11/05/2017
16:10:27
Index du forum Scène Internationale Diplomatie internationale

Jashuria - Aykhanides ; Rencontre des Oulémas

4907
La rencontre des Oulémas
Illustration des oulémas aykhanide de l'époque, la tenue ne change que peu
Au Grand Beylicat, les religieux, ou pour dire mieux les Oulémas, sont présents depuis toujours. Ils sont inclus tant dans les affaires de l'État que dans la diplomatie, puisque la plupart des diplomates sont aussi des diplômés d’Imamiyya, Imam-Hatip” en yözid, et surtout, ils contrôlent l’absoluté du pouvoir judiciaire. En effet, depuis toujours dans l’histoire des yözids musulman, les religieux font appliquer les lois d’Allah. Avant eux encore, durant la période pré-islamique des yözids avec la croyance Gökhaniste (tengrisme yözid), les religieux décidaient des sorts des criminels et des indemnités des innocents. Le Grand Chaman avisait les Haut-Beys sur leurs décisions, et leurs rituels et écrits anciens étaient pris très au sérieux. Aujourd’hui encore, même après la révolution de 2012 et l’installation de la monarchie constitutionnelle élective, les religieux ne sont nullement exemptés de pouvoir. D’un côté, le fait que leur autorité soit aussi forte et que leur cohésion avec les autres institutions de l’Etat soit faible, fait d’eux une entité dangereusement puissante face au gouvernement et encore plus face aux parlementaires, d’un autre côté, cette crainte et en même temps admiration portée sur eux par le peuple et le gouvernement créer un sentiment de sécurité en même temps que de peur d’enfreindre les lois. C’est grâce, ou à cause, des religieux, que la révolution à attendu jusqu’en 2012 après la terrible période post-sélimienne. Leur influence et leur autorité forte, est quand même pas incontrôlé, puisque le Qadi est toujours légitimement à la tête des religieux et de la justice, veillant à ce que jamais aucun abus de pouvoir et injustice ne soit commis. Même outre l’Islam, au Grand Beylicat les deux autres religions abrahamique ont leur représentant officielle au sein même de l’état et de la cour de justice.

Toutes ces explications pour dire à quel point l’Islam et les religions abrahamiques en générale sont dans une bien différente position en Yözidie qu’au Jashuria. Pour autant, la preuve est cette rencontre qu’au Jashuria, les religieux ne sont pas moins restreints et soumis au silence comme ça pourrait l’être dans d’autres états laïques qui voient cette notion comme une éradication et éloignement totale des religieux. Si le Grand Beylicat a souhaité entreprendre cette rencontre avec le Jashuria, c’est bien parce que son cas a prouvé au Sublime Palais que des nations permettant le libre de culte équitable et juste pouvait exister parmi les Etats laïques.

Car oui, c’est avec une étude des cités diplomates religieux et des oulémas que le gouvernement Aykhanide à pu venir à la conclusion de la nécessité d’une coopération religieuse avec le Jashuria. En plus de l’Islam sunnite, elle abrite en elle des communautés et tariqah sunnites soufis, dont les racines sont très proche de la Yözidie et dont leur présence ne manquent pas au Grand Beylicat. Pour les savants, préserver la culture religieuse intacte au Nazum toute entière est importante, car c’est l’un des seuls continents où sa pérennité et sa paix est autant assurée. Par le biais de cette rencontre, les religieux aykhanides et jashuriens allaient pouvoir travailler ensemble sur un projet de recherche et d’implantation islamique d’abord entre les deux nations, puis ensuite même vers le Nazum tout entier. Qui sont les mieux placés pour le faire, que les deux nations avec les communautés islamiques les plus valorisées et qui de plus partagent un intérêt Nazuméen en commun, afin d’organiser de grands évènements et projets islamique sur l’entièreté de ce continent. La consolidation et la complicité Jashuro-Aykhanide, permettra sans aucun l’établissement d’une grande autorité religieuse qui permettra de représenter et guider les musulmanes de tout le continent Nazuméen. Bien sûr, pour commencer, il fallait mieux parler d’abord de sujets nationaux, pour progressivement approcher l’idée à l'échelle Nazuméenne.

Afin d’accueillir au mieux les représentants des Tariqah Unifiés du jashuria, les représentants religieux aykhanides avaient organisé la rencontre au Grand Medrese de Muzafferbey, collée à la mosquée de Muzafferbey à Otukhan. A leurs arrivées, la délégation religieuse de Jashuria ont été emmenée en petit convoi jusqu’au dit lieu de rencontre. Le Sheykh Osman Bedreddin et l’Imam de la grande mosquée d’Otukhan se tenait devant le medrese, avec derrière eux plus loins, les bras croisés et le regard curieux, des élèves religieux.

Comme dans les précept de l’Islam, il est de la sunna et de l’ordre que celui qui arrive à un endroit salue ceux déja présents en premier, le Sheykh attendit le leur, avant de répondre ;


“ Wa Aleykum Selam Ve Rahmetullahi ve Beraktuhu (Que la paix, la miséricorde et la bénédiction d’Allah soit sur vous aussi), bienvenue à vous tous, vous avez apporté avec votre venue le beau temps sur notre Medrese, et la chaleur dans nos coeurs. Je ne peux que remercier Allah de nous avoir permis de nous rencontrer enfin et pour de si belles circonstances.”

Un des imams s’avance avecun coffret dans la main, l’ouvre et le présente aux invités jashuriens, le Sheykh continue ;

“Ce simple présent vient de la part de nos élèves, c’est de l’eau de cologne et des parfums que nous fabriquons ici même et qui sont distribués généralement aux religieux en récompenses. Nous distribuons aussi le surplus durant les fêtes et la prière du vendredi aux fidèles d’Allah venant partager nos prières. J’espère qu’ils vous plairont. Le voyage s’est-il bien passé, inchAllah?”
9623
La rencontre des Oulémas


Banniere


La délégation jashurienne se distinguait de son homologue aykhanide par sa composition. Composée essentiellement de femmes, la délégation représentait bien les particularités de la société jashurienne : une société méridionale où les femmes avaient pendant longtemps occupé des positions de pouvoir. A ce titre, la diplomatie jashurienne était principalement contrôlée par des femmes ayant fait leurs armes à l’étranger, généralement dans les pays où elles étaient par la suite amenées à officier. La religion n’était pas exempte de cette particularité, et notamment dans le cas de l’Islam. Si dans les autres religions présentes au Jashuria, le clergé était plutôt composé d’hommes, l’Islam jashurien était quasi-exclusivement composé de femmes. Cette situation, fruit de siècles d’évolution interne de l’Islam jashurien, avait permis la création d’une tradition musulmane indépendante – voire rebelle aux yeux des Oulémas les plus conservateurs – du reste des traditions islamiques les plus anciennes. Beaucoup plus libérale que la plupart des écoles de l’Islam, le Soufisme jashurien était ancré dans une modernité qui défrisait la barbe des Oulémas afaréens. Il fallait dire que les Soufies jashuriennes ne s’en laissaient pas compter ! Particulièrement attachées à leur indépendance vis-à-vis des autres courants de l’Islam, elles s’étaient depuis longtemps converties à l’idée que l’absence d’égalité dans les rapports hommes-femmes dans les textes sacrés devait être réinterprété avec soin. Petit à petit, siècles après siècles, les Soufis avaient retravaillé leur analyse du canon pour y intégrer leurs propres commentaires, leurs propres interprétations et leurs propres méditations, en liaison directe avec l’évolution de la société jashurienne. Il en résultait que les Oulémas et les Imams du Soufisme jashurien avaient purgé depuis longtemps les scories qui maintenaient les femmes dans un état de mineure à perpétuité et les éléments les plus patriarchaux de l’Islam, pour se concentrer sur la vénération du Divin et la recherche de la vérité et de la beauté de Sa création.

Au-delà des transformations du Soufisme jashurien, c’était bel et bien la société jashurienne qui avait changé au cours de ces dernières décennies. Le pays s’était relevé, exploitant ses riches terres et tissant des réseaux commerciaux par-delà les océans et les frontières. Profitant d’une démographie croissante et d’un véritable appétit pour la recherche du progrès, la société jashurienne était parvenue à rattraper, puis dépasser, les pays les plus avancés des autres continents. D’inspiration libérale, et fortement inspirée par la spiritualité de sa population, le Jashuria abordait le XXIe siècle avec patiente et optimisme, essayant de consolider pas à pas ses acquis. La nation jashurienne s’était constituée autour de l’idée que les individus devaient participer à leur niveau à la prospérité commune, au travers de l’accomplissement individuel. Dès leur plus jeune âge, les individus étaient encouragés à se dépasser pour apporter leur pierre à l’édifice jashurien, et à aimer les libertés procurées par le fait de vivre dans un régime parlementaire, certes assez cryptique aux yeux extérieurs, mais pétri de traditions et de relations interpersonnelles. L’Etat jashurien s’était officiellement séparé des clergés des différentes religions, poussé par le souci de ne pas s’aliéner l’une ou l’autre et surtout, afin de préserver la tranquillité des agnostiques, des athées, et de tous ceux qui vénéraient des divinités tierces, mais sans avoir de représentants. Toutefois, si l’Etat n’intervenait dans les activités des cultes que pour des raisons de sécurité publique, il aurait été sot de penser que les clergés n’avaient aucune influence sur la société jashurienne. Les Jashuriens pratiquaient une forme de tolérance religieuse qui s’arrêtait quand la liberté des individus était menacée. Ainsi, si une très large partie de la population était Hindouiste, il régnait dans le pays une acceptation des diverses formes de croyances, pour peu que l’on n’empiétât pas sur les libertés et le libre-arbitre de son prochain. Pendant des décennies, les sectes avaient été combattues et mis au ban de la vie publique, au prix souvent d’affrontements sanglants, qui avaient marqué le pays il y a deux siècles, lors de l’établissement de la Première République.

La délégation jashurienne était à l’image de ces transformations sociétales dont le pays récoltait les fruits en ce début du XXIe siècle. De toutes les personnes rassemblées au Grand Beylicat pour cette occasion, trois femmes de la délégation se distinguaient par leur prestance. La première était une figure connue de la diplomatie jashurienne. Dame Parvati Mathai, Quatrième Ambassadrice du Jashuria, était probablement l’une des personnalités les plus en vue du Nazum. Ayant repris le flambeau de la Première Ambassadrice Preecha aux affaires nazuméennes, Parvati Mathai s’était distinguée par une diplomatie active et ferme, afin que le pays conserve les rênes sur la plupart des affaires importantes dans la région. Sa présence lors de cette conférence avait été confirmée de longue date, après d’âpres discussions au sein du Cercle Intérieur. La présence de représentants de l’Etat jashurien à un conclave à la fois religieux et politique était très peu courante, et le pays se devait de tracer des limites claires entre son champ d’intervention et celui des représentants religieux. Parvati Mathai avait été correctement briefée par le Cercle Intérieur : elle se devait de rester dans son rôle et ne surtout pas déborder de ses attributions. La moindre marque de favoritisme serait immédiatement prise comme une rupture du contrat social existant au Jashuria. Vêtue d’un élégant sari bleu brodé de dentelles, la dame avait répondu avec tout le sérieux et la politesse dû à sa fonction au Sheykh, le remerciant pour ses mots de bienvenue, s’inclinant pour faire une élégante révérence à son interlocuteur et envers l’imam de la grande mosquée d’Otukhan.

« Paix et prospérité pour vous, votre maisonnée et votre peuple, Sheykj Bedreddin. Veuillez recevoir les vœux de santé de la part du Cercle Intérieur et des institutions jashuriennes, en vertu de l’amitié qui lie nos deux peuples. Vous connaissez déjà Madame la diplomate Gardezi, mais laissez-moi vous présenter Dame Shima Kashani, Grande Ouléma des Tariqas Unifiées du Jashuria, qui a succédé l’année passée à la regrettée Grande Ouléma Nashva Reza. »

Parvati Mathai ne fut pas celle qui reçut officiellement le présent des imams aykhanides. Son rôle lui interdisait de recevoir des présents de la part d’officiels religieux. Ce ne fut pas le cas de l’Ouléma Shima Kashani. Grande Ouléma des Tariqas Unifiées du Jashuria, Dame Kashani était à 38 ans la représentante officielle de l’ensemble des communautés soufies évoluant dans la Troisième République du Jashuria. Docteure en sciences des religions – religions entendues comme fait social – Shima Kashani avait acquis sa position au terme de la dernière assemblée plénière des Oulémas des différentes Tariqas du pays, remplaçant l’auguste Ouléma Nashva Reza, qui s’était illustrée pour sa longévité à ce poste et pour sa capacité à fédérer les différentes communautés. Shima Kashani avait eu la chance de s’asseoir à un siège qui était déjà relativement stable, mais cela signifiait qu’elle devait désormais faire ses preuves en tant que représentante, car derrière elle, le clergé était en recherche d’une légitimité officielle au sein de la Oumma. Vêtue d’une élégante robe blanche et d’un foulard cachant une partie de ses cheveux, elle s’affichait comme une figure de modernité au milieu des vénérables Oulémas aykhanides. Elle accepta avec déférence les présents du Sheykh et de l’imam – par le biais de l’un des assistants présents - et fit offrir à ses homologues aykhanides des cadeaux :

« La paix d’Allah soit sur vous, honorable Sheykh Brededdin. Au nom des Tariqas Unifiées, veuillez accepter cet humble présent, pour vous, et votre auguste assemblée de sages. Voici une reproduction fidèle du Livre des Passages, l’un de nos plus précieux ouvrages relatant de l’arrivée de nos ancêtres au Nazum. Ces rouleaux ont été enluminés à la main par nos plus grands artistes d’Ankévran. Nous avons à cœur de débuter les discussions sous les meilleurs auspices possibles. »

A ses côtés se tenait la diplomate Mahdeeya Gardezi. Affectée aux relations jashuro-aykhanides, la jeune diplomate n’avait pas encore le crédit que l’on pouvait accorder à Parvati Mathai, mais avait fait jusqu’à présent preuve de diligence et d’efficacité dans son travail. Elle espérait que sa position en ressortirait renforcée à l’issue de ces discussions, mais elle se savait elle-même en train de marcher sur un fil tendu. Mahdeeya n’avait jamais caché ses opinions religieuses et elle savait qu’elle devait composer entre son engagement auprès de la Troisième République du Jashuria et ses propres vues en matière d’affaires religieuses. Si elle savait pour l’instant séparer les deux, c’était bien parce qu’elle n’avait jamais été dans une posture où elle devait choisir. Sa nomination au poste de diplomate au sein du Grand Beylicat était un test de loyauté pour elle, dessiné par Dame Mathai. Elle se devait de prouver qu’elle était à la fois capable de soutenir les intérêts de l’Etat jashurien, tout en faisant abstraction de ses propres sentiments religieux. Aux côtés de Dame Kashani et de Dame Mathai, elle incarnait cette jeunesse jashurienne qui se retrouvait à devoir composer entre deux domaines et à devoir tracer sa propre voie. Vêtue d’une élégante tenue blanche surmontée d’un manteau rouge, un élégant voile vert d’eau encadrait ses cheveux. Elle salua avec déférence l’assemblée aykhanide présente sur le parvis du Grand Medrese de Muzafferbey.

« Nous avons profité de notre arrivée à Otukhan pour faire visiter à Dame Mathai et à Dame Kashani les merveilles architecturales de votre capitale. Il est toujours bon de s’imprégner de la culture locale et de prendre le pouls d’une nation avant toute rencontre, dit Mahdeeya d’un ton qui se voulait à la fois respectueux et déférent. La Quatrième Ambassadrice a pu visiter l’ambassade et s’est déclarée particulièrement satisfaite du soin que vous avez apporté à notre accomodement. »

L’installation de l’ambassade jashurienne dans le Grand Beylicat avait été parfaitement supervisée par les officiels locaux. C’était un fait assez rare pour être noté, mais la coopération entre les officiels jashuriens et les officiels aykhanides avait été parfaitement fluide et professionnelle. Mahdeeya savait que ce n’était pas toujours le cas avec les pays d’accueil, où plusieurs de ses confrères et consoeurs s’étaient heurtés à de nombreuses incompréhensions avec les administrations locales.
10651
Chez les Aykhanides la religion est une institution en elle-même, s’apparentant même officiellement comme l'institution de justice. Ceci est bien sûr dû à une histoire d’implantation différente des religieux en cohésion avec les traditions Gökhanistes, ancienne religion des yözids. Si la société Aykhanide n’est pas du tout matriarcale, elle n’est pas pour autant plus patriarcale. La femme yözid, est même caricaturement une femme forte et travailleuse, et non forcément une femme au foyer et aux petits soins de son homme comme l’on proné les civilisations eurysiennes durant des siècles et certaines, pour sûr, nations musulmanes interprétant trop radicalement l’Islam. C’est un problème courant avec les religions Abrahamiques, les livres de Dieu, qui sont une punition aux hommes pour les atrocités qu’ils ont commises, sont aussi des livres de bonne conduite et de défense contre le mal. Et si le coran prévient les hommes de défendre leur femme, ce n’est pas pour les positionner supérieur aux femmes comme certaines prétentieux hommes pourraient le croire, mais pour donner à l’homme un devoir quant à la protection quand nécessaire des femmes qui sont physiologiquement moins enclins à devenir fort, bien qu’elles peuvent très bien le devenir. Ce qu’il faut comprendre, c’est que chaque chose à sa place dans cette univers, et que chaque chose à un contraire, l’homme, est le contraire de la femme, et la femme le contraire de l’homme, mais pour autant, on ne peut en aucun cas les séparer, car nul ne peut vivre sans l’autre. Voila ce que l’Islam apprend par le biais du coran. La femme, n’est pas moins obligé que l’homme face à ses devoirs de la vie, et l’homme n’est pas dans ce sens voué à s’aquiter de tous les devoirs de la femme. Une chose est sûr, l’homme comme la femme ont leur faiblesses, si la femme est physiquement moins forte face à un homme du même âge et de la même éducation physique, l’homme lui sera certainement plus sensible qu’elle quant au contrôle de ses émotions. Tous deux sont voués à être prisonniers de leur corps et de la vie, car ce monde est injuste, seul le paradis peut être entièrement juste. Pour autant, faut-il vivre cette vie de manière injuste? Est-ce cela que le coran nous enseigne? La question doit être clairement répondu, de manière simple.. Non. Il faut évidemment chercher à vivre cette vie de la manière la plus juste, et c’est ce que Dieu, en sa bonté infinie, souhaite pour toutes ses créations. Faire les bons choix, sans céder face aux diableries et aux faiblesses, voilà ce qui est juste. Alors, en prenant compte ces conceptions, les Oulémas (Ulemâ) yözids ont toujours fait en sorte que ni les femmes, ni les hommes ne soient injustement représentés par la justice. Certes, des différences vont toujours exister entre eux, mais ce n’est pas pour autant que ce ne sera pas juste entre eux, car si l’égalité est la justice dans certaines sociétés, les Aykhanides ont toujours jusqu’à la révolution préférer la voie de l’équité sociale, qui correspond d’ailleurs aux précepts du coran sur ces sujets. Bien sûr, cela ne veut pas dire que les valeurs égalitaires ont été complètement absentes, ils sont d’ailleurs même plus présents depuis 2012. Un exemple est le mieux pour comprendre cette explication ; Chez les Aykhanides, jamais les filles n'ont été interdites à rejoindre les mektebs (écoles) ni les medrese (écoles religieuses). Pour autant, il est vrai que dans certains beylicat, leur situation variait selon les cultures mélangés, au beylicat harzenide par exemple où la culture de travail au champ est omniprésente, et donc où la femme est dans certains foyers jugés inapte à travailler et gérer les “affaires d’hommes” au profit du travail au champ et à la maison. Une vraie équité et égalité à l’échelle nationale est arrivée en 1876 à l’alliance des beylicats, et à été plus développée en 1912 avec la période Sélimie. Dans un autre beylicat encore, légèrement le peuple et surtout la noblesse était presque matriarcale, le Beylicat Guerminide de culture arabo-persanne, où la femme à été placé plus haut que l’homme dans certains domaine durant une partie de leur histoire. Tout ça pour dire, que la femme et l’hommes forment un ying et un yang, et qu’il faut pas que l’un d’entre eux piétine sur l’autre, mais qu’ils trouvent un équilibre qui leur correspond réellement en prenant compte des droits et devoirs de l’autre et du sien.

Concernant le monde religieux Aykhanide, la situation est quelque peu compliquée. La religion n’a pas énormément été influencé par les nouvelles culture, même à l’arrivé de l’Islam, les choses sont restés les même, même si tout le monde pouvait devenir membre du clergé, il était plus difficile pour les femmes d’atteindre une influence religieuse aussi forte que celle d’un homme. Pour autant, elles n’ont bien sûr jamais été et ne sont toujours pas écartées de la religion et du système judiciaire. Encore une fois, ceci est un problème de la culture et non de la religion, au yeux d’Allah et du coran, la créature qu’est l’Homme est égal peu importe le sexe, et peu importe la culture. C’est pour ca que les religieux sont aussi là pour rappeler à l’ordre ceux qui veulent violer ce principe.


Le Sheykh Osman Bedreddin est un des plus connus religieux du Grand Beylicat, il fait partie du conseil religieux dirigé par le grand Qadi, législateur et représentant en chef de la religion du Grand Beylicat. Le Sheykh est également connue pour présider le plus vaste tariqah Aykhanide, celui de Nakşibendi (naqshbandiyya), un tariqah fondée par l’Alim (normalement ouléma au singulier) yözid Muhammed Bahaüddin Nakşibendi du Beylicat d’Ouzhem au 15ème siècle. Il est également Grand Imam du Beylicat Aykhanide, chaque beylicat en à d’ailleurs un. C’est donc un réel honneur que fait aujourd’hui le sheykh aux invités du Jashuria, il attend grand de leur venue et du savoir qu’ils ont apporté. Par ailleurs, presque tous les disciples durant cette réunion sont l’exemple de l’éducation par excellence du Tariqah nakshibandi et du soufisme Aykhanide. Dans le Grand Beylicat, le soufisme tourne surtout autour d’une propreté d’esprit, et d’un rapprochement avec Dieu imprenable. Ils savent différencier les besoins et les priorités de ce monde, avec celle du monde spirituel et du cœur. Pour autant, une chose est à noté durant cette rencontre. Si les soufis Aykhanides sont totalement contre toute idée radical, nationaliste ou idéaliste de l’Islam, ils ne sont pas pour autant pour un relachement des précepts islamiques ou une mal interprétation du coran. Leur travail est des plus minutieuses et des plus érudits. Ils consacrent leur vie à l’étude islamique et à la justice Islamique. Une seule chose les intéresse vraiment, atteindre la vérité et la spiritualité la plus propre qu’il soit, en étudiant l’histoire et les écrits religieux, en utilisant le coran comme base d’étude. Si ils représentent l’aspect spiritualiste de la Yözidie, ils n’aiment pas être comparés aux chiites ou aux branche du soufisme qui leur vaut cet éloignement que leur attribue certains du sunnisme. Car au bout du compte, leur attachement au prophète Muhammed Sallalahualeyhiwesellem est d’est plus poussés. Le Sheykh Bedreddin va donc attendre à voire cet amour de Dieu chez la représentante soufi, sans laquelle il ne sera enclin à faire aucune coopération religieuse avec les tariqah du Jashuria. L’Imam de la Grande mosquée est lui plus indulgent, mais dans le même sens moins érudit et important que le Sheykh soufi.

L’Imam de la grande mosquée, Mustafa Halizâde Efendi, diplômé du Mekteb-ül Imamiye-i Âlimiye d’Otukhan et membre du tariqah Nakşibendi, remercie madame Parvati Mathai en croisant les bras contre sa poitrine et faisant une révérence en se baissant. Un salut et geste de politesse connu chez les soufis. Le Sheykh lui se contente de fermer les yeux en hochant la tête lentement plusieurs fois. Puis enfin, quand la représentante se mit à parler, le Sheykh montra un plus grand enthousiasme, prenant la peine de tourner son visage vers elle lui adressant un sourire des plus aimables. Il fallait dire que ce qui l’intéressait surtout était de voir la raison pour cette représentante d’avoir voulu échanger avec les représentants aykhanides, si c’était réellement par foi et pour le bien du monde musulman, en particulier au Nazum, ou simplement par une démarche de courtoisie suite à une demande officielle. A l’offre du livre, alors qu’un des disciples venait chercher le livre en se baissant pour l’emmener, le Sheykh surprit tout le monde en demande d'un geste qu’on lui apporte le livre. Normalement, un cadeau fait au Sheykh est étudié ensuite pour ne pas déranger la conversation, en voulant regarder le livre d’abord, Bedreddin Efendi veux montrer l’importance pour lui d’un geste venant de ses invités religieux. Il tient le livre entre les mains, observant la finesse du travail marqué dessus.


“C’est un présent des mieux pensées, chère Nashva Reza, votre pensée me fait du bien au cœur et à l'esprit. Que le seigneur soit reconnaissant de votre acte de bienfait, car j’en serai témoin jusqu’au jour du jugement dernier. Nul doute que des actes de bonté ne feront que purifier et améliorer nos discussions.”

Enfin, le sheykh et ses disciples écoutent la diplomate musulmane jashurienne. Ils étaient au courant de la situation du Jashuria avec la séparation de l'État et de la religion, cette pauvre fille devait sûrement être peinée durant cette rencontre de ne pouvoir montrer son identité religieuse, ce qui est fort dommage dans un tel endroit spirituel. Le Sheykh ne comptait pas pour autant lui rendre ces efforts plus difficiles qu’ils ne le sont, si le choix de cette diplomate était aujourd’hui de mettre les affaires de ce monde prioritaire face aux affaires du monde intérieur, cela était son choix légitime. Ainsi, Bedreddin Efendi laissa répondre Halizâde Efendi ;

“Cela nous fait plaisir que vous appréciez la culture yözid et les traces qu’elle porte sur notre architecture. Je suis sûr qu’Alper Kamar Agha sera extrêmement content de l’entendre. Il était d’ailleurs censé être avec nous pour vous accueillir, en revanche, vous êtes venus un peu plus tôt que prévu” L’imam regarde le chauffeur en souriant “Il est donc en ce moment entrain de terminer sa prière puis ce qu’il avait des reqat (phase de prière) à rattraper en plus de la prière du midi.”

Le Seykh Osman Bedreddin rit et remet le livre en même temps à l’un des disciples. Il s’écarte et laisse à montrer l'entrée du Medrese, pour reprendre la parole ;

“En effet, mais pas d’inquétude, il doit sûrement avoir términer. Nous allions de toute manière le rejoindre. Chère dame Martha Privati, le medrese se trouvant dans l’enceinte de la mosquée, j’espère que cela ne vous dérangera pas de vous vêtir d’un foulard pour le bien de nos disciples et la spiritualité de la mosquée. Sauf le cas échéant, je vous prie de nous suivre à notre salon où nous vous présenterons les sujets que nous avons pensé bon à aborder. Et nous seront évidemment prêts à écouter les vôtres aussi.”

Les religieux ottomans mènent les représentantes Jashuriennes jusqu’à la salle d’étude du Medrese ou des divan aykhanide confortable se trouvaient avec des tables basses faiblement garnies de quelques loukoums, de biscuits et d’eau. Le Sheykh s’assoit sur un divan à part et les disciples d’assoit autour de la longue table basse sur des coussins, à l’autre bout de la table face au Sheikh, une place se trouvait pour chacune des invités. L’Imam leur fit signe de prendre place, et tous les disciples ne prirent place qu’une fois leurs invités installés. Le Sheykh s’exprima alors ;

“Alper Kamar Agha ne devrait tarder à arriver. Si vous le voulez bien, et avant que nous parlions des sujets pour lesquels nous vous avons invité, j’aimerais madame Nashva Reza, vous poser une question. Que pensez-vous des pensées d’écoles Afaréennes au sujet de l’Islam et de la manière qu’ils laissent les croyants le pratiquer?”

La question du Sheykh pouvait paraître directe, mais si madame la quatrième ambassadrice cherchait à aujourd’hui tester sa diplomatie, le Sheykh lui voulait connaître l’étendu du savoir et de la sagesse de la grande représentante des tariqah unifié du Jashuria sur le monde musulman de nos jours et son avis de religieuse la dessus.
4693
La rencontre des Oulémas


Banniere


La délégation jashurienne accompagna ses hôtes dans les couloirs du medrese avant de s’installer dans les divans aykhanides prévus pour la rencontre. Si les Jashuriennes se gardèrent bien d’entamer les loukoums par pure politesse, elles ne refusèrent pas l’eau qui leur était offerte. Par souci de ne pas froisser ses hôtes Parvati Mathai, la Quatrième Ambassadrice, avait revêtu un voile de la même couleur que son sari pour ses cheveux. Les trois femmes respectèrent le protocole à la perfection tandis que leurs assistants se tenaient à l’écart, prêts à réaliser les comptes-rendus nécessaires, en-dehors de l’œil avide des caméras.

Une fois les préliminaires passés, les choses sérieuses débutèrent. Le Sheykh fut le premier à ouvrir le bal, avec une question purement diplomatique, mais qui avait le mérite de donner le ton de la conversation à venir. L’Ouléma Shima Kashani fut la première à répondre à la question – étant donné qu’il n’était pas de la compétence de la diplomate et de l’ambassadrice de le faire.

« Les écoles afaréennes de l’Islam forment comme vous le savez le substrat sur lequel toutes nos croyances se sont édifiées. A ce titre, les écoles de droit afaréennes, si elles ont parfois divergé sur les questions de jurisprudence et sur l’interprétation de Sa Parole, ont une ancienneté qui nous oblige, car bien que nous essayions parfois de nous déprendre d’elles, elles ont formé pendant des siècles le cadre de pensée des érudits et des juges. Ceci étant dit, si ces écoles sont nos parentes, l’Islam nazuméen s’est clairement détaché d’une grande partie des jurisprudences et des interprétations faites dans les grands centres de l’Islam afaréen, et ce, depuis plusieurs siècles. Mais nous en revenons toujours à la base, à savoir qu’il n’y a d’autre dieu que Allah et que Mahomet est son envoyé. Après plusieurs années passées à étudier les grandes écoles de pensées de l’Islam afaréen, je puis dire que les mazhab afaréens ont conservé un attachement à la tradition et à une lecture littérale de Sa Parole qui … pourrait paraître désuet au regard du monde dans lequel nous vivons. »

Elle marqua une pause … cherchant une manière plutôt diplomatique de ne pas paraître désobligeante à l’égard des écoles afaréennes. Si Shima Kashani savait pertinemment ce que l’Islam nazuméen – ou plutôt les Islam nazuméens – devaient à son homologue afaréen, les mazhab nazuméens abordaient le Coran et la Sunna avec un regard plus ouvert que les vieux conservateurs d’Afarée, ce qui n’était pas sans causer des frictions, ceux-ci accusant leurs coreligionnaires d’hérésie depuis des siècles. Si les Aykhanides semblaient avoir échappés à ces condamnations, les Soufis du Jashuria avaient subi pendant des siècles le mépris des imams conservateurs du continent afaréen. Les Soufis du Jashuria avaient subi cette attitude méprisante pendant des siècles et ne devaient leur légitimité qu’à l’impossibilité pour le Sunnisme et le Chiisme afaréen de s’implanter dans la région sans se faire botter les fesses par les Hindous et les Bouddhistes. Seuls les Qadis de l’Althalj avaient été des soutiens indéfectibles pendant toutes ces années, ainsi que les Stranéens.

« Malheureusement, je pense que l’Islam afaréen a, dans les grandes lignes, une approche trop guerrière, ce qui, dans nos sociétés contemporaines, est parfaitement anachronique. Il a des difficultés à concevoir l’évolution de nos sociétés comme une opportunité pour diffuser Sa Parole et celle du Prophète et se complait dans la réification des vieilles doctrines. La plupart des écoles de ce continent, peut-être à l’exception de celles en vigueur en Azur et en Althalj, sont d’un conservatisme poussiéreux qui a de moins en moins de prise sur la compréhension de Sa Création, d’où des débats houleux entre les Tariqas jashuriennes et celles de l’Afarée. »

Il était vrai que ces dernières années, la montée en puissance de l’Islam nazuméen avait commencé à chatouiller la plante des pieds délicats des imams afaréens. Le Nazum constituait un vivier immense pour l’Islam et les revendications des Oulémas locaux, plus en phase avec leur population, avait créé les conditions parfaites pour la multiplication des écoles juridiques locales, détachées des écoles traditionnelles. Il en résultat des débats laborieux, entre deux mondes qui partageaient la même divinité, mais ne s’entendaient absolument pas sur l’interprétation des textes et ce qu’il fallait en faire. Et dans ce marasme absolument abscons, les Aykhanides faisaient office pour l’instant de figure neutre. A l’articulation entre l’Afarée et le Nazum, ils étaient restés observateurs de ces échauffourées théologiques, ayant un pied dans les deux mondes de par leur culture.

« En ma qualité de porte-parole des Tariqas jashurienne, mon souhait est de pouvoir légitimer l’Islam nazuméen dans tout ce qu’il a de particulier auprès de la communauté des croyants. Il n’est pas acceptable que les populations du Nazum soient considérées comme une « Oumma de province » alors que nos populations cumulées forment la seconde plus grande communauté de croyants d’Allah du monde … »

Le mot était lâché : légitimiser. Mais la légitimité prenait bien des formes … mais l’Ouléma savait que ses interlocuteurs étaient des personnes sages et avisées.
6378
Le Grand Beylicat Aykhanide est bel et bien dans une position que l’on pourrait qualifier d’observatrice, bien que cela n'ait pas toujours été le cas, et que pour mieux dire, n’est pas toujours le cas. Il est vrai de le mentionner, que l’Etat et la société aykhanide dans son ensemble, si on ne prend en compte les quelques périodes de l’histoire ou ce n’était le cas, à été entièrement indépendante tant dans la culture que la vie et application religieuse face aux autres nations musulmanes d’Afarée. Outre des missionnaires venus de ce dit continent, quelques diplomates rares et des échanges peu significatifs, le Grand Beylicat s’est souvent débrouillée seule en tant qu’Etat pour faire vivre sa religion. Mais il serait faux, mensenger et trompeur de ne pas mentionner que les institutions ou plutôt communauté voire même la classe religieuse en son ensemble à elle été souvent mêlée aux autres communautés musulmanes du monde. C’est ainsi qu’un organisme peut rester en vie, toutes les parties de celle-ci doivent restées un minimum en cohésion et travailler ensemble. Si le gouvernement du Grand Beylicat ou les beylicats indépendants avant 1912 n’avaient pas chercher à mêler leurs affaires religieuses au reste des nations musulmans, elle ne s’était jamais abstenu de la mêler au monde musulman et aux communautés qu’elle comprend. Le Tariqah nakshibendi par exemple, est présent et en grand nombre en Afarée et encore plus au Nazum, étant d’ailleurs sûrement le Tariqah le plus répandu du continent. Ce pour dire, que les yözids n’ont certes pas fait montrer au premier plan l’identité musulmane de leur nation à l’internationale, mais ont bel et bien influencé les communautés musulmanes du monde entier en affirmant leur sublimes enseignements et érudits travaux sur l’Islam. Et surtout, encore plus que le Naqshibandiyya, même si moins répandu car considérée comme une communauté d’érudit plus haut et complexe mais toute autant reconnue du monde musulman, l’ordre des Mevlevis est elle aussi d’origine yözid. Mewlana (dont le titre signifie “notre maître”) était certe d’origine persanne, mais été née durant la période des trois beylicats dans l’actuel beylicat de Harzen, et faisait partie d’une des rares communautés yözids à s’être converties à l’Islam avant la période des sept beylicats grâce justement aux populations persannes présentes dans cette zone à cette période. Djelalleddin Rûmi Mewlana à été l’un des, pour ne dire le plus grand façonneur du soufisme, ses travaux, poèmes et enseignements ont atteint un degré de sagesse que les afaréens ont longtemps enviés et respectés. Si au contraire des soufis Jahsuriens les Aykhanides étaient à l’écart du mépris des mezheb Afaréens, c’est bien parce que ces derniers n’ont jamais eu les moyens d’argumenter face aux travaux de l’ordre de Mewlana. L’Ordre des Mevlevis formaient donc une sorte de muraille derrière lequel porspérait l’islam en Yözidie, laissant entrer et sortir seulement les choses utiles à la cause Islamique et à la voie ordonnée par Allah. Une chose est sûr, c’est qu’aujourd’hui les Aykhanides sont prêt non pas qu’en tant que nation mais surtout en tant que grande communauté à plus s’ouvrir sur plusieurs aspects et s’affirmer auprès de leurs confrères Nazuméens auprès du monde musulman. Si les Jashuriens avaient senti que les Aykhanides s’étaient tenus trop à l'écart de leur débats avec les Afaréens, ils comptaient bien aujourd’hui prendre la main des deux parties pour le leur faire serrer. Pour les communautés érudits de l’Islam Yözid, bien que pendant longtemps cela leur était égale, ne vont désormais par rester silencieux face au mépris de certaines communautés afaréennes quant à la légitimité des communautés musulmanes et d’une école islamique au Nazum. Les moyens technologiques ont rapproché aujourd’hui deux communautés d’un même continent pourtant très éloignées, il est grand temps enfin de se retrouver et de reprendre le chemin avec tout le monde.

A la question du Sheykh, tous les yeux étaient rivés sur l'Âlim Shima Kashani. Durant toute sa prise de parole, certains étaient à certains moment perplexes, d’autres étaient neutres tout au long, mais à la fin, tous les cœurs étaient plus ou moins apaisés, et le visage du Sheykh laissait paraître un sourire des plus adoucissant.

“Je suis apaisée de vous entendre dire de telles choses. Il faut dire que nous craignons aussi quelque peu le délaissement des paroles saintes de vos écoles au profit d’idées spiritualistes infondées. Mais je vois qu’en réalité, vous avez bien réfléchi à la question et avez trouvé une réponse des plus nobles dont je ne doute pas qu’il sorte de votre cœur et de votre esprit érudit en la matière.”

Le Sheykh regarde un moment la jeune ambassadrice jashurienne, toujours souriant, comme s’il cherchait à la faire participer à la discussion sans qu’il n’est à parler et elle répondre, le sheykh avait compris sa position, mais souhaitait tout de même que cette femme venue d’aussi loin travailler dans ces terres de l’Islam, se sente le moins possible loin de chez elle. Enfin, le sheykh retourne son regard vers l’Âlim.

“Vous avez raison sur un point, l’Islam au Nazum, et non du Nazum, ne représente pas qu’une Oumma de province. Mais si elle donne une tel image, c’est parce que les écoles présentes en Afarée savent comment il ne faut pas chercher à débattre, mais discuter des questions religion avec le cœur. Ce qu’au Nazum nous n’avons pu faire par rapport à eux, c’est nous retrouver entre nous. Nous sommes nous toujours allée en Afarée, en pensant qu’il n’y avait que la bas que devaient se réunir tous les Ouléma.. mais non, comme l’a fait Naqshibendi et ses disciples après lui, nous devons nous au Nazum nous retrouver aussi, discuter, marcher ensemble. Si l’Islam en Afarée marche au premier plan, c’est peut-être parce qu’on peut réellement parler d’une communauté Afaréenne uni, or nous, nous parlons pas de communauté Nazuméenne unis, mais parlons encore de communautés du Jashuria, ou de Yözidie, je pense qu’il est grand temps de reprendre ce terme perdu après la période de l’expansion du Naqshibandiyya qui a une époque a chercher à unifier l’Ummah nazuméen avec celle de l’Afarée et du reste du monde. Ce terme, c’est bien la Ummet-Al Muhammed-i Nazumiyya. L’Ummah de Mohammed Nazuméen. Oui, tout les musulmans ne forment qu’un seul Ummah, l’Ummah de Mohammad, mais les communautés nazuméens sont restées bien trop longtemps à l’écart de l’Ummah au profit de la place actuel des écoles afaréens. Si nous pouvions nous unir, nous pourions alors de toute nos force faire part de l’Ummah de Muhammed, l’ummah du monde entier, le seul, l’unique. Voilà comment nous réussirons, Incha Allah (Si Dieu le veut), à atteindre notre objectif.”

Une seule Islam existe, une seule communauté musulmane, mais pour marcher ensemble même en étant dans de continents a part, il faut déja que ces communautés de continents marchent ensemble. Voilà comment chacun pourra marcher dans la même direction, la voie d’Allah, avec au bout la paix et le bonheur qu’il nous réserve.

"Maintenant que tout ceci est mis au jour, et que nous savons ce que nous sommes, nos enfants du Medrese ont préparés pour vous un ilahi (chant religieux/nasheed). Nous pouvons les écouter, si vous le voulez bien. "
4532
La rencontre des Oulémas


Banniere


La pique du Sheykh ne passa pas inaperçue auprès de Shima Kashani, qui garda pourtant le sourire. Il était vrai que le Soufisme jashurien était une étrangeté pour beaucoup de croyants rigoristes, notamment en Afarée. Beaucoup accusaient le Soufisme de s’intéresser à des éléments spirituels qui soi-disant l’éloignaient de Sa Parole. Les Jashuriens avaient l’habitude de ce préjugé, qui avait malheureusement la dent dure auprès des croyants. La curiosité des Soufis ne s’arrêtait pas à la simple étude des Ecritures. On ne pouvait appréhender la création divine que sous des angles multiples, par la prière, l’étude, le travail spirituel et la recherche du savoir. Ce que les Sunnites et les Chiites voyaient comme des lubies spiritualistes dévoyées étaient pour les Soufis aussi importantes que l’air qu’ils respiraient : la Création est d’une richesse infinie, et pour n’en saisir ne serait-ce qu’une partie, il convient de l’approcher sous toutes ses formes. Le Sheykh ne pouvait bien évidemment pas comprendre cette richesse … mais l’Ouléma était de nature conciliante et ne cherchait pas à créer un débat religieux sur un terrain où elle était sûre de créer des inimitiés là où jusqu’à présent régnait la concorde.

« Je suis ravie de voir que mes paroles ont su toucher vos esprits. Il va de soi que durant des siècles, nos communautés ont navigué vers l’Afarée pour effectuer leurs pèlerinages et assister aux proclamations des oulémas. C’est un fait historique indisputable et cette tradition a été honorée comme il se devait. Toutefois, l’unification de l’Islam nazuméen nous oblige à effectuer un pas de côté historique pour affirmer notre spécificité et à nous rassembler sur notre continent. J’affirme, au nom des centres religieux que je représente, que notre objectif est de reprendre là où nos prédécesseurs se sont arrêtés et de tisser des liens véritables pour faire en sorte que nos communautés soient unies et puissent faire poids, aux côtés des musulmans d’Afarée. »

La Grande Ouléma était cependant convaincue que l’émergence d’un Islam unifié, ou du moins respectueux de sa propre diversité au Nazum n’allait pas plaire aux Afaréens, qui s’empresseraient de condamner une telle tentative. Après tout, les représentants religieux de l’Afarée avaient toujours considéré – mis à part les Qadis de l’Althalj – que ce qui se passait de l’autre côté de l’océan des perles était un « Islam arriéré », peu digne d’intérêt. Après tout, les centres religieux mondiaux étaient officiellement situés en Afarée et l’essentiel de la littérature connue autour de l’Islam était condensée dans les grandes bibliothèques de ces pays. L’Islam nazuméen, bien que titulaire d’une littérature prolifique et d’enseignements clefs de l’Islam, était finalement peu visible. Les lieux de pèlerinage étaient boudés par la plupart des fidèles afaréens, les bibliothèques n’attiraient que les Nazuméens eux-mêmes … En clair, l’Afarée considérait les Nazuméens avec toute la condescendance possible. Il était plus que temps de créer un grand projet visant à rendre visible et lisible cet Islam nazuméen que tous appelaient de leurs vœux. Mais pour ce faire, Shima Kashani allait avoir besoin de l’aide discrète de ses homologues jashuriens.

Cette aide fut opportunément apportée par la discrète Mahdeeya Gardezi, qui jusqu’à présent, avait fait preuve d’une discrétion à toute épreuve.

« Je souhaiterai apporter ma pierre à l’édifice que madame Kashani essaie de bâtir … dit-elle d’une voix douce. Afin de faciliter ce rapprochement, nous pourrions imaginer la création d’un centre d’études islamiques entre le Grand Beylicat Aykhanides et la Troisième République du Jashuria. Cette institution partagée entre les deux pays aurait la charge de mettre en commun nos connaissances et former les dignitaires religieux qui sauront promouvoir l’idée d’un Islam nazuméen. Cette institution pourrait prendre la forme de centres religieux basés dans nos capitales respectives, qui accueilleraient les savants des deux communautés, qui pourraient ainsi débattre plus aisément et définir les projets conjoints dans lesquels investir pour promouvoir l’idée d’une Ummah unie. »
Parvati Mathai acquiesça tranquillement. L’Etat jashurien ne pouvait financer officiellement un tel projet, mais il pouvait tout à fait mettre en relation les bonnes personnes pour que cette vision se concrétise. Les départements d’études historiques et sociales des universités jashuriennes sauteraient sur l’occasion sans aucun doute, notamment si on leur faisait miroiter l’accès à des bibliothèques particulièrement difficiles d’accès. Si la bonne impulsion était donnée, l’engouement pour la redécouverte de l’Islam nazuméen donnerait un coup de fouet à l’influence jashurienne au-delà de ses propres frontières. C’était un pari qui pouvait s’avérer gagnant sur le long terme, si le Jashuria utilisait avec doigté les religions présentes sur son territoire pour étendre son influence.

« Nous écouterons l’ihali avec plaisir … » conclut Parvati avec un sourire agréable.
Haut de page