplomatique, était un partenaire incontournable pour le Califat constitutionnel d'Azur. Surtout, c'était le pays musulman le plus puissant du monde, un pilier de toute politique durable aux yeux de Jamal al-Dîn al-Afaghani, le ministre des Affaires étrangères.

Chaussant son turban blanc habituel, vêtu de sa robe de savant de l'islam, Afaghani avait fait organiser une réception digne du rang de ses invités. Des échanges de cadeaux avaient précédé la venue des représentants du Khasser ; on avait profité ensemble des meilleures feuilles de thé noir du Banairah, et d'arbres ornementaux en pots. Les Arabes, qu'ils soient au nord ou au sud de la frontière, avaient le goût des jardins et de la culture des plantes. C'était l'occasion, d'ailleurs, de faire visiter aux Banairais le remarquable Institut de Botanique de l'Azur, où se perpétuait une tradition de recherche horticole et agronomique, et la mise au point de nouvelles technologies d'hydraulique depuis l'ère médiévale. Comme Banairah, l'Azur était caractérisé par un climat subtropical aride, poussant les populations locales à tirer le meilleur parti de leur terroir ; c'est ce qui avait créé, au fur et à mesure des millénaires, une civilisation et des cultures luxuriantes, raffinées, uniques au monde. Les nomades, caravaniers et commerçants passaient à l'époque d'un désert à l'autre, enjambant les montagnes, cheminant le long des oasis et des vallées temporaires. L'islam et la langue arabe s'étaient diffusés ainsi dans les deux pays ; et si bien d'autres peuples, comme les cavaliers turco-mongols ou les cultivateurs perso-iraniens, avaient aussi élu domicile dans cette partie du monde, cela n'avait eu d'autre effet que d'enrichir la diversité culturelle d'un monde uni par des croyances et une histoire profondément enracinés.

La proximité entre Banairah et l'Azur appelait donc à un rapprochement. C'était d'autant plus vital aux yeux de Jamal al-Dîn al-Afaghani que plutôt que de regarder le passé de façon nostalgique, c'était bien pour préparer l'avenir que des partenariats devenaient nécessaires. Les questions commerciales appelaient à un nouvel accord global, harmonisant les flux de gaz, de pétrole, de produits alimentaires et industriels entre les deux pays. Sur le volet diplomatique, l'Azur voulait trouver l'amitié du Khasser et de la République Banairaise, et en particulier jeter les bases sinon d'un nouvel ordre afaréen, du moins d'une refonte et d'une réorientation du Forum de Coopération d'Afarée du Nord. L'Azur voulait réaffirmer la souveraineté des états afaréens face aux mentalités coloniales, encore ancrées dans une série de possessions ultramarines impériales qui émaillaient le pourtout du continent. Enfin, Afaghani voulait protéger les acquis de l'Azur en signant avec Banairah des accords de coopération sur les volets maritimes, scientifiques et technologiques, en proposant par exemple à la grande nation arabe de rejoindre le Traité du Pavillon septentrional, qui visait à créer une coopération Sud-Sud sur les sujets de pointe.

Tous ces points allongeaient un programme de discussions déjà chargé. C'est donc en toute sérénité qu'Afaghani accueillit ses invités dans un bureau richement décoré, au sommet de la Porte, d'où l'on voyait l'ombre de la ville, le reflet du lac, et la silhouette des montagnes. On servit du thé dans de la vaisselle en argent, accompagné de dattes, d'agrumes, et de préparations eurysiennes. Afaghani proposa à ses hôtes de s'asseoir dans les fauteuils, et il prit la parole sur le sujet le plus important à ses yeux.


Excellences,

Je vous remercie de votre présence. C'est pour moi un plaisir de vous accueillir ici, à Agatharchidès, dans notre capitale califale. Je vous en prie, n'hésitez pas à vous servir de ce qu'il vous plaira. Si Dieu le veut, nous pourrons avoir ici l'échange tant attendu que nous appelons de nos voeux. Excellences, j'aimerais commencer notre échange sur un premier point, qui est pour Son Altesse Sémillante le Khalife l'élément le plus essentiel dans notre relation bilatérale. Je veux parler de l'accès aux lieux saints de l'islam, qui se trouvent à Makka et à Taba, et où se trouve la pierre de la Kaaba et la ville de naissance du Prophète. Depuis des siècles, la question de l'accès des musulmans au lieu du pèlerinage se pose. Bien sûr, la république de Banairah a fait preuve d'une conduite exemplaire ces dernières années, mais il serait bon et judicieux, d'après nous, d'officialiser le libre accès des musulmans aux lieux saints et de réfléchir aux infrastructures de transport adéquates, dans l'intérêt de la communauté musulmane toute entière. Un accord international sur cette question nous semble pertinent, notamment pour stipuler la liberté d'accès, les règlements de sécurité, et faciliter l'accès au Hajj par les croyants les plus modestes. Enfin, ce serait l'occasion d'établir entre les autorités religieuses de nos deux pays un dialogue, visant à échanger sur des points de fîqh. Cet accord religieux serait une avancée importante pour proclamer notre solidarité mutuelle. Car le Coran n'indique-t-il point : « Les croyants ne sont que des frères. Etablissez la concorde entre vos frères, et craignez Allah, afin qu’on vous fasse miséricorde » (Sourate 49, verset 10) ?

Si vous l'agréez, ce sujet pourrait faire l'objet d'une première discussion pour un texte commun. Nous avons ensuite d'autres propositions, plus prosaïques, sur les coopérations économiques, commerciales et maritimes que nous pourrions mettre en oeuvre.
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Cette rencontre était particulièrement attendue par l'exécutif banairais pour son importance : le Califat constitutionnel, en tant que voisin et nation sœur, constituerait un allié fiable et utile. L'Azur, de par sa position géographique, renforcerait l'influence du Banairah dans la région et ouvrirait des possibilités de raccourcissement du temps de trajet des marchandises à destination du sud de l'Afarée en traversant le pays par voie ferroviaire ou routière. Un rapprochement avec le Califat pourrait également augmenter les revenus du pays grâce au commerce frontalier et ajouter un membre de confiance au FCAN qui avait besoin d'un nouvel élan politique. Quant aux éventuels conflits d'intérêt, ceux-ci pourraient concerner l'accès aux ressources maritimes - stocks de pêche, ressources du plancher océanique - par exemple, mais pourraient être traités pacifiquement par une gestion concertée des zones partagées.
Siriam Amza, la ministre des Affaires Extérieures, avait donc un agenda chargé : il s'agissait de rattraper le temps perdu des dernières décennies en posant les bases d'une coopération religieuse et économique. La formalisation de l'accès aux Lieux Saints aux croyants azuréens semblait être de prime importance pour le Califat, et permettrait d'instaurer une relation donnant-donnant attirant les bonnes faveurs de l'exécutif azuréen. Un tel travail pourrait d’ailleurs être repris en faveur des autres pays musulmans de la région et accroîtrait le soft power de la République qui aurait un argument de poids dans les négociations d’éventuels désaccords avec les bénéficiaires des dispositions. Au-delà de son poids diplomatique conséquent, ce programme aurait pour conséquence une augmentation significative des flux « touristiques » et pourrait donc rapporter gros à l’économie tertiaire nationale. Restait tout de même à prévoir des mesures de sécurité à même de garantir sa pérennité sur le long terme : l’Azur étant 3 fois plus peuplé que le Banairah, on estimait le nombre de visites à plusieurs millions, étant donné du pourcentage de musulmans pratiquants et de la facilitation de l’accès aux lieux saints. Un tel afflux nécessiterait des infrastructures aux tailles appropriées et créerait un appel d’air dans le secteur hôtelier, et donc des pressions sur les ressources locales : eau, électricité, ou même surface constructible. Bien-sûr, la visite d’Azuréens n’était pas une nouveauté et les localités concernées par leur venue s’étaient organisées en ce sens depuis bien longtemps, mais le Khasser craignait un emballement en cas de mauvaise gestion. La signature d’un accord avec l’Azur serait donc suivi de plans d’urbanisme et de gestion des transports prévisionnels laissés à la charge des communes de Makka et Taba, mais aussi des localités proches pouvant servir de point de relai.

Après un échange de politesses avec leurs confrères azuréens, la délégation banairaise menée par la Ministre des Affaires Extérieures approuva l’ordre du jour proposé :


« La Jumhuriyya comprend et partage le souhait de Son Altesse. En tant que nation voisine de culture et de foi communes, le Banairah est ouvert au dialogue à ce sujet. Cela fait bien des années que la République Directe facilite l’entrée des pèlerins azuréens, et instaurer des règles de sécurité fiables liant les administrations de part et d’autre de la frontière est indispensable pour l’augmentation du nombre de visiteurs. Comme vous le suggérez, des lignes de transports transfrontaliers seront également à prévoir, et pourraient par ailleurs être pensées en lien avec d’autres utilisations touristiques ou commerciales afin d’optimiser les coûts. Avez-vous des premières propositions pour cette normalisation ? »
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Bab al-Mashrîq, la "Porte Splendide" du complexe palatial azuréen, se découpait derrière les fenêtres, imposante, entourée de jardins et, derrière la muraille, des immeubles de la ville. Jamal al-Dîn al-Afaghani et son homologue banairaise, Siriam Amza, conversaient tranquillement. Abordant le sujet de l'accès aux lieux saints de Makka et Taba, le Ministre azuréen tendit une pochette rigide reliée dans laquelle se trouvait un texte écrit en écriture arabe.
Excellence,

Je vous remercie que vous compreniez notre besoin d'aborder ce point, qui n'est certes que le premier point de l'ordre du jour que nous aimerions aborder avec vous. Pour faciliter la progression de nos discussions, nous avons ici avancé une première proposition pour un accord entre nous visant à apporter des précisions sur les modalités d'accès aux lieux saints de l'Islam par les pèlerins, qu'ils viennent d'Azur ou d'ailleurs. En résumé, nous proposons que ce texte garantisse la liberté d'accès la plus étendue, sans restriction à l'égard d'aucun groupe de musulmans, ni interdiction possible en-dehors des préoccupations normales de sécurité et d'hygiène. Nous proposons de normaliser la question de la gouvernance des Lieux Saints, en confirmant le système de la Sharafat et y adjoignant les dispositions modernes qui permettront à la fois aux autorités banairaises d'administrer la question et aux pays musulmans d'appuyer les autorités en apportant conseils et financements aux travaux d'entretien nécessaires. Excellence, cette proposition est une idée que l'Azur formule pour que le pèlerinage soit réalisable par tous les musulmans, conformément aux impératifs religieux, dans les meilleures conditions. A notre sens, cette proposition renforce les intérêts du Banairah en organisant l'appui qu'il pourra solliciter auprès des pays frères, comme l'Azur, et je l'espère les autres pays musulmans prêts à signer cette disposition. Pour en résumer la teneur, il s'agit de confier la gestion des bâtiments et des sites religieux d'importance première (Kaaba, Masjid an-Nabawi) et secondaire (Masjid Quba, Grotte de Hira, Masjid al-Qiblatain) situés à Makka et Taba à un Sharîf, chef de l'institution de la Sharafat, qui serait chargé d'assurer la mission de protection des Lieux Saints contre tout désordre ; ce Sharîf serait une personne dont l'ascendance muhammadienne a été reconnue, proposée par la République de Banairah, et élue à cette fonction par un Conseil des Lieux Saints composé d'un délégué par pays dont la religion d'Etat est l'islam (Banairah, Azur, Churayn, Aykhanides, Althaj à ce stade). Ce fonctionnement permettrait d'assurer que tous travaillent en bonne intelligence avec le Gardien des Lieux Saints, qui devra se conformer aux principes de libre accès et exercer, au nom de tous les Etats musulmans, la mission hautement honorifique qui est la sienne. Celui-ci n'aurait d'autorité que sur le périmètre des sites religieux et devrait bien sûr travailler de façon étroitement liée avec les autorités séculières du Banairah. Dans ce système, c'est à la Sharafat de mettre en oeuvre les travaux d'entretien et, comme vous l'avez mentionné, les travaux de raccordement aux lignes de transports. En ce sens, le budget de la Sharafat serait abondé par tous les Etats musulmans, ce qui permettrait une réduction des coûts pour le Banairah, et une répartition plus équitable de l'effort financier. Je pense, Excellence, qu'un tel système faciliterait le travail de chacun, et répondrait aux besoins des croyants de voir le pèlerinage stabilisé, sécurisé, et durablement pérennisé. Dans cette optique, ce texte devrait être signé par tous les Etats musulmans qui manifestent le souhait de s'associer à cette noble entreprise de facilitation du pèlerinage.

Proposition de Traité sur l'administration des Lieux Saints de l'Islam1. Les Lieux Saints de l'Islam sont la propriété inaliénable de la communauté des croyants dans son ensemble ; "Allah a institué la kaaba, la Maison sacrée, comme un lieu de rassemblement pour les gens" (Sourate V, verset 97).

2. La gestion des Lieux Saints est confiée à un Sharîf qui exerce sa mission au nom de la Oumma (communauté des croyants). Celui-ci doit garantir la sécurité des pèlerins et l'accessibilité des Lieux Saints.

3. Le Shârif est désigné parmi les Descendants du Prophète. Il est proposé par l'Etat de Banairah au Conseil des Lieux Saints qui en ratifie le mandat. Son autorité ne saurait être que strictement limitée à ses prérogatives de gestion administrative.

4. Le Conseil des Lieux Saints rassemble les délégués des Etats qui reconnaissent l'islam comme religion nationale. Chaque Etat membre du Conseil doit contribuer matériellement aux dépenses requises par le Sharîf pour l'entretien et la rénovation des sites sacrés et des bâtiments afférents.

5. En cas de difficulté, pour des raisons sécuritaires ou pour des raisons d'hygiène, à garantir l'accès aux pèlerins vers les Lieux Saints, le Conseil des Lieux Saints doit faciliter l'adoption de mesures temporaires par le Sharîf et la République de Banairah, de sorte que la liberté du pèlerinage doit restaurée dans les meilleures conditions.

Sur la base de ce protocole, auquel il faudrait associer d'autres Etats musulmans comme l'Empire de Churaynn, le Beylicat Aykhanide ou encore le Tamurt N'Althajj, nous pourrions mettre en oeuvre des investissements pour la connexion des réseaux autoroutiers et ferroviaires banairais et azuréens, ainsi que pour la création de nouveaux complexes d'hébergement à destination des pèlerins. Cela rendrait le Hajj d'autant plus facile aux musulmans que cela pourrait faciliter les échanges entre nos deux pays dans d'autres domaines ; nous avons en ce sens des propositions supplémentaires à faire, en matière de libre-échange des marchandises, et de libre circulation des personnes.

Enfin, j'anticipe légèrement sur la suite de nos discussions pour vous informer de notre souhait d'aborder également avec vous la possibilité d'établir un accord de coopération maritime et un accord de sécurité, et de dialoguer sur les questions stratégiques, notamment sur un point d'actualité saillant qui nous préoccupe, à savoir les activités militaires de la République de Poëtoscovie à la Cité du Désert.
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Si l'histoire religieuse du Banairah pouvait paraître compliquée aux yeux de ceux qui ne s'y connaissaient pas, c'était qu'elle était effectivement compliquée. Tout d'abord union nomadique, puis se constituant peu en état sédentaire, le Banairah avait été le lieu de luttes de pouvoir entre hommes de foi et des chefs tribaux. La conception du pouvoir étant fort différente en fonction des individus et des croyances, la place de la religion au sein des décisions des communautés pré-urbaines et urbaines faisait l'objet de débats récurrents dans un pays où l'environnement hostile imposait le dialogue et l'entente égalitaire entre ses membres. La pratique de l'islam a donc évolué pour être plus un vecteur d'unité et non de pouvoir direct : si les dirigeants élus étaient tous pratiquants et connaisseurs dans les saintes écritures, cela ne les empêchait pas d'être de la population civile - soldats, chercheurs, marchands, médecins ... - et d'être perçus comme légitimes.
Avec le temps et l'influence de la chrétienté et de l'orthodoxie au nord de l'Afarée, et des ingérences politiques en la matière, le Banairah eut en son territoire divers prosélytes et missionnaires ainsi que des vagues migratoires diverses rompant l'uniformité du paysage religieux du pays. Après quelques années de cohabitation pacifique, les tensions interreligieuses furent instrumentalisés par les uns et les autres : par les imams pour réaffirmer une position plus prégnante de la religion dans la société, et par les personnalités civiles pour justifier une plus grande neutralité de l'état vis-à-vis des convictions personnelles. Historiquement, ce sont ces derniers qui ont gagné la bataille, grâce au soutien des hommes de science - dont l'immense majorité étaient de foi musulmane par ailleurs - qui voyaient l'accueil d'intellectuels étrangers comme un moyen de progresser d'autant plus rapidement dans la découverte des mystères de la création. C'est ainsi que la loi banairaise s'assouplit pour tolérer les autres cultes au sein de son territoire. Cela n’empêcha pas pour autant les personnalités politiques de s’en référer aux préceptes religieux afin de justifier leurs actions, l’islam restant tout du long de l’Histoire un grand marqueur culturel, qui fut par ailleurs la cause de la conversion des royaumes stranéens à la religion musulmane par le biais des commerçants banairais, fort actifs en cette région dès le Xe siècle.
Les invasions mongoles eurent également leur effet sur la gestion des Lieux Saints : si ceux restés sous contrôle banairais gardèrent leurs institutions intactes, celles occupées par les Mongols passèrent sous administration civile locale le temps des reconstructions du fait d'un manque de moyens des autorités religieuses. Ainsi, de siècle en siècle, les titres terriens des religieux s'étaient perdus. C'était donc dans ce contexte que l'Azur pensait au rétablissement d'une gestion partagée des Lieux Saints de l'Islam. Et l’idée était loin d’être hors de propos : malgré un recul progressif de la religion durant les siècles derniers, ces repères culturels nationaux profitaient encore d’une grande reconnaissance par la population en tant que référence commune servant de lieu de partage, de recueillement et de fraternité internationale. Le projet, s’il pouvait sembler intrusif à premier abord, n’avait rien de choquant du point de vue banairais : au sein de la plus vaste démocratie du monde connu, la gestion commune des lieux publics par l’ensemble des citoyens-usagers était monnaie courante. Faire participer les coreligionnaires étrangers financièrement et administrativement, avec ses droits comme ses devoirs, n’avait rien de saugrenu. Toutefois, une inquiétude survenait à l’exécutif banairais, celui d’une récupération politique de la part de régimes autoritaires autocratiques tel l’Empire de Churaynn. Il était bien-sûr hors de question qu’un pays profite de la mansuétude de l’Al Dayha pour influencer ses positions politiques. La proposition du Sharîf par le Banairah était donc une sécurité minimum afin d’exercer un contrôle sur une institution qui tout de même n’existait plus depuis longtemps.


«Vos excellences, nous ne vous apprenons rien en vous disant que le Banairah est habitué à la gestion collégiale, et pour tout vous dire, ce projet a souvent été discuté mais s’est heurté à un contexte politique ou géopolitique international peu propice. Le gouvernement actuel que nous représentons n’est pas opposé à celui-ci, à condition bien-sûr d’encadrer de façon robuste les droits, devoirs, et la gestion politique, administrative et financière de cette institution. Il est évident qu’en tant qu’organisation religieuse localisée physiquement au Banairah, nous sommes dans l’obligation de nous assurer de l’application de la loi banairaise dans son intégralité, chose que vous sous-entendez à raison dans l’article 3 de votre proposition. Cela peut par exemple poser question sur de potentielles récupérations politiques de la part de membres du conseil poursuivant un agenda politique. Dans le cas de l’Azur, la confiance mutuelle de nos relations nous permet d’éviter un temps ces questions, mais l’objectif d’extension de cette gestion commune à l’ensemble des pays musulmans peut faire rentrer des considérations d’alliances politiques dans des sujets normalement circonscrits à la pratique religieuse et à sa facilitation auprès des populations intéressées. Il faudra également penser aux cas limite de pays dont la majorité est musulmane mais ne possédant pas de religions d’état. Tout de fois, cette question ne se posera que dans le succès du projet initial, ce n’est donc pas notre priorité pour le moment, seulement une remarque qui pourrait influer sur la légitimité de l’organisation sur le long terme, et sur le message politique qu’elle délivrerait indirectement. Ainsi, un système de changement des délégués des pays participant au Conseil devra être prévu dans le cas où un délégué dérogerait à ses fonctions purement administratives et religieuses, et préciser ces cas afin d’éviter une lecture trop libre des textes qui pourraient nuire aux pays visés pour des raisons similaires.
Mais ces questions pourront être traitées avec vos représentants, et bien-sûr les retours que nous aurons des ministères concernés, après l’approbation par référendum du projet dans sa forme préliminaire.
Une courte pause s’ensuit afin de changer de sujet.
L’idée de mise en synergie de cette initiative avec des investissements en matière d’hébergement est à retenir, les communes concernées seront en mesure lors des discussions de nous communiquer les ressources en eau, en surfaces constructibles et en électricité lors des conseils de planification urbaine. En ce sens, dans le cadre d’une mise en réseau de l’Azur avec le Banairah, nous pourrions mettre en relation vos autorités compétentes avec nos entreprises nationales de construction et de transports, notamment ferroviaire. Nous sommes bien-sûr à l’écoute de vos propositions de libre-échange et de circulation des personnes. A ce sujet, nous serions favorables à un allègement progressif des conditions de séjour de part et d’autre de la frontière, ainsi qu’une baisse des tarifs douaniers. Une discussion en termes de synergies économiques de nos deux pays s’imposerait afin de comprendre les besoins respectifs de nos marchés.
Quant aux questions de sécurité, nous avons conclu des dispositions semblables avec divers partenaires, et la proximité géographique de nos espaces maritimes ne peut qu’encourager de telles décisions. La situation au sein de la Cité nous préoccupe également, et un accord sur la position à adopter au niveau régional aiderait peut-être au rétablissement de l’ordre dans la région.
A propos de propositions, nous aurions plusieurs projets que nous aimerions vous partager, notamment en termes de gestion de la pollution, du trafic maritime et des ressources vivrières comme la pêche. Le développement de relations bilatérales solides entre l’Azur et le Banairah bénéficierait grandement, à notre sens, d’un plan d’action détaillé sur le long terme sur ces questions qui touchent directement à la santé économique comme matérielle de notre région.»
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Excellence,

Je vous remercie pour ce développement. Ainsi, si j'en comprends bien vos paroles, notre proposition de Traité pour l'administration des Lieux Saints vous convient. Vous avez mentionné votre préoccupation sur le fait que le Conseil des Lieux Saints ne soit pas le lieu où se déploieraient des désaccords politiques entre Etats membres qui ne toucheraient pas aux sujets, forcément consensuels pour garantir la paix des lieux, des sites sacrés en eux-mêmes. En ce sens, je vous propose, pour qu'il soit tout à fait clair que le Conseil des Lieux Saints ne puisse en aucun cas refuser son agrément à un Shârif (désigné par le Banairah) sur la seule base de différends politiques hors-sujet, d'adopter cette précision à l'article 3 de ma proposition :

3. Le Shârif est désigné parmi les Descendants du Prophète. Il est proposé par l'Etat de Banairah au Conseil des Lieux Saints qui en ratifie le mandat sur la base de ses compétences religieuses et administrative, en s'assurant que sa personnalité est conforme aux impératifs d'unité, de paix et de confiance liés à sa fonction. Son autorité ne saurait être que strictement limitée à ses prérogatives de gestion administrative.

Ainsi nous serions bien assurés que le texte du traité ne permettrait pas ni au Conseil de s'opposer futilement à Banairah sur un sujet aussi important que les Lieux Saints, ni à Banairah de nommer un Shârif inapte au rôle de mesure, de paix, d'harmonie que suppose la charge de gardien ; en effet, et sans intention aucune de vous faire ce procès car nos relations sont excellentes, il serait déplorable que le Shârif utilise sa charge à des fins politiciennes. Nous sommes, je le crois, tout à fait d'accord là-dessus. Ainsi, je vous propose, si cela vous agrée, de passer à la mise en signature de ce traité ; d'abord par la validation par vos institutions républicaines ; ensuite par l'inclusion des Etats dont la seule religion officielle est l'islam, c'est-à-dire : Azur, Churayn, Aykhanides, Althaj, Ghamdan, Kaderstan (Fédération de Yukanaslavie) - le Banairah, en tant qu'évident berceau de l'islam, y serait associé même si votre loi nationale est d'obédience laïque.

Vous avez pointé, Excellence, la question des Etats dont la religion officielle n'est pas l'islam mais qui comptent des populations musulmanes ; c'est le cas par exemple au Negara Strana, au Bajusid, en Ouwanlinda ou encore au Jashuria ou en Ramchourie... ces pays sont très nombreux, mais il me semble malaisé de les inclure à un fonctionnement rigoureusement islamique. En effet, les délégués présents au Conseil devraient naturellement être désignés par leurs autorités locales. En ce sens, que vaudrait l'avis d'un délégué désigné par un Etat non musulman sur des sujets hautement sensibles tels que l'administration de nos Lieux Saints ? Bien sûr, l'on peut compter sur la bonne volonté de ces Etats, mais certains pourraient au contraire se prévaloir de l'islamité pour agir de façon très politicienne. Celui qui n'est pas musulman lui-même ne se sent obligé de rien vis-à-vis de la Umma... Non, il me paraîtrait déplacé que de tels Etats aient une voix au chapitre équivalente à celle d'Etats musulmans. D'autant plus que les membres du Conseil devraient aussi assurer une partie de la charge financière de l'entretien des Lieux Saints ; il serait paradoxal, par exemple, que l'argent du contribuable hindouiste jashurien, ou catholique ouwanlindais, participe à la caisse des Lieux Saints de l'islam...

Cependant, vos propos pointent avec justesse la nécessité d'assurer un bon fonctionnement des Lieux Saints dans le cadre politique international global.

En ce sens, l'Azur travaille à l'amorce d'un projet qui consisterait à créer une vaste Organisation de Coopération Islamique, réunissant, sur la base de l'appartenance à l'islam, tous ceux qui ont vocation à travailler ensemble. J'y vois un intérêt pour promouvoir la coopération économique, culturelle, scientifique, universitaire, pour faciliter le dialogue entre les Etats membres, pour coordonner l'action diplomatique en faveur des populations musulmanes discriminées, pour lutter contre les déviances violentes du terrorisme, et pour faire connaître l'islam au monde. En ce sens, l'administration des Lieux Saints pourrait être l'un des volets de cette coopération. Ce serait aussi un moyen d'associer les Etats laïques ou non-musulmans, mais intéressés à la coopération du fait de leur population musulmane, de manière à garder avec eux de bonnes relations, par exemple en tant qu'Observateurs ou Auxiliaires de cette organisation. Ce pourrait être le cas de Banairah !

Une telle organisation me semble de nature à pallier le manque que l'Azur voit au sein de l'actuel Forum de Coopération d'Afarée du Nord. Le FCAN, cantonné à une région spécifique, et omettant la dimension religieuse essentielle dans notre patrimoine commun, est ainsi limité malgré ses excellentes motivations et sa capacité à réunir depuis longtemps des Etats de notre continent. C'est donc sans esprit de concurrence mais dans un souci de renforcer les structures de notre coopération et d'y placer en leur coeur la dimension islamique que nous pourrions envisager une nouvelle organisation comme la version transformée du FCAN... C'est d'ailleurs un sujet qui a été abordé à la Conférence afaréenne de Mpanga, de nombreux délégués pointant la nécessité de faire évoluer le FCAN vers une organisation plus large et plus active.

Enfin, je souhaite avant tout interroger votre Excellence sur cette idée, qui sera encore travaillée par l'Azur avant d'être proposée à nos partenaires. En l'attente, nous pourrions, si vous en agréez le principe, déjà mettre en oeuvre le Traité relatif aux Lieux Saints.

Je passe à présent aux sujets strictement bilatéraux, notamment en matière de coopération économique et transfrontalière. Je ne puis vous faire de longs discours ; je vous propose de consulter la proposition suivante, et de m'indiquer quels points d'amélioration vous y verriez.

Proposition d'accord de coopération Azur-Banairah
Préambule
L'Azur et le Banairah, satisfaits de leur bonne entente, résolus à renforcer leur coopération sur différents plans, désireux d'instaurer un cadre pérenne favorable au développement des échanges, au partage des richesses matérielles et morales, et à la poursuite des fins ultimes de la vie heureuse telles qu'elles ont été données par Allâh le Tout-Puissant à Adam et aux Hommes, adoptent le traité de coopération suivant.

Article 1 : au sujet de la Paix
1. L'Azur et le Banairah s'engagent solennellement à ne jamais prendre les armes l'un contre l'autre, quelles que soient les circonstances, et à favoriser en toute situation les voies du dialogue et de la négociation pacifique.
2. L'Azur et le Banairah reconnaissent le tracé de la frontière actuel comme étant permanent, et rejettent définitivement tout esprit de conquête visant à le modifier.
3. L'Azur et le Banairah promettent de veiller à se tenir mutuellement informés et à se porter assistance afin de garantir la stabilité intérieure et régionale. Ils s'engagent à ne rien dissimuler qui puisse porter préjudice à la souveraineté, l'intégrité ou l'honneur de l'un ou l'autre.
4. L'Azur et le Banairah s'engagent à retenir l'agrément l'un de l'autre au préalable du déploiement de troupes d'un pays tiers sur leur territoire, qu'il s'agisse d'un déploiement temporaire ou permanent ; sans cet agrément, un tel déploiement serait préjudiciable à la paix régionale.

Article 2 : coopération transfrontalière
1. L'Azur et le Banairah garantissent la libre circulation des personnes entre les deux Etats, matérialisée par la suppression des visa de voyage et de travail et l'abrogation des contrôles systématiques aux frontières.
2. L'Azur et le Banairah reconnaissent équivalents les titres de séjours délivrés par l'un des deux Etats à un résident d'un Etat tiers, permettant à ce résident d'accéder au territoire de l'autre Etat.
3. Les deux Etats conviennent du principe de coopération policière entre eux, impliquant :
  • un bilan systématique des activités policières et de renseignement intérieur en matière de lutte contre la criminalité, contre les trafics et contre le terrorisme
  • la mise en oeuvre d'opérations de police conjointes, pour les contrôles aux frontières autant que pour d'autres opérations ;
  • la création d'un registre anticriminel commun, listant les personnes et les organisations visées par des enquêtes et/ou des sanctions ;
  • l'adoption de principes communs pour l'action policière, notamment en matière de renforcement de la sécurité aux frontières extérieures.

Article 3 : coopération douanière
1. L'Azur et le Banairah garantissent la libre circulation des marchandises entre les deux Etats, matérialisée par la mise en place d'une union douanière et l'abrogation des contrôles systématiques aux frontières.
2. Le présent accord porte création d'une union douanière entre les deux Etats, impliquant :
  • la création d'une zone de libre-échange entre les deux pays, établissant les tarifs douaniers au seuil de 0,0 % pour toutes les marchandises, sauf celles inscrites sur une Liste dérogatoire ;
  • l'adoption de normes réglementaires communes s'appliquant aux produits d'importation, et dont le détail est précisé dans une convention annexe au présent accord ;
  • l'adoption d'un tarif extérieur commun à l'égard des pays tiers, garantie d'une politique commerciale équilibrée et concertée , dont le détail est précisé dans un protocole annexe au présent accord.
3. Les deux Etats délèguent aux autorités locales le soin d'effectuer en leur nom les contrôles douaniers, sanitaires, et toutes les inspections requises, pour les marchandises entrant sur le marché de la zone économique commune.

Article 4 : coopération monétaire
1. L'Azur et le Banairah s'engagent à aligner leurs monnaies respectives sur un taux d'échange fixe de 1 Bilat d'or banairais (BHB) = 7 Dirhams azuréens (AZD).
2. L'Azur et le Banairah conviennent du principe de la coopération monétaire entre leurs institutions centrales, afin de garantir la stabilité de la valeur de leurs monnaies respectives, en adoptant les dispositions suivantes :
  • l'interdiction, pour les particuliers et les entités, de détenir des devises émises par des pays instables ou hostiles ; ces devises sont l'Ateh Ouwanlindais (OWA), le Disque Cuivré vélèsien (VMD), la Rune blêmienne de Transblêmie (TBR).
  • l'instauration d'un monopole public sur les opérations de change monétaire dans les deux Etats ;
  • la tenue d'un registre partagé des opérations de change.

Article 5 : coopération judiciaire et accord d'extradition
1. L'Azur et le Banairah conviennent de la mise en place de l'extradition systématique, impliquant :
  • le transfert d'une personne détenue dans l'un des deux Etats vers l'autre Etat au cas où un tribunal local l'inculpe en vue d'une enquête de justice ;
  • le partage des ordres d'interpellation entre les forces de police et de justice des deux Etats ;
  • la reconnaissance du principe selon lequel une personne peut demander à être jugée dans son pays d'origine, si ce pays est l'un des deux Etats ;
  • l'adoption d'une politique d'harmonisation juridique visant à aligner les sanctions judiciaires sur des termes équivalents entre les deux pays.
2. L'Azur et le Banairah reconnaissent les principes élémentaires de la justice, dont le droit pour toute personne inculpée à recourir à un avocat, à la présomption d'innocence, au respect de ses droits en matière d'alimentation, de loisirs et de contact avec ses proches.3. L'Azur et le Banairah déclarent solennellement rejeter la torture et les pratiques non conformes à l'éthique musulmane.


Article 6 : coopération économique
1. Convenant de la nécessité de développer les infrastructures de manière concertée, l'Azur et le Banairah s'engagent à mettre en oeuvre des politiques communes dans les secteurs suivants :
  • Transports ; modernisation du réseau autoroutier, construction d'une ligne ferroviaire à grande vitesse en interconnexion, développement des liaisons aériennes.
  • Matières premières ; renforcement des filières source domestiques pour les minerais, les hydrocarbures ;
  • Agriculture ; adoption de programmes de subventions pour l'agriculture durable, en vue d'en réduire l'impact environnemental, de préserver la ressource en eau et d'assurer la prospérité alimentaire.
2. L'Azur et le Banairah confirment leur intention d'accroître les échanges entre eux et avec les pays de la région d'Afarée orientale.

Article 7 : coopération maritime
1. Du principe de la zone maritime souveraine
Les Etats partie au présent accord reconnaissent mutuellement leurs droits souverains réciproques sur leur zone maritime souveraine, définie comme le segment de territoire maritime situé entre le prolongement de leurs frontières terrestres et la ligne parallèle à la façade maritime établie à trois cents kilomètres (300 km) du continent. Cette zone est explicitée dans les cartes géographiques à fournir en annexe au présent traité, justifiant les revendications maritimes sur la base de la continuité géographique, politique, culturelle et historique avec le territoire de l'Etat concerné.
2. Du droit applicable
Les deux parties du présent accord considèrent que la zone maritime souveraine fait partie intégrante du territoire et que le droit qui s’y applique est le droit national du pays souverain. Les seules restrictions aux activités conformes à ce droit dans cette zone ne peuvent être admises que par le présent accord.
3. Du principe de libre circulation
Les navires civils portant pavillon de l’un des Etats parties à l’accord ont la totale liberté de circuler dans les eaux considérées comme souveraines de l’autre partie. Cette liberté de circulation ne peut être restreinte que pour des raisons exceptionnelles motivées par une décision de justice.
4. Du principe de libre ancrage
Les navires civils portant pavillon de l’un des Etats parties à l’accord ont la totale liberté de circuler dans les ports de l’autre partie et de s’y amarrer sans considération de durée, dans le respect de la règlementation maritime locale. Cette liberté d’ancrage ne peut être restreinte que pour des raisons exceptionnelles liées à une décision des autorités sanitaires afin de mettre en place une quarantaine contre les épidémies.
5. De la lutte contre la contrebande
Dans le cadre de la lutte contre la contrebande (article 2.3 du présent traité), les dispositions de l’article précédent (7.4) peuvent être suspendues pour un contrôle par la garde maritime motivé par une décision de justice. Cette décision de justice doit être communiquée au préalable aux autorités judiciaires de l’autre partie, au cas où le navire arraisonné serait enregistré dans ce pays.
6. De la circulation des navires de guerre
La circulation des navires de guerre est autorisée sauf dans la zone maritime souveraine de chaque partie, sauf autorisation préalable. Avant de pénétrer dans la zone souveraine de l’autre Etat, un navire de guerre doit s’assurer que cet accès ne lui est pas défendu.
7. De la pêche
L’Azur et le Banairah conviennent d’autoriser les navires de pêche de l’autre partie à circuler dans les eaux qu’ils considèrent relever de leur souveraineté. Seuls sont autorisés à se livrer à la pêche halieutique les navires disposant d’une licence octroyée par le ministère de la mer de l’Etat souverain.
8. Des licences de pêche
Une licence de pêche est octroyée individuellement pour chaque navire et précise le tonnage maximum prélevable dans les eaux souveraines du pays émetteur, pour chaque espèce de poisson. Ce tonnage maximum doit être défini en lien avec l’autre pays selon les dispositions des articles suivants.
9. De la gestion des ressources halieutiques
Afin d’éviter la surexploitation de la ressource halieutique préjudiciable à l’ensemble des Etats dépendant de la mer, les Etats parties au présent accord s’engagent à coopérer pour se transmettre l’ensemble des données océanographiques afin de suivre l’évolution des bancs de poisson, la qualité chimique des eaux, et l’état général de la faune et de la flore sous-marine.
10. De la coopération entre instituts d’océanographies
En vue d'assurer la conservation des écosystèmes marins, les autorités scientifiques dédiées au suivi des écosystèmes marins des deux pays s’engagent à collaborer et à transmettre leurs découvertes et données sans conditions.
11. De l’exploitation des ressources géologiques sous-marines
Etant constaté que les forages pétroliers, gaziers, et les autres activités d’extraction des ressources géologiques sous-marines engendrent des dégâts irréversibles sur la biodiversité et préjudiciables aux populations humaines riveraines, celles-ci ne devraient être entreprises par un pays qu’après consultation de l’autre Etat partie au présent accord, qui est en droit d’exiger des compensations visant à atteindre un impact écologique global neutre. Cette disposition s’applique également à la zone maritime souveraine.
12. De la prospection marine
Chaque partie devrait informer l’autre partie si elle entreprend des recherches pour la prospection pétrolière, gazière ou d’autres ressources en mer. Cette disposition s’applique également à la zone maritime souveraine.


Article 8 : clauses d'application
1. Le présent accord entre en fonction à partir de la signature par les deux parties. Il pourra être révisé par concertation commune. La non-application d’un des articles de l’accord par l’une des parties rend l’ensemble de l’accord caduc. Il appartient seulement aux autorités judiciaires de caractériser un non-respect d’une des clauses de l’accord.
2. Les dispositions de l'article 7.1 ne sont actives qu'après l'inclusion en annexe des cartes des zones maritimes souveraines revendiquées et confirmées par les deux Etats.
3. Les dispositions de l'article 3.2 devront être mises en place progressivement d'ici au 1er janvier 2018.
4. L'Azur et le Banairah formulent ensemble le souhait que le présent accord soit respecté ou révisé s’il y a lieu de le faire, dans un esprit de coopération bienveillante et de considération pour les intérêts mutuels de l’autre partie. Ils confirment leur souhait que le présent accord puisse intégrer les Etats voisins de la région de la corne orientale de l'Afarée, à savoir : la République de Faravan, le Sultanat de Ghamdan, le Royaume de la Cité du Désert.

Comme vous pouvez le constater, notre proposition d'Accord de Coopération touche à de nombreux volets et vise à une coopération véritablement renforcée entre nos pays. J'espère que nous pourrons, dans un futur proche, réunir sur cet accord des voisins importants comme le Faravan et le Ghamdan, afin de réunir autour de nous un havre de prospérité et de sécurité mutuellement assurées dans notre région de l'Afarée.
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