11/05/2017
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Curie républicaine

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Emblème de la curie

S’il y a bien une institution politique particulièrement puissante et influente par son rôle et son prestige au sein de la République ardoise, c’est sans aucun doute la curie républicaine. Véritable assemblée dirigeante de la république, réputée toute-puissante, qui possède le monopole de l’exercice du pouvoir législatif et exécutif de la république, elle forme au côté du grand-duc l’institution suprême de la république, qu’elle élit symboliquement même si, de fait, le grand-duc est de facto le co-prince évêque de Saint-Alban, nommé par sa sainteté le Saint-Siège. Véritable institution prestigieuse par l’importance de son rôle et par son immense influence, qui forme une véritable noblesse républicaine sans en dire le nom, préférant le statut méritocratique digne de la volonté républicaine et institution à la durée millénaire, née lors de la fondation de la première république oligarchique ardois sous Candido Di Felice, premier consul et fondateur par la même occasion de la première république ardoise dont, qui dès sa naissance, elle est une oligarchie où les oligarques, dit patriciens, occupent la fonction la plus importante au sein de la curie. Di Felice est également initiateur de la conjuration de la colline des rex aux côtés de Di Belloni et de Bianca Monticelli, faisant passer Ardon d’une monarchie ou Regnum (royaume), où régnait alors un seul homme, le rex, au pouvoir absolu et héréditaire, qui a été longtemps après considéré comme le règne de la tyrannie, la tyrannie est alors le règne d’un seul et ne signifiait pas pour autant, comme aujourd’hui, le règne violent et cruel d’un homme mais seulement un homme qui possède tous les pouvoirs sans partager, ou du despotisme monarchique à une république, qui était censée être le meilleur des régimes, chargé de préserve la liberté et l’indépendance des hommes puisque ceux-ci participent directement à la gestion de la cité : c’est la Res Publica, ou chose publique en langue latine, dans laquelle le pouvoir n’appartient plus à un individu exclusif comme dans l’ancien régime des rex mais à un groupe de citoyens plus ou moins important et dont le pouvoir n’était plus héréditaire afin d’empêcher tout retour à la tyrannie du règne d’un seul et séparé en plusieurs magistrats et institutions. C’est l’institution qui était le sénat royal tout d’abord, ancêtre de l’actuelle curie, qui avait la fonction de conseiller le roi et de présider à ses côtés les célébrations religieuses de la cité, qui devint ensuite la curie républicaine et reçut un rôle central dans la nouvelle organisation politique de la République et de la cité : elle était chargée de légiférer les propositions de lois des magistrats (questeurs), qu’elle-même a élus et peut renvoyer à tout moment par vote majoritaire, elle gère les affaires étrangères et la déclaration de la guerre et de la paix, et elle devient finalement une institution majeure et centrale de la jeune république qui se voulait universelle en permettant à chaque homme né dans la cité de pouvoir participer à son gouvernement avant de finalement devenir une République oligarchique sous le poids des oligarques qui occupent la Curie avec une minorité de familles puissantes et riches qui a supplanté l’aristocratie monarchique et propriétaire terrienne de la monarchie.

Ce sont ces oligarques, classe qui comprend tous les individus qui remplissent les conditions suivantes : être majeur, c’est-à-dire avoir plus de 21 ans lors du recensement annuel effectué par les excellences magistrat censeur de la Curie, inscrit dans le grand livre de la république, ou répertoire des familles à l’origine gardé par la célèbre famille des Botecelli avant leurs chutes et qui contient tous les noms des oligarques de la république, ensuite il fallait avoir exercé une charge officielle au sein de la république pendant au moins deux années dans l’administration publique ou de la marine en tant que conscrit et connaître les mécanismes du fonctionnement des institutions républicaines, ce qui n’était pas donné à tout le monde puisque seule une minorité parmi les oligarques était apte à savoir lire et écrire à l’époque, même si c’est rarement le cas aujourd’hui, et d’autant plus qu’encore moins d’oligarque ne s’intéressait réellement à la politique, considérée comme un jeu dangereux où tout peut être gagné comme perdu au gré des alliances et des conflits, et pouvait souvent mener à la mort de certains Curiates, réalité cruelle de la vie politique encore présente aujourd’hui. Il fallait être de plus un chrétien catholique, ce qui excluait toute autre confession, dont les juifs qui étaient mal considérés en raison du fait qu’ils étaient vus comme les assassins du sauveur et des traîtres à sa bonne parole, bien que cela ne soit plus le cas et que l’institution est ouverte à toutes les croyances, rares sont ceux qui ont pu accéder à la prestigieuse magistrature en étant d’une autre confession. D’ailleurs, nous y reviendrons plus tard, mais la relation entre le judaïsme et la petite république ardois fut très compliquée et souvent chaotique : entre les meurtres, les assassinats et les pogroms, le peuple juif a dû longtemps vivre dans des quartiers séparés dans les cités républicaines, exclu de la société ardois : dans les ghettos, tout en formant une élite fortunée qui attire la jalousie des autres.
Bref, les autres conditions à l’accès à la prestigieuse fonction de curiates étaient d’être un homme né dans une des dix grandes cités de la république ardois ou dont le père est un citoyen et la mère fille de citoyen, mais si les femmes ont longtemps été exclues de la vie politique, elles ont toutefois joué un rôle central dans la prise de décisions au sommet de l’État en raison de leur influence sur leurs maris et leurs pères le plus souvent avant de pouvoir se présenter elles-mêmes au poste de la prestigieuse magistrature dès 1915, avec le droit de vote accordé aux femmes, une petite révolution dans cette institution réputé si conservatrice. Ensuite, il ne fallait jamais avoir été condamné, chose relativement aisée à faire oublier pour un oligarque fortuné. Il fallait ensuite disposer d’une résidence dont il est propriétaire à titre personnel à Vivaro ou dans une des dix grandes villes de la République et ses alentours, et enfin il fallait être propriétaire d’un bâtiment économique ou d’un immeuble résidentiel.

Toutes ces conditions avaient pour objectif de s’assurer d’une part que le Curiates allait remplir son mandat de la manière la plus juste possible en respectant les lois et les normes de la République, puis de s’assurer que le prestigieux Curiates disposait de suffisamment de moyens et de fonds pour pouvoir réparer tout préjudice commis lors de son mandat à la tête de la République, sans quoi ses biens seraient saisis pour réparer le tort. Les mêmes conditions s’imposent sur les magistrats dont les questeurs, censeurs et autres à l’exception des magistrats judiciaires qui sont souvent, eux aussi, issus des rangs des Curiates, le contraire étant relativement rare.

La Curie se compose de 453 Curiates, sorte de sénateurs dont le nom ne se dit plus en raison du fait que le Sénat était vu comme le chien docile des Rex et donc une institution monarchique, ce qui explique le passage du nom de sénat à curie. Elle est chargée de voter la loi et le budget de la république, de contrôler le gouvernement et de rendre la haute justice en cas de haute trahison commise au sein de la république, même si cette fonction revient, de manière non écrite et par tradition ancienne, à la maison de la justice ou plus précisément l’actuelle haute cour d’Ardon. Les sièges de la Curie sont répartis parmi les dix grandes cités de la République, selon leur population, ainsi que parmi les quatre colonies, de la même manière. La répartition est la suivante :

- 148 Curiates pour Vivaro
- 77 Curiates pour Priverno
- 40 Curiates pour Cermoteri
- 35 Curiates pour Cantale
- 27 Curiates pour Roccaluno
- 27 Curiates pour Guarro
- 23 Curiates pour Vallegni
- 21 Curiates pour Seglione
- 19 Curiates pour Caspolo
- 15 Curiates pour Mintebuo

Pour les colonies (cité de droit coloniale) :
- 7 Curiates pour Veleo
- 5 Curiates pour Formo
- 5 Curiates pour Castellumo
- 4 Curiates pour Uataq

La fonction de curiates est une fonction prestigieuse qui confère à son détenteur une influence, un prestige et un honneur sans commune mesure. Elle occupe le cinquième rang protocolaire, après le grand-duc, le chancelier de la république, le président de la curie et le ministre-président ou consul d’Ardon. Les curiates se trouvent devant, en termes d’honneur, des questeurs et des magistrats de la République. Si, par son prestige, la fonction de curiates semblent attrayante et elle l’est pour peu que que l’ont remplis correctement sont mandat, c’est-à-dire que les différents coups bas et magouilles ne soient pas dévoilés publiquement et que le curiates ait au moins pour son honneur daigné se présenter quelques fois à la curie sur les dix années que compte son mandat permet d’acquérir une immense fortune. Celle-ci provient non seulement des salaires élevés, mais également des manœuvres plus discrètes, souvent situées à la frontière de la légalité. Toutefois, la légalité au sein de la République varie selon qui vous êtes, le moment à savoir en public ou en « réunion politique » et à qui vous avez affaire. Ainsi, une action considérée comme illégale et pénalement répréhensible pour l’un ne l’est peut-être pas pour l’autre. La classe sociale des curiates, c’est-à-dire celle des oligarques, joue très souvent en leur faveur.

Mais si la fonction de Curiates est prestigieuse et, pour peu que l’on survive à son mandat, accorde des jours paisibles à son ancien titulaire aux frais de la République, encore faut-il parvenir à achever son mandat. Le chemin est souvent semé d’embûches, entre complots visant, pour les plus bas niveaux, à affaiblir un adversaire et à l’humilier publiquement, et, pour les plus dangereux, à l’éliminer purement et simplement par l’assassinat, l’enlèvement ou la séquestration. La fonction de curiates est donc loin d’être de tout repos, mettant régulièrement en danger la vie de son titulaire. Là encore, tout dépend de qui est visé et de qui est le viseur. Un curiates issu d’une famille d’oligarques de rang inférieur ne cherchera presque jamais à affronter directement un adversaire de rang supérieur sans risquer d’entraîner la chute de sa famille. Il passe donc souvent par un autre collègue de rang égal à son ennemi pour espérer s’opposer à celui-ci, en échange d’accords encore une fois à la marge de la légalité.
Face à ce climat, la Curie possède des normes et des principes non écrits, oraux et coutumiers, presque sacrés. Il est ainsi interdit de s’en prendre physiquement à un curiates dans l’enceinte de la curie, sous peine de subir le même sort, voire pire. De la même manière, il est interdit de conclure des accords au sein de la Curie autres que ceux concernant les projets politiques en cours; toute alliance ou « soutien financier » se négocie en dehors de la limite sacrée de la Curie. Enfin, il est strictement interdit de s’en prendre physiquement et moralement aux curiates détenant une fonction particulière, c’est-à-dire au président de la curie, aux recteurs, vices-présidents , censeurs et les questeurs.

L’institution de la Curie est une entité largement autonome et indépendante, n’étant soumise qu’à sa propre législation et aux lois fondamentales qui définissent son organisation interne, son règlement, ses procédures de votes et la fixation des postes en son sein. De ce fait, malgré l’autonomie relative moindre de la Petite république par rapport au gouvernement de la fédération de Saint-Alban, c’est dans la Curie que se trouve l’indépendance quasi totale vis-à-vis de la fédération. En effet, le pouvoir législatif d’Ardon est considéré comme étant largement plus autonome que le reste des institutions de l’entité autonome, ce qui fait de la curie la plus indépendantiste de toutes. Bastion de la volonté d’indépendance ardois, elle abrite parmi ses membres les plus farouches représentants de cette aspiration, réprimée seulement par le gouvernement fédéral.

Le déroulement des élections à la prestigieuse magistrature est souvent réputé extrêmement long et compliqué, résultat d’une tradition millénaire ultra-conservatrice qui a peu évolué au fil du temps et est donc restée profondément séculaire. Les élections ont lieu tous les 10 ans de manière totalement uniforme au sein de la République : toutes les cités votent en même temps et le même jour, et ainsi tous les sièges de la Curie sont remplacés au même moment. Les élections commencent lorsque l’ensemble des Curiates se réunit par obligation même si cela ne se dit pas, on préfère, par tradition, parler de dernière session, lors de la dernière séance de leur mandat au sein de la curie, généralement au mois de juin. Cette réunion se déroule en la présence du grand-duc, auquel ils rendent officiellement leur mandat de manière symbolique et présentent leurs comptes rendus respectifs sur leur mandat et les actions réalisées devant le tribunal de la chancellerie, présidé par le grand-duc, le chancelier et quatre autres magistrats judiciaires indépendants. Ces derniers analysent les comptes rendus et décident s’il y a réparation à faire pour la république en cas de manquement au mandat. Si un curiates est reconnu coupable de faute grave, il est condamné à une immense amende, bien que cela arrive que très rarement. Ce véritable procès dure des heures et, à la fin de cette cérémonie, le grand-duc récite une prière catholique et convoque officiellement l’ensemble des candidats aux prochaines élections à se présenter au chancelier pour s’inscrire sur la liste électorale, sans quoi ils ne pourraient être élus. Dans le même temps, le grand-duc convoque les électeurs aux premières élections, qui ont généralement lieu six semaines après la fin de la dernière session de la précédente curie.

Pendant cette période s’élance la longue et précieuse campagne électorale, durant laquelle chaque candidat essaie de convaincre le maximum d’électeurs (souvent par tous les moyens, y compris par l’achat des voix, une pratique considérée comme une tradition et est donc pas punie par la loi). Si les candidats peuvent concourir seuls, ils se regroupent souvent sous une bannière commune, formant ainsi des factions avec lesquelles ils siégeront plus tard au sein de la curie. Toutefois, appartenir à une bannière ne vaut pas allégeance, et la composition d’une faction change souvent rapidement au gré des forces et des alliances. Durant les deux dernières semaines de la campagne, deux magistrats exécutifs, ou questeurs, préparent les élections dans chaque cité électorale : le questeurs aux vigiles et aux provinces ainsi que le questeurs aux collines se chargent de l’organisation des votes. Le jour J, les électeurs se présentent aux bureaux de vote, généralement situés dans la mairie, l’école ou l’église. Après vérification de leur identité, ils se rendent dans une pièce où ils inscrivent le nom du candidat de leur choix avant de déposer leur bulletin dans l’urne. Le soir venu, les voix sont comptées et les sièges sont attribués en fonction du nombre de votes obtenus, du premier jusqu’au nombre total de sièges disponibles pour chaque cité.

Le système électoral de la Curie est cependant relativement imparfait pour plusieurs raisons.
Tout d’abord, la majorité des voix est achetée grâce à un système de clientèle solidement établi et profondément ancré dans la société ardois. Hérité de la Grande République de Velsna, ce système est certes moins courant que dans la Grande république et se manifeste à des échelles plus réduites, mais il tout de même présent au sein d’Ardon et repose sur des réseaux anciens, constitués de membres de la haute société, où oligarques marchands et aristocrates terriens du centre de la république s’associent pour défendre leurs intérêts mutuels. Dans ce schéma, les propriétaires terriens apportent un soutien financier, une visibilité (en faisant la promotion de l’oligarque dans leur localité ou villa) ainsi que des accords commerciaux favorables aux oligarques qui en échanges les représentes politiquement et veille politiquement à leurs intérêts. Le lien ancestral qui unit les oligarques aux propriétaires terriens est extrêmement solide et respecté depuis des générations. Sa remise en cause est un acte rarissime, et un oligarque en disgrâce auprès de ses soutiens terriens voit ses chances de succès s’effondrer. De fait, le changement d’allégeance d’un propriétaire terrien est quasiment impossible, et il est très rare également qu’un candidat puisse se faire élire sans le soutien de ces derniers. Lorsqu’un candidat achète un électeur, cela se fait généralement en secret, le plus souvent autour d’un repas dans le manoir du maître qui accueille ses clients et dont tous les termes du contrats qui les lies est discuté lors de cette soirée. Ce système repose sur une relation de dépendance et de domination : le "maître", c’est-à-dire l’oligarque candidat aux élections, a la charge de protéger et d’aider ses clients, qui, en retour, lui promettent leur vote en échange de diverses faveurs. Cependant si le lien qui unie les oligarques aux propriétaires terriens est presque sacré, elle est moins entre oligarque et citadins lambdas car les contrats qui les lies se modifier rapidement au gré des intérêts des signataires et des aléas économiques et politiques.
De plus, seul un oligarque peut se présenter comme candidat. Cette restriction, couplée au fait que les oligarques ne représentent qu’une infime minorité de la population, exclut de facto la grande majorité des citoyens de la république Ardois. Néanmoins, leur influence et leur prestige sont tels que toute tentative de réforme de cette institution millénaire est systématiquement bloquée. Enfin, le système électoral de la Curie favorise largement la capitale au détriment des autres cités. D’une part, Vivaro se voit attribuer un nombre disproportionné de sièges par rapport aux autres cités. D’autre part, en tant que ville macrocéphale qui domine le reste du pays sur les plans économique et politique, elle exerce un poids écrasant sur les autres cités, qui, par conséquent, sont contraintes de suivre ses directives. Ce déséquilibre est renforcé par la composition des factions au sein de la curie : celles de la capitale sont systématiquement plus nombreuses et plus influentes que celles des provinces. En effet, les oligarques curiates de la capitale, bien plus riches et puissants, peuvent aisément acheter les voix et l’adhésion des Curiates des provinces, souvent plus pauvres et moins fortunés.
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