Suite de ce passage...
30 mai 2016
Place de la Révolution
15h26
La voiture présidentielle tentait de se frayer un passage dans la foule. C'est que beaucoup de monde était venu assister au discours de Dongfang Po. C'était l'un des plus importants prévus durant la campagne en vue des élections générales de septembre. Donfang savait que sa réélection dépendait davantage du score de son parti que de sa propre figure, puisqu'il était élu indirectement, via le vote du parlement. Aussi, la campagne était davantage menée par d'autres membres du parti. Le président Po se contentait d'incarner la tête paternaliste de son mouvement, le meneur guidant son peuple, aussi suivi que le phare de Haijing.
15h31
Le président monta l'estrade. Il fit signe à la foule qui l'acclamait, de nombreux drapeaux baïshanais flottait sur la vague de gens.
15h32
Il ajusta ses feuilles sur son pupitre et prit la parole.
« Mes chers camarades. Les élections qui arrivent sont décisives pour notre pays. Elles sont un choix simple : soit vous confirmez le parti communiste et soutenez les mesures qui ont été prises depuis 35 ans ; soit vous décidez de plonger le pays dans une instabilité et l'individualisme prônés par les autres partis. Ce choix qui v... »
Un coup de feu retentit. Aussitôt, les gardes du corps accoururent en direction du président pour l'entourer et l'évacuer. Dongfang cherchait encore l'origine du coup de feu. Dans le public, les gens criaient, les drapeaux tombaient sur le sol, et l'on tentait de fuir comme on le pouvait. La voiture présidentielle repartit, tandis que des militaires pénétraient dans le Grand Hôtel du Peuple, d'où semblait venir le tir.
Palais présidentiel
19h27
Le président venait de revenir au palais. La procédure lui avait imposé un rendez-vous médical pour vérifier que tout allait bien. Rendez-vous dont il se serait bien passé puisqu'il n'avait pas été touché. L'attentat dirigé contre lui avait au final fait plus de bruit qu'autre chose. Personne n'avait été gravement blessé. Seuls certaines personnes dans le public avaient dû être emmenées aux urgences après avoir été bousculées dans l'évacuation mouvementée.
De retour dans son bureau, le président avait demandé à voir l'assaillant rescapé, et on le lui avait donc amené.
— Un fusil de chasse. À plus de 100 mètres de distance. Vous pensiez réellement réussir quoique ce soit ? Il n'y a aucune organisation dans votre projet d'attentat, aucun financement, vous avez pris la première arme, été dans le premier endroit disponible, et vous n'avez même pas pris la peine de bien viser. Qui vous a payés ?
— Je suis nationaliste ! S'écria Gao.
— C'est pas ma question. Qui vous a payés ?
Gao qui avait grandi dans les Pinminku ne connaissait aucun nom de la politique du pays, si ce n'était celui des présidents.
— Le chef du parti ! Désigna-t-il tout simplement.
Dongfang souffla, il sentait que l'homme gagnait du temps pour éviter la sanction.
— Son nom ? Insista Dongfang.
Gao ne répondit pas.
— Huili Yin ? Demanda Dongfang.
Gao approuva directement.
— Oui, c'est lui ! Huili Yin !
— Arrête de te payer notre tête ! C'est lui, Huili Yin ! Gronda le président en montrant son ministre de la sécurité présent dans la pièce. Remmenez-le, et exécutez-le !
Gao se débattit et cria :
— C'est faux ! J'ai menti, je l'avoue ! J'ai été payé par le gouvernement du Burujoa !
Dongfang, agacé, s'avança vers le prisonnier.
— Et bien, j'enverrai ta tête à l'Empereur, il nous dira si c'était le cas.
Il s'éloigna tandis que les gardes commençaient à embarquer Gao. C'est alors que la porte du bureau s'ouvrit, et Yuming entra.
— Tu es là ! Dit-elle à son père en plongeant dans ses bras. Je me suis inquiétée.
Le président la repoussa légèrement. Il était en pleine affaire. Shaya, qui suivait Yuming entra à son tour dans la pièce. Et Donfang pu entendre un « Papa ! ». Il crut d'abord que cela lui était destiné et en fut surpris. Mais il réalisa ce qui se passait quand le prisonnier répondit.
— Shaya ? C'est toi ? Qu'est-ce que tu fais ici ?
Gao ne pensait jamais revoir sa fille, il avait presque oublié sa voix. Mais elle avait tant changé : son sourire n'était plus le même, ses vêtements et sa coiffure l'élevaient dans une société qui n'était pas la leur. Il été horrifié de la voir ici, mais si heureux de la voir tout court.
— Papa !
Shaya s'avança vers son père, mais Dongfang l'attrapa par le bras, furieux.
— Fais-la sortir d'ici. Ordonna-t-il à Yuming.
— Papa ! Cria Shaya alors que Yuming la tirait vers l'extérieur de la pièce.
Quand la porte se ferma, le président Po se rapprocha du prisonnier. Finalement, ce projet d'attentat raté pourrait bien être une haubaine politique.
— C'est donc toi, son père. Je comprends mieux pourquoi elle est si misérable et incultivée.
— Ne la touchez pas !
— Elle est plus baïshanaise que toi, désormais. Tu veux qu'elle reste en vie ? Tu vas faire exactement ce que je vais te dire de faire...