09/07/2016
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Les Empereurs d'Eberstadt

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Les Empereurs d'Eberstadt
ou
Journal du dernier Valinoréen

Leve Imperatore ket Eberchtat
ile
Diesam ur ultime Valinorem


Liséré Officiel Valinoréen tel que d'usage entre 1858 et 2016


Le monde avait explosé1. Enfin, c'est ce qu'il avait cru jusqu'ici ; parce que — visiblement — il était bien vivant, et presque entier. Peut être était-ce le paradis ? L'on ne lui avait jamais dit qu'il était à la semblance d'un chambre d'hôpital. C'est que s'en était définitivement une, et pas n'importe laquelle semblait lui dire la large fenêtre de bonne facture donnant sur une sorte de jardin tel qu'on n'en voit qu'aux abords des palais ou grandes résidences de quelque important personnage. Valandil se leva. Tout compte fait, il ne se leva pas, il en était incapable. Du moins, cela semblait lui demander un effort inhabituel qu'il n'avait jamais soupçonné qu'il eu eu à fournir. Il resta donc couché, la tête pleine des événements de la veille au soir. En fait, ces événements-ci dataient d'un peu moins de trois mois mais il ne le savait pas encore. Le jeune homme pris donc son mal en patience. Pas pour longtememps, il ne devait pas s'être écoulé deux minutes après son réveil que des Hommes vêtus de longues robes blanches entrairent — il comprendrait plus tard que c'était des médecins, et qu'ils portaient par conséquent des blouses.

C'est quand ils se mirent à parler allemand à voix basse qu'il compris que quelque chose clochait. Dieu soit loué ; ou quelque autre formule moins pieuses pour l'athée qu'il était, il parlait allemand. Ces immaculés visiteurs en semblaient parfaitement informés, car l'un d'eux lui adressa la parole. Il avait toujours cru qu'il parlais allemand, mais la moitié des mots de son interlocuteurs lui étaient tout à fait inintelligibles ; semblant tomber droits dans un trou au centre de son cerveau embrouillé — autant de drogues que de faiblesse. De ce qu'il saisit, l'homme lui demandait s'il était réveillé. Ce à quoi la réponse était évidente, même s'il y répondit sans une pensée. Forts de cette confirmation, l'un des Hommes se dirigea précipitemment hors de la salle afin d'appeler quelque responsable. Les autres lui posèrent question après question, avec une chaleureuse solennité dont seul les peuples germaniques ont le secret. Voyants qu'il peinait, il ajustèrent leur verbe, le faisant plus lent et court.

Mais lui répondait par automatisme, son intellect étant aux prises avec toute autres choses. Ils venaient de l'informer. Il était dans ce lit depuis longtemps. Le tremblement, le vacarme, l'explosion — tout lui revenait par bribes aux contours nuageux au-delà desquels rien n'était certain. Le scrutin, la fuite2, les communistes, l'Illirée — ce mot goûtait âprement dans sa bouche —, la Loduarie, &c. Tout lui fut révélé. Et de là, il n'eu plus rien à dire. Sa poitrine était écrasée par le poids d'une resposabilité qui n'était plus la sienne. Si son chef était alléger d'une couronne, il n'en paraissait que plus lourd. Enfin, il eu un mot pour Irimey. Elle entre tous devait avoir survécu. Elle le devait. Le silence des médecins lui porta un coup fatal. Il ne parla plus. Ses hôtes le laissèrent seul après quelques tentatives infructueuses de lui faire prononcer autre chose que des gémissements mêlés d'imprécations. Et il fut pratiquement seul pour les quelques jours qui suivirent. Il y eu tout le temps de se lamenter. Et quand il ne peurait pas, il mirait son visage à demi brulé dans une glasse disposée là à cet effet. Quand on lui apporta son déjeuner au cinquième matin qu'il connaissait depuis son réveil, il répondit à la question muette du soignant.

"Je suis prêt."
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