16/09/2016
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[Teyla-Estalie] Ad bellum pacemque parati

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Ad bellum pacemque parati !

Lieu


Le Royaume de Teyla était changé, il n'était plus le même depuis la chute de la Loduarie Communiste. C'était une longue histoire qui se terminait à peine, comme la braise d'un feu de cheminée. Quand on y regardait de plus près, le Royaume de Teyla semblait avoir une capacité assez inexplicable à survivre aux grands de ce monde ou encore aux nations qui lui sont hostiles. La Loduarie Communiste ne venait que renforcer ce sentiment après que ce sentiment naquit après la disparition du Pharois. Cette disparition avait marqué les esprits et, du jour au lendemain, le Royaume de Teyla n'était plus menacé par une potentielle attaque de la Flotte pharoise, s'il le fut un jour. La Loduarie Communiste et son effondrement avaient créé le même sentiment au sein des institutions teylaises. Mais ce qui fut nouveau, c'est que ce sentiment de tranquillité naquit dans la population teylaise et se répandait comme une traînée d'essence allumée.

Non pas du jour au lendemain, mais en l'espace de quelques jours, le Gouvernement de la Loduarie Communiste, repris par la femme de Lorenzo après la mort de ce dernier, s'était effondré suite à un enchaînement de mauvaises décisions. Plusieurs groupes firent sécession, entraînant la Loduarie Communiste dans une lente, mais sûre agonie. Dès la mort de Lorenzo, les Teylais avaient fêté avec joie la chute de cet homme, non pas la chute, mais la mort. Ils avaient fêté dans les rues de tout le pays la mort de cet homme qui, selon eux, était à l'origine de la mort de deux Teylais, Marie et Corentin. Il était à l'origine de tous les maux du Royaume de Teyla sur la scène internationale. Nul Teylais habitant à la frontière teylo-loduarienne ne dormait sereinement. La crainte d'un bombardement suite à une colère de Lorenzo ou une traversée de la frontière, se transformant en invasion armée, était dans tous les esprits de ces habitants. Depuis deux mille onze, la Loduarie Communiste avait redessiné, de la mauvaise façon, le paysage politique du Royaume de Teyla.

Les autorités loduariennes avaient légitimé, plus que nécessaire, la création de l'Organisation des Nations Démocratiques auprès des partis politiques, mais aussi de la population. Nul, outre une minorité, ne remettait en cause la présence du Royaume de Teyla dans cette organisation et ceux qui avaient l'audace de le faire ne recevaient que très peu d'attention de la part de l'opinion publique. Elle remerciait, au contraire, cette organisation et ses membres qui n'ont pas hésité à déployer des troupes au Royaume de Teyla en nombre pour assurer la défense du Royaume contre toute potentielle attaque envers le Royaume. L'interception des avions loduariens en direction de Valinor démontrait que l'équilibre des forces avait changé, mais que malgré cela la Loduarie continuait à s'enfoncer dans une politique agressive, aux dépens des intérêts de la Loduarie Communiste.

Alors oui, quand Lorenzo, le plus haut représentant du système loduarien, mourut, les Teylais fêtèrent cet événement avec un grand enthousiasme. On avait manifesté dans les rues la joie, chanté la mort du dictateur et brûlé des effigies en carton de cet homme. Du côté de la frontière, les citoyens s'amusaient à narguer les troupes loduariennes, bien que tenus à distance par la Police Royale. Du côté du gouvernement, on se tut. Aucun hommage, aucun regret, mais aucune joie ne fut démontrée. Seul un communiqué ouvrant la voie à la diplomatie avec la nouvelle administration fut fait et publié au nom du Gouvernement de Sa Majesté. Mais outre cela, on était conscient du côté du Premier ministre que l'État teylais devait rester neutre, pour que cette voie diplomatique soit réellement possible. À l'époque, on ne savait pas encore qui allait reprendre le pays, mais on estimait très probable qu'un proche de Lorenzo reprenne le pays et l'hypothèse fut la bonne.

Bien que les renseignements s'étaient préparés à une chute du régime et du pays, cette dernière n'était pas prévue avant une année. Alors quand les premiers éléments, plus que probants, démontrant une chute du régime dans les quarante-huit heures, eurent remonté aux oreilles d'Angel Rojas, il ne pouvait y croire et aucun membre du gouvernement n'y crut. On n'était pas avare de compliments sur la Loduarie au Royaume de Teyla. Toutefois, on savait la résilience du régime et du pays entier, alors même qu'il vivait ses pires heures. On pensait assez facilement, au sein du Gouvernement, que les quarante-huit heures allaient devenir soixante-douze heures, puis une semaine et ainsi de suite. Ce n'était pas l'esprit qui régnait dans les renseignements. Pour ces derniers, la Loduarie Communiste vivait ses dernières heures. Ce n'est qu'après vingt heures et voyant les situations de pillages, de sécession se multiplier, bien que la situation dans la capitale soit relativement calme, qu'Angel Rojas comprit la gravité de la situation.

C'est en pleine nuit, à deux heures du matin, que le Premier ministre réunit le cabinet entier et Sa Majesté, pour savoir que faire. En outre, le renseignement avait fait des recommandations, ils ne faisaient plus que cela, on aurait pu croire. Ce qui est bien avec les recommandations, pensèrent tous les Gouvernements successivement, c'était qu'on n'était pas obligé de les suivre. Ces recommandations ne prenaient pas en compte l'attrait et le gain électoral que pouvait bénéficier le parti au pouvoir, elles ne prenaient pas en compte la volonté propre du gouvernement et du Parlement. Cela n'était que des recommandations après tout. L'ambiance à deux heures du matin n'était pas la meilleure de toutes. Le silence était de mise, on pouvait entendre les cliquetis de la prise de notes des différents officiels présents dans la pièce, alors que les hauts gradés du renseignement et militaire se relayaient pour présenter les options au chef du gouvernement.

- La situation est floue, mais nous savons que l'effondrement va en s'accélérant, Votre Excellence, raconta avec un ton empreint de gravité un éminent haut gradé de la Direction Extérieure du Renseignement Royal à l'Assemblée, attentive et parfois apeurée.

S'il avait bien un homme qui priait pour la fin de la Loduarie Communiste secrète, c'était bien le Premier ministre. Ses débuts de mandats étaient partis par l'assassinat reconnu par les autorités loduariennes, de Marie et Corentin, deux Teylais qui étaient en territoire loduarien lors du crime. Cet événement avait marqué Angel Rojas qui n'était pas prêt psychologiquement à une telle violence dans la diplomatie entre deux nations. Il savait qu'il aurait à muscler son jeu en tant que Premier ministre, mais pas à ce point. Cet événement avait enclenché des crises d'angoisse chez l'homme à chaque crise avec la Loduarie Communiste. C'est l'une des raisons qui expliquait l'envie du Gouvernement de Sa Majesté de maintenir un dialogue constant avec la Loduarie, malgré les nombreux affronts et insultes envoyés à la diplomatie teylaise. Alors si la Loduarie disparaissait, il allait mieux dormir lors des prochaines nuits. Mais ce jour-là, il n'avait guère le temps de penser à ces nuits de sommeil. Il revenait à la charge du Gouvernement de Sa Majesté de s'assurer que le pouvoir en place n'agisse pas de manière agressive envers une nation voisine pour tourner les regards, de s'assurer que les stocks d'armes ne circulent pas partout en Eurysie, de s'assurer de la protection des ressortissants teylais qui restaient là-bas malgré le rappel. Ils étaient vingt-deux, selon Pierre Lore. Une situation gérable, selon les divers officiels qui prenaient la parole à tour de rôle.

Nombre de décisions avaient été prises à la Résidence Faure autour du Premier ministre. Bien qu'il n'avait pas un pouvoir très important, le Premier ministre, étant un régime parlementaire, c'est pour ces moments-là que le Premier ministre avait une aura supérieure parmi la population, mais aussi toutes les sphères de la société teylaise. Il était entouré de tout l'appareil d'État teylais, les dossiers, les feuilles s'étalaient sur les tables, la table centrale. Les conseillers se succédaient, apportant chacun leur expertise. Mais au final, le dernier qui tranchait, qui prenait les décisions, n'était ni plus ni moins qu'Angel Rojas. Il était le chef du gouvernement du Royaume de Teyla et cela lui donnait cette prérogative en situation de crise. Il avait la légitimité du peuple.

Quant à ce peuple, revenons à lui. Il avait été soulagé par la disparition de la Loduarie Communiste et cela allait avoir nombre de conséquences politiques, alors que les élections arrivaient dans moins d'un an. Il semblait, selon les sondages d'opinion, qu'il se montrait méfiant à tout dialogue avec des nations communistes ou ayant apporté un soutien au pays suite à la mort de Lorenzo, sans pourtant être fermé à ce dialogue. Toutefois, cela était une généralité qui ne décrivait pas la complexité de la pensée des Teylais. L'extrême-droite continuait à vouloir maltraiter les Loduariens habitant déjà sur le territoire ou ayant fui très récemment la Loduarie Communiste. Le Royaume de Teyla devait refuser ces migrants, car c'étaient tous des espions. Ces discours accrochaient avant tout dans les zones frontalières à la Loduarie Communiste. Ici, à Manticore, pratiquement personne ne croyait à de tels discours.

Par ailleurs, la capitale du Royaume de Teyla, Manticore, vivait par endroits une vitalité rarement vue. L'aéroport principal de la ville était envahi de voitures officielles, de gardes du corps, de politiques nationaux venus opérer le basculement politique qu'avait entraîné la chute de la Loduarie Communiste. La rencontre qui allait suivre entre l'Estalie et le Royaume de Teyla était prévue bien avant cette chute, mais à l'égard des événements en Loduarie Communiste, elle prenait une nouvelle dimension. Tout se tut sur cette dimension, mais tout le monde savait. Le Royaume de Teyla avait peur que le sort de la Kartvélie soit appliqué à la République Translavique, ce qui entraînerait une nouvelle rivalité dont voulait bien se passer le Royaume de Teyla. Certes, cette rivalité n'était pas aussi menaçante qu'avec la Loduarie. L'Estalie ne pouvait pas atteindre aussi facilement le territoire teylais, mais le Gouvernement du Royaume de Teyla et la population voulaient souffler. Or, avec la disparition de la Loduarie Communiste, non seulement le Royaume de Teyla avait le temps de souffler, mais plus encore de détourner son regard sur des sujets qu'il estimait secondaires ou non importants. Parmi ces sujets-là, il y avait le risque de guerre en Eurysie de l'Est suite à l'impérialisme de l'Estalie.

Alors Pierre Lore et Angel Rojas attendaient patiemment sur le tarmac de l'aéroport, avec une foule de hauts personnages teylais. Il y avait, bien entendu, la garde royale prête à dégainer les sabres devant leur visage à l'arrivée de la délégation, mais contrairement aux nations démocratiques, aux partenaires du Royaume de Teyla, il n'y avait pas Sa Majesté présente. Et il n'y aurait pas la célèbre déclaration : "Votre présence sur le sol teylais vous place au champ de l'honneur du Royaume de Teyla." On n'envahit pas un pays impunément et, outre cela, l'Estalie était-elle neutre envers le Royaume de Teyla et la République Translavique ? Une situation qui n'était pas encore totalement claire. L'Estalie avait tout de même droit à la garde d'honneur et à la présence de nombreuses personnalités. Angel Rojas accueillit la délégation étrangère sur un ton cordial.

-Vos Excellences, je suis honoré de pouvoir accueillir au Royaume de Teyla. Nous avons tant de choses à discuter, Vos Excellences, mais avant cela, nous avons du temps, devant-nous !
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Nous voilà dans le Repère du Malin, restez vigilants.


Heureusement, le vol depuis Mistohir s'était passé sans encombres, ça avait de quoi rassurer la Commissaire aux Relations Extérieures. Depuis l'interception du convoi loduarien au sud de Teyla il y a plusieurs mois de cela, une blague récurrente en Estalie était de dire que les cieux ouest-eurysiens étaient aussi sûrs que les grottes réactionnaires du Saïdan. Heureusement pour Kristianya Volkiava, ces blagues de mauvais goût n'avaient aucun fondement réel et l'avion de ligne officiel du gouvernement fédéral avait pu atteindre l'aéroport international de Manticore sans encombres quelconques. Or, ce qui taraudait la Commissaire était bien plus profond que la prise en compte de simples rumeurs de son pays natal. La situation géopolitique avait évolué à toute vitesse et avait placé l'Estalie dans une position diplomatique dans laquelle la Commissaire estimait que son pays n'était pas prêt. Avait-elle accepté cette rencontre pour cette raison ? Pour temporiser. Elle se souvient vaguement qu'elle avait catégoriquement refusé des négociations avec Karty il y a plus d'un an, pourquoi n'a-t-elle pu se résoudre à rompre toute idée de négociation avec les Teylais ?

Alors qu'elle se torturait l'esprit avec une situation dont elle avait l'impression que tous les acteurs autour d'elle l'a dépassait, son homologue s'assit en face d'elle alors que le commandant de bord annonce que l'aéronef arrivera sur piste dans moins de quinze minutes. Kristianya scruta son collègue en face d'elle : un certain Velislav Vinograd. Sa nomination par le Congrès International des Travailleurs pour l'accompagner en tant que second à la délégation l'avait laissé perplexe, surtout que sa nomination était douteuse à bien des égards. C'est un délégué du Comité de Défense Internationale, un des clubs radicaux du BAR, mais ce qui trouble le plus la Commissaire reste la façon dont sa nomination a été effectuée. En effet, lorsque la Commission aux Relations Extérieures avait annoncé qu'une rencontre avait été planifiée avec Teyla, la nomination d'un second à la délégation estalienne s'était dans un premier temps apparenté à une dispute parlementaire intense, chaque club voulait que son représentant accompagne la Commissaire pour faire valoir son point de vue ou pour juguler une hypothétique radicalité de la Commissaire, ou au contraire pour la forcer à ne pas être trop molle avec les Teylais. C'était un paradoxe bien étrange auquel la Commissaire était habituée désormais : elle n'était pas assez radicale pour les radicaux et pas assez modérée pour les modérés, un vrai enfer à équilibrer. Cependant, ce qui lui avait semblait étrange, c'est lorsque le Comité de Défense Internationale nomma Velislav Vinograd, un illustre inconnu, et que dans une scène quasi-lunaire, le choix du Comité de Défense Internationale fut suivie par la majorité husakiste, pourtant elle-même divisée entre radicaux, modérés et conformistes. Elle regardait ce Velislav avec une méfiance dissimulée : ce délégué, elle n'en a jamais entendu parler de toute sa carrière politique et elle craignait le pire. Son instinct l'a poussait à se méfier et pour cause, au moment d'embarquer à Mistohir, elle ne put s'empêcher de constater un tatouage au niveau du cou du jeune homme : un tatouage au cou, c'était devenu la mode chez les éléments les plus radicaux du GI, les forces spéciales du SRR. Est-ce que le SRR lui avait collé un mouchard en tant que second pour la surveiller ? Plus les jours passent, plus elle voit ce service de renseignements comme une gêne plus qu'une aide précieuse.

Elle soupira d'exaspération. Même si le SRR lui avait collé un de ses agents en tant que second, elle devait composer avec de toute manière et puis faire bonne figure auprès de cet homme, qu'il soit des services du renseignement ou non, lui donne une opportunité de montrer patte blanche et de calmer les ardeurs révolutionnaires du service. Velislav engagea la conversation :

"Vous m'avez l'air nerveuse, Commissaire.
- Rien ne vous échappe, Velislav.
- L'idée même de rencontrer ce que nous sommes censés combattre peut être dérangeante, je reconnais. Cependant, il me semble avoir compris comment votre stratégie diplomatique fonctionne.
- Ah oui ? Vous m'en voyez ravie.
- Une politique internationale pragmatique, qui sert les intérêts de la Fédération d'abord. Sachez que si c'est votre ligne, je l'a respecte et j'essaierais de m'y conformer durant l'entrevue.
- Je vous remercie, Velislav. Nous ne sommes pas du même club mais je reconnais bien là une certaine lucidité de votre part.
"

De toute évidence, Velislav semblait jouer le jeu, son rôle n'était visiblement pas de lui mettre des bâtons dans les roues durant la rencontre à première vue mais elle était sûre que le moindre mot qu'elle emploierait auprès des Teylais sera analysé et décortiqué par son homologue. L'avion commença sa descente finale sur la piste d'atterrissage tandis que Velislav regardait sa montre, ils étaient piles à l'heure pour une fois.

"Vous savez, madame la Commissaire, les Teylais s'attendent à ce que nous soyons conciliants à leur égard. Je n'ai pas la prétention de vous dire ce que vous avez à faire mais comme vous l'avez dit, notre politique se doit d'être pragmatique. En somme, nous devons conserver nos intérêts économiques et politiques intacts.
- Les Teylais sont habitués à traiter avec les Loduariens lorsqu'il s'agit de communistes, on doit s'attendre à ce qu'ils aient ce biais également à notre égard. Nous devons leur montrer que nous ne sommes pas la Loduarie, afin que les négociations se déroulent correctement.
- Je pense tout de même qu'il subsiste un air de méfiance entre eux et nous.
- Vous m'en direz tant. En moins de deux ans, le SRR a rayé deux régimes de la carte. Il y a de quoi se méfier.
"

L'aéronef se posa alors sur la piste et finit par s'arrêter devant la délégation teylaise qui allait les accueillir. Il était enfin l'heure de rencontrer leurs homologues teylais : ce serait la première rencontre entre l'Estalie et un des Etats membres de l'OND, l'heure au Nouvel Ordre eurysien d'émerger et au nouveau jeu géopolitique du continent de se mettre en place progressivement et bien que les Teylais considèrent ces affaires comme strictement cantonnées à l'Eurysie orientale, ils en oublieraient presque que le regard de Mistohir ne se limite plus aux steppes et aux montagnes de leurs terres natales mais s'étend de jour en jour bien plus loin, vers l'ouest. La Commissaire fut quelque peu surprise par la levée de sabres de la garde d'honneur : il est vrai que rares sont les nations est-eurysiennes qui mobilisaient leur garde d'honneur pour ce type d'accueil. Feignant un regard impassible mais cordial malgré tout, la Commissaire s'avança devant le Premier Ministre Angel Rojas pour échanger une poignée de mains cordiale.

"Enchanté d'enfin vous rencontrer, monsieur le Premier Ministre. Je suis Kristianya Volkiava, Commissaire aux Relations Extérieures de la Fédération des Peuples Estaliens, en charge de la diplomatie estalienne à l'international et je vous présente Velislav Vinograd, mon second pour cette délégation.
- Ravi de vous rencontrer, messieurs. En tant que délégué, je représente avant tout le Congrès International des Travailleurs, je suis les yeux et les oreilles de notre appareil législatif pour cette entrevue.
- Nous avons effectivement beaucoup de choses à aborder, M.Rojas. Entre l'organisation convenue de cette rencontre et aujourd'hui, nombre d'événements géopolitiques ont bouleversés le continent eurysien, des événements qui nous concernent tous les deux, j'espère que nous serons en mesure de pouvoir en discuter calmement et librement.
"
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Ad bellum pacemque parati !

Lieu


Angel Rojas sourit, mais lorsque Velislav Vinograd insinua être un espion ou un semblant de commissaire politique du pouvoir central surveillant les actes des diplomates, Angel Rojas ne sourit plus que de façade à ses interlocuteurs étrangers. Fidèle à lui-même, Pierre Lore resta les mains jointes derrière son dos et écouta les paroles des étrangers sans émettre un jugement facial, bien qu'il jugea fortement les informations que donnaient les étrangers à la diplomatie teylaise. En outre, la présence des Estaliens sur le sol teylais offrait beaucoup d'informations à la diplomatie teylaise, ce qui satisfaisait le ministère des Affaires Étrangères et son administrateur Pierre Lore. Le Gouvernement de Sa Majesté était convaincu qu'on pouvait parler avec les Estaliens et la présence des Estaliens était en accord avec l'analyse du gouvernement, sauf si c'était une présence de façade, mais Pierre Lore n'y croyait pas, sans toutefois écarter que l'Estalie n'allait pas forcément écouter éternellement les accords qui allaient peut-être être conclus le jour de la rencontre diplomatique.

Le Royaume de Teyla voulait s'assurer que l'Estalie n'était pas la Loduarie Communiste concernant la diplomatie et que des accords pouvaient être trouvés. Si tel était le cas, alors un poids allait être enlevé sur les épaules du Premier ministre et de son Gouvernement. L'Assemblée nationale et notamment l'opposition poussaient pour que le Gouvernement assure la sécurité de la République Translavique, or le Gouvernement voulait réduire le déploiement teylais là-bas au regard du coût financier et que l'armée teylaise n'était pas extensible indéfiniment. Avoir des signes positifs venant de l'Estalie, cet État impérialiste comme le montraient ses deux conquêtes récentes de nations, était un impératif pour réduire le déploiement teylais. Toutefois, la ministre des Armées et de la Défense Nationale Lucie Jaunette estimait que même en cas de signe positif de l'Estalie, cela serait une lourde erreur pour le Royaume de Teyla, malgré les dons d'armements déjà réalisés et prévus à l'avenir.

Angel Rojas se concentra sur les mots de Velislav Vinograd et il vit le tatouage dans le cou de cet homme. Il ne dira rien, mais il fit un sourire plus grand, presque en montrant les dents à son interlocuteur. Mais il se retint à temps de le faire. Que voulait dire ce tatouage ? Il ne le savait pas et visiblement les renseignements teylais ne le savaient pas, sinon ils en auraient parlé dans une note de renseignement au briefing de la rencontre diplomatique. Une information intéressante, mais qui ne lui servait à rien à part à la méfiance. Il n'oublierait pas d'en parler à la Direction Extérieure du Renseignement Royale après la rencontre diplomatique. À la remarque de Kristianya Volkiava sur les événements passés avant cette rencontre, Angel Rojas leva les yeux au ciel, montrant son accord, mais aussi son désarroi face à la rapidité des événements.

- Je suis d'accord avec vous, Votre Excellence, répondit Angel Rojas d'un ton sec, mais cordial. Nos services de renseignements avaient anticipé la chute de la Loduarie Communiste, mais pas aussi rapidement. Au pire, la chute du pays devait avoir lieu dans cinq ans, les premiers signes sérieux et pouvant poser des problèmes de sécurité nationale devaient apparaître il y a un an. La vie a ce côté brutal saisissant par moment et nous rappelle sans prendre de gant que nous ne sommes que des êtres mortels.

- Nous n'oublions pas que derrière la chute de la Loduarie Communiste, ce sont des millions de femmes et d'hommes qui se retrouvent dans une situation chaotique, dit Pierre Lore, analysant la situation froidement et rappelant l'humanisme dans la politique diplomatique teylaise qu'il conduit depuis deux ans et demi maintenant. Par ailleurs, je suis Pierre Lore, ministre des Affaires Étrangères du Royaume de Teyla, c'est avec moi que la Fédération des Peuples d'Estalie a échangé par missive diplomatique. Je vous invite à monter dans le convoi, dit-il en montrant des mains des berlines noires.

Les deux délégations montèrent dans des berlines différentes. La diplomatie teylaise estima que les Estaliens voudraient être tranquilles pour la suite du voyage les amenant dans un endroit bien connu de Pierre Lore. Angel Rojas et Pierre Lore avaient apprécié être seuls lors du trajet à l'aéroport au lieu de rencontre avec le Saint Empire de Menkelt. Ils avaient fortement apprécié ce geste, un geste que la diplomatie teylaise répéta en cet instant avec une autre délégation. De toute façon, Pierre Lore voyait les Estaliens comme des solitaires, alors les laisser seuls entre eux durant le temps du trajet allait de soi. Angel Rojas dit à Pierre Lore d'un air interrogateur et songeur :

- Pierre, tu as vu sur le cou de l'homme ?

- Je ne sais pas de quoi tu me parles, je dois avouer Angel.

- L'homme avait un tatouage, mais il ne semblait pas être un de ces tatouages que les jeunes se font pour paraître beaux ou parce qu'ils ont trouvé le papillon trop mignon. Il doit y avoir une signification derrière que ni moi ni les renseignements n'avons.

- Surement un symbole d'une unité Estalienne à laquelle doit appartenir ce type ? Franchement, il ressemble plus à un soldat qu'autre chose si on me demande, et je ne voyais pas les Estaliens envoyer un observateur militaire dans la rencontre. Ils parlent à l'une des meilleures armées d'Eurysie et ils ont sûrement des vues sur toute l'Eurysie de l'Est et la Démocratie Communiste de Translavya. S'ils veulent envahir le pays, ça m'étonnerait pas qu'ils envoient un type de l'armée pour s'assurer que la diplomatie estalienne comprenne bien ce qu'on dit sur le militaire.

Le convoi traversa la capitale à une vitesse convenable. Les Estaliens purent apercevoir que Manticore, la capitale du Royaume de Teyla, avait terminé sa transformation et sa reconstruction suite à la croissance obtenue en deux mille onze. Les hauts immeubles d'acier ou de verre avaient fini leur modernisation et s’élevaient fièrement vers le ciel, avec parfois de la végétation tout du long des façades, faisant poser dans le débat public la question du coût d'entretien de ces bâtiments. Mais les Manticoriens étaient passionnés par la verdure, Manticore n'était pas la capitale avec le plus de parcs en Eurysie pour rien. Le quartier d'affaires flambant neuf brillait au loin de mille feux. Manticore était la capitale du contraste architectural assurément. Les bâtiments haussmanniens côtoyaient à chaque instant des gratte-ciels. La densité de population de Manticore était l'une des plus élevées d'Eurysie, mais là encore les Manticoriens avaient innové afin que la vie ne soit pas contraignante à cause de cette densité de population.

Dans le lancement de Manticore 2030, voulant faire de Manticore une ville intelligente afin d'améliorer le cadre de vie et de travail, la ville allait subir dans quelques mois le début d'une transformation inédite dans l'histoire de la capitale. La technologie allait être introduite petit à petit dans la capitale. La chaussée ne serait plus de béton, on allait y introduire des LEDs afin de permettre de changer le type de voie, selon l'heure de la journée, sans refaire la chaussée. Les feux de signalisation allaient devenir adaptatifs, capables de répondre en temps réel aux flux de véhicules, de piétons ou même aux conditions météorologiques. Des capteurs dissimulés dans le mobilier urbain réguleraient la consommation énergétique, ajusteraient l’éclairage selon la fréquentation des rues.

L'État teylais allait être transformé en profondeur pour que cette transformation ne se transforme pas en observation des citoyens teylais. Une loi déposée au Parlement et soutenue par le Gouvernement de Sa Majesté transposait plusieurs limites, actait d'une agence nationale censée surveiller chaque action du projet pour s'assurer que l'action ne se faisait pas au détriment des droits humains, de la démocratie, et de la liberté. Elle aurait un pouvoir contraignant et pouvait refuser qu'une action, construction et autre soit réalisée. Si le Gouvernement de Sa Majesté avançait vers cette direction, c'était pour donner les moyens au Royaume de Teyla de transformer son économie en une industrie de pointe et de haute technologie et de construire un modèle industriel sur les nouvelles technologies. Toujours fidèle à la science, les élites teylaises voyaient une nécessité de transformer l'économie teylaise en une économie sur les domaines qu'on croyait d'avenir pour de bonnes ou de mauvaises raisons.

L'arrivée à la Résidence Faure, lieu de travail et de résidence du Premier ministre, se passa normalement. Une haie d'honneur de gardes royaux à l'entrée attendit les délégations et le convoi. De leurs mains gantées, les gardes royaux mirent leurs sabres devant leurs visages, reflétant le soleil sur la pointe métallique des armes, à l'arrivée des délégations. Les graviers blancs crissaient doucement sous les pneus du convoi officiel tandis que les portières s’ouvraient avec la précision d’un cérémonial minutieusement réglé. La Résidence Faure était une bâtisse aux allures futuristes, mais pas dystopique. Après quelques échanges d'amiabilité, les deux délégations entrèrent dans la Résidence Faure et l'une de ses salles, à savoir le Salon Doré. La pièce était une pièce à l'allure ancienne, mais dont les meubles avaient cet aspect moderne et ancien. Ces meubles avaient été faits par des artisans teylais auxquels on avait demandé de respecter l'allure extérieure de la résidence tout en respectant 'l'histoire' de la monarchie et du Royaume.

Au centre de la pièce trônait une table en bois, entourée de fauteuils confortables en cuir et à l'allure moderne, tout comme la table en bois noir. La table était dressée pour recevoir une négociation et une discussion entre deux délégations. Des verres d'eau, des verres pour accueillir d'autres boissons, des stylos, des feuilles, des places pré-définies. C'était bien une rencontre diplomatique teylaise pour que tout soit millimétré et pensé par les diplomates et le Gouvernement de Sa Majesté. À droite, il se trouvait un buffet à volonté pour les convives et une table faite pour accueillir les personnes souhaitant manger. Seul l'absence d'alcool était notable dans le buffet à volonté et autour de la table. On savait les Teylais être pointilleux sur les politiques hygiénistes, cela semblait le cas dans les rencontres diplomatiques, à moins que...

- Si vous voulez de l'alcool, vous le pouvez demander à la cuisine, Vos Excellences, déclara cordialement Angel Rojas en entrant dans la pièce.

Il se servit immédiatement un café pour lui et Pierre Lore et proposa aux invités ce qu'ils voulaient. Après ce geste d'amiabilité, tous s'assirent autour de la table.

- Bien, commença Pierre Lore. Nous pouvons dire que la rencontre est officiellement ouverte. Vous êtes les invités du Royaume de Teyla, voulez-vous commencer par un sujet particulier ? Dit-il en regardant les deux Estaliens.


Jet de perception vu avec Brown : 98.
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Pris entre deux feux.


Après leurs brèves salutations avec leurs compères teylais, les deux Estaliens entrèrent dans la voiture qui leur avait été assignée. Pour la Commissaire, cela l'a dépaysait quelque peu de savoir que le trajet se faisait de manière aussi impersonnelle. Elle savait bien qu'elle n'avait pas affaire à une nation amicale, très loin de là, mais c'était le genre de gestes qui lui faisait regretter la diplomatie kah-tanaise de temps en temps. Velislav était resté impassible quant à l'attitude des Teylais, visiblement peu impressionné et scrutant autant la réaction des dignitaires teylais que de sa propre supérieure hiérarchique, du moins supérieure en théorie. Dans les faits, si les deux étaient en Estalie, ils se seraient certainement copieusement insultés dans l'hémicycle du Congrès. Cependant, en territoire étranger, le comportement des Estaliens différait de leurs habitudes agaçantes sur leur sol natal. Si on se prenait souvent à s'exprimer ouvertement en Estalie, quitte à se foutre sur la gueule, et qu'on s'autorisait volontairement à se diviser entre Estaliens, à l'étranger, le réflexe communautaire prenait instinctivement le dessus. Cela allait bien au-delà du besoin d'appartenance que chaque être humain ressent car les Estaliens ne ressentaient pas seulement le besoin d'appartenir à un groupe social qui leur était familier, ils ne faisaient pas que s'accrocher à leur propre peuple par familiarité, c'était un réflexe de nature morale. Fiers d'eux-mêmes, persuadés de leurs différences flagrantes avec le monde qui les entourent et convaincus que leur place se situe au-dessus du jeu de pouvoir des peuples et des nations, l'instinct oblige les Estaliens, même profondément divisés, à s'unir en terrain étranger. Pendant des siècles, ils sont considérés l'autre côté des frontières comme un monde sauvage, en proie aux guerres, aux maladies et aux famines dont les Estaliens ne veulent connaître ni d'Adam ni d'Eve. Pourtant, voilà que l'anarchisme a tout changé, que le sceau isolationniste s'est rompu et que les Estaliens s'amusent maintenant à répandre l'hydre husakiste aux quatre coins de la planète, telle une bête relâchée après avoir accumulé des siècles de pulsions conquérantes refoulées par mépris. Ou plutôt...une forme de condescendance, profondément morale et quasi-paternaliste. C'est ce qui expliquait que naturellement, malgré leurs profondes divisions chez eux, Volkiava et Velislav s'échangeaient des regards qui tenait davantage de la camaraderie que de la suspicion ou de la haine. Bien que les deux étaient husakistes, Volkiava était une modérée avant tout et bien qu'elle ait dû suivre le mouvement quand la Kartvélie s'est effondrée sous les coups d'épées idéologiques incessants du SRR, la Révolution Brune n'était pas son initiative. Ce n'était pas non plus sa volonté, elle aurait cru davantage à ce que les husakistes prennent le pouvoir par la voie électorale, ce qui aurait permis d'éviter que les trois quarts du pays ne tombe entre les mains de seigneurs de guerre locaux et que le pays soit plongée dans une large misère, sans oublier la non-existence de ce conflit insensé au Saïdan. Mais voilà, le SRR avait des résultats rapides, bien qu'imparfaits. "On discute avec nos alliés et on écrase nos ennemis. Vous faites la première partie, on s'occupe de l'autre" lui avait-on insinué au début de sa fonction en 2014. Autant dire qu'avoir accepté une entrevue avec Teyla, un ennemi idéologique "naturel" de l'Estalie, ça avait fait grincé des dents le SRR, raison pour laquelle elle avait maintenant Velislav au cul au lieu d'un délégué quelconque du Congrès.

Velislav regarda par la fenêtre la ville de Manticore qui s'étendait au loin. La Commissaire lui emboîta le pas et put constater ce que les Teylais avaient aménagés dans le cadre de leur plan, Manticore 2030. Elle prit un air mitigé, à la fois admirative de ce progrès technologique et peut-être un peu dubitative car là où les Estaliens commençaient à peine à envisager l'aménagement urbain du futur, les Teylais l'appliquaient.

"Ils innovent. Ils sont en avance même. Autant, Manticore est une belle ville, autant cela m'effraie de voir comment cette ville se transforme à une telle vitesse.
- Sur certains points, la ville ressemble à Mistohir.
- Oui et non. Le gouvernement royal avait mené son projet de réaménagement de la capitale dans les années 1990's pour en faire la vitrine de l'Estalie libérale. Je suppose que Manticore faisait partie des sources d'inspiration du projet.
- Si vous voulez mon avis, Fransoviac ressemble davantage à Manticore que Mistohir qui a eu la décence de conserver la plupart de ses bâtiments historiques.
- Fransoviac était une ville de bourgeois, une ville de banquiers...donc oui, d'une certaine manière. En tout cas, l'avancée technologique dans le domaine urbain qu'ils mènent me fait beaucoup penser à ce projet des ultravisionnaristes...hm...
- Nova Odissa ?
- Oui, exact. Cependant, le projet est né il y a...quoi...trois mois ? Eux, ils ont l'air d'avoir pris beaucoup plus d'avance encore.
- On les rattrapera.
- C'est ce que j'espère aussi.
"

La discussion restait banale au possible et c'était tout à fait normal, évidemment. Cette voiture n'était pas la leur, c'était une voiture teylaise avec un chauffeur teylais. Contrairement à l'espace très sécurisé et rassurant de l'avion gouvernemental qui les avaient menés jusqu'ici, cette voiture faisait office de piège à paroles. Qui sait ? Peut-être que les Teylais ont posés un micro ou deux dans le véhicule ? Lorsque les rencontres s'effectuent à l'étranger, en dehors de concertations classiques et sans intérêt, même l'usage du moyen-estalien restait restreinte. Bien que ce dialecte était très peu connu et parlé seulement par une faible minorité de la population estalienne (et donc de fait, très peu pratiquée même dans le monde diplomatique en contact avec les Estaliens), on était jamais à l'abri d'une traduction postérieure. Les deux délégués savaient ce qu'ils avaient à dire et à faire, pas besoin de se concerter, ils ont eu tout le temps avant leur départ.

Le garde teylais ouvrit la porte, invitant les Estaliens à sortir pour accompagner la délégation teylaise à l'intérieur de la Résidence Faure. La Commissaire prit un air un peu surpris en regardant la bâtisse, son aspect moderniste contrastait drastiquement avec le Questan, le siège de la Commission aux Relations Extérieures. Honnêtement, elle aurait cru davantage à une maison d'architecte qu'à une résidence d'un dirigeant ou un haut fonctionnaire d'Etat tel que le Premier Ministre. C'était une forme de paradoxe étrange : le Questan était un palais, un vestige de cette noblesse déchue par la Révolution mais aussi symbole marquant d'un des conflits les plus traumatiques de l'histoire estalienne. La Révolution n'avait pas rompu avec le passé monarchiste de l'Estalie, du moins sur le plan symbolique. Etrange paradoxe pour des libertaires et Teyla, monarchie constitutionnelle, encore attachée à sa figure monarchique, semblait aller au-delà de sa tradition monarchique pour embraser une version plus moderne. Etait-ce le libéralisme qui avait posé ses marques sur le passé ? Pas mal de questions et aucune ombre d'une réponse quelconque en vue. Les Estaliens entrèrent dans le bâtiment. Au moins, ils ont eu l'air satisfaits en voyant la salle où devait se dérouler l'entrevue : la préparation et la justesse des Teylais était tout à leur honneur. On contait à la Commissaire que la délégation partie au Drovolski avait été accueillie avec moins...d'enthousiasme. Volkiava appréciait donc au moins que les Teylais aient considérés la rencontre comme importante et aient décidés de la préparer avec sérieux et discipline.

Une fois installés, les deux Estaliens refusèrent la proposition d'alcool. Aussi bête que cela puisse paraître, les Estaliens n'étaient pas spécialement buveurs. Amateurs de vin (l'Estalie orientale produisait massivement du vin depuis le Moyen-Age), ils étaient néanmoins relativement modérés sur le sujet statistiquement. Rien à voir avec les ivrognes qui leur servent de voisins. Tiens, ça vient peut-être de là, leur domination, qui sait ? Après que Velislav se soit lui-même servi une tasse de thé sur la table, la Commissaire débuta l'ouverture officielle de l'entrevue :

"Effectivement, je souhaite aborder avec vous en priorité un sujet qui me semble particulièrement important pour cette rencontre et qui sera, je pense, déterminant dans les relations à venir entre Manticore et Mistohir d'ici les prochaines années : je parle ici du cas de l'Eurysie de l'Est et de la situation actuelle en Translavya.

Bien que la disparition de la Loduarie soit un sujet tout aussi important et qu'il présente de nombreuses conséquences pour le continent eurysien, le cas translave est particulier. Comme vous devez vous en douter, l'Estalie considère la région comme un espace à sécuriser et stabiliser, du fait de la proximité d'un certain nombre de régimes assez peu amicaux dans la région. Le problème découle du fait qu'en plus d'être une région particulièrement instable, l'Estalie y trouve un certain nombre d'intérêts sur le plan économique principalement. C'est simple, vous devez être au courant qu'il existe un chemin de fer qui relie l'Estalie à la DCT et qui permet notamment aux coopératives exportatrices estaliennes d'avoir un accès au port d'Oklanov. C'est une zone stratégique pour nous et comme toute zone stratégique, elle doit être défendue. Nous ne sommes pas particulièrement friands de la tactique d'opposition que les Loduariens ont adoptés dans la région, la DCT a agi pendant trop longtemps comme un pion loduarien et le Secrétaire Lorenzo a longtemps considéré notre aide économique comme de l'entrisme, ce qui explique pourquoi nous avons jusqu'à là décidé de rester patients dans cette région du monde.

Or, les événements récents au Pravoslavnyy, ce revirement quasi-autocratique au Slaviensk et la présence de forces onédiennes en République Translavique sont, de très loin, des raisons suffisantes pour la Fédération de s'inquiéter et de ne plus rester dans une posture passive. Bien entendu, nous ne vous incombons pas la faute ou la responsabilité de cette instabilité mais j'ose espérer que le Royaume de Teyla est toute aussi préoccupée de la stabilité régionale. L'idée serait donc de faciliter la stabilité régionale en évitant que cette région du monde ne devienne un terrain d'affrontements entre nos deux blocs ; en bref, que nous nous mettions d'accord sur des limites communes à respecter.
"
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Ad bellum pacemque parati !

Lieu


Angel Rojas sourit intérieurement pendant la prise de parole de la Commissaire de la Fédération des Peuples d'Estalie. Il avait parié dix pétales avec Pierre Lore que les représentants Estaliens allaient parler en premier du cas de la République Translavique et de la Démocratie Communiste de Translavya. Il rigola beaucoup moins quand la Commissaire parla d'une région que l'Estalie considère comme à sécuriser. Le Royaume de Teyla voyait où venait en venir la diplomatie Estalienne. La construction d'un cadre sécuritaire permettant la sécurité de la Fédération des Peuples de l'Estalie, comme l'a fait le Royaume de Teyla en Eurysie de l'Ouest et du nord. Et d'une certaine manière, le Royaume de Teyla le faisait en Eurysie centrale qui, via sa présence, assurait la paix entre l'Hotsaline et l'Empire Raskenois. Une paix sans doute fragile, Teyla n'était pas dupe, mais qui faisait le jeu du Royaume de Teyla. En ayant une force de projection aussi importante à l'étranger, il envoyait un message sur ses capacités militaires aux nations étrangères.

Mais est-ce la volonté de la Fédération de vouloir sécuriser la région d'Eurysie de l'Est, très certainement, bien que cela pouvait n'être qu'une excuse. Mais quelles solutions avaient l'Estalie pour cela ? Au regard du passé récent de cette nation, Pierre Lore et Angel Rojas savaient ce que pouvait signifier cette expression dans la bouche d'un Estalien. Néanmoins, ce n'est pas pour autant que le Gouvernement de Sa Majesté ne partage pas les constats de la Commissaire. Bien au contraire, le Royaume de Teyla n'est que trop conscient des faiblesses des nations de l'Eurysie de l'Est. Le Royaume de Teyla en avait fait l'expérience avec Slavienks au sommet de Rusulka et les préparations dudit sommet. Chaque jour passant en Eurysie de l'Est laissait la capacité aux régimes fascistes et/ou réactionnaires de se renforcer. Par malheur pour le Gouvernement de Sa Majesté, ils étaient nombreux ces états qui n'allaient pas dans le sens idéologique du Royaume de Teyla et pire que cela semblaient être une insulte à la pensée humaine.

Cette rencontre à travers ce sujet avait quelque chose d'ironique. Le Royaume de Teyla allait parler de la République Translavique et la Fédération des Peuples d'Estalie allait parler de la Démocratie Communiste de Translavya. En réalité, les deux nations allaient parler 'à la place de' tout en se défendant de le faire et qu'ils respectent la souveraineté nationale de chacune des nations sur cette planète. Pierre Lore trouva cette situation ironique, amusante d'un certain côté quand Angel Rojas trouva ces formes, bien que nécessaire, d'une tristesse absolue. Certes, le Royaume de Teyla n'avait pas le contrôle sur le gouvernement de la République Translavique mais ce dernier était bien content de pouvoir compter les membres de l'Organisation des Nations Démocratiques pour protéger la République des possibles menaces régionales.

- Le Gouvernement de Sa Majesté comprend tout à fait vos inquiétudes, commença Angel Rojas sur un ton cordial. Vous nous demandez si nous partageons vos inquiétudes. En tant que puissance eurysienne et ayant des intérêts dans la stratégie et aussi une nation alliée avec la République Translavique, le Royaume de Teyla partage vos inquiétudes bien entendu. Comment pourrait-il en être autrement ? Nous avons observé avec horreur les horreurs qu'a commises le Tsar du Grand Tsarat de Pravoslavnyy envers les minorités aussi bien sexuelles que religieuses. Ce que vous décrivez, à savoir un mouvement de masse de la réaction en Eurysie de l'Est, nous l'observons tout comme vous et bien entendu la réaction n'est jamais une bonne chose. Notamment d'un point de vue sécuritaire, de la stabilité et de la paix.

Le Royaume de Teyla connaît peu de leaders réactionnaires et nationalistes n'ayant pas une vision belliqueuse, expansionniste. De surcroît, la Démocratie Communiste de Translavya n'arrange rien à la situation. Cette nation, sous l'égide de la Loduarie Communiste, n'a eu de cesse que de répéter une rivalité en Eurysie de l'Ouest qui était néfaste pour toutes les nations. Que cela soit le Royaume de Teyla, la Loduarie Communiste et des nations neutres. La Loduarie Communiste a joué avec le feu plus d'une fois et nous étions par moment pas loin d'une guerre totale. Nous avons toujours privilégié la diplomatie des armes avec la Loduarie Communiste. Parce que nous avions conscience que si la dynamique de la guerre s'enclenchait alors ce n'était pas seulement un échange de tir le temps d'une soirée qui allait arriver, mais bien une guerre totale sur le continent Eurysien et peut-être même au-delà.

Angel Rojas était confiant dans son propos, mais se garda bien de dire que le Royaume de Teyla n'est pas allé à la guerre parce qu'il était lui-même terrifié au sens strict du terme vis-à-vis d'une confrontation militaire avec la Loduarie Communiste. Mais avec la disparition de la Loduarie Communiste, ce sentiment s'était dissipé petit à petit et Angel Rojas retrouvait, sûrement trop rapidement, son ardeur d'avant.

Pour arriver à cette paix, le Royaume de Teyla a fait énormément de concessions. Bien que nous croyions toujours à la diplomatie, le Royaume de Teyla n'a pas apprécié de voir une livraison d'armes loduarienne pour la Démocratie Communiste de Translavya. Vous serez d'accord, je le sais, avec le Gouvernement de Sa Majesté qui voit dans cet acte tout sauf un acte d'apaisement des tensions, d'un geste en faveur de la paix ou que sais-je. C'est tout l'inverse qui était montré. Ainsi, je le dis avec fermeté, mais avec conviction. Au moindre signe d'hostilité de la Démocratie Communiste de Translavya, au moindre signe d'une vision loduarienne de la diplomatie et des relations internationales, à savoir l'utilisation de la force militaire, le Royaume de Teyla se réserve le droit de prendre les dispositions nécessaires pour que le règne de la terreur cesse sur la scène internationale. Nous ne ferons pas les mêmes erreurs qu'avec la Loduarie Communiste une deuxième fois.

Toutefois, nous savons que les efforts doivent être consentis de la part de tous les acteurs. C'est pourquoi le Royaume de Teyla modifiera sa présence militaire au sein de la République Translavique dans les semaines, les mois à venir. En outre, la présence du Royaume de Teyla sera réduite assez grandement et le Royaume de Teyla restera uniquement dans une optique de soutien militaire à la République Translavique. Le Royaume de Teyla souhaite coopérer pour éviter que cette région devienne un affrontement entre deux blocs puissants. Mais il revient à la Démocratie Communiste de Translavya de se montrer raisonnable dorénavant, mais il revient aussi à des régimes nationalistes et issus de la réaction de ne pas regarder au-delà de chez soi. Il est évident qu'au regard des intérêts de la Fédération des Peuples d'Estalie et du Royaume de Teyla dans la région qu'en cas de conflits régionaux nos deux nations seront obligées d'œuvrer diplomatiquement pour l'arrêt des combats et nous pouvons même imaginer une coopération diplomatique pour ce faire par la création de mécanisme commun par exemple.

Outre ce sujet de la Démocratie Communiste de Translavique dont nous avions à cœur d'aborder, nous sommes d'accord que les parties doivent se limiter d'elles-mêmes sans que cela remette en cause leur souveraineté nationale et ce que nous appelons leur cadre sécuritaire. Sans nous montrer hautain, le Royaume de Teyla avec son allié régional la République Translavique avons un avantage économique et militaire dans la région, bien que nous soyons conscients de la nécessité de limite pour assurer la paix et faciliter la stabilité régionale comme vous le dites, nous voulons que les efforts soient partagés de manière égale. Si ce que vous proposez va dans ce sens, le Royaume de Teyla n'aura aucune raison de refuser. Nous ne pouvons nous prononcer à la place de la République Translavique, vous vous doutez bien. Et même si nous trouvons les éléments présentés inégaux, non pertinents, nous sommes ouverts à la discussion. Le Royaume de Teyla se trouvera toujours du côté de la paix.


À quelles limites communes pensez-vous, Votre Excellence ? Demande Angel Rojas, avant de laisser la parole à la délégation Estalienne.
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Mieux vaut une amère vérité qu'un doux mensonge.


La Commissaire écouta attentivement les dires du Premier Ministre Rojas et comme à son habitude à chaque entrevue diplomatique qu'elle effectuait, elle prenait soigneusement des notes. Bien qu'elle se méfiait de son propre délégué en second, elle n'hésitait pas à faire glisser le bloc-notes qu'elle entretenait vers Velislav afin que celui-ci puisse comprendre lui aussi les points relevés et si possible compléter lui-même ses propres notes. Les Teylais devaient sûrement avoir l'impression d'avoir deux élèves assis sur les bancs de la fac juste en face d'eux car à part la Commissaire qui était en capacité de noter et de suivre du regard son interlocuteur en même temps, Velislav n'adressa pas un seul regard au Premier Ministre, se contentant de relever la tête à la fin de son explication. Kristianya Volkiava regarda ses notes et soupira légèrement. De soulagement ? Peut-être. Très bien, les Teylais semblaient effectivement prompts à négocier et bien qu'elle n'était pas à l'abri d'un accord inacceptable qui mettrait uniquement Manticore dans un rapport de force bien plus avantageux, elle savait que la coopération était pour le moment le meilleur moyen pour l'Estalie de ne pas envenimer une région déjà très chargée. Elle se souvint brièvement, avant de prendre son vol pour Manticore, de l'appel qu'elle a reçu de Milov Vidik, l'ambassadeur estalien en DCT. L'ambassadeur lui avait bien expliqué que la DCT était en plein tournant politique, sûrement en faveur de l'Estalie compte tenu du faible nombre choix d'alliés que la DCT pouvait obtenir en si peu de temps. Ce tournant politique, disait-il, pouvait basculer dans un camp comme dans l'autre. Autant les eurycommunistes les plus modérés du PET, alliés aux partis libertaires, avaient de bonnes chances de succès politiques, autant la ligne dure du PET, adeptes des méthodes loduariennes, ne laisseraient pas la faction modérée l'emporter si facilement et le soutien de l'APT à la faction loduariste n'était pas pour arranger les affaires ni de l'ambassadeur et sûrement pas du SRR qui était peu enthousiaste à l'idée de toucher ne serait-ce qu'un cheveu aux capacités militaires de la DCT.

Il fallait donc éviter l'emballement de la situation intérieure et présenter un compromis à l'extérieur, une manière d'apaiser la situation translave héritée de l'invasion de 2013. Il était néanmoins évident qu'un compromis ne se ferait pas sans concessions. La Commissaire reprit donc :

"Je pense effectivement qu'une coopération est nécessaire dans le cadre régional de l'Eurysie de l'Est, compte tenu de notre préoccupation commune pour la sécurité et la stabilité régionale. A mon sens, l'espace est-eurysien qui nous concerne ici dans l'immédiat se divise en deux parties, l'espace translave et l'espace slavo-pravoslave. Evidemment, dans l'immédiat, nous devons principalement nous affaire à résoudre la question translave en priorité puisqu'elle constitue le point de litige le plus probable qui pourrait avoir lieu entre nos deux nations, de part nos intérêts économiques en DCT et de part votre présence militaire dans la République Translavique. Les limites à imposer me semblent assez claires ici : la menace principale pour la région est avant tout militaire. La présence onédienne en RT pourrait forcer certains éléments radicaux eurycommunistes à armer encore davantage le pays face à une invasion quasi-certaine de l'OND à son encontre. La DCT a pendant longtemps pu se reposer sur les garanties de protection de la Loduarie et c'est ce qui avait permis de maintenir la paix d'une certaine manière car la DCT ne pouvait se militariser ou disposer d'une quelconque initiative militaire sans l'aval de Lyonnars. Cette époque est révolue désormais, l'armée translave suit aujourd'hui ses propres objectifs stratégiques et la présence teylaise en RT n'est pas vraiment là pour la rassurer.

Si je comprends bien, néanmoins, le Royaume de Teyla souhaite diminuer son implication militaire en Translavie et c'est une intention louable. De notre côté, l'Estalie se porte certes garante de l'indépendance de la DCT mais elle ne compte en aucun cas imposer une quelconque présence militaire, bien qu'elle dispose à ce jour de moyens de projections relativement suffisants pour s'y déployer en quelques heures, et contrairement à certains pays alliés comme la Kartvélie ou la Kaulthie, l'Estalie ne compte en aucun cas mener une politique de renforcement militaire à travers l'Armée Populaire de Translavya. Ce que je vous propose est donc simple et tient sur deux choses. Premièrement, nous devons nous mettre d'accord sur un accord de non-ingérence militaire sur les deux Translavies, ce qui implique l'absence de toute force armée de nos deux nations sur le territoire de la RT et de la DCT. Deuxièmement, afin de palier au danger que cela impliquerait de laisser ces deux nations l'une contre l'autre, nous devrions mettre en place un accord commun de maintien de la paix dans la région. L'idée est simple : en l'absence de toute force armée, nos deux nations se mettraient d'accord pour disposer des observateurs à la frontière afin d'avertir de tout mouvement militaire hostile et ainsi prévenir nos gouvernements respectifs de tout risque de conflit inter-translave. En ce qui concerne les observateurs en eux-mêmes, je propose à ce que cette mission soit confiée à un organe civil conjoint, dont la désignation se fera d'un commun accord, afin d'éviter la militarisation de ces dits observateurs. Par la suite, nos deux nations devront s'accorder à éviter le conflit par une force d'interposition afin que les deux armées translaves ne s'affrontent pas. En définitive, cet accord devrait permettre, même en cas de prise de contrôle d'éléments radicaux ou belliqueux au nord comme au sud, d'assurer une paix relative entre les deux nations. Bien entendu, cet accord de non-ingérence devrait également encadrer strictement les transferts d'armement ou d'équipements militaires. J'ai cru comprendre votre opposition aux livraisons d'armes des Loduariens et je comprends votre consternation face à ce mouvement, l'Estalie ne compte absolument pas armer la DCT mais bien entendu, elle s'attend à ce que cette neutralité quant à l'exportation d'armes soit réciproque. L'exportation d'armes de la part de Teyla ou de l'Estalie à un des acteurs ne ferait qu'encourager davantage au conflit par l'accumulation de matériel de guerre et donc de capacités des deux armées respectives à envisager un conflit militaire. Or, nous recherchons exactement l'inverse. Je pense que pour la situation translave, un accord de ce type agit comme un compromis honorable comme moyen de désescalade militaire, autrefois provoquée par cette rivalité OND-Loduarie persistante et désormais complètement anachronique.

Ensuite, en ce qui concerne l'espace slavo-pravoslave (j'y inclurais également le Morakhan), cette région me semble toute aussi importante compte tenu de son caractère idéologique fortement marquée par les idées réactionnaires. Bien que j'ai cru comprendre que le Pravoslavnyy avait subi de fortes pressions de la part de la République de Velsna et qu'une révolution avait renversé le pouvoir théocratique en place qui avait purgé de fait les minorités sexuelles du territoire, il me semble pour autant que la région continue non seulement d'être instable et d'être un nid à problèmes. Je vais être claire mais Mistohir estime que cette région peut devenir à terme un nid à terroristes radicaux. La région a déjà un lourd passif avec le radicalisme de droite et j'en tiens pour preuve que le Morakhan, par exemple, accepte dans son système législatif un parti national-socialiste. Ajoutez à cela la diversité ethnique du Morakhan, l'instabilité politique de la plupart des pays et la politique réactionnaire de Slaviensk et vous obtenez une menace sur les arrières de l'Estalie. Bien que le Royaume de Teyla soit moins directement concernée par cette situation, en dehors de Slaviensk bien sûr, je pense là aussi que nous devrions nous mettre d'accord sur une sécurisation progressive de la région. Le Morakhan est stratégiquement positionné entre nous et la DCT et l'hébergement de national-socialistes sur son sol n'est pas un indicateur de très grande fiabilité. Nous n'avons évidemment aucun intérêt à intervenir directement dans les affaires de ces Etats mais nous pensons qu'il serait plus utile de réfléchir à une doctrine conjointe contre la réaction dans cette région, afin de la rendre plus stable et de ne pas forcer l'une de nos nations à une intervention disons...plus musclée. Nous ne prétendons pas définir seuls l'architecture de sécurité de cet espace régional mais nous estimons que la passivité aurait un coût bien plus important et pour tout le monde. Il vaut mieux prévenir les mouvements de type "Saïdan" que devoir en gérer les conséquences, disons...
"

La dernière remarque n'était pas infondée et laissait transparaître une des préoccupations majeures de l'Estalie après son expérience douloureuse de la Kartvélie : Mistohir ne veut pas d'un nouveau Saïdan et encore moins d'une nation est-eurysienne qui en serait l'exacte copie et l'acquiescement progressif de Velislav aux derniers mots de la Commissaire laissait entendre de surcroît que c'était une préoccupation qui n'avait rien de partisane et qui se voulait consensuelle dans la sphère politique estalienne, démonstration de l'importance de la stabilité régionale et surtout de la disparition (ou au moins du containment) des régimes autoritaires et réactionnaires régionaux.
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