15/04/2016
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Visite du Calife Kubilay à Aserjuco [Alguarena - Azur]

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Visite d'Etat de Son Altesse Kubilay, Calife d'Azur, à la République Fédérale d'Alguarena


Aserjuco

Dans le silence ouaté de l'habitacle, le Khalife fermait les yeux. L'appareil, survolant la mer des Burbujas Verdes, transférait la délégation azuréenne vers la capitale de l'Alguarena. Après avoir visité Caribeña et le Grand-Kah, la suite du Commandeur des Croyants se dirigeait vers la capitale de la première puissance mondiale, au milieu de l'île de Malmana, dans l'empire archipélagique. C'est le coeur du voyage ; après cette étape cruciale, le guide suprême de l'Azur visiterait les Etats voisins d'Akaltie et d'Icamie, avant d'opérer un retour vers Agatharchidès.

Lorsque l'idée de faire un voyage au Nouveau-Monde était apparue à Jamal al-Dîn al-Afaghani, c'était avant tout dans l'optique de se rapprocher des deux puissances mondiales principales ; le Grand-Kah, qui était parvenu à 2000 milliards de Produit Intérieur Brut grâce à des investissements massifs dans ses réseaux de dépendance à travers le monde, demeurait toujours deuxième après l'Alguarena, dont l'industrie battait des records de compétitivité. Idéalement située au carrefour de grandes routes commerciales, l'archipel était riche en ressources, et la puissante République Fédérale avait depuis longtemps structuré sa production pour tenir son rang sur le marché mondial. L'efficience des industriels alguarenais, bien connue sur le marché de l'armement, faisait de l'Alguarena le premier arsenal du monde, et à ce titre une puissance autant économique que militaire.

Evidemment, c'était un interlocuteur majeur pour l'Azur. Le Califat constitutionnel recherchait de nouveaux partenariats, et un contrat important d'armements navals avait été signé avec l'Alguarena récemment. De plus, l'Azur cherchait l'aval de la grande puissance pour faire avancer ses idées sur la zone maritime souveraine, qu'il voulait consolider sur sa petite bande côtière. C'était aussi chercher à désamorcer les tensions entre Aserjuco et Axis Mundis, Etats voisins par la mer, en proposant une réglementation internationale des frontières maritimes à même de susciter un accord entre les deux grandes puissances du Nouveau Monde.

Par ailleurs, le Khalife venait visiter la grande puissance technologique et culturelle, et échanger avec ses autorités sur des sujets divers, touchant à l'histoire et à l'avenir. L'Azur espérait que l'Alguarena puisse jouer un rôle plus important dans la stabilité internationale, en évitant que le conflit du Gondo, par exemple, ne se prolonge. De façon plus prosaïque, ce serait aussi l'occasion de sonder la vision internationale des autorités d'Aserjuco, alors même que celles-ci venaient de se renouveler lors des élections fédérales. L'Afarée, le continent le moins peuplé et le plus éparpillé, attendait beaucoup de partenariats potentiels avec les économies dynamiques du Paltoterra et d'Aleucie, notamment pour établir de solides contrats énergétiques et obtenir leur soutien sur la scène internationale.

C'est donc avec une disposition d'esprit conciliante que la délégation azuréenne arriva dans les hauteurs d'Aserjuco, dont la skyline brillait près de la mer. La prospérité de la capitale fédérale s'observait depuis le ciel. Un jour, peut-être, Agatharchidès brillerait des mêmes feux.
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ASERJUCO le 15 janvier 2016


aéroport Aserjuco
Un nouveau jour se lève à Aserjuco.


L’aube inarrêtable venait s'étendre sur le ciel azur d'Aserjuco, peut-être était-ce le signe annonciateur de la venue du Calife d'Azur dans l'archipel? Une rencontre inédite, organisée selon la realpolitik du moment qui touchait l'Afarée, et faisait du Califat d'Azur, un acteur incontournable ou tout du moins porteur du souhait de réguler certains aspects de la vie économique et commerciale du continent afaréen, mais avec quels desseins pour la Paltoterra?

Si certaines idées faites autour de la venue du Calife dans l'archipel demeuraient sous un épais brouillard, l'avion du Calife en était lui, bien sorti, amorçant sa descente vers le tarmac de l'aéroport d'Aserjuco. Une venue remarquée, à en croire le parterre coloré qui bariolait une partie de la piste depuis les hauteurs. Un détachement des honneurs cérémoniels, omniprésent lors des rencontres diplomatiques entre dirigeants, avait effectivement installé sa fanfare, prêt à entonner les hymnes respectifs des nations représentées de leurs officiels aujourd'hui. En leur compagnie, la piste plate et bétonnée qui séparait l'avion de l'aéroport avait déjà plus fière allure ! Outre la fanfare, le représentant de la communauté catholique, le Cardinal César Gálvez et candidat malheureux du précédent conclave catholanais de 2010, était présent aux côtés de la président fédérale sortante, Mazeri Abrogara.

A la sortie de l'appareil, le Calife fut salué par la présidente fédérale, non sans respect une certaine distanciation sociale, peu coutumière des règles de bienséance et de la relation homme-femme eu égard à son homologue azuréen. Le représentant de l'Eglise catholique et particulièrement l'Eglise catholane depuis son accession au titre de cardinal, salua également le Calife, marquant l'amorce des fanfaronnades destinées à restituer l'intégralité des hymnes nationaux. La délégation azuréenne, ainsi accueillie, fut alors prise en charge par l'autorité alguarena, les berlines se succédant sur le tarmac même, l'accès leur ayant été facilité depuis une grille installée à même la clôture chargée de délimiter l'accès réglementé et de faciliter une évacuation ou l'arrivée de secours sur place. Un accueil digne et une exfiltration discrète, voilà ce qui était ambitionné pour la rencontre diplomatique aspirée entre les deux gouvernants. La présidente fédérale avait souhaité partager la même voiture que le Calife avant son arrivée au palais présidentiel, pour garantir des photos communes par une presse complaisante qui les verrait sortir ensemble peu de temps auparavant. Le conseiller fédéral aux affaires étrangères Simón Velázquez, dont le nom revenait régulièrement lors des rencontres entre homologues, était là lui aussi, mais attendrait les deux officiels au pied du bâtiment institutionnel vers lequel convergeaient les berlines des officiels. La venue du Calife se fit, comme à l'accoutumé lorsque l'on accueille un dirigeant, dans un cadre assez formel. Un formalisme largement aidé par la disponibilité des dirigeants eux-mêmes qui ont fait de cette rencontre diplomatique une rencontre de chefs d'état, bien qu'il soit inscrit dans la pensée de chacun que le contexte politique alguareno se veut particulièrement mouvant, à l'heure où sonnent les appels au vote de nombreux partis politiques.

Malgré tout l'enthousiasme qui s'était invité autour de la rencontre diplomatique, un fait demeurait : l'invité qu'était le Calife, monarchie gazière décomplexée, pouvait véhiculer un certain standing outrageant pour une partie de l'opinion publique alguarena. Le choix a été donné de maintenir une certaine sobriété en la circonstance, considérant la période électorale en cours pour les présidentielles fédérales, l'affichage d'un certain faste pouvant nuire à la coalition présidentielle du MPF.

Le palais présidentiel, ce bâtiment imposant mais élégant et vieux de plusieurs centaines d'année après qu'il fut bâti durant l'ère coloniale se présenterait bientôt face à la délégation azuréenne pour seul faste permis, sitôt le quart d'heures qui les en séparé écoulé.



Présidente fédérale Mazeri Abrogara
Mazeri Abrogara
Mazeri Abrigara, Présidente de la Fédération d’Alguarena.


"Votre éminence, permettez-moi de venir au nom de la Fédération d'Alguarena, vous souhaiter la bienvenue dans l'archipel ainsi que de me trouver soucieuse de vous savoir ayant fait bon voyage. La venue d'une délégation azuréenne en Alguarena est un fait nouveau, qui m'appelle à vous délivrer un fois encore, tous mes remerciements pour vous être fait la voix de l'ambition azuréenne pour la Paltoterra et sur laquelle chacun entend capitaliser dans l'intérêt commun.

Soyez assuré que l'honneur de cette rencontre est pour nous... La Fédération d'Alguarena ayant à coeur d'identifier des interlocuteurs durables pour la région afaréenne, à l'heure où un certain nombre d'intérêts partagés s'y dessinent, au Bajusid, en Mandrarika, au Banairah, etc..."

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Kubilay

Le Calife d'Azur avait salué la Présidente Fédérale en inclinant le menton, la main sur le coeur, en signe de respect et conformément à la nature féminine de la chef de l'Etat d'Alguarena. L'accueil de la République Fédérale n'était pas à prendre à la légère ; il serra des deux mains la poignée de César Gálvez, Cardinal de la communauté chrétienne catholique nombreuse et fervente dans le pays, en répétant : "Que la Paix soit sur vous, Monseigneur Gálvez, et sur tous les croyants qui vous suivent". L'homme lui rendit un sourire aimable ; ils échangèrent quelques paroles de politesse, avant de s'engouffrer dans le convoi présidentiel qui les conduirait aux édifices publics.

— La beauté d'Aserjuco n'est pas usurpée, déclara le Calife dans la voiture.

Face à Mazeri Abrogara, présidente sortante, il se laissa porter vers le Palais fédéral. A ses côtés, son secrétaire personnel, Mohammed Badie, ajustait ses petites lunettes fines et faisait, de temps à autre, un complément d'information dans l'oreille de Son Altesse Sémillante. Polis, mais séparés par la barrière de la langue, les chefs d'Etats ne purent échanger que quelques phrases par le truchement d'un interprète avant d'être menés à destination.

Le Khalife serra la main de Simón Velázquez, puis ils furent tous conduits dans une grande salle où les discussions pourraient avoir lieu. La délégation azuréenne pris place autour de sièges et de tables ; elle se composait de diplomates, de conseillers et de religieux en habit, et entourait le Commandeur des Croyants comme une nuée de petits papillons. Badie, en simple veste, s'occuperait de la partie technique des discussions ; Son Altesse n'intervenait pas beaucoup dans le concret des échanges politiques.

Après avoir écouté les paroles d'introduction de la Présidente alguarenaise, Badie prit la parole au nom de l'Azur.


— Comme Son Altesse l'a répété, nous sommes reconnaissants à l'Alguarena et à ses autorités d'avoir rendu cette rencontre possible. Merci, Excellences, merci encore, pour votre implication et votre bonne appréciation... Vous l'avez mentionné, Excellence, Madame la Présidente ; des enjeux importants existent et appellent justement à un dialogue bilatéral soutenu... Avec votre permission, je vais à mon tour exposer les points que nous souhaitons aborder avec vous, dans l'espoir qu'ils suscitent également votre intérêt, mais en explicitant leurs motivations du mieux que je le peux...

Il reçut du Khalife l'autorisation de continuer ; celui-ci, chaussant des oreillettes pour la traduction, battait lentement des cils, impassible.

— Permettez-moi au préalable de revenir sur l'un des éléments essentiels de notre coopération bilatérale jusqu'ici, qui est le contrat d'armements navals que nos deux pays ont passé, et qui a permis à l'Azur d'être doté de nouveaux navires pour la logistique, la surveillance et la sécurisation de sa région côtière, en faisant l'acquisition des très compétitive et excellents appareils de technologie alguarenaise. Par ce partenariat, l'Alguarena a contribué à renforcer la sécurité de l'Azur sur un terrain qui lui est cher : celui de la protection de ses intérêts maritimes. Bien sûr, l'Azur est un pays essentiellement continental, et qui a vocation à le demeurer. Cependant, son ouverture à la mer par le port d'Anaxandre - Anascandar en arabe, est un élément clé de son infrastructure commerciale, économique, énergétique, stratégique. A l'heure de la mondialisation, nous ne saurions nous passer de ce goulot d'accès qui nous ouvre au marché international ; c'est une question vitale pour nous de protéger cette porte vers le monde.

Mohammed Badie fit une courte pause pour permettre aux traducteurs d'aller de l'arabe vers l'espagnol.

— En tant qu'Etat archipélagique, et vu son histoire essentiellement construite sur les rapports maritimes entre ses îles constitutives et avec les métropoles coloniales des époques précédentes, je suis sûr que vous pourrez convenir avec nous, Excellence, du bien-fondé de notre démarche qui illustre notre seule préoccupation à assurer notre souveraineté, sans esprit de concurrence ou de rivalité avec quiconque. C'est toujours dans cet objectif légitime que nous avons sollicité l'Alguarena à nouveau pour l'acquisition de missiles balistiques... Ces matériels seraient nécessaires afin de renforcer notre capacité de dissuasion, en particulier en direction de quiconque voudrait s'en prendre à nous. Ces armements, qui ne peuvent avoir d'autre intérêt que celui d'apporter une réplique à une agression, ne sont pas de nature à nous mettre en possibilité de nous en prendre à nos voisins : avec des missiles, l'on ne peut gagner une guerre dans la durée pour un objectif territorial... Ainsi, Excellences, nous serions heureux que l'Alguarena identifie dans ce second contrat la possibilité d'un deal raisonnable et conforme avec nos intérêts respectifs, et qui ne mettrait personne en danger : ni l'Alguarena bien sûr, ni ses partenaires afaréens qui sont nos voisins, avec lesquels nous travaillons dans une très bonne entente.

Il prit un verre d'eau avant de continuer son propos.

— Dans la continuité de la stratégie qui est la nôtre, nous travaillons au contraire avec nos voisins, notamment avec le Mandrarika, Banairah ou d'autres encore, à stabiliser et consolider la paix régionale et la bonne entente entre nos Etats, par le biais d'accords de coopération qui touchent à des volets divers. Le volet maritime, étant l'un des plus cruciaux, est l'un de ceux-là. Nous avons récemment conclu un accord avec le Mandrarika établissant la reconnaissance des eaux territoriales souveraines des deux Etats ; nous souhaiterions construire avec vous un accord similaire. Ce texte, qui donnerait un cadre juridique et une légitimité aux revendications territoriales maritimes de nos deux Etats, permettrait d'assurer notre soutien réciproque pour exercer notre souveraineté dans le territoire maritime qui en relève. Loin d'être inutile, ce cadre devrait selon nous être la base même de toute pensée stratégique, car l'Azur souhaite fonder son action dans le droit, et en tout temps honorer sa parole. L'honneur et la sincérité sont des valeurs que nous avons en partage.

A nouveau, Mohammed fit une pause. Il en profita pour scruter ses interlocuteurs ; par un regard, le Calife lui confirma qu'il pouvait continuer.

— L'Azur est une force de paix dans sa région, tout comme l'Alguarena l'est à l'échelle mondiale. Nous travaillons à construire les cadres réglementaires, économiques et politiques qui permettent aux Etats de travailler ensemble sans s'inquiéter que le recours à la force puisse entacher les relations internationales. Ainsi, en Afarée, nous sommes très curieux des avancées réalisées à Paltoterra, en particulier en matière de développement économique. L'industrie alguarenaise est la première au monde, elle est extrêmement compétitive. Des pistes de nouveaux partenariats commerciaux semblent émerger. Nous pourrions nous y associer. De plus, nous serions très heureux d'avoir l'appui de l'Alguarena dans le cadre du problème structurel de l'unité du continent afaréen. L'Afarée est un continent très grand et dispersé, victime de nombreux maux dont le plus actuel d'entre eux est une guerre civile sanglante au Gondo. Ce conflit, qui est le théâtre de percées d'influences idéologiques communistes et gauchistes, n'est que le prolongement d'une attitude néo-coloniale et impérialiste de la part de grandes entreprises aleuciennes et eurysiennes, et de certains Etats comme la Clovanie. Face à cela, l'objectif de l'Azur est de structurer un pôle afaréen non-idéologiquement adossé à une quelconque influence, qui puisse défendre les Etats afaréens et faciliter leurs coopérations avec les autres pays du Sud Global, dont l'Alguarena. Dans ce contexte, nous espérons beaucoup d'un appui diplomatique de l'Alguarena pour qu'un tel pôle afaréen émerge, de sorte qu'il ne soit ni soumis à l'impérialisme, ni converti à une idéologie rouge porteuse de fièvres révolutionnaires et de chaos social.

Mohammed Badie s'interrompit ; il venait d'effleurer un panel de sujets. Avant d'aller plus loin, la diplomatie convenait de vérifier qu'on était sur la même longueur d'onde avec les interlocuteurs ; la délégation azuréenne se prépara à écouter les réponses des Alguarenais.
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ASERJUCO le 15 janvier 2016


Palais présidentielle
Réception au plais présidentiel.


L'aube qui dominait maintenant les cieux couvrait largement l'horizon sur lequel se dessinait la capitale d'Alguarena, finissant d'amorcer l'approche du palais fédéral ainsi mis en valeur, à l'heure où les berlines des officiels étaient invitées à entrer dans le parc jouxtant la propriété héritée de l'architecture coloniale hispanique du XVIIIe siècle. En réalité, le choix d'accueillir le Calife au sein du palais présidentiel fédéral était un choix autant mûri par le protocole lié à la réception de chefs d'état, que la volonté d'échapper aux manifestations possibles dans le centre de la capitale.

Des manifestations directement dirigées contre le Calife et la présidence fédérale, puisqu'il était question des collectifs de pêcheurs et de pisciculteurs alguarenos, un puissant lobby pour l'archipel, qui se trouve aujourd'hui inquiet après le lancement d'une rencontre diplomatique entre la présidence fédérale et le califat d'Azur, connu pour ses souhaits de réglementation en mer. Des réglementations qui, non contentes de définir des zones économiques souveraines à chaque état, veulent aussi intervenir dans la définition et le suivi de quota de pêche, comme des accords ont récemment pu être tractés auprès de la République Fédérale de Mandrarika.

La définition des quotas de pêche ne serait en soi pas directement dommageable aux pisciculteurs puisqu'ils interviennent eux dans l'élevage des ressources halieutiques et pourraient donc produire indistinctement. Cependant, ils estiment avoir de bonnes raisons de craindre qu'une réglementation dirigée à l'encontre des activités de pêche en mer n'incite partie d'entre eux à se tourner vers les activités d'élevage halieutique, déséquilibrant un marché encore fragile à l'heure de la mondialisation et du contexte inflationniste que l'on ne présente plus dans l'archipel.

A ce stade, tout n'était que pure spéculation car les rumeurs ébruitées des instances officielles ne faisaient état que d'une rencontre entre la présidente fédérale et le Calife, sur la question des zones économiques exclusives. Une rencontre rendue nécessaire, pour crédibiliser le califat dans l'affirmation de sa souveraineté en Afarée et nourrir l’orgueil alguareno de concourir à l'assise d'institutions pérennes aux interlocuteurs durables qui font défaut à la Fédération d'Alguarena en cette partie du globe. Bien entendu, la rencontre diplomatique allait au-delà de toutes considérations faites aux zones maritimes revendiquées par chacun et certains diraient, que l'assise voulue aux autorités azuréennes en Afarée avait déjà été fortement débuté avec la ratification de contrats d'armement d'importance, initiant l'acquisition d'une flotte militaire sur laquelle le Califat d'Azur entendait escompter.

"Il n'existe pas de puissances navales en Afarée et aussi longtemps que ce sera le cas, la politique locale sera façonnée sous les coups de boutoire des forces de projection étrangère, aujourd'hui principalement nourrie par l'Eurysie et la Paltoterra" avait dit en ces termes un jour, Felicity Edminston, politique alguarena felicizienne. Certains continuent de penser aujourd'hui qu'elle avait raison mais tous tomber d'accord sur un élément de langage, les expectations azuréennes autour d'une flotte de guerre d'origine alguarena, si elles devaient être satisfaites, devaient être le terreau fertile à des engagements azuréens notables pour lever tout doute autour d'une confrontation possible entre les deux pays dont "l'un aurait fourni les balles au pistolet du second"...

Le Calife d'Azur, représentant terrestre du Califat d'Afaréen orientale, était à la fois discret et imposant, à l'image de ce pays niché sur le versant Est du continent afaréen, qui prospérait avec une forme d’humilité, aux fanfaronnades évincées. L'entrée dans le palais présidentielle fédéral leva un peu de cette chape e plomb voulue par un protocole stricte, déliant les langues des officiels et nourrissant une transparence sincère, amorce nécessaire au dialogue constructif tel qu'il était ambitionné par la Fédération d'Alguarena.



Présidente fédérale Mazeri Abrogara
Mazeri Abrogara
Mazeri Abrigara, Présidente de la Fédération d’Alguarena.


"Votre éminence, permettez-moi de vous recevoir au palais présidentiel pour ultime gage de la volonté qu’est la notre, à considérer le Califat d'Azur en interlocuteur digne de confiance et d'intérêts pour coconstruire une relation mutuellement prospère. Vous l'avez relevé, la Fédération d'Alguarena a consenti à la délivrance des agréments administratifs autorisant la vente de bâtiments de guerre au Califat d'Azur, ceci est une nouvelle expression manifeste de la confiance alguarena, permise dans l'accompagnement d'une politique souveraine azuréenne.

Car en autorisant la vente d'armements, de bâtiments navals puis de missiles balistiques vers le Califat d'Azur, nous prenons immanquablement et parallèlement à ça, le parti pris de concevoir que vous puissiez les engager sur des opérations de maintien de la souveraineté azuréenne. Par conséquent, nous sommes tout à fait disposés à considérer les eaux territoriales du pourtour oriental de l'Afarée, comme les espaces maritimes souverains du califat, sous couvert d'un tracé clair, précis, sans ambages cartographiques si l'expression m'est permise.

Nous avons l'humilité de croire que faire reconnaitre au plus tôt, une souveraineté azuréenne sur les espaces marins nommément identifiés sera un gage profitable à vos institutions pour considérer une politique de surveillance et de sécurisation maritime, soutenue par notre autorité. En contrepartie, la Fédération d'Alguarena espère légitimement voir vos autorités faire la reconnaissance de ses espaces régionaux concernés. S'il fallait poursuivre sur les spécificités azuréennes, reconnaissons que le califat a un accès restreint à la côte, ce qui pourrait légitimement l'évincer au profit d'un autre acteur régional. En vous prodiguant la reconnaissance de vos espaces souverains, la Fédération d'Alguarena entendrait vous laisser les cartes en main, pour aborder cette épineuse question qu'est le contrôle maritime de la côte orientale afaréenne, avec les territoires de l'Est-afaréen.

Il ne vous a également pas échappé que le programme d'acquisitions d'armes balistiques au Califat d'Azur provoquait actuellement la mobilisation de nos industries de l'armement chargées d'y répondre ainsi que de notre département fédéral aux affaires extérieurs qui souhaite y répondre favorablement, mais sous le couvert d'un plan d'acquisition graduel, pour ne pas entamer la réserve stratégique alguarena et nous offrir les gages nécessaires du protocole prévu pour leur engagement.

Pour ce qui a trait à la formation d'un pôle afaréen, la Fédération vous aurait jadis recommandé le FCAN mais à l'instar de la crise gondolaise ou diambéenne, nous doutons que l'organisation soit tenable dès sa première épreuve du feu. Nous pensons comme vous que la Cémétie en moins, les dynamiques afaréennes sont à reconstruire et le Califat d'Azur, par sa justesse de propos et sa mesure des actes, y occuperait une place en première ligne, si ce n'est privilégiée. La Fédération d'Alguarena que je représente identifie encore assez mal l'ensemble des leviers qu'elle pourrait mettre à votre service pour la réalisation d'une telle coopération interétatique mais c'est un chantier de travail qui ne souffrira en tout cas, d'aucun restriction de notre part."

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Mohammed Badie, Secrétaire personnel du Calife

La délégation azuréenne faisait face à ses hôtes alguarenais dans le palais présidentiel d'Aserjuco. La ville immense autour d'eux était éloignée par un périmètre arboré, et le palais, niché comme un oiseau de la forêt dans un écrin de verdure, se trouvait au milieu d'un parc ceinturé et sécurisé par la garde présidentielle. La moiteur de l'air, chaud et imprégné des saveurs de la mer et de l'industrie toute proche, était dans la grande salle du coeur du pouvoir alguarenais adoucie par la climatisation et la ventilation. Auprès du Khalife, qui représentait le pouvoir azuréen en déplacement dans l'archipel, se trouvaient l'ambassadeur d'Azur en Alguarena et surtout Mohammed Badie, le Secrétaire particulier de Son Altesse, qui l'accompagnait dans ses moindres déplacements et était véritablement comme son ombre. Architecte de la pensée du leader azuréen, maître des horloges, ce personnage aux fines lunettes teintées par le soleil avait déjà assisté à plusieurs épisodes de haute intensité politique, comme la démission du Grand Vizir de l'Azur qui quitterait bientôt son poste en raison d'une maladie secrète incurable, et surtout les rencontres diplomatiques de haut vol réalisées à Caribeña et au Grand-Kah pendant la tournée califale à Paltoterra. Plus au fait que le Calife des affaires de la politique concrète, c'était lui qui s'occupait de diriger, au nom du Commandeur des Croyants, les discussions bilatérales en ce qui concernait la partie azuréenne. Il le faisait en s'entretenant régulièrement à voix basse avec Kubilay, qui, parfois, définissait d'une voix ferme et indéchiffrable quelque parole dans la langue arabe. L'échange se déroulait calmement, les traducteurs s'occupant de permettre la communication entre les deux délégations.

— Merci, Madame la Présidente Fédérale, d'avoir abordé ces éléments. Permettez-moi tout d'abord d'adresser à nouveau le dossier au sujet du droit de la mer qui, comme vous le pointez avec justesse, est étroitement relié à la question de nos relations avec les autres Etats voisins de l'espace est-afaréen. Notre démarche est effectivement de consolider nos propres revendications maritimes en les présentant à nos partenaires pour obtenir leur agrément et leur reconnaissance. C'est un travail déjà initié avec le Mandrarika, l'île d'Anna, et en cours de discussion avec le Banairah ; nous espérons un retour prochain du Faravan et de l'UC Sochacia à ce sujet également. Nous proposons justement de convenir ensemble des frontières éventuelles à reconnaître, pour éviter toute querelle qui pourrait apparaître à l'avenir. Notre travail sur le droit de la mer correspond donc à un objectif de normaliser, de pacifier et de stabiliser nos relations avec nos voisins (et par extension avec les pays du monde entier, étant donné la nature universelle de la mer, où naviguent tous les pays). En ce sens, nous travaillons en parallèle de ces accords à la cartographie de nos revendications sur notre petit espace maritime, ce qui est un travail commencé mais pas achevé, et qui sera proposé à nos partenaires et surtout à nos voisins les plus proches. Là encore, dans l'objectif de tomber d'accord avec eux, et, réciproquement, de leur octroyer notre reconnaissance et l'assurance pour eux que le Califat ne recherche aucunement à empiéter sur leur espace légitime.

Badie fit une pause le temps que la traduction se fasse. Ses phrases étaient longues, dans la tradition diplomatique arabe, mais il espérait qu'elles soient libres de tout malentendu possible.

— J'aimerais insister sur le fait que la proposition d'un accord de normalisation des questions maritimes entre nous est, de notre point de vue, dans notre intérêt mutuel aux uns autant qu'aux autres. D'abord parce qu'il permet d'éteindre tout malentendu futur sur ces questions. Ensuite parce qu'il renforce, et non pas affaiblit ou limite, le secteur maritime de chacun d'entre nous. J'ai constaté, grâce aux notes produites par Monsieur l'Ambassadeur d'Azur à Aserjuco, l'importance du secteur halieutique pour les Alguarenais. C'est une réalité de votre pays ; une nation d'îles, dans des mers chaudes et poissonneuses, où le métier de pêcheur est une fierté et une tradition nationale. C'est votre identité et nous la respectons autant que nous l'apprécions, notamment grâce à vos spécialités culinaires renommées.

Il sourit.

— Le point que nous proposons dans notre proposition d'accord relatif à la question de la pêche vise, à l'instar d'accords conclus avec la République Sacrée et Universelle du Mandrarika ainsi qu'avec le Saint-Empire de Karty, et d'accords en cours de négociation avec le Grand-Kah et la République de Banairah d'autre part, ne vise pas à organiser une restriction aux captures en mer pour les pêcheurs alguarenais. Ses dispositions prévoient au contraire de restituer la souveraineté de chaque Etat sur les prélèvements dans sa zone (en instituant un système de licences rendant caduque la possibilité d'aller pêcher là où l'on n'a pas le droit) ; l'Alguarena, qui a des eaux territoriales parmi les plus considérables de la planète, serait donc en position de force pour contrôler l'accès à ses ressources halieutiques qui sont aujourd'hui ouvertes à la concurrence des secteurs concurrents. Par exemple de la part de votre grand voisin communaliste, mais pas seulement ; des pays comme Caratrad, Tanska ou la Confédération Zélandienne sont également très bien positionnés dans le domaine de la pêche hauturière, et leurs navires-usines parcourent les océans du globe indifféremment de toute réglementation internationale à cette heure. C'est aussi le cas de l'Icamie qui est un concurrent régional sérieux pour vos propres embarcations. Un autre point à noter est que nous proposons d'instituer un contact permanent en matière de suivi des bancs de poisson pour s'assurer que nos politiques de pêche soient harmonieusement agencées, afin que la ressource soit garantie pour les générations futures. Je l'admets, c'est un point qui a pu poser question, notamment de la part du Mandrarika dont les activités de pêche sont trop réduites pour que cette circonstance puisse paraître envisageable. Dans tous les cas, au vu de notre éloignement géographique, il me semble que cette question de coopération sur les sujets de pêche n'est pas la plus urgente. Je vous laisse consulter l'ensemble de notre proposition sur le dossier de la mer, et apporter les modifications éventuelles que vous désireriez, mais je me dois de vous indiquer clairement que si les dispositions en matière de réglementation de la pêche posaient une question non résoluble rapidement, nous serions prêts à la retirer immédiatement.

Les officiels de la suite azuréenne délivrèrent une pochette en carton où se trouvait un texte préliminaire. Ils laissèrent les Alguarenais s'en emparer pour le consulter.

Proposition d'accord maritime Alguarena-AzurPréambule

Le Califat constitutionnel d’Azur et la République Fédérale d'Alguarena, confirmant leur lien d'amitié mutuelle, constatent le besoin d’établir par le présent accord leur coopération maritime afin de sauvegarder leur intérêts mutuels et d’assurer la sécurité juridique des navires en mer. Le présent accord vise à consacrer la notion de « zone maritime souveraine » et à encadrer la coopération entre les deux Etats pour conforter la croissance et les retombées positives découlant d'un usage réglementé de l'espace maritime. Cet accord a vocation à s'inscrire de manière cohérente avec les autres dispositifs internationaux touchant aux questions maritimes.

Article 1 : de la reconnaissance de la zone maritime souveraine

Article 1.1 : du principe de la zone maritime souveraine
Les Etats partie au présent accord reconnaissent mutuellement leurs droits souverains réciproques sur leur zone maritime souveraine, définie comme le segment de territoire maritime situé entre le prolongement de leurs frontières terrestres et la ligne parallèle à la façade maritime établie à trois cents kilomètres (300 km) du continent. Cette zone est définie par les cartes maritimes fournies en annexe au présent traité.

Article 1.2 : du droit applicable
Les deux parties du présent accord considèrent que la zone maritime souveraine fait partie intégrante du territoire et que le droit qui s’y applique est le droit national du pays souverain. Les seules restrictions aux activités conformes à ce droit dans cette zone ne peuvent être admises que par le présent accord.

Article 1.3 : de la haute mer
Les territoires maritimes échappant à la définition de l'article 1.1 appartiennent à la "haute mer" ; ils ne sauraient être accaparés par aucun Etat. Seules les dispositions relatives à la liberté de navigation sont susceptibles de s'y appliquer.

Article 2 : de la liberté de navigation
Article 2.1 : du principe de libre circulation
Les navires civils portant pavillon de l’un des Etats parties à l’accord ont la totale liberté de circuler dans les eaux considérées comme souveraines de l’autre partie. Cette liberté de circulation ne peut être restreinte que pour des raisons exceptionnelles motivées par une décision de justice.

Article 2.2 : du principe de libre ancrage
Les navires civils portant pavillon de l’un des Etats parties à l’accord ont la totale liberté de circuler dans les ports de l’autre partie et de s’y amarrer sans considération de durée, dans le respect de la règlementation maritime locale. Cette liberté d’ancrage ne peut être restreinte que pour des raisons exceptionnelles liées à une décision des autorités sanitaires afin de mettre en place une quarantaine contre les épidémies.

Article 2.3 : de la lutte contre la contrebande
Dans le cadre de la lutte contre la contrebande, les dispositions de l’article précédent peuvent être suspendues pour un contrôle par la garde maritime motivé par une décision de justice. Cette décision de justice doit être communiquée au préalable aux autorités judiciaires de l’autre partie, au cas où le navire arraisonné serait enregistré dans ce pays.

Article 2.4 : de la circulation des navires de guerre
La circulation des navires de guerre est autorisée en mer sauf dans la zone maritime souveraine de chaque partie, sauf autorisation préalable. Avant de pénétrer dans la zone souveraine de l’autre Etat, un navire de guerre doit s’assurer que cet accès ne lui est pas défendu.

Article 3 : de la pêche

Article 3.1 : des licences de pêche
L’Azur et l'Alguarena conviennent d’autoriser les navires de pêche de l’autre partie à circuler dans les eaux qu’ils considèrent relever de leur souveraineté. Seuls sont autorisés à se livrer à la pêche halieutique les navires disposant d’une licence octroyée par le ministère de la mer de l’Etat souverain.

Article 3.2 : de la définition des licences de pêche
Une licence de pêche est octroyée individuellement pour chaque navire et précise le tonnage maximum prélevable dans les eaux souveraines du pays émetteur, pour chaque espèce de poisson. Ce tonnage maximum doit être défini en lien avec le ou les autres pays selon les dispositions des articles suivants.

Article 3.3 : de la gestion des ressources halieutiques
Afin d’éviter la surexploitation de la ressource halieutique préjudiciable à l’ensemble des Etats ouverts sur la mer, les Etats parties au présent accord s’engagent à coopérer pour se transmettre l’ensemble des données océanographiques afin de suivre l’évolution des bancs de poisson, la qualité chimique des eaux, et l’état général de la faune et de la flore sous-marine.

Article 4 : de la conservation des écosystèmes marins

Article 4.1 : de la coopération entre instituts d’océanographies
Les autorités scientifiques dédiées au suivi des écosystèmes marins des deux pays s’engagent à collaborer et à transmettre leurs découvertes et données sans conditions.

Article 4.2 : de l’exploitation des ressources géologiques sous-marines
Etant constaté que les forages pétroliers, gaziers, et les autres activités d’extraction des ressources géologiques sous-marines engendrent des dégâts irréversibles sur la biodiversité et préjudiciables aux populations humaines riveraines, les parties signataires s'engagent à informer les Etats frontaliers des projets d'extraction sous-marine qu'elles envisagent au cas où sont avérés des risques.

Article 4.3 : des aires marines protégées
Les parties s'engagent à ne pas mener d'activités dans les aires de conservation marine. Ces régions sont à définir de manière consensuelle entre les parties. (Joindre une carte des aires de conservation marine le cas échéant).

Article 5 : de l’application de l’accord
Le présent accord entre en fonction à partir de la signature par les deux parties. Il pourra être révisé par concertation commune. La non-application d’un des articles de l’accord par l’une des parties rend l’ensemble de l’accord caduc. Il appartient seulement aux autorités judiciaires de caractériser un non-respect d’une des clauses de l’accord. L’Azur et l'Alguarena formulent ensemble le souhait que le présent accord soit respecté ou révisé s’il y a lieu de le faire, dans un esprit de coopération bienveillante et de considération pour les intérêts mutuels de l’autre partie.


— Non, véritablement ce sujet de la pêche est pour nous d'un ordre moins urgent que d'autres. J'aborde à présent la question de la sécurité. Effectivement, entre des partenaires sur la question des armements se pose le problème possible d'une contradiction future : et si nos deux pays venaient à utiliser l'un contre l'autre les moyens qu'ils ont partagé ? Permettez-moi, Excellences, Madame la Présidente Fédérale, d'exprimer la haute opinion que l'Azur se fait de nos relations bilatérales, et notre forte conviction qu'une telle situation est improbable. Cette conviction est justifiée par notre éloignement autant que par notre volonté d'indépendance, qui nous fait nous garder de toute alliance inconsidérée avec de potentiels adversaires de l'Alguarena. L'Azur ne recherche pas à se lier à un camp diplomatique et militaire, mais à être une voix libre et indépendante, à nouer des partenariats et de bonnes relations avec tous, et à se positionner en facilitateur de la diplomatie d'une manière impartiale. Dans cette vision, comment pourrions-nous aller à la confrontation avec l'Alguarena ? Sans langue de bois, il me semble que ce serait une entreprise bien folle de notre part...

Certains ne purent s'empêcher de sourire à la boutade.

— Vous avez donc mentionné la nécessité d'une acquisition graduelle et dans ce cas, Excellence, l'Azur se rangerait à cette condition. Elle est par ailleurs tout à fait compréhensible. En ce qui me concerne, ces garanties que je viens d'expliciter me semblent suffisantes à prouver la sincérité et le bien-fondé de nos échanges, mais c'est une question que nous pouvons encore aborder, bien sûr.

Mohammed Badie passa ensuite à la dernière partie de sa prise de parole.

— Je reviens un instant sur le sujet du "pôle afaréen" que nous avons mentionné. Je suis déjà heureux que vos Excellences n'y voient aucun inconvénient de principe et se sentent disposées à accompagner non seulement l'Azur, mais encore l'ensemble des partenaires continentaux, vers ce projet dont les contours demeurent flous. Un soutien de votre part pourrait être sollicité, à mon sens, pour convaincre certains acteurs locaux du bien-fondé de cette entreprise et de l'approbation de la première puissance mondiale pour aller dans cette direction ; mais pour l'instant nous sommes trop loin d'un projet concret pour que cela soit nécessaire. Si vous l'admettez, l'Azur pourra solliciter à nouveau l'Alguarena sur cette question. Il est en revanche un point sur lequel la Fédération pourrait avoir un impact positif décisif...

Les Azuréens se concertèrent du regard avant d'aborder le sujet.

— Ce point concerne le Gondo. Comme vous le savez, l'Azur est engagé, en tant que médiateur, dans un travail diplomatique complexe, qui n'avance qu'à petits pas. A ce stade, nous avons proposé à certains acteurs directement impliqués sur le terrain, dont, en toute transparence : le Président du Gondo, l'ensemble des forces rebelles, le Grand-Kah, la Clovanie, Teyla et éventuellement l'Althaj et le Banairah, de se joindre à nous pour discuter d'un Plan de Paix qui serait proposé aux protagonistes. Puisque ceux-ci n'arrivent pas à convenir du principe même de négocier, nous leur faciliterions la tâche en proposant une solution de manière proactive. C'est un travail que nous allons commencer... Certes, nous ne proposons pas explicitement à vos Excellences de rejoindre ce projet, bien que nous y serions tout à fait disposés si vous en émettez le besoin. En revanche, après avoir accompli quelques pas dans cette direction, nous aurons sans aucun doute besoin de l'Alguarena pour soutenir cette solution à laquelle — du moins nous l'espérons — nous serons parvenus. Ce soutien pourrait être diplomatique — en signant le texte proposé, s'il vous convient en principe — ou matériel — par la livraison de produits nécessaires aux populations civiles par exemple. Il est trop tôt à ce stade pour anticiper la manière dont nous présenterons un Plan de Paix, mais nous aurons à coup sûr besoin du soutien de l'Alguarena pour avancer dans cette voie. Je l'argumente a fortiori pour porter à votre connaissance que la guerre civile au Gondo, telle qu'elle se déroule actuellement sans espoir de résolution en-dehors de ce projet, risque de mener à la victoire de nouveaux impérialismes ou bien de régimes idéologiques ; ce qui, je crois, n'est dans l'intérêt de personne.
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