[WIKIPALIA] Encyclopédie géographique et culturelle
Posté le : 07 mars 2025 à 18:56:46
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géographie à éditer quand il y aura une carte
Posté le : 07 mars 2025 à 20:06:40
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Gurapest ; Port Ponant ; Drăculvoda
Le cœur de la Pal

Gurapest est la plus jeune des trois grandes agglomérations de Pal ponantaise : Gurapest, Port Ponant et Draculvoda. C'est également en 2016 la plus peuplée et la capitale administrative de la région. Établie sur les deux rives du fleuve Pietr, elle se situe au milieu de la steppe, à mi chemin entre la mer Blême et la Polkême. A l'origine un petit village pastoral blême, elle prend son essor au moyen-âge en servant de relais au commerce fluvial qui remonte le Pietr depuis la mer. Elle est, des trois grandes villes de la Pal, la plus peuplée (environ six-cents mille habitants en 2016) et la seule à ne pas avoir été fondée par les Rêmiens. Elle possède à ce titre une architecture homogène et typiquement blême.
Agglomération peu notable avant le VIème siècle, vivant de la pêche et des péages qu'elle prélève sur les gués, Gurapest se développe rapidement pendant la période dite "de la Blême tatare". La paix qui règne alors sur l'empire tatare incite les déplacements de caravanes le long du pourtour de la mer Blême et le village de Gurapest, idéalement situé sur le Pietr et à mi-chemin entre les cités fortifiées de Port Ponant et Draculvoda sert de lieu de passage pour traverser le fleuve. Il bénéficie par ailleurs du commerce avec les peuples polk des montagnes et les nomades de la Brann au nord. Le village sert de lieu de rencontre pour les commerçants venus par voie de terre des quatre points cardinaux, qui, bloqués par la largeur du Pietr, font descendre leurs marchandises par le fleuve en direction de la mer. Gurapest devient alors un lieu d'échanges et de commerce central dans la région et accueille d'importantes foires du XVIIème au Xème siècle. La ville gagne rapidement en importance et attire les nomades blêmes de la Pal qui viennent y vendre leurs bêtes, leurs fourrures, la viande et le lait des animaux.
Au VIIème siècle, Gurapest se dote d'une enceinte en bois, qui sera remplacée par une en pierres au VIIIème siècle et dont on perçoit encore des traces aujourd'hui. Le développement de la cité est encouragé par l'empire tatare qui souhaite disposer de points de relais fréquents tout au long des routes marchandes afin d'assurer la sécurité des caravanes en transit entre le Nazum et l'ouest-eurysien. La ville est d'abord dotée d'une garnison puis est renforcée au IXème siècle d'une motte castrale. Sa politique est cependant laissée sous contrôle des Blêmes qui se choisissent eux-mêmes un bourgmestre et s'organisent en milices et se dotent de tribunaux pour faire régner l'ordre à l'intérieur des murs. La cité appartient aux marchands et aux corporations ce qui fait que son modèle de gouvernance se rapproche de celui d'une ville-libre, comme a pu en voir à l'époque l'Eurysie féodale.
La proximité de Gurapest avec le royaume de Polkême et la plaine Brann en a longtemps tout autant fait une cible pour les raids cavaliers venus du nord qu'une place stratégique pour les tenants de la Pal qui ont tenu à la fortifier. Dès l'établissement de ses murailles, Gurapest devient moins sujette aux raids et sert même de bastion pour la défense des villages pastoraux alentours. Elle s'impose comme un centre commercial mais aussi diplomatique avec les peuples du nord, et mêmes les tribus slaves qui traversent la plaine Brann pour rejoindre la mer Blême. Pour ces raisons, Gurapest se voit attribuer des fonctions militaires mais également administratives ce qui l'impose progressivement dans les esprits comme le chef-lieu de la Pal ponantaise, en second derrière Port Ponant. L'empire tatare ayant tendance à déléguer aux populations conquises la gestion de leur territoire, tant que celles-ci payent les tribus demandés, le Haut Moyen Âge représente pour les Blêmes un âge d'or paradoxal : dominé par les tatares mais où les Blêmes purent expérimenter une forme d'auto-organisation ethnique sur un modèle centralisé autour de Gurapest.
Lors de l'invasion mongole du pourtour de la mer Blême au XIème siècle, Gurapest est la seule ville à ne pas tomber face à la horde. Cette dernière a été détournée des montagnes polk par l'alliance de la cavalerie Brann et des troupes lourdes de Polkême et les autorités de Gurapest demandent assistance à leurs voisins pour protéger la cité. La horde assiège Gurapest mais la ville résiste neuf mois, avant que le siège ne soit brisé par l'intervention d'une charge de cavalerie branno-polk. Une partie de la horde s'est alors détournée du nord de la Pal, préférant forcer le siège de Draculvoda pour poursuivre ses conquêtes vers le sud et prendre la Langue de Rême. Certains historiens voient dans la résistance de Gurapest l'un des motifs de la future défaite mongole, la cité sert de tête de pont au nord pour les armées Polk qui, quelques années plus tard, profiteront des guerres dynastiques de l'empire mongole et de la croisade lancée contre eux pour s'emparer de la Pal ponantaise. Quelques milices Blêmes se joignent à la reconquête et descendent le Pietr derrière la cavalerie Polk pour réaliser la jonction avec Port Ponant et couper ainsi la steppe en deux. La difficulté pour les cavaliers mongoles de passer le fleuve permet aux Polk de remporter plusieurs batailles décisives, empêchant la réunification des garnisons de Gurapest et de la Pal levantaise. La conquête de la Pal participe indiscutablement à l'effondrement de l'empire mongole qui, rongé de l'intérieur par des mouvements de résistance, se désagrège en une multitude de hordes et de principautés.
Les bourgeois de Gurapest, qui avaient parié sur la chute de l'empire en s'alliant aux Polk pour obtenir leur indépendance, déchantent cependant alors que la Polkême s'empare pour elle-même du reste de la Pal. Les reliquats militaires des empires mongoles et des principautés tatares naissantes font peser sur Gurapest la menace d'un nouveau siège. Cette dernière tergiverse mais finit par rendre la clef de la ville à la Polkême, espérant obtenir ainsi la protection des Vol Drek face à leurs ennemis. Les escarmouches émaillent la Pal pendant encore une dizaine d'année et Gurapest est relativement préservée grâce à sa proximité avec les montagnes polk. Elle ne prospère pas pour autant et perd plusieurs des privilèges que lui avaient accordé les tatares. Sa motte castrale est occupée par une garnison de hussards et pour lutter contre les bandes de pillards et de bandits qui parcourent le pourtour de Blême, de lourds impôts sont levés sur un commerce déclinant après tant d'années de guerre.
La domination des Polk sur la Pal augmente le caractère stratégique du fleuve Pietr, qui relie la Polkême à la mer. Gurapest qui se trouve sur l'un de ses méandres et Port Ponant à son estuaire bénéficient du développement du commerce sur un axe nord-sud, alors qu'avec la chute des empires, l'axe est-ouest se réduit et les caravanes se font plus rares. Bien qu'elle subisse davantage les taxes et soit privé d'une partie des libertés dont elle jouissait sous le joug des tatares, Gurapest prospère sous l'égide des Polk. Le relatif enclavement de la Polkême place la Pal en position de centralité économique : alors que dans l'Empire tatare elle n'était qu'une cité parmi d'autres, elle devient au sein de la Polkême et grâce à sa proximité avec cette-dernière, le centre politique de la région ponantaise. Les institutions politiques sont toutefois fantoches et les Polk cherchent à faire de Gurapest le cœur d'une baronnie afin de l'intégrer à la Polkême. Un baron polk se voit mis à la tête de la cité qui doit s’accommoder de sa présence. Comme à Draculvoda, la cohabitation est difficile, les barons cherchent à affirmer leur souveraineté sur ces nouveaux territoires par des démonstrations de force. Les remparts de la ville sont surélevés en prévision de nouvelles guerre et la motte-castrale modernisée pour devenir une véritable forteresse. Ces travaux ont cependant un coût et les Blêmes rechignent à payer pour des constructions dont ils ne ressentent pas l'utilité. Au milieu des terres et désormais épargnée par ses voisins du nord, Gurapest a peu à craindre d'autant plus que les barons Polk peuvent accourir à son secoure rapidement. La rénovation de la forteresse et des défenses de la ville apparait alors comme un caprice plus qu'un véritable investissement, d'autant que la ville doit dans un premier temps composer avec un commerce plus compliqué qu'avant.
La disparition de l'axe est-ouest reliant par la terre le détroit du Nazum à la Langue de Rême réduit le nombre de caravanes qui empruntaient cette route. Si le commerce avec les Polk se développe, les corporations Polk s'arrangent en amont du fleuve pour exiger des Blêmes des prix désavantageux et la Pal s'enrichit moins que lorsqu'elle accueillait les grandes foires et des marchands venus de toute l'Eurysie et du Nazum. Les cartels Polk sont durs en affaire et bénéficient de privilège sur les commerçants blême qui ne peuvent pas compter sur la concurrence pour les obliger à baisser leurs prix. La Pal doit également s'adapter à l'arrêt des subsides tatares et à la concurrence des paysans polk qui bouleverse les prix des denrées alimentaires. Avec une économie principalement pastorale, la Blême peine à s'imposer face aux fertiles plaines de Polkême et de Brann, des royaumes déjà à l'époque bien plus peuplés. Cette nouvelle donne économique provoque dans les grandes villes de Pal ponantaise un petit exode rural et Gurapest n'a-t-elle pas fini d'ériger ses murs que ceux-ci débordent déjà et que la ville s'étend dans la steppe le long du fleuve.
La période dite "de la Pal féodale" demeure dans l'histoire comme celle d'un développement complexe pour Gurapest qui prospère tout en cherchant à se trouver une stabilité. Les aléas du pouvoir politique et l'augmentation rapide de la population poussent la ville à l'étalement ce qui entraîne mécaniquement une diminution de l'autorité polk sur la cité. Ses périphéries deviennent des lieux entièrement sous contrôle des Blêmes et où les seigneurs Polk finissent par renoncer à s'aventurer, préférant renforcer leur emprise sur l'intérieur de l'enceinte. Les barons de Gurapest finiront par être qualifiés ironiquement de "barons retranchés" et plus tard de "barons assiégés", autorité Polk théorique au coeur d'une ville Blême. C'est aussi à cette période que commencent à être creusées les catacombes de Gurapest, véritable pans enterrés de ville sous la ville. La difficulté à s'étendre dans la steppe (car peu d'accès à l'eau en dehors du fleuve) pousse les Blêmes à trouver refuge sous terre, imitant la cité troglodyte de Draculvoda. L'apparition de ces galeries qui se transforment bientôt en un complexe réseau de souterrains aménagés rend d'autant plus malaisée le contrôle des Polk sur Gurapest et les marchands reviennent progressivement afin de profiter des halls enterrées et ainsi échapper aux impôts et taxes de la couronne de Polkême.
Au cours du XIVème siècle, une véritable aristocratie marchande se met en place au sein de la ville. Les barons Polk n'y sont guère davantage que des fantoches obligés de composer avec de puissantes familles Blêmes. Ces-dernières tirent leur influence du contrôle des guildes d'artisans ainsi que d'une forme de proto-marché noir ayant lieu dans les souterrains de Gurapest. La cité est divisée en quartiers, chacun organisé autour de grandes halls qui sont des lieux de commerce et points névralgiques de l'économie de la Pal ponantaise. La couronne de Polkême est incapable de lutter contre l'autonomisation progressive de la cité et ses tentatives de répression musclée sont suivies d'émeutes. Petit à petit, les seigneurs Polk de Gurapest abandonnent l'idée de maîtriser une ville qui leur est étrangère et finissent par se reposer sur les cartels qui s'achètent leurs faveurs contre un peu d'or.
A la fin du XIVème siècle et au début du XVème siècle une famille marchande, les Vulcan, s'impose progressivement sur les autres et gagne en hégémonie. Riche grâce au commerce, elle peut également se reposer sur la loyauté de nombreux hommes d'armes, qui forment de véritables milices à sa solde et qu'elle emploie dans ses vendettas contre les autres familles. Les barons Polk de Gurapest tentent au départ de s'attirer les faveurs des Vulcan puis, effrayés par leur rapide montée en puissance, tentent de limiter leur influence. Ils se heurtent se faisant à de sanglants mouvements de résistance populaire qui les conduisent à plusieurs reprises à devoir résister face à des émeutes urbaines. En 1420, une émeute plus violente que les autres force le baron Polk de Gurapest à fuir la ville et chercher des renforts en Volvoda. Loin de les lui accorder, les Vol Drek le châtient pour sa lâcheté et décident de changer de stratégie : implanter des barons Polk en Pal ponantaise s'est avéré un échec systématique, les Blêmes semblent refuser de se laisser commander par un étranger. Les Vol Drek décident alors de changer le statut de la Pal qui, divisée en trois baronnies, se voit réunifiée et prend le statut de Marquisat, une marche du royaume. Une famille Blême est choisie pour être élevée au rang de noble de la Polkême, les Vol Drek jettent leur dévolu sur le puissant clan des Vulcan, qui sont anoblis et deviennent les Vil Vulcan. Leur chef de famille, Teodor Vil Vulcan, est nommé marquis de Pal ponantaise et se voit autorisé à siéger avec sa cour à Volvoda.
La porte de la mer Blême

Port Ponant est le plus grand port de commerce de la Polkême et le seul à pouvoir accueillir des porte-conteneurs et des chantiers navals. Fondée par les Rêmiens, la cité est d'abord baptisée Levantium, traduisible par « ville du levant » avant d'être renommée Port Ponant lors de sa prise par les tatares, ce qui, ironiquement, se traduit par « port de l'ouest ». La ville change ainsi de nom selon la perspective de ceux qui la possèdent, faisant dire à l'historien blême Nolan Cainu qu'en toute logique, elle aurait dû prendre un nom indiquant le sud après sa prise par les Polk. Elle est la deuxième ville la plus peuplée de la Pal ponantaise et compte environ cinq-cents mille habitants en 2016.
La cité sur la mine

Draculvoda est la troisième plus grande agglomération de Pal ponantaise. Lors des derniers recensements, elle comptait un peu plus de quatre-cents milles résidents, un chiffre amené à augmenter, prévoient les autorités, depuis la découvertes de la principale entrée des catacombes sous la ville, ce qui a attiré de nombreux curieux en quête de travail et d’aventure.
Draculvoda, traduisible par « ville du dragon », est une ancienne cité rêmienne fondée aux alentours de -100 avant Jésus Christ lors de la colonisation par l'Empire de Rême de l’ouest de la Pal. D’abord nommée Parum, du nom des veines de marbre qu'elle exploite, elle prendra son nom à consonance blême lors de la capture de la ville par les Polk au XIIème siècle. Bâtie sur une colline, c’est d’abord une ville industriel qui s’enrichit grâce à l’exploitation des mines de pierre et de marbre sur lesquelles elle est adossée. Draculvoda est l’une des seules cités blême entièrement construite en pierre de taille et pavée, Gurapest et Port Ponant préférant des matériaux plus accessibles comme l’argile ou le calcaire pour cette dernière.
Comme Port Ponant, Draculvoda est petit à petit fortifiée par les Rêmiens pour devenir, en plus d’une mine, avant-poste militaire dans la steppe. Lorsque les premières invasions tatares acculent les légions de Rême au deuxième siècle, Draculvoda devient une ville garnison dont le but est de tenir l’entrée de la langue pour empêcher aux barbares l’accès au cœur de l’Empire. De ce point de vue, elle joue parfaitement son rôle malgré l’affaiblissement impérial, repoussant autant les invasions nomades venues de l’est que les incursions polk du nord. Tout au long des premier, deuxième et troisièmes siècles, la ville ne cesse de se renforcer. De simple motte castrale perchée sur sa colline, les prémisses d’une véritable citadelle voient le jour et un mur d’enceinte est élevé pour protéger la ville.
Bien que ralentie plus tard par la perte de Levantium (rebaptisée Port Ponant) au profit des tatares, l’exploitation des mines ne s’arrête jamais vraiment. La colline sur laquelle est construite Draculvoda regorge de marbres et des filons de pierres précieuses, notamment le Mica doré qui deviendra progressivement typique de la joaillerie artisanale blême. La colline est progressivement rongée de l’intérieur, d’abord de galeries, puis des effondrements pousseront les mineurs à élargir leurs bases de travail ce qui transformera la colline en grotte au fil des siècles.
Draculvoda tombe aux mains des tatares en 435 après Jésus Christ. La ville est passée à sac et une partie de sa population réduite en esclavage. Les Rêmiens abandonnent définitivement la Pal et se retranchent au sud dans la langue. La ville mettra deux décennies à se relever du pillage mais, forte de ses mines et de sa position stratégique en hauteur, la citadelle sera réinvestie par les tatares pour servir de garnison à leur compte.
A cette époque, Draculvoda adopte le style troglodyte en profitant de la fraicheur des cavernes dans lesquelles les mineurs ouvrent régulièrement des ouvertures. L’actuelle vieille ville troglodyte (aujourd’hui abandonnée) est creusée à même la roche et profite de la fraicheur provoquée par l’ombre du sommet de la colline au-dessus d’elle. Davantage que pour le confort (la ville est sombre même en pleine journée), se retrancher à l’intérieur de la colline facilite la défense de la ville qui relève et modernise son réseau de fortifications. Par ailleurs, cela lui donne accès à l'eau, chose rare en l'absence de fleuve ou de rivière au cœur de la steppe. Les cavernes sont humides et les puits forés dans la roche dévoilent la présence de lac souterrains et nappe phréatiques dont les habitants peuvent exploiter l'eau douce. A cette époque, la vieille ville est la première de la région à développer une économie autour des thermes et son peuple passe pour être le de plus sain de la Pal.
Sous le joug tatare, Draculvoda prospère. Elle reprend de plus belle son activité de minage qui permet l’apparition d’un savoir-faire local en matière de taille de pierre et d’architecture. Si le marbre tend à quitter la Pal, la pierre extraite notamment pour dégager l’intérieur de la colline permet d’étendre la ville et de construire des maisons à peu de frais. Grâce à des politiques ambitieuses de la part de plusieurs gouverneurs successifs, la cité devient rapidement l’une des plus moderne de la steppe et se paye même le luxe de paver ses rues. La citadelle est également agrandie et modernisée et elle sert à quelques reprises de lieu de villégiature pour les Khan qui s’en servent comme vitrine de la prospérité de leur empire.
Draculvoda ne résiste malheureusement pas longtemps à la seconde invasion turco-mongole au début du XIIème siècle. La ville est assiégée par la horde qui projette des carcasses animales par-dessus ses remparts pour propager des épidémies de peste à l’intérieur de la cité. Celle-ci étouffe dans ses grottes malgré l’accès à des réserves d’eau potable quasi inépuisables qu’elle tire des lac souterrains sous la roche. Draculvoda se rend rapidement et est pillée mais les envahisseurs ne détruisent pas la forteresse, pressés de poursuivre leur invasion vers le cœur de Rême. La ville est occupée pendant une décennie où ses habitants sont exploités comme des presque esclaves au service de l’Empire.
A la fin du Haut Moyen Âge, les grandes puissances que sont l’Empire de Rême et l’Empire mongole se morcellent. Un nouvel envahisseur en profite alors pour s’emparer de Draculvoda : la Polkême. L’objectif des polk est de couper le territoire mongole en deux et la Pal joue à cette fun un rôle stratégique. La ville se défend convenablement mais doit de nouveau ouvrir ses portes face aux cavaliers polk qui l’assiègent à leur tour et l’affament. La révolte grondant déjà à l’intérieur des murailles, les Blêmes assassinent leurs maîtres mongoles et livrent la ville aux Polk. De cette époque datent plusieurs histoires de fantômes, célèbres en Pal ponantaise, contant le récits de ceux qui, poussés par la faim, auraient fui dans les cavernes sous la colline pour s’y entredévorer et n’en jamais ressortir, et des seigneurs mongoles assassinés dans leur sommeil ou longuement suppliciés pendant le siège de la ville.
Contrairement aux mongoles et aux tatares, puisque Draculvoda s’est rendue, les Polk ne mettent pas à sac la ville mais l’investissent à leur tour, à nouveau comme rempart à l’ouest de la steppe et comme ville minière. La colline semble inépuisable et de nouveaux filons de marbre sont découverts régulièrement. Draculvoda est alors la seconde ville la plus importante de la région et est désignée par la couronne de Polkême pour devenir le chef-lieu d’une nouvelle baronnie blême. Elle hérite alors de son nom : Draculvoda, construit grâce au préfixe -voda désignant une cité fortifiée, et Dracul, patronyme d’origine blême signifiant « le dragon », certainement pour signifier sa fonction militaire.
Comme Gurapest, Draculvoda présente, aux yeux des Polk, un intérêt moindre que Port Ponant. Si la Polkême relance à son tour l’exploitation des carrières dont elle arrache les pierres pour construire ses propres forteresses, la ville n’a à ses yeux qu’une fonction défensive et se doit d’être le verrou de la steppe. Le commerce qui suivait le grand axe du pourtour de la mer Blême pendant la période d'unification tatare se tarit avec le morcellement des anciens empires. Les Polk préfèrent se concentrer sur le développement de leur arrière-pays et délaissent les routes allant d'est en ouest au profit d'un axe nord-sud. La région, en proie aux conflits et aux escarmouches de cavaliers, est moins propice à la circulation des caravanes marchandes qui privilégient davantage le commerce par navire. Contrairement à Gurapest qui se trouve sur le fleuve Pietr et est donc un passage obligé pour les marchandises remontant depuis l’océan et Port Ponant, Draculvoda souffre de son isolement et la ville se dépeuple progressivement dans le premier siècle suivant la conquête, devenant la moins peuplée des trois. L’abandon de quartiers entiers en quelques décennies fait de la vieille ville un lieu mal famé, sombre et où mieux vaut ne pas s’aventurer seul. Les conditions de vie sont mauvaises et les départs d’épidémies sont fréquents. Seule la forteresse et les quartiers alentours sont épargnés.
Ce marasme perdure pendant deux siècles où la cité ne tient que grâce à ses mines et aux garnisons Polk qui s’y trouvent. La population préfère émigrer vers Port Ponant et Gurapest en plein essor. Ces difficultés font de Draculvoda le point névralgiques des premiers sursauts de résistance blêmienne. Comme lors de l’occupation mongole, des seigneurs Polk y sont assassinés et la ville développe rapidement une image exécrable aux yeux de la Couronne de Polkême, au point que celle-ci envisage de l’abandonner à son sort au profit de nouvelles forteresses situées plus à l’ouest dans la steppe. Un tel projet ne voit pas le jour mais la cité acquière à cette époque une réputation sinistre qui la suit encore aujourd’hui. Théâtre de révoltes et d’émeutes, de véritables guérillas ont lieu dans les grottes où les embuscades sont fréquentes et de tentaculaires réseaux criminels voient le jour. La cité doit être matée à plusieurs reprises par les Polk qui mettent à sac la vieille ville troglodyte. Construite en pierre et à même la roche, celle-ci ne se consume toutefois jamais complètement et à cette époque déjà on rebâtit sur les ruines précédentes, faisant du vieux Dracuvolda un lieu architecturalement inédite dans la région, véritable patchwork d’inspirations de différentes époques assemblées les unes sur les autres en couches successives. C’est à Draculvoda, épicentre de la résistance blêmienne, que se formeront les premiers mouvements d’exodes volontaires, d'abord sous l'impulsion de bannis cherchant refuge hors de la steppe, mais qui se transformeront plus tard en expéditions coloniales à destination du Nazum. Selon l’historiosophie transblêmienne, le Grand-Duc serait ainsi né à Draculvoda et aurait fait partie des premiers à guider le peuple outre-blême.
Au XVème siècle, sous le Marquisat, la modernisation des citadelles Polk et l’essor de l’usage de la pierre pour construire les maisons relancent timidement l’économie de Draculvoda. Progressivement, la cité est investie de nouvelles populations venues profiter des retombées économiques de la mine. Trop malfamée et impossible à sécuriser, la vieille ville troglodyte est abandonnée au profit d’une nouvelle, construite sur la colline pour profiter de la lumière. La vieille ville devient le repère des plus pauvres et des bandits tandis que la nouvelle ville prospère au-dessus d’elle. La forteresse est presque entière reconstruite, avec des techniques contemporaines et afin de faire face à l’utilisation des premiers canons sur le champ de bataille.
Les quatre siècles du Marquisat sont une période de renaissance pour Draculvoda. La Pal prospère doucement, moins en raison des investissements directs des seigneurs de Polkême que grâce aux dividendes de la paix qui règne sur le territoire du royaume. L’alliance branno-polk repousse efficacement les envahisseurs venus de l’est et à l’ouest l’effondrement lent de Rême morcelle la région de l’actuelle Adélie en petites principautés et chefferies, incapables de faire face à la puissance de la Polkême. La ville se repeuple malgré son isolement et centralise autour d’elle toutes les intérêts économiques de l’ouest de la Pal. Elle accueille notamment des foires marchandes. La sécurisation de la zone sous domination polk permet la réouvertures partielle des grands axes marchands qui longent la mer de Blême et attirent les caravanes dans la steppe redevenue sûre. Paradoxalement, la ville profite de ne pas se trouver sur un axe fluvial : contrairement à Gurapest et Port Ponant qui se trouvent sur le Pietr, Draculvoda attire moins l’attention de la couronne de Polkême qui délègue au Marquisat le contrôle de la région. Celle-ci s’émancipe ainsi discrètement de l’autorité polk et devient un lieu de commerce stratégique pour échapper notamment à l’impôt. Elle prospère également sur les restes de l’économie rêmienne, commerçant avec les seigneurs voisins n’ayant pas accès à la mer Blême mais souhaitant bénéficier des marchandises importées du Nazum. Les bandes armés et le mercenariat s’y développe, ce qui permet à la ville de lever ses propres troupes. Encore aujourd’hui la cité de Draculvoda gère seule sa gendarmerie, malgré la présence d’une garnison polk.
