11/05/2017
16:21:30
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Antérinie-Némédie

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Rencontre entre conservateurs à Epidion.


Jeanne Diallo, secrétaire du F.L.A

« Que veux tu Aimé, c’est leurs problèmes s’ils ne savent pas se contenir, tu sais très bien que normalement nous n’aurions même pas besoin d’intervenir dans ce genre d’affaires ! Enfin, c’est des états parfaitement indépendants et libre dans leurs choix, donc si la Némédie décide d’expulser des centaines de Loclenasques ; c’est à eux d’en assumer les conséquences ! Enfin, je tiens tout de même a rappeler les propos de Bolila ; « Jamais je ne permettrais d’attenter à la légitimité d’un état » ou, si cela ne te paraît pas assez pertinent ; « nous refuserons de nous ingérer de manière diplomatique », mis à part si j’ai l’impression que des accord parlementaires ont l’air d’être de simples paroles en l’air. Sache que le F.L.A n’apprécie que très moyennement tes pirouettes, la conférence de Marcine est un échec et nous tardons à nous faire entendre à celle de Mpanga et en plus tu te permets de te mêler des relations entre la Némédie et l’U.C Sochacia, tu ne peux ignorer que le F.L.A va avoir tendance à soutenir ce dernier. En premier lieu car anarchistes et socialistes doivent se serrer les coudes ! Mais bon, je me passerais de tout commentaires sur sa politique, après tout, nous avons bientôt finalisé nos accords avec le Grand Kah… »

Bassé leva les yeux au ciel, il connaissait sur le bout des doigts la comédie de sa collègue, dépeindre un tableau sinistre, pour ensuite promouvoir l’idéal anarchiste, il attendait donc patiemment que la secrétaire générale du F.L.A ait finie son long et répétitif monologue pour enfin prendre la parole, tenter de la rassurer et surtout de préserver ses initiatives. En effet Jeanne Diallo semble oublier que si le F.L.A a pu obtenir certains postes au Paltoterra, il doit tout de même garder à l’esprit que le P.P.A considère l’Afarée comme son terrain de chasse diplomatique, et que par conséquent on ne peut se permettre d’avoir une politique complètement schizophrène sur ce continent. Ainsi, « Gand-mère Kalle » aurait dû ne pas insister pour venir dans l’esprit du ministre des affaires étrangères, mais les accords de Kalindi obligeant, il ne pouvait refuser d’inviter la cheffe de la seconde force politique (et la seconde composante majeure de la Majorité du P.P.A) sans raison valable, d’autant plus lorsque l’un des piliers idéologiques du F.L.A était indirectement concerné par cette conférence. Mais le ministre n’eut pas le temps d’achever ses pensées que la secrétaire générale du F.L.A reprenait son discours après une brève pause.

« Pire encore, tu pactises avec un état qui est accusé de commettre des crimes à l’encontre d’une minorité, et tu sais pertinemment que jamais nous ne pourrions tolérer cela ! Alors oui, prépare tes homologues à prendre une leçon, je m’en vais les cloué au pilori ! Non mais sérieusement, il n’y a que les états conservateurs, de droitardés pour se permettre d’expulser ainsi et sans raison réellement valable des centaines et des centaines de pauvres innocents qui ne font que subir les mots que leur gouvernement a envoyé à ces malappris et à ces malotrus qui peuplent le ministère des affaires étrangères de la Némédie ! En plus, le Grand Kah risque de se ramener, comme si Marcine avait besoin de ça après l’échec de Marcine ! Bon, restons courtois mais tu sais que ça va mal finir si tu ne prends pas en compte nos remarques… (Puis elle prit un ton prophétique) Quand l’Anarchisme fera de Marcine son bastion afaréen, le monde vivra enfin libre et heureux, imagine cette société sans classe, sans luttes intestines, sans discriminations… Imagine ce monde ouvert, prospère et gai ! Le Roi régnant étant acclamé par son peuple et reconnu par ce dernier ! La richesse se diffusant dans toutes les classes sociales… »

-  « … Et Jésus redescendra sur Terre pour sauver une bonne fois pour toute les âmes risquant la perdition et Ditaolane vainquant Kammapa ? »
Ironisa le ministre des affaires étrangères marcinois.

-  « Rira bien qui rira le dernier » Acheva Diallo.

- « D’ailleurs, je pense que tu devrais garder une certaine modestie Jeanne, car si la réaction némédienne est pour le moins radicale, je ne suis pas certain que l’intervention d’états particulièrement sulfureux comme Karty ou l’ex Novyavik devraient servir ton argumentaire… Enfin, la décence voudrait que l’on se taise lorsqu’un ex état esclavagiste et un autre état anciennement absolutiste s’étant racheté une dignité et une stabilité se permettent de se mêler de ce genre d’affaire. Ensuite, le terme « déportation » n’est qu’un produit incendiaire qui ne rajoute que de l’huile sur le feu et est utilisé par des pyromanes complètement fous ! On ne peut résoudre les tensions entre états en comparant une simple expulsion à un crime contre l’Humanité ! D’autant plus lorsque la dignité humaine semble être conservée. Donc oui, il faut savoir peser ses mots ! Quant au Kah, il n’a rien fait, mis à part si le F.L.A a reçu des instructions secrètes émanant d’Axis Mundi, comme tout les partis de gauche qui trahissent leur nation au profit leur formation politique… Donc a minima je souhaiterai que tu te comportes dignement, tu ne t’apprêtes pas à entrer dans une arène mais à signer des accords avec une puissance locale qui entretient des relations commerciales cordiales avec Marcine, donc oui, il va falloir serrer les dents.

De plus, nous pouvons tout de même faire quelque chose pour les loneclasques expulsés, au mieux nous pouvons encourager le gouvernement némédien a bien vouloir les reprendre, au pire nous pouvons pousser ce dernier à rouvrir le dialogue avec Garthram. Je suis certain que des excuses réciproques ne devraient pas être bien difficiles à décrocher, ou du moins asseoir Andronikos et le représentant de « l’Espoir populaire » face à face et leur demander de trouver une solution pour résoudre la crise qui s’amorce. Et ce même si nous devons faire pression sur les deux états, car savoir que des états eurysiens rodent autour de la Némédie ne me rassure pas du tout, au contraire d’ailleurs. Je sais pertinemment que leur bonne morale et leurs bons principes ne sont qu’une façade pour s’ingérer dans les affaires internes de cet état. Les novais ont prétendu sauver la démocratie en rackettant l’autre état au nom imprononçable. Donc je ne serais même pas surpris de voir Novyavik réclamer des exclusivités économiques à la Némédie voire même des ports commerciaux…

Donc oui, si nous voulons préserver l’intégrité afaréenne, nous devons à tout prix pousser les deux états à s’asseoir au bout d’une table et traiter ! Les deux ont acceptés de se joindre à la conférence Mpanga, donc ils pourraient se concerter en parallèle. Il faut juste trouver des terrains d’entente, je suis certain que le commerce devrait les rapprocher, car ces monarcho (ou royalo?)-socialiste ont l’air d’être sacrément confus, au même titre que les valinoréens, tu ne penses pas ? Et puis, normalement, le fond des tensions vient surtout de la mise en forme et du manque d’inclusivité et de féminité des Némédiens… »
Ironisa le ministre.

-  « Ne joue pas à ça avec moi, tu sais très bien que l’intervention du Slaviensk dans les affaires internes némédienne ne sera pas de la même ampleur que les autres tentatives que commirent d’autres états eurysiens, comme la Clovanie… N’oublie pas que l’Azur ne laissera certainement pas les eurysiens s’immiscer dans les affaires d’un état quasi-frontalier, surtout quand la conférence de Mpanga vient de débuter et qu’une convention sur le colonialisme sera proposée (et probablement signée et reconnue par la majorité des états afaréens), les temps changent et l’Afarée n’est plus un moulin, on ne s’y implante pas comme bon nous semble. Et lorsque l’unité diplomatique afaréenne sera atteinte, la superpuissance afaréenne et son hégémonie pourra commencer. Mais soit, je ne me permettrais pas de faire remarquer que les décisions némédiennes sont iniques et injustifiées, je pourrais même militer auprès des Kah tanais afin qu’ils fassent pressions auprès des Sochaciens pour pouvoir permettre un sommet entre les deux états, et ce même sous la médiation antérinienne ou du moins d’un état tiers pour éviter d’assister à un meurtre… »

« Bien, je tiens tout de même à rappeler que Marcine va devoir rappeler que personne ne touches aux états afaréens, l’Antérinie étant devenue (virtuellement) la troisième puissance économique de l’Afarée et la seiziémisme armée eurysienne tout en étant la quatrième armée afaréenne (car justement armées marcinoise et antérinienne se confondent dans l’armée confédérale) donc oui, ils devaient pendre au sérieux nos volontés anti-ingérences. Sinon, Il serait dommage qu’Antrania, sous nos sages conseils, se rapproche d’un état qui est actuellement dans le viseur de Novyavik, car si nous n’avons rien en commun avec le régime navgrosko, nous refusons de voir notre Mère l’Afarée tombée sous la coupe d’états expansionnistes et coloniaux. »

Car il est clair que la rencontre n’avait qu’un seul objectif ; préserver l’intégrité des états afaréens, et Marcine refusait catégoriquement que les tensions entre deux nations du continent tournent aigres puissent servir de portes d’entrée aux puissances extra-continentales pour s’immiscer et s’ingérer chez ces derniers. Et si les tensions entre les deux états n’a pas fait tant de bruits à Marcine, le palais de Kalindi reste très attentif aux propos et aux actions des actions impliquées dans la crise se profilant entre l’U.C Sochacia et la Némédie. Et Marcine étant l’un des états les plus influents de la région, il semblait donc parfaitement naturel à Bolila d’encourager une sortie pacifique entre les deux états, pour lui, l’unification de l’Afarée n’obligeait pas forcément une bonne entente entre les états, mais devait au moins permettre une cohabitation pacifique entre les États. Bien sûr, il savait que la question afaréenne revenait en force et devenait de plus en plus importante à l’échelle continentale, et le risque de voir un conflit (même latent) apparaître était pour lui inimaginable, d’autant plus lorsque les raisons de ce dernier étaient tout simplement ridicules ! Une escalade de tensions parce que le sexe de l’interlocuteur n’avait pas été bien ennoncé et que la proposition d’accord commercial fut proposé comme un fruit sur l’étale d’un marché à la crié amenant donc le gouvernement à riposter avec mépris et hauteur était pour lui parfaitement inimaginable. L’élégance qui devrait caractériser n’importe quelle missive n’était même pas envisagée et les réactions étaient disproportionnées… Ainsi mieux valait éviter de voir apparaître des tensions entre deux états pourtant séparée par des centaines et des milliers de kilomètres.

Puis ensuite, il y avait bien entendu une dimension politique, le conservatisme international développée en Antérinie comme l’idéologie d’État. Ainsi, il était naturel pour la puissance confédérale de se rapprocher d’une autre puissance confédérale tout aussi conservatrice et portée, elle aussi sur le christianisme. Ainsi, si l’Antérinie est si frileuse à l’idée de se mêler des affaires qui ne concernent que deux états, sa propension à soutenir le faible et ce avec un désintérêt louable, le fait que certaines nations aient eu la mauvaise idée de ne pas prendre en compte le fait qu’elles sont loin d’être des exemples de vertus à suivre, notamment lorsqu’un passif d’état absolutiste et dictatorial, des tendances à la déportation d’opposants politiques (comme le Saint Empire Kartien [qui n’a pas l’air de bien vouloir récupérer ses communistes déportés en Loduarie et en Estalie] ou l’ancien régime esclavagiste novais) qui discréditent complètement les appels (portant pertinents) de l’U.C Sochacia. Ainsi la diplomatie antérinienne, ayant une définition très claire des mots et appelant « chat » un « chat » et ne se laissant pas aller à des utilisations lexicales calomnieuses et parfaitement inadaptées en plus de rajouter de l’huile sur le feu. De cette manière, l’Antérinie ne pouvait se permettre d’« abandonner » des états, face à un groupe plus que sulfureux.

Ainsi lorsqu’ils descendirent de l’avion, les deux Marcinois, d’un commun accord, se firent aimables et courtois, et bien entendu, ils saluèrent les représentants Némédiens avant de monter dans les berlines noires à disposition et de joindre le palais royal.

Aimé Bassé, Ministre des affaires étrangères marcinoises
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Ainsi, dès qu’ils furent descendus de l’avion, les deux Maricinois saluèrent les représentants némédiens à leur disposition sur le tarmac avant de s’installer dans les berlines noires. Le trajet vers la capitale Epidion se fit dans le silence le plus complet, le bruit de la voiture masquant éventuellement quelques plaisanteries sur la beauté du paysage collines verdoyantes, routes impeccablement entretenues, drapeaux némédiens flottant aux carrefours.

Arrivés au palais royal, ils furent reçus avec tous les égards possibles. Le roi Andronikos IV en personne, entouré d’une partie de sa cour et du ministre des Affaires étrangères Philippos Adrastos, les attendait sur le parvis. Une garde d’honneur, sabres au clair, leur rendit les honneurs alors qu’un léger souffle de vent soulevait les tentures rouges aux balcons du palais.
Les salutations furent ponctuées de quelques mots aimables mais en respectant le rang de chacun, du roi qui souhaita cordialement la bienvenue, à Philippos Adrastos, emprunt de préciosité qu’il les invita à entrer sans plus tarder.

À l’intérieur, après avoir emprunté un long corridor de marbre de couleur sombre orné de fresques historiques, les Maricinois furent conduits dans une vaste salle de discussions officielles, merveilleusement éclairée par toute la lumière naturelle dont elle pouvait bénéficier. Une fois les portes fermées, le roi Andronikos IV, l’air apaisé, leur proposa :

"Mais avant d’aborder cette question, permettez-moi de vous offrir quelque chose à boire. Nous avons un excellent vin de Phaléris, un café d’Olythos… ou bien peut-être préférez-vous une infusion locale aux herbes de montagne ?"

Le geste n'était ni anodin, ni gratuit. Le roi souhaitait afficher tant sa générosité que sa proximité, tout autant que créer un climat de confiance. En proposant une brève coupure à l’issue de la rencontre avant de débuter l’essentiel des échanges, il visait essentiellement à désamorcer une tension latente et à cerner les contours du dialogue à venir dans une ambiance de respect mutuel.
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- « Bassé ! Regarde ! » avait dit Diallo en secouant discrètement le bras du ministre des affaires étrangères dans l’élégante berline gouvernementale noire qui reliait l’aéroport d’Epidion au palais d’Andronikos. Sur les sièges en cuir brillant, le regard éclatant de Jeanne se posait sur le visage surpris d’Aimé. La route défilait devant eux, interminable, les longues avenues vides et les carrefours pavoisés aux couleurs némédiennes étaient semblables aux places et aux rues, désertes, presque inhospitalières… « Décidément, les rencontres antériniennes sont plus chaleureuses, et mieux vaut une foule de figurants payés pour applaudir l’arrivée de telle ou telle délégation diplomatique que cette sinistre suite de bâtiments froids et mornes. » pensa dans le même temps la secrétaire générale du F.L.A. Tandis que le ministre des affaires étrangères rouvrait difficilement les yeux, le voyage lui avait permis de somnoler pendant quelques minutes, Jeanne le pressait de question ; « Tu as appris la nouvelle ? », alors qu’il opinait de la tête, étonné, elle continua ; « Tu sais, la dernière déclaration du gouvernement d’Andronikos ? » et alors qu’il marmonnait des mots incompréhensibles, elle lui fit en chuchotant ;

- « Tu ne vois toujours pas ? Bon, sache que le gouvernement némédien vient de dénoncer le rapprochement entre Tanska et l’U.C Sochacia en y voyant le retour du néo-colonialisme… Bref, un mouvement plus que déroutant qui pourrait avoir des conséquences désastreuses au niveau de la politique internationale de la Némédie. Et surtout, quant à la réputation de Marcine à l’internationale, tu sais que nous allons bientôt intervenir à Mpanga, et que si l’on paraît soutenir un régime qui « déporte » des citoyens étrangers, les azuréens et autres puissances assez tièdes à Marcine nous jetterait la pierre dessus et pourraient en venir à critiquer avec virulence le sommet de Marcine pour mieux nous discréditer. » Ce sommet, étant un véritable traumatisme pour Marcine, un désastre cuisant qui mélangeait naïveté, précipitation et incapacité à faire respecter la bienséance, les uns menacant les les autres de mort, tandis que le Gondo n’a même pas été invité, déclenchant l’ire du gouvernement corrompu de Désiré Oudoulou. Cette Bérézina avait néanmoins permis de rapprocher (un peu) Marcine de l’Ouwalinda en démontrant que malgré l’adversité et ses engagements politiques, Bolila soutiendra quoiqu’il arrive Ateh et ce à n’importe quel prix, mieux encore, l’idée d’une « alliance afaréenne », c’est à dire la formation d’un ensemble diplomatique uni qui n’aura pour seuls objectifs le bien être des peuples afaréens, s’est imposé et une conférence en plus organisée a vu le jour.

-  « Je t’ignorais si préoccupée par Mpanga, je croyais que tu préférais te chargée des affaires paltoterranes et que tu devais aller vendre le F.L.A aux intérêts kah tanais… » Fit ironiquement Bassé, « Mais en revanche, je ne vois pas où est le problème, certains états présents à cette table n’accordent même pas la liberté de conscience à leurs citoyens, comme l’Azur, qui interdit l’athéisme… Alors qu’un état soit impliqué dans le renvoi de ressortissants étrangers ne me choque pas tant que ça… Et puis pour le Sommet, je doute que le représentant gondolais puisse en venir à critiquer nos prises de positions, il devrait avoir d’autres lions à fouetter et espérer que le F.L.A n’envoit pas de mercenaires dans la région… »

- « Lorsque nous aurons renoncés à nos engagements royalistes, et non pas monarchistes… » se dépêcha de rajouter Diallo, « … nous aurions fini dans la sphère d’influence kah tanaise, et dés lors Marcine peut prier pour ne pas devenir l’un des innobrables vassaux de la Fédération qu’est le conglomérat de communes du Kah. Ensuite, tu sais très bien que nous nous refusons d’aller accentuer les souffrances des civils au Gondo, si nous ne pouvons rétablir la paix dans le pays, nous pouvons tout de même ne pas aggraver leur situation. Et pour les tanskiens ? »

- « Rien de bien grave, s’ils décident de s’attaquer directement à la Némédie, même au nom des « Droits de l’Homme », ils vont vite devoir expliquer comment ils font pour posséder des « territoires autonomes » en Afarée, alors que ces mêmes droits de l’Homme voudraient que le colonialisme et autre dégénérescences des grandes puissances (à savoir l’impérialisme) sont censés être prohibées… Sinon, et bien je pense que le poids des contradictions pourraient venir faire peser une menace inattendue sur ses colonies. Même si bien sûr, le coup ne viendra d’aucun cas de Marcine qui fera comme d’habitude, c’est à dire réagir et dénoncer, mais sans autres conséquences, et avec probablement des propos peu virulents à leur encontre… Comme d’habitude. »

Mais ils n’eurent pas le temps d’aller au bout de leurs propos que déjà, la voiture arrivait devant le palais royal, les immenses colonnades antiques, les grandes demeures des élites et les autres ministères donnaient une image grandiose et grandiloquente du pouvoir. L’image même de ce dernier était claire, le Parlement et le Roi, la proximité de ces deux institutions donnaient une fausse impression de dualisme, les deux chiens de garde de la nation némédienne se regardant froidement, les colonnades de marbre répondaient aux portiques et aux caryatides. La Couronne, surveillait la Toge aux bords pourpres et inversement, c’est en tout cas comme ça que les Marcinois envisageaient le pouvoir et sa pratique en Némédie. Là encore, la réflexion ne peut être poussée plus loin, les tapis écarlates ouvrants la voie vers le palais royal, de marbre et de bois, qui faisait pâlir les bâtisses royales baroques et classiques. Le charme antique a une certaine attirance, les colonnades, souvent simples, valaient souvent mieux que les incroyablement chargées colonnades baroques, l’esthétique simple, quoique froide à certains égards, était bien plus charmante que les arabesques, les spirales et autres dorures caractéristique des grands palais.

Mieux encore, la résidence royale était un véritable musée, aux statues représentants des saints s’ajoutaient des galeries de tableaux, semblables aux interminables couloirs des palaces, chargés du mythe fondateur de toutes dynasties digne de ce nom ; un ancêtre descendant d’un Saint, le vainqueur des ennemis héréditaires, ou tout simplement un seigneur plus habile que les autres qui réussit à se faire élire par ses pairs… Et tout au long de cette histoire grandeur nature, les rois, ducs et comtes qui formèrent la famille royale ou qui aggrandirent le Royaume étaient dépeints, tour à tour froids, souriants, charismatique ou austère… Heaumes, couvres-chefs à plume et tricornes étaient autant d’époques que de périodes glorieuses, tragiques ou mystérieuses. Puis le pouvoir, encore une fois, était représenté de manière dualiste ; le Roi et les pairs modernes ; les parlementaires. Presque tous portaient les élégants costumes trois pièces, à queue ou à veston croisé, à cravate ou à nœud papillon. Puis, quelques valets s’approchèrent, costume protocolaire, plateau et verres à la main. Les Marcinois prirent une coupe de vin et attendirent que le monarque aborde les principaux sujets de la rencontre.
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Le vin de Phaléris avait pourtant été apprécié à sa juste valeur, floral, complexe, de nuances discrètes de mûre et de chêne. Un silence feutré qui fit suite à ce premier versé de vin installé chacun autour de la grande table basse, de bois sombre agrémenté d’incrustations d’onyx sur les rebords. De chaque côté, les membres des deux délégations prenaient place selon le strict respect du protocole. Le roi Andronikos IV, dans un costume sobre mais d’une dignité presque sacerdotale croisa lentement les mains au dessus de la table, les Marcinois observés d’un regard rasséréné à l’assurance calme.

Et il parla, d’une voix grave, claire, posée :

« Messieurs, Madame… vous êtes les bienvenus en Némédie et je suis ravi que cette rencontre puisse se tenir ici même, notre capitale, à Epidion, le berceau de notre civilisation et le cœur de notre nation. »

Il marqua un bref silence, laissant les mots s’imprégner dans la séquence scénique :

« La Némédie est une vieille nation. Une grande nation. Une nation forgée par le sang, l’esprit et la foi de son peuple à travers les siècles. Nous avons connu la division, la guerre, la pauvreté, la trahison. Mais nous sommes toujours debout. Et aujourd’hui, nous sommes là, coulés dans nos principes, mais réservés à ceux qui, comme vous, sans être pris au piège de la crédulité, partagent une vision de l’avenir. »

Il fit un léger hochement de tête, le ministre des Affaires étrangères Philippos Adrastos, qu’il faisait apparaître sur le fond nébuleux des hommes d’État, habitués des discours raffinés, des silences pleins, des regards insistants. Il fit signe à un secrétaire de commencer à préparer les premiers documents d’échange, mais le roi poursuivit, toujours avec la même tranquillité :

« Nous avons observé avec attention les évolutions récentes en Anterinie. Nous avons suivi avec intérêt le développement des initiatives diplomatiques maricinoises. Et je ne vous le cache pas : la Némédie aspire à se rapprocher de l’Anterinie. Non pas comme un simple partenaire d’opportunité, mais comme un interlocuteur fidèle, cohérent. »

Il se pencha légèrement en avant.

« Notre continent, l’Afarée, puis notre monde, connaît un déséquilibre sous le choc de doctrines de prédateurs, de colonialismes masqués, d’universalisme qui ne dissimule pas la soif de domination. Nous ne voulons pas être les pions de ces puissances. La Némédie veut porter un autre son de cloche : celui de l’équilibre, de la dignité, de la souveraineté. Et à cet égard… nous avons besoin d’alliés. »

Il désigna alors les représentants de Marcine d’un geste discret mais significatif.

« Vous en êtes. »

Un léger murmure se propagea dans la salle. Le vin semblait plus ardent, l’air plus chargé.

« Nous proposons donc l’ouverture d’un dialogue structuré entre nos deux pays, la création d’un Conseil bilatéral de coordination diplomatique, et dans un second temps, l’examen d’un partenariat multilatéral de plus large type réunissant d’autres nations afaréennes désireuses de porter une voix propre. »

De nouveau, le roi :

« Si je ne veux pas brusquer les choses, parlez librement. Partagez vos impressions, vos appréhensions, vos espoirs. Il s’agit, ensemble, de tracer un chemin. »

Et alors que la lumière dorée du soir commençait à percer les hautes fenêtres, on apportait de nouvelles carafes de vin, du pain d’épeautre, des fruits secs. La discussion pouvait véritablement commencer.
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