11/05/2017
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Massacre de Fort-de-Grâce.
Blog historique - Par Julien Lacombe

Massacre de Fort-de-Grâce


Le massacre de Fort-de-Grâce se produit à Fort-de-Grâce en pleine guerre de neuf ans, lorsque des soldats de la Couronne Teylaise arrêtèrent un homme soupçonné de trafic illégal sur le port de la ville. Alors, une foule alcoolisée eut un comportement de plus en plus hostile envers la troupe teylaise, ce qui amena à des combats armés sur le port. Très vite, les combats armés se répandirent dans la ville entière et les régions environnantes, aidés par des sociétés secrètes et un réseau de résistances qui se mettaient en place depuis plusieurs décennies. Le bilan humain de cet événement est de plusieurs dizaines de morts, de blessés et de prisonniers "politiques". Lorsque les combats cessèrent, en pleine guerre de neuf ans, les indépendantistes et les loyalistes usèrent de cet événement pour y faire de la propagande, une propagande rarement vue dans les colonies teylaises jusqu'à cet événement. Les fers de lance de cette propagande sont le Souverain du Royaume de Teyla à l'époque et le marchand Étienne Marchand pour le camp dit loyaliste. Du côté des indépendantistes, l'imprimeur et membre d'une société secrète Hugo Verlène est considéré comme l'un des acteurs majeurs. Le massacre de Fort-de-Grâce est considéré dans l'imaginaire collectif comme l'élément déclencheur de la guerre d'indépendance de la Samiens. Toutefois, il est nécessaire de rappeler que les facteurs amenant à la guerre d'indépendance sont multiples.

Depuis l'année mille six cent vingt et un, la Couronne Teylaise, à travers les décrets de pureté, tente de dominer et dompter les autochtones de la Colonie de Grâce à travers l'argument moral et le servage. En outre, les décrets introduits par la Couronne Teylaise, sans consultation des seigneurs du dehors, nobles anoblis pour service rendu à la Couronne et ayant un statut moins prestigieux que les nobles de la métropole, l'interdiction du métissage entre les Teylais et les autochtones, l'interdiction de l'utilisation de la langue locale, la seule langue reconnue étant le français, l'effacement de la culture amérindienne par l'interdiction des religions amérindiennes et la destruction de nombreux artefacts considérés comme païens ou subversifs. Ces décrets surviennent après plusieurs révoltes et actes de résistance de la population locale avant les années mille six cent vingt et un. À titre de comparaison, la Colonie de Bradis ne fut sous le joug d'aucun traité de pureté pendant toute la période de colonisation du Royaume de Teyla. La Couronne Teylaise était effrayée par l'idée de perdre la Colonie de Grâce quand elle était confiante sur le fait de pouvoir maintenir le calme dans la vieille colonie, Bradis.

Ces décrets de pureté furent renforcés en mille six cent trente-trois. Le Royaume de Teyla était en pleine tourmente et interrogation sur l'état de son armée et sa capacité à maintenir une présence menaçante tant dans les colonies qu'en Eurysie, alors que la rivalité avec le Duché de Gallouèse commençait à se faire voir au grand jour, bien qu'il s'agisse d'un long processus. Outre ces considérations, la Couronne observe la Grande République de Velsna alors que cette dernière observe d'un mauvais œil le Royaume de Teyla, depuis son alliance avec la rivale historique de la Grande République, Zélandia, depuis l'année mille cinq cent quatre-vingt-quinze. Cela oblige le Royaume de Teyla à maintenir une force armée terrestre convenable et pouvant enfoncer le territoire de la Grande République en cas de conflit armé. Elle donne le pouvoir aux seigneurs du dehors de puiser dans les fonds donnés par la Couronne, qui seront en grande partie détournés par les seigneurs du dehors, pour engager des mercenaires afin d'assurer la protection des colonies et la sécurité quotidienne.

Le renforcement des décrets de pureté a des conséquences majeures. En outre, pour attirer les mercenaires dans les colonies teylaises, la Couronne exempte les compagnies de mercenaires et les hommes des règles des décrets de pureté. Ainsi, ils peuvent parler les langues locales, ne sont pas interdits de métissage. Cette décision de la Couronne a eu pour conséquence de permettre à la population, même autochtone, de s’identifier parfois davantage aux mercenaires qu’aux soldats réguliers de la Couronne. Ces derniers étaient vus comme les véritables agents de l'oppression, tandis que les mercenaires, souvent plus proches du peuple par leur langage, leurs mœurs plus souples, et occasionnellement même leurs origines mêlées, apparaissaient comme plus ouverts auprès de la population. Malgré le renouvellement des populations, la mémoire collective n'oublia jamais l'époque de l'avant-colonisation et sûrement de la mise en œuvre des décrets de pureté.

Outre ces facteurs à prendre en compte pour comprendre l'événement du massacre de Fort-de-Grâce, à l'époque les colons n'étaient pas représentés dans des parlements locaux comme c'était le cas en métropole. À l'époque, au Royaume de Teyla, et malgré le renforcement de la centralisation de l'État autour du Roi, le Parlement local rendait la justice et était une forme de représentation, très primitive et non démocratique, de la population locale et de la culture locale. Les colonies n'avaient pas droit à ce droit. Les seigneurs du dehors étaient des sortes de gouverneurs régionaux, avec des pouvoirs importants et devant répondre à la Couronne Teylaise. Lorsqu'un événement de nature à toucher toute la colonie se passait ou était sur le point de se produire, les seigneurs du dehors se réunissaient sous la Chambre des Hommes Libres de la Colonie de Grâce ou Lermandie selon la colonie touchée par le problème. Si le problème touchait plusieurs colonies, alors elles se réunissaient sous la Chambre des Territoires du Dehors.

Alors que depuis plusieurs décennies, les seigneurs du dehors de la Colonie de Grâce devenaient de plus en plus hostiles à l'interdiction du métissage, le 15 avril 1702, la Chambre des Hommes Libres de la Colonie de Grâce adopta un texte, non contraignant, affirmant l'opposition des seigneurs du dehors à certaines dispositions des décrets de pureté, contraires aux valeurs religieuses du Royaume de Teyla, dont l'interdiction du métissage. En parallèle, les marchands, confrontés à un marché parallèle et illégal de plus en plus important, commencèrent à se ranger derrière la Couronne, alors que cette dernière multipliait les mesures dans l'espoir de réduire ses réseaux parallèles construits et maintenus par les mercenaires et des soldats de Sa Majesté corrompus. La société se crispa autour de tous ses enjeux majeurs. La société secrète "Les Hommes Libres" organisa plusieurs mouvements de contestation face à l'acharnement de la Couronne Teylaise dans sa politique. En outre, au mois de juillet 1702, quelques mois après le vote de la Chambre des Hommes Libres de la Colonie de Grâce, plusieurs émeutes éclatèrent dans les villes principales de la Colonie. Les maisons de deux seigneurs du dehors, réputés comme favorables aux politiques menées par la Couronne Teylaise, furent saccagées et pillées. Les meubles, les tableaux furent pillés. L'un des deux seigneurs du dehors remit sa démission à Sa Majesté quarante-huit heures plus tard. Le temps réel était plus long, mais l'annonce fut faite dans les colonies quarante-huit heures après les émeutes.

Dans le même temps, plusieurs effigies de ces seigneurs du dehors furent maltraitées par les émeutiers. Certains les brûlaient, d'autres les pendaient à ce qu'ils trouvaient dans les rues : arbre, bâtiment public et autres endroits. Au mois de février de l'année mille sept cent trois, un pamphlet anonyme circula clandestinement dans plusieurs ports et villes de la Colonie de Grâce. Ce pamphlet intitulé "Les cris du dehors" n'atteignit jamais la Colonie de Bradis, étant donné que cette dernière évoluait dans un contexte bien différent. Ce pamphlet dénonçait les politiques coloniales et brutales de la Couronne Teylaise et du Royaume de Teyla. Le pamphlet ne visait pas uniquement la Couronne, mais le Royaume de Teyla en tant que nation, même si le concept de nation n'était pas celui de nos jours, à l'époque. Ce papier, écrit de manière artisanale, imprimé illégalement car interdit par la Couronne Teylaise et lu dans les tavernes tard le soir, remettait en cause la légitimité de la Couronne Teylaise à gouverner ces terres. Il évoquait pour la première fois le détachement du territoire du Royaume de Teyla et donc l'indépendance. Un papier qui irrita même les seigneurs du dehors, qui, même les plus réticents sur les politiques et les décrets de pureté, voulaient rester attachés à la Couronne pour les avantages qu'elle offrait. Plusieurs historiens attribu l'origine du pamphlet à Hugo Verlène mais cette thèse ne fait pas consensus.

Voulant rétablir l'ordre, alors que la situation était sur le point de dégénérer, les seigneurs du dehors de Grâce, réunis en Chambre des Hommes Libres, décidèrent de faire appel à la Couronne et à la Colonie de Bradis afin que l'ordre soit rétabli. Le général Thomas Orage débarqua dans le port de Fort-de-Grâce avec une troupe de trois mille hommes. Une présence en nombre, dans les villes de la Colonie, qui resta jusqu'à la guerre de neuf ans. En outre, à partir de cet instant, le Royaume de Teyla renforça sa présence dans la colonie pour permettre la continuité des combats dans des conditions favorables. Bien que les soldats de la Couronne Teylaise pussent travailler pour compléter leurs revenus militaires, quand ils n'étaient pas en service, les décrets de pureté s'appliquaient à eux et, depuis les événements de mille sept cent deux, les décrets de pureté, uniquement sur l'interdiction du métissage, s'appliquaient aux compagnies de mercenaires et leurs hommes. Une décision qui renforça l'injustice auprès de toutes les classes de la société, sauf les marchands qui restèrent fidèles à Sa Majesté par pur intérêt personnel.

Le massacre de Fort-de-Grâce intervient dans ce contexte toujours plus tendu. Le soldat du 44ème régiment de Sa Majesté, Hugues Capou, montait la garde sur le port civil de Fort-de-Grâce. Alors qu'il soupçonnait un homme de trafic illégal, toujours fortement puni par les autorités teylaises, Hugues Capou décida d'arrêter l'homme. Pendant l'arrestation, une foule, selon certaines sources alcoolisée, vint à la hauteur d'une troupe royale, sur le port à quelques mètres de Hugues Capou. La foule prit à partie la troupe de soldats. En outre, les rapports rapportent une foule ayant insinué qu'aucun homme d'honneur ne faisait partie du 44ème régiment, que le seigneur du dehors de Fort-de-Grâce était corrompu. Alors qu'un homme fit un mouvement interprété par les soldats comme une attaque pour saisir l'arme d'un des soldats, interprété comme une bousculade par les témoins civils au procès, la situation s'envenima. Face à la situation, Hugues Capou décida de saisir son arme à feu et tira en l’air pour disperser la foule. Mais ce geste, loin de calmer les esprits, jeta de l’huile sur le feu. Un pavé fut lancé et atterrit sur l'épaule d'un autre soldat. Ce geste fit réagir la troupe de soldats immédiatement. Elle se saisit de ses armes, mit en joue et tira sans sommation dans la foule rassemblée. L'incident s'étira entre cinq à dix minutes selon les divers témoignages.

Rien qu'avec ces tirs, la troupe fit trois morts dont un adolescent et deux blessés. À partir de cet instant, la foule se dispersa et un mouvement de panique fut enclenché. Les personnes de la foule avertirent les habitants de la ville que les troupes teylaises étaient là pour tuer les habitants et arrêtaient quiconque s'opposerait à la Couronne. Très rapidement, les combats s'étendirent. Les soldats du 44ème, retranchés dans la douane, appelèrent des renforts à coups de clairons. Une compagnie d'hommes en garnison répondit présente et, arme au poing, descendit vers le port. Toutefois, dans les rues des marchands, la compagnie tomba dans une embuscade improvisée, suite à la propagation des rumeurs de la foule du port. Les attaquants, désorganisés, jetèrent ce qu'ils pouvaient sur les soldats afin de les bloquer, tandis que d'autres habitants armés de fusils, d'explosifs improvisés, de bouteilles et autres armes précaires visaient la troupe d'une dizaine de soldats.

Les combats s'étendent rapidement dans la ville. Les habitants tentent tant bien que mal d'ériger des barricades pour bloquer les troupes de soldats dans des rues étroites ou les grands axes de la ville. Mais les tentatives sont quasiment à chaque fois vaines et n'entravent pas les actions des troupes de la Couronne Teylaise. Outre les troupes Teylaises, les mercenaires employés par le seigneur du Dehors de Fort-de-Grâce interviennent tous en faveur de la Couronne Teylaise, répondant à leur engagement financier. Ces mercenaires, ayant une discipline plus souple que les soldats teylais et souvent à cheval, arrivent à maintenir la présence et la tenue des grandes places publiques et du bâtiment de l'administration coloniale de Grâce. Dans les faubourgs du nord-ouest, la résistance est plus forte que dans le reste de la ville, due à une présence métisse plus importante. Tant les soldats de Sa Majesté que les mercenaires ont du mal à maintenir leurs positions dans ces faubourgs qui sont un véritable piège. Une vingtaine de soldats sont blessés et deux fois moins sont tués dans ces faubourgs, soit cinquante pour cent des pertes totales de l'armée teylaise durant cette journée de combat.

Les villages environnants sonnent la révolte aussi face à l'incident du port. Portés par des messages à cheval mais aussi par des habitants fuyant la ville, la nouvelle se répand à une vitesse grandissante et les récits ne sont pas toujours fidèles aux événements qui se sont passés. La rumeur d’un massacre orchestré par les troupes de Sa Majesté traverse les campagnes avec une force inédite. Dans l'un des villages, le bâtiment des percepteurs d'impôts et de taxes est pris d'assaut par une troupe d'anciens soldats de Sa Majesté, vivant dans la misère. Les anciens soldats pillent la bâtisse et finiront sur la potence après un procès bâclé dans lequel les accusés n'auront droit à aucun avocat face à leur agissement considéré comme inacceptable. À la Nouvelle-Manticore, les portraits du Seigneur du Dehors de la "région" sont saccagés et brûlés. Plusieurs effigies sont frappées par la foule qui se dispersera quelques heures plus tard après l'arrivée de la troupe teylaise.

Le général Thomas Orage entre dans la ville le lendemain de ces combats avec une troupe de mille hommes et six canons. La résistance en face était quasi nulle. Elle fut meurtrie par les longs combats de la journée précédente et permit à Orage de se targuer d'une victoire prestigieuse, alors que cette dernière fut facile, à toute évidence. Le bilan du Massacre de Fort-de-Grâce fait état de trois morts, dont un adolescent. Toutefois, le bilan étendu aux combats est plus élevé. En outre, dix-neuf soldats de Sa Majesté sont tués dans les combats et cinquante-cinq sont blessés avec des blessures plus ou moins graves. Le soldat Capou meurt d'une infection suite à une blessure due à une balle ayant atteint sa jambe. Du côté des civils, on dénombre entre quarante et soixante morts et cent à cent vingt blessés. Pour calmer les ardeurs de la foule et permettre un retour au calme afin d'éviter que les combats recommencent plus tard, Thomas Orage fait arrêter les soldats étant présents sur le port, tous sans distinction.

Ces événements ont amené à plusieurs procès, distingués en deux catégories par les historiens. La première catégorie réunit un unique procès, celui des soldats teylais présents sur le port. La seconde catégorie réunit les procès concernant les différentes insurrections et les actes menés durant ces insurrections. Au total, les historiens dénombrent plus de trente procès, un nombre relativement bas. Les procès de la deuxième catégorie furent expédiés rapidement, afin d'envoyer un message de fermeté à la population. Quant au procès sur le Massacre du port de Fort-de-Grâce, l'attente fut d'un mois, laissant le temps aux autorités de préparer les esprits et de manipuler le procès. En outre, le jury fut choisi à l'avance par la Couronne Teylaise, de manière discrète. Plusieurs échanges entre hauts dirigeants de la Colonie et de Manticore témoignent de cette manipulation. La Couronne cherchait à rester fidèle à ses soldats et à les acquitter, pensant qu'ils avaient agi de la bonne façon. Dans une lettre de l'époque, le Seigneur du Dehors, Benoît Bouchard, écrit dans une lettre destinée à la Couronne : "Le maintien de l'ordre moral et politique passe par l'acquittement des soldats de Sa Majesté, qui ont servi avec loyauté la Couronne toute leur vie."

Le procès des soldats présents sur le port de Fort-de-Grâce s’ouvrit dans la salle austère du Palais de Justice de Fort-de-Grâce. Trente-deux soldats de Sa Majesté furent assignés à comparaître, bien que les actes d'accusation aient été collectifs, évitant ainsi de personnaliser les responsabilités. Le chef d’accusation principal portait sur l'usage disproportionné de la force contre des civils non armés. Les soldats furent défendus par John Valet, un avocat ayant pris des positions pro-loyalistes publiquement. Le procureur, non choisi par la Couronne, choisit de prendre comme argument la responsabilité individuelle, que la légitime défense ne peut s'appliquer dans ce cas et que la réponse des soldats n'était pas adaptée à la situation. Tandis que John Valet tenta de transformer le procès en un procès collectif dans lequel des hommes ont fait corps pour se défendre les uns les autres, mettant en avant la morale de l'armée sur celle du peuple, et que les comportements de la foule étaient menaçants pour les soldats. "Les soldats ont répondu aux ordres", déclara John Valet, dans une note racontant le procès. Or, en réalité, aucun ordre clair n’avait été donné ce jour-là, comme le montra un rapport confidentiel du général Orage qui laissa la responsabilité des actions à mener à ses hommes. Les ordres portaient sur les objectifs du déploiement des soldats de Sa Majesté mais pas sur les moyens pour y arriver.

Sans grande surprise, le jury prononça l'acquittement, ce qui provoqua rancœur et colère dans la population locale. Plusieurs émeutes éclatèrent à la suite de ce jugement. Ce procès reste encore dans les mémoires à Samiens tant le retentissement de celui-ci est grand. Les deux camps utilisèrent cet événement à des fins de propagande, bien que les Loyalistes se fissent plus discrets. Les Graciens commencèrent à appeler cet événement "Massacre de Fort-de-Grâce" après plusieurs affiches de propagande représentant des soldats de Sa Majesté exécutant en pleine rue, à côté du port, des citoyens non armés dont des enfants.

Plus généralement, le massacre de Fort-de-Grâce aboutit quelques semaines plus tard, notamment après le procès, à la proclamation de l'indépendance envers la Couronne Teylaise, en pleine guerre de neuf ans pour le Royaume de Teyla et nombre de nations du globe. De plus en plus de colons et d'autochtones commencèrent à se méfier de la Couronne Teylaise et de ses soldats. Cet événement permit de clarifier les frontières entre les loyalistes et les indépendantistes. En outre, les loyalistes, après cet événement, prirent, pour la plupart, leurs distances avec la Couronne Teylaise, réclamant que justice soit faite. Étienne Marchand, loyaliste convaincu, resta toutefois radical dans ses positions, estimant que la Couronne Teylaise avait eu raison d'agir ainsi. En outre, les soupçons de manipulation du procès datèrent du premier jour du procès. Ce massacre ne fut que l'un des facteurs déclencheurs de la guerre d'indépendance.
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Blog de Pierre Lacombe - Comprendre le Royaume de Teyla.
Ancien Premier ministre.


Description :
Bienvenue sur mon blog personnel. Ancien Premier ministre du Royaume de Teyla de mille neuf cent quatre-vingt à mille neuf cent quatre-vingt-seize sous les couleurs de la droite, j'ai à cœur ici de vous parler du Royaume de Teyla, de sa société, de sa culture et de sa politique bien entendu. Ce blog se veut être des éditos, des tribunes pour que ma liberté puisse s'exprimer à travers ma plume et, mais aussi vous. Il se veut aussi être un lieu où la mémoire est présente et un blog pédagogique pour celles et ceux qui cherchent à comprendre le Royaume de Teyla, sa monarchie constitutionnelle, ses institutions, son économie. Le ton sera tantôt personnel, tantôt académique, mais toujours guidé par le souci de transmettre et d’éclairer. Rappelez-vous que le Royaume de Teyla est une nation et ainsi des généralités seront présentes en nombre.


L'ONDISATION DE LA SOCIÉTÉ TEYLAISE :

Le Royaume de Teyla fascine à l'étranger et répond à de nombreux fantasmes chez les observateurs étrangers les plus aguerris ou tout simplement amateurs. Le Royaume de Teyla ne connaît pas, à l’étranger, la demi-mesure, la nuance. Le Royaume et sa société sont dépeints soit comme l’Antéchrist des valeurs démocratiques et d'une société pleinement aboutie, épanouie dans un modèle démocratique, ou alors comme un modèle de réussite entière dans lequel la liberté et la démocratie façonnent une société de réussite et de grand prestige. Le débat porte aussi sur la nature de la puissance du Royaume de Teyla dans le contexte actuel. En outre, les spécialistes et géopolitologues ne sont pas d'accord sur la puissance du Royaume de Teyla. Est-il une puissance régionale, continentale ou encore mondiale ? Cette question est fondamentale pour une société et encore plus pour le Royaume de Teyla.

La question de la place du Royaume de Teyla sur le continent et dans le monde ne date pas de notre siècle, c'est une question qui revient à toutes les époques et dont la réponse diffère selon le contexte et l'administration en place à la tête de l'État ou des différentes formes de l'État teylais. Lorsque le Royaume de Teyla se lance dans la colonisation de diverses terres en Aleucie, l'administration projette le Royaume de Teyla comme une puissance mondiale, une doctrine inédite pour le Royaume de Teyla qui auparavant se contentait d'arbitrer les conflits continentaux et régionaux. La colonisation apporte une nouvelle doctrine à l'État et à ses élites, remettant en cause la vision du prestige qu'avaient les élites. Le prestige pour ces élites gouvernantes et marchandes n’était plus seulement associé à l’influence sur les chancelleries voisines, au rôle de médiateur dans les guerres continentales, ou à la stabilité dynastique. Il devint, avec la colonisation, intrinsèquement lié à l’expansion territoriale, au contrôle des routes commerciales mondiales, et à l’exploitation des ressources des terres conquises. Ces mutations, qu'on pourrait appeler sobrement un "changement de paradigme géopolitique", évolueront et gagneront la société teylaise tout au long du XVIIᵉ siècle jusqu'au déclenchement de la guerre civile teylaise, bien que le phénomène connaisse un ralentissement, une remise en cause due à la défaite durant la guerre de neuf ans.

Ce changement de paradigme, combiné à des défaites militaires importantes et à une occupation forcée d'une partie de la Colonie de Fort de Grâce par la Youslévie, annonce une lente, mais pérenne restructuration de l'État teylais. Le monarque, habituellement soumis à des jeux de pouvoir internes et locaux, cherche à centraliser l'État teylais. C'est l'objectif de tous les souverains suivants jusqu'à notre ère. Manticore, la capitale, devient très rapidement le centre du pouvoir teylais et le centre de toutes les attentions tant intérieures qu'extérieures. Le Palais Royal devient, par la force des réformes, le lieu où l'avenir du Royaume de Teyla, de sa politique, de ses actions militaires et de sa diplomatie sont discutés et tranchés (grossièrement). Le basculement du Royaume de Teyla vers un État centralisé annonce l'amorce d'un changement profond dans les institutions royales et dans la mentalité des élites. Elles ont vu sur le monde et elles pensent que le Royaume de Teyla doit obtenir une place d'arbitre des conflits, non plus sur le seul continent eurysien, mais sur les continents comptant pour le Royaume de Teyla, voire le monde. Au fil du XVIIᵉ siècle, le Roi teylais, à travers un renforcement de son pouvoir qui ne sera jamais absolu bien que la volonté fut présente, devient le représentant ultime du Royaume de Teyla sur la "scène internationale". Il devient l'homme que l'on dérange pour le continent Aleucien et autres continents.

Cette ère de la doctrine internationaliste du Royaume de Teyla s'arrête nettement en mille huit cent quarante huit avec le déclenchement de la guerre civile teylaise. La perte successive de la Colonie de Fort de Grâce, l'actuelle République Concordienne et Fédérale de Samiens, puis de la Colonie de Bradis, a créé un ralentissement de ce sentiment d'internationalisme chez les élites. Mais les élites ayant goûté à cela n'ont pas voulu abandonner la dimension internationale de la diplomatie teylaise, et plusieurs représentations, à travers des ambassadeurs, furent gardées auprès de nations étrangères. On dénombre aussi plusieurs interventions étrangères du Royaume de Teyla hors d'Eurysie, comme le démontre l'intervention du Royaume au Tuktuqivik contre Caratrad afin que le pays puisse obtenir son indépendance.

Mais la guerre civile teylaise, malgré sa dimension internationale avec l'intervention de Zélandia et d'autres nations comme l'actuelle Rimaurie, marque l'arrêt, le temps des interventions et d'une vision très internationaliste de la diplomatie teylaise. Le principal allié du Royaume de Teyla étant la Fédération de Zélandia, cette guerre civile est avant tout eurysienne, et les autres acteurs tendent à démontrer cet état de fait. Un paradoxe s'installe au Royaume. Le Royaume est trop imposant par son économie, son armée, sa démographie et même sa diplomatie, mais la guerre civile, qui dura environ vingt ans, ne put permettre au Royaume de Teyla de retrouver son statut de grande puissance. Bien que la dynastie légitime, à savoir la dynastie Courvoisier, finisse par gagner la guerre civile, le pays sort de cette guerre civile divisé, en faillite financière, dans un état déplorable, presque catastrophique.

Pour les finances du pays, le Roi Raymond VI décide de faire appel aux banques de Zélandia en échange d'un quartier teylais qui sera donné à Zélandia, une concession qui prendra fin en deux mille dix sept. À travers des réformes faites par les Premiers ministres successifs, ce problème est définitivement réglé dans les années mille neuf cent. Les maladies et le nombre de morts dus à la guerre civile, bien que de nombreux soldats étrangers périrent, ne permettent pas de retrouver une économie et une stabilité d'avant-guerre civile. Au contraire, le Roi s'efforcera durant tout le reste de son règne de mettre au pas les élites et les citoyens. Le massacre de Manticore opéré par Raymond VI, actant la quasi-fin de la guerre civile teylaise, a marqué les populations civiles qui voient en Raymond VI un roi sanguinaire et éloigné du peuple.

Pourtant, les réformes de démocratisation du pays, à travers l'instauration d'une monarchie constitutionnelle avec l'instauration d'un Parlement, prenant exemple sur les Parlements locaux, et d'un gouvernement sous la forte inspiration des conseillers du Roi, où le ministre et le Premier ministre restent nommés par le Roi, tendent à stabiliser le pays. Tout comme l'abandon de la religion d'État suite aux fortes tensions religieuses pré-guerre civile, qui seront l'une des raisons de la guerre civile. À partir de mille huit cent soixante six, les élites teylaises et la classe dirigeante cherchent la suite à donner sur la scène internationale. Le prestige d'une nation passe-t-il forcément par l'internationalisation de sa diplomatie à travers des interventions armées, une pression diplomatique, une économie mondiale, du moins commerciale ? Ou bien alors le Royaume de Teyla peut-il se passer de l'internationalisation de sa puissance économique et militaire pour avoir un prestige et une aura ?

La réponse à cette question, au cœur des préoccupations politiques et intellectuelles de la fin du XIXᵉ siècle teylais, voit deux visions s'affronter durant tout ce siècle. Tout d'abord, certains cercles royalistes conservateurs et réactionnaires souhaitent un recentrage du Royaume sur ses intérêts continentaux immédiats en diminuant, voire annulant, toutes les interventions sur d'autres continents qu'estiment ces cercles trop dangereuses et coûteuses pour la Couronne. Ces cercles conservateurs, souvent affiliés à la noblesse et à la bourgeoisie de l'Épée, furent éloignés de l'entourage des Rois durant les deux siècles derniers. La perte des colonies puis la guerre civile étaient une occasion pour ces cercles de se faire entendre auprès du Roi, sans subir la censure. La libéralisation du pays après la guerre civile par Sa Majesté Raymond VI, notamment la libéralisation de la presse, permit à ces cercles de trouver une parole qui porta plus loin que celle du Roi. Ils n'atteignirent plus uniquement le roi, mais toute une élite, des classes sociales entières. L'autre vision, portée par la bourgeoisie de Robe et les intellectuels, considère que le maintien d'une force de projection militaire est nécessaire pour le prestige du Royaume de Teyla. Mais plus encore, elle estime qu'il est le rôle du nouveau régime politique, à savoir la monarchie constitutionnelle, de s'intéresser aux affaires mondiales, pour légitimer le nouveau régime auprès des nations étrangères. Un débat est d'ailleurs frappant. Ci-dessous la transcription d'un débat à l'Assemblée nationale en mille huit cent soixante-dix, soit quatre ans après la fin de la guerre civile teylaise :


Député Lavoile : Honorables députés, vous savez que la question n'est pas là. Elle est plus importante, plus grande que cela. Il ne s'agit pas uniquement de savoir combien de temps nous mettrons pour rebâtir une armée royale, combien de temps nous mettrons à rebâtir une flotte ou encore combien de temps nous retrouverons des finances convenables, une population travailleuse. Il s'agit de savoir si le Royaume de Teyla, pour le prochain siècle et la fin de celui-ci, décidera de l'avenir du monde ou se contentera de l'avenir d'un continent dans lequel la guerre y est déjà bien installée. Je souhaite exprimer ma stupeur quant à la vision que certains ont de notre puissance. Sans remettre en cause le destin du Royaume de Teyla, la grandeur passée de notre nation et notre grandeur actuelle, le Royaume de Teyla est aujourd'hui investi d'une mission de grandeur.

Les valeurs que nous avons choisi de défendre depuis les divisions qui nous ont traversés sont bien plus que les valeurs du Royaume de Teyla. Elles sont issues d'une conception universaliste de la société. Les droits gagnés par nous durant ces années de combats ne sont pas uniquement pour les Teylais, les étrangers qui le temps d'une nuit se reposent dans notre royaume pour repartir avec des biens commerciaux. Honorables députés, quand je demande le temps que cela nous prendra de reconstruire une flotte, une armée, ce n'est pas pour envahir des peuples innocents mais bel et bien pour nous défendre de ces nations, de ces oppresseurs qui demandent la chute de la monarchie pour rétablir une monarchie absolue. Il est du devoir, en tant que député, de veiller avec la plus scrupuleuse attention, non seulement à la sauvegarde de nos frontières, mais aussi à la préservation de cet esprit qui fait de Teyla une nation à part, un flambeau pour la liberté, la défense du peuple, un pays dans lequel la servitude est combattue.

Ma volonté de vouloir reconstruire une flotte, une armée et une nation forte n'est pas celle d'un orgueil mal placé, d'un sentiment de puissance mal placé, mais une nécessité impérieuse pour la défense de notre nation face à ces ennemis et ces adversaires tant idéologiques que militaires, et souvent les deux s'entrecroisent. Si Teyla ne renforce pas sa puissance, met fin à ses alliances, notamment avec la Fédération de Zélandia, alors nous verrons ces nations entreprendre des actions militaires hostiles à notre encontre et nous verrons nos frontières traversées par des armées hostiles qui auront pactisé avec les cercles les plus conservateurs de Teyla pour assurer leur retour au pouvoir. Le Premier ministre, Opinion De Tour, ne se bat pas uniquement contre des ennemis extérieurs mais aussi contre des ennemis intérieurs. Ces nostalgiques d'un temps révolu espèrent que des nations extérieures feront ce que le peuple ne veut pas, le retour d'un pouvoir dans les mains d'un seul être au nom de dieu. Alors que le seul pouvoir légitime est celui qui est pour le peuple.

La mission du Royaume de Teyla en cette fin de siècle et le siècle à venir est celle de la puissance retrouvée pour que ces peuples qui aspirent à la liberté trouvent un modèle sur lequel s'appuyer pour argumenter en faveur de la liberté et contre le despotisme. Que les peuples sous le joug de ces tyrans puissent se tourner vers le Royaume de Teyla, pour qu'on retrouve notre grandeur mais aussi qu'on réponde à nos valeurs. Je l'ai dit, qu'ils y voient un modèle pour les hommes libres, une terre de droit et de devoir pour les citoyens. Cela passe par la sagesse de nos lois, de nos budgets, de nos investissements dans l'armée, la flotte, l'économie.

Député Oura : Honorables Députés, alors que j'ai écouté le discours sincère, je le crois, de l'Honorable député Lavoile, je n'oublie pas, malgré son éloquence sans pareille, qu'il cache ou transforme la réalité et les conséquences des politiques menées par le Royaume de Teyla ces dernières décennies. Est-ce la faute de nos rois ? À l'évidence non, Sa Majesté, guidée par Dieu, tend toujours à prendre de bonnes décisions pour son peuple et son royaume. Mais je le dis, avec toute ma loyauté et ma vie acquise à la Couronne, fussent-ils les plus éclairés, ce sont aussi des hommes, et comme tels, sujets à l'influence de leur entourage, de ces conseillers, de ces ministres qui, pour diverses raisons et parfois des desseins personnels, hélas, ont conduit la politique royale vers de mauvais chemins.

Les desseins personnels de ces hommes ont conduit le Royaume de Teyla dans l'erreur. Notre malheur actuel ne vient pas des décisions d'une année, mais bien de décisions antérieures à notre naissance parfois. Dans une quête de prestige contraire aux valeurs religieuses de l'époque, ces conseillers, ces ministres parfois avides d'un pouvoir que seul un Roi, dont la sagesse émane de Dieu, pouvait porter, ont engagé le Royaume de Teyla dans une quête de prestige, de grandeur, qui n'est pas à saluer mais à critiquer. On ne devient pas une nation dont la grandeur éclaire les âmes égarées et les nations douteuses par la recherche d'une gloire, mais par la construction de fondations pieuses. Ces bourgeois entourant le Roi, s'emparant du pouvoir, n'ont pas recherché cela, ils ont recherché l'enrichissement personnel, la construction de leur influence sur les puissants, les élites, le contrôle de ces élites et de ces puissants. Ils ont ôté toutes les valeurs morales et parfois religieuses qui constituaient le socle commun de notre nation, de notre Royaume. Les raisons de la guerre civile ne sont pas à aller chercher plus profondément.

Alors, quand j'entends le discours de l'honorable député Lavoile, je me demande s'il a appris de notre histoire, l'Histoire, et de nos propres erreurs. Il nous parle de valeurs de liberté et j'en passe. Mais, Honorable député Lavoile, je n'oublie pas que ce sont les gens qui apportent ces valeurs, soi-disant bénéfiques pour le Royaume, qui ont entamé la chute du Royaume de Teyla. Le pouvoir n'est pas "Pour le peuple" comme le disait l'honorable député, mais il émane de Dieu. Ce pouvoir, que vous le vouliez ou non, est incarné par Sa Majesté, seul être capable d'incarner la volonté divine et l'unité pour notre nation, pour notre Royaume. La Noblesse de Robe ou Bourgeoisie de Robe a détourné le Roi de son pouvoir, de ses missions. Rappelez-vous de notre puissance, lorsque le Roi répondait sans interférence à la volonté de Dieu. Nous avons établi des terres dans des continents étrangers, nous avons bâti une armée si puissante qu'elle était crainte des plus puissantes créatures de notre monde. Notre flotte, pas la plus puissante du monde, mais additionnée à la flotte zélandienne, parcourait les flots, les mers, les océans, sans crainte. Elle aurait pu battre toutes les flottes réunies grâce à nos valeurs morales et le sens de l'épée. Nul noble n'aurait reculé devant une armée ennemie, si puissante fût-elle. Je ne connais aucun député, si honorable soit-il, qui est prêt à battre le fer face à un adversaire, même si nous étions dix fois plus puissants.

Le véritable prestige du Royaume de Teyla n'est pas d'aller vagabonder à travers le monde, sous le prétexte que vous n'assumez pas l'impérialisme. Libérer des peuples qui n'ont pas sollicité le Royaume de Teyla n'est pas une libération, Honorable député Lavoile, mais bien une occupation, une invasion. Il est étrange, par ailleurs, que votre robe ne vous l'ait point indiqué, peut-être un oubli de votre part. Mais je crois que cet oubli était volontaire de votre part. Le véritable prestige se trouve ici, au Royaume de Teyla et en Eurysie, terre légitime du Royaume de Teyla. Le Royaume de Teyla a toujours été puissant en concentrant ses forces, sa diplomatie et son économie en Eurysie. Le Royaume de Teyla n'a jamais été plus fort, plus respecté, plus prospère que lorsque le regard de ses Souverains se portait sur nos frontières naturelles, le maintien d'un équilibre des forces en Eurysie. Le fait que nous n'avons jamais été une nation maritime devrait tous nous éclairer.

Oui, nous devons reconstruire une flotte, une économie et une armée, Honorables Députés, mais pas pour libérer des peuples qui ne l'ont pas demandé, mais pour retrouver notre vocation primaire en Eurysie. Celle d'une puissance d'équilibre et stabilisatrice. Nous avons vu les échecs quand nous avons voulu planter notre drapeau tant en Aleucie qu'ailleurs. Nous avions des colonies, que nous avons perdues, et nous sommes moqués par nos ennemis pour cela. Ce n'est pas notre faiblesse actuelle qui fait rire nos ennemis, mais nos actes passés, nos défaites antérieures. Ils ont vu une nation puissante s'effondrer et s'engager dans une terrible guerre civile qui a duré vingt longues années.


Le débat passionné entre deux contemporains de leur époque montre les courants et leurs évolutions concernant la place du Royaume de Teyla en Eurysie et plus globalement dans le monde. Ici, dans le discours retranscrit, ce ne sont que deux visions différentes, sans nuance, alors que des courants différents avec des nuances existent. Mais signe du bipartisme traditionnel teylais, les deux courants que je viens de décrire puis de retranscrire étaient de fait les seuls principaux courants au sein de la politique teylaise, traitant du Royaume de Teyla et de sa place. D'un côté, la vision internationaliste de Lavoile, héritière de la bourgeoisie de robe et des intellectuels, s'inscrivait dans une logique de légitimation de la monarchie constitutionnelle, un régime politique qui n'avait que quatre ans et était donc fragile. Cette légitimation passait par la transmission de valeurs jugées universelles et donc que le Royaume de Teyla ne devait pas cantonner au continent Eurysien. De l'autre côté, la vision continentaliste, qu'on peut appeler réactionnaire ici, héritière de la noblesse de l'épée et de la monarchie absolue avant les années mille six cent cinquante. Bien que le courant continue de survivre à travers les cercles conservateurs au sein du Royaume de Teyla, avec un regain de puissance durant la guerre de neuf ans.

Ce débat de l'époque fut tranché par le choix d'une internationalisation, mais ce n'était pas si clair dans la réalité des faits avant plusieurs décennies. Les années après la guerre civile furent des années de consolidation du pouvoir interne à travers la démocratisation du régime et sa légitimation auprès du peuple, le "Pour le Peuple" du député Lavoile, qui deviendra au siècle prochain un fervent Premier ministre de Sa Majesté. La consolidation du régime passe aussi par la reconstruction d'une économie, une stabilisation sociale, à travers la mise en place d'une politique avant-gardiste sur le plan social, bien que très limitée. En outre, la politique sociale de l'époque, soutenue par tous les courants politiques à l'Assemblée nationale, avait pour objectif d'apaiser les tensions post-guerre civile. La naissance de l'hygiénisme teylais commence ici pour beaucoup. Sous le mandat du Premier ministre Opinion de Tour, le Royaume de Teyla mit en place les premières lois d'urbanisme et d'hygiénisme à l'échelle de Manticore puis du Royaume de Teyla. La charité était encouragée par le Gouvernement de Sa Majesté. Les orphelinats, les hôpitaux, des lieux accueillant les blessés de la guerre civile furent ouverts partout au Royaume de Teyla.

Durant toute cette période dite de consolidation, qui dura environ trente à quarante années selon les historiens, les interventions à l'étranger teylaises, y compris sur le continent eurysien, peuvent se compter sur les doigts d'une main. Le Royaume de Teyla se contente d'envoyer un corps expéditionnaire quand cela est possible, mais toujours avec l'aide d'alliés ayant une flotte, sauf si la nation se trouve aux frontières du Royaume de Teyla. Mais dans ces cas, le Royaume de Teyla recule devant toute aide, tout corps expéditionnaire. La reconstruction d'une armée et d'une flotte se fait lentement, malgré les appels des uns et des autres à aller plus vite, comme le démontre la lettre adressée par le député Marchand au Premier ministre de Sa Majesté en mille huit cent soixante-douze.


Honorable Premier ministre de Sa Majesté,

Je vous écris ces mots dans l'espoir d'être entendu, tout en sachant la tâche ardue que vous accomplissez depuis deux années. En écrivant cette lettre sur ce que je considère comme l'un des échecs de ce gouvernement, je ne suis pas aveugle concernant les réussites de ce dernier. Le Royaume de Teyla, bien que nous échouions à la rendre républicaine malgré notre pleine envie, se reconstruit petit à petit à travers plusieurs domaines. Je tenais à vous communiquer ma joie quant à la solidification de la fin du despotisme et de la monarchie absolue. La monarchie constitutionnelle semble être actée par une majorité de citoyens mais aussi de députés. Certes, les cercles conservateurs et réactionnaires complotent toujours pour réinstaller la monarchie absolue, mais ces derniers ne sont plus que la lente fin d'une puissance d'antan et d'une époque révolue. Nos idéaux ont investi, avec souvent bien du courage de notre part, les institutions en place et nous permettent d'avancer notre projet.

Manticore se transforme sous les travaux publics que vous avez engagés, encourageant une politique hygiéniste. Je ne doute pas de la réussite future et totale de cette politique à l'avenir, Votre Excellence. Néanmoins, tous les domaines n'ont pas connu une telle réussite. Je m'inquiète de voir, alors que les menaces planent sur le Royaume de Teyla, un tel retard sur nos objectifs militaires, que cela soit sur la marine ou terrestre. Nous avons une vision grande pour le Royaume de Teyla et nous pensons que nos desseins ne doivent être arrêtés ni par les mers ni par les océans. Les défis au-delà de nos frontières méritent notre exigence, notre travail quotidien et plus encore l'union de la nation. Nous nous attelons chaque jour à cette union, mais à quoi sert l'union si la force armée et publique ne peut la défendre sur le champ de bataille ?

Les rapports qui me parviennent, et que je ne doute pas que Votre Excellence connaisse également, rapportent une course à l'armement des puissances régionales mais aussi mondiales. Le Royaume de Teyla, dans ce contexte, se doit d'obtenir les moyens nécessaires à sa défense de ses frontières. Je ne vous adresse pas cette lettre pour vous sermonner, mais je vous écris par crainte de l'avenir. Que ferons-nous si, demain, une armée étrangère foule notre sol ? Si une flotte bloque nos ports ? Le Royaume de Teyla ne peut se reposer éternellement sur ses alliés, si fidèles soient-ils. Ces alliés, dont nous faisons tout diplomatiquement pour maintenir les alliances, ne seront pas toujours au chevet du Royaume de Teyla. Ils suivront leurs propres destins et desseins à un moment donné, si ce n'est pas déjà le cas.

Si nous voulons que la monarchie constitutionnelle de Teyla soit reconnue et respectée, non pas seulement par ses voisins immédiats, mais par le monde entier, il nous faut être en mesure d'agir, de protéger nos intérêts commerciaux, de soutenir des rois, des nations. La diplomatie peut être utile, mais peut-elle tout ? Quand nous nous sommes lancés dans la quête d'un idéal, nous avons répondu par la négative à cette question. Est-ce toujours le cas ? Bien que je reconnaisse les efforts du gouvernement de Sa Majesté, je doute que ce soit toujours la réponse qui serait donnée par Votre Excellence, tant nos efforts semblent nuls comparés aux puissances dont nous devons nous comparer. Le Royaume de Teyla, de par son histoire, ne saurait être relégué au titre des puissances secondaires ou mineures au devant des puissances actuelles. Nous avons vocation à être une puissance, si ce n'est mondiale, une puissance régionale.

En concertation avec les honorables députés, Votre Excellence, je ne peux que vous encourager à aller vers une politique de défense plus agressive. Que la volonté populaire guide nos actions et notre nation.


Cette lettre d'un député républicain est intéressante en plusieurs points. Bien que ce n'est pas notre sujet du jour, le député, dans sa lettre destinée à un Premier ministre républicain, acte la fin de la recherche de transformation du régime en un régime républicain, du moins l'impossibilité de cet objectif dans la configuration et le contexte de l'époque. Le gouvernement de Sa Majesté, le plus républicain qu'il ait jamais existé, se transforme petit à petit en une force politique de plus en plus acceptée par les diverses forces monarchistes. Les valeurs transmises par les républicains aux monarchistes sont importantes tout au long de la fin de ce siècle. Les monarchistes se sont réapproprié avec force et habileté ces valeurs, commençant par faire baisser l'attrait des républicains, avec une monarchie qui se reconstruisait petit à petit après la guerre civile. La reconstruction de la nation par des forces républicaines a tué les possibilités d'un régime républicain. Parmi les valeurs que se transmettaient entre eux les deux camps, il y eut d'abord la souveraineté nationale et la volonté populaire, mais aussi la grandeur d'une nation, celle du Royaume de Teyla. Les élites étaient persuadées de la puissance du Royaume de Teyla passé et de son potentiel pour l'avenir. Elles observaient ces puissances s'armer par inquiétude mais aussi par jalousie et envie. Si le Royaume de Teyla avait eu les moyens, alors il se serait armé aussi bien économiquement, diplomatiquement que militairement.

Le contrat social teylais actuel entame sa construction à cette époque, émanant d'une volonté commune républicaine et monarchiste. C'est la synthèse de la grandeur du Royaume de Teyla qui fut la politique officielle de nombreux gouvernements de Sa Majesté durant la fin du XIXe et le XXe siècle. Le Royaume de Teyla était une nation coloniale, elle ne l'est plus et n'a plus de colonie. Les élites et la classe dirigeante avaient observé l'échec et les revers de cette politique coloniale, bien qu'elle lui donna, fut un temps, une dimension mondiale et non plus seulement eurysienne. Alors, la grandeur et l'internationalisme de la diplomatie, définitivement adoptés, ne se cherchaient plus dans l'expansion territoriale mais dans l'influence morale, économique et diplomatique. La force armée servirait à défendre le Royaume de Teyla contre ceux qui veulent lui retirer ses valeurs et ceux qui veulent annuler le contrat social dans sa globalité. Le gouvernement de Sa Majesté et Sa Majesté étaient vus comme ceux qui devaient défendre ce contrat social. C'est pourquoi le chef de l'État (Sa Majesté) et le chef du gouvernement (le Premier ministre) ont le statut de chefs des armées, tous les deux en même temps. Cette bizarrerie date de cette époque. Pour assurer la survie du contrat social en cas d'action de l'ennemi de l'intérieur et si l'une des deux têtes majeures de l'État central se révélait ne plus être une défenseure de ce contrat social et qu'il était menacé militairement, alors l'État central avait les moyens légaux de déployer l'armée. Une chose que nous observerons en mille huit cent quarante-huit.

Toujours sur le plan international, l'entrée du Royaume de Teyla dans une alliance mondiale au début du vingtième siècle, puis son entrée et sa participation à la guerre de Brod Flor, marquent un tournant. Le Royaume de Teyla avait retrouvé de la puissance et il voulait le montrer afin que le monde n'oublie pas que le Royaume de Teyla est tourné vers le monde et n'est pas une nation isolée diplomatiquement. Plus encore, les élites poussèrent à cette guerre, dans leur majorité. Mais attention, il ne faut pas croire que ce n'était pas sans débat, sans contestation. Les contestations à l'entrée en guerre furent grandes, et elles résonnaient avec les arguments autrefois avancés par le député Oura et ses héritiers. Pour cette frange de la classe politique et de l'opinion, le Royaume de Teyla risquait de se détourner à nouveau de sa vocation eurysienne, de gaspiller des ressources précieuses et des vies humaines pour des conflits lointains dont les enjeux n'affectaient pas directement la sécurité de ses frontières ou l'équilibre continental. N'est-ce pas une politique impérialiste menée par le Royaume de Teyla, sous couvert de valeurs universelles ? demandèrent les opposants à l'entrée en guerre. Le mouvement pacifiste, jusqu'ici peu présent, au Royaume de Teyla.

Le gouvernement de Sa Majesté justifia l'entrée en guerre par la nécessité impérieuse pour le Royaume de Teyla de défendre les valeurs qu'ils prônent lorsqu'elles sont menacées à l'étranger. Pour le Premier ministre et les ministres qui l'entouraient, l'équilibre en Eurysie et dans le monde devait être préservé ; cette guerre déclenchée pouvait faire dangereusement basculer la balance d'un côté. Tout comme on retrouve des éléments d'un discours des cercles conservateurs de l'année mille huit cent soixante-dix, on retrouve des éléments d'un discours progressiste dans les années mille huit cent soixante-dix quant à la justification de cette guerre. Ce n'est pas un hasard si le Royaume de Teyla participera à une multitude de conflits après cette guerre et ce jusqu'aux années quatre-vingt-dix.

Viennent les années deux mille et la création, au début de l'année deux mille douze, de l'Organisation des Nations Démocratiques. Le début des années deux mille est une période charnière pour la diplomatie mondiale. En outre, on observa la création de multiples pôles diplomatiques qui se regroupèrent dans des organisations internationales. La forme de ces organisations internationales variait selon l'idéologie prédominante dans l'organisation. Ce schéma est toujours le fonctionnement actuel de la diplomatie internationale et cela s'est même intensifié ces dernières années. Je crois qu'il s'agit là d'une conséquence de l'Organisation des Nations Démocratiques, une nouvelle organisation qui a démontré son utilité et son efficacité. Les gouvernements de Sa Majesté observent l'évolution de la pratique de la diplomatie. La réaction des élites et des gouvernements fut différente face à cette évolution.

Pour le gouvernement de Sa Majesté dirigé par Florence Gaillard, héritier du courant internationaliste de Lavoile et d'Opinion de Tour, la polarisation du monde et donc sa fragmentation fragilisaient le fragile équilibre et la fragile stabilité mondiale. C'était un constat brutal, qui traversa tous les partis teylais : les valeurs universelles que voulait défendre le Royaume de Teyla n'étaient plus défendables avec la même force. Plus encore, certains remirent en cause le concept de valeurs universelles face à cette fragmentation. Pour le gouvernement de Sa Majesté, le Royaume de Teyla devait s'assurer de sa puissance dans tous les domaines face à cette nouvelle donne. Les royalistes, mon camp politique afin d'être franc, eurent une réponse intéressante à mes yeux. Ils reprirent le concept d'arbitre eurysien des conservateurs de mille huit cent soixante-dix, tout en l'adaptant au contexte actuel. En outre, le Royaume de Teyla devait maintenir l'équilibre entre les blocs afin d'éviter des conflits et un chaos généralisé à travers le monde, tout en défendant les valeurs du Royaume de Teyla à travers le monde. Certains y voient un paradoxe, moi j'y observe l'honneur du Royaume de Teyla.

Le Royaume de Teyla devait, selon les royalistes, maintenir un dialogue constant avec tous les pôles diplomatiques et toutes les nations à travers le monde. Il ne saurait être un arbitre juste s'il ne parlait pas avec toutes les nations, même celles dont les régimes étaient fondamentalement différents. Cette doctrine reconnaissait la complexification du monde qui était en train de se mettre en place. De plus, le maintien d'un dialogue diplomatique avec les rivaux, les adversaires et les ennemis du Royaume de Teyla était un élément essentiel pour prévenir tout conflit et éviter toute méprise. La diplomatie du Royaume de Teyla, selon les royalistes, devait reposer sur une diplomatie universaliste dans laquelle le dialogue était conservé avec toutes les parties, afin de faire avancer les pions du Royaume de Teyla sur l'échiquier mondial.

Toutefois, le dialogue avec tous subissait des exceptions concrètes. Le Royaume de Teyla ne pouvait être un arbitre, et donc une partie prenante, d'un régime fasciste, d'un État génocidaire, ou de toute nation qui niait les valeurs fondamentales et les principes démocratiques sans qu'aucune concession ou volonté de réforme ne soit démontrée. Le prestige du Royaume de Teyla réside, selon les royalistes et désormais le mouvement royaliste et d'union, dans sa capacité à concilier, à mettre l'idéologie de côté afin de parler avec les divers courants idéologiques et pôles diplomatiques tout en maintenant dans sa diplomatie ses valeurs fondamentales, partie prenante du contrat social teylais. De mon œil observateur, Pierre Lore est l'ultime représentant de cette doctrine diplomatique teylaise. Il est allé négocier avec le Saint Empire de Karty des réformes démocratiques, prouvant la capacité réelle du Royaume de Teyla à parler avec tous, tant que des concessions sont montrées. La récente rencontre entre des officiels estaliens et teylais est là aussi une preuve, tout comme les tentatives diplomatiques teylaises afin de résoudre les différends avec la Loduarie communiste de manière diplomatique et non militaire.

Lorsque le parti Les Royalistes, au pouvoir en deux mille onze, bien qu'ayant qu'une majorité relative à l'Assemblée nationale, décida de lancer les consultations pour la création d'une organisation internationale, la future Organisation des Nations Démocratiques, ce n'était que la suite logique de la doctrine royaliste mais aussi le second point de cette doctrine. Il ne suffisait pas de parler avec tous ; si nous en avions les capacités, le Royaume de Teyla devait participer activement à l'un de ces pôles. Il était clairement identifié chez les acteurs politiques qu'il était plus facile d'être entendu si nous avions la puissance et l'aura qui suivent. Le Royaume de Teyla n'avait rien de tout cela d'un point de vue militaire et de la force brute, à l'époque de la création de l'Organisation des Nations Démocratiques. Toutes les nations n'ont pas pris en compte la dimension de cette organisation internationale, bien souvent incomprise et raillée, parfois de manière injuste et parfois de manière pertinente. Elle permit aux nations membres, au nombre de sept à l'époque, de construire un bloc économique, diplomatique et militaire important.

Le Royaume de Teyla n'aurait jamais eu autant d'influence diplomatique sans l'Organisation des Nations Démocratiques. Cette affirmation est valable sur tous les sujets et avec toutes les nations membres. Le Royaume de Teyla, désormais cinquième puissance mondiale, bientôt quatrième, pourrait quitter cette organisation tout en gardant une certaine influence sur les affaires du monde, mais personne ne souhaite cela. Les élites teylaises ont bien compris la puissance de cette organisation et elles ont compris que cette organisation permettait au Royaume de Teyla de maintenir sa volonté diplomatique internationaliste. Les affaires du monde ne peuvent échapper à l'influence du Royaume de Teyla, une situation que souhaitaient les élites teylaises depuis la fin de la guerre civile teylaise. Pour le Royaume de Teyla, cette organisation est devenue au fil des années le prolongement naturel de la doctrine diplomatique et de son évolution de plusieurs siècles, que j'ai décrite précédemment. Elle a permis à Teyla de mener des opérations de maintien de la paix, de coordonner des réponses humanitaires et de faire pression diplomatiquement sur des régimes autocratiques sans avoir à déployer la force militaire, sans user de la force brute, car quand on parle au Royaume de Teyla, on parle à l'Organisation des Nations Démocratiques indirectement, tant les liens entre les membres sont indéfectibles.

De plus, cette organisation n'offre pas qu'un prestige à la diplomatie teylaise. Elle offre des garanties de sécurité sans commune mesure grâce à son article cinq. Il est vrai que le Royaume de Teyla a toujours privilégié les alliances bilatérales, en dehors d'une organisation internationale. Mais face à l'évolution du monde, le Royaume de Teyla a su mettre sa tradition de côté pour revoir ses plans. La défense du Royaume de Teyla a su trouver un équilibre. Elle repose à la fois sur cette organisation mais aussi sur des traités bilatéraux. Par sa position centrale au sein de l'Organisation des Nations Démocratiques, il est certain qu'en cas d'attaque armée contre le Royaume de Teyla, les membres suivront sans discuter l'article cinq, et outre les membres de cette organisation sont d'accord sur la nécessité de se défendre les uns et les autres en cas d'attaque pour assurer leur sécurité.

J'ai expliqué la longue évolution de la stature diplomatique teylaise afin d'expliquer pourquoi l'Organisation des Nations Démocratiques est légitime auprès des élites teylaises et n'est pas remise en cause par celles-ci en très grande majorité. Mais cela n'explique pas pourquoi cette organisation est très appréciée par la société civile. Cette adhésion de la société civile s'explique à travers plusieurs facteurs d'importance. Tout d'abord, les actions de la Loduarie communiste demeurent à ce jour l'une des principales raisons. Par ailleurs, j'estime que c'est la principale raison, bien que cette vision soit remise en cause. En outre, depuis l'année deux mille onze, la Loduarie communiste n'a eu de cesse de mener une politique agressive à l'encontre de son voisin, le Royaume de Teyla. Malgré les multiples tentatives de dialogue engagées par les acteurs teylais, la Loduarie communiste s'est toujours montrée ferme et inflexible quant à sa politique, même lorsque le Royaume de Teyla fut membre de l'Organisation des Nations Démocratiques.

L'Organisation des Nations Démocratiques n'aurait malgré tout pas eu cette légitimité si elle n'avait pas agi, malgré les actes de la Loduarie communiste. La Loduarie communiste n'est qu'un des facteurs. L'Organisation des Nations Démocratiques n'a pas fait que soutenir le Royaume de Teyla à travers les mots, mais bel et bien à travers des actes. En outre, le déploiement de forces étrangères au Royaume de Teyla, afin de prévenir toute invasion du Royaume de Teyla par la Loduarie communiste, fait partie de cette liste d'actions, tout comme les blocus de la Manche Blanche à la flotte loduarienne. L'organisation a su démontrer que les traités sont suivis par des actes afin qu'ils soient respectés. La population a vu dans l'Organisation des Nations Démocratiques une réponse pertinente aux actions de la Loduarie communiste. Avant la chute de la Loduarie communiste, la population était même plus belliqueuse et agressive que l'organisation face aux actions de la Loduarie communiste.

L'organisation prône et partage les mêmes valeurs fondamentales que la population teylaise. Les nations de cette organisation sont toutes des démocraties libérales et la plupart de celles-ci sont des monarchies constitutionnelles comme le Royaume de Teyla. Les valeurs partagées sont fortes et importantes en nombre. L'Organisation des Nations Démocratiques ne peut être une organisation temporaire, selon les circonstances. Les valeurs partagées et le chemin parcouru face aux mêmes ennemis sont présents dans l'esprit des Teylais, qui veulent continuer la suite de l'histoire avec ces nations. Mais bien plus, oui, l'Organisation des Nations Démocratiques amoindrit notre souveraineté nationale, mais elle est contrôlée. Mais les principes guidant l'organisation sont les mêmes que ceux qui portent l'opinion publique teylaise, ainsi la majorité des Teylais ne voient pas une remise en cause alarmante de la souveraineté nationale, un choix assumé tant par les partis politiques que l'opinion publique.

La création de cette organisation est due au Royaume de Teyla en partie. La nation est au centre de la création de l'organisation avec la République Favaravienne. La Conférence de Manticore, qui porte le nom de notre belle capitale, confère une certaine fierté à l'organisation et facilite l'engagement en faveur de cette organisation parmi la population teylaise. Les Teylais peuvent se voir comme les architectes du monde de la démocratie libérale, dont les valeurs sont universelles, même si ce récit est fortement contrecarré avec l'Organisation des Nations Commerçantes en deux mille huit. Mais bien que les idéologies des nations se ressemblent, les organisations sont loin d'être les deux faces d'une même pièce, ce qui conforte la population teylaise dans sa pensée.

Cela se répercute dans les attitudes économiques de nos concitoyens. En outre, plusieurs démontrent que les produits importés des États-membres de l'Organisation des Nations Démocratiques, face à des concurrents de nations non-membres et à des prix similaires, sont privilégiés par les consommateurs. Les produits sont non seulement gage de qualité, mais proviennent de nations alliées et partenaires du Royaume de Teyla. Les entreprises de la défense teylaises ne conçoivent pas leurs produits sans que ceux-ci soient opérationnels au niveau de l'Organisation des Nations Démocratiques et soient utilisables par les armées de toutes les nations de l'organisation. Le Royaume de Teyla est pleinement ancré au sein de l'organisation.

Comprendre le Royaume de Teyla, c'est aussi comprendre l'Organisation des Nations Démocratiques !
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