
Mi Mars 2016,
Castello Landolfo, Archipel des îles de Tirancina,
Sud est du Triangle d'Or, non loin du Gondo,
En tant que tel, et en intégrant l'ensemble des divers territoires ultramarins qui composaient la Fortuna d'aujourd'hui, la Sérénissime république disposait d'innombrables sites touristiques à travers le monde, des destinations aux panoramas aussi époustouflants que variés qui impliquaient aussi un large panel de climats et autres spécificités locales propres aux reliefs territoriaux car de fait des monts arides d'Ascalonie jusqu'aux vals boisés de Loquerie jusqu'aux plages ensoleillées des tropiques de Canossa, le choix était immense. Le Tourisme était ainsi devenu une part entière des flux qui allaient et venaient au sein de la plus sereine république du monde, pour autant en cette année 2016, les chiffres qui émergeraient étaient probablement joués d'avance si l'on devait faire des comparaisons entre les divers résultats de chaque territorialité.
Les îles de l'archipel de Tirancina emportaient haut la main en cette moitié de Mars toute titulaire en rapport avec un afflux d'individus, mais pas nécessairement pour les raisons que l'on croyait. Certes il était vrai que les lieux étaient très prisés par la présence de plusieurs stations balnéaires de choix profitant des blanches plages bénies d'un soleil radieux et d'eaux aussi chaudes que douces, de reliefs boisés et exotiques que s'arrachaient randonneurs du dimanches comme amateurs d'excursions ou même d'une faune et d'une flore locale des plus abondante et soigneusement préservée par les agences régionales subventionnés par les cortès. Mais les raisons du succès de ce mois ci n'avaient rien, mais alors rien à voir avec les îles elles même. Ou plutôt pas directement.
Baignées allègrement dans la sérénité, les îles de Tirancina étaient pourtant proches d'un des théâtres de conflit les plus actifs du monde en dehors des poudrières Eurysiennes. De fait, le Gondo était guerre civile depuis plusieurs années désormais mais qui avait connu un regain d'intensité et une vaste escalade au cours des derniers mois en voyant l'implication toujours plus croissante de puissances extérieures à l'afarée et l'ingérence cette fois ci d'autres acteurs régionaux. Le petit pays afaréen en proie aux ambitions d'autres ne se trouvait en tant que tel qu'à 200 km de distance en partant de l'île la plus orientale de l'archipel. Ce faisant, les Fortunéens résidant sur l'archipel, au même titre que ceux de la péninsule républicaine continentale étaient ainsi aux premières loges pour assister aux "festivités" qui se déroulaient chez et autour de leur voisin. Même si n'étant pas impliqué directement dans ces affaires guerrières, il y avait toujours des risques et des conséquences annexes, aussi le gouvernement central de métropole, au même titre que les Cortès régionaux, surveillaient avec minutie tout ce qui se déroulait dans la région et veillait à converser avec plusieurs acteurs actifs afin d'une part de se tenir au courant de l'avancée des choses mais aussi pour éviter qu'aucun débordement n'advienne. En tout état de cause, avec l'aval du sénat le gouvernement républicain avait même renforcée par mesure préventive sa présence militaire dans la région.
Dans cette même logique, les stratèges Fortunéens avaient décidés de pousser le vice de cette démarche purement préventive, et projetant une potentielle escalade pouvant mener à l'intervention directe de la république, avaient décidé de mettre à profit les grands exercices navals de l'Armata en organisant ces derniers cette année dans le Triangle d'or, ce afin d'habituer les troupes à de potentielles opérations dans la région. En soit, cela avait aussi la double utilité d'envoyer un message sous-jacent à tout les partis-prenant du conflit du Gondo, comme quoi la Sérénissime République veillait au grain et était parfaitement à même d'intervenir si une quelconque menace venait à poser un jour sur ses concitoyens d'Afarée occidentale. Cela valait aussi en soit pour les pirates qui opéraient non loin qui certes n'avaient pas encore jeté leur dévolue sur les vaisseaux républicains, mais l'on n'était jamais trop prudent après tout.
Il y avait toutefois un troisième point notable concernant ces exercices annuels. Car non content d'avoir une utilité pratique et de permettre d'envoyer des messages, cette édition serait pourtant bien plus spéciale que les autres, et les organes de presse mis au parfum n'avaient pas hésité à ériger des comparaisons avec l'édition d'il y a quelques années qui avaient impliquée une bonne part de l'ONC aux alentours des détroits de Leucytalée. Mais cette fois, point d'ONC en vue, c'était la Marine Velsnienne qui avait reçue une invitation, en vertu des traités en vigueur entre les deux anciennes républiques qui promulguaient la tenue d'exercices conjoints. Une décision éminemment politique qui venait d'en haut et qui au delà du simple respect des traités envisageait clairement qu'il y avait d'autres manigances à l'oeuvre.
Après tout les caméras n'étaient pas dupes et avaient l'oeil pour remarquer les détails insolites, et la présence de plusieurs officiels du gouvernement civil, en particulier du Doge elle même, en plus de la chaîne de commandement de l'amirauté, mais aussi de plusieurs pontes de l'Empire de Lykaron dont un des meneurs de la Tagma, l'armée impériale, n'était pas sans poser de questions. Peut être que en fin de compte, les grands et puissants vaisseaux qui naviguaient en formation au loin sur les eaux tandis que les Tercios de la Marine paradaient dans les rues n'étaient là qu'une habile et élaborée diversion visant à détourner les objectifs des photographes et à attirer l'attention du monde tandis que les vrais festivités se déroulaient à huit clos.
Le dit huit-clos susnommé ayant lieu en l'occurrence loin du port, plus précisément sur occidentale de l'île principale, là haut sur les falaises rocheuses surplombant l'océan siégeait le très fièrement perché Castello Landolfo, une vieille forteresse de la renaissance qui quelque part durant le XVIIIe siècle avait été rénové et partiellement modernisée afin d'accueillir des quartiers d'habitations plus modernes mais aussi de vastes jardins finement entretenus, ce sans pour autant omettre l'aspect défensif de l'époque car après tout l'objectif premier du site était de garder et surveiller les voies du nord.
Ainsi donc, c'est en ces lieux pleins d'histoire, sur l'une des tours aux confins du chemin de ronde que l'on avait transformée en terrasse improvisée et qui avait une vue superbe sur les manoeuvres des flottes en cours au loin, que devait se dérouler la véritable pièce de théâtre tandis que les figurants en arrière plan distrayaient la foule. Les subalternes et intervenants avaient déjà été désigné afin de diriger le spectacle en bas, ne restait plus que les acteurs principaux autour d'une table sur lesquels l'on avait disposé des rafraichissement et de multiples cartes jouxtant divers dossiers ainsi que des documents classifiés.
Une poignée uniquement siégeait autour. Le Doge Sérénissime Francesca Federica di Fortuna bien évidemment, arborant un de ces larges chapeaux de pailles propre aux vacanciers et d'amples lunettes teintées afin de se prémunir du soleil, le Grand Amiral Amadeo Dandello, accaparé à moitié par les communications émergeant d'une radio qu'il conservait précieusement comme si sa vie en dépendait, Dom Juan Altarini qui par le plus grand des hasards était au même moment en vacances dans l'archipel et que l'on avait cordialement invité à visiter le château au travers d'étonnantes coïncidentes, Dona Aria Ludo, ministre de l'éducation du Doge était aussi présente, officiellement pour suppléer à son homologue de la culture qui était occupé ailleurs, mais officieusement certainement pour d'autres raisons, après tout elle avait multipliée les liens avec les Patriciens d'Extrême Orient récemment. Enfin, et c'était peut être le plus surprenant, le Comes Lykaronien Dominicus Sil Vilipanus était aussi de la partie, ce alors que ce qui ressemblait à un corps expéditionnaire impérial avait prit ses quartiers dans les bases militaires locales.