14/02/2017
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Nouvelle journée d'horreur à Codena : 16 morts, 48 blessés


Trois explosions ont retenti ce mardi dans les rues de la capitale. Si les deux premières n'ont miraculeusement pas fait de mort, la troisième, placé devant un commissariat, a tué 16 personnes et blessé des dizaines d'autres. L'attaque a été revendiquée par le groupe d'extrême droite Ordine Nazionale.
Bombe commissariat
L'explosion a soufflé la devanture du commissariat central de Codena

C'est un récapitulatif d’événement qui, malheureusement, semble bien trop familier à l'oreille de nombreux Fiumigliens. Un nouvel attentat à la bombe a frappé le cœur du pays , de nouvelles victimes innocentes ont péri pour des questions politiques que plus personne ne comprend vraiment. Le quatrième attentat meurtrier de l'année s'est donc déroulé dans le centre de Codena. Plus tôt dans la journée deux bombes ont explosé sans faire de victime, la première devant un centre public de ramassage des déchets et la deuxième devant un bar fréquenté habituellement par des étudiants, dont la terrasse était heureusement vide grâce à une météo capricieuse. Mais alors que les autorités se réjouissaient des conditions miraculeuses qui avaient empêchés que ces deux attaques n’occasionnent que quelques brulures et coupures mineures, la troisième bombe explosa devant le fronton du commissariat central alors en pleine relève de service. 13 personnes sont mortes sur le coup et 3 furent découvertes sous les débris de la façade effondrée du bâtiment. On dénombre également 48 blessés, dont 31 de blessures graves ayant parfois menée à des amputations d'urgences. Plus aucun des blessés n'est, à l'heure actuelle, en situation critique grâce à l'arrivée rapide des premiers secours qui ont, une nouvelle fois, sauvé de nombreuses vies.

Les rescapés de l'attaque du commissariat affirment avoir vu l'explosion provenir d'un van blanc, d'une marque encore inconnue, qui aurait été stationné à divers endroit dans les environs depuis quelque jours sans que personne n'y semble apporter la moindre remarque ou objection. Selon les premières analyses réalisés par la police scientifique ce serait une bombe classique utilisant des dérivés de la nitroglycérine qui aurait été utilisée une nouvelle fois dans ces attaques. Ce type de bombe, fabriqué dans des ateliers clandestins, est utilisé pour sa facilité de fabrication et d'obtention des matériaux ainsi que pour son instabilité qui réduit les chances de non-explosion de l'engin tout en garantissant une déflagration importante et violente. Le ministre de l'intérieur, Massimo Lucca, avait fait, lors de sa dernière déclaration post-attentat, de la fermeture de ces ateliers terroristes une priorité de son ministère et des renseignements inter-services. Depuis cette déclaration, seul un laboratoire de ce type, relié à une petite cellule autonome gauchiste de piètre importance, a été découvert. Ce nouvel attentat, à quelque centaines de mètres des bureaux de l'Ufficio di Sicurezza Nazionale, apparait donc comme un camouflet énorme pour Lucca dont les jours dans son siège de ministre semblent comptés, étant particulièrement critiqué, au sein même de la majorité, pour son incapacité à obtenir des résultats dans sa lutte contre les violences politiques.

Tomasso Caravella, policier rescapé de l'attaque raconte : « C'était la relève de service, donc énormément de gens étaient vers l'entrée où la bombe a explosé, il y avait de gens qui saluaient les collègues qui arrivaient tandis que d'autres rangeaient leurs affaires pour partir. Ça faisait plusieurs heures que les deux autres bombes avaient explosés et on avait pas d'autres informations donc on était certainement un peu trop détendu alors qu'on avait aucune confirmation que tous les engins avaient explosés. [...] Quand le van a explosé tout le monde a vu un flash blanc puis a ressenti une énorme onde de choc qui nous a balancé par terre, plus ou moins loin. Une des victimes qui était devant la porte a été propulsée sur une dizaine de mètres alors que tout le monde a vu le fronton s’écrouler sur ceux qui avaient pas été soufflés assez loin. Je pense que tout le monde a compris assez vite ce qui s'est passé. Notre premier réflexe ça a été de sortir tout ceux qui étaient encore en vie, on avait vraiment peur que le bâtiment s’effondre surtout quand on a vu l'état de la devanture. En tant que policiers on a tous vu des scènes d'attentats ces dernières années, mais celle-là était particulièrement dure, tout le sol était couvert de sang et on devait naviguer entre les débris en ayant peur d'écraser un survivant. C'était vraiment horrible. »

L'attaque a été revendiquée dans la soirée, à nos confrères du Corriere di Codena, via une lettre, postée la veille, par le groupe terroriste d'extrême droite Ordine Nazionale. La lettre de revendication, que nous avons pu nous consulter, évoque notamment une volonté de venger Gianni Sartori, membre du groupe abattu par la police en janvier après une course poursuite de plusieurs heures dans les rues de Modessetto. Mais des passages plus cryptiques et hermétiques évoquent, dans un langage propre à l'extrême droite mysticiste, la volonté de renverser l’État fiumiglien bourgeois et matérialiste pour faire advenir une société spirituelle dirigée par la « race aristocratique pure ». Ce discours, fortement imprégné des idéaux de l'écrivain fasciste Vittorio Rinaldi, est la justification classique d'Ordine Nazionale, une organisation qui s'était déjà fait connaitre en mars 2015 avec l’assassinat revendiqué du militant communiste Leone Castellone. Si les informations disponible publiquement sur ce groupe restent maigres, il semblerait qu'il soit une tentative de reconstitution d'une ancienne cellule terroriste d'extrême droite, baptisée médiatiquement « Grupo 4 », et dont les anciens membres avaient été arrêtés alors qu'ils préparaient un détournement d'avion en décembre 2011.

Un conseil des ministres exceptionnel se tient cette nuit, en présence du Président du Conseil mais également du Président de la République qui y a été convié par ce premier. De son coté le Parlement a tenu a faire parvenir, dans une déclaration adoptée à l'unanimité des membres présents des deux chambres, ses condoléances sincères et religieuses aux familles des victimes tout en rappelant sa détermination absolue et sans faille à faire revenir le calme dans le pays. Le Collettivo di Cittadini Contro la Violenza a lui fait parvenir un communiqué de presse séparé dans lequel le parti de Concetta Tagliapietra dénonce frontalement la complaisance, voir la sympathie, qu'entretiendrait certains partis politiques avec les mouvements terroristes responsables de tant de morts et de désolation ces dernières années. Si aucun nom n'est mentionné dans ce communiqué, c'est bien le mouvement d'extrême droite fasciste Nuova Lega qui semble être visé par le collectif citoyen fondé en 2014. Le Secrétaire Général de NL, Giacomo D'Orazio, interrogé à la sortie du QG de son parti, a affirmé « ne pas se sentir visé par ces déclarations » tout en recommandant à son interlocuteur de poser la même question aux députés communistes, dont les liens avec des mouvements terroristes, seraient eux, « tout sauf des affabulations politiciennes honteuses ».

Une messe dédiée aux victimes sera organisée dès le 27 avril à la cathédrale de Codena tandis que le maire de la ville a fait annulé, pour raison de deuil, tous les événements publics festifs pour une durée d'une semaine. Trois corps de victimes non-policières restent non-identifiés, les autorités invitent toutes les personnes ayant constaté la disparition soudaine et inexpliquée d'un de leur proche à se rendre dans leur commissariat local afin de pouvoir collecter des informations et possiblement procéder à une reconnaissance des victimes.
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En tête journal
Buli : Disparition inquiétante d'un syndicaliste de la CGFL


Cela fait désormais une semaine que les collègues et la famille de Claudio Ferri, mineur de soufre et syndicaliste influant des environs de Buli, n'ont plus de nouvelles de ce dernier. Une demande de recherche active a été demandée à la police locale mais ses proches ainsi que son syndicat dénoncent des moyens « ridicules par rapport à la gravité de la situation ».
 Claudio Ferri
Claudio Ferri est le représentant syndical CGFL de la mine publique de soufre de San Leonardo dei Miracoli, près de Buli. Il avait été au centre des manifestations pour de meilleures conditions de travail et contre la privatisation annoncée des soufrières publiques.


C'est l’inquiétude qui règne à San Leonardo dei Miracoli, petite ville de 3.500 âmes nichée à coté du volcan endormi de Tagento, depuis l'annonce de la disparition de la figure locale du syndicalisme minier, Claudio Ferri. Ce dernier avait été la figure importante des dernières manifestations de mars qui avaient suivis la mort accidentelle d'un mineur de la mine voisine de Ressetta suite à un éboulement. Au nom de la Confederazione Generale Fiumigliana del Lavoro (CGFL) il avait protesté contre des conditions de travail qu'il décrivait comme scandaleuses, les différentes coupes budgétaires qui se font souvent au dépend de la sécurité des mineurs, la corruption rampante du secteur et surtout contre le projet à peine dissimulé du gouvernement de privatiser les soufrières du sud du pays. Selon lui cet abandon étatique du secteur ne pourrait mener qu'à la ruine de la région ou à une baisse encore plus significative des conditions ouvrières. Il avait été invité sur plusieurs plateaux télé pour défendre, au nom de son syndicat, ce discours et pour faire entendre la voix des mineurs de cette région particulièrement pauvre du pays. Il était le défenseur au sein du CGFL d'une ligne contestatrice radicale qui recommandait notamment la grève de toutes les fosses d'extractions de soufre jusqu'à ce que des concessions notables soient obtenues.

Sa disparition a eu lieu le soir du 26 mai, selon sa famille, alors qu'il rentrait d'une soirée organisée chez un de ses collègues de travail. Plusieurs témoins assurent l'avoir vu prendre la direction de son domicile alors que la nuit venait à peine de tomber, de manière normale et visiblement sobre, mais les caméras de sécurité installée dans sa rue d'habitation le confirme : il n'est jamais arrivée à sa maison où l'attendait pourtant sa femme et ses enfants de 14 et 6 ans. Ses amis de travail confirment qu'il n'avait pas bu à cette soirée et les conditions météorologiques favorables ainsi que le terrain peu escarpé et facile qu'il devait emprunter semblent éjecter la piste d'un accident. Pour l'heure le bureau de la police de Ressetta, qui s'occupe de cette disparition inquiétante, refuse de communiquer de plus amples informations mais des fuites et des rumeurs semblent indiquer que ce sont les pistes de la disparition volontaire et de l'enlèvement suivie de séquestration qui sont favorisés.

Sa famille ainsi que ses compagnons syndicaux dénoncent pour leur part, dans un communiqué qu'ils nous ont fait parvenir, des moyens de recherches « ridicules par rapport à la gravité de la situation dans laquelle pourrait se trouver Claudio ». Ils déplorent notamment le refus, lors des premiers jours, du commissariat de Ressetta d'utiliser un hélicoptère pour survoler la zone de disparition, mais également l’entêtement du Ministère de l'Intérieur à conserver l'enquête dans le modeste district policier de Ressetta plutôt que de le confier au commissariat de Buli, plus important et qui dispose d'une plus grande connaissance des disparitions inquiétantes. Selon des sources locales, l'aide des carabinieri de la section de recherche aurait également été bloquée afin de ne pas diviser les centres de commandement, même s'il faudrait certainement plus y voir un nouvel épisode de la rivalité entre le Ministère de l'Intérieur et celui des Armées duquel dépend la section de recherche. La femme de Claudio Ferri, Olivia, nous a également affirmée qu'il avait déjà reçue des menaces lors du pic des protestations de mars sous forme de lettres et d'appels anonymes, il les avait alors confiées à la police dans le cadre d'une plainte contre X collective qu'il avait entamé avec différents collègues également victimes de ce type d'intimidation. Un de ses collègue, également plaintif dans cette affaire, nous affirme que ce genre de procédés est classique lors de mouvements sociaux et que personne ne se sentait véritablement en danger.

Hier matin c'est la CGFL, dans son journal hebdomadaire, qui demande à ce que de nouveaux et plus importants moyens soient déployés afin de « permettre au camarade Claudio de rentrer au plus vite auprès de sa femme, de ses enfants et de ses collègues ». Le Secrétaire Général Damiano Bernardi, qui est la plume de cet article, affirme que si des mesures ne sont pas prises dans les jours qui viennent pour mettre fin « au ballet d'incompétence auquel doivent faire face les proches de Claudio », des mesures de contestations allant de l’interruption momentanée de travail jusqu'à la grève localisée pourraient être prises pour être sûr que le « Ministère commence enfin à faire son travail ». De son coté le PCF a demandé des comptes, lors de la séance de questions au gouvernement à la Chambre des Députés, au Ministère de l'Intérieur Lucca, déjà fragilisé par le récent attentat de Codena. Ce dernier n'a pu qu'affirmer que les agents de terrains faisaient tout ce qui était dans leurs capacités pour régler cette situation, et a affirmer avoir pris contact avec la femme de Ferri pour lui assurer « de [ses] plus sincères prières et de [sa] volonté de retrouver son mari ». Cette réponse neutre, banale et visiblement mal préparée du ministre n'a pas semblé satisfaire l'opposition de gauche qui demande toujours sa démission, et ce dans une très surprenante unité connaissant les querelles qui fracturent d'habitude ce camps politique.

Un syndicaliste agricole avait déjà été enlevé puis tué l'an dernier dans le sud du pays. Il s'agissait de Giosue Basile, syndicaliste indépendant mais proche du PCF, qui avait été retrouvé ligoté sur une plage, étranglé. L'enquête avait désigné la mafia comme probable organisatrice de ce crime sans qu'aucun suspect crédible n'ait été découvert. Basile avait notamment dénoncé publiquement l'influence de familles mafieuses bugliennes dans le monde agricole, ce qui aurait été responsable de sa mort. Les syndicalistes, principalement de gauche, sont des cibles régulières de la violence politique et mafieuse. Nous ne pouvons qu'espérer que Ferri ne soit pas un nouveau Basile.

Note HRPVoir ce post pour mieux comprendre
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Politisation des tribunes : « Un phénomène hors de contrôle » selon le Ministère de l'Intérieur


Après deux mois de reprises du championnat de Calcio A un sentiment général de tension politique dans les tribunes se propages parmi les tifosi des différents clubs. Le ministère de l'Intérieur affirme dans un rapport rendu public cette semaine que la politisation des tifoserie et des différents virages, souvent en faveur d'idéologies extrêmes, serait absolument « hors de contrôle ». Les actes de violence entre supporters, parfois causés par des différents politiques, ont causé la mort d'au moins 12 individus depuis le début de l'année, dont 4 uniquement dans les premiers mois de la saison 2016/2017. Le syndicat des supporters défend le droit pour les « collectifs ultras » d'affirmer leur liberté d'expression, y compris sur le terrain politique tout en condamnant sans réserves les violences.
Supporters fachos
Supporters du SSP Codena réalisant des saluts rhémiens devant une banderole fasciste


 Le championnat de football de Fiumiglia aurait certainement espéré une meilleure reprise de compétition plutôt que les tristes et regrettables événements qui se sont déroulés ces derniers mois dans les stades et en marges des match de Calcio A. Signes politiques extrémistes, rixes mortelles, chants racistes et/ou insurrectionnels et débordements dans les tribunes; le football dans notre pays ne semble plus faire la une des journaux pour sa beauté, ses résultats ou sa passion mais bien pour sa dangerosité et sa violence. C'est le triste constat qui s'impose ces derniers mois face à une montée folle des polémiques et des faits divers entourant les équipes de football et leurs supporters. Selon la Fédération de Football Fiumiglienne (FCF), 19 actes de violences, dont 3 mortels, liés à des violences ultras et à l'hooliganisme ont été transmis depuis le début de la saison 2016/17, par cette dernière à la police afin de mener des enquêtes. Cette rapide augmentation de la violence dans le football national a poussé le Ministère de l'Intérieur à démarrer la rédaction d'un rapport dont les conclusions ont été rendu publiques il y a quelque jours. Le ministère affirme qu'une des raisons principales de cette progression continue des actes répréhensibles et dangereux et à mettre en relation avec le développement d'une véritable scène politique alternative, souvent extrême, dans les curvi des stades fiumiglien.

Le phénomène n'est pas nouveau, il est même plutôt bien documenté, on retrouve dès l'importation du beautiful game dans notre pays, l'apparition de faits politiques qui entourent le supportérisme ou la pratique du football en tant que compétition. Des luttes éthiques et syndicalistes concernant la professionnalisation des footballers, jusqu'aux luttes plus récentes s'inscrivant dans la continuité de la décennie noire, il n'est pas franchement secret ni même nouveau, que le football, et encore plus particulièrement à Fiumiglia, est politique. Cependant cette politisation restait toujours relativement secondaire et devait d'avantage être comprise comme un phénomène naturel qui se déroule de manière relativement logique quand l'on parle de regroupements de plusieurs milliers de personnes sous une même bannière avec des signes d'identifications forts et revendiqués. Mais selon Giuseppe Madelina, spécialiste des tribunes et des tifoserie, la politisation plus récente, qui est mise en avant dans le rapport du Ministère de l’Intérieur, est beaucoup plus importante et intense. Elle n'est plus une conséquence de l'organisation en groupe mais un de ses ciments. Les groupes commencent à se former et à se défaire pour des critères complétement extérieurs au sportif ou au mode de supportérisme auquel la curva se raccroche. La plupart des groupes de supporters restent cependant indépendant des organisations politiques, officielles ou non. L'autonomie vis-à-vis des groupes politiques et encore plus des partis est revendiquée, pour Madelina il faut y voir un rappel de « l'honneur ultra » et de ses codes qui se basent notamment sur l'indépendance totale des sections de supporters vis-à-vis de l'organisme des club desquels elles se rattachent et de tout organisme officiel, et tout particulièrement la police. Ainsi l'orientation politique d'une tribune est en phase de devenir aussi importante que ses couleurs, ses chants et sa force de mobilisation : c'est à dire un élément crucial à prendre en compte quand on souhaite la rejoindre mais également un de ses éléments indivisibles et uniques.

De manière globale et un peu simpliste nous pouvons dire que la politisation des tribunes s'articule autour d'idéologies extrêmes, mais de manière encore plus importante, autour d'idées révolutionnaires et anti-système. L'appartenance politique d'un groupe ne se définit souvent pas comme une appartenance franche et définie à un courant politique en particulier en fonction de ses plateformes décisionnelles ou de son programme politique. La politique des tribunes est assez peu regardante sur des sujets comme la cohérence des discours ou le réalisme des propositions, ce qui est pourtant mis-en-avant lors de discussions politiques plus classiques ayant lieu sur les canaux traditionnels, formels ou non. De manière paradoxale, quand on connait l'iconisation des légendes du ballon rond fiumiglien, les discussions et dynamiques politiques des tribunes convoquent assez peu la mobilisation de figures politique individuelles, à part pour le fascisme où l'iconisation est pratiquement thèse centrale du mouvement politique dans son ensemble, on s'y contente souvent de mobiliser des courants ou une vision idéologique que l'on prétend défendre de manière authentique. Cette défense d'idéaux vagues, souvent mal définis et qui se représentent souvent soi par opposition ou par amalgames de présupposés politiques, aux dépends des cadres, des figures et des institutions officielles, peut faire penser à la situation des ultras au sein du monde du football et de l'organisation de leur club. Ces derniers se sentent souvent comme les gardiens ou les protecteurs de l'identité de leur club, aux cotés, mais plus souvent encore au dessus, des propriétaires et des présidents officiels qui représentent le club d'un point de vu juridique. Selon Madelina, la politisation des ultras et des tribunes peut être comparée avec celle des mouvements étudiants autonomes, comme ces derniers on y retrouve une méfiance totale vis-à-vis des institutions et de leurs représentants désignés mais également un radicalisme affiché et même érigé comme pré-requis à la défense et à la mobilisation politique. Globalement l'autonomie politique, par la mobilisation dans des groupuscules politiques ou par des démarches individuelles et indépendantes semble être une forme de politisation prisée par les plus jeunes générations depuis le début de la décennie noire et la perte de confiance énorme envers la classe politique.

Le Ministère de l'Intérieur affirme de son coté que ces nouvelles pratiques partisanes dans les tribunes servent également comme lieu de recrutement pour des cellules terroristes et insurrectionnelles. Et de manière plus légère le rapport appuie notamment et longuement sur la place des tribunes comme espace de reproduction des gestes et des discours liés aux groupuscules politiques. Une bonne partie du rapport traite en effet de l'utilisation massive du signe dit du « P38 » ou également appelé affectueusement « pistolettata » dans les milieux de gauche. Ce symbole apparu dans les années 70, principalement dans les milieux étudiants, reprend la forme d'un pistolet, réalisé avec le pouce décollé de l'index et du majeur, tous les deux collés et levés en évidence. L'origine et la signification exacte du signe restent flous mais l'explication la plus crédible et partagé fait référence à l’assassinat du policier Carlo Pincerra en 1969 par un militant d'ultra-gauche, justement avec une arme P38. Une autre analyse renvoie à l’assassinat du militant fasciste Paolo Grassi en 1929, qui est devenu un élément central et une référence récurrente dans les milieux anti-fascistes. Le rapport du Ministère de l'Intérieur affirme que ce geste est un véritable « équivalent au salut rhémien/fasciste, développé dans les milieux insurrectionnels de la gauche terroriste ». Le rapporteur exprime en substance l'idée que la banalisation de ces gestes et de ces symboles dans certaines tribunes représenterait un danger d'acquisition du « pathos et du caractère représentatif de ces groupes terroristes » par des masses de supporters, souvent jeunes et influençables. Globalement le rapport liste une vingtaine de gestes, de symboles, de chorégraphies et de chants, utilisés dans les stades et qui seraient des outils de propagande indirects pour des groupes politiques dangereux, on y retrouve notamment le salut rhémien, le signe du P38, la croix celtique mais aussi certains mots présents dans les noms de groupes de supporters comme « Fedayn » qui signifie combattant d'une cause en arabe mais également « Brigate » et « Commando » . Nous diffusons ci-dessous des images d'illustrations présents dans le rapport.

P38 dans le stade de l'ASS Lupa Codena
Symbole du P38 réalisé par des jeunes hommes dans le stade de l'AS Lupa Codena

P38 AS Modesetto
Symboles du P38 réalisés par une foule d'ultras de l'ASC Modesetto

 Croix celtique San Luigi Calcio
Croix celtique réalisée par le parcage visiteur du San Luigi Calcio

Croix celtique Ellenico Ascoti
Drapeau fasciste comprenant une croix celtique dans les tribunes de l'Ellenico d'Ascoti

Si le Ministère de l'Intérieur affirme que c'est la politisation des tribunes qui est responsable de l'augmentation de la violence, l'Associazione per la Difesa dei Diritti degli Ultra (ADDU) dément ces accusations. Dans un communiqué publié ce matin l'organisation, véritable syndicat du mouvement ultra, dénonce les conclusions du rapport et accuse ce dernier d'être partisan et d'éclipser une partie importante de la situation pour la faire correspondre avec un « narratif démocrate-chrétien de suppression des voix politiques dissidentes dans le pays ». L'ADDU affirme que le gouvernement vise particulièrement le mouvement ultra et ces codes car ces derniers représentent encore des moyens d'expressions libres d'idéologies contraignantes. Le rapport s'inscrirait dans une longue démarche de stigmatisation du mouvement ultra, via les relais médiatiques du gouvernement, notamment la télévision publique, dans le but de silencier des groupes culturels et associatifs autonomes et indépendants. Si l'organisation concède des « débordements idéologiques discutables » et des « violences absolument inqualifiables », elle affirme que les enquêtes présentes dans ce rapport sont souvent bâclées et ne représentent souvent pas la vérité des conditions des stades. Ainsi le Ministère de l'Intérieur camouflerait « la violence policière régulière qui s'abat chaque week-end sur des dizaines de milliers de supporters à travers le pays ». Beaucoup d'ultras affirment en effet que la police serait souvent l'instigatrice des violences qui dégénèrent en rixes et en émeutes via des politiques de maintien de l'ordre datées, dangereuses et conflictuelles. En ce qui concerne les signes politiques l'ADDU rappelle que l'écrasante majorité des symboles présents dans le rapport sont tout à fait légaux et se retrouvent régulièrement dans des cortèges de manifestation ou dans des contextes politiques officiels, la croix celtique est ironiquement présent sur le logo officiel de Nuova Lega , force politique présente dans la Chambre des Député. Le syndicat affirme donc qu'il n'y a aucune base légale pour interdire spécifiquement aux ultras ces symboles, et que toute entrave à la liberté d'expression des tifoserie sera combattue légalement.

Le rapport est également critiqué dans la classe politique. L'opposition de gauche accuse le Ministre de l'Intérieur, Massimo Lucca d'essayer d'allumer un contre-feu alors que sa gestion calamiteuse des attentats et de la violence politique commence à inquiéter même au sein de la majorité. L'instigateur de l'attentat de Codène n'a toujours pas été arrêté, le syndicaliste Claudio Ferri est toujours porté-disparu et les critiques s’amoncellent à l'encontre du Ministre qui semble nager à contre-courant politique depuis bientôt un an. Lina Agostini, porte-parole de Difesa Proletaria dénonce sur les réseaux sociaux un rapport qui acte la volonté de « réduire aux silence les voix de la jeunesse et son envie de changement politique ». Agostini est connue pour être une supportrice assidue du Neapoli, club de sa ville natale, elle illustre ses propos par la présence dans le rapport du chant néapolitain Lamento di uno spezzato (Complainte de l'homme brisé), un chant anti-système, anti-mafia et anti-gouvernement qui raconte le quotidien d'une « génération brisée par la corruption, la violence, l'immobilisme social et la pauvreté ». Ce chant, inventé dans les stades mais repris dans les mobilisations sociales est devenue une symbole de la crise de la confiance politique qui traverse le pays et notamment ses plus jeunes générations, mais également des liens de plus en plus clairs et importants entre les tribunes et la rue.

« Je ne peux plus que me plaindre à Dieu,
lui seul comprendra ma souffrance
Dans ce pays nous ne faisons que souffrir,
nous ne demandons que la paix sociale
Dieu protège nous
Ils nous droguent de haschisch et de mensonge
Ils nous laissent brisés,
à attendre la punition du dernier jour
Des milliers d'entre nous ont été détruits,
détruits par les drogues que vous leur fournissez
Vous avez volé les richesses de notre pays,
les avez vendu à des étrangers
Vous avez détruit notre génération
Nous vous haïssons
Nous sommes prêt à la guerre
1.3.1.2
Legge di Merda »
8815
en tête Rivoluzione

« Le niveau de vie baissera encore en 2017 » annonce la Banque Centrale dans ses prévisions annuelles


Sans surprise la Banque Centrale a confirmé dans son rapport de prévision économique pour l'année 2017 que le niveau de vie des ménages fiumigliens devrait encore baisser pour la septième année consécutive. Cette déclaration intervient dans un contexte politique et économique tendu où les effets des politiques d'austérités qui touchent le pays depuis le début du siècle sont remises en question, aussi bien à gauche, qu'à droite. Ugo Pernone, responsable du pôle prévision de la Banque Centrale, et défenseur de la ligne économique la plus stricte et austère, affirme qu'il s'agit « d'une correction, par le marché, de près de 40 ans de folies économiques permises par des logiques mafieuses et corrompues dans tous les secteurs de l'économie. »
Banque Centrale Modesseto
Bureaux de la Banque Centrale de Modesseto, où se situe le pôle prévision économique

C'est une annonce qui n'arrive plus à surprendre grand monde, pour la septième année consécutive les prévisions annuelles de la Banque Centrale affirment que le niveau de vie de l'écrasante majorité des foyers continuera à baisser dans l'année qui vient. Le rapport publié dans une nonchalance habituelle n'a presque pas été repris dans les entrefilets de la presse traditionnelle et grand public, si ce n’est dans les obscures sections économiques, souvent en fin de journal, qui ne sont plus lues que par ceux « qui aiment lire des histoires tristes », pour reprendre les mots du chroniqueur Giuseppe Barola. Il faut dire que la grande majorité des Fiumigliens se sont habitués à ces annonces froides et techniques qui expliquent dans de longs paragraphes austères pourquoi et comment la situation ne s'améliore pas malgré les efforts "collectifs" consentis depuis toutes ces années. Au-delà des conséquences humaines et sociales horribles, l'austérité se sera donc marquée par un épuisement massif de l’intérêt du peuple pour son économie nationale.

Le rapport dirigé par le banquier de formation, ultra-libéral Ugo Pernone, affirme dans les détails que la hausse de la fiscalité, la stagnation, voire la baisse des salaires, la chute des exportations, la hausse des coûts d'importation, la stagnation de la productivité et les difficultés d'entrée sur le marché du travail pour les jeunes travailleurs, parmi une dizaine d'autres causes, ne permettent pas de « considérer sérieusement et empiriquement un scénario économique dans lequel le niveau de vie de la grande majorité des foyers ne continuerait pas à baisser ». Pernone, qui a pris son poste en 2014, suite au tournant libéral de la Banque Centrale imposé par les créanciers internationaux, se fait l'avocat d'une ligne d'austérité dure, sans concession, ni état d'âme social. Un temps populaire, durant les premiers mois de prise de ses fonctions, pour son côté rentre-dedans et ses critiques de la corruption ambiante du pays, sa cote de popularité frôle maintenant le néant et chacune de ses déclarations semble amplifier les critiques qui l'accusent d'être provocateur, sans cœur et vendu aux intérêts des banques étrangères. Il affirme notamment que les effets négatifs de la crise, dont il conçoit pourtant les conséquences reproductrices, comme indiqué plus haut, ne sont pas des « externalités à combattre » mais bien « [des] correction[s], par le marché, de près de 40 ans de folies économiques permises par des logiques mafieuses et corrompues dans tous les secteurs de l'économie ». Il continue en affirmant que l'économie fiumiglienne s'est « reposée pendant des décennies entières sur des chiffres bidonnés, gonflés par des activités criminelles de grande ampleur ou tout simplement inventés de toute pièce pour convenir à des discours politiques hors-sol ». Selon lui, seule une thérapie de choc, par la crise, peut permettre de faire revenir l'économie fiumiglienne à son statut naturel : « Dès que nous avons arrêté, ou du moins diminué, les malversations budgétaires permises par la corruption, notre économie a directement dévissé de plusieurs dizaines de points. La réalité est que notre pays est économiquement plus proche des pays d'Eurysie centrale ou orientale plutôt que de ceux de nos voisins. La crise est naturelle et logique après tant d'années de mensonges. Je dirais même qu'elle sera bénéfique, à moyen terme, même si je ne nie pas les difficultés qu'elle peut créer aujourd'hui ».

Pernone conférence
Ugo Pernone, responsable du pôle prévision de la Banque Centrale, lors d'une conférence économique

Ces derniers mots, prononcés dans une interview en ligne le jour de la publication du rapport, ont été ressentis comme une énième provocation de Pernone envers les personnes qui subissent de plein fouet la politique d'austérité recommandée par la Banque Centrale, c'est-à-dire la grande majorité des habitants du pays. Une enquête parlementaire commandée par le PCF révèle que, sur les deux dernières années seulement, les Fiumigliens ont perdu en moyenne 8,6 % de leurs revenus disponibles, soit plus d'un mois de salaire. Selon le camarade député Sandro Bruni, la Banque Centrale et le gouvernement se sont lancés « dans une politique d'appauvrissement intentionnelle et volontaire des classes moyennes et populaires, au profit de la classe bourgeoise internationale qui, comme un vautour, s'est donnée comme mission de désosser notre pays et notre économie ». Le PCF affirme que ce n'est pas aux prolétaires d'essuyer les conséquences des crises innées au capitalisme et des mauvaises gestions des élites nationales corrompues, mais que ce sont bien ces dernières qui doivent rendre des comptes au peuple, notamment via une mobilisation quasi complète de leur patrimoine économique et matériel dans le maintien du système social. Des voix plus contestataires affirment que la solution se trouve dans le renversement du gouvernement et la suppression pure et simple de la dette, du déficit et des obligations monétaires du pays. Le groupe communiste à la Chambre des Députés demande la mise en place d'une consultation élargie sur la doctrine économique du pays, afin de pouvoir « mettre fin une bonne fois pour toutes à la folie meurtrière de l'austérité ».

Car au-delà des discours et des affrontements politiques, nous ne devons surtout pas oublier que l'austérité est avant tout un crime, commis contre le peuple sans considération des conséquences dévastatrices que nous pouvons tous et toutes constater. Les 18-30 ans gagnent 25 % de moins que la génération précédente au même âge, les taux de chômage explosent, nous sommes revenus à des chiffres d'émigration similaires à ceux du 19ᵉ siècle et la violence politique, sociale et mentale n'a jamais été aussi claire et présente que depuis le début de la crise à la fin des années 90. L'Institut National de Statistique affirme que moins de la moitié des locataires sont capables de payer leurs loyers dans les temps, tandis que les propriétaires nationaux vendent de plus en plus à des fonds vautours étrangers qui augmentent les loyers pour tirer de l'argent facile et rapide de la situation catastrophique de notre pays. Le secteur du BTP a été l'un des premiers à s'effondrer en 1999, notamment à cause de sa proximité évidente avec la mafia. De ce fait, la construction de nouveaux logements, notamment attribuables sur critères sociaux, est quasiment au point mort depuis plus de 15 ans. Nous avons donc un parc locatif vieux, particulièrement cher, surutilisé et soumis aux volontés de fonds d'investissement peu recommandables. Selon le chercheur Armando Rossi, seuls la solidarité et les transferts intra-familiaux permettent de sauver provisoirement la situation et de garantir la propriété, ou au moins un toit, à une partie de la population, mais selon lui il est évident qu'une crise globale du logement, aux implications énormes, ne devrait pas tarder à éclater si aucune mesure d'urgence n'est prise. « Nous sommes dans une situation similaire à celle de la Révolution, les paysans sans terres sont simplement remplacés par la jeunesse de notre pays, qui ne dispose plus des capacités de se loger dignement sans le soutien de leur famille ». Il ajoute que même en dehors des conséquences politiques de ce phénomène, des réactions démographiques sont aussi à craindre : « Nous sommes historiquement un pays avec une démographie rapide, c'est ce qui nous a permis de faire face à toutes les phases d'émigration de notre histoire. Mais comment voulez-vous que notre jeunesse fonde des familles sans maison ? Je ne pense pas qu'ils arrêteront de se mettre en couple ou de faire des enfants, mais ils le feront ailleurs, à Teyla, Velsna, en Manche Silice, en Youslévie ou partout dans le monde, vraiment. À l'émigration pour cause d'emploi va s'ajouter l'émigration pour fonder une famille. [...] J'aimerais sincèrement que Pernone nous explique comment il souhaite relever le pays avec une productivité en berne et une population qui fait des enfants ailleurs. »

Nous avons rencontré Giacomo (prénom modifié) qui a fait le choix de l'émigration. Il s'est installé il y a trois mois à Manticore dans un appartement relativement cossu dans une artère commerçante de Petite-Codène, qu'il paye pourtant moins cher que le studio de 10 m² qu'il possédait à Salogne. Le jeune homme de 29 ans nous affirme qu'il ne regrette absolument pas cette décision. Il ajoute : « En tant qu'ingénieur diplômé, j'ai réussi à trouver facilement un emploi. J'ai moins de responsabilités qu'à mon ancien travail mais ma paie est quasiment doublée, avec un coût de la vie similaire. Très honnêtement, dans ce quartier, j'ai l'impression d'être à la maison, tout le monde vient de Fiumiglia, les gens parlent fortunéen, j'ai même retrouvé des cousins que j'avais perdus de vue », ajoute-t-il avec un sourire. « Je pense que l'émigration va redevenir le principal objectif des jeunes diplômés. J'ai un peu un sentiment coupable de participer au déclassement de mon pays, comme ceux qui sont partis au 19ᵉ siècle, mais honnêtement la situation n'était plus vivable pour moi. Notre pays va droit dans le mur et j'ai pas envie que tous mes efforts soient réduits en poussière à la prochaine grosse crise. [...] Puis il faut voir la vérité en face, fonder une famille au pays ça donne pas envie : l'austérité, la violence, la corruption. Je dis pas que tout est parfait ici, mais je vois personne sortir dans la rue effrayé de subir un attentat. C'est des choses normales qu'on oublie. »
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