11/05/2017
16:24:24
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[RT- Empire du Nord] Une nation meurtri par la scission

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Thorsten Savchenko le Premier ministre par intérim.
Thorsten Savchenko le Premier ministre par intérim.


L'Empereur Maximilien II de l'Empire Démocratique et Parlementaire du Nord venait visiter la République Translavique, plus que cela, il venait en visite officielle. Un véritable honneur pour la République Translavique alors que celle-ci se remet encore de la guerre et surtout de la terrible scission qui a suivi la guerre. En effet, la scission, bien qu'après deux ans, est encore ancrée dans l'esprit des Translaves et d'Emir Levchenko, Commissaire des Affaires Étrangères, ou encore de Thorsten Savchenko, le Premier ministre par intérim. Chaque Translave se rappelait où il était et ce qu'il faisait lorsque la scission attendue fut officielle par les autorités des deux entités. C'était un jour tragique, un jour de plus tragique pour cette nation qui avait déjà tant affronté. Le régime précédent n'était qu'un régime fasciste qui pratiquait les pires horreurs et expériences sur sa population, dans des bunkers de l'horreur.

Pour la République Translavique, la visite de l'Empereur Maximilien II représentait une opportunité d'accentuer les liens de la République Translavique avec l'Organisation des Nations Démocratiques et de s'assurer que la République Translavique évolue dans un cadre sécuritaire serein face à sa voisine, la Démocratie Communiste de Translavya. En outre, sans cette dernière, la sécurité de la République Translavique était quasiment assurée. Aucun des États de la région, à la connaissance de Thorsten Savchenko, ne souhaitait envahir la République Translavique ou menacer la République. Les relations de la République Translavique avec les États de la région étaient tout à fait neutres, même avec l'Estalie. Contrairement, peut-être, à certaines nations de l'Organisation des Nations Démocratiques, les autorités translaves se laissaient une chance avec l'Estalie au niveau diplomatique et espéraient que les autorités ne soient pas aussi fermées au dialogue que le Secrétaire général de la Loduarie Communiste.

Les seules menaces potentielles pour la République Translavique étaient la Démocratie Communiste de Translavya, qui avait récemment reçu des armes en provenance de la Loduarie Communiste, le Royaume de Polkême, bien que la relation soit neutre pour l'instant, et bien entendu l'Estalia, car il s'agissait d'une nation communiste, voire communaliste selon le regard porté sur cette nation. La République Translavique ne pouvait se mettre à dos le Royaume de Polkême alors que deux nations citées pouvaient d'ores et déjà être considérées comme hostiles. Malgré tout, Emir Levchenko, respectant la constitution qui fut adoptée par le peuple, écrivit une missive à son homologue de la Démocratie Communiste de Translavya afin que les deux nations se reconnaissent mutuellement et s'assurer que la relation, à défaut d'être cordiale, ne soit pas hostile entre les deux nations. Emir y avait mis les formes en proposant comme première mesure symbolique cette reconnaissance mutuelle, qui fut acceptée par les Translaves communistes. Mais la Démocratie Communiste de Translavya émit un négatif sur une réunification des deux entités, alors que la République Translavique n'en avait même pas parlé dans sa missive.

Quant à l'Empire Démocratique et Parlementaire du Nord, le Premier ministre par intérim espérait obtenir les mêmes choses qu'avec la République Fédérale de Tanska et le Royaume de Teyla. En outre, le Gouvernement par intérim voulait à tout prix officialiser et cadrer la présence armée de l'Empire du Nord sur le territoire pour éviter que les oppositions puissent avoir des arguments, qu'elles ne se gênent pas d'utiliser, à l'encontre de l'Organisation des Nations Démocratiques. Outre cette considération, un cadre établi permettrait de rassurer les nations régionales quant à une aussi forte présence militaire en territoire translave. Thorsten Savchenko avait appuyé que l'un des objectifs de la République était d'obtenir une condamnation formelle de la livraison d'armes loduariennes et que cela ouvrait à des livraisons similaires pour la République Translavique. Des livraisons d'armes pas forcément en provenance de l'Empire du Nord, mais de quelconques nations étant prêtes à soutenir l'effort de protection de la République, car ici, on ne parle pas d'effort de guerre, mais seulement d'effort de protection.

Le Premier ministre, accompagné de son Commissaire des Affaires Étrangères, attendaient patiemment sur le tarmac de l'aéroport. Le grondement sourd des réacteurs annonça l’arrivée imminente de l’appareil impérial. Sous un ciel chargé de nuages bas, un vent froid balayait le tarmac, faisant claquer les drapeaux soigneusement disposés en l’honneur de l’événement. Thorsten Savchenko attacha le dernier bouton de son long manteau noir, alors que la brise se faisait de plus en plus forte, de plus en plus froide. Outre ces personnages de l'État translave, étaient présents les officiels de la ville d'Anapol, à savoir le Maire et les élus municipaux. De plus, pour montrer que la République Translavique était une véritable démocratie, une dizaine de députés constituants étaient présents autour du Premier ministre et du Commissaire aux Affaires Étrangères.

Le Premier ministre accueillit chaleureusement l'Empereur, mais d'une courte phrase, tout en tendant une main à serrer pour son interlocuteur :

- Votre Majesté Impériale, c'est un véritable honneur de me trouver devant vous et de pouvoir vous parler. Moi et mon peuple sommes ravis de vous accueillir sur notre terre, bien qu'elle soit actuellement divisée.

D'un pas reculé par rapport au Premier ministre, Emir Levchenko scrutait le moindre détail. Chaque mot échangeait avait son importante et Emir observait la réaction de l'Empereur avec délicatesse.
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L'Empire du Nord et la République Translavique. Deux histoires que rien ne prédestinait à se croiser. Pourtant l'appel de la liberté et de la dignité humaine est magnétique. Pourtant, les luttes mondiales pour la démocratie, les droits humains et le rejet du totalitarisme forcent le destin et semblent plus puissantes que les courants classiques de l'Histoire.

L'Empire du Nord et la République Translavique, deux histoires, deux cultures, deux langues, deux continents mais pourtant, un avenir.

Revenons au début. L'Empire du Nord est une puissance aleucienne aux multiples facettes. Elle a souvent au cours de son histoire été un acteur clé sur la scène mondiale, comme lors de l'ère industrielle du XXᵉ siècle où les puissances eurysiennes et aleuciennes se sont affrontées dans une course à l'armement, notamment maritime, mais aussi depuis une dizaine d'années où l'Empire s'est métamorphosé. Une dizaine d'années où le pays a embrassé le combat pour la démocratie et les libertés sur la scène internationale aux côtés d'autres puissances désormais réunies au sein de l'Organisation des Nations Démocratiques. Une dizaine d'années où son économie a retrouvé toute sa vitalité, où ses capacités de défenses se sont démultipliées, où les graines de sa diplomatie ont commencé à fleurir.
Avec une économie florissante et une présence notable en Afarée de l'Ouest qui en fait une puissance régionale sur ce continent et un acteur proactif dans la coopération continentale, tout comme en Aleucie où le pays s'investi dans les instances multilatérales prometteuses (excluons de cette formule la Communauté Continentale Paltoleucienne qui connaître le même sort que son prédécesseur, la Communauté Aleucienne des Nations) le pays a su se forger une politique de défenseur des valeurs démocratiques et de la liberté après le désastre du rapprochement krono-nordiste. Son histoire est marquée par des interventions marquantes comme en Okaristan qui a eu le mérite de voir naître une démocratie sur une partie de l'ancienne dictature communiste, en Inglie pour sauvegarder le régime républicain nouvellement créé à la suite de la chute d'une dictature (encore une fois communiste), au Moron pour contenir la menace terroriste, mais surtout lors de la libération des peuples de l'ancienne République Sociale Fédérative de Translavya et qui a abouti à la création de la République Translavique, dont le territoire était encore sous le joug d'une dictature impitoyable et dangereuse.

La République Translavique, née des cendres de la République Sociale Fédérative de Translavya, a connu des moments difficiles et a encore des défis importants à relever, bien que l'avenir semble désormais plus prometteur qu'il y a encore un an où celui-ci était bien incertain. La dictature précédente, un immonde et ignoble mélange toxique de communisme et de fascisme, de vénération d'une science eugéniste et toute-puissante, a laissé des traces profondes dans la mémoire collective et dans la mémoire nationale. Les incidents nucléaires découlant de son attaque balistique sur les centrales loduariennes qui ont mis en danger tout l'ouest eurysien et les horreurs perpétrées dans les bunkers, les camps et les sous-terrains du régime ont marqué les esprits, rendant la reconstruction, du territoire, mais aussi de l'identité nationale et des mentalités, d'autant plus cruciale et d'autant plus compliquée.

Aujourd'hui, l'Empire du Nord, en tant que membre de l'Organisation des Nations Démocratiques, mais aussi en tant qu'État à part entière, se tient aux côtés de la République Translavique, non seulement pour assurer sa sécurité face à des menaces persistantes de sa sœur rivale, la Démocratique Communiste de Translavya, enfant malheureux issue de la partition du territoire et qui n'a pas pu, à l'inverse de sa sœur du sud, dépasser la dictature rouge. Mais aussi pour soutenir son renouveau et son développement économique et diplomatique pour que le pays soit une puissance souveraine, autonome et qu'elle puisse envisager par elle-même un avenir ambitieux en ayant tiré les conclusions de son histoire. La visite de l'Empereur Maximilien II est plus qu'un simple geste politique ou géopolitique ; elle incarne l'engagement de l'Empire à promouvoir la paix et la prospérité dans une région encore fragile, et rappel l'amitié sincère et profonde entre les deux pays et les deux peuples. Car oui, il existe une amitié translavo-nordiste, existant notamment par le biais de la diaspora translave importante sur le territoire impérial, mais aussi par l'arrivée et l'installation de nordistes et de translavo-nordistes en Translavie.

Cette visite officielle est l'occasion de renforcer les liens entre les deux nations et de tracer un avenir commun basé sur des valeurs partagées et l'occasion pour l'Empire de pousser sa redynamisation diplomatique dans la région. Pour la République Translavique, c'est sûrement un moment de fierté et d'espoir, un signe que, malgré les épreuves passées, un avenir meilleur est possible.

L'Empire du Nord, avec sa vision stratégique et son influence actuelle et potentielle, voit en la République Translavique un partenaire potentiel pour stabiliser la région et promouvoir des valeurs démocratiques, mais aussi faire prospérer les échanges économiques et commerciaux dans le secteur. En effet, un rapprochement avait eu lieu entre l'Empire du Nord et Rhème pour faciliter le commerce par le canal, et ce rapprochement avait été une étape parmi un projet plus global de développement du commerce impériale avec l'Eurysie du sud, les territoires ondiens de l'isthme de Rhème, les territoires yunakaslaves au Nazum, avec le Mokhaï et désormais avec la Translavie. La présence de l'Empire et son engagement sur le sol translavique n'est pas seulement une démonstration de force et un gage de sécurité, mais aussi un symbole de solidarité et de soutien. Les défis auxquels est confrontée la République Translavique sont nombreux : de la reconstruction des infrastructures dévastées par la guerre à la consolidation d'institutions démocratiques encore fragiles en passant par la rééducation de la population dont le sens critique, la volonté politique et le libre-abritre avait disparu.

L'Empire du Nord est conscient que la stabilité de la République Translavique est essentielle non seulement pour la région, mais aussi pour la sécurité globale. En soutenant la République Translavique, l'Empire envoie un message clair au monde : son engagement envers la démocratie, les droits humains et la souveraineté des peuples est toujours d'actualité, et continue même face l'adversité.

La visite de l'Empereur Maximilien II est donc un moment charnière dans les relations entre les deux pays, mais aussi dans la politique impériale en Eurysie. Elle offre l'opportunité de discuter des moyens concrets par lesquels l'Empire peut aider la République Translavique à surmonter ses défis actuels. Que ce soit par le biais d'aides économiques, de soutien militaire ou de coopération diplomatique, l'Empire est prêt à jouer un rôle actif dans la construction d'un avenir prospère pour la République Translavique. L'ambition est d'apporter sa pierre à l'édifice tout en respectant la souveraineté chère aux translaves. La présence de Sa Majesté Maximilien II est un hommage à leur résilience et à leur détermination.

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L'Empereur adresse un sourire franc au Premier ministre Emir Levchenko a son arrivée à l'aéroport et lui serre la main chaleureusement. Derrière lui se trouve le Ministre des Affaires Extérieures Impériales, François-Adolphe Rouzet, des conseillers ministériels et, chose relativement rare, des députés souhaitant créer un groupe d'amitié binational.

- L'honneur est réciproque, c'est un grand plaisir pour moi d'être reçu sur vos terres en ce jour. Je suis convaincu que nos échanges seront dans la continuité de l'amitié qui existe entre nos deux pays, Monsieur Levchenko. Il est toutefois vrai qu'une part de mon cœur ne se prête par entièrement aux réjouissances de nos discussions, celle-ci regrettant profondément la division de votre nation, et regrettant encore plus que les translaves du nord aient à subir un nouveau joug communiste dictatorial. Je ne suis guère certain que leur condition se soit améliorée, de la République Sociale Fédérative à la prétendue Démocratie Communiste.

Mais ne pleurons pas encore, cher ami, vous vous trouvez du bon côté, tout comme deux millions de translaves, et aujourd'hui, je compte bien apporter ma contribution pour que cela soit préservé.


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Thorsten Savchenko le Premier ministre par intérim.
Thorsten Savchenko le Premier ministre par intérim.


Le Premier ministre ne répliqua pas aux deux millions de Transvales prononcés par l'Empereur. C'était un beau mensonge, une réalité transformée qui faisait joli dans les médias et à l'internationale. Mais la République Translavique avait vécu, après la scission du pays, une grande migration venant du Royaume de Teyla principalement. Mais parmi cette migration, il n'oubliait pas les milliers de Nordistes qui venaient trouver une vie meilleure ou encore un emploi au sein de la République Translavique. Le Premier ministre ne savait pas vraiment pourquoi les Nordistes étaient intéressés par les terres translaves. C'était loin de chez eux, une nation pauvre et en pleine reconstruction. Quant à l'Empire, c'était une nation stable, remplie d'espoir et qui faisait partie intégrante de la politique Aleucienne et même mondiale avec sa présence au sein de l'Organisation des Nations Démocratiques. Ils comprenaient les raisons qui poussèrent les Teylais à immigrer en masse au sein de la République Translavique. En outre, le Royaume de Teyla était tout comme l'Empire Démocratique et Parlementaire du Nord une nation qui comptait sur la scène régionale et internationale pour les mêmes raisons. Le Royaume de Teyla était stable, une nation riche. Mais les travailleurs souffraient d'un manque évident de droits. L'économie était gérée de manière libérale, effaçant par moments les intérêts et la protection des salariés et favorisant les employeurs pour le dynamisme de l'économie.

De fait, il comprenait les hommes et les femmes de nationalité teylaise qui débarquaient dans les ports et les aéroports de la République Translavique. Une Déclaration des Droits des Travailleurs fut votée par le peuple et considérée comme faisant partie du bloc de constitutionnalité. Mieux encore pour les Teylais, les lois concernant les droits des minorités et les droits fondamentaux existaient et garantissaient à un niveau similaire au Royaume de Teyla. Les Teylais avaient ce qu'ils aimaient à l'étranger tout en ayant des droits supplémentaires. Du moins, c'était sur le papier, en réalité la situation était bien plus compliquée. Du fait de l'ancien régime fasciste, une partie de l'administration et dont les juges avant tout, restait conservatrice et ralentissait volontairement des démarches ou les refusait sans aucune raison légalement valable, ce qui augmentait le nombre de recours tout en rendant les tâches administratives éreintantes pour les personnes. On observait ce phénomène avant tout pour les personnes transgenres qui voulaient changer de sexe à l'état civil ou lors des adoptions pour les couples homosexuels. L'avortement n'était pas toujours simple pour les femmes. Certains médecins, bien que punis par l'État, refusaient toujours de pratiquer l'avortement. Or, vu la faible population, l'État pouvait difficilement se séparer de ces médecins, complexifiant la restructuration de l'État central en sortie du conflit.

- Et la République Translavique toute entière remercie toutes les futures contributions qui seront apportées à la reconstruction de notre nation. Plus encore, nous vous remercions pour les contributions déjà apportées, depuis la libération du pays des forces fascistes de l'ancien régime et la protection de notre nation. Je vous invite à monter dans le convoi, si vous le voulez bien.

Après la remarque de Thorsten Savchenko et la réponse de l'Empereur, les hommes de pouvoir des deux nations entrèrent dans le convoi. L'Empereur Maximilien II était avec le Premier ministre de la République Translavique, considéré comme le Chef d'État et de Gouvernement en attendant les prochaines élections, étant donné que la constitution fut adoptée par le peuple. Cette constitution pourrait plaire très certainement à l'Empereur, étant donné que le Président était au cœur du pouvoir politique du prochain régime politique. Cependant, pour éviter les errements du précédent régime fasciste, la constitution instituait de nombreux freins ou encore contre-pouvoirs et il était pratiquement assuré que la Cour constitutionnelle risquait d'avoir une lecture plutôt parlementaire que présidentielle de cette constitution. Il était question des candidats à cette élection présidentielle. Le Premier ministre y était candidat en tant qu'indépendant et espérait pouvoir se qualifier au second tour. Les seuls sondages en début de campagne démontraient qu'il pourrait atteindre le second tour en menant une très bonne campagne et en espérant sur l'échec des candidats émanant de partis politiques.

Il comptait bien capitaliser sur les rencontres avec les États-membres de l'Organisation des Nations Démocratiques pour se montrer en tant qu'homme d'État, ayant une stature supérieure et reconnue par les nations étrangères. Recevoir consécutivement la République Fédérale d'Antares, le Royaume de Teyla et l'Empire Démocratique et Parlementaire du Nord, faisait une sacrée ligne sur le CV, pensa-t-il. Pour autant, est-ce que cela allait marcher sur les électeurs ? La situation régionale et internationale du pays comptait forcément dans le choix des électeurs, au regard de la naissance de la République Translavique, mais est-ce une composante principale déterminant le choix des électeurs ? Personne ne le sait, personne ne le savait. L'accès au second tour était normalement sécurisé par le candidat du Mouvement Spartakiste et la seconde place allait se jouer entre le candidat de l'Union Slave Démocrate, le candidat du Parti Social-Démocrate et lui-même. Une bataille à trois pour une place. Une bataille qui allait décider de l'avenir de la nation. La République Translavique allait-elle devenir une République des Partis ou une République des idées ?

Toutefois, c'était l'heure de la rencontre diplomatique avec l'Empire du Nord. En traversant la ville, l'Empereur et le ministère des Affaires Étrangères de l'Empire du Nord pouvaient voir une ville, une capitale, Anapol, qui se reconstruisait sur tous les plans. En outre, il était rare de voir des allées, des avenues, des rues, qui n'avaient pas un chantier en cours. L'État, avec l'aide du Royaume de Teyla et du Duché de Sylva, avait fait d'énormes efforts financiers pour réparer les blessures et les traces laissées sur les bâtiments, venant du passage de la guerre et de la "libération" du pays par l'Organisation des Nations Démocratiques et le Duché de Gallouèse. La scission était encore une partie prenante des débats internes à la République, comme pouvait l'attester les nombreuses affiches parlant de cette scission qui avait été un choc pour tous, y compris pour le Premier ministre et le Commissaire aux Affaires Extérieures de la République Translavique.

La présence d'un article dans la constitution, rappelant que l'objectif de la réunification démontrait le choc que cette scission avait créé dans la société de cette République Translavique. Dans le camp d'en face, on était froid et distant par rapport à la volonté de la République Translavique. En outre, les autorités politiques translaves avaient entamé un rapprochement diplomatique avec leur voisine communiste, afin d'éviter toute situation d'hostilité, pour éviter de répéter les actions de leurs "maîtres" eurysiens. Le gouvernement avait proposé une reconnaissance mutuelle et aussi le début de discussions autour de la question de la réunification. Si la diplomatie communiste s'est montrée ouverte pour la première proposition, elle a tout de suite fermé la porte à la seconde proposition, éteignant les espoirs à court et moyen terme d'une réunification, au grand dam des politiques translaves.

À peine ses pensées terminées que le convoi arrivait à la Sitch, le lieu du pouvoir translave par excellence, en cette période de régime d'occupation. Il rassemblait les équipes du Premier ministre, et le lieu était si bien constitué qu'on disait déjà qu'il pourrait être le futur lieu pour la présidence. Une chose regrettable pour les prochains Premiers ministres, mais qui ne dérangea pas Thorsten Savchenko. De toute façon, s'il gagnait la présidentielle, alors il retrouverait ce lieu unique et pratique pour gouverner. C'était un bâtiment ancien, représentant les différentes cultures de la nation translave. De manière tragique, c'était l'ancien siège des services politiques du régime fasciste. Mais la République Translavique n'avait pas des milliards de bâtiments pour accueillir les différents services de l'État, les différents ministères.

La délégation put observer un bâtiment élégant, prenant principalement à la culture ukrainienne et plusieurs généralement aux cultures slaves de l'Eurysie de l'Est. C'était un bâtiment, non pas immense, mais assez imposant et grand, malgré le fait qu'il soit en pleine ville d'Anapol. Cela était sûrement une nécessité pour les anciens locataires, de se retrouver en plein centre-ville, d'une des plus grandes villes du pays, lorsqu'il était unifié. Maintenant, c'était la plus grande ville de la République Translavique. La salle dans laquelle se passait la rencontre était remplie de meubles anciens, très anciens pour certains. La table sur laquelle allaient se déposer les dossiers apportés par les protagonistes était ancienne, mais avait vécu plusieurs rénovations qui pouvaient se voir à l'œil nu pour les connaisseurs. Thorsten Savchenko prit la parole :

- Vos Excellences, je crois que la rencontre doit commencer par le sujet de la présence des troupes de l'Empire du Nord sur notre sol. En outre, vous conviendrez, je le sais pertinemment, que la République Translavique est une nation souveraine et démocratique et que désormais elle doit répondre à son peuple et à une dynamique interne. Nous ne remettons pas en cause la présence des troupes nordistes sur notre sol, bien au contraire nous savons qu'elles assurent la protection de notre nation, mais je crois qu'il est temps que cette présence soit officielle et soit cadrée à travers un traité que nos deux nations reconnaîtront. Les mouvements d'opposition politique utilisent la présence des divers membres non officiels pour monter un discours anti-OND qui pourrait à terme gagner la population, bien que cela soit le cas de façon minoritaire pour l'instant. L'intérêt est que l'intérêt des deux nations soit préservé par un tel traité et que l'utilité de l'Organisation des Nations Démocratiques ne soit remise en cause par quiconque.
L'Empereur écoutait attentivement. Il réalisait d'autant plus en étant sur le sol translave l'ampleur du changement issu de l'intervention internationale auquel avait participé l'Empire. Ces évènements avaient été formateurs pour les troupes impériales, mais il était certain que la jeune et nouvelle force de défense translave pouvait collaborer pour le meilleur avec les forces armées impériales qui pourraient certainement dans cet échange mutuel, y trouver une expérience nouvelle et renforcée dans la région. L'Empereur aurait été surpris il y a quelques mois qu'on lui dise qu'il rencontrerait de manière amicale un dirigeant translave dans une démocratie pleine d'avenir. Les ennemis d'hier devenaient les amis d'aujourd'hui, ainsi se construisait pour le meilleur l'avenir du monde.

Il se redressa un peu sur sa chaise avant de répondre.


"Je comprends parfaitement votre position, et j'y souscris d'ailleurs pleinement. Le temps de l'occupation est plus que révolu, une présence militaire impériale doit se faire dans le cadre de la défense de la souveraineté nouvelle et durable de la République Translavique dans un environnement qui ne lui est pas toujours favorable, ainsi que dans l'optique d'une coopération renforcée pouvant nous apporter une interopérabilité, une capacité de réaction et de travail commune, et une expérience mutuelle qui ne peut qu'être bénéfique. L'Empire dispose à ce jour de moyen bien plus conséquent qu'il y a quelques années, et ces moyens sont croissants. Il nous est donc possible, en régularisant notre présence et en revoyant les capacités nécessaires, de déployer une force terrestre équivalente a une brigade défensive telle que définie au sein de nos armées, ainsi qu'une présence maritime. Celle-ci n'est peut-être pas nécessaire et je m'en remettrais à votre appréciation. Si toutefois cela cette présence navale n'est pas pertinente dans l'immédiat, l'Empire serait intéressé par le fait de disposer d'une base lui permettant une projection dans la région et l'accueil de ses navires si leur engagement est nécessaire pour la défense de la République Translavique. De même que cette base nous permettrait de procéder à des exercices conjoints."

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Thorsten Savchenko le Premier ministre par intérim.
Thorsten Savchenko le Premier ministre par intérim.


Le Premier ministre arqua un sourcil à la réponse de l'Empereur Maximilien II. Le gouvernement par intérim de la République Translavique voyait mal une base étrangère sur le sol translavique pour plusieurs raisons et la première des raisons était la paix régionale et un relatif calme avec la Démocratie Communiste de Translavya. La République Translavique avait refusé une base militaire à la République Fédérale de Tanska, au Royaume de Teyla et il allait devoir refuser encore une fois cette base, mais à l'Empire Démocratique et Parlementaire du Nord. Qu'avaient tous ces pays à quémander une base militaire dans une région reculée de l'Eurysie loin desdits pays qui demandent les bases ? La situation aurait été amusante si la souveraineté de la République Translavique n'était pas en jeu à chaque instant lors d'une rencontre avec les nations membres de l'Organisation des Nations Démocratiques. Concernant le reste de la réponse le Premier ministre comme Emir, le Commissaire aux affaires Extérieures n'avaient rien à redire et n'ont eu aucune réaction particulière. Thorsten Savchenko commença sa réponse sur un ton cordial, mais ferme.

- Permettez-moi de commencer par le plus fâcheux, je le crains, Votre Majesté Impériale. Dans la configuration actuelle, la République Translavique se refuse à accueillir des bases étrangères sur son sol. La Démocratie Communiste de Translavya accueille pour l'heure aucune base étrangère sur son sol, permettant une situation apaisée dans la région. Les tensions ne sont pas aussi élevées ici qu'en Eurysie de l'Ouest, du moins ce qu'étaient les tensions en Eurysie de l'Ouest avant l'effondrement de la Loduarie Communiste. Désormais, nous avons un avantage numérique plus que certain sur les communistes, n'en doutons pas, mais je n'oublie pas, Votre Majesté Impériale, qu'il est de notre responsabilité de faire en sorte que les tensions ne s'accroissent pas. L'établissement d'une base militaire, déboucherait sur plusieurs bases militaires à vrai dire, chaque membre de l'Organisation des Nations Démocratiques en voudra une. Ce qui débouchera sur l'accroissement des tensions et pas uniquement avec les communistes.

Voulons-nous que le Grand-Kah s'intéresse à la région ou encore que le Royaume de Polkême devienne subitement hostile à la République Translavique parce que la République Translavique n'est plus qu'un parking pour les armées étrangères ? Cela n'est pas le vœu des dirigeants de la République Translavique. Ainsi, nous refusons toute installation de bases étrangères sur le sol translavique.


Le Premier ministre translavique bu un verre d'eau entier devant l'Empereur, marquant son stress qu'il tentait de dissimuler. Il reprit sur un ton cordial, sans le côté ferme de sa prise de parole passée.

J'imagine que si vous vous intéressez au volet maritime des questions militaires, c'est parce que le détroit de l'Eurysie du Nord au Nazum vous intéresse et que nous sommes l'une des nations les plus proches de ce détroit. Pour l'heure, avec les changements récents en Eurysie, je ne crois pas que la République Translavique subisse une menace sur le volet maritime. La présence de la Grande République de Velsna au Drovolski est gênante, tout particulièrement parce que cette même nation a remis en cause notre indépendance par le passé. La liberté de circulation dans ce détroit est une priorité pour la République Translavique, sans aucun doute, Votre Majesté Impériale. C'est pourquoi, avec l'aide du Royaume de Teyla, nous construisons une flotte digne de ce nom. La remise à niveau des chantiers navals de la République Translavique et la construction de nouveaux chantiers ont permis de redonner une capacité de construction importante pour notre nation dans ce domaine.

Notre objectif à terme est d'avoir en permanence six bâtiments de guerre maritimes en construction dans les chantiers de la République Translavique afin que nous soyons une nation majeure de ce détroit et que notre parole compte. Ces objectifs sont en cours de réalisation et nous pouvons dire que nous commençons à avoir une flotte de surface importante, avec deux frégates et quatre corvettes. Toutefois, nous pouvons nous montrer ouverts à un droit de mouillage pour l'Empire Démocratique et Parlementaire du Nord. Mais en période de paix, cette présence doit être limitée, avec l'inclusion de clauses spéciales permettant d'augmenter la présence nordiste même en temps de paix, si des tensions se révèlent au grand jour. Cela me semble un bon compromis, qu'en pensez-vous, Votre Majesté Impériale ?

Concernant les forces terrestres, la présence d'une brigade défensive, ni plus ni moins, convient à la République Translavique. Elle devra s'inscrire dans l'ensemble de la présence des membres de l'Organisation des Nations Démocratiques. D'ailleurs, je vais finir par croire qu'un accord global avec l'Organisation des Nations Démocratiques serait plus facile, tant les nations membres veulent leur présence au sein de la République Translavique,
dit-il avec aigreur, montrant qu'il voyait la volonté néo-coloniale des États-membres de l'Organisation des Nations Démocratiques. Il est évident que votre présence doit être uniquement à but défensif envers la République Translavique et vos partenaires. Aucune action offensive ou attaque ne devra être menée depuis les territoires de la République Translavique, du moins sans notre accord.

Pour en revenir à votre présence maritime, pensez-vous à un dispositif et un déploiement en particulier ? Le Gouvernement de la République estime qu'un groupe aéronaval serait de trop et verrait plutôt léger, avec des bâtiments de surface et pourquoi pas un ou deux sous-marins afin de compenser la présence velsnienne dans la région.
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L'Empereur écouta avec attention et n'afficha aucune réaction particulière à l'annonce du refus de la proposition quant aux installations militaires impériales. Il hocha la tête et reprit la parole afin de répondre.

- L'Empire a une tradition diplomatique ancienne et cette diplomatie s'adapte aux enjeux et aux périodes qu'elle traverse. Il est évident pour nous que dans des dialogues apaisés comme les nôtres, visant la coopération et la paix, aucune pression ou aucun écart aux souhaits de nos partenaires ne sera jamais fait. Je crois fermement à un dialogue basé sur le respect mutuel, notamment en matière de souveraineté, et au traitement d'égal à égal entre l'Empire et ses alliés, et je l'espère, ses amis.

Ainsi, je comprends entièrement votre volonté de conserver votre souveraineté, et si les volontés impériales n'allaient pas dans le sens de la réduire, votre proposition est totalement comprise et entendue. J'admire et félicite le gouvernement translave dans ses efforts pour créer par la diplomatie et par la constitution d'une industrie de défense, et non une industrie d'agression comme l'ancien régime scientiste, d'une souveraineté et d'une légitimité internationale dans la région de la mer Blême. Votre investissement stratège à long terme pour l'autonomie de la République Translavique dans sa politique internationale et sécuritaire, tout en gardant à l'esprit la coopération avec ses partenaires, j'en conviens, est louable et digne de la plus grande attention de notre part.

Je ne vois aucune vexation à ce refus. Nous sommes deux chefs d'État voyant plus haut que ces guignols burlesques des spectacles ridicules que sont bien des pays ne pensant qu'à court terme et de manière bien peu rationnelle, et nous sommes, encore une fois, je l'espère, amis. Entre partenaires et amis, il n'y a aucune rancœur ou hostilité à poser ses limites de manière constructive, et c'est même un signe de bonne santé pour notre dialogue. Par ailleurs, il existe bien des moyens de coopérer en matière de sécurité sans que cela ne vienne remettre en question nos souverainetés respectives, et ces axes multiples sont tout aussi intéressants à explorer. J'ajouterai que votre remarque quant à la paix régionale est tout à fait pertinente. La République Translavique est en position de force et jouit d'un dynamisme et de perspectives économiques et technologiques auxquels très peu de pays de la région ne peuvent prétendre. La priorité est la paix, et si des tensions résiduelles chroniques persistent avec la Démocratie Communiste de Translavya, le temps et les soutiens sont clairement en votre faveur.


Il fit une pause pour boire une gorgée d'eau et se replacer sur sa chaise en remettant ses manches correctement. Il regarda le Premier Ministre dans les yeux et reprit.

- Je constate en effet que les chantiers navals translaves reprennent considérablement de l'activité ces derniers temps. C'est là, je pense, un signe visible de la grande respiration qu'a pris l'économie translave et le symbole de la résilience de votre république. L'Empire dispose de moyens militaires navals notables, et si cela est un axe de travail que vous pouvez envisager, Estham pourrait, via ses ingénieurs navals et ses officiers de la flotte impériale, apporter son aide à la construction de cette flotte. Je pense là à une coopération en matière de transfert de technologie et de techniques, et en matière de formation de nouveaux officiers pour la marine républicaine. Cela permettra d'explorer des pendants plus coopératifs de nos relations sécuritaires, qui s'inscrivent de manière durable dans nos relations et qui apportent des gains concrets et tangibles à nos accords. L'interopérabilité et la compréhension sont des leviers majeurs de la sécurité de nos territoires et de l'efficacité de nos forces armées.

Au sujet de ce droit de mouillage, c'est une proposition qui convient parfaitement à l'Empire, de même que la limitation des forces déployées en temps de paix sans tensions notables. Nous n'avons pas intérêt à déployer en permanence toute une armada, cela serait bien coûteux et bien peu utile, et même contre-productif car agressif. Mais disposer de la capacité et de votre accord pour déployer une quantité réduite de bâtiments qui pourraient servir à des opérations d'entrainement conjoint, de sécurisation des routes commerciales et à d'autres manœuvres, est un point fort intéressant. Puis-je en conséquent vous demander votre avis quant à la composition de cette présence limitée ? Ou du moins une estimation temporaire. Pour ma part, le déploiement d'un maximum, donc d'un volume qui ne serait factuellement que peu souvent aussi important en temps normal, serait de trois bâtiments de surface et de deux sous-marins. Un groupe aéronaval serait en effet trop lourd, toutefois ce droit de mouillage inclurait-il la possibilité pour un groupe aéronaval impérial de se ravitailler à vos ports sans toutefois y effectuer un déploiement ?

Enfin, concernant les forces terrestres, nous nous accordons donc sur une brigade défensive, c'est bien ça ? L'Empire ne verrait pas l'intérêt concret d'un plus grand déploiement et constaterait un coût là aussi trop important au vu de la situation actuelle. Cette brigade pourra ainsi collaborer avec vos forces armées et participer à la formation de vos nouvelles unités, et si vous le souhaitez, s'intégrer à des opérations de sauvetage, de sécurisation de sites ou encore à des travaux publics lorsqu'elle n'est pas engagée dans une mission. Cette présence pourra, si vous le souhaitez, être augmentée en temps de tension, mais surtout, à l'avenir, réduite si la République juge que ce déploiement est trop important. Nous nous alignerons sur vos demandes excellence. Notre présence n'a pas vocation à être éternelle, et doit seulement s'inscrire dans une coopération mutuellement bénéfique, pas dans un rapport de force ni dans un intérêt unilatéral.

La moindre opération engagée, que cela soit par nos forces terrestres ou navales, sera toujours soumise, bien entendu, à l'approbation de vos autorités, et dans l'idéal, le plus souvent possible en coopération avec vos unités car c'est là notre objectif principal après tout, s'intégrer à votre défense, et non pas la supplanter. Cela vous convient-il excellence ?


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Thorsten Savchenko le Premier ministre par intérim.
Thorsten Savchenko le Premier ministre par intérim.


Le chef du Gouvernement de la République Translavique, et même le chef d'État, bien que la situation était floue, la plupart des politiques translaves le considéraient comme le chef d'État de la République Translavique en attendant les prochaines élections. Il était rassuré par les paroles de l'Empereur de l'Empire Parlement et Démocratique du Nord. Face à l'alliance de l'Organisation des Nations Démocratiques qui façonne le monde, la République Translavique se savait petite, un nain parmi les géants. La petite République Translavique devait beaucoup à ces nations de cette alliance. Les partis politiques translaves savaient ce qu'ils devaient à ces nations, tant sur les questions économiques, la reconstruction de la nation après la guerre, mais surtout la scission ou encore sa protection par les armées de l'Organisation des Nations Démocratiques.

Bien que la plupart de ces partis acceptaient le statu quo actuel, la plupart de ces partis ne voulaient pas que la République Translavique entre dans une relation de vassalité vis-à-vis des sept nations composant l'Organisation des Nations Démocratiques. À l'aube d'une élection présidentielle puis des élections législatives, il était absolument crucial que les partis participants au Gouvernement de la République par Intérim puissent démontrer qu'ils peuvent protéger la souveraineté de la République Translavique, voire lui en faire gagner. C'était une nécessité absolue pour éviter que le Mouvement Spartakiste monte au sein de la population sous l'effet de la critique, toujours plus forte, de la vassalisation du pays à des démocraties libérales étrangères et donc à l'ordre capitaliste. Là était l'enjeu pour le pays translave : ne pas se retrouver dans les bras d'un parti communiste, qui pouvait à tout moment annuler les efforts de l'Organisation des Nations Démocratiques pour s'assurer que le pays se reconstruise, certes, mais reste dans le giron du monde libre.

Le Mouvement Spartakiste allait être, sans aucune surprise, l'un des partis atteignant le second tour de l'élection présidentielle, mais c'est au second tour de cette même élection que, selon les configurations, le Mouvement Spartakiste avait, peut-être, une chance d'atteindre la victoire. Si ce dernier se trouvait face à un autre parti de gauche, même de centre gauche, alors il ne faisait aucun doute de la défaite du Mouvement Spartakiste, anticipant un vote des électeurs de droite pour le parti de gauche qui allait se retrouver face au Mouvement Spartakiste. Toutefois, si c'était l'Union Slave Démocrate, un parti de droite, qui allait se retrouver face au Mouvement Spartakiste, bien que le Premier ministre Translave anticipât la victoire de l'Union Slave Démocrate, la défaite du Mouvement Spartakiste était moins certaine.

Regardant l'Empereur, Thorsten Savchenko n'oubliait pas le contexte régional et géopolitique. La République Translavique devenait une nation comptant de plus en plus dans la politique régionale, elle n'était pas la première puissance régionale, loin de là. L'Empire Constitutionnel du Drovolski était l'une de ces nations ayant une économie bien trop forte pour que la République Translavique puisse résister économiquement. La République était l'une de ces nations qui regardaient les mouvements régionaux avec scepticisme. Une grande partie de ce scepticisme était dirigée vers le Second Empire Constitutionnel de Slaviensk, dont l'instabilité ne faisait aucun doute. Un problème majeur pour la République Translavique, alors que cette nation semblait un peu trop prompte à écouter les nations étrangères quant à l'indépendance de la République Translavique.

La République Translavique, bien que reconnaissante pour le soutien de l'Organisation des Nations Démocratiques, ne pouvait ignorer le fait que sa propre résilience économique et sa sécurité future dépendaient aussi, en partie, de sa capacité à naviguer dans les eaux complexes des relations avec ses voisins, qu'ils soient alliés ou potentiellement rivaux. Le Second Empire Constitutionnel de Slaviensk pouvait représenter un contre-modèle régional, économique et diplomatique pour une République encore faible, en attendant les réformes et les élections en son sein. La République Socialiste de Barvynie, aussi présente dans le détroit mais dans la partie nazumie, était l'une de ces nations qui, avec le temps, pouvait devenir un contre-modèle régional fort. La République Translavique se devait de construire un réseau diplomatique régional important et, pour cela, elle ne devait pas être enfermée dans les bras de l'Organisation des Nations Démocratiques ou de certains de ses membres.

La présence d'une flotte velsnienne, mais aussi là encore lors du sommet de Rusulka, n'avait tout sauf rassuré les Translaves quant à leur sécurité. Bien au contraire, le sommet de Rusulka avait démontré, selon les Translaves, que la force brute comptait pour beaucoup dans des discussions bilatérales ou multilatérales. Il convenait, pour les autorités politiques de la République Translavique, de projeter une image de force et d'autonomie, et aussi de diversifier ses partenariats et de consolider sa position régionale. Cela passait par une diplomatie active, non seulement avec les membres de l'Organisation des Nations Démocratiques, mais aussi avec les nations voisines. Thorsten Savchenko, pesant chaque mot transmis à l'Empereur, répondit finalement :

- Ça, dit Thorsten Savchenko en montrant une carte régionale, c'est là où nous nous trouvons, mais c'est aussi là où se trouvent les menaces qui pèsent sur la République Translavique. Nous sommes pacifistes. Les plus cyniques diront que c'est uniquement par convenance, que nous n'avons pas les moyens de faire autrement. Il est vrai que nous n'avons pas les moyens de faire différemment, même si cela devient de plus en plus inexact chaque jour, Votre Excellence. D'autres disent que nous le sommes par conviction, et c'est le cas. Avec les actes de l'ancien régime sur sa propre population et à l'étranger, nous n'avons pas le goût de la guerre, bien au contraire. Mais malgré notre nature, nous n'en restons pas moins lucides. Nous savons que nous avons trois rivaux dans la région.

Le premier de tous, bien qu'affaibli, est la Démocratie Communiste de Translavya. Nous connaissons chacun l'histoire de cette rivalité, alors je ne vais pas vous la conter. Toutefois, je tiens à noter que nous avons de bonnes chances de croire que la diplomatie entre les deux nations pourrait pacifier la relation, Votre Majesté Impériale.

La deuxième menace est le Second Empire Constitutionnel de Slaviensk. L'ancien régime avait tendance à être influencé par des nations étrangères et, par cela, il a remis en cause notre souveraineté, nous déclarant soumis à l'Organisation des Nations Démocratiques. Je dois dire que notre diplomatie n'a pas lâché d'une semelle cette nation depuis que nous avons repéré cette menace. Le fait qu'ils remettent en cause notre indépendance n'est pas là le principal problème, ce sont les actions qu'ils peuvent entreprendre qui nous importunent. En outre, ils contrôlent indirectement l'une des entrées du détroit. S'ils ferment le détroit entièrement, ce qu'ils ne feront pas, car il s'agit d'un suicide, nous serons en très mauvaise posture. L'économie de la République Translavique dépend en partie du détroit et de son activité. Ce qui est bien plus probable, c'est la fermeture du détroit pour tout navire battant le pavillon de la République Translavique ou allant chez nous. Nous avons plusieurs moyens de substitution en réflexion, mais il se peut que cela ne suffise pas pour compenser les pertes.

Cette menace peut être accentuée à cause de la flotte velsnienne, dont nous avons une difficulté grandissante à prédire les actions. Toutefois, les analystes de l'Office Républicain de Protection de la Constitution sont d'accord entre eux pour prédire une intervention de la flotte velsnienne pour l'ouverture du détroit si le Second Empire Constitutionnel est assez fou pour fermer entièrement le détroit. Sans faire ombrage aux autres nations de la région et du détroit, je ne les ajoute pas pour le moment dans les menaces. Nous pouvons dire que la plupart des nations observeront sans intervenir tant les forces qui interviendront seront supérieures. Si ces nations interviennent, ce sera aux côtés d'un camp uniquement, sans aucun doute, tant que le rapport de force restera ainsi.


Thorsten Savchenko marqua une courte pause, laissant ces points s'infuser avant d'aborder le troisième acteur.

- Enfin, il y a la Fédération des Peuples d'Estalie. Vous n'êtes pas sans savoir que depuis 2011, cette nation a conquis par la force militaire, et sûrement des opérations clandestines, deux nations à ses frontières. L'impérialisme de cette nation n'est plus à prouver, et où elle pourra étendre son influence et l'anarchisme communaliste, elle le fera sans aucune honte. Par sa position et son idéologie, elle aura une influence sur la Démocratie Communiste de Translavya, toutefois à quel degré ? Il est encore trop tôt pour que nous nous prononcions. Il reste à savoir quels sont les objectifs de cette nation pour l'Eurysie de l'Est : la conquête ou la soumission directe ou indirecte de la région à Mistohir ? L'assurance de l'établissement d'un cadre sécuritaire ou que sais-je ? J'ai entendu des Estaliens prôner que l'invasion de la Kartvélie était une nécessité face à un régime fasciste, c'est ce qu'ont fait certaines nations de l'Organisation des Nations Démocratiques. Quelles que soient ses intentions, cette nation est bien plus dangereuse que la Loduarie Communiste, Votre Majesté Impériale. Elle saura utiliser la diplomatie à bon escient pour s'assurer des partenaires et alliés fiables. Elle saura user de tactiques de guerre pertinentes en tout lieu et face à toutes les situations. Si nous devenons un rival réel de cette nation, alors Votre Majesté Impériale, nous aurions à faire à bien plus dangereux que la Démocratie Communiste de Translavya soutenue par une Loduarie Communiste décadente.

Ceci établi, Votre Majesté Impériale, il est porté à votre connaissance que la République Translavique accepte volontiers le droit de mouillage pour l'Empire Parlement et Démocratique du Nord sans aucune limitation pour une durée de passage de deux semaines maximum. Au-delà de cette durée, il me semble pertinent que la limite proposée soit actée par les deux parties, présentement. C'est un parfait compromis pour envoyer un message de désescalade aux acteurs de la région tout en montrant que nous ne sommes pas naïfs et qu'en cas de menace immédiate sur la République Translavique, nous nous défendrons, Votre Majesté Impériale. Concernant vos autres propositions sur ce domaine, nous n'avons aucune objection à émettre, nous verrons le traité final que vous proposerez, bien entendu, pour donner un avis définitif. Mais dites-moi, quels sont les intérêts de l'Empire Démocratique et Parlementaire du Nord à se déployer aussi loin et en Eurysie ?


Quant à votre proposition sur le déploiement terrestre, je suis, à titre personnel, bien plus dubitatif, Votre Excellence. Le Royaume de Teyla a notifié à la République Translavique qu'il allait se retirer complètement à ce niveau-là. Le Royaume de Teyla veut garder une présence uniquement maritime dans la zone pour des raisons de protection du commerce face à une potentielle fermeture du détroit ou à des actes de piraterie. Bien que j'aie donné mon accord pour une brigade défensive nordienne sur notre sol, et je le suis toujours, j'espérais une organisation à une plus haute échelle, voyez-vous. J'ai une contre-proposition à vous faire, dites-moi votre avis.

La République Translavique est ravie de pouvoir négocier des accords-cadres de coopération et de relation avec toutes les nations de l'Organisation des Nations Démocratiques. Sur la majorité des sujets, cela est cohérent et pertinent, notamment sur la marine militaire, et à vrai dire, permettez-moi de dire que cela est remis en cause par pas mal de militaires translaves. La force de l'Organisation des Nations Démocratiques est son interopérabilité, or je ne suis pas convaincu que décider bilatéralement du déploiement terrestre et aérien de chaque nation soit vraiment pertinent et efficace pour la cohérence de la totalité des déploiements. Ainsi, j'aimerais proposer à l'Organisation des Nations Démocratiques, entendez par là l'entité, l'organisation, de discuter avec la République Translavique d'un déploiement, sous mandat de cette même organisation, au niveau terrestre et aérien, au sein de la République Translavique. En contrepartie, tous les déploiements nationaux et étrangers, outre ceux maritimes, prendraient fin.

Il convient que ces discussions seront ouvertes après la présidentielle (elle a déjà eu lieu selon les dates IRP). De telles discussions auront le mérite de la cohérence et de la transparence. J'espère que Votre Majesté Impériale soutiendra notre proposition. Dans l'attente de la proposition, le statu quo actuel peut être préservé ou nous pouvons acter la seule brigade défensive. La République Translavique entend bien continuer dans une relation bénéfique pour nos deux nations et ainsi renforcer notre coopération tout en assurant l'indépendance et la légitimité de la République Translavique aux yeux de sa population et de ses voisins.

Le travail que doivent faire les Translaves est gigantesque, mais nous serons au rendez-vous de l'histoire.


Sur ces mots, le Premier ministre par intérim pensa aux futures élections et à l'élection présidentielle. S'il réussissait à obtenir un bon accord avec les Nordiens, alors peut-être serait-il vu comme un candidat crédible pour se présenter à l'élection présidentielle. Ainsi, il deviendrait le premier Président d'une république qui demande qu'à être guidée vers la grandeur et la réussite. Il apercevait son nom inscrit dans les livres d'histoire, dans un premier temps comme le premier Président d'un nouveau régime, faisant suite à un régime atroce et barbare. Puis, l'espérait-il, comme un nom ayant réussi une fois au pouvoir, au poste suprême.
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