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[Altarie-Teyla] Une rencontre dans les Altars...

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Une rencontre dans les Altars...
20-05-2016

Alexandra Tyrina Von Shäkalsbourg
Sa majesté Alexandra Tyrina Von Shäkalsbourg, Princesse d'Altarie


C'était une première dans l'histoire Altarienne depuis fort longtemps. Une nation extérieure - Teyla qui plus est - foulera le sol de Shäkalsbourg, capitale de la jeune principauté qui s'était sortie de la triste période républicaine il y a de cela déjà plus de deux ans. C'était exclusif, et profondément important, car cette rencontre marque la fin de la période d'isolationnisme de la Kaulthie des altars dû à l'inaction, sur ce plan, du prédécesseurs Ron-Gustav II, qui avait abdiqué il y a plusieurs mois.
Cependant, alors que l'heure était à l'accueil du représentant teylais, Alexandra Tyrina semblait troublée. Les gardes lui assurant une sécurité sans faille ne remarquèrent tout d'abord rien, car la Princesse évitait de se montrer mal en public. Malheureusement pour elle, au bout d'un long moment, l'on sentait que la jeune dirigeante était troublée. Tout cela s'expliquait par sa récente dispute avec son père, suivit de la disparition de ce dernier qui l'avait profondément choqué, et les révélations faites durant celle-ci n'ont faite qu'aggraver la situation. Bien que seuls les membres de la famille royale étaient au courant de cette situation, de l'extérieur, l'on pouvait se douter qu'une chose n'allait pas.
Le plus tragique évènement survenu à la cour depuis plusieurs années tombait cependant au pire moment possible : une rencontre historique allait débuter, et la princesse, elle, était toujours meurtrie par tout ce qui s'est produit il y a plusieurs jours. Afin de sauver ce moment crucial, son oncle, l'Erbe (=héritier) Karl Von Shäkalsbourg, frère d'Elmund Von Shäkalsbourg ( père d'Alexandra ), proposa alors d'aller à la rencontre des teylais à l'aéroport de la capitale à la place de la princesse. Bien qu'Alexandra, désorientée, savait qu'elle devait être présente pour donner une belle image de l'Altarie, elle se laissa finalement convaincre par son oncle. Lorsque le moment était venu de s'en aller à l'aéroport de Shäkalsbourg, Karl partit, en prenant soin de préciser aux gardes royaux de surveiller l'état de sa majesté et de l'emmener dans ses appartements si nécessaire.

Ainsi, dès le début, cette entrevue, pourtant historique pour l'Altarie, tombait au pire des jours. La Princesse, mentalement, n'était pas suffisamment stable pour tenir durant toute la rencontre, l'Erbe Karl en était certain ( il n'avait qu'à penser aux nombreuses insomnies et maux en tous genres que subissait Alexandra depuis la fuite d'Elmund ). Heureusement pour le pays, Karl avait bien prit soin de décortiquer les sujets à évoquer durant la rencontre, et il avait parfaitement conscience de tout ce qui se jouait en ce lieu durant les prochaines heures. Entre potentiels liens commerciaux à établir, réseaux d'échanges entre universités et d'autres sujets encore non-cités, la rencontre avait de quoi durer. Tout ce qui était à espérer, c'était que l'état de sa majesté se stabilise, au moins pour cette fois.

C'est alors, après quelques minutes de routes entre le Palais Impérial et l'aéroport de Shäkalsbourg, que l'Erbe se prépara enfin à accueillir la délégation teylaise. Ce pays, membre de la puissante et renommée Organisation des Nations Démocratiques, qui était déjà présent en Kresetchnie via des bases militaires, revêtait d'une grande importance pour le plan tissé par Alexandra Tyrina. Celui-ci ne tenait qu'en trois mots : éloignement de Rasken. En Altarie, cela pourrait prêter en partie à rire, car ce dernier pays a toujours été un fidèle défenseur des Altariens, notamment face aux Raches durant la reconquête. Cependant, cette influence, si elle venait à croitre, ne provoquerait que plus de problèmes pour le petit état du sud de la confédération. Ainsi, Alexandra, tournant le dos à la politique pro-raskenoise de son prédécesseur Ron-Gustav II, décida de couper certains liens entre les deux pays, en tentant via diverses manières, de montrer le problème d'un rapprochement trop intense avec le pays des fans de nightcore. Pour certains, c'était la pire erreur qu'ait pu faire sa majesté, à l'image d'Elmund son père, qui a disparu des radars, mais aussi Ron-Gustav II lui-même, qui, malgré son abdication et sa non-réaction face à la déclaration de sa petite-fille, devait certainement être scandalisé par les évènements.
Du côté de Karl, il s'accordait avec l'avis de sa nièce. Depuis sa plus tendre enfance, il avait toujours perçu ce pays comme un état qui se montrait amical, mais qui allait, un jour ou l'autre, tenter de s'emparer de l'Altarie. Ainsi, pour lui, l'allocution de sa majesté étaient tout à fait bienvenu.
En bref, deux camps s'affrontent au sein même de la cour, déchirant la famille royale comme jamais cela fut le cas dans sa longue histoire. Pour l'Erbe Karl, tout n'était que futile, car actuellement, le groupe qui dirigeait le pouvoir n'était en aucun cas les pro-rasken, mais les évènements, il le savait plus que qui qu'onques, pouvait rapidement changer, et il fallait tout de même rester sur ses gardes

Ainsi, lorsque l'avion venant de Teyla arriva enfin sur le sol de l'aéroport, et que la délégation arriva, Karl afficha un visage souriant et dit alors :

"Vos excellences, c'est un honneur de vous rencontrer et de vous voir répondre présent pour cette rencontre sur le sol Altarien. J'espère que le voyage s'est déroulé dans les meilleurs conditions possibles, et que cette rencontre pourra marquer le début d'une coopération bénéfique à nos deux pays.
J'ai cependant une mauvaise nouvelle. J'ai espoir à ce que vous compreniez la situation, mais sa majesté Alexandra n'a pas pu venir ici pour cause médicale. Elle n'est point sur son lit de mort, je tiens à vous rassurer, mais elle n'est pas en état pour pouvoir se joindre à nous. Elle pourra, nous l'espérons, tout de même venir, mais cela n'est point sûr. Ainsi, je serais, en attendant de connaitre les disponibilités de sa majesté, votre interlocuteur pour cette rencontre. Laissez moi me présenter : je suis l'Erbe Karl Von Shäkalsbourg, fils cadet de Ron-Gustav II et oncle de sa majesté Alexandra Von Shäkalsbourg.

Pour pouvoir atteindre le palais royal, je vous invite à me suivre."


Ainsi, la rencontre débuta. Après avoir serré la main de l'interlocuteur de Manticore, les deux délégations se suivirent de près, entrant dans les voitures blindés les menant vers leur destination finale : le Palais Royal.


Karl Von Shäkalsbourg
Son Altesse Karl Von Shäkalsbourg, Erbe d'Altarie
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L’honneur du royaume, la douleur de la couronne !

Lieu


Le Royaume de Teyla allait dans un pays inconnu, mais dans une région bien connue par les autorités du Royaume de Teyla. En outre, depuis au moins l'année deux mille treize, le Royaume de Teyla avait des troupes militaires dans la région, et plus spécialement en Hotsaline, une nation de la Confédération de Kresetchnie. Le Royaume de Teyla protégeait militairement les membres de la Confédération des menaces qui pesaient sur elle. Il y avait bien sûr les râches, mais ceux-ci avaient été massacrés dans un élan commun de plusieurs nations. Cette menace n'existait plus. La première menace, normalement, pour les membres de la Confédération et l'Hotsaline n'était ni plus ni moins que l'Empire Raskenois, qui avait participé aux opérations militaires sans que l'on demande l'avis de cette nation au préalable. Le Royaume de Teyla ne disait rien à l'époque, mais il observait les agissements de chacun. Et si l'Empire Raskenois était allé trop loin, il n'y avait aucun doute possible sur le fait que le Royaume de Teyla aurait agi contre l'Empire Raskenois, malgré le déploiement velsnien à l'époque.

Outre cela, il semblait qu'il y avait une montée des tensions entre l'Hotsaline et la Mährenie, une nation qui montait en puissance ces derniers mois. Là aussi, le Royaume de Teyla observait, mais ne disait rien. Tant qu'on ne lui demandait rien, le Royaume de Teyla observait, même s'il avait déjà eu à se prononcer au sein de l'Organisation des Nations Démocratiques sur l'adhésion de la Mährenie au sein de ladite organisation. Pierre Lore avait même publiquement fait un appel du pied aux autorités de cette dernière, mais elle l'avait rejeté. Depuis, le Royaume de Teyla ne savait pas trop comment se positionner vis-à-vis de la Mährenie. Quoi qu'il arrive, le Royaume de Teyla, bien qu'ayant de forts intérêts dans la région, n'était pas au courant de toutes les actualités de la région, y compris celles de la Confédération.

Il avait suivi de loin les derniers rebondissements suite à l'abdication du Prince Ron-Gustav II de Shäkalsbourg et, de fait, il avait suivi les débats internes à cette nation sur la succession au Prince. Le Gouvernement de Sa Majesté n'avait pas de favori durant les débats et les traditionnels rites de nomination. Là encore, le Royaume de Teyla ne faisait qu'observer, mais ne disait rien, parce qu'il n'y avait rien à dire. Il avait suivi la démocratisation du pays. Une démocratisation qui allait dans le bon sens, mais qui restait parfois, dans certains segments, timide. Le Royaume de Teyla eut une surprise en découvrant que les textes de loi étaient déposés par le Prince ou la Princesse au pouvoir. Une situation particulière pour une démocratie, bien que cela devait s'expliquer par une tradition ancienne, voire ancestrale. Mais le Royaume et les traditions, ça faisait deux, une chose assez cocasse pour une monarchie, toute constitutionnelle soit-elle.

Dans une pièce feutrée du ministère des Affaires Étrangères du Royaume de Teyla, une scène cocasse se jouait, alors que Pierre Lore devait préparer la rencontre avec l'Altarie. À vrai dire, il devait préparer deux rencontres diplomatiques, celle avec l'Altarie et celle avec le Drovolski, pas une mince affaire, surtout que cette deuxième rencontre demandait des compétences qu'il n'avait pas. Comment jouer des instruments de musique, sans savoir en jouer ? Pierre Lore n'était pas sûr d'avoir une réponse à pouvoir donner et s'imaginait déjà en plein entraînement de musique avec les services secrets du Royaume de Teyla. Une situation qui semblait amusante sur le papier, se dit-il.

- Flûte ou Violon ?

La Secrétaire de Pierre Lore haussa un sourcil face à la demande très particulière de son ministre et donc supérieur hiérarchique. Elle ne savait pas quoi répondre, alors que Pierre Lore devait partir sous peu pour l'Altarie.

- Pour le Drovolski voyons ma chère ! S'exclama-t-il. Puis il courut vers son bureau et dit à voix haute : J'ai mieux ! Mais oui le triangle ! J'ai juste à faire semblant de taper avec un bâton et la couverture est parfaite non ?

La secrétaire resta bouche bée et dubitative face aux agissements de son supérieur.

- Monsieur, la Secrétaire se racla la gorge, la rencontre avec la Principauté de Kaulthie des Altars est pour bientôt. Il faut la préparer, si vous le voulez bien.

- Ah oui. Entrée donc, ne rester pas devant la porte et déposer les dossiers que vous avez à déposer. Je vous écoute, dit-il avec un triangle musical dans la main.

- Les trois premiers dossiers concernent les personnalités politiques, diplomatiques et économiques les plus importantes de la Principauté. Ceux-là, dit-elle en prenant deux dossiers dans ses mains, ce sont des dossiers sur l'état économique et politique du pays. J'ai envie de dire un état non stable, une économie très faible. Dû à un changement de régime récemment suite à une république qui a fait un peu n'importe quoi si je comprends bien...

Pierre Lore et ses conseillers du ministère passèrent plusieurs jours et nuits à éplucher les dossiers.

À la descente de l'avion, la délégation de la nation hôte pouvait observer que Pierre Lore portait un costume trois pièces, au bleu royal, du Royaume de Teyla. Un mouchoir en soie blanche dépassait avec précision de sa poche de poitrine. Son sourire rendit jaloux les éclats du soleil, lorsqu'ils voulaient apparaître en cette journée. C'était un homme assuré, d'une nation puissante, qui se présentait en Altarie, ou du moins qui s'en donnait l'air. La réalité est souvent différente des apparences, cela reviendrait à l'Altarie de le découvrir. Pierre Lore répondit à Son Altesse Royale sur un ton compatissant :

- Je suis peiné d'entendre vos mots, Votre Altesse. Le Royaume de Teyla se tient du côté de Sa Majesté Alexandra Von Shäkalsbourg et de ses souffrances. Si le Royaume de Teyla peut faire quoi que ce soit, nous disposons des meilleurs spécialistes de santé, dans de nombreux domaines. Toutefois, je vous suis jusqu'au Palais Royal.
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Karl Von Shäkalsbourg
Son Altesse Karl Von Shäkalsbourg, Erbe d'Altarie


La rencontre débutait dans une ambiance faussement joyeuse. Alors que la délégation entrait dans les voitures blindés qui la mènera vers le palais royale, dans la voiture à l'avant, celle où se trouvait Karl Von Shäkalsbourg, la situation était toute sauf à la joie. La fuite, non, la débâcle même du père d'Alexandra, son propre frère, était un acte des plus lâches qui procurait plus de catastrophes à l'échelle altarienne que de bienfaits. Teyla était l'une des rares portes de sorties à la situation complexe où se trouvait l'Altarie. Gangrénée dans une politique pro-raksenoise depuis l'arrivée au pouvoir de Ron-Gustav II, le pays s'était toujours accroché à son voisin de l'ouest pour s'ouvrir au monde, ou encore pour disposer d'un éventuel allié en cas d'agression. Cette position, Karl Von Shäkalsbourg la détestait. Selon lui, c'était une prostitution volontaire que réalisait là l'Altarie, envers un pays qui a maintes fois été critiqué pour ses avancées au Gradenbourg.
Par ailleurs, le Gradenbourg, parlons-en. Dès qu'il a appris cette invasion, l'Erbe s'est toujours mis à critiquer ouvertement cette violation des frontières gradenbourgeoise dans un premier temps, mais aussi kresetchnienne. Pour Karl, ce n'était rien d'autre qu'une ambition impérialiste raskenoise qui continuait de se propager, et même pire encore, une colonisation de la kresetchnie par les raskenois. La destruction de la culture locale germano-slave par une culture germanique de l'ouest. En bref, c'était comme si la Kaulthie rouge ( autre nom pour l'Union des Fédérations de Communes de Kaulthie ) colonisait l'Altarie par simple envie de s'étendre et par impérialisme. Ce ne pouvait être toléré, et ne devait être toléré.
C'est pourquoi la fuite de l'Erbe Elmund Von Shäkalsbourg était plus que malvenue dans une pareille situation. Le pire étant que personne ne sait où se trouve le père de l'actuelle princesse d'Altarie, et Karl se demandait de plus en plus s'il n'avait tout simplement pas fuit à Rasken, rejoindre Ron-Gustav II, qui, selon certaines sources, serait en vacances à Eberstadt. Ce dernier, bien qu'il soit de la même famille que Karl, car étant son père, représentait également un grave danger pour la stabilité du pouvoir actuel. De part sa notoriété, s'il appelait le peuple à renverser le pouvoir, alors il est certain qu'une grande partie des Altariens suivraient celui qui a reconquit et repoussé les terribles raches hors du pays.
A partir de là, il apparaissait comme logique de se faire de nouveau allié. Et comme répété au sein de la famille royale depuis quelques semaines, cela passait inévitablement par un rapprochement avec Teyla, qui était déjà présent en Kresetchnie et plutôt bienvenue par la population de la Confédération.
Ainsi, les voitures avançaient, et Karl Von Shäkalsbourg se remémorait les divers sujets qu'il faudrait aborder. Le "stress", si on peut l'appeler ainsi, était présent, car cela jouerait très certainement sur le sort de l'Altarie dans la politique régionale. Néanmoins s'il y avait bien une chose qu'il faudrait mettre en place, c'était bien un traité de défense entre Teyla et l'Altarie. De cette manière, si jamais une tentative de coup d'état est réalisée par des pro-raskenois, peut être que la monarchie de Manticore pourrait venir en aide aux anti-raskenois... Dû moins, c'était le souhait de Karl Von Shäkalsbourg.

Lorsqu'enfin la délégation et le groupe altarien arrivèrent au Palais Royal, l'Erbe invita les teylais à le suivre dans les couloirs finement décorés du bâtiment, afin d'arriver devant la "salle des négociations". Cette grande pièce, créée vers le XVIIe siècle pour accueillir les seigneurs et empereurs kaulthes, avaient toujours été le symbole de la monarchie altarienne, de part les nombreux symboles royaux et des tapisseries dépeignant de grands exploits de princes d'altarie. Même après la fin de la domination kaulthe, les gouvernements de kaulthie des altars conservèrent cette salle pour l'utiliser comme lieu d'accueil des différents représentants des nations du monde. Ainsi, elle conservait son éclat d'antan et son rappel de la grande histoire du pays tout en servant efficacement le régime dans ses tâches diplomatiques.
Lorsque les Teylais furent assis sur les chaises et canapés richement décorés ( car datant d'il y a plusieurs dizaines d'années voir centaines ), Karl Von Shäkalsbourg prit la parole d'un air souriant afin de rassurer ses interlocuteurs :

"Messieurs, Mesdames, désirez vous une tasse de thé ? Nous pouvons vous en fournir le plus expressément possible, car il est important d'être dans de bonnes conditions afin de pouvoir librement dialoguer.
La cuisine royale vous a également préparé de nombreux mets à votre disposition, si le voyage vous a épuisé, vous pouvez tout à fait vous revigorer avec nos plats finement préparés. "


Sur la table, différents petits en-cas étaient disposés de manière à pouvoir manger tout en dialoguant sur les différents sujets à évoquer. Par ailleurs, aussitôt assit, l'Erbe enchaina par une première question :

"Monsieur Lore, et messieurs dames les conseillers, souhaitez vous que je réalise un rapide résumé de la situation altarienne et de mon pays ? Je ne doute pas de vos connaissances sur notre pays, mais si jamais il venait à vous manquez un détail, n'hésitez pas à me le faire remarquer."

Comprenant le léger silence qui s'ensuivit pour un oui, il dit alors :

"l'Altarie est un vieux pays qui date d'il y a plusieurs siècles, faisant partie de l'histoire kaulthe de part nos peuples similaires, mais qui a déclaré son indépendance en 1756 sous Ermund II, qui a donc permit l'apparition de la Principauté dans son fonctionnement actuel. Plus tard, en 1789, sous Karl IV, nous avons intégré la confédération de Kresetchnie de par la crainte légitime d'une invasion des jeunes puissants nouveaux états environnants. De cette année jusqu'à environ 1970 - 1980, l'Altarie a su tenir ses distances avec ses voisins germains belliqueux et ne cherchant qu'à s'imposer vis-à-vis des peuples locaux. Néanmoins, la stratégie de notre principauté a brutalement changé lorsque Frédéric III, vers la fin de son règne, invita mon père Ron-Gustav II a voir en Rasken un protecteur, aux dépends même de l'intégrité de la Confédération de Kresetchnie, ce qui, nous conviendrons, est intolérable.
Et bien malheureusement, à cause du sentiment paternel fort qui unissait mon grand père et mon père, ce dernier a suivit sa demande et a préféré favoriser un régime dangereux plutôt que celui d'une coopération entre différents états à égalité entre eux. Et la propagande royaliste a fait son chemin en imposant chez le peuple une vision pro-raskenoise, alors même que ces derniers ont osé intervenir au sein de la Confédération pour s'emparer du Gradenbourg. En bref résumé, nous nous sommes soumis à un dictat volontaire, nous forçant, à cause d'un seul souverain, à suivre la ligne décisionnelle d'Eberstadt. Dans la situation où nous nous opposions à Rasken, ce dernier saboterait le régime. Par ailleurs, j'ai là un document qui va fortement vous intéressez
, il sort un document et le donne à Pierre Lore et la délégation Teylaise. Il est normal que vous ne sachez pas de quoi il s'agit, car c'est là une information classée comme secret défense par l'ancien Prince Ron-Gustav II. Pour paraitre plus clair, je vais vous le dire très clairement : Rasken a participé au renversement de Ron-Gustav II en 1999.
Cela peut vous paraitre fou, et incroyablement inattendu, mais les enquêtes sont bien claires à ce sujet. Cependant, vous dire seulement cette information sans vous révélez les évènements qui ont conduit à la chute de la monarchie altarienne serait une erreur. De ce fait, je continue encore un peu ce cours d'histoire, si vous me le permettez, pour vous permettre de mieux comprendre là où je souhaiterais en venir.
Ainsi, après la terrible guerre contre les Raches, qui s'est terminée par une défaite Kresetchnienne et la perte de certains territoires, comme la Bande de Kranung à l'est, le prince est ressorti affaiblit du conflit, et profondément malheureux de part la mort de nombreux citoyens de son pays. Cette faiblesse s'est rapidement ensuivit, dans l'ombre, par une propagande dite "Républicaine".
Pendant près de 20 ans, nous n'avions aucunes informations sur ce groupe, car l'idée de création d'une République était pour beaucoup de nos citoyens une utopie à l'image d'un régime communiste à Rasken. Néanmoins, suite aux travaux lancés il y a quelques années par des enquêteurs altariens, nous avons pu découvrir l'implication de transmission de fonds monétaires Raskenois vers un petit groupe qui se revendiquait du même rassemblement de personnes qui propageait une propagande blasphématoire dans le pays. C'est à dire des penseurs souhaitant l'établissement d'une République, vis-à-vis d'une majorité qui ne souhaitait changer le régime actuel. Néanmoins, s'arrêter seulement sur cette preuve serait brutal et limité.
Il est donc nécessaire que je vous explique la fin du régime monarchiste en 1999. Je m'en souviens comme si c'était hier. J'étais dans la salle d'entrée avec mon père, où je lui expliquais encore une fois de plus le danger de suivre Rasken, et que cette guerre a permit l'apparition d'une ouverture qui pourrait être fatale pour l'Altarie et qu'Eberstadt pourrait utiliser à ses propres desseins. Ce jour là, je m'en suis voulu de ne pas avoir pris les devants. Car au moment même ou je débattais avec mon père, une troupe d'hommes armés a pénétré violemment l'enceinte du palais. Rapidement, ils nous ont fait prisonnier, Ron-Gustav II et moi-même. Pendant plusieurs heures, ils ordonnèrent au prince d'abdiquer en faveur de la "République d'Altarie", en échange de laisser la vie sauve à la famille royale. Et finalement, après un temps interminable, le prince abdiqua et exprima en direct à la télévision son "désir" de voir le peuple d'Altarie régner par lui-même. Des mensonges qui ont souillé l'honneur de notre famille.
Nous avons pu vivre, certes, mais à quel prix ? Au prix de l'installation, sous la république, d'une propagande toujours plus forte qui envisageait Rasken comme le seul allié imaginable pour l'Altarie, allant au contraire de la volonté de coopération des nations de Kresetchnie, jusqu'à même potentiellement réaliser une forme de sécessionnisme.
Mais durant les années qui suivirent, j'ai lentement compris comment ces républicains ont pu pénétrer le palais. Car oui, cela ne vous échappera pas, un palais royale est souvent l'objet d'une protection importante, alors comment un simple groupuscule aurait t'il pu renverser la couronne ?
C'est là que cette enquête démontre du plus grave : Rasken a collaboré avec les terroristes. Il ne vous échappera pas que durant de nombreuses années, mon père est souvent allé rencontrer l'Empereur d'Eberstadt, et inversement, comme voulu dans sa politique de rapprochement exacerbé avec cette nation germanique. De facto, seul ce dernier avait connaissance des sécurités du palais.
Ainsi, par simple déduction, nous en avons déduit, en ajout des nombreuses preuves qui pullulent encore, que Rasken a financé, documenté et fournit des armes à ces républicains afin de renverser le pouvoir pour asseoir son autorité sur notre pays pour le forcer à adopter une ligne anti-kresetchnie et pro-raskenoise, vis-à-vis de nos précieux alliés et confrères de la Confédération."


Il prit une pause, laissant le temps à Pierre Lore et à son équipe de saisirent toutes les informations nécessaires, puis reprit :

"Là où je souhaite en venir, c'est tout simplement que la sécurité du régime ne peut tenir que part le soutien d'une grande puissance étrangère. De part l'implication de Teyla dans la politique kresetchnienne, sa majesté Tyrina Von Shäkalsbourg et le gouvernement d'Altarie a considéré bon de vous contactez pour négocier une possible protection qui pourrait prendre la forme d'un traité de défense mutuelle.
Je comprend que cela peux vous semblez brusque et précipité, mais nous, de notre côté, n'avons pas beaucoup de temps avant que Rasken réagisse et tente de changer la situation à son avantage. Et cela pourrait avoir des conséquences bien plus dramatiques que jusqu'alors.

Ainsi, voici une copie du traité que nous avons rédigé en conséquence de nos demandes. Nous sommes tout à fait disposés à revoir et modifier certaines clauses du traité, et je vous laisse tout le temps nécessaire pour examiner notre proposition bien évidemment."


Il tendit alors une feuille à la délégation Teylaise, prenant forme sous un traité intitulé : "Traité de Défense de Shäkalsbourg".

Traité de Défense de Shäkalsbourg

Le Royaume de Teyla et la Principauté de Kaulthie des Altars/Altarie, ci-après dénommées les "partis", considérant leur reconnaissance mutuelle et dans la continuité du rapprochement entre la Kresetchnie et Manticore, dans la lutte contre les formes d'ingérences étrangères dans les nations composants la Confédération de Kresetchnie, dans la lutte contre l'influence néfaste de Rasken dans la région d'Eurysie Centrale, partageant l'objectif d'une Eurysie Centrale plus stable, souveraine et forte, dans le cadre d'une époque mouvementée par l'instabilité et la guerre,

sont convenues ce qui suit :

Article I : Cadre de coopération :
1) Dans le cadre d'un renforcement des relations entre Teyla et l'Altarie, les deux partis s'engagent à maintenir un dialogue politique fort et à coopérer dans les secteurs d'intérêts communes du renseignement
2) Les deux partis tiennent un sommet bilatéral bisannuel, sauf en cas d'intérêts communs en Kresetchnie menacés ou de déclarations belliqueuses à l'encontre d'un des deux partis, présidé par l'Erbe (=héritier Altarien au trône ) aîné de la Principauté d'Altarie et par le/les représentant/s du Royaume de Teyla. Chacun des parties préside alternativement tous les 4 ans le sommet bilatéral bisannuel.
3) Les deux parties s'assurent et s'engagent à la mise en oeuvre du présent traité lors des futures sommets bilatéraux bisannuels.
4) A la fin du présent traité, les deux partis peuvent entreprendre des actions conjointes supplémentaires ou réaliser des consultations et établir des positions communes quant à la situation Kresetchnienne.

Article II : Politique Etrangère Régionale :
1) Les deux partis s'engagent à coordonner leurs efforts au niveau régional afin de contribuer au maintient de la paix et de la stabilité au sein des Belkariem, de la Confédération de Kresetchnie et de l'Altarie.
2) Les Hauts Fonctionnaires, en particulier au niveau des ministères des affaires étrangères des deux partis, se consultent régulièrement sur les questions de politiques étrangères régionales, notamment avec les évènements régionaux majeurs.

Article III : Sécurité et Défense :
1) Les parties s'engagent, en cas d'agression armée sur leurs territoires, à s'assister mutuellement, y compris par des moyens militaires.
2) Conformément à l'article I au paragraphe 2, les parties tiennent des dialogues et consultations biannuelles afin de sauvegarder les intérêts communs.
3) Dans l'objectif d'une coopération défensive entre les partis, le gouvernement de la Principauté d'Altarie et le Conseil Militaire de la Principauté d'Altarie assurent l'installation et la disposition d'une base militaire sur le sol Altarien au Royaume de Teyla non loin de la capitale Shäkalsbourg.
4) Sur demande d'un des partis concernés, et avec l'accord de son homologue, la base militaire peut être démantelée.
5) Les partis promeuvent la coopération et le soutien entre les industries militaires et défensives des partis concernés afin de renforcer conjointement les forces militaires du Royaume de Teyla et de la Principauté d'Altarie.

Article IV : Entrée en vigueur :
Les parties s'informent, mutuellement, par voie diplomatique, l'accomplissement des procédures nationales requises pour l'entrée en vigueur du présent traité. Le présent traité prendra effet 20 jours après la date de signature des deux partis.

Article V : Modifications :
1) Le présent traité peut être modifié à tout accord entre les deux partis.
2) Les modifications entreront en vigueur 20 jours après la signature de ces dernières.


Fait à Shäkalsbourg, le 20 Mai 2016, en deux exemplaires, de traduction Teylaise et Altarienne, pour soutenir le processus de renforcement des relations entre les deux nations souveraines.
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L’honneur du royaume, la douleur de la couronne !

Lieu


Par sa fonction, par le fait de vivre dans une monarchie constitutionnelle depuis sa tendre enfance, Pierre Lore et les divers conseillers l'accompagnant n'étaient pas impressionnés par le décorum offert par le Palais et l'immense pièce. Il avait acquis la très rare et privilégiée compétence de ne plus compter les dorures ou encore les fresques antiques affichant l'histoire d'une nation, ses plus grandes gloires. La première fois qu'il avait vu ces choses-là, c'était quelques jours après avoir pris sa fonction de ministre des Affaires Étrangères du Royaume de Teyla. Il se souvenait encore de l'émotion singulière qu'il avait ressentie alors. Rencontrer Sa Majesté était une chose rare dans la vie d'un être humain, d'un Teylais. Alors ce simple fait lui suffit à faire naître, monter des émotions singulières en lui. Mais cette rencontre lui permit d'observer de près, presque avec le sens du toucher, les œuvres des divers artisans répondant aux commandes de la Couronne et de la Famille Royale.

Ce premier contact avec, non pas l'opulence outrageante, mais une opulence qu'il trouva contrôlée, au Palais Grayson émerveilla le tout nouveau ministre des Affaires étrangères du Royaume de Teyla. À chaque fois qu'il se retrouvait dans l'un de ces somptueux palais de la monarchie teylaise, Pierre Lore comprenait pourquoi il avait accepté son poste actuel, pourquoi il faisait tout cela. Non pas pour poursuivre la gloire personnelle ou un quelconque pouvoir, mais pour la perpétuation d'un héritage qu'il pensait nécessaire pour l'unité du Royaume de Teyla et de son peuple. Il faisait tout cela parce qu'il croyait en la valeur de l'institution qu'il servait. Chaque dorure, chaque fresque, chaque tapisserie n'était pas un simple ornement symbole d'un pouvoir ancien et ne correspondant plus aux valeurs modernes, mais correspondaient bel et bien à la transmission d'un savoir, de sages paroles, et servait à rappeler aux élites teylaises et à sa classe dirigeante que le Royaume de Teyla ne se gouverne pas sur l'immobilisme mais sur une constante évolution et une adaptation aux réalités changeantes du monde.

Outre les dorures venant du Royaume de Teyla, par son poste politique et dans l'administration teylaise de l'État central, Pierre Lore avait eu la chance, que peu avaient eue, de pouvoir observer de ses yeux les richesses de ce monde et les plus belles créations humaines. C'était le propre de la diplomatie de tenter d'appâter son interlocuteur à travers le beau ou l'impressionnant. Comme tous les hommes, Pierre Lore y était sensible, bien évidemment, mais à force d'avoir vu les plus belles dorures et le décorum eurysien, il s'était lassé, bien qu'il pouvait être appâté par moments. Mais ici, ce n'était pas le cas, alors il s'assit, après Sa Majesté, par respect, tout en gardant à l'esprit les objectifs du Royaume de Teyla pour cette rencontre diplomatique.

D'un geste froid, mais bref de la main, Pierre Lore refusa toute boisson ou viennoiserie. Le voyage ne lui avait pas ouvert l'appétit, bien au contraire, il avait pu manger durant le vol. Il avait peu mangé, mais cela était bien suffisant pour lui permettre d'avoir une lucidité sans faille pour cette rencontre diplomatique. Le diplomate et ministre écouta attentivement le récit de la Principauté de Kaulthie des Altars par un membre de la famille royale de cette même nation. Par certains aspects de la description faite par le membre de la famille royale étrangère, Pierre Lore trouva la situation semblable à ce qu'a vécu le Royaume de Teyla vis-à-vis de la Loduarie Communiste. À la différence près que le Royaume de Teyla ne s'était jamais soumis à une nation étrangère volontairement pour faire face à une quelconque situation. Le Royaume de Teyla avait été occupé, des territoires conquis puis repris et parfois bien pire, mais ses dirigeants avaient la plupart du temps refusé la soumission volontaire avant le début d'un conflit. Toutefois, Pierre Lore dut avouer que durant la guerre civile, de mille huit cent quarante-huit à mille huit cent soixante-six, des familles dynastiques avaient eu cette volonté, mais heureusement leur dessein ne put être mis en place à l'échelle du pays entier.

Après la guerre civile, le député républicain Opinion De Tour, qui deviendra un Premier ministre de Sa Majesté, fit un discours resté dans les mémoires et appris aux écoliers teylais, sur la collusion du Premier ministre teylais vis-à-vis des puissances étrangères pour enlever les droits acquis suite à la fin de la guerre civile. L'histoire du Royaume de Teyla est longue et il y a eu des périodes de soumission, mais à bien des égards celles-ci ne furent jamais volontaires lors des premiers temps de la soumission. Quelle tristesse, se dit Pierre Lore, en regardant son interlocuteur. L'histoire de la région n'avait rien d'heureux, bien au contraire, et il fut surpris que contrairement à la voix de l'Hotsaline, le pays ait choisi la soumission à l'Empire Raskenois. Un tel choix mettait à mal l'unité de la Confédération et avait fait des heureux au sein de l'administration Raskenoise. Mais il comprit ce choix, enfin, est-ce vraiment un choix ? Une question intérieure rhétorique pour Pierre Lore, posant son majeur sur son menton.

- Votre Altesse Royale, commença par répondre Pierre Lore, toujours en tenant le papier qu'on lui avait donné, je tiens d'abord à vous remercier personnellement pour votre franchise sur les événements qui se sont déroulés et l'histoire malheureuse de votre nation. Plus encore, dit-il sur un ton empli de gravité, je vous remercie pour la confiance que vous m'avez accordée en me donnant le document qui relate les faits sur la chute de la monarchie en mille neuf cent quatre-vingt-dix. En me donnant ces documents, vous ne faites pas confiance uniquement à moi, mais vous faites confiance au Royaume de Teyla.

Les éléments que vous apportez, à savoir l'implication présumée de l'Empire Raskenois dans le renversement d'un régime prenant place dans une nation souveraine, est là le récit d'une situation extrêmement grave, et la froideur des événements démontre plus encore la gravité des faits présentés, s'ils se révèlent justes. Toutefois, si vous cherchez une nation combattant l'impérialisme de l'Empire Raskenois, le Royaume de Teyla, par ses accords avec l'Hotsaline et la Confédération dans son ensemble, pour rappel, est à l'avant-garde de cette lutte et protection contre l'impérialisme Raskenois. Nous n'oublions pas les sacrifices qui ont dû être faits et les sacrifices qui sont faits actuellement par la population de la Confédération face à une partie du territoire encore occupé.

Pierre Lore s'arrêta et regarda le membre de la famille royale puis les documents qu'il avait toujours dans ses mains. Les propos du Prince paraissaient par endroits incohérents ou alors tirés par les cheveux. Plus encore, bien que l'histoire pouvait paraître crédible, le fait qu'un Empire souhaitait renverser une monarchie pour installer une république ne faisait pas beaucoup de sens pour Pierre Lore. Pour avoir eu à faire face à l'Empire Raskenois et devoir surveiller cette nation, il savait que l'Empereur et l'Empire étaient des notions très importantes pour cette nation. L'Empereur prenait une place importante dans l'État central, y compris au Parlement avec vingt pour cent des voix. Il serait étonnant, selon Pierre Lore, d'observer cet homme accepter de soutenir un régime républicain face à un régime monarchiste, si hostile soit-il.

Pierre Lore vit ses yeux s'écarquiller lorsqu'il se rappelait l'allocution du gouvernement Raskenois. Cette allocution ne laissait aucun doute quant au soutien de l'Empire Raskenois, adressée à l'actuel régime, à savoir une principauté, soit l'une des formes que peut prendre une monarchie. Les yeux écartés, laissèrent place à des yeux silencieux et immobiles, cherchant une explication à cette dissonance. Le décalage entre ce que le prince Altarien affirmait et ce que le ministre savait de la doctrine raskenoise frappait Pierre Lore de plein fouet. Les questions fusèrent nombreuses dans l'esprit du ministre des Affaires Étrangères teylais. L'inattendu, l'imprévu, étaient des fléaux pour Pierre Lore. Sa vie, son travail, son environnement même étaient scrupuleusement ordonnés, chaque élément à sa place, chaque crayon rangé méthodiquement, sa routine ne changeait guère de jour en jour, elle restait constante. La contradiction du discours apporté face aux connaissances de Pierre Lore était l'une de ces contrariétés qui ne plaisaient guère à Pierre Lore.

Lentement, il mit les dossiers sur la table et les aligna méthodiquement d'une manière étrange pour se détendre. Ils étaient rangés dans l'ordre croissant du nombre de pages à vue d'œil. Un de ces tics le reprenait, mais il avait de quoi, au regard des dernières rencontres diplomatiques qu'il avait eu à faire, non, se reprit-il intérieurement, à subir ! Dans quoi je me suis embarqué encore ? Se questionnait intérieurement, mais avec une part de curiosité, Pierre Lore. Il n'avait aucune raison de ne pas croire le rapport qu'on lui présentait, mais il devait se montrer prudent et malin, il le savait.

Je répondrai sur le traité proposé, après, si vous me le permettez, Votre Altesse Royale. Comme vous l'avez dit vous-même, votre nation a pris le parti de l'Empire Raskenois, volontaire ou involontaire, ici ce n'est point la question. Plus encore, l'Empire Raskenois a annoncé vouloir rester à vos côtés qu'importe les décisions que vous prenez, ce qui ne semble pas être le comportement d'une nation hostile au régime actuel qui est une forme de monarchie. Les mentalités raskenoises ont peut-être changé, mais j'en doute tant que le conservatisme est ancré dans la société raskenoise, sauf en matière d'énergie. Comprenez que nous regardons à reculons tout approfondissement des liens concrets sur des sujets militaires, nous avons des engagements à tenir envers la Confédération à laquelle vous appartenez.

Ainsi, je vous pose la question clairement : comment voyez-vous la suite logique des relations que vous entretenez avec l'Empire Raskenois, puis avec le Royaume de Teyla ? Vous comprenez qu'au regard de la déclaration des dirigeants étrangers de Raskenois, que de mon point de vue, je ne trouve pas la situation pressante.


Comme une menace, Pierre Lore ajouta d'un ton grave :

N'oubliez pas qu'à travers moi, vous parlez à Sa Majesté Catherine III...

Pierre Lore laissa ces mots en suspens dans l'air. Après avoir lâché cette phrase afin d'éventuellement s'assurer de la vérité auprès de son interlocuteur, si celui-ci était du genre sensible à la pression, ce que ne savait pas le moins du monde Pierre Lore, le ministre teylais reprit le document que lui avait transmis Son Altesse Royale. Il redressa sa nuque, se tenant droit, fixant son interlocuteur. Pierre Lore croyait en la noblesse de la diplomatie. La diplomatie relevait d'un art noble que pratiquaient non pas les gens par plaisir, mais pour servir leur pays, les peuples qui les avaient élus. Pierre Lore, bien qu'inquiet, s'amusa un peu des incohérences, tout en cherchant à aller plus loin, voir si les incohérences relevaient d'un manque de confiance de son interlocuteur ou si celles-ci cachaient de plus amples secrets.

Après tout, on accueillait les dirigeants étrangers avec la phrase : "Sur le champ d'honneur du Royaume de Teyla". Pierre Lore repensa à cette phrase, détournant le regard de son interlocuteur le temps de quelques secondes.
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