11/05/2017
22:43:54
Index du forum Archives Pays archivés Némédie Région d'Athenastra

Le Quotidien d’Athenastra : "L’écho fidèle d’Athenastra"

Le Quotidien d’Athenastra


"L’écho fidèle d’Athenastra"


Fondé en 1928, (Le Quotidien d’Athenastra) se positionne depuis sa ville d’édition, Kanpos, en tant que quotidien de référence pour l’ensemble de la région. Le Quotidien d’Athenastra a tissé sa renommée et sa force dans son ancrage local et sa capacité à tâter le pouls d’une région d’une déconcertante diversité historique.
Le Port d’Athernastos s’agrandit


Ce matin, lors d’une déclaration publique faite à l’Hôtel de Ville, le Maire d’Athernastos, Kyriakis Mendoras, a annoncé un grand projet d’agrandissement du port de la ville, aménagé dans la portion orientale de la région d’Athenastra, vers le Nazum.

"Le port d’Athernastos fut toujours un point d’attache entre notre région et la grande Némédie. Mais aujourd’hui, nous passons à un autre stade. Ce projet vise à optimiser l’accueil des navires némédiens et à faciliter l’importation de produits stratégiques en provenance du territoire central. C’est une réponse concrète à la croissance du commerce qui s’opère en interrégion ", a affirmé le Maire.

D’après l’information émise dans le communiqué officiel, les travaux lanceront « d’ici 5 jours» « pour un chantier de 1 ans et demi. » Au programme du chantier, l’allongement de la jetée principale, la construction de nouveaux quais destinés aux grands porte-conteneurs, et la mise en place d’une base de ravitaillement des navires marchands némédiens que l’on voit là recharger en carburant et en victuailles avant de mettre le cap sur de meilleures lointaines destinations.
Le projet est soutenu par des fonds communs de l’Assemblée des Cités. De nombreuses entreprises portuaires et maritimes de premier plan se portent déjà candidates pour intégrer le chantier. Les membres de l’exécutif local ont rassuré les acteurs du secteur et les riverains, le chantier a été élaboré pour ne pas perturber l’activité maritime existante. Des couloirs de navigation, balisés avec soin, et des secteurs de travaux délimités permettront de poursuivre les opérations de chargement et de déchargement des navires tout au long des travaux.

"Il n’est pas question d’arrêter l’activité du port. Le commerce doit continuer, on doit garder les marchandises en circulation, il faut fluidifier les échanges ", a précisé le directeur de l’Autorité Portuaire d’Athernastos, Thalos Perimenis, "des options logistiques précises sont prévues pour permettre une coexistence entre travaux et activité portuaire, dans les meilleures conditions possibles, avec le moins de perturbations possibles."Des quais temporaires vont être mis en place dès le lancement du projet pour réaliser un transbordement de marchandises en continu, et un service maritime de régulation sera renforcé pour une meilleure coordination des mouvements des navires. Les pêcheurs locaux et les sociétés maritimes ont été consultés et intégrés aux choix à faire.

Parallèlement à la mise à niveau des installations portuaires maritimes, le projet d’extension prévoit de réaliser, à côté, d’importants aménagements routiers et logistiques. De nouvelles routes seront construites pour accueillir le flux des camions, qui vont réceptionner ou livrer les marchandises, qui seront regroupées sur le terminal horloger, en rapport avec les réseaux routiers principaux de la région athenastra des axes régionaux. Un espace de stationnement destiné aux poids lourds en toute sécurité sera aménagé à proximité immédiate des quais de déchargement afin que les transporteurs puissent garer leur véhicule en attente de charger ou décharger les marchandises. Une aire d’attente offrant restauration, repos et services de maintenance pour les conducteurs est également envisagée.

Avec cet équipement portuaire supplémentaire, le port d’Athernastos veut s’imposer sur la carte du transport maritime comme une plate-forme stratégique majeure, tant par rapport à la métropole némédienne qu’à ses extensions économiques, et dans le même temps proposer aux professionnels du transport et du fret un cadre de travail équipé de matériel moderne.


image
Un climat qui pousse au départ


À la suite des récents exercices militaires qui se déroulent dans la région d’Athenastra, la population musulmane dans son ensemble s’inquiète d’une ambiance tendue. Des représentants religieux, des associations communautaires musulmanes ont fait état d’un climat tendu, parfois de méfiance qui a amené certaines familles à envisager, voire à quitter dans l’urgence la région.

Dans une population de 8,5 millions d’habitants, les musulmans représentent environ 11% de la population de cette région comprenant 935 00 personnes soit, un chiffre minoritaire certes, mais tout aussi révélateur également d’une part non négligeable de la dimension sociale, culturelle et économique de cette région.

Autrefois une simple frayeur, ce qui se transforme aujourd’hui en mouvement massif est le départ progressif, du territoire, dans un silence pesant et inquiétant, de la communauté musulmane de la région d’Athenastra. Au regard de l’augmentation sensible du nb de commerces fermés, de logements vacants, de classes désertées et de mosquées à demi-vides, un exode est indéniable.
Une inquiétude devenue départ

La période post-exercices militaires a modifié la donne. Les militaires au nombre accru, les contrôles renforcés, les survols d’avions dans les zones civiles, les déplacements de combattants autour de quartiers mixtes ont laissé des traces. Parole de plusieurs, les regards ont été, dans les rues, devenus sournois, les paroles blessantes. Pour un bon nombre, l’inconfort est aujourd’hui au stade de la peur. Et le passage à la peur se fait sur la voie de la décision.

"On dirait qu’on n’a pas le droit d’être là. Tout ce que nous avons fait hier donne lieu à des soupçons", témoigne Farid, libraire à Larysos, qui a fermé sa librairie après 25 ans d’activité. "Je suis né ici, je pars. Pour mes enfants, pour leur avenir."

Les boutiques abandonnées se succèdent dans les rues du quartier de Kanpos. A la suite du quartier de Kanpos, tous les commerces tenus par des musulmans ferment dans le silence et la froideur d’une nuit mortelle. Boucheries, épiceries, couturiers, bijouteries, cafés, salons de coiffure, garagistes… toute une richesse du tissu économique local se dissout. Selon les chiffres avancés par la Chambre du Commerce de Kanpos, ce sont près de 3200 commerces en lien direct ou indirect avec la communauté musulmane qui ont fermé depuis avril.

Certaines rues, autrefois bouillonnantes de mouvement, offrent un contraste saisissant : des rideaux de fer baissés sur lesquels sont parfois griffonnés des mots anonymes : "On n’oubliera pas", "A vendre", ou rien, tout simplement, le silence comme ultime réponse.

Où vont ceux qui s’en vont ? Pour une bonne part d’entre eux, c’est vers le Churaynn, pays frontalier au nord de la région d’Athenastra. C’est le seul point de passage relativement accessible, et c’est là que des familles musulmanes espèrent refaire leur vie sans être considérés comme des intrus car le Churaynn est un pays musulmans.

Mais, depuis mai, le petit port de Phyra, au nord de la région près du Churaynn , connaît un trafic anormal de petits canots privés. Certains affrétés par des particuliers, d’autres par des organismes informels. Des convois discrets mais réguliers prennent le large, souvent de nuit ou à l’aube, vers les côtes churaynnes illégalement, pour cause pas de visa.

« Ils arrivent par vagues, très dignes, très calmes. On sent bien qu’ils n’ont pas fui une guerre, mais une exclusion progressive », affirme une douanier némédien. « Beaucoup nous disent : 'On ne savait pas quand cela devenait dangereux, mais on a préféré ne pas attendre qu’il soit trop tard. »

Alors que les départs se poursuivent dans un rythme discret mais régulier, une voix forte s’est élevée depuis l’île d’Athenastra même, tentant de stopper l’hémorragie silencieuse. Kyriakis Mendoras, maire d’Athernastos, a donné hier une conférence de presse exceptionnelle au cours de laquelle il a directement interpellé la communauté musulmane pour qu’elle ne parte pas de l’île.

« Nous avons vu trop de volets fermés, trop de visages disparaitre. Et c’est avec tristesse que nous voyons partir ce départ injuste, a-t-il dit sobrement. Je le dis clairement : la communauté musulmane fait partie de notre territoire, de notre économie, de notre patrimoine humain. Elle ne doit pas faire les bagages. Elle doit rester. »

Au cours de son intervention, Mendoras s’est référé à une réalité souvent inconnue dans les débats nationaux : la minorité musulmane de l’île représente à elle seule environ 15 % de l’activité économique du territoire insulaire. Un chiffre très au-dessus de sa part démographique, révélateur d’une forte implication dans les domaines de la consommation, du commerce, des transports, de la pêche, de l’artisanat ou de la construction.

« Ce que certains considèrent comme une minorité, je le considère comme une force. Si cette force disparaît, c’est toute l’île qui sera en voie de paupérisation économiquement, culturellement, humainement. »

Selon l’Observatoire économique insulaire, près de 1 400 entreprises aux activités diverses sont administrées ou co-administrées par des citoyens musulmans sur le territoire d’Athenastra. En zone portuaire notamment, leur présence a valeur de structure : nombre d’ateliers de réparation navale, de commerces d’import-export, de conserveries, de petites sociétés de fret maritime leur sont rattachés.

Mendoras, lui-même issu d’une famille de marins religieux de rite orthodoxe, a mis les militaires en cause dans la détérioration du climat actuel.

« Les exercices militaires ont peut-être été mal expliqués, mal encadrés. Les militaires doivent protéger, pas faire peur. Nous avons laissé les images s’installer sans s’ériger en contradicteur, ce qui a nourri les fantasmes, les peurs, les fractures. »

Il a aussi passé un message à toute la population, lui conseillant de ne pas céder aux doutes diffus et à cette espèce d’« auto-séparation » qui s’installe, lentement, depuis plusieurs semaine : dans les écoles, sur les lieux de travail, dans les administrations, peu à peu les musulmans se retirent et le vide est fort visible.

« Nous avons vécu côte à côte. Nous avons construit ensemble. La peur n’a pas sa place ici. Je demande à mes concitoyens de se tendre la main, de dialoguer, de s’unir, non de se replier. »

L’appel de Mendoras s’est répandu sur les réseaux sociaux et a gagné certains médias régionaux. Mais sera-t-il pour autant entendu ? Beaucoup dans la communauté musulmane le pensent, sceptiques, qui pensent que la parole et la volonté, si puissantes soient-elles, ne suffisent pas au regard de l’atmosphère concrète du quotidien.

Dans certains quartiers, des familles n’ont même pas vendu leur maison. Elles sont simplement parties, la nuit tombée, confiant les clefs à un voisin ou à un cousin resté sur place. Le silence, déjà, sert d’explication.
« On nous demande de rester, mais où sont les garanties ? », interroge une jeune maman croisée au port de Phyra, sa valise à la main et ses deux enfants sous le bras. « Ce n’est pas M. Mendoras qui nous fait peur. Ce sont les regards, les contrôles, les mots qu’on n’ose même plus dire. »

Les chiffres parlent maintenant d'eux-mêmes. Ce matin, la douane némédienne a communiqué un chiffre glaçant : plus de 3 000 citoyens musulmans ont quitté la région d’Athenastra en moins d’une semaine, enregistrés au départ du poste frontiere de Phylosix ou identifiés dans des convois privés à destination des churaynnes. Un chiffre qui confirme, s’il le fallait encore, que l’exode observé ces dernières semaines est désormais massif, structuré, et dépasse les simples peurs passagères.

Derrière ces chiffres, ce sont des familles entières, parfois trois générations réunies, qui empruntent ces embarcations de fortune ou prennent le ferry commercial, souvent avec pour seuls bagages le nécessaire. Les uns en règle, les autres sans traces, ou presque. Les autorités churaynnes elles-mêmes ont confirmé l’arrivée de plusieurs centaines de famille dans leurs zones de transit littoral.

En attendant, l'exode se fait sentir à Athernastos et ailleurs dans différentes grandes villes insulaires. Les classes sont fermées, les enfants absents, les prières sont suspendues dans plusieurs mosquées qui ne disposent ni de fidèles ni d’imams. La structure urbaine se modifie, de façon presque imperceptible mais définitive.

L’appel du maire, échos relayé semble-t-il, relayé applaudi par certains éditorialistes, ne suffit pas à contenir ce que plusieurs analystes némédiens qualifient « d'ampleur pour une catastrophe », séisme démographique et symbole’ même.

Pour l’heure, l’État reste silencieux. Aucune déclaration officielle n’a été émise quant à mise en place d’une possible mission d’enquête, d’une aide, d’un apaisement de la situation.


image
Haut de page