11/05/2017
22:49:15
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[Teyla – Illirée] Un coup de fil avant qu'il ne se rompe (le fil)

Les nations de Teyla et d'Illirée entretiennent une conversation téléphonique dans une situation des plus tendue.

Appel illiréen– Allô ? Vous êtes bien là ? Parfait. J’ai certes eu quelques difficultés à prendre contact avec vous, signe que nous aurions dû établir de véritables relations depuis longtemps. Mais ce n’est pas la question, je viens d’avoir le Secrétaire Général de Loduarie Communiste au bout du fil. Et, malgré la proposition d’un compromis, il est resté ferme sur les positions énoncées lors de son récent communiqué. La forte tête des Loduariens est connue de par le monde, espérer en tempérer un était orgueilleux de ma part — mais nécéssaire. Je devais essayer, de la même façon que j’essaye avec vous maintenant. Ne vous engagez pas dans une logique belliciste. Nous vous en assurons, ce convoi ne remet pas en question la sécurité de Teyla ou la souveraineté de l’organisation ONéDienne en son ensemble.

Cet événement est en lieu neutre, vous ne perdez donc rien à le désinvestir. Alors que vous avez tout à perdre à exécuter une justice nationale à une zone de droit international. Vous pouvez argumenter sur les précédents Loduariens, évidemment. Mais n’agissez comme ce que vous condamnez.

Maintenant écoutez-moi je vous en conjure, vous pouvez surveiller ce convoi depuis votre territoire comme bon vous semble. Mais ne déclarez pas une guerre qui tuera des centaines, sinon des milliers d’Hommes. L’Histoire tiendra compte de qui s’est entêté, et de qui a pris la responsabilité d’éviter la guerre. Celui qui donnera le premier ordre de tir pourrait bien finir comme l’honni de son temps, condamné par un monde qui a vu ses enfants mourir pour l’amour propre de deux nations.

L’Illirée est ouverte à toute proposition de stabilisation régionale. Nous espérons que vous saurez prendre les responsabilités qui vous incombent.

Réponse teylaise– Tout d'abord, je tiens à vous remercier au nom du Royaume de Teyla pour votre franchise concernant les volontés du Secrétaire général de la Loduarie Communiste. Les nouvelles que vous apportez m'attristent profondément. Pour l'instant, les avions teylais ont reçu l'ordre d'attendre l'évolution des discussions diplomatiques pour engager une quelconque action à l'encontre de l'hostilité évidente et soudaine de la Loduarie Communiste et de sa flotte aérienne. Une situation que nous déplorons et que nous condamnons. La logique belliciste a été enclenchée par votre nation, je le crains. Bien que nous reconnaissions que la situation reste floue, mais si nous croyons vos dires et les mots du communiqué loduarien paru il y a quelques minutes, les avions loduariens partent en direction de votre nation. Votre contact en est la preuve flagrante, je pense. Ce qui constitue une menace pour la sécurité de la République Fédérale de Tanska mais plus encore pour l'Eurysie entière. Vous conviendrez qu'un tel mouvement, qui permet une multiplication des fronts, n'est pas un gage de paix et de stabilité au niveau eurysien. Le mouvement loduarien ne menace pas seulement la prétendue sécurité du Royaume de Teyla mais aussi la stabilité d'un continent entier. Si nous laissons le régime loduarien continuer ainsi, mettre des avions à portée de Norja et de la République Fédérale de Tanska, alors le cercle infernal de la guerre sera irrémédiable parce que le pouvoir loduarien y verra que ces actions belliqueuses n'ont aucune conséquence.

Nous voyons dans la manœuvre de multiplication des fronts voulue par la Loduarie une multiplication des crises. Une donnée tragique, vous en conviendrez assurément. La manœuvre est d'autant plus incompréhensible parce qu'elle menace directement une nation de l'Organisation des Nations Démocratiques, voire deux, alors que le Royaume de Teyla avait commencé des discussions sincères avec la Loduarie pour l'organisation d'un sommet censé prendre en considération les demandes de garanties de la Loduarie Communiste.

Cependant, j'ai peut-être une offre qui permettra d'éviter la guerre, mais plus encore, je pense. Elle permettra de démontrer que le Royaume de Teyla et la République Populaire et Sociale d'Illirée sont tournés vers la paix tout en donnant des gages de sécurité à chacune des nations impliquées dans cette histoire. Si la République Populaire et Sociale d'Illirée ordonne aux avions loduariens de faire demi-tour, notez que je ne parle pas de se poser au Royaume de Teyla, mais seulement d'un demi-tour, et que vous vous engagez à n'accueillir aucune troupe de la Loduarie Communiste sur votre sol, alors le Royaume de Teyla notera cette décision et décidera de n'engager aucune action défensive à l'encontre de la Loduarie Communiste, considérant que la menace a évolué en neutre. C'est une bien maigre offre, alors je rajouterai ceci, Votre Excellence. Bien que nous aurons l'obligation morale et politique de dénoncer le coup d'État, nous reconnaîtrons d'ici trois mois la légitimité de votre régime politique et nous conviendrons qu'aucune action hostile ne sera menée à votre encontre. Si il plaît à votre nation, cela peut découler sur un traité de non-agression.

Cette offre ne tient que si aucune action hostile, militaire, diplomatique ou autre, n'est menée envers l'Organisation des Nations Démocratiques, bien entendu. À travers cette offre, nous avons pris nos responsabilités de stabilisateur que vous venez de nous demander de prendre. Cher homologue, je vous fais la même demande en toute humilité.



Mainenant Veychter était au moins rassuré sur un point : les Teylais semblaient accepter de discuter calmement avant de tirer sur quoi que ce soit. Leur proposition était insatisfaisante, mais il y avait une discution à laquelle s'accrocher. Il creuserait cette proposition.

– C'est à mon tour de vous remercier pour la patience que vous accusez en de telles circonstances troubles, qui ne sont, j'en suis sûr, agréables pour personne. J'ose espérer que nous saurons faire quelque chose de ce temps pour diminuer la tension d'un cran, et pourquoi pas ouvrir la porte à une phase de réunion plus large où les enjeux et les règles de l'Eurysie pourraient êtres considérés d'un commun accord entre les acteurs infortunés de l'actuelle crise.

En revanche, navré de vous décevoir mais je ne suis en rien capable d'ordonner quoi que ce soit à la Loduarie. Et auquel cas, nous n'ordonnerions pas le simple retour en arrière des appareils loduariens. Vous dites que l'accueil de ces troupes en Illirée constituerait une menace pour la République Fédérale de Tanska, que cela romprait un équillibre. Mais moi je pense que l'arrivé de ces troupes établirait justement un équilibre. Actuellement, la Loduarie et l'Illirée sont liées de la même manière – sur le plan défensif – que Teyla et Tanska. Je me permettrait d'observer que le rapport Tanska / Illirée n'est en rien équilibré sur le plan militaire. J'ai beau être fier partisan de mon pays, je ne me fais pas d'illusions sur les résultantes d'une conflagration directe entre ces deux nations. Le rapport Loduarie / Teyla est plutôt équilibré lui, pourquoi ? Parce que Teyla acceuille des troupes de ses alliés de l'OND sur son territoire ! Vous avez maintenu l'équilibre de votre coté, moi je veux l'établir du mien. Voyez-vous, il y a deux façons pour maintenir la paix entre deux parties s'exécrants l'une l'autre, soit vous leur enlevez toute leurs armes, soit vous les armez de façons égale et menaçante. Ainsi, elle ne s'agresseront pas, trop conscientes que l'anéantissement serait réciproque. Je pense donc que vous comprendrez qu'il est de l'intêret de l'Illirée que ces troupes arrivent à destination.

Nous pouvons en revanche discuter de garanties réciproques qui permetteraient définitivement à ce que les parties n'aient aucun intêret à déclancher un bain de sang. Nous pouvons même établir un cadre juridique précis aux rapports de force de la région. Pour ce qui est de la possible reconnaissance de la victoire de la gauche prolétarienne en Illirée... je ne sais que dire. Cette soirée électorale a en effet été marquée par de maccabres événements, mais nous en imputer la responsabilité est indigne. Croyez-moi, les coupables seront trouvés, jugés, et condamnés. Ces fanatiques d'une ère perdue ont cru en leur bonne étoile, nous la leur ferons tomber dessus et le ciel avec !

Mais passons, des circonstances non moins graves mais plus urgentes nécessitent notre pleine attention maintenant. Oh, et j'y pense, vous semblez vous rendre compte que ce convoi loduarien ne pourrait finalement recéler aucune menace directe pour Teyla. Je m'en réjoui. Vraiment. Si vous voulez pleinement vous en rendre compte, vous pouvez contacter directement l'Etat-Major loduarien qui, je pense et je l'espère, vous transmettra toute information utile sur le convoi. Après tout, le savoir réciproque est une autre façon d'équilibrer la balance. Les seuls obstacles politiques à sa libre circulation est donc la prétendue destabilisation de la région. Nous comprenons vous inquiétudes, mais nous considérons plus cela comme un simple changement de paradigme – un rééquilibrage, encore une fois. Et je pense également qu'il n'aura aucun effet négatif sur le long terme, mais de cela je vous laisse en juger autant que moi.

Des mouvements de troupes alarmants ?
Un appel Teyla - Illirée

Palais Grayson
Palais Grayson ou autrement dit Palais Royal.


Pierre Lore, bien que pressé par le temps, démontrait un calme à travers sa voix. Mais son corps, que l'Illiréen ne pouvait pas voir, démontrait tout l'inverse. Pierre Lore subissait un stress intense en raison de la situation, une situation accentuée par Angel Rojas dont il savait que son ami souffrait de problèmes de santé intenses à chaque crise diplomatique ou militaire avec la Loduarie Communiste. L'homme s'inquiétait à la fois pour son ami, mais aussi pour le pays dont il était responsable de la diplomatie. La jambe gauche de Pierre Lore n'arrêtait pas de gesticuler et de trembler alors qu'il était adossé à un mur à l'extérieur de la salle de Gèvre, mais toujours à l'intérieur du Palais Grayson. Quelques kilomètres plus loin, à son ministère, tout le personnel fut rappelé pour gérer les multiples dialogues qu'avait initiés le Royaume de Teyla.

Le silence entourait Pierre Lore alors que dans tout Manticore, tous les ministères, tous les lieux de pouvoir, le bruit envahissait les lieux. Quand ce n'étaient pas des questions qui étaient posées par les acteurs, c'étaient des théories sur les objectifs loduariens, illiréens, qui étaient lancées dans l'air à un voisin dont on espérait qu'il saurait affirmer ou infirmer la théorie. Le bruit revint immédiatement autour de Pierre Lore lorsque ce dernier décida de sa réponse et la prononça sur un ton le plus neutre possible, afin de cacher son exaspération face aux comportements des Loduariens.

- Au moins, nous avons la confirmation que vous êtes bien plus raisonnable que les acteurs loduariens qui plongeront tôt ou tard leur pays dans une guerre qu'ils perdront, que ce soit contre l'Organisation des Nations Démocratiques ou toute autre organisation ou nation. La diplomatie est une affaire humaine avant tout, ce que les Loduariens ne semblent pas avoir compris. Il est dommage que l'une des plus grandes nations du continent puisse passer à côté de choses aussi évidentes. Nous devons chercher à comprendre notre ou nos interlocuteurs pour pouvoir mieux répondre aux préoccupations de chacune des nations.

Comment ça vous n'êtes pas en capacité d'ordonner quoi que ce soit à la Loduarie Communiste ?
Pierre Lore émit un bref bruit, trahissant sa surprise à la réponse de son interlocuteur. Les avions sont en direction de votre nation, en l'occurrence, vous avez toute autorité sur les avions loduariens et il est de votre droit le plus strict de demander aux Loduariens de ne pas se poser. Enfin, vous savez très bien, je n'ai pas à vous l'expliquer tout de même. Dit-il avec conviction, bien qu'il se doutait du sous-entendu de la réponse de l'Illiréen. Permettez-moi de trouver le lien trop rapide. Cela renforce l'idée d'une opération soigneusement préparée entre les forces politiques, votre nouveau régime ainsi que la Loduarie Communiste. Nous n'y pouvons rien si vous n'avez pas pensé aux conséquences de votre opération militaire. Les flottes aériennes loduariennes actuellement menacent le Royaume de Teyla et la situation ne peut continuer ainsi. De plus, le déploiement loduarien que vous confirmez par vos mots menace la République Fédérale de Tanska. Là où se trouve l'armée loduarienne, des tensions naissent immédiatement dans la zone à cause de l'armée loduarienne.

Et puis bon, absolument personne au sein de l'Organisation des Nations Démocratiques ne souhaite vous attaquer, que ce soit diplomatique, militaire ou économique. C'est encore plus vrai pour la République Fédérale de Tanska. Peut-être que la situation militaire n'est pas en votre faveur, mais cela ne veut pas dire que nous souhaitons vous attaquer. Savez-vous seulement le dispositif militaire tanskien à votre frontière ? Vous comprenez que vous ne courez aucune menace avant cet acte. Votre vision de maintenir la paix, en plus d'être binaire, est fausse. Il convient que cette vision relève d'une pensée belliqueuse, ce que je regrette dans une période où nous devons plutôt penser à la paix. Je suis au regret d'apprendre que seuls le Royaume de Teyla et ses partenaires sont sincèrement à la recherche de cette paix sur le continent eurysien.

Comme vous nous l'avez précédemment dit, nous avons proposé un sommet à la Loduarie Communiste. Je vous ai dit les conditions proposées, et le communiqué teylais du jour précise plus amplement les modalités proposées. Ainsi, votre proposition de sommet, alors que la Loduarie Communiste et vous-même vous êtes montrés agressifs envers l'Organisation des Nations Démocratiques, ne peut être prise au sérieux par le Royaume de Teyla. La confiance a été rompue unilatéralement par la Loduarie Communiste ce soir. Cette confiance devra être retrouvée pour que le Royaume de Teyla accepte votre idée de sommet.
Veychter se rembruni, les choses n'évoluaient pas dans le sens où il l'aurait souhaité. Le Teylais était exigeant, trop exigeant. Il convenait mainetenant d'essayer une dernière fois de le convaincre qu'ouvrir le feu sur les avions loduariens n'était nullement dans son intérêt. S'il échouait, il devrait alors mettre un terme à cette conversation désormais inutile sans ajouter de l'huile sur le feu des convictions teylaises de droit et de justice.

– Vous me voyez flatté, j'estime en effet que la sagesse et le raisonable doivent toujours l'emporter sur les décisions subites et hâtives. Et, par là même, que la diplomatie et le dialogue doivent bénéficier d'une absolue priorité sur l'usage de quelque force que ce soit. Mais excusons aux impétueux Loduariens leur vision guerrière du monde ; car la Loduarie est une nations meurtrie au plus profond de son être par les maccabres événements de sa révolution. Et, en vérité, cette vision que je qualifiait de guerrière tantôt est, à bien y regarder, une vision de paix et de prospérité. Les Loduariens se méfient du monde et le monde le leur rend bien. Mais malgré cette inquiétude maladive pour leur sécurité nationale, leur seul désir véritable est l'épanouissement des peuples du monde. Des années de guerre civile, puis de guerre froide, auront malheureusement muées leurs méthodes, les rendant à l'image du monde qu'elles entendent changer : froide, vindicatives. Mais croyez-moi Monsieur Lore, ils auront leur paix, tôt ou tard.

Et oui, je ne dicte rien aux autorités loduariennes. Il est vrai que je pourrais leur proscrire le sol et les airs illiréens, mais ce choix serait mauvais. Et, comme je l'ai dit plus tôt, je ne leur donnerai ni ordre, ni conseil ou recommandations émétants l'idée d'un demi-tour. Vous m'affirmez que l'Illirée n'est sous la coupe d'aucune menace, et je veux bien vous croire. Mais la simple croyance ou l'espoir le plus fort n'a pas à interférer avec la protection populaire qui ne doit obédiance qu'a la logique et aux certitudes les plus absolues. Et oui, Monsieur, les Loduariens ont réagis aussi promptement que l'on pouvait l'imaginer. Et, pour causes, cette opération était belle et bien prévue par avance ! Des lecteurs attentionnés auront bien lu la proposition d'un pareil déploiement stratégique dans les projets de lois des ex-partis communistes de la vielle Valinor. Cela vous surprent-il donc qu'à l'instant où ces entités se coalisent et obtiennent leur due majorité, elles fassent ce qu'elle avaient promi de faire ? Encore plus dans ces circonstance exeptionelles où une tête couronnée et l'intégralité de son gouvernement ont étés sauvagement mises à mort dans les heures précédentes ?
Pierre Lore ne pouvait évidemment le voir, mais à la mention de ce triste événement, le visage tendu de Veychter arborra un maigre sourire qui disparu aussitôt. Comme je vous le disais, la protection du peuple d'Illirée ne sera bâtie que sur la logique. Et appeller notre plus fidèle allié à venir nous assister dans cette protection relève de la logique. La réputation internationale de nos camarades loduariens n'est pas la meilleure, mais nous avons l'absolue nécéssité de leur présence, pour un temps du moins. Et, de plus, ils ont toujours eu la main comme le verbe amical et plein de soutien à notre encontre.

Et ne nous insultez pas je vous prie, nous sommes les plus chauds partisans d'une paix totale en Eurysie, sinon quoi nous n'aurions pas cette conversation vous et moi. Vous m'accusez encore d'une pensée réductrice, binaire, mais comprenez-bien qu'une nation est soit en guerre, soit elle ne l'est pas. Les infinies nuances de ces deux notions, porteuses de vies et de morts, ne sont qu'autant de dessin poissonés sur la même face d'une pièce. Mais n'est-ce pas l'habitus typiquement bourgeois que de se croire bon et vertueux tandis que le monde est supposé vouloir nous spolier notre pain blanc fraichement acquis à la boulangerie locale après une dure journée de travail au bureau ? Car oui, au cas où la question vous viendrait à la bouche, ces conflit eurysiens que nous traversons tant bien que mal ne sont pas que le théatre des nations, mais aussi et surtout d'idéaux. Et vous le savez aussi bien voire mieux que moi, cette longue et froide opposition morale et diplomatique entre l'OND et la Loduarie Communiste sont l'effet éclatant de deux volontés pour l'avenir des peuples du monde. Alors, les nations bourgeoises sont tentées d'assimiler la paix à leur irrédentisme, à leur volonté de tranquillité dans la domination des peuples qui n'ont pas eu les moyens de se hisser au sommet de cette maccabre pyramide. Quand la Loduarie ou l'Illirée parlent de paix, nous entendons la fin de ce système. La seule paix durable réside dans un monde où la guerre et l'impérialisme ne seront pas simplement impensables, mais infaisables. C'est cela, la paix, Monsieur. Un inaliénable désir de tranquile prospérité, mais pour tous.

C'est au contraire moi qui m'attriste de vous voir tourner les choses de pareille façon. Vous voulez la paix, du moins vous voulez une paix, mais vous refusez de vous mettre autour d'une table pour discuter les termes de celle-ci ! La confiance a été rompue par la Loduarie ce soir vous dites ? Mais je vous répond que c'est le Royaume de Teyla qui a rompu l'accord tacite de ne pas provoquer l'adversaire. Dois-je vous rappeller que vous avez ordonnés – du moins votre gouvernement – l'interception d'un convoi loduarien dans l'espace aérien international.
Veychter répéta moins vite. Vous avez donné des ordres graves à un convoi ne relevant pas de votre juridiction, en un lieu ne relevant pas de votre juridiction, partant d'un pays ne relevant pas de votre juridiction, et à destination d'un troisième lieu ne relevant toujours pas de votre juridiction. Vos craintes étaient légitimes bien entendu, mais votre réponse ne l'était nullement. Bien que Teyla – et à travers vous l'OND – a rompu les liens de confiance ce soir, je suis encore là à négocier les termes d'un accord qui ressemble de plus en plus à un diktat bourgeois ! Savez-vous pourquoi Monsieur Lore ? Parce que j'ai la résponsabilité de vingt-sept millions de citoyens. Parce que j'ai un fils qui fait ses études à Pregor.

Avez-vous des enfants Monsieur Lore ?
Des mouvements de troupes alarmants ?
Un appel Teyla - Illirée

Palais Grayson
Palais Grayson ou autrement dit Palais Royal.


Pierre Lore fut surpris par la question de son interlocuteur. Certes, la guerre était peut-être sur le point d'arriver, mais était-ce le moment de se la jouer film dramatique ? Pierre Lore ne le pensait pas. La situation actuelle, comme toutes les situations, devait être prise de manière rationnelle par les hommes et les femmes politiques. Ainsi, dans la pensée de l'interlocuteur illiréen, le rapport de force était largement en défaveur des communistes eurysiens et ils devaient, en conséquence, faire des concessions qui ne remettraient pas en cause leur sécurité par principe. La Loduarie Communiste avait trop fait d'erreurs diplomatiques pour que les nations de l'Organisation des Nations Démocratiques n'en profitent pas à cet instant. Il était de la faute des dirigeants illiréens d'être tombés dans un piège orchestré par la Loduarie Communiste elle-même, elle qui voulait s'assurer de la sécurité d'un pays qui n'en avait pas besoin.

Du côté de Manticore, on fut réellement inquiet par le mouvement loduarien qu'on trouva trop hostile à l'encontre du Royaume de Teyla et dorénavant de la République Fédérale de Tanska. On estima l'inquiétude de la République Fédérale légitime, parce que Teyla avait vécu les mêmes événements et le Royaume de Teyla était prêt à éviter à la République le même scénario qui inquiétait nuit et jour les Teylais et Manticore. Pierre Lore se contenta de répondre à son interlocuteur sur un ton neutre :

- Il est dommage de dire que "le raisonnable doit toujours l'emporter sur les décisions subites et hâtives" alors que vous semblez subir les décisions de la Loduarie Communiste, qui semble faire de vous un pur vassal. Votre précédent lapsus n'était sûrement pas un hasard et les services de renseignement de Sa Majesté avaient anticipé des événements comme ceux qui se sont produits pour acter officiellement la relation entre la Loduarie et votre nation qui n'a plus rien d'indépendante. Nous savons comment la Loduarie traite ses partenaires. Il vous suffira de suivre les ordres de Lyonnars. En traitant avec vous, nous savons que nous traitons avec la Loduarie Communiste indirectement. Ainsi est le jeu diplomatique actuel. Cela n'est pas très grave pour le Royaume de Teyla tant qu'au final la sécurité de la République Fédérale et du Royaume de Teyla et de la vôtre est préservée, pour le bien de tous.

Je m'inscris en faux sur la vision loduarienne du monde. Par ailleurs, votre défense démontre mes précédents propos, m'enfin. Il est probable, pour ne pas dire certain, que la guerre civile loduarienne a eu des conséquences sur la politique diplomatique et militaire actuelle de la nation communiste. Mais au contraire, la Loduarie Communiste gagne à un monde instable dans lequel la guerre reste une possibilité et je dirais même un monde dans lequel la guerre est présente. Nous l'avons vu avec les interventions anciennes et passées de la Loduarie Communiste, elle ne pense qu'à travers la conflictualité et la guerre. La realpolitik avec une vision extrême de celle-ci, en résumé. Votre définition de la Loduarie Communiste n'est que la définition d'une Loduarie fantasmée et qui correspond peut-être à son comportement au sein de l'Union Internationale du Communisme et du Socialisme. Mais je vous assure qu'en dehors de cette organisation, la Loduarie Communiste entreprend chaque relation diplomatique à travers le conflit. J'aurais tendance à dire de même sur les rapports qu'entretient la Loduarie Communiste avec les membres de l'Union Internationale du Communisme et du Socialisme. Les membres n'ont pas été avares de soutien pour un pays censé être dans son droit à vous entendre...


Pierre Lore laissa planer un silence après ses mots, pour leur donner une aura plus forte et un sens beaucoup plus grave. Il reprit toujours sur ce ton neutre :

Je vous remercie de confirmer le coup d'État et que celui-ci fut préparé avec la Loduarie Communiste, nous en tiendrons informés nos alliés, vous en doutez. Ce n'est pas parce que le déploiement était inscrit dans des projets de loi, dont la légitimité peut être remise en cause, que cela justifie la préparation de l'opération, que vous avez vous-même avouée. Or, vous conviendrez que pour anticiper des résultats électoraux, il faut connaître les résultats à l'avance.

L'Illiréen comprenait-il qu'il donnait toutes les informations que voulait le Royaume de Teyla face à la situation ? Les arguments que préparait le Royaume de Teyla étaient confirmés par l'Illiréen au bout du fil, une situation à laquelle ne s'attendait pas Pierre Lore à vrai dire. Si cela était pour convaincre le Royaume de Teyla que tout cela était légitime selon la loi Valinorienne, c'était raté. En outre, il fallait connaître les résultats des élections à l'avance et les événements confus, qui ressemblent à des attentats. Anticiper les résultats électoraux était possible avec les sondages, mais anticiper des attentats, c'était moins probable. Si tel était le cas, cela voulait dire que les autorités en place avaient de nombreuses failles en leur sein, mettant de fait la nation Illiréenne au banc des nations dont la confiance ne peut être obtenue, au regard de ses propres failles de sécurité.

Aux mots poétiques, aux belles paroles de son interlocuteur, Pierre Lore perdait de plus en plus patience, ce n'étaient que des formules vagues qui ne disaient rien et ne régleraient aucune situation. Au mot "bourgeois", Pierre Lore émit un ricanement totalement moqueur vis-à-vis de son interlocuteur, démontrant que la rhétorique Illiréenne était totalement absurde pour Pierre Lore.

Vous parlez de paix alors que vous avez déjà fait feu. Je ne suis pas expert en affaires militaires, mais un homme qui veut la paix, une nation qui veut la paix, ne proclame pas la paix, ne demande pas la paix après avoir appuyé sur la détente, ce que vous avez fait, de fait, avec ce déploiement d'hommes loduarien chez vous. La situation est ubuesque et ridicule par votre faute et celle de la Loduarie Communiste. Vous ne vous en rendez pas compte, Votre Excellence, et cela est dramatique, car vous n'avez pas la compréhension des relations internationales eurysiennes. Mais cette histoire dont vous espérez tirer un bénéfice sur le moyen ou long terme, peut-être même sur le court terme, ne fera que vous isoler comme la Loduarie Communiste est isolée actuellement.

Vous allez me prendre pour un homme prétentieux, mais je vous assure que je peux prédire très facilement la suite de cette histoire, si nous arrivons à faire taire les armes que vous enclenchez vous seul. Dans un premier temps, la Loduarie Communiste se montrera sympathique à votre égard. Dans un second temps, il y aura des actions diplomatiques de la part de la Loduarie qui ruineront votre crédibilité sur la scène internationale. L'Organisation des Nations Démocratiques sera soudée, même plus, à cause de vos mouvements hostiles et ceux de la Loduarie Communiste. Ce qui est tragique pour vous, c'est que nous n'aurions rien à faire, la Loduarie Communiste fera ce que j'ai prédit toute seule, comme une grande
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Bien que les nations soient divisées sur la question de la juridiction, elles sont unanimes quant au fait que nous avons raison de nous inquiéter pour notre sécurité nationale, ce que vous aussi venez de reconnaître. Pardonnez-moi, mais si vous estimez que nous avions raison de nous inquiéter, cela démontre bien que la Loduarie Communiste ne pense la diplomatie et les rapports entre les États uniquement à travers le conflit et non la paix comme vous le prétendez. Le problème de tolérer cet acte militaire hostile est qu’il ouvre la porte à d’autres agressions. Des nations comme la Rimaurie, par exemple, en profiteront pour exercer une pression qu’elles n’auraient pas osé tenter si ces actes étaient fermement condamnés.

Quand aux ordres prétendument graves, votre argument tombe à l'eau étant donné que la Loduarie Communiste a déjà obéi à ces ordres dans le passé avec la République Fédérale de Tanska. L'interception s'était faite aussi en territoire neutre et les avions loduariens se sont posés au sein du territoire de la République Fédérale. Après la situation éclaircie, tout le monde est sorti avec le sourire. Nous sommes actuellement dans la même situation et les ordres ne sont pas graves comme ceux à l'époque de la République Fédérale. Votre argument n'a aucun sens avec cet événement passé, vous en conviendrez vous-même j'en suis sûr.

Vous ne comprenez pas ce qu'est la confiance selon la définition teylaise. Permettez-moi d'expliquer la vision teylaise. Il est vrai que la confiance fut rompue ce soir avec les actes hostiles pris unilatéralement par la Loduarie Communiste et votre nation. Mais ce n'est pas la seule raison. Au regard des événements de ce soir, ce n'est pas seulement l'appareil décisionnel dont nous n'avons plus confiance. Mais tout l'appareil militaire et du renseignement de votre nation. De tels événements, sûrement terroristes, ne peuvent survenir uniquement s'il y a des failles exploitées dans les services de renseignements et peut-être même au sein du gouvernement. C'est tout l'appareil d'État illiréen, ex-valinor, qui est compromis pour le Royaume de Teyla et à raison, vous en conviendrez.


Rien ne nous assure que cette conversation et les prochaines resteront privées. Il en va de même pour les missives diplomatiques ou encore le partage d'informations. Nous savons comment fonctionne le Royaume de Teyla et vous aussi. Par le passé, et le comportement de ce gouvernement, vous savez que ce qui doit rester privé, reste privé. Nous ne savons rien de tout cela. Cela joue forcément sur la confiance. On ne change pas le pouvoir d'une nation sans conséquence, Votre Excellence. Le temps seul pourra nous dire si nous pouvons avoir confiance dans tous les domaines que j'ai précédemment cités.

Nous ne sommes pas fermés à un sommet, mais il devra se faire à moyen terme, histoire que tout cela puisse être préparé dans les meilleures conditions.

Je ne vais pas répondre à votre question. J'ai beau penser que les relations internationales prennent en compte les relations personnelles, j'ai toujours eu pour acte de ne point mêler ma famille à la politique et encore moins à la diplomatie. Ce n'est pas ma famille qui dirige la diplomatie du Royaume de Teyla mais bel et bien moi en lien avec le Parlement teylais, qu'ont élu les Teylais.

Un dernier mot et je vous laisse la parole, Votre Excellence. Nous, Teylais, avons été très patients avec la Loduarie Communiste, je vais me répéter mais c'est ainsi vu que vous ne semblez pas prendre en compte nos actions. Nous avons toujours privilégié la diplomatie avec la Loduarie Communiste, que le rapport de force lui soit favorable ou non. Nous avons toujours eu à cœur de prendre en compte les demandes loduariennes. En réponse, la Loduarie m'a insulté personnellement, a insulté le Royaume de Teyla et lui a manqué de respect. Pourtant, nous avons continué sur la voie de la diplomatie. Notre patience a des limites et je vous conseille vivement d'ordonner à ces Loduariens de faire demi-tour.

Vous nous dites que vous êtes ici pour la paix, alors montrez-nous et nous montrerons que nous pouvons être ouverts à un déploiement étranger sur votre sol lors du sommet.


Pierre Lore s’efforçait de faire comprendre, sans le dire explicitement, que le Gouvernement de Sa Majesté attendait un geste fort immédiat, faute de quoi le Royaume de Teyla se fermerait à toute entreprise diplomatique et adopterait une approche plus résolue. Était-il en accord avec cette position ? Nul ne pouvait l’affirmer, mais il cherchait à faire passer un message clair à son interlocuteur.
Veychter eu un court instant de réflexion avant de prendre la parole. Et c'était ce qui allait marquer son verbe pour la suite de cet entretien. Lui qui n'occupait les fonctions suprêmes que depuis si peu de temps était déjà mis face à la crise la plus inextriquable qu'il n'avait jamais été donner à l'Illirée depuis la chute de l'Empire, des siècles auparavant. Alors, amputé de ses territoires ambarrois, ce qui allait devenir Valinor s'était effondrée encore plus bas que cela ne l'était déjà. Et il avait fallu des décénnies pour retrouver un semblant de stabilité. L'illiréen eu la même pensée qu'eu sans doute son interlocuteur, les Loduariens l'avaient mis dans une situation de laquelle il n'était pas près de se sortir. Pas sans y laisser des plumes ou de la crédibilité, si ce n'est les deux.

Mais ses services diplomatiques le tenaient informés de l'évolution des négociations avec Tanska tandis que lui négociait en personne – ou presque – avec ce têtu de Teylais. Et le moins que l'on puisse dire est que les Tanskiens étaient plus enclins à un accord ; immédiat même. Il devait creuser cette piste-là en priorité. Il était maintenant clair que ni les Loduariens, ni les Teylais ne bougeraient d'un pouce sur leurs positions. Et lui il était là, planté au milieu de ces superpuissances régionales avec une marge de manœuvre proportionelle au rapport de force entre l'Illirée et toute ces autres nations combinées, Loduarie comprise. Mais il ne pouvait pas simplement raccrocher au nez et à la barbe de son interlocuteur, cela faisait plusieurs longues minutes qu'ils s'enjoignaient réciproquement de ne pas envoyer de mauvais message, ceci en serait assurément un. Le Premier Ministre comprenait maintenant le piège mortel qui se refermait sur lui et son petit putsch. Mais aussi désespérée que cette action ne pouvait l'être, il se saisit d'un crayon et signifiat à l'un de ses secrétaires de donner l'ordre de mettre en alerte le reste de la modeste aviation et de l'encore plus modeste marine illiréenne. Enfin, après de longs instants, Veychter repris la parole. Si son intonation se faisait successivement mielleuse, dramatique, ou même agressive par avant, elle était maintenant d'une neutralité monocorde, maccabre.

– Monsieur Lore... il prit une énième respiration. Monsieur Lore... vous semblez si persuadés de ce que vous avancez. Vous nous accusez encore et encore d'être la main de Lyonnars au porte de la République Fédérale. Vous nous déclarez de suite vassaux de nos camarades loduariens. Vous dites pouvoir traiter avec la Loduarie en me parlant maintenant... pourquoi ne pas directement allez discutailler avec son Secrétaire Général si vous en êtes si convaincu. Non... je ne comprends pas. Vous actez devant moi la fin de l'indépandance stratégique ou même politique de l'Illirée, et vous nous demandez cepandant des concessions alors vous venez d'affirmer vous-mêmes que nous n'avions plus aucune souveraineté. Je me demande Monsieur Lore... pourquoi êtes-vous là à me téléphoner ? Si vous êtes si certain que je n'ai aucun pouvoir échappant à celui du maitre de Lyonnars, qu'espérez-vous obtenir de moi ce soir ? Veychter fit une pause, à moitié pour alourdir ses propos, et à moitié pour rassembler ses pensées, lutter contre un stress nouveau qui montait.

La Loduarie a ses tares, comme chaque nation. Mais elle ne gagne pas à la guerre, je ne le pense pas. Son unique but est la défense du Prolétariat mondial, qui est le premier à souffrir de la guerre et des conflagrations de toutes sortes. La protection des peuples du monde est l'une des rares causes à en valoir le coup, en disconviendrez-vous ? Et vous ne m'avez pas compris je crois, ou alors vous le faites exprès et cela ne nous avencera en rien je vous le dit : les responsables de ce terrible attentat seront ammenés devant la loi d'Illirée et ils en payeront le juste prix. Bien. Cela dit, les Loduariens n'avaient aucune certitude sur les résultats des élections. Pas plus que nous. Le ton neutre de l'illiréen vacilla, ses phrases étaient hachée. Plus de longue tirades sans fins pleines d'images et d'alégories. Maintenant il les faisait aussi courtes que possible, il n'était pas un polititien né et n'avait plus la force pour tout ces artifices. Comment avait-il pu arriver au pouvoir dans ces conditions ? Il disposait de la force, voilà tout. Il repris difficilement. Nul ne peut connaître les résultats à l'avance, comme vous le soulignez. Mais là où votre axiome est correct, vous péchez par votre conclusion. Les Loduariens se sont contentés de savoir qu'il y avait une probabilité non-négligeable pour laquelle les partis soutenant un déploiement loduarien se verraient offrir une majorité. Réglés comme des montres tanskiennes, ils ont donnés des ordres pour qu'une flotte puisse partir si cette éventualité se confirmait. Et voilà qu'ils ont apris par l'internet comme par nos services la mort de feu notre souverain. Alors, ne pensez-vous pas que n'importe quel allié fiable et dispos aurait mis toutes ces forces en alerte ? Prête à intervenir ?

Epargnez-moi vos prédictions je vous prie, j'ai déjà un plein service dédié qui m'en arrose. Il se ragaillardi quelque peu ; après tout, n'etait-il pas ce service depuis quelques quinze ans ? Mais son expérience en la matière ne lui donnait qu'un seul véritable indice sur la présente joute : ce fichu Teylais avait parfaitement raison. Ne me faites pas dire ce que je n'ai pas dit, la Loduarie ne conçoi pas la diplomatie comme le terrain de la paix. La paix, la vraie paix, est son objectif suprême, et ils useront de tout moyens suceptibles des les en rapprocher. Il ne le disait pas, mais il parraissait évident qu'il était également question d'abattre tout ceux déclarés comme entravant cet objectif. Ces ennemis de la Révolution porté sur un plan international. Et, je vous en conjure, ne mettez pas dos-à-dos les fascites rimauriens avec nos camarades du pays rouge. L'OND elle-même sait encore la dangerosité des fascistes et de toute cette engeance nationaliste qui pousse en Eurysie comme l'herbe après la pluie. C'est là, je pense, l'un des rares points d'accord entre l'OND et la Loduarie. Mais, encore une fois, passons. Oui, passons à ces horribles accusations que vous nous portez personnellement. Vous pointez du doigt une corruption, une faille du système de ce qui fut Valinor. Et j'y suis d'autant plus sensible que c'est tout-à-fait vrai. Il marqua une courte pause, satisfait d'en retourner à des sujets nationaux qu'il maîtrisait mieux. Oui, il y a certainement eu quelques tractations entre les terroristes et le gouvernement sortant. Ces mêmes terroristes ne se sont-ils pas révèlés êtres des agents directement liés à un parti politique très officiel ? Oui, ces absolutistes étaient un problème. Aussi bien que mon prédécesseur était incompétant. Pour commencer, il s'est joint à l'UEE... ais-je seulement besoin d'en dire plus ? Mais ne crachons pas sur les morts, mêmes ceux portant couronnes en leur sépulcres. Oui, ce gouvernement était failli. Ce système était failli. Mais ce que vous croyez pointer du doigt comme une faiblesse de l'Illirée en fait toute la force nouvelle. C'est cet échec sur la durée, ce pourrissement intellectuel qui a amené au pouvoir. Jamais la gauche communiste n'avait scoré aussi haut car jamais le besoin n'était plus urgent.

Est-ce parce que l'on courbe le dos devant le fouet que celui-ci en devient miséricordieux ? Cet événement appose certes un précédent, mais rend-il vos commandements plus légitimes ? Peut-on parler de jurisprudence internationale ? Vous me voyez bien perplexe devant ce mystérieux raisonement qui escamote la question en deux coups de cuiller à pot. En fait, il était surtout perplexe de l'existence même de cet événement. Il n'en avait, à son grand inconfort, jamais entendu parlé. Mais soit, ce ne serait pas la première fois de cet entretient qu'il évitera une question en en posant une autre.

Ne pas répondre est tout à votre honneur, et votre décision est ainsi respectable. Je vais tâcher d'être à la hauteur de votre héroïque prosaïsme. Bien. Vous nous demandez un geste donc, un geste qui fera entendre à Teyla de manière certaine notre désir de paix ? Je vous écoute, qu'est-ce que la nation soumise au bienpensant joug étranger, privée de tout pouvoir, est censée vous offrir ? Qu'est-elle, à votre sens, en capacité de vous offrir, cette nation ? L'on pouvait croire à un raisonement par l'absurde, mais Veychter mis tant d'intensité dans cette question que Pierre Lore ne pouvait s'empêcher de soupçonner cela comme une vraie problématique. Plus la lumière se faisait jour dans l'esprit du Teylais plus il croyait y distinguer quelque chose en plus, quelque chose de résigné. Presque comme un appel à l'aide.

Veychter reteint son souffle.


Des mouvements de troupes alarmants ?
Un appel Teyla - Illirée

Palais Grayson
Palais Grayson ou autrement dit Palais Royal.


Pierre Lore n'était pas surpris par la réponse de son interlocuteur, hormis la fin. Est-ce une ouverture réelle pour éviter une guerre ou est-ce un élément diplomatique et politique afin que les autorités politiques d'Illirée puissent dire qu'ils ont essayé la voie diplomatique ? Pierre Lore n'en savait foutrement rien et il n'avait, à vrai dire, pas le temps de vérifier si son interlocuteur lui offrait une réelle ouverture ou non. Que cela soit une feinte pour connaître les réelles motivations du Royaume de Teyla et de ses partenaires ou que cela soit une réelle ouverture de la part des Illiréens, Pierre Lore se devait de répondre sur le fond aux derniers mots de son interlocuteur. Mais avant cela, il devait reprendre son interlocuteur sur plusieurs sujets sur lesquels il n'était pas d'accord. Il répondit sur un ton neutre tout en essayant de chasser son anxiété, ce qu'il avait du mal à faire.

- Nous connaissons comment fonctionne la Loduarie Communiste. Nous l'avons observée pendant de longues années et nous savons comment elle traite les nations où sont ses troupes. Regardez Zladingrad, regardez la Démocratie Communiste de Translavya. Pouvons-nous dire que ces nations sont ou étaient indépendantes lorsque l'armée loduarienne était présente ? Je crains hélas que nous ne puissions que répondre par la négative. Zladingrad, le lieu où la nation communiste de Loduarie a lancé son invasion de la Translavya, du moins des missiles si mon souvenir est bon. Voilà pourquoi nous sommes inquiets de voir des troupes de la Loduarie Communiste aller chez vous. Elle a déjà lancé des guerres depuis des territoires étrangers et elle le refera sans doute. Nul ne peut prétendre être souverain pleinement avec des troupes loduariennes sur son sol, nous connaissons le schéma. Il se répétera, dit-il avec dépit.

Elle ne gagne pas la guerre et ne la gagnera pas contre l'Organisation des Nations Démocratiques, mais je tiens à vous signifier que plusieurs éléments peuvent expliquer la vision tournée vers le conflit par le Secrétaire général. Tout d'abord son histoire personnelle, sa personnalité, la guerre civile. Outre cela, tout l'appareil d'État est tourné vers la guerre et le militaire. La diplomatie loduarienne se résume à menacer les États qui lui sont proches géographiquement, appuyant la doctrine diplomatique tournée vers le rapport de force et le conflit permanent. La Loduarie Communiste ne défend pas le prolétariat, elle défend son élite qui est au pouvoir depuis la guerre civile et qui ne cédera pas le pouvoir, sauf rebondissement inattendu. Ils s'enrichissent sur le dos de la population et pillent les économies des pays conquis. Je n'appelle pas ça défendre le Prolétariat mondial, vous en conviendrez.

Comme vous le dites, la protection des peuples est une belle cause qui vaut le coup de se battre. Mais la Loduarie Communiste ne semble pas se battre pour cette cause, d'après les observations que nous avons pu faire. Votre formule sur les montres tanskiennes est bien trouvée, je n'y avais jamais pensé, je dois avouer. Pourtant, cela semble évident ! Mais hélas, je crains de devoir garder ma version de l'histoire, même si la vôtre est crédible. Mais les événements de ce soir arrangent fortement votre allié pour que cela soit juste une coïncidence. Tout cela paraît avoir été préparé à l'avance. Toutefois, nous ne serions pas d'accord sur ces affirmations de coup d'État, autant mettre tout ça de côté, je présume. Ce n'est pas le plus important.


Permettez-moi d'adresser une réponse sur le fascisme et la Rimaurie. Il est vrai que c'est là un point commun que nous avons avec la Loduarie. Nous détestons les régimes fascistes, contrairement aux régimes communistes ou qui font partie de cette famille. Nous nous entendons parfaitement bien avec le Grand-Kah, nous avons des traités commerciaux avec lui. Contrairement à beaucoup de nations, nous ne haïssons pas le communisme et nous pouvons parler à leurs adeptes, commercer, faire de la diplomatie, etc. Comme nous le faisons avec vous actuellement, dans des conditions pas idéales, toutefois ici. Mais je n'oublie pas les lourdes critiques du Secrétaire général lors de notre lutte contre les fascistes du Hvítneslånd. L'anti-fascisme s'arrête là où l'Organisation des Nations Démocratiques commence, une bien triste histoire d'autant que les territoires ont été rendus au pays légitime. Enfin bref, le Secrétaire général semble aimer passer à la télé, ce qui lui a donné une occasion, démontrant toute sa haine du Secrétaire général.

Peut-être que ce sujet pourrait faire l'objet de consensus si des négociations ont lieu. Nous ne devons pas uniquement mettre en avant des sujets qui nous divisent. Ils sont assez nombreux comme cela. Nous devons y inclure des sujets qui rassemblent la Loduarie et l'Organisation des Nations Démocratiques.

Quant à la dernière question de son interlocuteur, Pierre Lore inspira profondément pour se laisser le temps de réfléchir à la manière de formuler son offre qu'il attendait de mettre sur la table depuis le début de la conversation. Puis enfin, les mots sortirent du combiné de téléphone.

Oh, nous voulons la paix, c'est aussi simple que cela, Votre Excellence. Si un geste est attendu de votre part, nous voulons que celui-ci soit sans ambiguïté et en faveur de la paix et de la baisse des tensions. Un signal clair, dès maintenant, en faveur de la paix, dans un échange gagnant-gagnant. Nous voulons que les avions en direction de l'Illirée fassent demi-tour le plus tôt possible en direction de la Loduarie Communiste et que l'Illirée s'engage sur le long terme, tant que les négociations n'ont pas abouti, à n'accueillir sur son sol aucune troupe loduarienne.

Vous me reprochez ma vision sur la vassalité. Mais croyez-moi, je vous en supplie,
dit-il en appuyant ces derniers mots, nous savons comment se comporte le pouvoir loduarien et nous pouvons analyser et anticiper le comportement que cette nation aura avec vous. Cela ne saurait être une relation égale où la cordialité est présente. Dans les troupes loduariennes, vous voyez une protection de votre nation, le Royaume de Teyla y voit des troupes pouvant attaquer la République Fédérale de Tanska mais aussi garder un moyen de pression sur le pouvoir illiréen qui, avec les événements de ce soir, est faible, vous en conviendrez. Alors, vous demander d'ordonner aux avions loduariens de faire demi-tour sans vous donner des garanties n'aurait aucun sens, je le concède.

Pierre Lore sentit le poids de l'histoire sur lui, alors qu'il s'apprêtait à énoncer les mots les plus ironiques de sa carrière mais aussi les plus cruciaux. Il inspira profondément, laissant le silence s’installer une fraction de seconde de plus qu’il n’était nécessaire, pour mieux peser l’impact de ce qui allait suivre.

Alors, voici notre garantie, dit-il enfin, la voix mesurée, mais ferme. L'Organisation des Nations Démocratiques est prête à s'engager en faveur de votre sécurité, vous qui êtes inquiet sur ce sujet, ce que nous comprenons parfaitement, bien évidemment. Vous savez comment fonctionne le Royaume de Teyla ? Nous tenons à notre honneur et lorsqu'il est en jeu, nous tenons nos engagements quoi qu'il arrive et tout le temps, parce que l'honneur est bien trop important pour qu'il soit négligé. Si nous vous garantissons que l'organisation est prête à s'engager pour votre sécurité, c'est parce qu'elle l'est vraiment. Nous n'avons aucune demande, le régime en place pourra continuer ses occupations et sera reconnu comme légitime par tous les membres de l'Organisation des Nations Démocratiques. Vous pourrez avoir des liens avec la Loduarie Communiste, rester au sein de l'Union Internationale du Communisme et du Socialisme. Bref, vous serez libre et souverain, nous vous demandons de n'accueillir aucune troupe loduarienne en retour.

Vous avez l'assurance de la protection de l'Organisation des Nations Démocratiques si vous faites le choix de la raison. Est-ce que vous voulez, sous le modèle teylais, des troupes de l'Organisation des Nations Démocratiques sur votre sol ou non ? Est-ce que vous voulez un traité de défense mutuel ou que cela reste un accord oral ? C'est vous qui décidez de toutes ces questions, Votre Excellence. Nous ne cherchons pas à vous imposer un modèle, encore moins à dicter vos alliances. L’Illirée doit rester maître de ses choix, et c’est précisément pour cela que nous vous demandons ce geste.

Nous ne voulons ni domination ni ingérence, seulement garantir que vous puissiez négocier dans une position qui ne soit pas celle d’un pays tenu en otage et que la sécurité de tous, y compris celle de la République Fédérale, soit prise en compte. Si vous acceptez que l'Organisation des Nations Démocratiques vous protège, nous serons là, présents comme toujours sous les conditions que vous voulez. Et si malheureusement, l'ordre de demi-tour que vous donnez n'est pas respecté par la Loduarie Communiste, alors une déclaration publique et une demande officielle de soutien faite au Royaume de Teyla ou à une nation de l'Organisation des Nations Démocratiques ou à l'organisation directement, et nous tirons sur les avions loduariens après plusieurs sommations s'ils ne veulent toujours pas faire demi-tour.


Outre le fait que la sécurité de tous importe, comme nous venons de vous le prouver à l'instant, il est nécessaire d'empêcher que d'autres nations, ici la Loduarie Communiste, vous imposent leur volonté propre, notamment lors des prochaines négociations. C'est pour cela que nous demandons aussi aux avions de faire demi-tour. Ce geste vous libère d'une nation mortifère qui vous entraînera dans sa chute, car oui, la Loduarie chutera et tombera soit par les armes, soit d'elle-même et par la diplomatie, Votre Excellence. Ensuite, l’avenir sera entre vos mains, et uniquement entre vos mains.

La paix est une volonté commune, non une concession que l'on doit à une nation. La paix est un idéal que nous devons préserver parce qu'elle assure le développement de nos nations dans ce monde déjà bien conflictuel. Nous vous tendons la main, une ultime main tendue alors que certaines nations veulent nous voir faire la guerre. Acceptez cette main tendue pour que le progrès puisse continuer.


Alors que Pierre Lore avait terminé sa réponse à son interlocuteur, il inspira profondément, montrant son inquiétude pour la suite. Il espérait sincèrement que l'Illirée allait voir que l'offre teylaise et même celle de l'Organisation des Nations Démocratiques était une bonne offre, offrant des garanties de sécurité à l'Illirée dans les conditions qu'elle voulait. Elle choisissait le format qu'elle voulait, elle pouvait même continuer sa relation "spéciale" avec la Loduarie Communiste. La seule demande teylaise était la non-présence de troupes loduariennes. Une bonne offre, très généreuse même, selon Pierre Lore pour éviter une guerre. Si l'Illirée refusait l'offre, Pierre Lore n'allait pas comprendre ce qu'il avait raté.
Veychter soupira faiblement. Il n'y avait qu'une seule issue à cette crise ; elle prenait bien des noms et des manières mais elle demeurait unique, bien que variable dans son application. Autant qu'il pouvait en juger, son interlocuteur ne semblait pas foncièrement malhonnête ; et de toute façon les méthodes loduariennes de diplomatie n'avaient un réel impact que si les forces armées de l'intimidateur étaient proprement ... intimidantes. Et puis, ne se targait-il pas de son esprit posé et de son froid ? S'il était parvenu aussi haut sans sacrifier la moitié de son peuple, c'était parce qu'il était prudent, pondéré mais impitoyable. Pareil oxymore avait attendu son existence pour gagner le droit d'être formulé, et il disparaitrait sans doute avec lui. Le socialisme devait triompher, ce n'était même pas une question. Mais les morts ne remportent aucune victoire, pas plus que des mendiants dans un pays en ruines. Il parla. Et tandis qu'il parlait, sachant pertinemment la conclusion qui en adviendrait, son verbe se fit plus fluide et vigoureux — la peur avait baissé d'un cran.

– Monsieur Lore, comme vous le dites vous-mêmes, il y a un certain nombre de points sur lesquels nous ne sommes en accord d'aucune façon. Il y en a d'autres où nous partageons des points de vue croisés — certainement pas en accord mais pas foncièrement en désaccord. Et enfin, il y a ceux où nous pouvons nous vanter d'y voir une même nécessité, un même espoir et une même peur. Je propose que, ce soir, nous mettions de côté ces deux premières catégories afin de nous concentrer sur la construction de quelque chose plutôt que sur la mise à bas d'un système complet. Voulez-vous ? Parfait. Il se répéta. Parfait. Je ne vais pas passer par quatres chemins Monsieur, si nous trouvons un accord sur les termes qui ne manqueront pas de suivre, j'adresserai dans l'instant un comuniqué à la Loduarie Communiste les priant de faire demi-tour. Vous pouvez en informer votre tête couronnée si cela vous chante, elle aura sans doute son mot à dire sur la construction de l'Eurysie.

Il avait, au cours de la réponse du Teylais, noté quelques lignes sur une feuille de notes. Il se réfera maintenant aux humbles lettres en pattes de mouche. Comme vous le dites, ce serait faire de la mauvaise diplomatie que de nous retirer, de manière pleine ou partielle, le soutien de nos camarades loduariens sans aucune garanties en retour. Vous en avez proposé plusieurs, et je pense que je peux dès maintenant donner un préavis à plusieurs d'entre elles. Pour commencer, mettons les points sur les i voulez-vous ? Il est tout à fait hors de question de substitué à des troupes loduariennes — nos alliés de longues dates — à des troupes ONéDiennes. Comprenez bien que nous ne consentirons pas à des troupes coalisées de l'OND sur notre sol, cela serait une violation des paradigmes eurysiens actuels. Non. En revanche, je ne vois pas pour l'instant de raison de refuser des garanties de défenses moins profondes. En fait, je serais même personnellement favorable à un bouclier ONéDien de principe sur l'Illirée.

Une fois cela dit, je suis tout à fait certain que vous voyez maintenant tout comme moi la nécessité d'un sommet de crise dans les plus brefs délais. Ainsi, nous aurons tout loisir de discuter des tenants et aboutissants de nouvelles règles eurysiennes. Vous vous y opposiez plus tôt en pointant du doigt un manque de confiance et de garanties. Je vous répète donc maintenant la garantie de paix que je vous offre : si vous accédez aux contre-parties sus-mentionées, ou du moins à des éléments similaires, nous nous engageons à ne pas accueillir de troupes loduariennes sur notre sol et de demander à nos camarades de mettre en pause leur opération aérienne de convoi. Qu'en dites-vous ?
Des mouvements de troupes alarmants ?
Un appel Teyla - Illirée

Palais Grayson
Palais Grayson ou autrement dit Palais Royal.


Pierre Lore était fortement soulagé intérieurement. L'adversaire d'un soir avait cédé. En outre, dans la tête des dirigeants du Royaume de Teyla, on n'était pas dupe des liens qui existaient entre la Loduarie Communiste et Valinor, et maintenant l'Illirée. Cependant, on ne voyait pas dans le Gouvernement de Sa Majesté Valinor (donc avant cet événement) comme une menace pour le Royaume de Teyla ou encore un quelconque membre de l'Organisation des Nations Démocratiques. La République Fédérale de Tanska surveillait le pays et cela était normal. Cela évitait des surprises qui pouvaient être désagréables comme la lourde livraison d'armes qu'avait reçue Valinor. Mais outre ces considérations, on n'imaginait pas Valinor tenter quoi que ce soit contre la République Fédérale de Tanska, même avec le soutien implicite ou explicite de la Loduarie Communiste. Le rapport de force était trop en défaveur de ces nations. La République Fédérale de Tanska avait l'assurance que l'entièreté des nations de l'Organisation des Nations Démocratiques allaient suivre en cas de problème. Ce n'était pas le cas de la Loduarie avec ses partenaires, estimaient-ils du côté de Manticore.

C'est pourquoi l'actuel mouvement, en ne prenant pas en compte le coup d'État, relevait d'une audace qu'on n'avait pas imaginée au sein du Gouvernement teylais. La situation était somme toute défavorable à la Loduarie et ses alliés, alors il suffirait d'une pression exercée par les nations membres de l'Organisation des Nations Démocratiques pour que le mouvement soit, si ce n'est annulé, contenu par un mouvement de troupes des États-membres. L'Organisation des Nations Démocratiques avait démontré sa flexibilité et ses capacités de réponse face à la menace loduarienne. On était surpris du côté de Manticore tant par le mouvement que par le fait qu'aucun dirigeant des nations communistes eurysiennes ne s'en était rendu compte.

Est-ce un mouvement pour enclencher une séquence diplomatique avec le Royaume de Teyla et ses partenaires eurysiens ? Est-ce une manœuvre de diversion ? Une manière d'attirer le Royaume de Teyla pendant que la Loduarie tente une incursion armée sur le territoire teylais ? Est-ce une provocation calculée, un test de la cohésion de l’Organisation des Nations Démocratiques ? Bien qu'il n'écartât aucune hypothèse, Pierre Lore voyait, par le choix de la trajectoire, une provocation pour mettre à mal la capacité de cohésion de l'organisation dont est membre le Royaume de Teyla. Pire que cela, il pensait que c'était un exercice pour observer les réactions défensives du Royaume de Teyla. La Loduarie Communiste et les autorités de l'Illirée, par les actions passées du Royaume de Teyla, ne s'attendaient sans doute pas à une réaction aussi tranchante, aussi vive.

Il fut soulagé que les Illiréens étaient beaucoup plus ouverts à la négociation que la Loduarie Communiste, un élément que le Royaume de Teyla allait prendre en compte quand il s'agirait de traiter avec les éléments communistes eurysiens. Pierre Lore venait d'éviter une guerre et des morts par milliers. Une situation qui satisfaisait toutes les parties, sauf peut-être la Loduarie Communiste, mais ainsi va la vie. On ne peut pas gagner à chaque fois et cette fois, la Loduarie Communiste allait perdre, montrant encore plus son déclassement vis-à-vis du Royaume de Teyla.

- Bien, dit Pierre Lore, visiblement très soulagé par la réponse de l'Illiréen. C'est un bon compromis que vous proposez ici. Il va de soi que le Royaume de Teyla l'accepte et la République Fédérale de Tanska y verra un signe d'apaisement de votre part. En cela, nous vous remercions énormément. Tant qu'aucune troupe étrangère ne posera le pied à Valinor sans discussion au préalable, l'Organisation des Nations Démocratiques sera votre bouclier, votre protection contre les menaces étrangères de tout type qui planent sur votre nation, comme convenu.

De plus, il va de soi qu'il est grand temps, je le crois, que tout ce monde discute de manière égale. Il me semble qu'il est grand temps que toutes les nations concernées se réunissent et dialoguent sur un pied d'égalité. Une rencontre diplomatique entre l'Illirée, le Royaume de Teyla, la République Fédérale de Tanska et la Loduarie Communiste, sans interférences extérieures, semble aujourd'hui s'imposer d'elle-même. Seule une telle initiative permettra d'établir un cadre durable, de prévenir les incompréhensions futures et d'éviter que ne se reproduisent des tensions comparables à celles que nous venons de surmonter. Nous acceptons donc votre proposition de sommet de crise ! Toutefois, la dernière fois que nous avons tenté une chose pareille avec la Loduarie Communiste cela a donné les événements d'aujourd'hui.

Je me permets juste de dire que les troupes de l'Organisation des Nations Démocratiques ne vous étaient pas imposées, bien entendu. C'était une proposition, si cela pouvait vous assurer que nous défendrions votre territoire en cas d'attaque contre celui-ci.

Une dernière chose, mon téléphone reste à côté de moi si jamais la Loduarie Communiste refuse d'obéir à votre ordre. Une situation qui serait gênante pour tout le monde, mais avant tout pour la Loduarie Communiste. Si une telle chose se produit, un communiqué commun s'impose et ce que nous avons conclu, à savoir votre protection, s'imposera dès ce soir. Cela va de soi, nous prenons à cœur nos engagements.

A l'évidence, Veychter aussi était soulagé. Du moins, pour l'instant. Cela ne le rendit toutefois pas bien plus avenant. Il était maintenant le temps de mettre un terme à cette conversations téléphoniques, des affaires autres allaient demnader son attention dans les prochaines heures. Il articula donc des remerciements à son interlocuteur, soulignant à demi-mots sa crainte pour l'option violente en cas de refus d'obtemperer des Loduariens. Enfin, il prononça quelques formules d'au revoir agrémentées de prommesses de conversations plus approfondies. Cela fait, il raccrocha.

Le Premier Ministre alla d'un pas nerveux regarder à travers la large fenêtre de son bureau de travail. D'ici, il voyait Tirgon. Sa ville était belle, bien qu'elle souffrit encore des tares infligées par ses prédécésseurs. Lui allait mettre la Nation sur le droit chemin. Et tout semblait indiquer qu'il y arrivait déjà à coup de réformes. Les demies-mesures des Man-Krathistes avaient poussées l'Etat dans une stagnation économique et sociale délirante. Les gens ne vivaient pas trop mal, mais ils pouvaient vivre mieux. Les premiers chiffres — à quelques jours à peine de son entrée en fonction — semblaient déjà annoncer une croissance bondissante et une économie nationale en phase de réabilitation. Les chiffres étaient gros ; sans doute gonflés par le départ des éparses entreprises étrangères au profis de poulain locaux. L'Illirée était à construire, se dit-il en contemplant les lumières domestiques défier les étoiles nocturnes.
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