Arrivée de la délégation des Provinces-Unies du LofotenLe service diplomatique des Provinces-Unies était furieux, d'ailleurs celui-ci avait fait ses recommandations en haut lieu et avait insisté sur le fait de décliner poliment mais fermement l'invitation de la Damanie, car cette dernière avait intentionnellement et à la dernière minute décidé unilatéralement de changer le lieu de la rencontre, initialement prévue à Ciardhai.
Après concertation avec Markus Finnigan, le Chief Officier du FSD et divers représentants de l'Etat-Major, la discussion avait finit par aboutir au fait que les conditions de sécurité n'étaient certes pas optimales mais ne présentaient pas non plus de risques majeurs, et que les bénéfices d'une telle rencontre sur l'avenir de l'Eurysie occidentale dépassaient clairement les risques envisagés.
Toutefois les autorités consulaires du Daman furent informés, également à la dernière minute pour leur rendre la pareille, et cela ne fut pas négociable, que la délégation des Provinces-Unies compte tenu de l'évaluation de la situation et du contexte militaire et social de la Damanie, se rendrait à Baidhenor avec sa propre escorte et son propre service de sécurité et celui-ci était impressionnant. Gardes fédéraux, agents du FSD, maître-chiens,démineurs et plusieurs militaires en civil accompagneraient la délégation, avec ses propres véhicules blindés, qui comprenait bien entendu la Chancelière, mais également l'Amirale de l'UP Navy : Frida Ramundsen ainsi que le Sky Marshall : Trygve Røyneland, ainsi que Mme la Conseillère Fédérale aux Affaires Etrangères, Brunehilde Wanger.
On avait également autorisé à la hâte de nombreux hélicoptères et aéronefs, stationnés dans une partie de l'aéroport de Baidhenor qui avait été épargnée, prêts à embarquer et exfiltrer toute la délégation en cas d'urgence. Ces derniers avaient été armés et avaient obtenu le droit de survoler sans conditions l'espace aérien de la Damanie, alors qu'une partie de la flotte croisait non loin de son port d'attache de la base aéronavale de Tårpil, dans le Listherburg voisin.
La Chancelière Sigrid Olfgarson quant à elle comptait bien signifier à ses hôtes quelle faute diplomatique et faux pas ils avaient commis, en refusant de rendre en personne les hommages et salutations diplomatiques telles qu'exigées par le protocole. Non, elle y avait envoyé l'un de ses subalternes, l'attaché-presse du cabinet de la Chancellerie, qui s'était chargé de cette besogne à l'endroit de la première consule Sineag Buseid.
Baidhenor, la capitale martyre, avait été maquillée comme un camion volé, c'est comme si on avait mis du fard à paupière sur une femme estropiée qui avait sauté sur une mine en disant : "regardez comme on l'a arrangé". Les communistes ne pouvaient cependant cacher les stigmates, visibles et insidieux, d'une longue guerre civile qui avait laissé la population exsangue. Oh bien entendu on avait rassemblé les masses, plus ou moins volontairement sans doute, qui saluaient avec entrain le cortège, parfois trop peut être...La Chancelière en fit part à sa conseillère fédérale, Mme Brunehilde Wanger
" - Ils tentent de cacher toute la misère du monde par ces artifices grossiers. C'est tellement prévisible alors que personne n'y croit. Les rapports du FSD sont clairs, ce pays est littéralement en train de s'effondrer, la population peine à manger à sa faim, mais il faut à tout prix sauver les apparences. Soit, commençons donc le bal de l'hypocrisie et de la langue de bois. Nous verrons bien "Lorsqu'elle arriva au Palais de la Révolution, elle ne fut guère impressionnée par les efforts déployés par les services du Daman pour décorer et agrémenter les lieux de son séjour. Sigrid Olfgarson avait également exigé que l'Impératrice Clémence Première soit logée le plus loin possible, afin d'éviter de devoir la croiser, bien qu'en terre étrangère, nulle exigence en terme de protocole impérial ne serait dû à cette vieillerie de l'ancien monde, celle qu'on appelait la Charcutière en Robe Longue.
La Chancelière jouait gros, elle allait d'échec en échec, sa politique extérieure concernant Kotios et l"opération Umbrella s'était avéré un fiasco, pas tant sur le plan militaire mais elle avait clairement perdu la bataille des images et de l'opinion. Puis le "Massacre d'Uggvyst" et l'incurie de ses services de renseignements qui il faut le dire, s'étaient totalement planté.
En tout cas il fallait agir au plus vite pour restaurer l'ordre, faire d'une pierre deux coups, et la priorité du moment n'était pas la Damanie mais l'EDLF, rappelons tout de même que ces autocrates avaient sans sommation tiré un missile balistique sur une cible civile.
La délégation du Lofoten fut semble-t-il la première désignée à parler. Etait -ce prévu dans l'agenda ou un arrangement avait il été conclu, il semblerait que non, mais cela tombait bien, la Chancelière voulait donner le ton, et faire en sorte que ce ne soient pas des discussions interminables et stériles qui ne servent qu'à auto-congratuler, ce qui est souvent le cas de ce genre de conférences internationales. L'amphithéatre était plein à craquer, la tension était palpable, l'atmosphère pesante, bref, toutes les conditions étaient réunies pour un discours offensif :
"-Mesdames et messieurs, représentants de tous les pays qui ont fait le déplacement, bonjour. Vous me connaissez, je serais brève dans les présentations d'usage. Moi Sigrid Olfgarson, Chancelière Fédérale démocratiquement élue des Provinces-Unies du Lofoten, je suis ici pour vous parler de deux sujets qui intéressent certainement chacun d'entre vous : l'EDLF et la Damanie. Je viens d'assister à 10 enterrements éprouvants de concitoyens lâchement assassinés à quelques pas d'ici par l'Empire alors je serais brève, concise et sans ombages. L'Empire qui n'a de démocratique que le nom doit être mis au ban, sa dangerosité pour la stabilité des nations d'Eurysie ne fait plus de doutes. Aujourd'hui qui peut dire quelle sera la prochaine cible des sautes d'humeur de ce régime autocratique, où l'on ne sait qui dirige vraiment, une école ? Un hôpital ?...Et ces mercenaires francisquiens en campagne, cette armée de guerilleros qui ne dit pas son nom et qui au moment même où je vous parle sillonne et ravage les environs de Baidhenor...non cette situation n'a que trop duré et nous sommes tous complices de l'avoir fait perdurer. Nous appelons de nos voeux à ce que toutes les nations ici présentes qui ont un tant soit peu de courage répondent à favorablement à l'établissement d'un blocus continental et maritime de l'Empire, d'un embargo complet et total, sauf sur les denrées alimentaires de première nécessité. Puisque l'Empire ne comprends que la manière forte, adoptons le même langage que lui. Un embargo qui pourra peut-être levé si les conditions de paix sont réunies à savoir plus aucun francisquien présent sur le territoire de la Damanie, et une indemnité, au titre des réparation pour préjudices de guerre, à hauteur de...mmmmh...l'équivalent d'un aéroport international par exemple.
Afin de faire respecter ces garanties nous demandons la création d'un corps expéditionnaire international qui se chargera de nettoyer les "récalcitrants" et tenir en respect les éventuels avions ou navires francisquiens tentant de forcer l'embargo. Oui vous ne pensez tout de même pas que le maintien de la paix ne se fera que sur la base "l'engagement" de l'Empire à être sage ? Nous savons bien quel genre de promesses valent celles des Impériaux. Elles sont aux bout de leurs canons.
Je vois à vos visages que certains s'offusquent et font les surpris de la première heure. Ce sont les mêmes qui ont été surpris de voir au journal du soir qu'un missile balistique avait tué plus de 200 civils. Le temps est à l'action chers amis. L'histoire vous juge en ce moment même. Les ronds de jambes et valses à deux temps n'ont que trop duré.
En ce qui concerne maintenant la République Socialiste de Damanie nous avons également des exigences et requêtes à formuler, toutefois il s'agira d'une discussion séparée ou d'une autre conférence. Il m'apparaît que le sort de l'EDLF doit être réglé au plus vite afin de pouvoir parler sereinement de l'avenir de la Damanie."