
A. Divardra, Secrétaire aux Affaires étrangères de la RFY
Alors qu'il se tenait debout sur le parvis de l'hôtel de ville de Baltos, Alkesto Divardra contemplait le sanctuaire de Poséidon qui trônait, comme impassible face au temps, devant le volcan Ifaisto. Les deux étaient juste visible depuis le site de la mairie, l'un surplombant la cité novirienne depuis la plus haute colline des alentours, l'autre, de par sa taille imposante, était visible dès que l'on tournait la tête en sa direction. Il pensa alors à toutes les choses qu'avaient vu ces deux-là. Depuis la naissance du volcan il y a bien longtemps à l'édification du temple il y a presque deux millénaires de cela, ces deux symboles de la plus grande ville côtière de Youslévie avaient dû en voir passer des évènements, des épisodes.
Divardra se ressaisit, ce n'était pas dans ses habitudes d'avoir des pensées philosophiques d'un gosse de 15 ans. Cet esprit vif s'était habitué depuis longtemps à écarter toutes ces pensées parasites de son esprit, au moins depuis qu'il était rentré dans le Service. Car oui, Divardra est bien un ancien du Service de Sûreté et de Renseignement Extérieur Youslève (SSREY), plus connu sous le nom du Service, l'agence de renseignement extérieur.
Pour faire simple, et tenter de retracer sa carrière très longue le plus rapidement possible, Divardra a gravit les échelons au sein du Service en enchaînant les missions couronnées de succès en Eurysie centrale jusqu'à se voir proposé une place au sein de l'organigramme du SSREY. Celui-ci refusa poliment pour devenir diplomate, où sa connaissance du terrain et son réseau lui sont d'une grande aide. D'abord, nommé comme conseiller à l'ambassade kaulthe, histoire qu'il puisse se faire les dents, il a ensuite été dépêché en tant qu'ambassadeur dans le même pays où son bilan très satisfaisant est arrivé jusqu'aux oreilles du nouveau Directeur du Conseil, Hemeraldo Vera, qui lui proposa alors le prestigieux poste de premier diplomate de Youslévie en la qualité de Secrétaire aux Affaires Etrangères de la RFY.

En poste depuis maintenant presque deux années, Divardra avait pris la mesure de son poste, contrairement à son supérieur direct. Son travail est en effet plutôt reconnu en Youslévie comme à l'étranger. Habile négociateur et fin tacticien, il est, aux yeux de beaucoup, l'un des seuls points satisfaisants de ce début de mandat de Vera, qui s'avère catastrophique sur presque tous les autres points.
Homme de devoir et sans grande conscience politique, malgré son habileté et sa compréhension des jeux de pouvoir, il est "marié à la Youslévie" comme il aime le rappeler. C'est à cause de ça, et non pas par affinité politique, qu'il a accepté de servir dans le gouvernement du populiste Hemeraldo Vera, il faut aussi dire que le prestige du poste le rend évidemment difficile à refuser, bien que ce dernier flirt allègrement avec les pires personne dans le pays, notamment certaines que Divardra a combattu et chassé durant sa carrière au SSREY.
Depuis sa nomination durant l'automne 2014, Divardra essaye de ménager la chèvre et le chou en essayant de gommer les erreurs et de faire oublier les provocations de Vera. Car le sulfureux homme d'affaires, réinventé en chef d'Etat, exaspère au plus haut point Divardra. Enfantin, colérique,rancunier...beaucoup d'adjectifs peuvent définir Vera mais aux yeux de Divardra un seul est suffisant : bête. Pour l'ancien ambassadeur kaulthe, Vera est d'une débilité profonde qui empire au fur et à mesure qu'il se persuade lui-même d'être un génie dans à peu près tous les domaines, ce qui a pour conséquence qu'il s'occupe de tout, tout le temps. Les résultats économiques de la Youslévie depuis le début de son mandat son un exemple flagrant de cette arrogante inaptitude. Il empiète même sur le terrain de Divradra qui, par principe, n'aime pas trop déléguer ou travailler en équipe. Ce dernier est donc doublement énervé de voir un incompétent s'immiscer dans son travail, quand bien même cet incompétent est son supérieur.

Hemeraldo "Aldo" Vera, Directeur du Conseil de la RFY
Par exemple, au moment d'embarquer depuis Sedjan, la capitale, pour rallier Baltos, Vera avait publié un écho où il prenait à parti directement Karty, ce qui avait bien failli causer une crise diplomatique. Divardra avait essayé d'en parle à son supérieur mais ce dernier lui avait répondu : "Foutaises, regarde les stats du post, tout le monde a réagi, des Gallouèses, des Fortunéens etc..." avant de lui taper sur l'épaule et de lui dire : "On est en 2016 Alkesto, on est dans l'air d'écho, faut savoir se mettre à la page mon ami. Moi je dis ça pour toi hein, elle est finit l'époque des fax eheh. C'est parce que tu reviens de Kaukthie, ils connaissent pas ça là-bas.". Garder son calme dans n'importe quelle circonstance est l'une des premières choses qu'on apprend en tant qu'espion, mais Divardra, en dépit d'avoir vécu un bon nombre de situation périlleuses, avait eu quelque fois l'envie, il faut le dire, de décoller un pain à Vera. Il se contentait néanmoins de rire jaune à ces remarques. Il avait aussi pensé à démissionner, mais il ne pouvait pas quitter ses fonctions quand le pays avait le plus besoin de lui. Il ne fallait surtout pas laisser Vera seul aux commandes, les conséquences pourraient êtres réellement désastreuse.
C'est pourquoi il était là, en ce début d'été sur la côte évasienne, aux côtés d'Hemeraldo Vera, à attendre la délégation guadaimos sur le parvis de l'hôtel de ville de Baltos. Les relations youslevo-guadairiennes étaient sporadiques mais respectueuses, les deux pays se connaissaient, étant juste séparés par la chaîne de montagne des Arcaves, que l'on pouvait aussi apercevoir depuis Baltos. Toutefois, tout s'était accéléré depuis que le Guadaires avait décidé de créer une Zone Maritime Exclusive (ZME) qui restreignait le commerce et le passage des embarcations dans la partie ouest du Golfe d'Evasie. Au delà de ces problèmes techniques qui frappaient directement la Youslévie, le Guadaires étant sur le passage si on veut atteindre le littoral youslève sans faire de longs détours, la RFY ne souhaitait pas voir pulluler ce genre de zone un peu partout dans le monde, d'ailleurs l'Empire de Karty avait lui aussi lancé sa propre ZME, signe d'une mode grandissante. Il fallait donc mettre le hola à toutes ces velléités, à commencer par les plus proches voisins de la Youslévie, le Guadaires donc.
Il faudra néanmoins jouer serrer, le Guadaires a l'air très attaché à cette nouvelle ZME, même s'il semble, au vu des échanges épistolaires, que les diplomates Guadaimos soient de bonne volonté. Une entre à l'UNE sera sans doute une des monnaies d'échange durant cet entretien. Divardra espérait seulement que Vera ne fasse pas encore des siennes en se livrant à une tentative de combat de coqs, dont il a tout le secret en tant que grand ambassadeur de la cause viriliste. Il était déjà en fait peut-être trop tard pour cela, pensa Divardra, il se tourna alors de l'autre côté du parvis pour regarder le porte-avions Arnages qui mouillait à bonne distance du port de Baltos. La démonstration de force avait déjà commencé pour Vera, tout comme l'énième mission de médiation pour Divardra.

Le porta avion Arnages mouillant en face de Baltos