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Les instruments de la concorde - Rencontre Jashuria / Ghamdan

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Les instruments de la concorde – Rencontre à Agartha entre la Troisième République du Jashuria et le Grand Sultanat du Ghamdan– 12 juin 2016


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Juin apportait son lot de bonnes surprises pour le Jashuria. Le pays avait réussi à faire sortir le Sultan du Ghamdan de son isolationnisme et à l’inviter à une rencontre officielle avec la Troisième République du Jashuria. La Seconde Ambassadrice contemplait les jardins depuis la salle de réception, tandis que le diplomate Sharukh Kapoor, rattaché aux relations jashuro-ghamdanes finissait de briefer les assistants de direction chargés de retranscrire la séance. Les jardins du Hall des Ambassades étaient particulièrement soignés à cette période de l’année et des myriades couleurs agrémentaient les parterres fleuris. Les oiseaux de paradis piaillaient dans les jardins tandis que les jardiniers finissaient de tailler les topiaires, le tout dans une harmonie reposante.

La salle de réception était une élégante pièce aux grandes baies vitrées en surplomb sur les jardins. Les décors, minimalistes au possible, étaient conçus pour laisser court à la discussion autour de fauteuils design et d’une table basse sur laquelle des rafraîchissements étaient posés. La Grande Ouléma Shima Kashani était assise sur l’un de ces fauteuils, relisant à nouveau ses derniers messages. Sumalee Saeloo la regarda d’un air interdit. La Troisième République du Jashuria était un Etat laïc, qui ne se mêlait que peu d’affaires religieuses, afin de ne pas privilégier une religion sur une autre. Si la Seconde Ambassadrice voyait d’un mauvais œil que les religieux se mêlent de la politique, la politique internationale du Jashuria en Afarée nécessitait la présence de la Grande Ouléma des Tariqas Unifiées du Jashuria. Cette dernière, bien qu’étant la cadette de la Seconde Ambassadrice, avait ses propres objectifs, mais ils coïncidaient parfaitement avec ceux de la Troisième République, qui entendait bien étendre son influence en Afarée Orientale.

La Seconde Ambassadrice était toujours méfiante envers la Grande Ouléma. Traditionaliste jusqu’au bout des ongles, Sumalee Saeloo était issue de ces grandes familles jashuriennes dont les liens avec les élites hindoues n’étaient plus à prouver. Ainsi, elle se montrait assez distante vis-à-vis des représentants des autres formations religieuses du pays, en cachant cette distance sous le paravent commode de la neutralité de l’Etat jashurien. Mais il fallait se rendre à l’évidence : les religieux étaient un moyen commode de porter l’influence jashurienne au-delà des frontières, sans que personne ne s’en émeuve. A ce titre, la présence de la Grande Ouléma était stratégique, et Sumalee Saeloo, malgré tout le dédain qu’elle éprouvait pour ces spiritualités absconses, savait qu’elle pouvait retirer quelques avantages de la situation. Les relations entre la Seconde et la Grande Ouléma étaient cordiales, mais les deux savaient parfaitement qu’elles étaient les instruments de la politique de l’autre et aucune ne se faisait d’illusion quant à la situation : l’Etat avait besoin de l’influence des musulmans du Nazum en Afarée, et les musulmans du Nazum avaient besoin du discret appui politique de la diplomatie jashurienne.

Sharukh Kapoor, en tant que nouveau diplomate assigné aux relations naissantes entre l’Etat jashurien et le Sultanat, était un choix parfait pour les projets de Sumalee Saeloo. De deux ans son cadet, il était réputé pour être un véritable charmeur et savait mener ses dossiers avec sérieux et diligence, ce qui convenait parfaitement à la Seconde Ambassadrice. Il avait pris sa nomination à ce poste avec joie, l’homme aimant les défis et ayant rejoint l’équipe de Sumalee Saeloo pour ressentir la sensation grisante du dépaysement.

“Madame l’Ambassadrice ? Le Sultan et les représentants religieux viennent d’arriver dans le hall principal.”

L’une des aides de camp de la Seconde venait de pénétrer dans la salle de rencontres.

“Faites les entrer. Nous sommes prêts.”

Quelques minutes plus tard, le Sultan du Ghamdan pénétrait dans la salle de réunion, avec à sa suite les imams officiels du Sultanat. Les trois représentants jashuriens se tenaient au milieu de la pièce, comme l’exigeait le protocole, et accueillirent leurs invités avec politesse. Les mains furent serrées et les politesses échangées, puis tout le monde fut convié à prendre place dans les sièges prévus à cet effet tandis que le personnel du Hall des Ambassades versait de délicieux rafraîchissements aux hôtes et aux invités.

“Vos excellences, c’est un plaisir de vous recevoir ici au Hall des Ambassades, dit Sumalee Saeloo pour rompre la glace. J’ai pris la peine de faire venir pour l’occasion monsieur le diplomate Sharukh Kapoor, qui va prendre ses fonctions dans votre pays afin d’assurer la liaison diplomatique. Il m’a semblé important que vous le rencontriez avant qu’il ne s’envole pour l’Afarée.

- Enchanté de faire votre connaissance. J’ai à coeur de faciliter les relations entre nos deux pays,
ajouta Kapoor d’un ton avenant.

- Et je souhaitais aussi vous présenter madame Shima Kashani, Grande Ouléma des Tariqas Unifiées du Jashuria. Madame Kashani a récemment été élue par les oulémas soufis pour représenter le clergé musulman du Jashuria à l’international. Elle fait partie des instigatrices de cette rencontre car elle a beaucoup de projets à vous faire part.”

Dame Kashani sourit à la Seconde Ambassadrice et présenta un visage avenant aux représentants du Ghamdan.

”La paix d’Allah soit sur vous … Je suis ravie que vous ayez pu venir jusqu’ici pour converser en toute transparence sur les sujets qui viseront à rapprocher nos deux communautés.”

Shima Kashani jouait gros sur cette affaire. Elle se devait de présenter sa communauté sous un visage avenant et ouvert à l'échange. Les relations entre les musulmans afaréens et les musulmans du Nazum avaient toujours été complexes. Il n'était pas rare que des ministres du culte conspuent l'Islam nazuméen, au prétexte que celui-ci se serai fourvoyé dans l'idolâtrie ou dans des considérations spirituelles indignes des paroles des savants de l'Islam afaréen. Mais dame Kashani était une artisan de la concorde, et elle espérait pouvoir dresser des ponts, là où tant d'autres s'étaient entêtés à les brûler. Il en allait de l'avenir des communautés musulmanes du Nazum, qui recherchaient leur propre légitimité au sein de l'Oummah.

Splendide, la réception du Sultan et des Imames fut accueillante et confortable et le cadre dans lequel ils se trouvaient les émerveillaient. Un décor atypique et très minimaliste. Ses messieurs furent leur entrée dans la pièce et bien sûr reçurent les salutations de leurs hôtes de l'autre continent. Le Sultan contemplatif était émerveillé de ce que le monde étranger avait à lui offrir, il faut dire qu'après avoir vécu dans des dizaines d'années
d'isolationnisme, le monde était d'une splendeur particulière.

L'Emir Youssef Barakat I sentant la tension entre les diplomates du Jashuria fit signe au Sultan de prendre la parole pour calmer les tensions dans la pièce,
le Sultan s'énonça:
"Nous sommes venus de loin aujourd'hui pour vous saluer, représentants du Jashuria. La moindre des politesses est d'abord que je me présente, je suis l'actuel Sultan du Ghamdan Akram Amir Nasser II et c'est un immense honneur que vous nous faites en nous recevant dans ce lieux somptueux. Mes hommages Dame Sumalee Saeloo, ambassadrice du Jashuria.
Tout l'honneur est pour nous monsieur Kapoor, nous sommes enchanté de faire votre connaissance et espérons une proche collaboration entre nous à l'avenir.
Soubhan Allah Dame Kashani, que la paix de Allah soit sur vous de même, nos Imames ici présents sont enchantés de rencontrer une autre communauté musulmane autre que l'Islam Afaréen.
Je me suis aussi permis comme dans ma lettre d'emmener des invités avec moi, des chefs religieux et le diplomate étant donc un émissaire du Sultanat au Jashuria.
-Tout d'abord voici les Imames Muhamad, Chakir, Achraf, et l'Imam Sufyan,
ils s'énoncèrent tous les 4"C'est un grand honneur pour nous votre excellence. Enchanté"
Ensuite nous avons l'Emir Youssef Barakat I le fin diplomate dont je vous ai parlé, je lui laisse donc la parole."



"-Mesdames et messieurs, c'est un honneur pour moi en tant qu'Emir d'être invité dans une somptueuse nation telle que la votre. Je ne suis pas ici en tant que chefs religieux mais en tant que diplomate politique au service de la nation. Nous pourrions donc envisager une discussion uniquement sur le plan politique hors contexte religieux car ceci étant sous la charges des Imames. Nous sommes honorés de pouvoir approfondir nos liens sur le plan commercial, politique et culturel et nous vous démontrerons l'étendue de l'unicité du Ghamdan.
Les instruments de la concorde – Rencontre à Agartha entre la Troisième République du Jashuria et le Grand Sultanat du Ghamdan– 12 juin 2016


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Les représentants du Jashuria furent bien aise de voir que le Sultan, l’Emir et les Imams, étaient ravis de l’accueil qui leur était réservé. La première impression étant souvent la bonne, les Jashuriens échangèrent les politesses d’usage avant de débuter la session de travail. Il y avait beaucoup à discuter. L’Emir fut le premier à évoquer le fait de séparer les sujets politiques des sujets religieux, ce qui fut immédiatement accepté par Sumalee Saeloo, cette dernière n’étant pas habilité à discuter religion. La Seconde Ambassadrice tapota sur sa tablette numérique et annonça l’ordre du jour de la réunion.

« Bien … nous pouvons commencer. Comme vous le savez, la Troisième République du Jashuria cherche avant tout à tisser avec les nations du monde des partenariats solides, tant au niveau culturel que commercial. S’il ne nous appartient pas de dicter aux entreprises jashuriennes quoi faire, nous pouvons cependant faciliter les échanges entre le Ghamdan et le Jashuria. »

La Seconde Ambassadrice déroula le fil des propositions du Jashuria. Il n’y avait là rien de surprenant : ouverture des frontières, mise en place de visas simplifiés pour les ressortissants des deux pays, mais aussi autorisations de mouillages pour les navires et ouverture des lignes aériennes entre les deux pays. C’était tout à fait commun pour un premier échange entre deux pays, aussi l’ambassadrice espéra que le Sultan ne serait pas surpris par ces propositions. La Seconde Ambassadrice laissa par la suite le diplomate Sharukh Kapoor développer les principes de son action en tant que diplomate au Ghamdam.

« Vos Excellences. En ma qualité de diplomate attaché aux relations entre nos deux pays, j’ai eu l’opportunité de travailler à l’ébauche d’un projet de coopération. Il se trouve que l’Université d’Etat d’Agartha serait très intéressée pour développer la recherche fondamentale sur les extractions d’hydrocarbures dans le bassin du Ghamdam. Nous sommes persuadés que nos chercheurs pourraient apporter leurs compétences sur la manière dont améliorer l’extraction des hydrocarbures dans votre région. Si une telle proposition vous agréé, nous pourrions aussi vous proposer d’apporter notre expertise sur la construction des plateformes logistiques portuaires et de pipelines. Dans le même temps, nos universités seraient ravies de pouvoir lancer plusieurs programmes de recherche sur la géographie du Ghamdam et ses ressources minières, afin de sonder les couches géologiques de votre pays et d’en tirer des perspectives pour le développement de l’industrie minière pour les prochaines années. Qu’en pensez-vous ? »

Shima Kashani, quant à elle, se tenait tranquille sur son siège. Tant que les discussions politiques n’étaient pas terminées, elle ne comptait pas intervenir et rompre le protocole. Une fois que les diplomates se seraient accordés sur les perspectives communes pour leurs pays, elle pourrait discuter avec les Imams de ses propres projets.
" En tant qu'Emir, je trouve vos propositions diplomatiques très intéressantes, cependant même si ces solutions à long terme facilitant les procédures d'échanges sont envisageables, nous nous devions tout de même imposer nos règlementations surtout au niveau des frontières. Bien évidemment rien de très strict juste des critères de contrôles spécifiques et quelques taxes imposé à la douane, je vous remet donc le document incluant nos exigences et conditions sur la circulation sur le territoire".
-L'Emir remit aux représentants politiques le document incluant des clauses sur la circulation dans le territoire Ghamdan. Pour résumer ce document exige que:

  • Les circulations hors cadre diplomatique se voient pourvu d'une demande de visa avec une lettre de motivation approuvé par les deux pays avant d'être accepté.
  • Les déplacements militaires ou toutes autres formes de forces armées sont limités par une charte.
  • Les déplacements doivent être surveillé, contrôlé et signalé au gouvernement Ghamdan.
  • Des taxes doivent être appliqués sur les entreprises, cependant une réduction est mise en vigueur pour faciliter la commercialisation des produits Jashuriens.
-L'Emir remit aussi un second document ayant ces 3 propositions :

  • Les circulations hors cadre diplomatique se voient pourvu d'une demande de visa avec une lettre de motivation approuvé par les deux pays avant d'être accepté.
  • Une ligne aérienne directe Al-Qadima, Agartha et vice versa
  • Une ligne commerciale aérienne directe Barqash, Agartha et vice versa
  • L'ouverture du port de Mirfah aux bateaux Jashuriens

"J'examine ici vos différentes propositions et je dois vous dire que moi même je suis enclin à des études étrangère sur l'hydrocarbure et la géologie du Ghamdan. Je porte un intérêt particulier sur les études géologiques potentiels que vous pourriez mener. Quant à votre expertise dans le cadre de notre projet GED serait fort utile dans la construction de plateformes offshore dans les constructions pétrolières. Nous espérons donc que vous nous envoyez vos ingénieurs les plus qualifiés pour étudier ces possibilités."
Les instruments de la concorde – Rencontre à Agartha entre la Troisième République du Jashuria et le Grand Sultanat du Ghamdan– 12 juin 2016


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Les Jashuriens considérèrent les propositions formalisées par l’Emir et discutèrent tranquillement entre eux. Toutes ces propositions semblaient parfaitement sensées, mis à part l’un des points les plus saillants, celui des déplacements militaires. Sharukh Kapoor prit la parole en premier pour signifier la position jashurienne.

« Toutes ces propositions semblent parfaitement à propos et nous sommes ravis d’être parvenus à un accord aussi facilement. Cependant, l’un des points nous pose question : celui des déplacements militaires. La Troisième République du Jashuria n’entend pas contracter le moindre accord militaire avec le Ghamdan pour le moment. Les troupes jashuriennes sont stationnées dans leurs bases et nous n’attendons pas que le Ghamdan fasse le moindre mouvement de troupes dans notre région pour les prochains mois. A ce titre, nous préférons que nous nous en tenions à un respect pur et simple des convenances. Les troupes jashuriennes resteront de leur côté et les troupes du Ghamdan du leur. Tout accord qui pourrait être passé entre nos deux Etats-majors sera ponctuel et fera l’objet d’un accord préalable, mais nous ne préférons pour l’instant rien entériner dans une charte. »

Puis, la Seconde Ambassadrice prit la parole et ajouta :

« Pour tout le reste, nous sommes tout à fait d’accord avec ce qui est proposé. Les éléments que vous nous avez soumis sont parfaitement raccords avec ce que nous attendons d’une amorce de coopération entre deux pays. Nous laisserons notre équipe administrative formaliser l’ensemble de ces points afin que tout soit fait dans la plus grande transparence. »

La Seconde Ambassadrice fit signe à l’un de ses aides de camp, qui prit note des différentes propositions et se mit à transmettre les directives à ses assistants juridiques pour la rédaction du contrat de partenariat.


« Concernant nos ingénieurs, nous allons mettre sur le projet les ingénieurs de Venanta Resources et les ingénieurs d’Atma Energies, déclara Sharukh Kapoor en toute assurance. Il est certain que ces compagnies seront particulièrement à même d’aider les votre à développer vos infrastructures, de même que l’Université d’Etat d’Agartha. Comme prévu par nos accords, le profil de ces ingénieurs vous sera transmis au préalable pour la délivrance des visas de travail dans votre pays. »

Les diplomates jashuriens étaient satisfaits de la tenue de ces discussions. Même si le Ghamdan ne brillait pas par son aspect démocratique, l’Emir et le Sultan étaient tout à fait capables de proposer des accords équilibrés, ce qui était tout à fait pertinent pour les diplomates jashuriens, qui désiraient avant tout établir les principes de la concorde.

« Bien, nous sommes parvenus à un accord qui semble profitable pour tous. Nous avons hâte de continuer à développer nos relations diplomatiques avec vous, conclut posément la Seconde Ambassadrice. Nous vous proposons désormais de passer au second volet de notre discussion avec les demandes de madame Kashani … »

La Grande Ouléma s’éclaircit la voix, rappelant à tous sa présence dans la pièce.

« Chers Imams du Ghamdan … Ma présence aujourd’hui est quelque peu inhabituelle car il n’est pas dans les attributions de l’Etat jashurien de promouvoir une religion sur une autre. C’est pourquoi je m’adresse à vous aujourd’hui en tant que Grande Ouléma, représentante des Tourouk Unifiées du Jashuria. Les Tourouk Unifiées du Jashuria m’ont donné mandat pour porter la voix des musulmans du Jashuria au-delà de ses frontières. Comme vous le savez sans aucun doute, l’Islam Nazuméen et l’Islam Afaréen sont très différents, et ce, depuis des siècles. A l’heure de la mondialisation, il nous semble particulièrement important de combler le fossé qui existe entre ces deux branches de l’Islam. Cette méfiance entre nos deux approches de la parole d’Allah vient du fait que les anciens représentants religieux d’Afarée ont condamné l’Islam nazuméen comme un « Islam de province », peu digne d’intérêt, voir égaré par rapport aux canons religieux d’Afarée. Aujourd’hui, cette séparation n’a plus de sens : nous voyons bien que les siècles ont permis l’apparition de branches de l’Islam qui loin de s’égarer, ont exploré la parole du Prophète avec une richesse et une diversité qui montre que notre religion est vivante et continue d’arborer des fruits exemplaires. Nous souhaitons transformer cette méfiance en respect et ce respect en amitié. C’est pourquoi nous souhaitons ouvrir une discussion apaisée avec les représentants religieux de l’Islam afaréen par le biais de la fondation d’un institut des études théologiques. Nous souhaitons rassembler les grands savants de l’Islam afaréen et nazuméen dans un projet de rassemblement et d’ouverture, qui nous permettra de montrer la vitalité de nos croyances et de former la prochaine génération de représentants religieux, inscrits dans la modernité. »

L’objectif de Shima Kashani était assez clair : fonder un institut de formation de la prochaine génération de responsables religieux de l’Islam, capables de former la synthèse entre l’Islam afaréen et l’Islam nazuméen. Mais pour cela, elle avait besoin que les Imams afaréens acceptent … ce qui n’était pas gagné. Peut-être voudraient-ils des concessions ? Peut-être refuseraient-ils en bloc ?

L'Emir Youssef Barakat I était assez satisfait de la réponse des diplomates Jashuriens et déclara:
"Je vous remercie de votre aimabilité, nous sommes convaincus qu'à l'avenir nos deux Etats sauront entretenir des liens stables et proches, aussi nous avions une forte exigence envers ces ingénieurs vu leurs qualifications que vous semblez glorifier, nous espérions donc vos meilleurs experts mais nous vous accordons notre confiance".
Le Sultan déclara suite à ces propos:
"C'est un immense honneur pour le Sultanat d'enfin pouvoir tissé des liens politiques outres religieux avec d'autres nations, nous vous exprimons toute notre reconnaissance."

A l'instant même ou la grande Ouléma Shima Kashani prit la parole tout le monde se tut, et l'Imam de la région de Ramlayah s'exrpima:
"Que la paix d'Allah soit sur vous, grande Ouléma, je suis moi même l'Imam de la région de Ramlayah, Ramlayah est une citée historique de l'islam et souvent lieu de pèlerinage pour les grands pèlerins, des rites ancestraux, des collèges de l'Islam et d'autres grandes institutions sont localisées là-bas
Ramlayah:
https://postimg.cc/CRFxQpZt

Nous sommes aussi fiers de représenté l'Islam Afaréen Sunnite auprès de l'Islam Nazuméen, et nous aimerions avant d'aller plus loin que vous nous parliez de l'Islam Nazuméen, est-il plûtot des branches Chiites ou Sunnites ?Mais surtout quel interprétation donnez vous à la parole du prophète Mahomet?Quels sont les codes fondateurs de votre branche de l'Islam ? Si vous désiriez un rapprochement il est vital de connaître les fondations de votre branche."
Les instruments de la concorde – Rencontre à Agartha entre la Troisième République du Jashuria et le Grand Sultanat du Ghamdan– 12 juin 2016


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La Grande Ouléma remercia l’Imam de la région de Ramlayah pour cette présentation succincte. Il était vrai que la région de Ramlayah était un lieu de pèlerinage connu des musulmans sunnites, mais les musulmans du Nazum avaient jusqu’à présent préféré les lieux saints du Negara Strana, du Grand Beylicat, ou encore ceux de l’Azur et du Banairah, sans compter les lieux saints de l’Althalj. Il n’en restait pas moins que la Ramlayah était bel et bien une cité historique de l’Islam sunnite et elle revenait dans plusieurs ouvrages commentés des théologiens.

Si la Grande Ouléma connaissait parfaitement l’histoire de la région de Ramlayah et de sa cité, elle resta cependant assez déçue que l’Imam de cette cité ne connaisse rien de l’Islam nazuméen. C’était assez décevant de la part d’un savant de l’Islam qui dirigeait un grand centre religieux, d’autant qu’il s’agissait d’une rencontre officielle et qu’il aurait dû se renseigner un peu avant. Shima s’attendait cependant à une telle méconnaissance. L’Islam afaréen avait superbement ignoré son homologue nazuméen depuis des siècles après l’échec retentissant de ses tentatives de conquêtes. Les musulmans qui étaient restés sur place et ceux qui étaient arrivés par la suite étaient généralement ceux qui n’avaient pas pu repartir, ou ceux qui fuyaient les discriminations quant à leurs croyances. Au final, pour beaucoup de théologiens, les musulmans nazuméens étaient dans l’imaginaire collectif des hérétiques ou des égarés, ce que les représentants religieux du Nazum niaient fermement ! Pour ceux qui s’y intéressaient véritablement, la diversité des courants de l’Islam dans le continent oriental était signe d’une véritable richesse d’approches.

Elle prit une bonne inspiration et maintint son calme et son attitude affable. Elle avait reçu pour mandat de porter la voix des musulmans de son pays au-delà des mers. Elle savait que rien n’était acquis … Mais déjà, il fallait reconnaître une certaine ouverture d’esprit de la part du représentant de Ramlayah : il n’avait rien dit sur le fait que Shima Kashani était une imam.

« Cher imam, je vous remercie de l’intérêt que vous portez à notre communauté. L’Islam nazuméen est divers et multiple et je n’ai pas la prétention de parler au nom de l’ensemble de la communauté musulmane du Nazum. En revanche, je représente les Tourouks Unifiées du Jashuria, et à ce titre, je suis habilitée à parler pour les communautés m’ayant investi du pouvoir de représentation. Les communautés musulmanes du Jashuria ne sont ni Sunnites, ni Chiites, mais Soufies. Nous sommes un courant de l’Islam qui se rattache aux enseignements des différents compagnons du Prophète et nous le considérons comme le premier mystique de notre courant. Nous sommes organisés en différentes tourouks – des confréries mystiques – qui explorent chacune les enseignements des compagnons du Prophète ou de leurs propres disciples. Ma tariqa, par exemple, fait sienne les enseignements de Rabia Basri, la mystique et poétesse musulmane dont les odes à la beauté divine ont émerveillé tant de nos ancêtres. En ce sens, nous croyons que Sa vérité et Son amour ne sont contenus qu’en partie dans le Coran et qu’il revient au croyant de rechercher la Beauté Divine dans l’accomplissement d’une vie pieuse et tournée vers la compréhension de Son œuvre. »

Les Soufis du Nazum savaient qu’il ne fallait pas se contenter de la parole contenue dans le Coran. Il revenait aux croyants d’explorer le monde et ses mystères pour toucher du doigt Son amour. En ce sens, les Soufis du Nazum n’avaient jamais hésité à se pencher sur les arts, les sciences et les mystères ésotériques afin de pouvoir saisir Sa grandeur et Son amour. C’était cette quête de la compréhension du divin qui guidait les Soufis du Nazum et avait permis la création d’une tradition qui n’hésitait pas à se servir des arts et des sciences pour saisir la beauté de la Création. Pour eux, le Coran était un appel, mais ceux qui s’en contentaient étaient tels des amoureux qui préféraient aimer à distance.

Les Soufis avaient durant des siècles été injustement incompris par leurs homologues Sunnites ou Chiites, qui les accusaient de se perdre dans des considérations ésotériques. Les Soufis, quant à eux, avaient fait le dos rond, préférant continuer à rechercher le Divin dans l’exploration des beautés de l’univers qu’Il avait créé. Il en avait résulté que les Soufis, loin de s’enfermer dans leurs confréries, s’étaient ouverts sur le monde et avaient évolué avec lui, tandis que les Sunnites et les Chiites les plus conservateurs continuaient à annoncer des sermons sans en comprendre la signification. Il n’y avait qu’à voir la constitution du clergé islamique du Jashuria : une bonne moitié des imams étaient des femmes, chose impensable dans une grande partie de l’Afarée.

L'Imam après avoir étudié les propos de la Grande Ouléma se prononça:" Il est vrai qu'au Ghamdan plusieurs documents mentionnent la branche du soufisme Nazuméen, et sa doctrine mystique centrée sur "la purification de l'âme", je tiens à vous rassurer nos collèges sont très compétents dans la matière et plusieurs études ont été déjà menées sur le soufisme Nazuméen, d'ailleurs un des nombreux professeurs à avoir participé aux œuvres des études internationales de l'islam est originaire de notre pays, c'était un des co-directeurs de l'étude, Professeur Amine Boudouni s'appelle-t-il. La raison pour laquelle nous avions demandé à en savoir un peu plus sur l'Islam Nazuméen au Jashuria est que de 1 le Ghamdan n'a jamais entretenu de lien avec les musulmans du Jashuria, de 2 le Jashuria est laïc, nous voulions donc confirmer la branche auxquelles les musulmans Nazuméen appartiennent et quelques informations collectées avant notre arrivée. Nous pouvions poursuivre la discussion, aviez vous des futurs projets pour le monde de l'Islam et qu'entrepreniez vous en tant que Grande Ouléma ?"
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La Grande Ouléma remercia l’Imam ces bons mots et reprit d’une voix posée :

« Je vous remercie de ces paroles chaleureuses. Elles font honneur à la réputation des Imams du Ghamdan. Permettez-moi d’expliciter plus clairement comment j’entends réunir l’Islam afaréen et nazuméen. Le premier projet que je souhaiterai mettre en place est la création d’une grande bibliothèque compilant tout le savoir que nos savants et nos exégètes ont pu cumuler au fil des siècles. C’est là l’un des points saillants de mon intervention : nos écoles islamiques n’ont que peu de dialogues entre elles. Il nous faut, si nous voulons dépasser nos différences et entrer dans Sa lumière, pouvoir lire et nous instruire des travaux de nos prédécesseurs, et pas seulement ceux de nos écoles. J’envisage de construire une telle université des savoirs, en demandant aux écoles de l’Islam voulant participer, de mettre à disposition des versions numériques de leurs écrits et bibliothèques, afin que quiconque désirant étudier nos textes et nos productions, puisse trouver un lieu – numérique ou non – où serait conservée cette connaissance.

Dans un second temps, après la mise à disposition de ces textes, j’envisage de concevoir, sur le modèle des universités laïques, un centre d’études visant à structurer la formation de nos représentants religieux. Durant trop d’années, nous avons pu voir des Imams autoproclamés qui se sont surtout servis du pouvoir de Sa parole pour égarer les fidèles. Si nous voulons être crédibles, il nous faut harmoniser à la fois le contenu de la formation des représentants religieux, mais aussi veiller à ce qu’ils ne soient pas des électrons libres et isolés ou refusant de vivre avec ce monde qui évolue sans cesse.

J’ai bien conscience qu’un tel projet demande du temps et qu’à moi seule, je ne peux donner que l’impulsion. Mais si ma petite contribution permet de faire résonner Sa parole dans le coeur de milliers de gens et donner l’envie à des jeunes gens de se lancer dans la théologie et les études religieuses, nous pourrions former une nouvelle génération capable de répondre au manque de sens dans nos sociétés contemporaines.”


Elle laissa son homologue répondre à cette proposition. Elle s’estimerait contente si elle parvenait ne serait-ce qu’à créer cette base de données communes entre les différents centres religieux …
En entendant les propos de la Grande Ouléma, les Imames se retirèrent à côté pour étudier la proposition. L'Imam de Ramlayah était assez enthousiaste et optimiste, lui qui avait toujours soif d'un grand savoir, cette union pourrait lui apporter plus de connaissances pour compléter ses œuvres sur le kalâm. Ses collègues par contre beaucoup plus conservateurs dans leurs idées ont montrés de la réticence. En même temps la différence de culture entre les branches soufies et sunnites étaient assez pertinentes mais c'est déjà un bon départ puisque l'Imam Principal était déjà intéressé. Il s'exprima alors:
"Cette idée d'Union entre Musulman semble être bénéfique pour le Kalâm. En effet, je pense que vos connaissances pourraient combler les nôtres et vice-versa, nous sommes fort intéressé par les études et les livres réalisés dans votre culture et nous souhaitions déjà une collaboration sur ce plan là, malgré tout et honnêtement mes collègues m'on fait part de leur réticence et sont hésitant à rejoindre une ligue. Des accords de cette ligue pourrait les soumettre à certaines contraintes ce qui crée chez eux une réticence. Je vous invite donc à discuter du fonctionnement de cette ligue et son but si vous le désiriez."
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Shima Kashani afficha un sourire ravi à l’imam, qui semblait s’être rangé à ses vues sur la religion. C’était un petit pas pour elle, mais un grand pas pour son projet.

« Cher homologue, c’est un plaisir que de savoir que nous sommes alignés sur la nécessité de mettre en commun nos connaissances pour que nos écrits soient le plus partagés possibles entre les fidèles. Il va de soi que nous mettrons tout en place pour faciliter la numérisation des livres et des écrits afin qu’ils puissent constituer une base de données solide et évolutive autour des questions liées à notre foi commune. Mes coreligionnaires vont de ce pas établir les bases d’une infrastructure numérique pour compiler toutes ces données. Nous imaginons pouvoir finaliser ce projet rapidement et l’étendre à d’autres régions de l’Islam.

En revanche, il ne me semble pas avoir parlé d’une quelconque ligue. Ma proposition concernait simplement la formation des imams dont je souhaiterai qu’elle puisse être harmonisée, afin que nos coreligionnaires soient protégés des prédicateurs se réclamant de notre foi, mais qui cherchent avant tout à tromper les fidèles par de fausses paroles. En formant des imams selon un cursus globalement commun, nous pourrons mieux contrôler et consolider la manière dont les écritures sont transmises. Mais je peux comprendre qu’un tel projet soit trop avancé à ce stade des discussions, aussi me contenterai-je de ce que nous avons déjà convenu ensemble, à savoir la création d’une bibliothèque numérique commune autour de l’Islam.

Je n’ai plus d’autres demandes à formuler, aussi je me tiens à votre disposition si vous souhaitez quoi que ce soit de ma part. »

"Je suis enjaillé à propos votre proposition qui me semble fort intéressante, une bibliothèque numérique compilant tout les documents de l'Islam me semble être une idée fabuleuse. Nous mettrons bien évidemment à disposition toutes les études et recherches en notre possession, je crois bien qu'ici et aujourd'hui une nouvelle ère pour l'Islam aura lieu. Nous avons aussi une autre question, combien de pays adhèrent à ce projet jusqu'à aujourd'hui très chère Grande Ouléma?"
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