[Activité Intérieure/Contextes] Les jours de fer (25% de tension)
Posté le : 22 mars 2025 à 15:07:20
Modifié le : 24 jui. 2025 à 17:33:01
0
Posté le : 13 avr. 2025 à 18:10:57
Modifié le : 24 jui. 2025 à 03:25:20
3148
Faits Marquants :
- Réforme structurelle du Directoire de la Garde Communale achevée. Analyse des nouvelles orientations stratégiques axées sur la "professionnalisation" et l'"efficacité opérationnelle". [+5] CS
- Le Grand Kah franchit le seuil historique des 2000 milliards d'unités internationales de Produit Intégral National (PIN). [+10] CCC
- Entretien Exclusif : Le Citoyen-Général Oyoshi Kitano, nouveau membre du Directoire, évoque la "stabilité dynamique" nécessaire face aux défis post-Mokhaï et l'"érosion" potentielle de l'unité confédérale. [-3] CCC
- Éditorial : "IL FAUT DES SOLDATS, PAS DES SCRIBOUILLARDS. Le Directoire purgé, l'acier demeure." Appel à une posture militaire plus affirmée. [+3] IAS
- Succès international confirmé pour l'art et la mode kah-tanais. L'exposition "Horizons Communaux" à Pembertøn et la percée de l'École du Rythme en Eurysie témoignent du dynamisme du "Cool Kah-tanais". [+2] CCC
- Analyse : Les Keiretsus (Saphir, Hadess, etc.) pèsent 41% des exportations. Débat sur leur rôle : moteurs d'innovation ou risque de concentration de pouvoir ? [-4] CCC
- Le déploiement du nouveau réseau de radars de surveillance aérienne "Miroir-5" est achevé sur l'ensemble du territoire confédéral et des exclaves. [+2] CS
- Le Bureau Stratégique des Conceptions d'Armement (BSCA) et le Commandement Maritime Communal (CMC) finaliseraient un "document cadre" majeur sur la posture navale post-Pharois. Une présentation aux instances décisionnelles serait imminente. [-5] NCG
- Tensions rapportées lors d'une assemblée du Club des Splendides, critiques virulentes contre la "soumission à l'agenda du LiberalIntern" et la politique d'ouverture économique. [-6] CCC
- Stabilité globale maintenue dans les relations intercommunales, malgré des débats persistants sur la répartition des fonds de péréquation et les priorités d'investissement infrastructurel (notamment Sud-Est vs. Nord). [+2] CCC
- Kubilay et le cœur battant de la Révolution [+3] CCC
- Soumission de la Théorie de la Nouvelle Guerre Navale Anti-impérialiste par le Directoire du Commissariat à la Paix à la Convention Générale et au Parlement des Communes. (Aboutit à un blocage institutionnel et à l'apparition d'une ligne de fracture claire au sein de la Convention) [-4] CCC, [-4] NCG, [+2] IAS, [+5] Tension.
- Tournée d'inspection du Directeur Cormac MacUalraig dans les infrastructures clés de la base navale de Jadida, où les sous-mariniers azuréens sont entraînés. (Le directeur détecte des anomalies discrètes mais persistances dans l'approvisionnement de matériel depuis les bases logistiques excentrées de la garde jusqu'au Gondo. Il décide de s'y rendre en personne. Au delà de ça, l'inspection est un succès.) [+1] CCC, [+1] NCG [+1] Tension
- Holocaust chimique de la capitale de l'Empire du Nord par Carnavale. [+16] Tension
- Ensuite, la douleur : M. Witt et M. Kidd, tueurs, bourreaux et hommes à tout faire pleinement accrédités, torturent et assassinent un agent des services secret qui était tombé sur les mauvaises informations.
- Réunion d'urgence du Directoire de la Garde Communale (Kitano, Maillard, MacUalraig) suite à la vitrification chimique d'Estham. Constat unanime de la faillite stratégique de l'OND et de l'irrationalité du régime de Carnavale. Adoption de trois motions stratégiques à l'unanimité. L'Union passe officiellement d'une phase "d'observation passive" à une phase de "préparation active". Sont actés : le renforcement des protocoles de sécurité sur les sites logistiques excentrés (Gokiary), le lancement de simulations sur l'impact de l'effondrement nordiste et la planification d'une intervention humanitaire/sécuritaire. [+2] NCG [+8] CS
Prochain évènement :
Quelqu'un va mourir.
Posté le : 24 jui. 2025 à 03:08:22
62

Posté le : 16 sep. 2025 à 16:17:34
Modifié le : 17 sep. 2025 à 12:56:20
10146
Scène : Une scène nue, baignée d'une lumière blafarde et industrielle. Au sol, des lignes de craie dessinent les fondations d'un édifice inachevé.
Permettez-moi de vous rappeler qu'une épidémie d'origine inconnue a déjà prises quelques villes véritablement singulières dans le nord du pays. La cause et les circonstances de ces événements tragiques demeurent incertaines. Il y a beaucoup de choses que nous ne pouvons pas encore expliquer.
Tout se passe comme si la peste était douée d'une volonté propre, comme si elle était animée par une force irrépressible. Pour quelle autre raison personne n'a-t-il réussi à la combattre avec succès ? Pourquoi s'en prend-elle aux aspects les plus précieux de notre existence ? La fièvrez choisit ses victimes méticuleusement — et le même principe la ramène toujours vers quiconque tente de s'y opposer.
Étonnamment, nous n'avons pas encore entendu le moindre mot de la part des Pouvoirs en place.
(Une lumière blafarde et industrielle envahit soudainement la scène. LA VOIX et L'AUGURE sont déjà présentes. LA VOIX se tient droite, presque statuaire, au centre du diagramme. L'AUGURE arpente nerveusement la périphérie de la scène, comme une bête en cage observant le public.)
LA VOIX
Le corps est fiévreux, certes, mais la fièvre n’est pas la maladie. Elle n’en est que le symptôme criant, l’alerte paniquée d’un organisme qui se défend mal. Se précipiter pour la faire chuter par quelque saignée barbare serait une erreur funeste. Il faut d'abord ausculter, comprendre l'origine du mal, la racine du désordre. La structure est robuste ; ses lois, éprouvées. C’est dans leur juste application, dans la patience de l'ordonnancement et le rétablissement du consensus, que réside le remède. Toute autre voie n'est qu'une agitation miasmatique, une convulsion menant à l'effondrement final. Dura lex, sed lex. La rigueur sauvera ce que l'émotion menace de détruire.
L'AUGURE
(Elle s'arrête net, se tourne vers LA VOIX.)
Le corps ? Quelle métaphore paresseuse. Arrête. Le public s'endort. Ce n'est pas un corps, c'est une machine, et elle est bloquée. Rouillée. Les engrenages grincent, les pistons sont grippés. Il faut un levier. Des cisailles. Il faut casser la pièce défectueuse pour que le reste puisse à nouveau bouger.
LA VOIX
La précipitation est la mère de tous les chaos. Une loi votée dans la panique est déjà une tyrannie. Vous parlez de briser, mais que proposez-vous pour reconstruire ? Sur quelles fondations ? Celles du caprice ? De la volonté d'un seul instant ? L'Histoire nous enseigne que de telles ruptures n'accouchent que de monstres. L'édifice que nous habitons fut bâti sur des siècles de délibérations. On ne le sauve pas en arrachant ses pierres d'angle.
L'AUGURE
L'Histoire ? Tu parles du texte qu'on nous a donné à jouer ? Ce script est mauvais. Il mène à l'enlisement. L'intrigue stagne, les personnages secondaires geignent dans les coulisses. J’ai une idée ! On devrait inviter le public à monter sur scène ! En tout cas il faut une rupture. Un acte fort. Un protagoniste qui prend la scène et force le dénouement. C’est ce qu’il veut. Un choc. Une catharsis. Qu'importe si elle est sanglante.
(Entre L'ARCHITECTE. Il porte une tenue fonctionnelle. Il observe le diagramme au sol puis lève les yeux vers les deux femmes avec un sourire affable.)
L'ARCHITECTE
Je vous entends débattre. Pardonnez mon intrusion. La discussion me semblait essentielle.
LA VOIX
Enfin une voix qui parle d'actes mesurés. L'amputation est une abomination. Mais le scalpel, manié avec précision, est l'outil de la guérison. Il faut exciser la tumeur, non démembrer le patient. C'est bien de cela que vous parlez. D'une intervention clinique, fondée sur un diagnostic rationnel. Elle est folle.
L'ARCHITECTE
En un sens, oui. Un diagnostic. Le mien est simple : l'infection se propage. Elle n'attend pas. Elle se nourrit de l'hésitation. La compassion, la véritable compassion, n'est pas de laisser un membre gangrené empoisonner le reste du système par respect pour son intégrité passée. La véritable compassion est de couper. Net. Pour sauver ce qui peut encore l'être. Il faut aseptiser la structure, isoler les foyers pathogènes, et parfois, oui, accepter une nécrose inévitable pour garantir la survie de l'ensemble. C'est une question d'hygiène. De survie systémique.
LA VOIX
Vos mains sont celles d’un tueur.
L'AUGURE
(Elle rit.)
Vous voyez ! Il utilise vos mots, mais il a le cran d'en accepter le sens. Vous, vous parlez de "processus" quand vous voulez mettre au pas les indésirables. Lui, au moins, est honnête. Mais ne t'y trompe pas. (Elle se tourne vers L'ARCHITECTE.) Tes mains sont pleines de sang. Elles tremblent d'impatience à l'idée de tailler dans le vif. Tu parles de compassion comme d'un outil de découpe.
L'ARCHITECTE
Je ne parle pas de tuer, mais bien de soin. Quand un système menace de s'effondrer par sa propre inertie, par ses contradictions internes, il faut le reconfigurer. Le forcer à un état de fonctionnement optimal. Vous parlez de volonté, de feu, de rupture. Ce sont des concepts littéraires, ils ne servent à rien, ils ne sont pas des protocoles d'intervention. (Il se tourne vers LA VOIX.) Et vous, vous vous accrochez à des lois comme à des reliques, alors même que le temple s'écroule. Ces lois n'ont de sens que si elles assurent la survie de la communauté. Si elles deviennent un obstacle, elles ne sont plus que de l'encre morte sur du papier jauni.
LA VOIX
Ces "reliques" sont le rempart que des générations ont bâti contre des hommes exactement comme vous. Des hommes qui, drapés dans le manteau de l'urgence et de la rationalité, ont toujours fini par faire taire la délibération au profit de l'ordre. Un ordre qui n'est que la forme polie de leur propre volonté. Quis custodiet ipsos custodes? Qui vous gardera, vous, une fois que vous aurez décidé quels membres de ce corps sont nécrosés ? Qui vous empêchera de couper encore, et encore, jusqu'à ce qu'il ne reste que votre main tenant le scalpel, seule, au milieu d'un silence de mort ? Le reste, dépiauté sur une table stérile ?
L'ARCHITECTE
Votre latin ne m'impressionne pas. Nous ne sommes pas dans une tragédie rhême. Nous sommes face à un problème concret de gestion de crise. Le système sera gardé par sa propre efficacité. Par la reconnaissance des citoyens quand ils verront que l'ordre restauré lui permet de vivre librement. Ils remercieront le médecin. Ou ils le maudiront. Mais ils sauront qu’il était là. Que quelqu'un a eu le courage de faire ce qui devait être fait, pendant que les poètes et les légistes se perdaient en belles phrases.
L'AUGURE
Tu crois vraiment qu’on te remerciera ? Le peuple est une force. Une vague. Elle ne veut pas d'un sauveur. Elle veut une incarnation. Quelqu'un qui vibre de la même colère. Qu'on me donne la scène, et vous verrez que le texte changera de lui-même. Car moi, je peux produire un miracle. Un vrai. Qu'on me laisse faire.
LA VOIX
Un miracle ! Nous en sommes donc réduits à l'incantation et à la foi aveugle ? À la magie du verbe ? Pendant que l'autre prépare ses tables d'opération ? C'est une folie. Une course vers l'abîme où s'affrontent la barbarie mystique et la barbarie technicienne. N'y a-t-il plus de place pour la raison ? Pour la construction patiente ?
L'AUGURE
C'est ça, ton problème, tu vois ? La magie, la raison. Tu crois encore que ces mots ont un sens absolu. Tout dépend de qui raconte l'histoire. Si tu es le protagoniste, un acte de foi devient une intervention divine. Un coup de force devient une nécessité historique. Si tu es l'antagoniste, ton plan le plus logique n'est qu'une machination sordide.
LA VOIX
Le protagoniste gagne, à la fin. C'est la seule loi qui tienne.
L'AUGURE
Tant qu'une décision est prise, elle est la bonne. Il faut simplement y croire assez fort pour que le public y croie aussi.
L'ARCHITECTE
La croyance n'est pas une variable sérieuse. C'est une conséquence ou un axiome. Le résultat d'une action réussie. Votre miracle n'est qu’un nom pour un plan dont on ignore les détails. Moi, je connais les détails. Et mon plan n'a pas besoin de foi pour fonctionner. Tout s’enclenche, tout fonctionne. Le corps, en bonne santé, bouge.
LA VOIX
ASSEZ ! Cessez vos joutes verbales ! Vos théories de la narration, vos protocoles froids ! Falsus in uno, falsus in omnibus ! Toi, tu parles d'incarner le feu, mais tu n'es que l'allumette qui rêve de devenir l'incendie, prête à tout consumer pour un instant de lumière aveuglante ! Et toi, tu te caches derrière la compassion et l'efficacité, mais tu n'es qu'un boucher en blouse blanche, fasciné par la propreté de tes instruments et la couleur du sang ! Vous êtes les deux faces de la même pièce de barbarie ! Vous voulez tous les deux briser ce qui vous dépasse parce que vous êtes incapables de le comprendre, et encore moins de le servir ! Des enfants, vous avez des mentalités d’enfant !
(Un silence s'installe.)
L'AUGURE
Tiens, le marbre saigne. Il y avait donc quelque chose, là-dessous.
L'ARCHITECTE
Elle confirme mon diagnostic. Le système est trop fiévreux. Il devient irrationnel.
LA VOIX
On ne craint l’effusion de sang que quand elle éclabousse nos murs.
L'ARCHITECTE
Croyez-moi, je hais la violence.
LA VOIX
Alors laissez-moi faire. Rampez d’où vous venez, disparaissez. Les adultes sont aux commandes. Je peux sauver le malade.
L'ARCHITECTE
Non. Vous voulez préserver sa forme. Intacte. Même si à l'intérieur tout est pourri. Vous confondez la taxidermie et la médecine. Moi, je regarde le membre gangrené, et je n'hésite pas.
L'AUGURE
Alors, que proposes-tu, Tueur ? Que proposes-tu pour notre grand corps malade ?
(L'ARCHITECTE lève lentement une main, paume ouverte, comme pour présenter une évidence.)
L'ARCHITECTE
Moi, je dis qu'il faut amputer.
L'AUGURE
(Elle s'assied sur le bord de la scène, les jambes pendant dans le vide, vers le public.)
Ah... Le voilà, le vrai drame. C'est bien. C'est fort. Continuez, je vous en prie.
L'ARCHITECTE
Vous confondez la pitié et la compassion. La pitié est un sentiment stérile. Une vanité. C'est la larme que l'on verse pour se sentir soi-même vertueux, tandis que le malade pourrit sous nos yeux. C'est une caresse sur une plaie infectée. Elle ne sauve rien. Elle ne fait qu'accompagner la mort avec élégance. La compassion, la véritable compassion, est un acte. C'est une force active, chirurgicale. Elle est froide parce qu'elle doit être précise. Elle ne s'attarde pas sur la souffrance d'un membre si le corps entier est menacé. Le chirurgien qui ouvre une poitrine n'est pas un barbare ; il aime assez la vie pour accepter de faire couler le sang. Il entend les cris, il voit la douleur, mais il poursuit son geste, car son amour ne s'adresse pas à la partie, mais à l'ensemble. C'est une compassion terrible, et ça, je vous l'accorde. Une compassion qui ressemble à de la haine pour ceux qui ne voient que l'entaille et non la vie qui sera sauvée. Il faut simplement attester des causes, définir la source du mal. M’entendez-vous ?
LA VOIX
Non. Il n'y a plus de diagnostic possible. Le dialogue est rompu. Nous avons épuisé le temps des mots. Ainsi soit-il. Nous nous tenons sur les trois pointes d'un triangle impossible. Chacun se croit le remède, alors que nous ne sommes que les symptômes. C’est ma conviction.
L’AUGURE
Un triangle est la forme la plus solide qui soit. Une belle scène pour une tragédie.
L'ARCHITECTE
Une configuration stable. Pour l'instant.
LA VOIX
(Elle regarde le diagramme à ses pieds, puis l'horizon vide de la scène.)
Le compte à rebours a déjà commencé. Il n'y a plus rien à débattre ici.
(Sans un autre regard pour les deux autres, elle se détourne et quitte la scène, sa silhouette se découpant un instant dans la lumière avant de disparaître dans l'ombre des coulisses.)
L'AUGURE
(Après un temps, elle hausse à nouveau les épaules, mais cette fois avec une trace de fatalisme.)
Elle a raison. La pièce va commencer. J'ai un public à convaincre.
(Elle lance un regard à L'ARCHITECTE.)
Bonne chance avec tes simulations. J'espère pour toi que tu as pensé à la variable "héroïne".
L'ARCHITECTE
(Demeuré seul au centre de la scène. Il regarde tour à tour les deux sorties par lesquelles les femmes ont disparu. Il semble perplexe un instant. Puis, son visage se durcit. Il baisse les yeux vers le diagramme de craie au sol. Il murmure pour lui-même.)
Ils ne comprennent pas. Cette procédure sera menée à son terme.
(Il sort à son tour en traversant lentement le fond de la scène. La lumière baisse jusqu'au noir complet. Aube du Premier Jour.)
