11/05/2017
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[Youslévie-Guadaires] Une histoire de ZME

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Rencontre Youslévie-Guadaires à Baltos : une histoire de ZME



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A. Divardra, Secrétaire aux Affaires étrangères de la RFY

Alors qu'il se tenait debout sur le parvis de l'hôtel de ville de Baltos, Alkesto Divardra contemplait le sanctuaire de Poséidon qui trônait, comme impassible face au temps, devant le volcan Ifaisto. Les deux étaient juste visible depuis le site de la mairie, l'un surplombant la cité novirienne depuis la plus haute colline des alentours, l'autre, de par sa taille imposante, était visible dès que l'on tournait la tête en sa direction. Il pensa alors à toutes les choses qu'avaient vu ces deux-là. Depuis la naissance du volcan il y a bien longtemps à l'édification du temple il y a presque deux millénaires de cela, ces deux symboles de la plus grande ville côtière de Youslévie avaient dû en voir passer des évènements, des épisodes.
Divardra se ressaisit, ce n'était pas dans ses habitudes d'avoir des pensées philosophiques d'un gosse de 15 ans. Cet esprit vif s'était habitué depuis longtemps à écarter toutes ces pensées parasites de son esprit, au moins depuis qu'il était rentré dans le Service. Car oui, Divardra est bien un ancien du Service de Sûreté et de Renseignement Extérieur Youslève (SSREY), plus connu sous le nom du Service, l'agence de renseignement extérieur.
Pour faire simple, et tenter de retracer sa carrière très longue le plus rapidement possible, Divardra a gravit les échelons au sein du Service en enchaînant les missions couronnées de succès en Eurysie centrale jusqu'à se voir proposé une place au sein de l'organigramme du SSREY. Celui-ci refusa poliment pour devenir diplomate, où sa connaissance du terrain et son réseau lui sont d'une grande aide. D'abord, nommé comme conseiller à l'ambassade kaulthe, histoire qu'il puisse se faire les dents, il a ensuite été dépêché en tant qu'ambassadeur dans le même pays où son bilan très satisfaisant est arrivé jusqu'aux oreilles du nouveau Directeur du Conseil, Hemeraldo Vera, qui lui proposa alors le prestigieux poste de premier diplomate de Youslévie en la qualité de Secrétaire aux Affaires Etrangères de la RFY.


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Panorama de Baltos avec au premier plan le sanctuaire de Poséidon et au second le volcan Ifaisto

En poste depuis maintenant presque deux années, Divardra avait pris la mesure de son poste, contrairement à son supérieur direct. Son travail est en effet plutôt reconnu en Youslévie comme à l'étranger. Habile négociateur et fin tacticien, il est, aux yeux de beaucoup, l'un des seuls points satisfaisants de ce début de mandat de Vera, qui s'avère catastrophique sur presque tous les autres points.
Homme de devoir et sans grande conscience politique, malgré son habileté et sa compréhension des jeux de pouvoir, il est "marié à la Youslévie" comme il aime le rappeler. C'est à cause de ça, et non pas par affinité politique, qu'il a accepté de servir dans le gouvernement du populiste Hemeraldo Vera, il faut aussi dire que le prestige du poste le rend évidemment difficile à refuser, bien que ce dernier flirt allègrement avec les pires personne dans le pays, notamment certaines que Divardra a combattu et chassé durant sa carrière au SSREY.
Depuis sa nomination durant l'automne 2014, Divardra essaye de ménager la chèvre et le chou en essayant de gommer les erreurs et de faire oublier les provocations de Vera. Car le sulfureux homme d'affaires, réinventé en chef d'Etat, exaspère au plus haut point Divardra. Enfantin, colérique,rancunier...beaucoup d'adjectifs peuvent définir Vera mais aux yeux de Divardra un seul est suffisant : bête. Pour l'ancien ambassadeur kaulthe, Vera est d'une débilité profonde qui empire au fur et à mesure qu'il se persuade lui-même d'être un génie dans à peu près tous les domaines, ce qui a pour conséquence qu'il s'occupe de tout, tout le temps. Les résultats économiques de la Youslévie depuis le début de son mandat son un exemple flagrant de cette arrogante inaptitude. Il empiète même sur le terrain de Divradra qui, par principe, n'aime pas trop déléguer ou travailler en équipe. Ce dernier est donc doublement énervé de voir un incompétent s'immiscer dans son travail, quand bien même cet incompétent est son supérieur.


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Hemeraldo "Aldo" Vera, Directeur du Conseil de la RFY


Par exemple, au moment d'embarquer depuis Sedjan, la capitale, pour rallier Baltos, Vera avait publié un écho où il prenait à parti directement Karty, ce qui avait bien failli causer une crise diplomatique. Divardra avait essayé d'en parle à son supérieur mais ce dernier lui avait répondu : "Foutaises, regarde les stats du post, tout le monde a réagi, des Gallouèses, des Fortunéens etc..." avant de lui taper sur l'épaule et de lui dire : "On est en 2016 Alkesto, on est dans l'air d'écho, faut savoir se mettre à la page mon ami. Moi je dis ça pour toi hein, elle est finit l'époque des fax eheh. C'est parce que tu reviens de Kaukthie, ils connaissent pas ça là-bas.". Garder son calme dans n'importe quelle circonstance est l'une des premières choses qu'on apprend en tant qu'espion, mais Divardra, en dépit d'avoir vécu un bon nombre de situation périlleuses, avait eu quelque fois l'envie, il faut le dire, de décoller un pain à Vera. Il se contentait néanmoins de rire jaune à ces remarques. Il avait aussi pensé à démissionner, mais il ne pouvait pas quitter ses fonctions quand le pays avait le plus besoin de lui. Il ne fallait surtout pas laisser Vera seul aux commandes, les conséquences pourraient êtres réellement désastreuse.

C'est pourquoi il était là, en ce début d'été sur la côte évasienne, aux côtés d'Hemeraldo Vera, à attendre la délégation guadaimos sur le parvis de l'hôtel de ville de Baltos. Les relations youslevo-guadairiennes étaient sporadiques mais respectueuses, les deux pays se connaissaient, étant juste séparés par la chaîne de montagne des Arcaves, que l'on pouvait aussi apercevoir depuis Baltos. Toutefois, tout s'était accéléré depuis que le Guadaires avait décidé de créer une Zone Maritime Exclusive (ZME) qui restreignait le commerce et le passage des embarcations dans la partie ouest du Golfe d'Evasie. Au delà de ces problèmes techniques qui frappaient directement la Youslévie, le Guadaires étant sur le passage si on veut atteindre le littoral youslève sans faire de longs détours, la RFY ne souhaitait pas voir pulluler ce genre de zone un peu partout dans le monde, d'ailleurs l'Empire de Karty avait lui aussi lancé sa propre ZME, signe d'une mode grandissante. Il fallait donc mettre le hola à toutes ces velléités, à commencer par les plus proches voisins de la Youslévie, le Guadaires donc.
Il faudra néanmoins jouer serrer, le Guadaires a l'air très attaché à cette nouvelle ZME, même s'il semble, au vu des échanges épistolaires, que les diplomates Guadaimos soient de bonne volonté. Une entre à l'UNE sera sans doute une des monnaies d'échange durant cet entretien. Divardra espérait seulement que Vera ne fasse pas encore des siennes en se livrant à une tentative de combat de coqs, dont il a tout le secret en tant que grand ambassadeur de la cause viriliste. Il était déjà en fait peut-être trop tard pour cela, pensa Divardra, il se tourna alors de l'autre côté du parvis pour regarder le porte-avions Arnages qui mouillait à bonne distance du port de Baltos. La démonstration de force avait déjà commencé pour Vera, tout comme l'énième mission de médiation pour Divardra.

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Le porta avion Arnages mouillant en face de Baltos
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Felipe Sáenz avait été envoyé par le Conseil Présidentiel pour représenter Guadaires et ses intérêts à Baltos. L'Homme savait qu'il aurait affaire à des représentants Youslèves fermement opposés à la ZME Guadamos. Il n'y avait qu'à aller voir le post récent de leur président, Hemeraldo Aldo Vera, sur l'Écho International. Cela laissait présager une rencontre tendue, mais Sáenz était prêt à défendre la Zone Maritime. Il avait été désigné pour se rendre à Baltos par le Conseil, non pas, parce qu'il était le secrétaire d'État chargé des Affaires Étrangères à Guadaires, mais parce qu'il était un fervent défenseur de la ZME. Cela était important, puisque même au sein de la coalition présidentielle, le sujet de la Zone Maritime Exclusive était sujet à un débat houleux. Le président Cadaval lui-même était assez opposé au projet, il avait été contraint de l'accepter par le PSDE majoritaire au Conseil Présidentiel. Felipe, lui, n'était pas hostile à une collaboration et à une ouverture de la zone aux États voisins, mais il y avait selon lui des limites à ne pas dépasser et Guadaires avait bien le droit de se donner les moyens de développer son économie. Il était par ailleurs un fidèle allié des Socio-Démocrates.

L'avion diplomatique atterrit à l'aéroport de Baltos en début d'après-midi. Une voiture l'attendait pour l'amener au lieu de la rencontre avec M. Vera et M. Divarda, les représentants Youslèves. Le secrétaire d'État connaissait bien Baltos, il y avait passé une grande partie de ses étés étant plus jeunes. Néanmoins, revoir cette ville après tant de temps lui fit un certain effet. Il sentait monter en lui la nostalgie de son enfance : au fur que la voiture avançait dans les rues de la ville, il redécouvrit des lieux qu'il avait oubliés depuis des années. De plus, l'Ifaisto, ce volcan massif au porte de la cité, lui faisait toujours autant d'effet. Lorsqu'il était enfant, il se souvenait que celui-ci l'effrayait autant qu'il le fascinait : il avait même voulu, un temps, devenir volcanologue pour cette raison. Mais alors que le diplomate se perdait dans ces souvenirs, le convoi se rapprochait de l'Hôtel de Ville. Lorsque le chauffeur, lui annonça qu'ils étaient arrivés, Felipe sorti soudainement de sa bulle. Il se rendit compte que la nostalgie ne pouvait pas lui faire perdre son professionnalisme, et qu'il devait absolument garder son masque de diplomate.

Après une grande respiration, il sortit finalement de la limousine et pu enfin gouter à l'air doux et marin de la métropole Youslève. Il salua le président Hemeraldo Aldo Vera, puis Alkesto Divarda :

Je suis très honoré, messieurs, de pouvoir me trouver à Baltos aujourd'hui. J'espère que notre rencontre pourra apaiser les tensions naissantes entre nos deux pays et peut-être même permettre un rapprochement avec la Youslévie. Qui sait ?
Cet entretien est en tout cas un moyen pour Guadaires de vous montrer que notre État est toujours prêt à trouver des compromis, afin de permettre à chaque nation de rester dans la situation qui lui est la plus confortable.
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Après l'accueil devant les caméras et les traditionnelles photos officielles où l'on pouvaient voir les trois hommes souriant, Hemeraldo Vera et Akelsto Distrava invitèrent Felipe Sáenz à entrer à l'intérieur de l'Hôtel de Ville. Juste avant de rentrer, en haut des marches d'où on avait un meilleur panorama, Vera fit regarder la vue à Sáenz en pointant du doigts vers le porte avion. Tentative d'intimidation ou simple geste amicale de quelqu'un fier de faire découvrir un beau paysage à un visiteur étranger ? Difficile à savoir avec le Directeur du Conseil.
Dedans, toujours accompagnés par une myriade de photographes, on présenta au secrétaire d'État chargé des Affaires Étrangères du Guadaires Athena Sarana, la mairesse de la ville, qui avait gracieusement mis à disposition le bâtiment municipal pour que cette rencontre ai lieu. A cette occasion, on offrit à Sáenz un kit pour faire du maté avec son nom et le blason du Guadaires gravés sur la calebasse. Une fois toute cette cérémonie expédiée, le Directeur du Conseil de la RFY demanda à ce qu'on les laisse afin de commencer à discuter au calme et en toute discrétion. C'est Alkesto Divardra, le Secrétaire aux Affaires Etrangères youslève, qui entama la discussion dans un guadaimos plus que correct. Les Youslèves étaient habitués à parler plusieurs langues et le guadaimos n'était pas si différent du youslève.

" - Monsieur Sáenz, sachez d'abord que nous sommes très heureux de vous rencontrer aujourd'hui, peu importe la manière dont se finira cette entrevue, nous avons pu constater que l'Estado de Guadaires est un interlocuteur fiable et honnête. Il nous semblai important de le préciser et de vous faire part de notre estime pour vous. Nous sommes donc confiants vis-à-vis...
- Où est Monsieur Cadaval ?"


Hemeraldo Vera, qui s'était montré loquace et enjoué devant les caméras, tirait maintenant une toute autre tête. L'air sombre, il avait posé cette question sans même laisser son Secrétaire finir son introduction. Au fur-et-à-mesure que Divardra récitait sa tirade, le Directeur du Conseil avait compris qu'il n'allait pas faire remarquer l'absence du Président guadamos. N'en ayant que faire de la suite du long tunnel de son compatriote, il n'avait pas jugé bon de le laisser terminer et avec donc posé cette question avec toute la froideur nécessaire.
De son côté, Divardra, aussi honteux qu'énervé, avait envie de se cacher sous terre. Il n'avait même pas eu le temps de mettre les formes que Vera commençait déjà à saboter les chances que cette rencontre débouche sur quelque chose de positif pour la Youslévie. Il savait que leurs prédécesseures, Leone Vaillancour et Hermione Aviles, avaient pour habitude de se répartir ces rencontres selon un système good cop et bad cop. En plus, comme Felipe Sáenz était seul, il aurait été facile de prendre en tenaille le secrétaire d'État chargé des Affaires Étrangères du Guadaires. Mais voilà, Vera était trop incontrôlable pour tenter quoi que ce soit comme ça. Il était déjà le bad cop mais ce rôle n'était pas guidé par l'atteinte de quelconque objectif diplomatique mais par son égo surdimensionné, qui avait été blessé par l'absence de son homologue Guadaimos qu'il vivait comme une insulte.
Heureusement Divardra avait anticipé cette question en voyant Sáenz sortir seul de la limousine tout à l'heure. Il avait donc préparé une réponse toute faite.

" Ah oui, excusez-moi Monsieur le Directeur, il m'a semblé que je vous avais prévenu mais visiblement non; Le Guadaires a un système encore plus strict que le nôtre concernant le rôle du chef de l'exécutif, nos amis Guadaimos délèguent encore plus aux ministres le rôle de représentation, notamment à l'international pour, le secrétaire d'État chargé des Affaires Étrangères, d'où l'absence de Monsieur Cadaval, que nous saluons d'ailleurs.
- Ah oui je vois. Effectivement, je n'avais pas été mis au courant de cette particularité. Envoyez nos hommages à votre président."


Vera, qui s'était redressé pour poser sa question, se rassis confortablement dans son siège en s'affalant sur son dossier. Il était à la fois gêné et énervé par le fait de s'être affiché de la sorte et qu'on ne l'ai pas prévenu que son homologue ne serait pas de la partie, sans quoi il n'aurait pas pris la peine de quitter Sedjan. Sauf que ce qu'il ne savait pas c'est que Divardra n'était lui-même pas convaincu de sa réponse. Il en avait déduit ce qu'il avait expliqué par les informations qu'il connaissait du système politique guadaimos avait lui-même été surpris par l'absence de M. Cadavale, bien qu'il n'en avait pas fait la remarque car l'heure n'était pas aux enfantillages. Il pris un rire gêné en regardant Saenz et continua :

"Bien, maintenant que cette incompréhension est élucidée, permettez-moi de reprendre là où j'en étais. Nous comprenons que le Guadaires ai soif d'émancipation, de reconnaissance, mais surtout de contrôle, notamment sur ce que vous considérez être vos eaux territoriales. Néanmoins, comme je vous l'ai expliqué lors de nos échanges épistolaires, la Youslévie voit d'un mauvais œil cette Zone Maritime Exclusive. En premier lieu car elle risque de causer un précédent, ce que nous ne voulons pas, et deuxièmement car elle nous impacte directement, nous les Youslèves. Nous voulions donc savoir cela avant de commencer réellement à discuter. A quel point tenez-vous à cette ZME ?
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Après avoir été accueillie par les Youslèves de manière assez chaleureuse, Felipe Sáenz se sentait de nouveau parfaitement prêt à affronter la tumultueuse rencontre qui était sur le point de commencer. Après être passé devant les caméras des médias Youslève, la discussion démarra. Ce fut Alkesto Divardra qui prit la parole en premier. Il prenait soin de parler calmement et cordialement. C'est pourquoi l'intervention de Vera parut d'autant plus agressive. Il n'était pas commun dans ce genre d'échange, surtout dès le début, d'intervenir aussi franchement. Le diplomate Guadamos se retrouva assez déconcerté, mais il prit soin de dissimuler ce sentiment : ce n'était pas le moment d'apparaître faible.
La question du Président le mit dans un certain embarras, Sáenz savait très bien qu'il ne fallait pas montrer que des doutes au sujet de la ZME régnait aussi dans le gouvernement. C'est pourquoi il fut soulagé par l'intervention de Divarda : la raison qu'il citait était correcte d'une certaine manière, mais elle permettait surtout au Guadamos de ne pas avoir à trouver lui-même une excuse pour cette absence. Néanmoins, Vera lui avait rappelé à quel point il était vulnérable en se retrouvant à deux contre un pour la rencontre. Il lui faudrait tenir jusqu'au bout sur ces positions sans aucune aide, mais cela ne l'inquiétait pas davantage : il avait confiance en ses capacités de négociations.

Sáenz se contenta d'ajouter :
"Je vous pris, M. Vera de ne pas voir l'absence de M. Cadaval comme une quelconque preuve de mépris. Comme M. Divarda l'a souligné, il est très commun pour le Secrétaire chargé des Affaires Étrangères d'intervenir seul dans des rencontres diplomatiques, même de grande importance."
Il fut rassuré de voir que le Président Youslève ne reprendrait pas la parole.

Après ce cours épisode, Divarda reprit son discours et la rencontre commença pour de vrai. Felipe Sáenz savait qu'il fallait se montrer intransigeant dès le début, car ces interlocuteurs ferraient de même pour obtenir ce qu'ils voulaient.

Il répondit à la question du diplomate Youslève :
"Je voulais tout d'abord, vous remercier pour cet accueil. Votre problématique est loin d'être ignorée par le Guadaires et le respect des intérêts de nos partenaires régionaux est très important pour notre pays. Mais cette ZME est nécessaire au développement Guadamos. Comme vous le savez surement, notre pays a connu, sur la majeure partie du siècle dernier, une très grave crise économique. Nous ne sommes aujourd'hui qu'au début de notre redressement et la situation demeure assez instable. Vous l'avez surement ressenti dernièrement avec la crise du prix du pétrole, qui commence à peine à être résolue.
Pour stabiliser ce développement, le Guadaires a besoin de s'assurer que ses activités économiques majeures continuent de croître. Ces dernières sont très concentrées sur la mer et ses ressources, notamment halieutiques. Cette Zone Maritime doit nous permettre de mieux les contrôlées : celles-ci étant surexploitées. Elle est essentielle pour pérenniser les activités de la pêche, en les rendant à la fois plus productives et durables dans le temps. Une autre activité qui bénéficie de la ZME est le domaine portuaire, le premier secteur économique du pays. Les ports pourraient être davantage remplis par les cargos en passage dans le Détroit de Cerbesse grâce à l'assurance d'une sécurité accrue, entre autres. Ce problème de sécurité est aussi une raison pour laquelle nous mettons en place ces eaux territoriales. Le détroit n'est pas un lieu sur : il est le théâtre d'actes de pirateries de plus en plus fréquent et est surtout un point de passage important de tous les trafics illégaux vers et depuis l'Eurysie et l'Afarée. Ces risques constituaient un danger majeur pour la croissance de Guadaires dépendante du commerce international. Mais notre politique vise aussi un bénéfice régional et partagé avec les autres États, les répercussions se feront ressentir chez tous les pays voisins. Premièrement, le Guadaires endosse le rôle de protection de l'entrée dans la mer Leucytalée, sans que les autres États soient impactés économiquement. Au contraire, les activités illégales risquent de baisser dans les prochaines années dans tous les pays côtiers. Aussi, la hausse de la fréquentation des ports Guadamos vont permettre une baisse du coût du stationnement des navires : donc une baisse des coûts de transport pour toutes les entreprises importatrices de la région. Les ports Guadamos voient, en effet, passer une importante part des marchandises sud-Eurysiennes en transit.
Cette ZME est donc nécessaire pour l'amélioration de notre situation économique. Le Guadaires considère cette mesure comme indispensable, mais ouvert à des adaptations et à une harmonisation. D'autant plus que les effets positifs de cette dernière se font ressentir même à l'étranger.
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Alors qu'Hemeraldo Vera serrait encore les poings et ne décrochait pas un traître mot, semblant même se désintéresser de la discussion en cours, Alkesto Divardra écoutait attentivement les éléments que Felipe Sáenz énumérait. Il était clair pour le Secrétaire aux Affaires Étrangères youslève que son homologue guadairos connaissait son sujet sur le bout des doigts. En fait, il assénait des arguments les uns après les autres qui, entendus ensembles, semblaient très difficiles à contredire. Toutefois, Divardra avait été bien formé sur la question par ses collaborateurs sur chacune de ces questions. Il s'apprêtait donc à répondre à la première affirmation.

"Bien, nous rentrons donc dans le vif du sujet. Alors je vais tout d'abord répondre aux deux premiers points de votre développement. Nous sommes biens conscients de votre forte dépendance aux ressources halieutiques et nous savons à quel point elles peuvent être déterminantes pour votre économie, surtout maintenant. Mais en préservant, en dehors de tout potentiel cadre international, vos espaces maritimes vous mettez le doigt dans un engrenage totalement néfaste. Car, ce qu'il risque de se passer est, si la Youslévie tolère la ZME, que les navires de pêche guadairos aient le champ libre à la fois dans leurs eaux mais profitent en même temps du flou qui règne actuellement dans le reste du monde et en profite pour venir pêcher chez nous. En somme, cette frontière ne vous protège que vous. Cela pousse donc les autres États à eux aussi prendre des décisions, encore une fois sans aucun cadre d'accord international ou limitrophe. Aussi..."

Soudainement, Vera coupa Divardra. Le Directeur du Conseil sortait enfin de la torpeur dans laquelle il était plongée depuis son intervention ratée d'il y a quelques minutes. C'était la première fois depuis qu'il semblait s'intéresser à la discussion que menaient ses deux interlocuteurs.

Il y a quelque chose que Monsieur Divardra ne vous dit pas, soit car il l'a oublié soit car en bon diplomate il n'ose pas vous le dire, de peur de vous effrayer ou même vous vexer. Et bien moi je vais le dire, tant pis il faut que vous soyez au courant. Mon cher ami ne vous a parlé que de la solution où la Youslévie reconnaissait votre ZME, ce qui n'est pour l'instant pas le cas et qui n'est pas près d'arriver si les choses restent comme elles sont actuellement. Or, que se passera-t-il si nous, ou d'autres pays frontaliers à votre ZME ne la reconnaissent pas ? Et bien nos pêcheurs ou leurs pêcheurs continueront leur vie comme avant mais cela sera pour vous une violation de votre espace maritime. Vous devrez donc riposter contre cela, ou alors cela ne sert à rien de faire tout ce bruit. Mais nous, nous trouverons ces ripostes injustes, donc nous riposterons à vos ripostes, et vous ensuite et cetera et cetera... Et je ne crois pas qu'il soit bon d'être un ennemi des marines fortunéennes ou youslève."

Divardra était au bord du malaise. Il ne savait pas si Vera avait eu un coup de géni mais un nouvel accès de folie. Dans tous les cas, il venait de mettre un énorme coup de pression à Saenz qui tirait une tête de cent pieds de long.

“Alors…J’allais y venir certes, mais il est vrai que cette hypothèse là existe aussi. Elle n’est évidemment pas souhaitable et personne dans cette pièce ne souhaite en arriver là mais c’est ce que nous risquons si nous ne trouvons pas un arrangement aujourd’hui, ou ne serait-ce que les premières pierres d’un accord global. ”

Exactement.
Vera avait ajouté cela avec un sourire carnassier, laissant paraître ses dents toutes blanches, comme immaculées, sans doute refaites. Divardra d'ajouter :

"Nous sommes biens conscients de vos aspirations d'émancipation et d'émergence Monsieur Saenz, mais concernant le Guadaires elle ne pourra se faire sans l'aide, ou au moins l'approbation de ceux qui l'entoure, à commencer par la République Fédératrice de Youslévie. Or, Monsieur Vera et moi même, ainsi que tout le Conseil de la RFY sommes prêts à vous aider, mais sans mettre en péril nos intérêts ni l'équilibre en Leucytalée et plus précisément en Evasie. Nous sommes prêts à mettre la main à la pâte. Par exemple, vous parliez du détroit de Cerbesse, et que votre loi le rendrait plus sûr et donc plus attractif. Je suis désolé de vous dire que malheureusement, nous ne pouvons être d'accord à ce qu'un seul État s'occupe de ce détroit vitale pour la Leucytalée, encore une fois à cause des potentiels dérives que cela pourrait permettre au long terme. Cette instabilité potentielle pourrait, à terme, dissuader les principaux acteurs du commerce international, qui préféreraient emprunter des voies plus sûres ailleurs. Ce serait alors un revers non seulement pour le Guadaires, mais aussi pour toute la région leucytaléenne, dont la Youslévie elle-même. Il est donc de notre responsabilité d'éviter que ce scénario prenne forme. Et enfin, et pour être honnête avec vous, je ne pense pas que le Guadaires puisse se battre seul contre la piraterie à Cerbesse. Vous aurez besoin d'aide, au moins pour un moment. Et donc pourquoi pas coopérer plutôt que de vouloir user et abuser du protectionnisme en créant votre zone économique exclusive sans aucune concertation ?"
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Saenz était toujours de plus en plus inquiet face aux interventions toujours plus crues du chef d'Etat Youslève. Néanmoins, il s'amusait de voir que M. Divarda semblait tout aussi décontenancé par son collègue que lui. Il écouta malgré tout attentivement ses interlocuteurs tout en s'empêchant de jouer avec son stylo pour éviter de montrer son stress aux yeux de tous.

Messieurs, je conçois totalement votre inquiétude. Cependant, je m'oppose complètement à l'idée selon laquelle Guadaires agirait de manière solitaire en rejetant toute aide internationale, auquel cas, je ne serais pas présent ici en ce jour. Nous avons pris une décision dont nous assumons la responsabilité, mais sans jamais rejeter l'idée de nous adapter ou de bénéficier d'aides extérieures.
Pour le sujet des ressources maritimes, il s'agit ici de la question qui a été le plus discutée en interne par le Gouvernement Guadamos. La surpêche ne peut pas être empêchée par la seule présence de la ZME, nous le concevons bien. C'est pourquoi, une autre mesure a été prise : celle d'instaurer des quotas d'exploitation afin de reconstituer les ressources et la vie marine. Ces quotas s'appliquent évidemment à tous les pêcheurs Guadamos, mais ils ont été pensés pour les pêcheurs étrangers qui viendraient exploiter les eaux de la ZME. Nous sommes donc totalement ouverts à l'idée de permettre aux pêcheurs de pays limitrophes de venir sur nos mers, mais ils devront bénéficier d'un mandat d'autorisation préalable et se verront fixer un quota d'exploitation au même titre que les pêcheurs nationaux. Ces quotas prioriseront ces derniers qui n'auront pas d'intérêt à se rendre hors de la ZME dans des espaces moins riches en ressources et qui ne leur permettront de toute manière pas d'échapper à des contrôles une fois retournés au port. Enfin, ne voyez pas dans cette mesure de contrôle une contradiction avec notre volonté de stabilisation économique, car cette mesure permet au contraire de nous assurer d'une croissance plus durable.
Notre ZME n'est donc pas fermée aux "extranationaux", elle replace simplement la priorité dans l'exploitation des biens communs et cherche à protéger la biodiversité. Par ailleurs, les pêcheurs Guadamos n'auront que peu d'intérêts à se rendre hors de cette zone exclusive. Mais bien évidemment, il s'agit de la situation actuelle et nous pouvons ouvrir une discutions pour l'améliorer, en coopération.

Mais vous voyez donc bien que les risques d'une escalade des tensions est faible.

Pour la question du Détroit, nous rappelons que la Zone de Contrôle n'est pas exclusive, il s'agit facilement d'un espace que Guadaires se charge de sécurisé. Il n'y a donc ici rien qui ne puisse empêcher l'intervention militaire d'autres pays. De fait, nous sommes tout autant ouverts à une collaboration militaire dans le Détroit de Cerbesse que n'importe où ailleurs. Si aujourd'hui Guadaires est le seul État à avoir endossé la responsabilité de la protection de la Leucytalée contre le trafic illégal, il ne réclame l'exclusivité de cette tâche du tout. Par ailleurs, il me semble important de mentionner les nombreuses prises de la marine Guadamos qui ont permis d'empêcher l'arrivée de plusieurs tonnes de stupéfiants vers les pays côtiers comme la Manche Silice. Actuellement, le seul pays pour qui ces mesures ont un coût est le Guadaires qui doit financer les opérations. Le pays connait sa responsabilité et ne dépassera pas les limites fixées par la loi, il sait aussi que la plupart des navires en transit n'ont rien à cacher et ne décideront donc pas de prendre d'autres chemins qui seraient tous inutilement plus couteux. En somme, Guadaires ne veut pas agir seul dans le détroit, au contraire, il est bénéfique pour lui de recevoir l'aide d'autres États.


Il s'interrompit, soulagé d'avoir pu répondre aux deux youslève sans avoir à s'adresser directement à Vera, un peu trop instable à son gout.
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Le plan des deux politiciens youslèves déroulait plutôt bien malgré les frasques d'Hemeraldo Vera. Felipe Sáenz était extrêmement coopératif et ne réagissait pas aux multiples provocation du Directeur du Conseil, au grand soulagement d'Alkesto Divardra. Le secrétaire d'État chargé des Affaires Étrangères du Guadaires semblait fermement convaincu que la Zone Maritime Exclusive au cœur de ce débat serait bénéfique pour le Guadaires, mais aussi pour ses voisins. Divardra et Vera n'en étaient pas aussi sûrs, ou seulement si la République Fédératrice de Youslévie réussissait à trouver un accord lui permettant, si ce n'est de contourner ou profiter, au moins de s’accommoder de cette ZME. Ils semblaient justement sur le point de trouver un terrain d'entente, mais il fallait aussi voir plus loin.
La grande question avant cette entrevue était de savoir si oui ou non les voisins guadairos étaient de bonne volonté, et même plus amicaux. La réponse étant positive, pourquoi ne pas tenter un rapprochement un peu plus formel entre la République Fédératrice de Youslévie et l'Estado de
Guadaires.

Divardra et Vera avaient considérées cette possibilité, comme beaucoup d'autres, avant la rencontre. Ils avaient aussi convenus qu'ils demanderaient une interruption temporaire de cette discussion une fois qu'ils auraient cernés leur interlocuteur, ses revendications et les points sur lesquels ils pouvaient appuyer pour faire pencher la balance en leur faveur. Cette pause leur servirait à débriefer mais aussi à préparer leur offre. Dans la balance il ne fallait pas non plus oublier la question de l'Union des Nations Evasiennes, organisation régionale du golfe d'Evasie où le Guadaires a candidaté il y a peu. L'UNE comptait la Manche-Silice, la Youslévie et Fortuna et si le premier État avaient toujours été favorables à l'entrée de nouveaux pays évasiens, dont le Guadaires, les deux autres étaient plus circonspects. En Youslévie, cela était consécutif à l'élection du NPN qui menait une politique plutôt protectionniste, ce qui ne l'empêchait pas de dilapider l'économie youslève par ailleurs. Néanmoins, Vera et Divardra étaient prêts à accepter de soutenir la candidature du Guadaires à l'UNE, notamment en plaidant sa cause auprès de la Sérénissime, si Sáenz leur donnait satisfaction lors de cette rencontre. Après s'être jeté un regard entendu, les deux hommes demandèrent poliment une petite suspension de la séance. Une fois dehors, en tête à tête, ils se mirent tout d'abord à faire le bilan de ces premières minutes.

" Bon, ça se passe plutôt bien non ? demande Divardra avec appréhension.
- Oui, globalement c'est assez satisfaisant. Je le trouve un peu arrogant. Il pense qu'ils peuvent se débrouiller sans nous.
- Justement, je pense qu'à deux on peut lui faire comprendre que se rapprocher de nous est dans ses intérêts.
- Qu'est-ce que tu proposes ?
demande Vera, le regard dans le vide, comme s'il était presque désintéressé par ce qui était en train de se jouer. Mais Divardra aimait se dire pour se rassurer que ce comportement récurrent chez le chef de l'Etat youslève était consécutif au fait qu'il réfléchissait et, tel un joueur d'échec, calculait tous les coups possibles. Même si cette théorie paraissait parfois douteuse, l'idée que Vera avait prospéré et était devenu un magnat des affaires tranquillisait le Secrétaire aux Affaires Etrangères. Il ne pouvait pas être si inconscient et inconséquent que cela avec toute cette réussite.
- Il me semble que l'on peut déjà miser sur une coopération commune autour de la pêche et Cerbesse. Au moins des quotas pour les pêcheurs et une aide à garder le détroit, économique mais pourquoi pas même matériel ou effective.
- Mais ce n'est pas convenable. Car dans ce cas-là le Guadaires garde sa ZME et on en tire pas tant profit, on réduit juste les désavantages mais on remet en cause notre doctrine sans faire une exception qui nous permette de ne pas être décrédibiliser.
- Exactement. Donc à mon avis, ces deux points ne doivent faire partie que d'une plus grosse offre. On leur donne notre aide à Cerbesse et on ouvre des négociations pour la pêche si les navires youslèves ont un accès total à cette ZME et des coûts réduits dans les ports guadairos.
- Donc en somme pas de ZME pour nous plus un petit bonus ?
- Oui, c'est le minimum... Ou alors nous pouvons toujours proposer d'appuyer leur candidature à l'UNE en échange de quoi ils renoncent à leur ZME.
- Hmmmm... Tu sais que je ne suis pas convaincu par faire entrer le Guadaires à l'UNE. En plus, ils ont l'air de sacrément tenir à ce truc donc je pense pas qu'ils accepteront comme cela.
- Il y a aussi d'autres solutions...


Après quelques instants de plus pour peaufiner leur proposition, Vera et Divardra retrouvent Saenz dans la pièce où ils s'étaient déjà entretenus. C'est le second qui prend la parole.

Monsieur Saenz, laissez-moi d'abord vous dire une fois de plus à quel point nous sommes réjouis de savoir qu'un pays voisin de plus est ouvert au dialogue et aligné avec nos idées les plus fondamentales. Cela nous pousse donc à penser que les destins de nos deux pays peuvent être liés. Aussi, nous savons bien sûr que vous venez de candidater à l'Union des Nations Evasiennes. En ce sens, nous nous ferions un plaisir de supporter cette candidature auprès de nos amis landrains. Nous estimons qu'une adhésion du Guadaires à l'UNE serait bénéfique pour tous les partis. Toutefois, cet appui n'est pas sans contre-partie. Déjà car c'est la base même d'un échange, vous le conviendrez. Mais aussi car cette Zone Maritime Exclusive inquiète et sidère aussi en Fortuna et, dans une moindre mesure tout de même, en Manche-Silice. Elle irrite d'ailleurs suffisamment pour mettre en péril l'entrée du Guadaires à l'UNE. Nous vous demandons donc, en échange de notre vote et de notre soutien pour votre admission à l'UNE, de renoncer à ce projet de zone exclusive. Nous tenons à vous préciser que les intérêts guadamos seront plus respectés à l'UNE sans ZME qu'avec celle-ci en dehors de l'UNE. De plus, nous ne doutons pas un seul instant que vous connaissez tous les bienfaits qu'offre l'Union des Nations Evasiennes, en terme de sécurité, de commerce et de reconnaissance internationale, vous le savez sans doute mieux que nous car vous y avez déposé votre candidature. Concernant le détroit de Cerbesse, dans le cadre des accords de Covadonga, les Youslèves, Siliquéens et Fortunéens vous aideront à la protéger tout en veillant à ce que vous en tiriez les bénéfices. Concernant la pêche, rien ne nous empêche de statuer dessus en parallèle et de trouver un accord en prenant pour base ce que vous avez préconisé précédemment. Qu'en pensez-vous ?

Divardra venait de terminer son offre, il se pencha en avant, impatient de connaître la réponse de Saenz. Tout comme lui, Vera, qui semblait d'ailleurs pour une fois pleinement concentré, était pendu aux lèvres du secrétaire d'État chargé des Affaires Étrangères guadamos.
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Sáenz n'était pas surpris par la décision des deux youslève de suspendre la rencontre. Il savait qu'il fallait mettre à profit ce court temps pour contrebalancer la différence de nombre qui pesait grandement. Il décida donc de contacter directement le conseil présidentiel :

Messieurs, je profite d'une courte pause pour vous rendre compte de l'avancée des discussions à Baltos. La Youslévie tient un discours particulièrement hostile face à la Zone Exclusive, comme on pouvait s'y attendre. J'ai ouvert la voie à des discussions, mais je crains que les propositions Youslèves nous soit assez défavorable. Je m'inquiète notamment de M. Vera qui est effectivement plutôt instable. Je me demandais si continuer à lâcher du lest était vraiment dans autre intérêt.
Monsieur Saenz, vous avez eu raison de nous contacter. Hemeraldo Vera est en effet un homme assez compliqué, et nous devons nous en méfier plus encore avec la montée du Parti National qui pourrait facilement se lier d'amitié avec ce dernier. La Youslévie est une puissance régionale et elle peut assez simplement prendre le dessus sur le Guadaires. Nous devons conserver notre capacité de décider et faire preuve de puissance. Néanmoins, il ne faut pas rester fermé à toute collaboration. Faites preuves de souplesse tout en posant des limites claires : le Guadaires ne renoncera pas à sa ZME et ne se soumettra pas à la volonté d'une puissance extérieure. Cela va de notre souveraineté, mais aussi de notre réputation à l'internationale.
Je voulais aussi m'assurer des positions de Guadaires face à une offre d'adhésion à l'UNE. celle-ci est mentionnée depuis le début de nos échanges avec la Youslévie. Je voulais savoir à quel point, l'intégration potentielle de l'Union est importante aux yeux de Guadaires.
Le pays connait un grand besoin de reconnaissance à l'international et l'intégration à des unions est très importants dans ce processus. De plus, avec la fin prochaine de l'UEE, une place à l'Union des Nations Evasiennes semble vraiment alléchante. Il y a effectivement une forte tension à ce niveau, mais nous restons sur notre position : Guadaires tient à sa souveraineté et à sa ZME. Le mieux serait de parvenir à concilier les deux mais privilégiez toujours la réputation du pays.

Malheureusement, l'échange fut court et la rencontre redémarra rapidement. Mais il était désormais sûr d'être en accord avec la Présidence, du moins le Conseil. Saenz savait que les chances d'arriver à un accord concluant avec M. Vera était affaiblie, mais il espérait toujours trouver un terrain d'entente. Les deux Youslèves avait eu le temps de réfléchir à une proposition et la partagèrent directement à Saenz. Comme cela était prévisible, une adhésion à l'UNE était mentionnée, contre la fin de la Zone Exclusive.

Messieurs, je me réjouis que l'on puisse formuler des propositions claires afin de régler ce différent, et d'autant plus que l'on puisse se diriger vers des rapports accrus et plus amicaux entre nos nations. Cependant, votre proposition, bien qu'elle contienne beaucoup d'élément très intéressant, me semble un peu excessive. Le Guadaires n'est pas prêt à abandonner sa Zone Maritime Exclusive, qui est comme je vous l'ai dit nécessaire à son développement. Avant la pause, nous avons eu l'occasion de parler d'une protection commune du Détroit de Cerbesse, la proposition que vous nous faites à ce sujet est donc tout à fait intéressante, tout comme l'hypothèse d'une adhésion à l'UNE.
Voilà donc ce que nous sommes prêts à vous proposer : le Guadaires accepte d'ouvrir sa Zone Économique Exclusive aux membres de l'Union des Nations Evasiennes et collabore avec ces dernières pour la protection du Détroit. Ces initiatives seraient protégées par un décret qui rendrait impossible tout changement de politique, sauf en cas d'accords avec l'ensemble des États signataires. En contrepartie, la Youslévie s'engage à voter en faveur d'une adhésion de Guadaires à l'UNE et supporte notre candidature auprès de Fortuna.
Pour ce qui est de la pêche et de l'exploitation des ressources, le Guadaires souhaite conserver sa souveraineté et demande à garder une forte flexibilité à ce sujet. Ainsi, l'hypothèse d'un traité entre États me semble bien trop rigide et nous préférerons un engagement "sur l'honneur" de la part de Guadaires à permettre aux pêcheurs étrangers une exploitation suffisante des ressources dans nos eaux territoriales avec des contraintes minimes. En cas d'adhésion à l'UNE, une unification plus avancée des quotas entre exploitants extra-nationaux et Guadamos est discutable. En contrepartie, nous promettons aussi de respecter toute législation équivalente de n'importe quel pays étranger, membres de l'UNE compris bien évidemment.
En somme, cette proposition change assez peu de choses aux yeux des pays Evasiens par rapport à la vôtre. Ils voient les effets, qu'ils jugent néfastes, de notre ZME annulés tout en concervant ces avantages.
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