Contexte: Ces dernières semaines au Sénat avaient été des plus animés. Les votes pour l'allocation des budgets alloués aux différents secteurs de dépenses avaient déjà été entérinés, parfois plusieurs mois à l'avance: les maîtres de bureaux composant le gouvernement communal avaient défilé chacun leur tour afin de défendre leurs portefeuilles respectifs, dans l'espoir de dégager des moyens suivant leurs intérêts. Au Maître de la garde, on avait accordé une rallonge budgétaire afin de lui permettre de poursuivre la réforme de la Garde civique de la ville. Le Maître des évergétismes, qui était de loin le plus habitué à ce genre de contretemps, a dû batailler ferme afin d'obtenir de ces excellences une hausse des frais accordés aux festivités publiques de l'année suivante, ainsi que des dons au secteur hospitalier. Au Maître de l'Arsenal, on avait accordé la commande supplémentaire de navires étrangers face à la montée récente des tensions dans les eaux du Nazum, lesquelles inquiétaient ceux de cette assemblée qui avaient placé des actifs dans des entreprises bénéficiant du grand commerce par le détroit du Nazum. En tous points, il s'était produit ce que les rangs de cette chambre législative méprisaient par dessus tout: des évènements imprévus.
Lorsque ce fut le tour de la Maîtresse du Grand Commerce de prendre la parole, les nerfs étaient déjà à vif, et nul doute que ce qu'elle avait à dire n'allait pas aller dans le sens de l'apaisement: encore et toujours des facteurs imprévus et indépendants de la volonté de ces hommes et de ces femmes. Julia Cavali, cette avocate quarantenaire, se tenait là debout parmi ses pairs, comme il était de coutume de le faire à chaque prise de parole. Le doyen Gabriele Zonta, fit signe à ses greffiers sénatoriaux de frapper plusieurs fois le sol de leur bâton cérémoniel dans l'attente du silence. Depuis sa simple et modeste chaise curule, Zonta fit un geste du bras en direction de la membre du gouvernement:
" Julia Cavali. Tu peux parler. Comme tous tes confrères, sache que ton temps est imparti. Quelle est ta requête envers nos personnes ? En quel nom exiges tu de nous déranger ?"
La Maîtresse du Grand Commerce s'avança sur la petite estrade surélevée. Devant ces plusieurs centaines d'hommes et de femmes, elle fit les cent pas avant de diriger vers eux la paume de sa main:
- Honorables excellences. Mes frères et mes sœurs de Sénat. Il n'a jamais été dans mes coutumes depuis le début de mon mandat, de vous faire part de mes mots sans qu'il n'y ait une raison impérieuse qui n'implique pas la prospérité de la cité, et la gravité de ma fonction. Il n'a jamais été dans mes habitudes de faire perdre son temps à ces excellences, pas même aux rangs de notre opposition, que j'estime tout autant que mon propre camp. Jamais je n'ai foulé les marches de l'assemblée séculaire en étant prise de pensées égoistes qui viendraient contrarier les desseins de notre cité. Alors, lorsque je viens vers vous, soyez témoins de ma bonne foi, et au fait que je ne me prétends rien d'autre que l’exécutrice de la volonté du Sénat. Je ne suis que celle qui vient intercéder entre lui et le reste du monde. Vous aviser de ces changements, tout en vous indiquant la marche à suivre dans l'optique de profiter de nouvelles sources de bénéfices, et que cette prospérité ne vienne rejaillir sur nous tous.
A fluctibus ope, la richesse vient de la mer, comme toujours et à jamais. Nous n'avons pas à nous plaindre il est vrai. Notre cité est déjà riche, nous avons déjà capté des marchés importants: Drovolski, l'Empire Xin, la pays des margoulins, le grand orient, les terres leucytaliennes... Mais la mer est également trompeuse, et il est tout aussi facile d'établir des routes de commerce que de les couper. Notre marché intérieur est petit, et les bibelots dorés qui se trouvent dans vos palazzos et vos latifundia sont pour la plupart originaires de l'étranger. C'est bien pour cela que le commerce ne peut se passer d'une Marine forte, marchande et militaire.
Or, la Manche Blanche est étroite et bien encombrée. A chaque manœuvre aboutit un quiproquo potentiel dont il n'est aucunement de notre utilité de provoquer, . Nous avons des voisins, et il faut bien faire avec: le commerce l'exige. Il n'est rien que nous, honorables gens du sénat, ne puissions donner aux étrangers, à condition qu'ils ne nous rendent la pareille... Alors donnez à ce gouvernement l'autorisation d'inviter les hommes et les femmes du pays teylais et tanskien, car il va de notre intérêt d'aborder ce point avec ces gens.
Les petits plats avaient été mis dans les grands, c'était évident lorsqu'on voyait se navire appareiller depuis la plus grande cale sèche des Arsenaux de la S.A.V velsnienne. Le "Régicide" n'était pas encore tout à fait prêt: il lui manquait encore des armements auxiliaires et quelques éléments du personnel, mais il était on ne peut plus près pour la mission que l'on attendait de lui ce jour de visite: être le décor principal de celle-ci. De ce point de vue là, tout semblait s'y prêter. Ce lancement devait être la rencontre de deux mondes: le politique, incarné par la présence de plusieurs membres du gouvernement communal, et le militaire, garanti par celle de ce porte-avion et d'une partie du commandement de la Classis I "San Stefano" (une partie de la flotte étant en période d'exercice avec la flotte fortunéenne, à des milliers de kilomètres de là). Le lien entre ces deux mondes serait garanti par la présence attendue du Maître de l'Arsenal Matteo Di Grassi, dont c'était la première apparition publique depuis un certain temps, le taciturne strombolain qui appréciait si peu ce genre d'évènement. Il était le lien de ces deux mondes qui étaient intrinsèquement mêlés depuis la fin de la guerre civile. En effet, on a coutume de dire dans la cité qu'il n'en fallu qu'à la fidélité de la Marineria pour sauver son gouvernement d'une prise de pouvoir de Scaela, dont on osait plus mentionner le nom. La guerre avait aussi aboutie à une profonde recomposition des élites politiques: les anciennes factions aristocratiques et patriciennes de la capitale, elles qui s'étaient perdues en grande partie dans une alliance avec le tyran, devaient désormais composer avec cette petite notabilité de province, incarnée par Di Grassi, qui devait sa position par leur rôle dans la victoire, ou leurs liens avec la Marine.
Parmi les autres membres du gouvernement, la plupart appartenaient au même milieu: Julia Cavalli était à l'origine une petite avocate de province de la cité d'Umbra. Carlos Pasqual, Maître de la Garde, était un magistrat local de la ville de Velathri, en Achosie du Nord. Rocco Ascone quant à lui, Maître des balances, était banquier dans la cité libre afaréenne de Cerveteri. Les membres de cette nouvelle élite partageaient tous ce trait commun d'être issus de la province ou des outre mer. Lorsqu'ils se rencontrèrent sur le pont principal du Porte-avion, ce fut comme si ils se connaissaient depuis toujours: ils s'embrassèrent et se firent la bise. On pu voir Carlos Pasqual en venir à tapoter affectueusement la joue d'Ascone en lui disant:
" Rocco ! On t'a pas vu depuis un moment au Conseil communal. Où diable était tu passé ? Tu as maigri: je n'aime pas ça, il faut que tu manges."
Tous avaient été acteurs de la défaite de Dino Scaela à un degré variable, et la plupart avaient en commun le fait d'avoir perdu quelque chose à cause du même homme. Paradoxalement, Scaela avait provoqué un resserrement des rangs au sein de la partie conservatrice du Sénat. Plus que jamais, on était conscients d'appartenir à un seul et même groupe.
La piste du Porte-avion avait été aménagée pour la venue des petits appareils des délégations teylaises et tanskiennes. Là, quatre des membres du Gouvernement communal les attendraient. Absent de taille toutefois: le siège prévu pour la représentation du Sénat, assurée par le vénérable doyen Gabriele Zonta, restait vide. Depuis plusieurs jours, le vieil homme était malade, et on craignait le pire pour lui au vu de son âge avancé de 92 ans.
Les changements dans cette nouvelle élite se sentaient jusque dans ceux observés auprès des gardes d'apparat. Avec la dissolution de la Garde des licteurs, composés des membres de riches familles qui s'étaient fourvoyés dans une alliance avec Scaela, c'était désormais plusieurs unités qui s'acquittaient de cette tâche. Au premier rang desquels les "chasseurs strombolains" figuraient, eux qui avaient été de toutes les batailles de la guerre civile aux côtés de Di Grassi. On remarquait également la présence de la garde sénatoriale wanmirienne, unité mercenaire qui avait en partie repris le rôle auparavant détenu par la Garde margouline raskenoise, également dissoute pour des raisons toutes autres.
Ne restait plus donc que les étrangers...
Personnel politique:
- Julia Cavali: Maîtresse du Grand Commerce et des étrangers et sénatrice. Est considérée comme la principale initiatrice du développement des routes commerciales velsniennes vers le Nazum, et l'établissement d'alliances avec Drovolski et la Polkême.
- Matteo Di Grassi: Maître de l'Arsenal et sénateur. Vainqueur de la guerre civile velsnienne de 2013-2014. Principal artisan de la réforme de la Marine et de l'armée velsnienne au travers des gouvernements Dandolo (2010-2012), du Triumvirat (2012-2014) et du gouvernement Visconti (2014 à nos jours).
- Carlos Pasqual: Maître de la Garde et sénateur (également Miser Monde 2015). Connu pour sa réorganisation complète des services de renseignement de la Segreda depuis deux ans. L'un des éléments les plus conservateurs et sécuritaires du gouvernement. Ancien compagnon de route de Di Grassi durant la guerre civile (on nomme ainsi les partisans de la première heure de Di Grassi).
- Rocco Ascone: Maître des Balances démissionnaire et sénateur dont l'action est considérée comme l'une des causes majeures du développement économique de Velsna depuis deux ans. Il était également l'un des principaux opposants du mouvement social velsnien de 2015-2016, au terme duquel il a proposé sa démission au reste du gouvernement, dont la décision est toujours en attente.

Rocco Ascone

Matteo Di Grassi (toujours souriant)

Julia Cavali

Carlos Pasqual
Personnel militaire:
- Luigi Serrantino, surnommé "Beko": Sénateur et Amirraglio de la Classis I. Ancien compagnon de route de Di Grassi durant la guerre civile (on nomme ainsi les partisans de la première heure de Di Grassi).

Protocole sénatorial (aide pour les joueurs):
- Pour les représentants du gouvernement communal:
- Contacts physiques: strictement interdit sauf en cas d'accord conclu.
- Attitude vis à vis des greffiers sénatoriaux et autre personnel du Sénat: