
Le soleil de mars frappait de plein fouet le bitume de l’aéroport de Maravilla. Pendant ce temps, Pietro Genovese était attendu dans une villa isolée, appartenant à des narcotrafiquants. Située bien loin des centres urbains, la villa se nichait entre les plaines, les collines et les montagnes de Caribeña. Cachée et non déclarée, elle échappait complètement à la vigilance des autorités. Montoya, qui dirigeait principalement ses affaires depuis San Bacho – une ville limitrophe de la capitale Maravilla – appréciait plus que tout sa tranquillité. Il faisait régulièrement le choix de prendre des décisions stratégiques depuis cette villa luxueuse, une provocation à la misère ambiante qui régnait à Caribeña.
À son arrivée à Maravilla, Pietro Genovese avait reçu des instructions bien précises : il devait se rendre devant un bar nommé Genova. Ce modeste établissement, réputé pour être protégé par le cartel de San Bacho, offrait un sanctuaire aux narcotrafiquants. Là-bas, ils pouvaient se rassembler, se détendre ou s’échanger les dernières informations, sans crainte d’être dérangés. Une fois sur place, des sicarios, reconnaissant Genovese, le firent monter dans une voiture tout en lui bandant les yeux. L’accueil était loin d’être agréable, mais il n’avait pas d’autre choix que d’obéir s’il souhaitait rencontrer Raul Montoya.
Le trajet en voiture fut interminable. Sans repères visuels et les yeux bandés, l’expérience s’avérait aussi désorientante qu’angoissante. Tout de même, Vipero – un sicario chargé de surveiller Genovese et d’assurer sa sécurité – tenta de calmer ses inquiétudes. « N’ayez crainte, Don Pietro », lui glissa-t-il avec un ton subtilement empreint d’humour, espérant détendre l’atmosphère.
Dans l’habitacle d’une vieille voiture qui exhalait l’usure de ses nombreux kilomètres parcourus entre terre et collines, Pietro ne pouvait s'empêcher de s’interroger sur l’endroit où il allait arriver. Peut-être s’agissait-il d’une misérable cabane dissimulée au milieu de la forêt humide, songeait-il. Mais à l’arrivée, ses doutes s’effacèrent lorsqu’on l’autorisa à retirer son bandeau. Devant lui s’étendait une villa somptueuse, ornée d’une immense terrasse aux carreaux teintés d’orange, rappelant la flamboyante couleur du soleil. De fiers palmiers ornaient les lieux, et derrière lui s’ouvrait un vaste champ où gambadaient librement des animaux exotiques illégalement importés. C’était une réalité bien éloignée de ses craintes.
Raul Montoya fit finalement son apparition, accompagné de son cousin Gustavo. Les deux hommes avancèrent pour serrer la main de Don Genovese.
« Bienvenue, Don Genovese. Je suis Raul Montoya. Et voici mon cousin Gustavo. Nous discuterons tous les trois », annonça Montoya.
Gustavo se contenta d’un sobre. « Bonjour. »
« Suivez-moi », invita Montoya sans plus attendre.
Les trois hommes contournèrent une immense piscine et prirent place sur la terrasse ombragée, un endroit soigneusement aménagé pour que la richesse de Montoya demeure bien exposée aux regards. Malgré cette opulence, Montoya n’était pas isolé : ses sicarios patrouillaient nonchalamment sur la propriété, prêts à agir si nécessaire. Tout autour d’eux se trouvaient également des servantes, témoins involontaires des discussions entre les trois hommes. Mais aucune discrétion particulière ne semblait être exigée. Installés sur des fauteuils de terrasse modestes, mais confortables, Gustavo alluma une cigarette. Montoya, quant à lui, se servit un verre de rhum qu’il posa sur la petite table face à eux avant d’inviter Genovese à choisir lui-même sa boisson.
Après un moment de silence, Montoya brisa la glace.
« Don Genovese, ravi de vous recevoir ici. J’ai tenu à ce que notre rencontre se déroule loin des regards indiscrets des fils de pute de flics. À San Bacho, nous aurions probablement pu mener cette discussion, mais nous aurions couru le risque d’attirer des ennuis qui, bien que surmontables, auraient compromis le confort dont nous jouissons aujourd’hui. Alors, dites-moi en plus : j’ai des ambitions, vous les connaissez. Parlez-moi des vôtres. Que faites-vous au Sylva? Quels sont vos contacts en Eurysie? »
Le regard de Montoya se planta dans celui de Genovese, tandis que Gustavo, tirant sur sa cigarette, observait la scène avec un intérêt non dissimulé.