
Vu du ciel du Bourg des Mahoganys
Si les rues étaient bouillantes selon les standards eurysiens, l'intérieur était très frais (tiède, pour un eurysien) grâce à une bonne aération et des brasseurs d'air qui ventilaient agréablement dans un à peine perceptible ronronnement. Pas de climatiseurs en Sylva, on tournait aux traditionnelles pales de ventilateurs et c'était largement suffisant grâce aux sévères normes thermiques et tropicales exigées aux constructeurs immobiliers. C'est également ce qui faisait la célébrité du bois et de la pierre, dont l'inertie thermique assurait un refroidissement en journée et une isolation avec la chaleur extérieure. Était présent à ces discussions l'ensemble des homologues sylvois auxquels auront affaires les azuréens : la ministre des Affaires étrangères Matilde Boisderose, la directrice du Secteur Aéronautique Sylvois Chloé Boisderose, la directrice du Pôle Pétrolier Sylvie Sablier, le représentant du Pôle Nucléaire Nicolas Lerouge, et quelques autres conseillers sur des points divers, notamment législatifs et écologiques. Était pareillement présente la Présidente Bernadette Vougier qui avait pu se libérer et insisté pour être présente à l'une des rares rencontres avec l'Azur.
Cette première soirée de discussion permit d'aborder quelques questions culturelles et de faire une présentation au bord d'un bon repas avec un repas typiquement sylvois : en entrée des acras de morue et boudin blanc, koubouyon de poisson ou matété de crabe avec gratin de patates douces en repas, et Caca Bœuf en dessert (qui ne comptait aucun produit bovin contrairement à ce que laissait entendre le nom). Le repas n'avait été que très modestement arrosé de rhum, par considération pour la fatigue déjà prononcée des azuréens après plus de dix heures d'avions (et parce que, toutes formes de paternalisme à part, on les voulait en forme pour le lendemain). Après une dernière discussion entre le duel à l'épée entre Nathalie Sablier et Julia Despalmiers, la soirée prit fin et chacun fut libre de se reposer. S'il était difficile de tenir passé dix heures du soir pour les afaréens, le sommeil fut très rapide à trouver et le réveil aisé (ils pouvaient même avoir l'impression d'une très grasse matinée en se réveillant à six heures). Pouvaient enfin commencer les choses sérieuses.
La journée suivante commença en force sans attendre plus que nécessaire, avec la rencontre qui débuta officiellement à neuve heure tapante. Dans une pièce très coquette avec une grande table circulaire finement ouvragée au centre, commença l'échange avec une prise de parole de Matilde Boisderose :
Nous avons une liste élargie de points à aborder que l'on pourrait résumer en trois grands axes : l'appel d'offre Rafale et l'ensemble des partenariats militaro-industriels qui pourraient en ressortir, puis les questions économies avec les ententes et collaborations parallèles possibles, et enfin les questions législatives sur le droit de la mer et des écosystèmes dans une volonté d'établissement de normes internationales pour prévenir les mésententes. Est-ce que ces excellences ont une préférence sur le premier point à aborder ? »
Un interprète se chargeait de traduire les mots de la Duchesse, avec fidélité dans leur sens comme leur ton, le tout avec une prononciation impeccable bien qu'un accent était perceptible. Et pour cause : il venait tout droit du Faravan et, bien que parlant de naissance le Farsi, il avait appris l'Azuréen en Azur.