
Amirraglia Sofia Di Saltis
Le jeune femme fut austère jusque dans son escorte, puisqu'elle ne fut accompagnée de personne, attendant seule la venue du Tsar (si possible à l'abri des regards et dans un bâtiment officiel de Stevograd). Elle se souviendra avoir longuement fait les cent pas, regarder quelques tableaux bien jolis, et penser que cette nation avait peut-être quelque chose de méritant au travers de ces coups de peinture. Elle se soumit servilement au protocole du Tsarat, car ce n'était pas parce que plusieurs dizaines de canons pointaient sur une ville slave qu'il en fallait oublier la politesse élémentaire propre à la notabilité sénatoriale velsnienne. Elle s'inclina bien bas lorsqu'elle vit Donchenka Shevshenko (HRP: ou un autre perso si tu veux, je corrigerai si tu en prends un autre), le chef d'état de cette nation qui jusqu'ici, n'avait été pour les velsniens qu'une préoccupation mineure. Elle se feint d'une salutation, aussi gracieuse que courtoise, comme si cet homme était son égal, s'excusant presque de sa présence: on aurait dit que les mots couchés sur la lettre ne provenaient pas de la même personne:
- Vale, excellence. Il est de mon devoir de vous demander de me pardonner cette intrusion quelque peu forcée digne de pirates. Comprenez qu'il n'est pas dans nos habitudes de faire ainsi, mais la situation dans laquelle votre patrie s'est mise seule a retenue notre inquiétude, et doit être réglée dans l'absolu immédiat.
Je ne sais pas si vous vous en rendez compte, mais vos dernières mesures ont attiré l'attention, d'où notre présence. Pensez bien que nous nous fichons bien de la façon dont vous vous gouvernez vous même. Vous voulez supprimer votre Sénat ? Alors faites, ce n'est guère notre problème. Vous voulez régner en autocrate, alors faites, ce n'est guère notre problème. En revanche...
L'Amirraglia marqua une courte pause.
...il convient que vous vous rendiez compte que chacune des actions politiques initiées par une nation bordant ce détroit, incitant d'autres à l'intervention et à l'ingérence nous préoccupe au plus haut point. Vous me dites qu'expulser 18 000 personnes de son territoire n'est guère de la persécution...mais figurez vous que bien peu de gens puissants partagent votre définition du mot "persécution", à commencer par nous même. Se gouverner soit même, c'est là une position que nous respectons au plus haut point, en toute indépendance politique, certes. Mais vous devez bien comprendre que nous ne vivons pas en vase clos, et que le fait de déverser une vingtaine de milliers de personnes hors de vos frontières aura des conséquences pour toute la région. Sur ce point, je serai donc intraitable, et vous demanderait ainsi d'user de votre pouvoir pour annuler une telle mesure. Vous me dites faire cela pour demeurer plus près de dieu: soit, mais je pense qu'il y a d'autres méthodes que celle de chasser de chez eux tous ces gens. Non pas que je fasse cela par humanité, je m'en contrefiche à vrai dire, mais en faisant cela, vous venez perturbez une géopolitique locale, ce qui est la meilleure solution pour vous attirer notre hostilité. Vous avez vos "problèmes" ? Alors gardez les pour vous, et ne venez pas importuner vos voisins avec. Je vous prie de prendre mon offre en considération, sans quoi des personnes bien moins courtoises que moi risque de vous rendre visite.
Di Saltis ne détournait plus le regard de celui de son interlocuteur.
Sur le sujet des frontières, je comprends votre position. Vous voulez vivre éloigner du monde, je comprends tout à fait, et je n'insisterai pas sur ce point en ce qui concerne vos ressortissants et les ressortissants étrangers. CEPENDANT, je voudrais vous faire une proposition qui pourrait vous intéresser: gardez vos frontières telles quelles, mais je vous soumets cette demande: faites une exception pour les navires commerciaux velsniens. Levée des barrières de douane dans les deux sens: velsnien comme slave. Cela aura pour conséquence que nos produits, à nos deux nations seront moins chers dans les deux sens. Notez que cette proposition est équitable, et que je ne cherche pas à vous imposer ce que moi même je ne saurais vous permettre en notre patrie.
En dernier lieu, nous aimerions vous faire la proposition d'un droit de mouillage mutuel, pour les navires civils comme pour les vaisseaux militaires, ce qui devrait permettre à nos navires de procéder à des réparations de première nécessité dans vos ports, et inversement.
La velsnienne sortit de son dossier un simple document, une proposition de traité:
Article 1 :
Le Tsarat de Pravoslavnyy s'engage à l'arrêt formel de la procédure d'expulsion du territoire de tous les citoyens pravoslaves de confession non-chrétienne, confession chrétienne autre que celle de l'état pravoslave, musulmane, juive et les membres de la communauté homosexuelle pravoslave. Tout acte de persécution avéré: expulsion forcée, progrom, exclusion de la vie civique d'une manière ou d'une autre, se traduira par une rupture de ce traité.
Article 2 :
Les deux parties consentent à une levée mutuelle des droits de douanes sur l'intégralité de leurs produits manufacturés, et consacrent la liberté de circulation des marchandises entre leurs deux états.
Article 3 :
Les deux parties consentent à la mise en application d'un doit de mouillage sans frais et sans limite de durée aux vaisseaux commerciaux et militaires battant pavillon des deux états, dans une optique de stationnement temporaire et de réparation des dits navires.
Article 4 :
Si les trois premiers articles de ce traité sont respectés et que l'arrêt de toute mesure de persécution est actée officiellement par le Tsarat, les deux parties s'engageront dans une déclaration d'amitié commune.
Article 5:
La Grande République de Velsna s'engage, si l'article 1 et 4 sont appliqués, à la garantie de la nature du régime politique du Tsarat, et de la liberté des pravoslaves de pourvoir par eux même à leur indépendance et leur liberté.
Cet article sera considéré comme caduque si l'une de ces conditions n'est pas rencontrée.
La velsnienne esquissa auprès de son interlocuteur une dernière remarque:
- Voici notre proposition. Nous avons fait notre possible pour vous ménager. A prendre ou à laisser.