Posté le : 01 jui. 2025 à 23:44:17
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Après ce premier échange de courtoisie, le Président Fédéral suivit de prêt le souverain lingois vers la limousine blindée qui allait les amener vers le lieu de leur rencontre. Une fois à l’intérieur, il poursuivit les échanges avec les différents représentants de l’Empire à bords du véhicule, en compagnie de leur femme. Si le trajet fut court, il ne fut pas pour autant absent de distraction, tout particulièrement visuel. L’architecture lingoise fut très agréable à observer tout au long du trajet, un style “oriental”, ou plutôt “nazuméen”, qui est très apprécié en Westalia de façon très général, tout particulièrement dans les villes bordant le golfe de Kamishiwa, qui entretiennent également une certain mariage entre tradition et modernité, voyant les grands parcs et les temples du Shinbustu Shugo, ce syncrétisme religieux entre le shintoïsme et le bouddhisme, et les impressionnantes tours des quartiers d’affaires de ces dernières, la ville de Kaijotoshi en tête de cette liste. D’un point de vue plus contemporain, de nombreux courants artistiques retrouvent une certaine fascination envers les cultures du Nazum, particulièrement pour sa partie orientale ou méridionale. On parle en Westalia de culture “néo-nazuméenne”, qui tire ses origines de la jeunesse nipozam des années 90, qui “redécouvre” leurs origines de ces terres lointaines, dont de nombreuses traditions importées ont réussi à survivre jusqu’à aujourd’hui. Dans certains films ou tableaux récents sur le sujet, on retrouve notamment une certaine forme de spiritualité et de grandeur liées à cette idée, tandis que des oeuvres d'adaptation ou d’inspiration de légendes ou d’histoire issue du Nazum, en série, film ou dessins animés, connaissent un véritable succès, au-delà des frontières de l'État-Républicain de Lerant. Aucune nation ou peuple du Nazum n’est particulièrement visé par cet engouement moderne, mais un rapprochement entre le Grand Ling et Westalia ne pourrait pas être vu comme mauvais par la population westalienne, qui devrait sans trop de soucis approuvé ce nouveau regard diplomatique accordé à ce continent riche en culture.
La Cité Pourpre est probablement l’un des édifices les plus impressionnants du Nazum, dont il ne faut pas confondre avec le Château de pourpre de Columbia, résidence officielle du Chef du gouvernement fédéral, qui, bien qu’un bijou architectural westalien, n’était que bien peu en comparaison avec le Palais impérial lingois. Le Président Fédéral Belagri, n’étant jamais venu sur ces terres, il n'avait de connaissance sur cette grande structure que les descriptions et les photos qui avaient pu lui être présentées avant sa visite ou au cours de sa réunion de préparation à cette rencontre. Il y avait au moins une chose réussie à cette venue, c’était de voir le dirigeant westalien impressionner par la beauté de la Cité, probablement l’une des nombreuses fonctions de cette dernière, facilement identifiable par son caractère très expressif et particulièrement étrange pour un westalien ayant vécu au sein de la plus haute classe sociale du pays, celle des Dynastic Families, où la concurrence, les intrigues et les complots sont monnaies courantes, tout particulièrement quand il est question d’influence et d’argent. C’est probablement ce décalage qui en a fait une personnalité appréciable pour la population.
Après être rentré dans le palais et s’être installé dans la pièce qui hébergera la rencontre, le Président fédéral écoute avec attention et sérieux les premiers mots du souverain impérial, auquel il va rapidement répondre.
Simeon Belagri : Votre Majesté, à la lecture de ces précédents échanges que vous avez pu avoir avec nos prédécesseurs, il n’y a aucune raison qui nous pousserait à changer de cap sur la vision que ces derniers vous ont partagé. Les points sur lesquels notre pays et le vôtre se sont mis d’accord sont toujours d’actualité pour cette rencontre, de notre point de vue. Vous pouvez donc être rassuré sur la continuité de ce qui a déjà été convenu jusqu’à présent et nous avons pleinement confiance que ces échanges permettront d’aboutir à de grandes choses.
Très peu de temps après avoir fini de s’exprimer, un eunuque entra dans la pièce avec du thé. Il faut dire que ce genre de personnage est un peu “fantastique” dans l’imaginaire collectif westalien, autant dire que c’est également la première fois que le Président fédéral rencontre un eunuque de sa vie… Voilà bien un voyage riche en découverte et en nouveauté pour le chef d’État westalien. Servant la somptueuse boisson, Simeon Belagri fit un geste de remerciement pour en avoir été servie, écoutant l’Empereur s’exprimer une nouvelle fois au sujet du thé qui venait de leur être servi, avant qu’un second eunuque (ou “est-ce le même que tout à l’heure ?”, pensa le Président) n’entre dans la pièce avec un service à thé, un cadeau diplomatique du Grand Ling. Il savait que la Brume Céleste était un mets particulièrement rare et précieux, sans pour autant en connaître tous les détails, n’étant qu’un consommateur occasionnel de ce genre de boisson, qu’il appréciait malgré tout, au contraire de sa femme, bien plus habitué à en consommer que lui et qui serait sûrement ravis d’un tel cadeau une fois de retour au pays. A ce moment, il ne pouvait s’empêcher de penser à une phrase que répète souvent son épouse à ce sujet : “Le café est fait lorsqu’on a encore du travail à faire, le thé est là pour se détendre après un travail bien accompli”.
Simeon Belagri : Je vous remercie pour ce cadeau d’une aussi grande valeur. C’est un honneur de se voir offrir de la Brume Céleste. Je serai en faire un grand usage et savourer chaque gorgée de cette admirable production ancestrale lingoise.
Il prit sa tasse et bu délicatement une gorgée de son contenu. Malgré son attitude ouverte et ses grandes expressions, le Président fédéral avait une manière très délicate de boire et de tenir son récipient, suivant les règles d’étiquette très proches de celles respectées par la haute noblesse austarienne. La famille des Belagri n’était bien évidemment pas membre d’une quelconque noblesse, mais en Westalia, dans une république débarrassé de toute monarchie depuis plus de deux siècles, les plus hautes strates de la sociétés ont toujours conservé de nombreuses traditions héritées des nobles austariens, que cela soit les westals au cours de la Ier République, les Goldmakers sous la dictature ou même les Dynastic Families sous la Grande République. Peu importe leurs bords politiques, ce respect de l’étiquette est quelque chose d'ancré dans l’éducation de leurs enfants, qui sont obligés d’en apprendre les moindres détails très jeunes, avant d'être présentés publiquement à la haute société.
Simeon Belagri : Ce thé est d’une saveur aussi unique qu’agréable. Il n’y a aucun doute que c’est sûrement le plus savoureux que j’ai goûté. Je vous remercie profondément de m’avoir fait partager ceci. J’espère pouvoir en faire autant en vous offrant quelques bouteilles d’un vignoble que je possède, une propriété multi-centenaires, encore plus ancienne que Westalia, et qui produit les meilleurs vins d’Aleucie. Je demanderai à mon retour qu’une de mes bouteilles les plus estimées puisse vous être délivrée en guise de remerciement pour ce thé. Ce premier échange culturel, par des productions qui font le prestige de nos deux peuples, ne pourra rendre que le goût de ces dernières encore meilleur qu’aujourd’hui.
Une fois les premiers échanges de courtoisie terminés, le Président Fédéral reprit un air sérieux et attentif aux propos de l’Empereur, savourant lui aussi le thé qui lui avait été servi précédemment. Il y avait encore plusieurs détails à éclaircir sur les premières propositions qui ont été faites à la Grande République, mais, dans l’ensemble, il y avait des points intéressants à développer pour obtenir un partenariat intéressant avec le Grand Ling.
Simeon Belagri : L’Aleucie, ou plutôt principalement le sud et l’ouest du continent, partage un réseau de câbles sous-marins de fibres optiques important, principalement développé par les akaltiens. La Grande République, dans son objectif d’étendre son accès au monde, a un grand intérêt pour ce genre de projet majeur. Nous serions donc tout à fait favorable à voir le SEA-N-1 se poursuivre jusqu’en Westalia. Nous pourrons vous mettre en contact avec les institutions en charge de ce type de projet international, pour permettre une plus grande fluidité dans les potentiels travaux.
La 5G est également une technologie intéressante et qui attire de nombreux regards sur nos futurs moyens de communication. Je vous rejoins donc sur l’importance de cette dernière dans l’avenir proche qui s’annonce. Peut-être que votre leader national, Weihua, pourrait trouver un certain intérêt à travailler avec notre fleuron dans ce secteur, Ashin (Akiyama tsūshin), qui développe également de son côté des technologies similaires. Je pourrai vous mettre en relation avec ces derniers pour voir émerger un projet commun permettant d’avancer considérablement les recherches de chacun et de voir naître, par la même occasion, le développement d’une révolution technologique westalo-lingoise dans ce secteur d’avenir.
La Grande République héberge de nombreuses entreprises spécialisées dans le transport de marchandise, par la terre, par les airs et tout particulièrement par la mer. Peut-être avez-vous déjà entendu parlé d’Akiyama International Transport ? Ils sont surtout célèbres à l’international pour leurs imposants porte-conteneurs qui naviguent à travers le monde et disposent même d’un port en Akaltie, via la plus importante concession d’Ahawala. A l’échelle nationale, il dispose également d’une importante réserve de trains, mais vieillissant pour la plupart, mais dont je sais qu’il cherche des fournisseurs pour moderniser cette dernière.
De l’autre côté, nous avons plusieurs entreprises majeures et spécialisées également dans le transport, telles que Hardenbor Automobile, pour tout ce qui est véhicules routiers, ou encore notre champion aéronautique qu’est l’Humbert Aircraft Company, productrice d’avions de ligne performants et à succès.
Le Président Fédéral reprend une autre gorgée du thé qui lui a été servi précédemment, avant de reprendre sur l’élément final de ces accords économiques qui se dessinent au sein de cette pièce.
Simeon Belagri : Pour donner un peu plus de clarté à tout cela, il pourrait être opportun de négocier des accords qui permettraient de faciliter le développement et surtout l'expansion de nos entreprises dans ces domaines. En ouvrant nos marchés et facilitant la création de coopérations, le Grand Ling et Westalia verraient de nombreux retours bénéfiques à un tel contexte, voire même la création de nouveaux emplois à travers nos territoires ou l’installations de nos acteurs sur nos terres respectives à terme, suivant les besoins de chacun.