11/05/2017
23:13:00
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|Teyla-Loduarie] Deux cultures bien différentes.

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Ministre des Affaires Étrangère du Royaume de Teyla
Pierre Lore, Ministre des Affaires Étrangères.


La diplomatie teylaise avait cet esprit d’adaptation et de flexibilité, évoluant pourtant au sein d’un corps d’État aux structures rigides et aux protocoles qui ne pouvaient être remis en question. Un traité interne au pays réglait les rencontres diplomatiques. Le nombre de couverts, les types de fourchettes y étaient inscrits entre autres. Mais fort heureusement, pour ce pays adepte des traités, les ministres successifs, avec plus ou moins de facilité, avaient changé la réalité stricte des protocoles en une réalité flexible, qui relevait désormais du bon sens en fonction du contexte. C'est dans ce contexte que la diplomatie teylaise avait fait de grandes entorses aux différents protocoles existants pour l'accueil de Lorenzo, Secrétaire général de la Loduarie Communiste.

Alors que le Royaume de Teyla avait une politique de transparence totalement publique et vis-à-vis des oppositions, le ministère des Affaires Étrangères s'était contenté d'un communiqué public court et bref annonçant la rencontre. Le communiqué évoquait une rencontre dans "un esprit de dialogue conjoint afin de préserver la paix." Une formule qui ne devait pas contrarier les Loduariens, de plus cette formule permettait de donner une "bonne" image au dirigeant loduarien. En outre, la présence du Secrétaire général arrivait dans un contexte très tendu entre les deux nations, après plusieurs années d'hostilités mutuelles, ayant atteint leur paroxysme avec le blocus de la Manche-Blanche à la flotte loduarienne, par l'Organisation des Nations Démocratiques. Bien que ce fût dans le cadre de l'Organisation des Nations Démocratiques, le Royaume de Teyla avait participé à ce blocus.

La liste de griefs était longue pour les deux nations. Toutefois, dans une optique de conciliation et dans l'espoir de ne pas voir apparaître la guerre en Eurysie de l'Ouest, une situation qui permettait le développement économique de cette zone géographique et en faisait la première zone économique du continent, le Royaume de Teyla avait fait, encore une fois, un geste envers la Loduarie Communiste, tout en haussant le ton contre cette dernière dans les missives, avoua intérieurement Pierre Lore. À son arrivée au ministère des Affaires étrangères, il y a deux ans, il avait trouvé le ton des missives teylaises adressées à la Loduarie, écrite par son prédécesseur, trop laxiste envers le manque de respect qu'avait entrepris la Loduarie Communiste. Il avait à cœur que cette situation ne pouvait durer, quitte à remettre en cause la légitimité du Secrétaire général.

Au regard du changement de ton sur la dernière missive, il espérait sincèrement que le message fût compris. Il ne s'attendait pas à un changement dans la méthode diplomatique utilisée par les Loduariens, mais il s'attendait à un respect mutuel entre les deux interlocuteurs. Pierre Lore attendait à une dizaine de kilomètres de la ville de Villedor, loin de l'agitation urbaine typiquement teylaise et des regards indiscrets ou encore des manifestants voulant perturber la rencontre. C'était une vieille bâtisse en bois, témoin silencieuse des décennies précédentes, qui allait accueillir la rencontre. Le vent froid de l'hiver balayait les alentours, rendant l'attente immobile devant la bâtisse de la délégation étrangère très désagréable pour Pierre Lore. Il était réfugié dans d'immenses couches pour combattre ce froid glacial et cette neige qui commençait à tomber, laissant apparaître un fin manteau de neige au sol. Pierre n'offrit aucune main à Lorenzo, mais uniquement des mots.

- Votre Excellence, bienvenue au Royaume de Teyla. Peut-être que les archives font défaut, mais je n'ai trouvé aucune archive de votre venue sur le sol teylais, est-ce le cas ? Interrogea-t-il pour faire la conversation.

Après quelques banalités, les deux hommes entrèrent dans la bâtisse qui était bien gardée, avec un service d'ordre loin d'être discret. Une fois à l’intérieur, Pierre Lore retira ses gants et les posa sur une petite table de bois près de l’entrée. En enlevant son écharpe, il reprit :

- Cette vieille baraque a plus d’histoire qu’elle ne semble le laisser croire, vous savez. Pendant de longues années, elle a servi de relais aux marchands voyageant entre Villedor et le nord du Royaume de Teyla. Une auberge de jeunesse, mais pour les marchands et les négociants. C'est ici, de manière assez ironique, que les fortunes passèrent du nord au sud ou inversement et même du nord à la Loduarie, de la Loduarie au Royaume. Maintenant, c'est plutôt un lieu où les diplomates discutent de l'avenir de leur propre nation et des liens qui lient ou défont les nations. Nous sommes, seulement, la continuité des comportements sociaux que nous observons après tout, dit-il avec un sourire.

Pierre Lore s'enfonça plus profondément dans la bâtisse, avançant d’un pas mesuré dans le couloir étroit menant à la pièce où allait se tenir la rencontre. À chaque pas, le parquet ancien grinçait sous son poids, ajoutant une touche presque théâtrale à son arrivée. Lorsqu'il poussa la lourde porte en bois, les deux hommes pouvaient apercevoir une pièce sobre. Seule la cheminée donnait un éclat de lumière à la pièce et offrait la chaleur aux étrangers passant par là. Ici, aucun garde ni dispositif de surveillance évident, aucune oreille indiscrète cachée dans l’ombre. Seuls deux hommes, venus discuter de l’avenir commun de leurs nations et, peut-être, de celui de toute l’Eurysie de l’Ouest. Sur un meuble, collé à l'une des fenêtres, on retrouvait des cendriers témoins de longues négociations, discussions.

À côté, un présentoir en argent accueillait des boissons chaudes, à savoir du café brûlant fumant, du thé tout aussi chaud. Il y avait aussi des alcools pour les esprits les plus courageux face à une rencontre qui s'annonçait tendue au premier abord. La lumière venant de la cheminée faisait danser les ombres sur les murs, donnant un air de théâtre ou d'école à la pièce, alors que l'air était de plus en plus chargé en tension.

Adossé à un mur, par-dessus un meuble ancien, Lorenzo pouvait apercevoir l'épée qu'il avait forgée de ses mains et offerte à Angel Rojas, lorsque ce dernier était venu en terre loduarienne. Un subtil message de la part d'Angel, permettant à Lorenzo de comprendre qu'Angel n'avait pas oublié les mots qui s'étaient dits ce jour-là. Un symbole encore plus important, quand on connaît l'honneur qu'accordent les Teylais à la parole, l'art oratoire, aux contrats et aux traités. Bien que cela était évident, elle informait discrètement Lorenzo qu'en Angel allait être mis au courant des mots et des promesses ou rancœurs dévoilés à l'aube d'une parole trop haute, dans cette pièce, dans cette bâtisse.

Outre cet objet, la pièce n'était pas remplie au-delà du nécessaire. Il n'y avait pas de table par ailleurs. Démontrant le goût des Teylais de casser les traditions. Mais cela montrait avant tout que le cadre, selon les officiels teylais, était qu'une discussion informelle où l'on n'allait pas prendre les décisions essentielles avant le véritable sommet. La Loduarie Communiste risquait d'avoir un avis différent, mais Pierre Lore espérait bien convaincre ses voisins communistes que, pour le bon déroulement, les décisions allaient devoir se prendre à plusieurs. Les Teylais avaient fait le choix curieux de placer uniquement des fauteuils, il y avait bien des meubles permettant de déposer les documents sur lesquels chacune des parties avait ses arguments. Là aussi, Pierre Lore espérait que cette configuration allait permettre une certaine fluidité dans la conversation. Ne pas pouvoir lire ses fiches agréablement permettait d'assurer l'écoute des paroles de son interlocuteur, se disait-il intérieurement sans trop de conviction.

Pierre Lore assis dans l'un des fauteuils accolés à la cheminée prit la parole et déclara sur un ton neutre :

- Que cette rencontre soit fructueuse pour la paix. Permettez que nous entrions dans le vif du sujet, s'il vous convient. Vous savez, vous avez un entêtement à croire que nous ne sommes pas sincères. Je ne connais pas les raisons. Est-ce parce que nous faisons partie de l'Organisation des Nations Démocratiques ou bien que nous avons conduit des actions hostiles contre la Loduarie Communiste suite aux vôtres ? Mais nous avons toujours été honnêtes avec vous. Nous avons toujours cherché à vous parler de manière respectueuse, mais vous sembliez toujours fuir les négociations ou seulement les discussions informelles.

Nous savons que si un conflit se déclenche en Eurysie de l'Ouest, ce sera une catastrophe pour nos deux nations, si elles sont impliquées. Nos démarches de paix ont toujours été sincères, seulement qu'à l'époque vous ne voyiez pas sur le long terme l'erreur stratégique que vous étiez en train de faire. Je vous reconnais que vous êtes seul contre sept nations, enfin pas exactement avec l'Union Internationale du Communisme et du Socialisme. Mais de notre point de vue, il est de votre responsabilité seule, la situation actuelle. En outre, vous avez engagé des démarches hostiles envers le Royaume de Teyla sans même réfléchir aux conséquences. Actuellement, votre nation ne peut résister à un affrontement militaire contre le Royaume de Teyla ou l'Organisation des Nations Démocratiques. Cela tombe bien, ce n'est pas notre volonté.

Mais que l'on soit clair, le Royaume de Teyla n'acceptera aucune agression armée ou tout simplement hostile contre la République d'Antares, qui n'a émis aucune action hostile envers la Loduarie Communiste. Vos discours télévisés sont dangereux et renforcent les tensions alors que c'est bien le contraire que nous voulons. Bien que cela ne fut pas répété, vous vous êtes engagés dans des actions que vous n'auriez pas vous-même acceptées. Vous n'auriez pas accepté qu'une quelconque nation contrôle des navires marchands loduariens, comme vous n'auriez pas accepté que des navires militaires suivent des cargaisons loduariens. Je fais référence au cargo teylais. Il y a une hypocrisie de votre part, qui amène toujours à des actes hostiles, armés, qui doivent cesser.


Pour en revenir à la situation géopolitique, la Loduarie Communiste, vous vous êtes isolé vous-même. C'est un geste d'ouverture extrême que la proposition d'un sommet permettant de discuter de cela et de convenir de solutions permettant d'assurer la paix et un dialogue constant. Comme nous vous l'avons signifié dans la missive, il me semble, l'objectif étant la répétition du sommet lors d'une crise majeure en Eurysie de l'Ouest.
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L'hélicoptère se posa presque au milieu de nulle part. Il n'avait que suivi les instructions données par le contrôle aérien Teylais, pourtant. Seule la présence d'officiels pouvaient contredire le fait que cet hélicoptère et ses passagers étaient nulle part.
Un homme descendit, en uniforme militaire simple, retirant une cagoule de son visage. Les voyages en hélicoptères n'étaient pas les plus chaleureux, après tout, surtout dans de telles conditions. Cela ne le dérangeait pas néanmoins, ce vent froid et violent ainsi que cette neige qui tombait. Il avait l'habitude.
Deux autres hommes suivirent, et descendirent de l'hélicoptère, armés de la tête au pied et lourdement protégés et équipés. Sur leur bras gauche, un symbole : celui de la "Main Gauche", l'élite parmi les élites, chargée de la protection personnelle du Secrétaire Général en poste. Mais qui était, à coup sûr, une expression et une extension du secrétaire général lui même.

Lorenzo leva la tête. Il vit l'endroit dans lequel on allait l'accueillir, il vit l'homme qui l'accueillait. Il l'écouta parler, et nota son absence de salutation physique formelle. Visiblement, tout, ici, était froid avec lui. Le temps, les bâtiments, son nouvel interlocuteur. Et il n'aimait pas ça. À croire que -rectification- tout cela était prévu et calculé. Alors puisque qu'on se montrait froid avec lui, autant faire de même.

Vous ne vous trompez pas. Au court de ma vie, entre la direction de la Loduarie, la guerre civile et la vie dans la rue pour pouvoir substiter jusqu'au lendemain, je n'ai jamais vraiment eu l'occasion de faire du tourisme inutile.

Il se tut sur cela. C'était suffisant pour entrer en matière, il le savait. Il suivit Pierre, tout en le regardant enlever ses nombreuses épaisseurs de tissu, alors même que lui ne portait presque rien. Il l'écouta attentivement, néanmoins.

Cette baraque, comme vous le dites, a servi à faire transiter entre Teyla et la Loduarie des richesses détenues par une poignée d'hommes, alors même qu'elles auraient étés plus à leur place dans les foyers de nos nombreux compatriotes d'autrefois. C'est là leur place, par ailleurs, à ces richesses. Il n'y a pas de quoi être fier de venir dans un lieu où l'exploitation de l'homme par l'homme vivait ses temps les plus forts.
Quelques soient les considérations diplomatiques qui suivent. Je ne crois pas participer ici au mêmes échanges que ceux que vous avez évoqués, voyez vous, et j'espère que ce n'est pas ce que vous vouliez dire. Ce serait une fort grossière insulte à mon égard.


Non, Lorenzo n'avait pas digéré certaines choses. Mais il s'arrêta là, c'était suffisant, et se contenta de suivre encore et encore à travers ce bâtiment en ruine et bon pour la dynamite.
Ce fut une surprise pour Lorenzo de revoir l'épée qu'il avait forgé, transportée en cette pièce. C'était étrange, aussi bien réconfortant que déstabilisant. Réconfortant car c'était une arme qu'il connaissait et qu'il savait manier. Déstabilisant, car c'était celle qu'il avait offert à un homme qui avait trahi sa confiance et joué avec lui. Et il savait donc que cette homme était au courant, ou qu'il serait au courant de ce qui se passerait ici. Par réflexe, il porta la main à sa poche où son couteau de combat était habituellement rangée, pour se rappeler qu'il ne l'avait pas pendant la rencontre. Mais il était trop tard pour dissimuler le geste.
Il s'assit dans un des fauteuils, assez mal à l'aise. Rien n'allait dans cette pièce. Rien. Il prit le risque de prendre un verre de vodka, le renifla et l'inspecta, et ne trouvant rien, le vida dans son gosier. Ça faisait du bien.
Il était prêt à écouter son interlocuteur, plus détendu.

J'ai mes raisons de croire que vous n'êtes pas sincères avec nous. En fait, je garde en mémoire le fait que votre pays est un membre de l'OND, que la dernière fois que nous avons initié un pas vers vous, vous vous êtes chargés de nous planter un couteau dans le dos avec Zladingrad et la Translavya, tout en ayant plus ou moins voulu assumer un soutien de cette dernière avant qu'elle s'en prenne à l'un de vos alliés -les archives diplomatiques de la Translavya nous le disent-que vous avez initié une opération visant à nous empêcher d'obtenir une victoire totale en Translavya et créant un état fantoche et illégitime servant à votre pays comme base avancée en Eurysie, en procédant à une colonisation à moitié camouflé de celui-ci. Je ne crois pas d'ailleurs avoir cherché à "fuir les discussions" ou même les "négociations" surtout considérant que les derniers rapports diplomatique d'ampleur que nos pays ont eu se sont passés avant les événements en Translavya et que ces rapports là avaient étés initiés par la Loduarie. Je crois également me rappeler que quand vous soumettiez un blocus et laissiez passer des missiles Translviques en direction d'infrastructures civiles Loduariennes, j'ai fait l'effort de laisser une porte ouverte à la diplomatie entre nos deux pays par la conservation de l'ambassade conjointe que nous avons. Peut-être ait je fais des erreurs par le passé et bien avant, mais l'erreur est humaine et peut être réparée dans tous les cas.

Passons maintenant à la prétendue hostilitée Loduarienne qui serait développée dans le but de nourrir un conflit ardent. Je ne peux nier que la Loduarie est hostile, car la Loduarie est franche et que cette franchise amène à ce que nous soyons hostiles. C'est normal. Maintenant parlons du fait que nous chercherions à voir un conflit émergé. Regardez moi, 30 secondes. J'ai une tête à vouloir un conflit ? Peut être qu'après 2 ans entiers passés à éponger le sang de me camarades et à donner la mort sur le champ de bataille, vous pensez que je n'ai pas eu ma dose de sang ?
Si jamais un conflit éclate c'est parce que votre pays l'aura rendu possible. Je suis un vétéran. Je connais les sacrifices que demandent une guerre. Et je ne veux pas les revivre. Quand à résister à L'OND toute entière, peut-être que oui, vous avez raison, nous n'y arriverons peut-être pas; mais surveillez vos mots. Si un tel scénario arrive, des milliers, voir peut-être un million, de morts surviendront. Vous voulez avoir ça sur la conscience, peut-être ? Je vous invite à repenser à ce qu'est un mort sur la conscience déjà, et ensuite nous pourrons reparler de ce sujet.

Bien entendu, cela s'applique également pour Antares. Mais à ce jour. Nous avons toutes les raisons de nous méfier de ce pays. Son positionnement stratégique, le pouvoir qu'il abrite, les décisions qu'il prend, l'argent qu'il mobilise pour faire face à une prétendue menace Loduarienne... Cela doit être une chose étrange pour vous, mais c'est inquiétant pour moi. Mes discours télévisés ne sont rien par rapport aux leurs et à ce qu'ils démontrent. Faites preuve d'objectivité, voyez vous.

Quant à vos navires. Libre à vous de vous faire respecter vous mêmes. La Loduarie vit avec l'état d'esprit que la plupart des choses sont une menace. Point.

Maintenant parlez moi de ce sommet, plus en détail. Pourquoi devrions nous franchement accepter ? Nous sommes déjà en train de régler nos problèmes directement avec Antares. Cela ne suffit donc-t-il pas pour que Teyla décide de s'en mêler ?
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Ministre des Affaires Étrangère du Royaume de Teyla
Pierre Lore, Ministre des Affaires Étrangères.


Pierre Lore répondit à la première réponse faite à l'extérieur par un signe de tête qui montrait une véritable compassion pour les événements que Lorenzo avait dû lui-même subir, bien qu'il pût en être à l'origine de certains. Mais la plupart des événements avaient meurtri la Loduarie Communiste à une époque sombre pour elle, et il reconnaissait la dureté que cela devait être. La guerre civile teylaise qui se termina en mille huit cent soixante-six marquait encore les esprits des teylais. Toutefois, il eut beaucoup moins de compassion pour la deuxième réponse de Lorenzo, une fois à l'intérieur de la bâtisse en bois. D'un ton tranchant, il répondit :

- Il faut dire que maintenant que la Loduarie Communiste n'a plus aucune richesse économique comme culturelle à offrir, ce qui est bien dommageable et porte préjudice à votre noble et grande nation. Mais je ne gouverne point la Loduarie, je n'y peux rien. Le peuple teylais, lui, a des raisons d'être fier d'être teylais. Je vois venir votre réponse, alors je le dis présentement : le Royaume de Teyla a de nombreux défauts qu'il doit corriger, je l'admets volontiers. Mais nous partageons notre savoir et notre culture avec le monde et nous acceptons volontiers les cultures étrangères, même la vôtre. Vos citoyens sont libres de circuler au Royaume de Teyla tant qu'ils ont des visas et des titres de séjour qui sont rarement refusés.

Votre dénonciation de l'exploitation de l'homme par des hommes serait pertinente si ce n'est que vous faites la même chose au niveau de la Loduarie Communiste. Même si vous défendez l'idéal communiste, votre idéologie réelle est plus qu'éloignée de cette dernière.
( Il ne parle pas du camp, car secret tkt pas )

Une fois à l'intérieur de la pièce dans laquelle la rencontre avait lieu, Pierre Lore remarqua le geste, presque de réflexe, de Lorenzo mais n'y réagit pas vraiment. Il n'en parla pas et ne démontra aucune émotion de jugement à travers son visage et ses gestes. Il s'assit tout simplement. Il écouta attentivement Lorenzo lui répondre et déclara sur un ton neutre mais grave :

- Vos raisons sont fausses, je maintiens ma position sur cette question. L'Organisation des Nations Démocratiques, qui n'est qu'une alliance défensive, vous en conviendrez. Par ailleurs, vos actions ont contribué à la légitimer auprès des populations des États-membres et auprès d'États tiers. Vous vous plaignez d'une réaction que vous avez entraînée, c'est spécial, vous en conviendrez. Outre le fait que votre remarque sur le fait que la République Translavique soit un fantoche est bien évidemment fausse, ce n'est pas la Démocratie Communiste de Translavya qui a eu des membres du P.E.V dans son gouvernement ? Outre l'aspect insultant pour le pays, il convient de dire que si des membres de nationalité étrangère sont dans le gouvernement, il n'a plus aucune souveraineté. Vous venez vous plaindre, alors que vos actions sont pires et insultantes pour la nation de Translavya et son peuple qui a subi les affres d'un gouvernement fasciste. La République Translavique n'est pas illégitime, toutes ses actions sont prises de manière indépendante par son gouvernement.

Les missiles Translaves étaient des missiles balistiques. Lorsqu'ils se trouvaient sur le territoire teylais, ils ne pouvaient pas être interceptés, non pas par manque de volonté politique ou militaire, mais par manque de moyens techniques. La courbe et la trajectoire ne permettaient aucune interception au-dessus du territoire teylais, ce que je regrette. Si vous n'avez pas pu intercepter les missiles, comment aurions-nous pu le faire, dites-moi ?

Pierre Lore sourit lorsque Lorenzo prononça le mot "franche" pour définir la Loduarie Communiste. C'était le plus beau mensonge qu'avait transmis dans les esprits la Loduarie Communiste du point de vue d'un Teylais moyen et encore plus d'un membre du gouvernement de Sa Majesté. Peut-être que la franchise valait à l'international, quoique Pierre Lore en doutait fortement, mais la franchise ne valait pas sur la scène interne de la Loduarie Communiste. Le Secrétaire général n'avait pas la légitimité du peuple, de son peuple, parce que ce dernier n'avait confiance en rien, même pas en son peuple. Du moins, c'était l'analyse qu'en faisait le Royaume de Teyla et même en interne du Royaume, le débat existait.

- Si la Loduarie était franche, vous ne seriez pas devant moi et la composition de l'Assemblée loduarienne, comme celle de la Démocratie Communiste de Translavya, serait autre. La franchise est tout le contraire d'avoir des élections truquées qui ne reflètent en rien la volonté populaire et l'intérêt général. La confiance ne se gagne pas uniquement par des mots qui peuvent être transcrits sur la scène internationale, mais par des actions tant sur la scène internationale qu'intérieure, Votre Excellence. Ce qui va suivre va peut-être vous surprendre, mais le Royaume de Teyla lutte beaucoup pour que les partis communistes ne soient pas interdits dans des nations étrangères. Nous luttons beaucoup pour la liberté d'expression et nous pensons que celle-ci prévaut pour les mouvements communistes. Pendant ce temps, nous voyons une Loduarie Communiste faire la guerre ou encore insulter un ministre des Affaires Étrangères et peut-être se renfermer sur elle-même.

Soyons sérieux, Votre Excellence, on n'obtient rien avec une telle virulence en dehors de la haine. La haine mène rarement à une situation pacifique et vous le savez très bien en ayant par le passé plusieurs fois fait usage de ce mécanisme. Concernant votre visage, je ne dirai rien, mais sur votre attitude, je peux m'exprimer librement. Vous avez une attitude à vouloir enclencher un conflit, consciemment ou non d'ailleurs. Les multiples renforcements de la frontière teylo-loduarienne, la non-coopération sur l'affaire des deux Teylais tués, vos arguments fallacieux sur Zladingrad et la Translavya sont autant de preuves nécessaires allant vers une analyse qui tend vers une volonté de conflit, si ce n'est armé, diplomatique avec le Royaume de Teyla. Dès deux mille onze, la Loduarie Communiste a démontré son hostilité en mettant en place des exercices militaires sans prévenir le Royaume de Teyla.


Une fois de plus, Pierre Lore a montré sa virulence et son hostilité envers la Loduarie, un comportement qu'il ne cachait pas, au contraire. La virulence de Pierre Lore contre le régime loduarien n'était pas inconnue au Gouvernement de Sa Majesté, maintenant ou avant sa nomination au poste de ministre des Affaires Étrangères. La présence de Pierre Lore à cette réunion, au lieu du Premier ministre Angel Rojas, bien plus conciliant dans ses mots vis-à-vis de la Loduarie, devait alerter le Secrétaire général. Elle reflétait un basculement lent de la vision qu'avait Teyla de la situation, mais aussi du basculement qu'opérait au niveau des actions le Royaume de Teyla. Le dialogue laissait petit à petit place à une fermeté de plus en plus visible. Le pire étant que ce comportement, ce basculement n'était rien comparé à celui opéré par Julia Roberta, présidente du parti Les Royalistes.

L'État central, l'appareil d'État qui avait jusqu'ici résisté aux volontés de la population d'un discours plus ferme envers la Loduarie Communiste semblait ne plus résister à ces volontés populaires. Pierre Lore était pourtant reconnu comme un pacifiste et il le restait même sur le dossier loduarien, mais avec une fermeté et un ton plus prononcés que son prédécesseur tant que le comportement de la Loduarie resterait ainsi et que les insultes continueraient de fuser à son encontre. Pierre Lore se disait, qu'après tout Lorenzo voulait de la franchise alors, il lui donnait toute la franchise qu'il pouvait.

Votre position sur Antares démontre que vous ne comprenez pas comment fonctionne une démocratie, je le crains. Cela n'est pas étonnant au regard de l'évolution de la démocratie loduarienne sous votre mandat, qui dépend plus de votre bon vouloir que de la volonté du peuple loduarien. Les discours virulents dans une démocratie ne sont pas une chose à prendre à la légère, je vous le concède. Mais en aucun cas cela veut dire que la République vous fera la guerre, vous mènera la vie dure. Pour l'instant, cela ne reste que des mots depuis plusieurs mois. À ma connaissance, la République d'Antares n'a mené aucune politique hostile à votre encontre. Encore une fois, votre attitude tend à aller vers une preuve supplémentaire que la Loduarie souhaite un conflit. Vous voyez une hostilité au sein de la République qui n'existe que dans vos yeux, et après que vous ayez abordé un navire marchand dudit pays.

Vous provoquez des nations entières à travers des actes hostiles dans l'espoir que lesdites nations répondent encore plus fermement avec plus d'hostilité, pour pouvoir présenter de faux arguments sur la scène internationale et auprès du peuple loduarien. Pardonnez-moi, mais je ne peux croire que les morts loduariens vous pèsent et vous pèseront sur la conscience un jour. C'est triste, mais ainsi est mon avis, et j'espère que vous pourrez me démontrer que j'ai tort.


Sur un ton beaucoup plus jovial, Pierre Lore continua sa longue réponse au Loduarien, cette fois-ci sur le sommet que prévoyait d'organiser le Royaume de Teyla.

Voyons, cela n'est pas une question de suffisance ou non. Que vous régliez vos problèmes directement avec la République d'Antares, nous le respecterons, et chacune des décisions conjointes qui sortira de votre relation bilatérale avec la République, nous les reconnaîtrons comme légitimes et nous les respecterons bien entendu. Cependant, ce sommet est créé dans le but d'offrir des possibilités bien plus grandes pour chacune des nations afin qu'une détente régionale soit discutée entre les parties.

Ne voyez pas le sommet comme un format unique. Si les nations s'entendaient, il pourrait très bien être répété annuellement ou à la demande de l'une des nations dans le but de prévenir des tensions régionales, une escalade qui serait peut-être mortelle. Vous qui vous inquiétez de milliers de morts, ce qui est aussi le cas du Royaume de Teyla, il convient qu'un sommet dans lequel les nations frontalières à la Loduarie Communiste se réunissent aurait le mérite de réduire drastiquement les risques d'un conflit.

Les sujets qui préoccupent chaque nation pourront être mis sur la table et discutés pour éviter méprise et quiproquo. C'est pourquoi, dans notre missive, nous avons parlé d'une démilitarisation progressive des frontières et de limiter les équipements militaires aux frontières. Ces décisions ne peuvent se prendre ou être refusées sur un coup de tête, mais elles doivent être discutées, et chacune des nations sera à égalité avec les autres. Si le premier format Manticore est une réussite, alors il pourra être répété comme je l'ai dit précédemment. Pour que l'égalité soit respectée, il me semble primordial que les décisions prises doivent être prises à l'unanimité des membres, ainsi chaque nation aurait un droit de veto.

Mes mots à votre encontre ont été durs, je le reconnais, Votre Excellence. Nous avons ce talent de reconnaître ce que nous faisons, nous les Teylais. Mais outre cet aspect, ce n'est pas parce que mes mots sont durs qu'ils ne sont pas respectueux, bien au contraire. Nous respectons la Loduarie Communiste et ses habitants, son peuple. Nous entendons les inquiétudes sécuritaires que vous avez émises au Royaume de Teyla dans vos diverses missives. C'est aussi pourquoi nous proposons ce format sous la forme d'un sommet. C'est l'un des meilleurs moyens pour que les nations frontalières à la Loduarie Communiste rassurent votre nation sur leurs intentions.
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Je ne compte plus le nombre de fois que j'ai été insulté dans ma vie. En tout cas si je le faisais, ce que vous venez de me dire aurait été compté sans aucun doute.

Alors comme ça, je ne suis qu'un vulgaire dictateur, illégitime de gouverner la Loduarie ? Que nos élections sont truquées ? Vous devez bien être le premier officiel étranger qui me balance ça à la figure.


Le regard de Lorenzo était devenu intense, violent. Presque brûlant.

Que cherchez vous, exactement ? Me faire réagir violemment ? Déclencher en moi quelque chose, pour votre petit plaisir personnel, ou autre chose ? Des directives données par un pouvoir plus haut placé ?

Il jetta un coup d'œil à l'épée, dans un coin.

Sachez donc que vous n'y arriverez pas. J'ai passé trop de temps, dans ma vie, à m'énerver pour des raisons futiles. Je ne vais pas recommencer aujourd'hui.

Quand à la question de savoir si nous voulons initier un conflit. Croyez vous vraiment que je vais le faire ? Vous croyez que je n'ai rien à faire de la vie des autres, peut-être ? Selon votre dires, il semblerait. Peut-être que je n'aurais rien à faire de la vue de ma propre famille, alors ? Voyez vous, ce n'est pas le cas. Je sais ce qu'il leur arrivera, si jamais je lance un conflit volontairement avec votre pays. Je ne suis pas idiot. Si jamais je dois lancer un conflit, très honnêtement, je ne le ferais pas maintenant ni demain. Ni même dans un avenir lointain. Mais parce que il n'y a plus aucune issue, ou que je n'ai pas le choix parce que vous l'avez initié. Voici les deux seules raisons pour lesquelles je pourrais lancer un conflit. Dans les faits, il ne tient qu'à vous de me le permettre ou non.
Ma ligne a toujours été claire. La Loduarie est un pays prêt à s'engager jusqu'à la mort pour vous si il le faut. Certes nous sommes brutes. Certes nous avons nos propres règles sur nos terres et par rapport à nos alliés. Mais, comme toujours, il s'agit de nos affaires.
Je peux comprendre que vous ayez considéré que nous vous avons étés hostiles, ou du moins que nous avons semblé l'être. Il n'empêche que cela ne sera jamais une véritée éternelle. Comme je vous l'ai dit. Quand j'ai essayé de réparer nos possibles erreurs avec vous, vous avez décidé de vous montrer hostile, et de laisser un pays d'obédience fasciste nous bombarder avec ses missiles. Et ne dites pas que vous ne pouviez rien faire : car vous pouviez nous prévenir que ces missiles arrivaient. Sans compter que vous étiez prêt à soutenir ce régime fasciste, avant qu'il décide jouer à l'idiot, selon les archives diplomatiques que nous avons obtenu.

Maintenant parlons de la situation actuelle. Sachant que vous nous aviez envoyé un message très clair après la Translavya, il était normal que je craigne de votre part une tentative de finir le travail. Les très nombreuses structures défensives qui ont étés construites le long de la frontière, auquelles vous faites allusion, ne sont construites que dans une vision défensive. Pour pouvoir être sûr de contenir le choc d'une attaque coalisée entre Teyla et l'OND à l'encontre de la Loduarie communiste. Avez vous dejvu des bunkers, des mines et des barbelés se déplacer pour envahir ? Non.
Depuis le coup bas de Zladingrad, la Loduarie est dans une pensée défensive. Mais nous avons atteint nos limites face à l'OND, et à Teyla. Il est temps pour nous de nous ignorer avant de déclencher un conflit plus grave. Le nombre d'attaques de la part de vous ou de vos membres que j'ai à chaque fois désamorcé en interne... Vous ignorez le nombre des fois que j'ai dû retenir mes généraux de déclencher une guerre à votre encontre ou à l'encontre de l'un de vos alliés.
Sauf que dans les prochains jours, comme vous le verrez, je mettrai fin à cela.

Alors oui, un possible sommet tel que vous en parlez peut m'intéresser. À vrai dire. La Loduarie avait initié un tel projet il y a fort longtemps mettant dans la confidence la Galouèse et la Clovanie, ces derniers que nous avions chargés de vous convaincre d'y prendre part. Le saviez vous ? Oui, je suis sûr que vous le savez. À ce jour, selon les informations que nous avons obtenues, il n'y a jamais eu de suite à cela. Aucune.
Un projet similaire. Qui est tombé à l'eau. Sans plus.
Je suis prêt à essayer le vôtre. Mais si il ne convient pas, alors je ferrais à nouveau basculer la Loduarie dans le repli sur laquelle elle est. Profitez tant que vous pouvez, l'année prochaine sera une année plus ouverte pour la Loduarie, comme vous le verrez avec mon prochain discours.


Il s'était détendu, ça se voyait. Son regard était las, rempli de fatigue. Il glissa une main dans une de ses poches, et en sortit un petit paquet, sortant quelques biscuits secs, en mangeant un.

Un biscuit sec ? Veuillez m'excuser, mais j'ai pas beaucoup mangé ces derniers jours, beaucoup de travail. Ça me rappelle les bons moments que j'ai passé pendant la révolution. Ce temps de pause entre deux attaques, à savourer un bref repas, sachant que c'est peut-être le dernier. M'enfin.
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