11/05/2017
22:48:36
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[Negara Strana/Grand Kah/Wanmiri] "S'il y avait un espoir pour l’Humanité, il était nazumi."

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L'épais tapis de cumulus avait commencé à se fracturer. Le vent séparait les nuages, tranchait de larges crevasses dans lesquelles s'infiltrait le soleil. Actée caressa l'acier de la balustrade, ses yeux suivaient maintenant le tracé des rayons clairement dessinés. Ils formaient des contours de clarté sur des pans entiers de ville, d'océan, cartographaient des territoires arbitraires définis par l'ombre et la lumière du jour. Et partout, elle le devinait d'instinct, cette même activité. Une ruche. Capitale économique du Nazum, Heon-Kuang était celle ville où l'on ne dormait pas. Cette ville dont elle connaissait certains quartiers comme si elle y avait toujours vécu, et dont d'autres échappaient encore à sa compréhension. Une ville qu'elle n'avait pas revue depuis trop longtemps à son goût. Le plus frustrant, peut-être, c'est qu'elle ne s'était pas rendue ici pour des raisons personnelles. Evidemment. Il y avait une affaire à traiter au nom de l'Union, et cette affaire devait se traiter ici.

La commissaire réalisa qu'à cette heure, ses consœurs du Comité devaient se trouver en Westalia, à discuter diplomatie avec le nouveau gouvernement de la Grande République. Elles avaient quitté le même aéroport, au même moment, parcourant chacune plus de dix mille kilomètres – mais dans des directions opposées. Meredith et Rai. Elle aurait aimé pouvoir amener Rai avec elle. Mais ça n'aurait eu aucun sens. La chargée des affaires culturelles n'était pas à sa place dans des discussions militaires. Cela qui suscita chez elle un curieux sentiment de solitude. Comme l'Union était grande, sans même parler de ses intérêts. Était-il seulement possible de représenter une telle entité ?

Bien-sûr que oui, se dit-elle. Moins par conviction que par choix arbitraire : elle le faisait depuis des années. S'il n'était pas possible de remplir cette mission seule, alors le gros de sa vie n'était qu'une tentative de faire l'impossible, ce qu'elle refusait de considérer.

Sa prise se raffermit sur l'alliage froid de la balustrade.

Derrière elle, deux soldats de la garde communale encadraient la porte de la terrasse. Le plastique mat de leurs imperméables noirs et rouges, boutonnés jusqu'au col, claquait sous l'effet du vent. Sans ça, leur masque et leur immobilisme en auraient faits de parfaites statues. Rien de surprenant, pensa Actée. La garde locale est eurycommuniste. Ces gens n'aiment pas l'individualité.

On leur avait indiqué d'escorter la commissaire où qu'elle irait. Moins pour sa propre protection – Aleph était l'un des endroits les plus sûrs du Grand Kah – que pour lui signifier le respect de la Convention Communale, et peut-être aussi du Commissariat aux Affaires Exclaves. Shao Kai Yuhan, l'éternel commissaire représentant, n'avait pas été en mesure de l'accueillir personnellement et tenait à rendre absolument clair qu'il ne s'agissait pas d'un geste politique des exclaves à l'adresse des communes centrales, pas qu'Actée eut sérieusement entretenu cette hypothèse. Lorsqu'elle avait exigé qu'on l'amène à la terrasse supérieure de la ville, aucun des deux ne lui avait demandé pourquoi. Ceux-là ne faisaient pas la conversation, contrairement à leurs pairs d'Axis Mundis. Un peu par réflexe, et pour tuer le silence, Actée leur avait dit qu'elle souhaitait voir la ville.

Ils avaient acquiescé, sans doute pour ne pas la laisser sans réponse.

Maintenant elle y était, et voyait le monde comme une étrangère. C'était tout l'intérêt d'Alpeh. Positionnée sur des îles relativement éloignées des secteurs urbanisés de la Commune, la base navale offrait un excellent moyen de relativiser. Avant l'installation du premier fort, dans l'antiquité tardive, les îles étaient occupées par des temples. En tout cas c'est ce qu'elle avait lu un jour, et elle voulait bien y croire. Il suffisait de voir la ville d'ici pour constater de sa petitesse. Ses buildings étaient comme des maisons de poupées. La perspective les réduisait, les écrasait sous les tours de nuage, la nature imposait son dominion au paysage la plus moderne du pays. Oui, une âme pieuse y aurait vu un signe. Actée, elle, ne voyait que de l'acier, de l'eau condensée, et des millions d'âmes menacées par le Fujiwa.

Un voile d'amertume lui brouilla la vue. Ce qu'elle observait d'ici était un instant de paix fragile, une parenthèse dans l'histoire. Une parenthèse dont on commençait à percevoir la fin. Réalisaient-ils seulement à quel point tout était menacé ? Il suffisait de peu : une provocation, une maladresse, une arrogance de trop, et... La commissaire ferma les yeux et inspira profondément.
Ce n'était pas de la crainte qu'elle ressentait. C'était de la rage.
Elle lâcha la balustrade et se retourna brusquement, enfonçant les mains dans les poches de son manteau.

« Rentrons. »

Les deux gardes lui ouvrirent la porte, puis s'engouffrèrent à sa suite dans les couloirs modernes de l'installation. Animée d'une colère froide, elle suivait la ligne de couleur orange tracée sur le sol plastifié. Elle devait mener aux salles de réception de la base. Clac, clac, clac. L'écho de ses bottines se répercutait dans ce monument de silence et Actée, furieuse, pressait le pas. Le Fujiwa. Le Fujiwa ! Y avait-il quelque chose qui poussait ses cousins culturels, fujiwans, burujois, maronhiens, à tomber dans le fascisme le plus décomplexé ? On disait qu'aucun peuple n'était intrinsèquement réactionnaire. Que seules certaines structures les figeaient. Elle voulait y croire. Elle essayait.avait traversé la même distance Mais quand même ! Partager leur sang, leur culture, et constater de leur imbécillité. C'était comme être elle-même citoyenne de ces échecs de l'Histoire. Quant à ceux qui l'étaient vraiment… Elle ne les essentialiserait pas, mais elle ne les pardonnerait pas non plus.

La commissaire prit un angle du couloir et s'arrêta à une intersection. Devant elle, la ligne au sol se divisait en trois directions. Quatre officiers approchaient, casquette sous le bras, discutant à voix basse. À sa vue, ils s'immobilisèrent et levèrent le poing.

« Salut et fraternité !
– Salut, citoyens. »

Un bref échange de regards. L'un des militaires lui demanda où elle se rendait, mais elle se contenta d'un signe de tête vers le couloir. Ils n'insistèrent pas et insistèrent pour lui céder le passage.

Elle reprit sa marche. Clac, clac. Derrière elle, les bottes des officiers hésitèrent un instant avant de s'ajouter à l'écho.

Il y avait à Axis Mundis une certaine tendance à excuser le peuple des régimes fascistes. On les percevait avant tout comme des victimes et leur adhésion, plutôt que d'être prise comme telle, était mise sur le compte d'un certain nombre de procédés employés par la ploutocratie pour défendre ses intérêts. Désinformation, privation d'éducation, accaparement du réel et du discours public. C'était nécessaire pour croire le peuple intelligent, de ne pas se dire que la masse était en fait composée d'imbéciles. Actée, elle, était une radicale. Elle considérait la masse idiote jusqu'à preuve du contraire. Le Grand Kah était un empire d'éducation. Des siècles de tradition politique et un solide système d'information permettait à ses citoyens de se comporter en humains intelligents, concernés et empathiques. Les étrangers, celles et ceux qui n'avaient pas de milieux pour les pousser au bien et au mieux, elle ne les jugeait pas réactionnaire par défaut, mais pensait tout de même qu'on les avait modelés vers quelque chose d'autre. Quelque chose d'égoïste, au mieux ; de haineux au pire. Indépendamment de pourquoi ils étaient devenus ce qu'ils étaient, on ne pouvait nier qu'ils l'étaient. Et donc, il pouvait exister une vraie adhésion au projet fasciste. Les Fujiwans qui ne résistaient pas, qui approuvaient, ceux qui n'utilisaient par leur conscience et adoptaient la haine et le nationalisme… Qu'importe qu'ils n'aient pas eu d'autres options : ils l'avaient tout de même choisi.

Lorsqu'elle déboula au milieu du jardin zen, Actée était comme une bête en cage. Elle passa le sentier de gravillon à travers les mares de sable et se rendit directement sur la plateforme de béton installée en son centre. Là se trouvait la table de réunion. On y avait installé un service à thé et disposé les fauteuils noirs de façon à les situer face à baie vitrée. Derrière, les premiers navires de la flotte nazuméenne commençaient à entrer dans le port. La silouhette ultra moderne du croiseur MMC Pharois glissait en tête, devant le destroyer porte-hélicoptère MMC Arizona et plusieurs corvettes Guillotine. On était loin du compte si on voulait envahir le Fujiwa, mais le message était tout de même clair. Actée approcha de la table de réunion, retirant son manteau pour le jeter sur l'un des fauteuils. Elle se fit la réflexion qu'un nuage devait passer au-dessus du fort, le puits de lumière restituait une clarté ombragée.

Ses deux gardes ne l'avaient pas accompagné sur la plateforme. Comme à leur habitude, ils étaient restés autour de la porte. Actée les congédia d'un signe de tête devant la vitre et resta plantée là, mains dans le dos. Que pouvait-on faire, vraiment, contre le Fujiwa ? Que pouvait-on faire, plus généralement, contre les fascismes ?

Quand ils se tenaient sages il y avait comme un accord tacite : on se tolérait mutuellement, on travaillait contre les intérêts de l'autre de façon mesurée, presque douce. Une guerre élégante faite d'accords et de marchés. Le Fujiwa avait adopté une rhétorique nouvelle. De mémoire d'homme, c'était la première fois en dix ans qu'une nation militairement moins dotée que l'Union osait proférer ce genre de rhétorique. On était à deux doigts de la menace, et de là il serait assez simple de monter le dossier en épingle, de provoquer une escarmouche, un conflit localisé, qui pourrait ensuite dégénérer en guerre.

Bien entendu les alliés du Fujiwa réfléchiraient à faire front commun, et il y aurait peut-être une aide limitée de quelques réactionnaires eurysiens, et plus directe du Burujoa et de ses vassaux.

Pure spéculation. Pour le moment la Convention avait simplement opté pour le déploiement de la flotte à des fins d'intimidation. Il était très possible que cela ne fasse qu'alimenter les propagandistes du régime, alors il faudrait en rencontrer le gouvernement, mettre les choses sur la table à plat, que chacun ait un bon aperçut de la situation. Et ensuite ? Sanctionner. Rendre la situation invivable, probablement. L'Union avait mieux à faire qu'à perdre son temps et son énergie sur des puissances émergentes aux rêves fiévreux de grandeur. Mais enfin, puisqu'il y avait une chance, même infime, que le régime croit sérieusement à ses mensonges, il fallait prendre acte.

Et de toute façon l'Union n'était pas seule. C'était même la raison de sa venue. Le Grand Kah s'était longtemps vu comme le garant de l'ordre socialiste – ou plutôt anti-capitaliste. Ce rôle l'avait poussé à agir seul, concertant parfois avec ses alliés, mais sans jamais les traiter en véritables partenaires. Les spécificités culturelles et politiques du Nazum rendait cette approche contre-productive : le Grand Kah y avait assez d'alliés pour travailler de concert avec eux, et opérer selon une approche authentiquement commune. Et ces alliées, justement, Actée avait appris à les apprécier à un titre un peu plus personnel. C'est vrai, il était assez rare que ses interlocuteurs et interlocutrices cumulent qualités politiques et individuelles. Rectitude politique et humaine. D'une certain façon, elle en était convaincue, s'il y avait un espoir pour l'Humanité, il était nazumi.

Le battement sourd de rotors se mêlaient progressivement au ressac lointain. Un hélicoptère fendait l'air au-dessus de la flotte, suivant un tracé rigoureusement perpendiculaire aux navires en contrebas. Actée leva légèrement le menton, et suivit des yeux le prolongement sa trajectoire. Cet appareil venait de la ville.

Nos camarades, comprit-elle.

Elle prit une grande inspiration. L'odeur minérale du gravier, du sable ratissé, du bois tiède formaient un ensemble plutôt réconfortante. Les choses allaient bien se passer : quoi qu'il arrive, l'Union n'aurait pas à trancher seule. Pas à assumer le poids historique de l'action, ou de l'inaction.

D'un geste détache, elle retourna récupérer son manteau et le disposa proprement sur le porte-manteau discret, à l'angle de la plateforme. Elle jeta un regard en coin par-dessus son épaule et s'assura qu'il n'y avait rien de superflu sur la table. Juste quelques dossiers, alignés avec une précision militaire, et le service à thé qu'on avait laissé en évidence. Elle vérifia machinalement que tout était en ordre : l'emplacement des choses, l'alignement des dossiers, jusqu'aux tracés dans le sable du jardin zen.

Enfin satisfaite, elle s'adossa au rebord de la table, le dos droit, les bras croisés devant elle. Pas de tension apparente, rien qui trahissait l'impatience qui battait sous sa peau. C'était comme être une actrice dans les loges, attendant patiemment la lever du rideau pour entrer sur scène. Elle n'aurait aucun mal à réciter son texte, mais chaque seconde le séparant du début de la première scène avait quelque chose de douloureux.

Dehors, un claquement métallique sec. L'hélicoptère s'était posé.

Actée se redressa d'un mouvement fluide. Elle avança d'un pas mesuré sur le chemin de gravier, chaque pas absorbé par la texture souple du sol. De l'autre côté du jardin, deux silhouettes apparaissaient déjà, précédées par un officier d'escorte.
Eddonna Tymeri et la citoyenne "Shi Feng" du Wanmiri. Kawaya Haryanto et Siska Widiastuti de la Republik Sosialis Negara Strana, leurs délégations.

Arrivée à mi-distance, la commisaire s'arrêta net, porta une main à son cœur et s'inclina très légèrement en avant.

« Bienvenue à Aleph, citoyennes. »

Elle releva les yeux, et un sourire vint adoucir la dureté froide de ses traits.

« Suivez-moi, installons-nous. J'aurais aimé que l'amitié entre nos peuples n'ait pas à se mobiliser de la sorte, mais nos voisins en ont décidés autrement, n'est-ce pas ? Vous prendrez du thé ? Bien. Mais installez-vous, j'insiste. »

Elle fit le tour de la table pour récupérer le service à thé, et commença à remplir des tasses. Dans son dos, en contre-bas derrière la vitre, la figure distincte du MMC Pharois, dont venaient de décoller trois hélicoptères de transport partant vers l'Est, en direction de la seconde île du fort.

« En premier lieu que diriez-vous que nous partagions l'analyse de nos gouvernements respectifs à propos du sujet qui nous amène ? »
A seulement 8 heures du matin, c’était la panique à l’Eksekuasaan. Si Siska Widiastuti est une horloge sur patte, il est difficile d’en dire de même de Kawaya Haryanto. Soucieuse de faire bonne impression, la stranéenne s’est toujours efforcée de mettre son environnement au service de la ponctualité mais il y a des jours où ses stratégies longuement confectionnées viennent à faillir. Comme à son habitude, Kawaya s’était levé un peu trop tard mais elle comptait sur son chauffeur, Joko, pour l’amener rapidement à son bureau rejoindre sa Commissaire aux Affaires Étrangères et prendre ses dossiers. Seulement, c’était sans compter sur les joies de la circulation à Kotarakyat, à l'arrêt ce matin dû à un grave accident bloquant la route.

En retard, la Première Commissaire déboula dans son bureau où se trouvait sa Commissaire qui se contenta de secouer la tête. Une fois ses dossiers en main, elles se dépechèrent de rejoindre Joko. Ce dernier conduisa les deux femmes à l'aéroport de Kotarakyat, empruntant un détour afin d'éviter d'être entraver dans les grands boulevards de la ville. Comme à leur habitude, les deux femmes firent un bref retour sur la situation face à laquelle elles allaient être confrontées. Siska Widiastuti avait demandé le matin même un rapport des dernières activités du gouvernement fujiwan. Ces derniers jours, la répression des manifestations étudiantes faisait le tour de la presse locale mais aussi internationale dans une certaine mesure. Il était effrayant de voir le Fujiwa s'engouffrer dans ce gouffre conservateur et autoritaire. "Cela dit, ce gouffre ne sort pas de nulle part, la cicatrice de l'Empire n'a jamais été refermé" fit remarqué Kawaya Haryanto.

Arrivées sur le tarmac de l'aéroport, les stranéennes saluèrent Joko puis s'engouvrèrent dans l'hélicoptère qui les attendait déjà depuis plusieurs minutes. Une fois installée, le moteur ne tarda pas à vrombir et le véhciule à s'élever. N'étant pas très à l'aise en hélicoptère, Kawaya Haryanto ferma les yeux et essaya de se concentrer sur sa respiration. Au bout de quelques minutes, elle plongea dans ses pensées afin de se préparer à la journée qui l'attendait.

Les relations stranéo-fujiwanes ont toujours été tendus et l'apaisement des dernières années apparait de jour en jour comme une anomalie. Sommes nous en train de régresser ? La situation a t-elle un jour réellement avancé ou sommes nous toujours englués dans une relation au prisme coloniale ? Si l'histoire rendait complexe la communication bilatérale, celle-ci l'était d'autant plus que leur bonne tenure est tant un enjeu de politique intérieure qu'extérieure. Si les organisations politiques ont souvent excité un esprit de vengeance vis-à-vis des forces fujiwanes pour mobiliser l'opinion public, le poids démographique considérable de la population aichi (descendant des colons fujiwans) et le relachement diplomatique a laissé entendre une nécessité de pacification des rapports internazumis. Seulement, l'avènement du Shogunat et la radicalisation de la scène politique fujiwane s'est inscrit à contre sens de la stratégie d'équilibriste des gouvernements passés. "Avec les fujiwans, on ne fait pas de la diplomatie, seulement un dialogue sourd et tourné vers la politique intérieure" soulevait souvent Siska Widiastuti.

Dans ce contexte, la rencontre avec les camarades kahtanais et wanmiriens s'avère être capitale. Alors que les Accords de Sokco demeurent balbutiant, une réponse collective doit être apportée. La contingence idéologique des nations précitées les avait menée à exclure de fait des discussions le Jashuria dont la boussole diplomatique réaliste tend à se limiter à ses intérêts. Cette rencontre prend d'autant plus de sens qu'elle s'inscrit dans un mouvement général de rapprochement des trois pays dans un cadre bilatéral. Une telle réunion semble ainsi presque tardive.

Lorsque l'hélicoptère survola l'exclave de Heon Kuang, il était presque possible de voir les communes grouiller. Siska Widiastuti connaissait très bien les communes du Kah nazumi. Effectivement, elle avait eu l'occasion de s'y rendre à de multiples reprises lorsqu'elles étaient en charge du Secrétariat des Relations Commerciales du Commissariat au Socialisme Economique. Dans ce cadre, elle s'était démarquée pour ses qualités diplomatiques lors des rencontres qu'elle effectuait avec ses homolgues kahtanais.

Au dessus d'Aleph, le pilote informa les Commissaires de leur arrivée. "Les Wanmiriens viennent de se poser, j'attends le signal et on se pose". Une fois sur le tarmac, les dames saluèrent chaleureusement Actée et la délégation wanmirienne. Une fois escortée dans le lieu de rencontre, les stranéennes s'étaient vu servir du thé, ce qui ne pouvait que les ravir. Après l'introduction d'Actée, Kawaya Haryanto pris la parole.


Kawaya Hayranto: "Camarades, citoyennes, mesdames,

Il est vrai que nous aurions aimer vous rencontrer ici sous de meilleurs augures. Toujours étant que la situation fujiwane nous pousse à la réaction, ou du moins leur Réaction doit susciter notre Révolution. Effectivement, les problèmes liés au Fujiwa sont bien nombreux. Depuis la prise au pouvoir du parti radicale Kōdō et l'instauration du régime shogunal, la situation intérieure du pays n'a fait que de se dégrader. Les libertés collectives sont drastiquement limitées, de la liberté de manifester à la liberté d'expression. D'un autre côté, le roman national fujiwan se renforce à grande vitesse permettant de consolider la nostalgie de l'Empire Aichi et ses ambitions impérialistes. Ces dernières se manifestaient déjà à Moon, où le peuple jinséen ne doit pas être oublié, mais il est nécessaire d'être attentif à l'évolution du débat public sur la question de Macao. Car si la question coloniale y est primordiale, il ne faut être aveugle sur la rhétorique profondément impérialiste du Shogunat. La libération des peuples opprimés est nécessaire, mais elle interroge dans ces conditions.

Dès lors, le Conseil des Commissaires du Peuple du Negara Strana souhaite mettre en place une réponse collective, ce dont fait l'objet de notre rencontre. Cette réponse peut se réaliser à deux niveaux, dont il sera nécessaire de juxtaposer. Premièrement, nous devons être capable d'effectuer une pression diplomatique et commerciale sur le Fujiwa. Cela nécessite évidemment un équilibre fragile, d'autant plus qu'il pourrait être intéressant d'emporter d'autres nations tel que le Jashuria ou le Grand Ling dans notre mouvement, ou du moins faire en sorte qu'ils ne soutiennent pas activement le Shogunat. Nous avons également conscience des interdépendances économiques et commerciales existantes entre nos pays, notamment avec le Negara Strana ou le Wanmiri. C'est pour cela qu'il faut s'organiser collectivement, ce qui m'amène à notre deuxième point: nous devons pouvoir nous positionner comme un axe central au sein de la géopolitique du Nazum du Sud-Est. Entendez bien ici qu'axe central ne veut dire pas bloc clos, car il est nullement nécessaire de se replier sur nous même. Dans cette optique, nous devons être capable de mettre en place des manoeuvres militaires communes, du partage de renseignement et une régulation des échanges de biens et de services. L'ensemble de ces dispositifs sont d'ores et déjà déployés au niveau bilatéral mais il nous semble nécessaire de les faire progresser sur un plan trilatéral.

Enfin, j'aimerais rappeler la situation particulière du Negara Strana. Vous n'êtes pas sans savoir que notre pays à une histoire complexe avec le Fujiwa dont les conséquence se retranscrivent tant dans les rapports de force politiques internes que dans nos démographies respectives. Dès lors, à travers les mesures que nous prendrons, nous ferons toujours en sorte de faire primer un dialogue, notamment culturel, entre nos sociétés. Ainsi, entendez là que nous prendrons nos décisions sous contrainte assumée, mais je doute que vous cherchiez à fermenter la rage au sein de nos peuples respectifs quoiqu'il arrive.
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