Posté le : 06 avr. 2025 à 22:31:15
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"À l’heure où le dieu Mars a mobilisé les esprits sterusiens pour assurer le respect de leur intégrité, à l’heure où la menace est plus grande que jamais, à l’heure de la guerre, du conflit et de la mort, notre dirigeant s’en va se pavaner sur un continent aussi éloigné physiquement que moralement de nos intérêts.Nous avons la force d’esprit et la force physique pour écraser l’ennemi, comme nous l’avons toujours fait dans l’Histoire.Par Jupiter, voyez l’intérêt d’un peuple à travers la force brute et la destruction de ses ennemis. La Lermandie a voulu jouer, la Westalia a voulu participer : qu’ils en assument les conséquences."
"La guerre n’est, et ne sera jamais, qu’un aveu de faiblesse de la part de nations qui n’ont ni la légitimité d’appliquer sereinement des politiques internationales, ni la capacité mentale à en comprendre les intérêts.À l’heure où mon collègue se permet de propager des idéaux arriérés de guerre et de sang, il est vital de comprendre que notre intérêt ne se trouve pas et ne se trouvera jamais dans un affrontement global et frontal pour des raisons qui ne sont aucunement légitimes.Nous appelons le gouvernement à cesser de mettre en danger la vie des soldats de notre pays et à s’engager dans un processus de paix."
"Il y a des moments dans l’Histoire où l’homme doit faire un choix : lever la tête et prendre des risques, quitte à en assumer fièrement les conséquences ; ou la baisser et subir ce qui adviendra. La force brute et militaire n’est jamais la meilleure option, c’est une certitude. Comme l’a dit ma collègue, la guerre n’est rien d’autre que la représentation physique d’un échec certain.Mais il est nécessaire que notre pays, notre armée, assume son rôle.La Westalia et la Lermandie ont agi en totale ignorance de notre résilience et de notre témérité à aller jusqu’au bout dans nos démarches. Il ne doit y avoir aucune méprise, aucun malentendu sur la raison de nos actions : nous n’avons nullement déclaré la guerre, nous avons envoyé des forces militaires pour protéger des citoyens désarmés et innocents, attaqués par des soldats !Nos citoyens ne seront jamais relégués au second rang, jamais laissés pour compte, jamais considérés comme ayant une vie moins importante que la nôtre. Jamais.Et s’il faut risquer de perdre tout ce que nous avons construit, s’il faut se battre contre une organisation entière, nous le ferons ! Parce que c’est ainsi que nous avons bâti notre pays. Parce que c’est ainsi que nous avons toujours fonctionné.Sterus n’obéira jamais au diktat de la bien-pensance.Il est inadmissible d’accepter que des citoyens désarmés et innocents soient arbitrairement empêchés d’exercer leurs pleins droits par la décision d’un seul homme, sans consultation juridique.Nous leur ferons payer ces actes, d’une manière ou d’une autre. Qu’ils retiennent cela."
"Les démocrates ont toujours défendu des solutions pacifiques, des solutions ancrées dans le respect le plus profond du droit.La Lermandie a outrepassé les règles qui symbolisent ce qu’est un État de droit en décidant arbitrairement d’appliquer des mesures qui, à aucun moment, n’ont été décidées par des représentants de l’ordre judiciaire.La Lermandie l’a elle-même déclaré : c’est une décision présidentielle.C’est donc un seul homme qui a décidé, selon des critères discriminatoires — en l’occurrence la nationalité — d’imposer des sanctions à l’encontre d’un peuple, sans décision, délibération ni consultation judiciaire.Jamais, dans l’histoire des démocraties, je n’ai vu cela.Il existe, je pense, très peu de pays où une seule personne détient le pouvoir exécutif, judiciaire et vraisemblablement législatif entre ses mains.Il est d’ailleurs inquiétant de constater que le décret du président Duval n’a été validé par le gouvernement que plusieurs semaines après l’intervention des forces militaires.Que se serait-il passé si le Parlement avait refusé ? Qu’aurait fait la Lermandie ? Le président lermandien a aujourd’hui la capacité de faire absolument ce qu’il veut, sans être inquiété par un Parlement qui dira « oui » ou « non » plusieurs semaines plus tard, sans aucune conséquence politique.C’est une honte pour la Lermandie, une insulte à la démocratie. Nous étions habitués à voir des manquements clairs au respect de la démocratie et du droit en Westalia et en Lermandie, notamment avec leurs lois de sécurité basées sur des critères raciaux, qui permettent de détenir des personnes sans véritable motif, simplement parce qu’elles sont indigènes.Nous devons être fermes avec ces États et faire valoir non seulement la primauté démocratique, mais aussi le respect de l’intégrité de nos citoyens.Nous n’appelons pas, et n’appellerons jamais, à la guerre. Nous soutenons notre consul dans ses négociations et espérons qu’elles porteront leurs fruits.Mais ne nous laissons pas endormir par de belles paroles : soyons prêts à riposter si la nécessité s’impose."
Ces paroles étaient celles des principaux partis politiques du Sénat stérusien. Ils avaient, à l’occasion de la première séance de la matinée, chacun leur tour exprimé leur avis sur les événements en cours. Beaucoup d’entre eux possèdent au moins un membre de leur famille dans l’armée ou les forces de sécurité. C’est presque une tradition, chez les sénateurs, d’avoir une carrière militaire, et donc, par ruissellement, de partager forcément des liens avec des militaires. Les sénateurs, dans leurs habitudes politiques, se plaisaient souvent à dire ce qu’ils auraient fait à la place du consul, manière d’affirmer qu’ils sont les plus qualifiés pour le poste. Mais aujourd’hui, assez peu d’entre eux voulaient avoir la place du consul. Celui-ci était le dirigeant d’une nation à moitié en guerre et devait aller négocier. Ce qui, pour beaucoup d’étrangers, devait s’apparenter à quelque chose de somme toute plutôt favorable pour le consul. Mais le fait est qu’à Stérus, les avis sont polarisés, et tandis que beaucoup appellent à la paix, certains réclament le feu et le sang pour la Westalia et la Lermandie. Le problème, à présent, était que le consul avait, selon l’expression, « le cul entre deux chaises ».
D’un gouvernement de droite, Pandoro était un profond libéral, mais gouvernait par sa force de cohésion et de compromis, en arrivant à séduire à la fois l’extrême droite des « Conservateurs » sur certains sujets, et les centristes des « Démocrates » sur d’autres. Mais aujourd’hui, la situation allait grandement mettre en péril son pouvoir politique au Sénat.
Si Pandoro sortait de cette rencontre avec un accord de paix durable, alors les Démocrates seraient grandement satisfaits et continueraient de le soutenir en tant que second groupe du Sénat. Mais les Conservateurs, eux, sont déjà opposés au processus de négociation. Ils défendent une intervention militaire éclair, efficace et dévastatrice. Cependant, il sait que les Conservateurs pourraient être plus enclins à accepter des négociations si celles-ci s’avéraient véritablement bénéfiques, et si le consul lâchait du lest sur d’autres propositions, cette fois intérieures. À contrario, si le consul donnait l’ordre de commencer l’affrontement, le risque de perdre le soutien des Démocrates serait extrêmement élevé. Il serait même envisageable qu’il perde la majorité si tous les Traditionalistes ne le suivaient pas. L’enjeu est donc majeur, que ce soit pour la Fédération ou pour le consul. Il sait qu’il va devoir choisir tôt ou tard un camp, quitte à se polariser lui aussi entre Démocrates et Conservateurs.
Alors, pour sa venue à Teyla, Pandoro était quelque peu sous pression. Sous pression, car il savait qu’à Stérus, le reste de la politique de son mandat allait se déterminer aujourd’hui. Car être un parti d’opportunisme était un bon plan pour asseoir sa force et dominer la sphère politique de la Fédération. Mais quand on joue à ce jeu et qu’on finit par perdre une de ses sources, on devient un parti majoritaire mais sur le fil d’une destitution, et à la merci de la moindre sécession de ses partisans.
Lorsqu’il entra dans cette salle où les discussions auraient lieu, le consul était extrêmement fermé physiquement. Il espérait bien ressortir d’ici avec un meilleur état d’esprit et des garanties sur l’avenir. Mais il était bien trop compliqué, pour le moment, de s’avancer sur une sortie ou non. Le consul était amical, comme il l’avait toujours été avec les Teylais, qui avaient pris le parti du non-alignement. Le consul n’était pas contre la médiation teylaise, bien au contraire, au vu des relations entre les deux pays. Mais il est tout de même vrai que le consul s’attendait initialement à un alignement plus relatif de Teyla, avec qui Stérus s’était pleinement engagé depuis le début de son histoire internationale.
La réalité, aujourd’hui, était que le Lofoten, avec qui Stérus était engagé dans une histoire bien plus récente, avait affirmé bien plus clairement son soutien à la Fédération. Celui-ci n’était pas inconditionnel, car le Lofoten appelait avant tout à la paix. Mais il avait réussi à montrer tout de même son attachement à l’écoute de la Fédération et davantage de soutien à celle-ci dans le cas d’une poursuite de ce conflit.
D’autant que la Westalia s’était engagée dans une voie de coopération avec le Grand Kah, une voie de coopération par ailleurs totalement contre-nature, de par l’aspect indigène du Grand Kah face aux mesures racistes de la Westalia. Ce n’est d’ailleurs pas à Stérus considéré directement comme une insulte contre la Westalia. La volonté n’est pas d’insulter ou de rabaisser ; simplement, ces lois de sécurité répondent à la définition même du racisme. Enfin, sans oublier les actions même de la justice, qui encore une fois soulèvent des questionnements sur la séparation des pouvoirs en Westalia.
On peut citer l’arrestation arbitraire de l’activiste Hamajak Matwau Chogan, arrêté de manière arbitraire, comme retransmis par les journaux du pays. Journaux eux-mêmes soumis aux diktats des gouvernements en place, comme l’atteste la censure du journal qui avait retransmis l’arrestation arbitraire de l’activiste. Et c’est d’ailleurs grâce à cela qu’on voit que la Westalia et la Lermandie fonctionnent de la même manière. Les dirigeants sont tout-puissants et possèdent l’autorité sur les représentants de la justice. Car c’est le ministre fédéral lui-même qui a déclaré avoir demandé la censure du journal. Pour une démocratie, c’est encore une fois une première qu’il est difficile d’accepter. Car, encore une fois, c’est le gouvernement qui applique la décision qui lui plaît, en faisant fi de la justice et de l’État de droit.
Dans la salle, Pandoro avait écouté l’ensemble des interlocuteurs et s’apprêtait lui aussi à prendre la parole. Il regarda d’abord en direction de la Lermandie, ne sachant pas réellement comment s’adresser au président Duval. Il s’était longuement questionné sur cet aspect : comment faut-il parler au président Duval pour que celui-ci ne se vexe pas à la moindre petite critique ? À vrai dire, Pandoro avait même du mal à comprendre comment fonctionnait la société lermandienne, car c’était, au final, habituel d’avoir dans des négociations parfois des menaces, l’utilisation de moyens de pression, de la colère, des grands gestes.
Certes, ce n’était pas que ça, mais négocier, surtout au niveau de la plus haute sphère, ce n’est pas seulement des personnes qui se regardent dans le blanc des yeux et se disent oui ou non. Ce n’est, dans ce cas, pas de la négociation, c’est simplement une discussion.Après que son homologue westalien eut fini, Pandoro se redressa sur sa chaise, croisa ses mains formant une grosse boule de doigts face à lui. Les épaules larges et ouvertes, les coudes ne touchant pas la table, Pandoro allait en avoir pour un long moment, et il le savait.
Pour commencer, je tiens à souligner et à rappeler l’importance du moment qui se joue ici, même si je ne doute pas du fait que nous en avons tous pleinement conscience. Ce qui se joue ici, ce n’est pas selon nous un simple conflit économique entre trois nations dirigées par des personnes qui ont du mal à travailler ensemble. Selon nous, la raison de ce conflit est davantage conjoncturelle, et ancrée dans maintenant plusieurs années de querelles et de tensions interétatiques. La Westalia, qui vient de terminer son argumentation, montre un point essentiel de la raison pour laquelle nous sommes ici.
Nous avons, et vraisemblablement tous, l’intention de quitter cette salle avec des garanties de sécurité pour chacun, qui s’intègrent dans une vision à long terme des enjeux continentaux. Le royaume de Teyla, à qui la Fédération n’a plus à prouver son attachement, s’est montré, depuis le début de cette crise, non seulement à l’écoute des différents interlocuteurs, mais en plus, doté d’une certaine forme d’impartialité.Nous saluons ce geste et tâchons donc d’aller dans le sens d’un apaisement depuis lors.
Cependant, il est et à juste titre nécessaire de rappeler que la Fédération de Stérus s’est toujours montrée favorable à des solutions pacifiques et au maintien de l’équilibre. En témoigne le fait que la Fédération s’est, premièrement, toujours opposée à des interventions militaires en Aleucie, que ce soit en Osno ou en Occidalie. Par ailleurs, elle fut le seul État de l’ASEA à avoir pris le parti de la non-intervention en Osno, un pays ayant subi un coup d’État, mais qui n’a jamais appelé à l’aide aucune nation de l’ASEA. Cela ne reflète en aucun cas une quelconque sympathie envers les dictatures : simplement, nous savons car, comme l’a dit un grand homme, « après avoir fait la guerre, il faut construire la paix » que la voie militaire n’est jamais une fin en soi.
Nous avons également l’exemple de l’Antegrad : une nation qui avait délibérément enlevé des touristes occidaliens avant de les emprisonner. Souvenons-nous de la suite des événements. À cette époque, l’Occidalie alors candidate à l’ASEA avait réclamé l’aide de la communauté internationale.Dans un esprit de stabilité et de responsabilité, la Fédération a immédiatement mobilisé ses forces diplomatiques. Je m’étais moi-même rendu en Antegrad, y menant des discussions fermes, parfois houleuses, souvent tendues. Mais grâce à notre diplomatie, notre écoute et notre volonté de négociation, nous avons obtenu le retour des citoyens sur le sol occidalien.Malheureusement, au même moment, alors que les citoyens revenaient chez eux, les nations de l’ASEA tenaient un discours toujours plus agressif à l’égard de l’Antegrad, affichant des menaces ouvertes. Quelques jours plus tard, le gouvernement d’Antegrad procédait à l’arrestation arbitraire de manifestants aleuciens. Ce fut une tragédie que la Fédération de Stérus a immédiatement condamnée, dénonçant un acte contraire aux principes fondamentaux de l’État de droit.
À ce jour, un citoyen westalien demeure porté disparu. Personne ne sait ce qu’il est advenu de lui. Nous tenons à rappeler à la Westalia que votre gouvernement n’est plus celui d’hier. Et si vous deviez avoir besoin de notre aide, de notre réseau, ou de nos relations avec Antegrad pour faire la lumière sur cette affaire, nous serions disposés à vous apporter notre soutien. Car au-delà des divergences politiques, la sécurité des citoyens, quelle que soit leur nationalité, demeure notre priorité.Cela dit, la tentative d’ingérence westalienne en Antegrad, qui s’est soldée par un échec, a définitivement enterré toute possibilité de négociation avec ce pays. Pire encore, Antegrad a publiquement affiché l’échec westalien, ternissant lourdement la réputation de l’ASEA.De même, si l’on cherche à illustrer notre volonté constante de dialogue, rappelons que c’est la Fédération qui fut à l’initiative des premières négociations avec la Westalia, des premières négociations avec la Lermandie, et des négociations autour de son propre départ de l’ASEA. Le contenu de ces négociations peut bien sûr être critiqué, j’en conviens. Mais de toute évidence, nous sommes — sinon le seul, du moins l’un des seuls pays qui cherchent réellement à résoudre les conflits par la voie diplomatique.
Enfin, prenons le cas de l’Oskal, où le Lofoten et la Fédération de Stérus ont, ensemble, réussi à rétablir une démocratie. Une démocratie fragile, certes, mais soutenue par deux puissances engagées, elle peut désormais s’inscrire dans une démarche de développement proactive. Il lui reste à faire ses preuves sur la scène internationale, mais personne ne peut nier que cette réussite est avant tout diplomatique, et non le fruit d’un interventionnisme militaire.Je ne souhaite pas enfoncer le clou, mais les faits parlent d’eux-mêmes. En Oskal, nous avons négocié avec l’Oskal. En Antegrad, nous avons négocié avec l’Antegrad. En Osno, nous avons cherché à négocier avec l’Osno. En revanche, les nations que vous représentez n’ont ni pour l’Antegrad, ni pour l’Osno, ni pour l’Oskal, cherché à nouer un dialogue direct. Je pense , et je le dis avec tout le respect que je vous dois, que c’est ici que réside la principale source de conflit sur notre continent. Les nations de l’ASEA ont cette fâcheuse tendance à se considérer comme les garantes de l’Aleucie, à croire que leur voix prévaut sur celle des autres, qu’elle domine toutes les autres.
Soyons clairs : je ne fais ici que relayer le ressenti de la Fédération. Je n’accuse personne. Mais ce sentiment est bel et bien réel, et il est partagé par de nombreuses nations. C’est d’ailleurs l’une des raisons pour lesquelles de plus en plus d’États aleuciens renoncent à candidater à l’ASEA. Il suffit de lire les récentes déclarations de l’Icamie, qui affirme que l’ASEA n’a plus l’attrait d’antan, que sa présence n’est plus autant désirée.C’est selon nous ce constat qui vous a poussé à relancer la dynamique d’intégration, par crainte que l’Icamie, ou l’Oskal, ne se détournent de vous. Dans le même temps, l’Empire du Nord se sent mis à l’écart — comme en témoigne sa non-participation à la réunion sur l’Oskal. L’Akaltie, de son côté, renforce sa coopération avec la Fédération et consolide le traité qui nous unit. Notre amitié est inconditionnelle, et nous y tenons profondément.Enfin, je dois souligner le deux poids, deux mesures qui prévaut souvent dans les discours de l’ASEA. Les récentes déclarations du Conseil de sécurité et de coopération en sont un exemple frappant. Officiellement, la Fédération ne fait plus partie de l’ASEA. Officieusement, les négociations sont toujours en cours, et nous avons encore un droit de regard sur ce qu’il s’y passe.
Je rappelle que vous avez mentionné le soutien de l’Oskal à la Fédération dans cette crise. Vous y voyez un signe de faiblesse, d’instabilité. Pourtant, quand Saint-Marquise menace directement la Fédération, vous n’en faites même pas mention. Ce deux poids, deux mesures est inacceptable. Vous ne pouvez pas affirmer : « Quand vous êtes avec nous, vous êtes le bien ; et quand vous êtes contre nous, vous êtes le mal. et ce, alors même que vous souhaitez envoyer des troupes de sécurité en Oskal sans que cette nation ne l'ait demandé, et c'est une nation souveraine, qui n’est ni en guerre, ni menacée, ni en état d’urgence.C’est cela, l’impérialisme. Avouez que c’est troublant : dès que l’Oskal se range du côté de la Fédération, l’ASEA veut y envoyer des troupes.
Et c’est ici que s’ouvre la deuxième partie de mon intervention : les provocations.
Je suis Cristobal Pandoro. Je suis sans doute l’un des hommes politiques les plus francs de cette planète. C’est un fait. Monsieur Duval, nos relations sont parfois tendues, parfois violentes, c’est vrai.Je ne mâche pas mes mots. Je ne joue pas la carte de l’hypocrisie. Mais je suis honnête.Et je ne retrouve pas toujours cette honnêteté chez nos interlocuteurs. Alors, oui, je vais le dire ici peut-être pour la première fois, j’apporte avec moi mon lot de maux de tête.Ce n’est d’ailleurs pas pour rien que je m’appelle Pandoro.Vous n’êtes pas sans savoir que « Pandoro » est la version stérusienne de « Pandore ». Je ne vais pas épiloguer sur la mythologie. Mais ceux qui la connaissent comprendront aisément le lien entre ma famille, ma personnalité… et cette boîte qu’on a tant de mal à refermer.
Maintenant, il y a une réalité qu’il ne faut pas oublier : aujourd’hui, la fédération, sans l’ASEA, se retrouve seule face à la moitié du continent. Cela ne nous empêche pas pour autant, comme la dernière crise l’a démontré, de faire valoir nos droits.Mais il y a une chose primordiale à comprendre : si nous sommes ici aujourd’hui, c’est, selon nous, à cause du manque d’écoute de la Westalia et de la Lermandie. Car oui, je tiens à le rappeler ici, le nouveau gouvernement westalien souhaite se positionner comme une puissance d’équilibre – et c’est tout à votre honneur. Je ne vous connais ni personnellement ni politiquement, je ne me permettrais donc pas de vous critiquer.
Malheureusement, le passé d’extrême droite que votre pays a dû traverser a largement créé un précédent en Aleucie. Un précédent qui, aujourd’hui encore, laisse des marques. Je vais donc aller à la racine de cette crise, à savoir la fameuse « provocation » stérusienne envers la Lermandie.
Mise en contexte rapide : nous étions en session extraordinaire pour négocier le départ de la fédération de l’ASEA. Nous avons alors ouvertement déclaré ne pas vouloir de conflits futurs entre Stérus et l’ASEA. Nous avons insisté sur le fait qu’un départ complet, mal encadré et sur de mauvaises bases, risquait justement de nourrir des tensions. Notre objectif était d’éviter cela.Or, la Westalia – alors gouvernée par un régime profondément libéral – a choisi de réclamer la mise en place de droits de douane supplémentaires contre la fédération. Ce choix, au-delà d’être économiquement contre-productif en fermant des marchés ouverts et stables, semblait motivé par des intérêts politiques internes plutôt que par ceux de l’organisation. Mais soit, cela restait leur droit.
La fédération a alors voulu démontrer l’incohérence de ces choix. Nous avons adressé un rappel à la Lermandie – qui a tendance à suivre les positions westaliennes – en soulignant que cette politique risquait d’être économiquement désastreuse pour elle. Quand nous affirmons que l’augmentation des droits de douane aurait un impact sur les prix de l’énergie en Lermandie, ce n’est pas une menace, c’est un fait. Et lorsque nous disons que la fédération répondra par des contre-mesures douanières, nous ne faisons qu’appliquer une logique économique classique – je suis sûr que le royaume de Teyla le comprend très bien.
Était-ce une menace ? Non. Vous auriez préféré que la fédération se taise, qu’elle accepte passivement des sanctions commerciales motivées par des ressentiments personnels ? Devions-nous ne pas avertir des conséquences de telles décisions ? Nos différends étaient, à la base, personnels, entre gouvernements. C’est vous qui en avez fait des conflits diplomatiques.Je m’entends très mal avec Miranda Ceprus, Monsieur Duval, vous la connaissez bien – je la trouve insupportable. Et pourtant, mon gouvernement et l’ANTS coopèrent étroitement. Car nous savons mettre l’intérêt commun au-dessus des querelles personnelles.
Sur les provocations maintenant : il me semble important de rappeler que la fédération de Stérus n’a jamais, avant ce conflit, ni déplacé de forces militaires près de vos eaux, ni demandé à des pays voisins d’y stationner leurs troupes. La protection de nos eaux est déjà assurée – par la deuxième puissance maritime du continent (Stérus) et par la première puissance militaire mondiale (Alguarena).La provocation, ce n’est pas d’expliquer les règles du commerce international. La provocation, c’est de mettre fin unilatéralement à un contrat stratégique par pure réaction politique. La provocation c'est chercher à tout prix à envoyer des navires de guerres dans des eaux sous influences Stérusiennes. La provocation, c’est d’envoyer des forces militaires contre des civils désarmés. Je rappelle à tous ici présents que ce sont vos gouvernements qui ont mobilisé les premiers des forces maritimes. La Lermandie affirme qu’il s’agissait de « forces de police ». Très bien. Mais cela devient difficile à croire quand on sait que vous avez vous-mêmes parlé à plusieurs reprises de « forces militaires ». Et surtout, la présence de navires de guerre westaliens avant toute mobilisation stérusienne rend cet argument caduc.
Vous avez donc fait venir des navires de guerre étrangers pour soutenir une opération de « maintien de l’ordre » contre des civils installés légalement sur leur propriété. Ce n’est ni plus ni moins que comme si Stérus avait demandé l’appui de blindés alguarénos pour expulser un squatteur yukanaslave. L’objectif réel, ne nous mentons pas, était d’expulser ces civils, désarmés, par la force.
Pour conclure sur les propositions actuelles : elles ne tiennent pas compte de l’intérêt stérusien ni de la conjoncture. La Westalia propose des choses que la fédération a déjà faites. La renégociation du contrat avec l’ANTS n’est plus d’actualité. Le gouvernement stérusien a d’ailleurs annoncé que si l’ANTS maintenait sa présence en Lermandie, elle perdrait les subventions et le soutien de l’État. Nous avons trouvé d’autres marchés, bien plus prometteurs.
Aujourd’hui, l’enjeu n’est plus l’ANTS. L’enjeu, c’est la sécurité de nos nations en Aleucie.
Ce que la fédération réclame :
- Une garantie de la Westalia et de la Lermandie que l’ASEA ne s’étendra jamais aux frontières stérusiennes, ou, au minimum, qu’une clause empêche le déploiement permanent de forces militaires ou de sécurité dans ces zones.
- Un engagement formel de la Westalia et de la Lermandie à ne pas déplacer de forces maritimes dans les eaux sud-aleuciennes.
- L’indemnisation des citoyens stérusiens ayant subi des préjudices du fait des décisions lermandiennes.
En échange, la fédération s’engage à :
- Ne jamais déplacer de forces militaires aux frontières lermandienne ou westalienne, ni dans leurs eaux.
- Rétrocéder gratuitement les plateformes de l’ANTS à la Lermandie.
- Fournir un rapport annuel sur ses opérations de sécurisation maritime à la Westalia et à la Lermandie.
- Tripler ses investissements dans la lutte contre la piraterie, en coopération avec ses alliés (Alguarena et Lofoten).
- Ne pas lancer l’opération militaire en préparation.
- Retirer ses leviers économiques de la Lermandie (dont elle est actuellement le principal acteur étranger).
- Mettre fin à toute politique d’hostilité envers la Westalia.
- Transmettre à la Westalia les documents classifiés liés à la disparition de ses citoyens en Antegrad.
- Redonner l’accès aux infrastructures de l’ASNA aux civils lermandiens : centre universitaire, centre de conception, usine.
- Rétablir le droit d’entrée sur le territoire stérusien pour les citoyens lermandiens et westaliens.
Bien entendu, nous sommes dans un cadre de négociation, et à ce titre, nous restons ouverts à la discussion.