11/05/2017
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Premier sommet Interceltique de Coningsby

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Premier Sommet Interceltique de Coningsby | 20 Juin 2016


🎵Ambiance sonore pour l'accueil🎵

Capitale
Coningbsy surplombée par le Palais Républicain, où auras lieu la réception.


Quel jour glorieux pour la culture celtique que ce 20 juin 2016. Pour la première fois dans l'histoire, les nations celtes allaient se rassembler et discuter ensemble d'un avenir commun. Pour un événement si important, la capitale achosienne s'était parée de son plus beau costume : les rues avaient été soigneusement décorées du vert celte, les habitants avaient revêtu leur tartan familial et même la météo s'emblayait s'être préparée car pour une fois, c'était un immense soleil qui réchauffait les bâtiments de Coningsby. Partout on entendais cornemuse et autre caisse claire retentir.

Pour Achos, ce sommet était essentiel. Les récents échanges avec la Grande République de Velsna ont montré que l'intégrité de la culture celte n'était plus garantie. De plus, ce regroupement en Achosie permet en même temps de montrer à la scène internationale qu'Achos n'est pas un pays de second plan. La mise en place d'une organisation interceltique serait par ailleurs fortement bénéfique pour l'économie achosienne, plutôt timide ces derniers temps.

Sur le tarmac de l'aéroport de Coningsby, les consuls d'Achos, Ceredig Wathen et Wynn Maddocks avaient revêtu la Grande Tenue Consulaire. Le stress était visible sur leur visage. En effet, cela serait sûrement la dernière grande action de leur mandat consulaire, et ils étaient soucieux de le finir par quelque chose de marquant et décisif pour l'avenir du pays. Néanmoins, les deux compères se tenaient prêts à accueillir leur homologue celtes à la descente de leurs appareils.
Grande Tenue Consulairetenue
Pour l'occasion, on avait fait venir une délégation de l'armée achosienne pour accueillir les délégations étrangères, mais également un groupe des cornemusiez consulaires, les plus prestigieux du pays.
Soldats achosienssoldats
Soldats achosiens présent pour accueillir les délégations étrangères
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Une fois toutes les délégations installées dans la Salle des Toiles, magnifique pièce où les murs relataient par d'immenses toiles la riche histoire d'Achos, on fit servir aux invités le meilleur whisky du pays, meilleur du monde si vous demandiez à un local, mais un sujet si épineux entre celtes était laissé à la porte. L'air était agréable en ce début d'été, et le doux parfum des pins sylvestres alentour aidait à la création d'une ambiance propice aux négociations. Assis au bout de la grande table en chêne sortie, pour l'occasion, des réserves du mobilier national achosien, les deux consuls s'apprêtaient à commencer leur discours. Une fois les invités désaltérer, Wynn Maddocks, un homme de forte stature et à la voix portante, prit la parole en premier après avoir fait doucement tinter son verre en cristal du dos de sa cuillère :

"Mesdames, Messieurs les représentants du Royaume-Uni d'Ynys Dyffryn et du Kentware, du Saint Empire de Menkelt et de la République Démocratique du Neved, merci de vous être déplacés aujourd'hui à Coningsby pour ce premier sommet réunissant toutes les nations celtiques en un seul endroit. Nous aimerions discuter de beaucoup de choses aujourd'hui, et je suis sûr que vous en avez autant à rajouter, c'est pourquoi je vous propose de commencer de ce pas.
J'aimerais, comme premier thème, aborder la question de la culture celte, et de sa préservation. En effet, notre belle et grande culture est parmi les plus minoritaires dans le monde. Qui plus est, elle est parfois menacée dans bien des cas : l'exemple le plus grossier que je puisse vous donner étant la situation actuelle d'Achosie du Nord, appelée Strombolaine, où la minorité celte est écrasée et progressivement remplacée par la culture velsnienne. Rajouter à ça les multitudes de minorités celtes éparpillées aux quatre coins du monde, menacées par l'assimilation ou l'oubli.
C'est pourquoi nous vous proposons, mon collègue et moi, la création d'une instance interceltique et internationale pour la préservation et la prospérité de la culture celte. Cette instance, dont le siège resterait à décider, se chargerait de faire en sorte que les différentes branches de notre culture réparties sur la planète puissent perdurer dans le temps. Elle aurait également pour responsabilité de s'assurer que les diverses nations étrangères possédant en leur sein une minorité celte n'essaient pas par quelconque moyen de la détruire, de la supprimer, ou de la réduire. Cette organisation, supervisée par nous, nations celtes, pourra accueillir des représentants des minorités internationales.
Voici notre proposition. Nous sommes évidemment ouverts à toute négociation, ajout, doute ou opposition à ce projet !"


A la fin de sa tirade, l'homme prit une gorgée du whisky présent devant lui, s'épongea le front et se rassit sur son siège, fier de sa prestation.
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À gauche, Peter Kibener, Baron de Volzhan et Premier Ministre du Saint-Empire Menkelt
; À droite, Mickaël Land, député du Front Impérial de Menkelt, ministre de la culture, mais surtout le créateur de l'idéologie Archéotraditionaliste (ATx)

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Le trio de représentant menkien écoutait avec attention le discours d'introduction de Wynn Maddocks. Parmi le trio, il y avait évidemment Peter Kibener, en train de poser son verre d'eau, et Patrick Pearse, qui finissait de boire à toute vitesse son verre de Whisky Achosien absolument délicieux, même s'il préférait toujours les Whisky Menkiens. Les deux ministres étaient logiquement ensemble car des amis de longues dates. Ils étaient donc inséparables à l'étranger. Plus surprenamment, on pouvait voir la figure d'un homme beaucoup plus vieux à côté du jeune premier ministre Kibener. L'homme avait l'aura d'un professeur à la retraite avec son style sorti tout droit d'un cours d'amphithéâtre à l'université, mais dans les années 80. Ce dernier était en fait le ministre de la culture du Saint-Empire Menkelt, Mickaël Land, l'idéologue le plus connu et le plus radical du Saint-Empire Menkelt. Le ministre était également reconnu pour ses positions pan-celtique (et pan-eurysien de manière générale). Le premier ministre menkien avait donc jugé bon de le faire venir avec lui. Ce dernier, soudainement, prit la parole.

''Je tiens d'abord à remercier la Sérénissime République d'Achos qui nous fait l'honneur de nous accueillir dans sa capitale remplit d'histoire. Comme vous l'avez si bien dit, nous sommes une minorité ethnique, une toute petite ethnie, peut-être l'ethnie avec le plus petit territoire au monde. Ce qui nous rend assez unique, mais tout autant vulnérable aux autres cultures. Non seulement nous sommes menacés par les autres cultures, que ce soit velsnienne par exemple comme vous l'avez dit, mais la culture celtique doit aussi faire face à ce siècle, celle de la post-modernité et du mondialisme. Ce qui se traduit par un déracinement progressif chez nos compatriotes qui ne savent plus d'où ils viennent et par conséquent, ne savent pas non plus où ils vont. Malheureusement, le monde commence à prendre un chemin vers ce déracinement des cultures et l'individualisme, nous ne sommes donc pas les seuls qui en souffrent ou qui vont en souffrir. Alors, pour nous peuples Celtes, que faire face à la situation ?''

Kibener regarda ensuite avec sérieux Mickaël Land pour qu'il continue à sa place. Le ministre de la culture Menkien toussa lourdement dans son poing gauche, réajusta sa vieille paire de lunettes avant de remplacer son Premier Ministre.

''Exactement, par conséquent il est nécessaire de faire en sorte que notre magnifique culture ne tombe pas dans ce piège, qui est certes tentant, de se renfermer dans un folklore nostalgique par pure réaction face à la post-modernité. Sinon la culture celtique mourrait à petit feu dans l'indifférence générale. Il faut la rendre vivante et aider les membres de notre peuple qui la font vivre et la font évoluer. Pour être plus clair et pour prendre une image, nous devons être un arbre qui n'oublie pas ses racines, mais qui n'oublient pas non plus de croitre avec ses branches ! Par conséquent, nous, représentants du Saint-Empire Menkelt, nous posons la question, comment refaire rayonner notre culture ? Quel est votre projet, et par extension notre projet à tous sur cette table nous l'espérons, avec cette organisation intercelte. Sachez, honorables consuls que nous sommes totalement favorables à la création de cette organisation interceltique que vous proposez. Nous en sommes ravis ! Enfin l'île Celte reprend son destin en main ! Et à plusieurs qui plus est ! Et c'est avec joie que nous voulons entendre ce que la Sérénissime République d'Achos et ses représentant proposent en pratique et concrètement sur le terrain !''
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Émile Baudry se tenait debout avec cette aisance tranquille propre à ceux qui savent mettre les autres à l’aise. Son allure détendue contrastait subtilement avec la gravité du moment. Vêtu d’un costume sombre, sobre mais bien ajusté, il avait choisi de ne pas porter de cravate, arborant une chemise blanche ouverte au col, un détail discret, révélateur d’un homme à la fois professionnel et accessible. Son visage glabre, éclairé par un regard vif et attentif, exprimait une chaleur sincère. Chaque expression, chaque sourire, trahissait une proximité naturelle, celle d’un homme habitué à dialoguer plutôt qu’à déclamer, à écouter autant qu’à parler.
Près de lui, Solenn Cariou offrait un contraste aussi net que complémentaire. D’un maintien droit, presque immobile, elle incarnait la rigueur et la maîtrise. Son tailleur vert foncé, taillé avec précision, soulignait la dignité de sa fonction et son attachement profond aux responsabilités qu’elle portait. Ses cheveux tirés en un chignon net encadraient un visage concentré, où rien n’était laissé au hasard. Dans ses yeux, dans la précision de ses gestes, transparaissait une force tranquille, une volonté de défendre les intérêts du Neved avec calme et détermination.
À eux deux, ils formaient un équilibre. Émile, par sa chaleur et sa simplicité, Solenn, par sa discipline ferme et réfléchie. Deux voix différentes, mais une même parole, celle d’un pays prêt à prendre sa place, sans s’imposer, mais sans s’effacer.

Émile Baudry se leva calmement, sa présence captivant immédiatement l’attention dans la salle. Il adopta un ton officiel, empreint d’une chaleur sincère, et posa un regard direct sur les consuls d’Achos, Ceredig Wathen et Wynn Maddocks.

"Messieurs les consuls, amis du Neved, permettez moi de vous adresser mes remerciements les plus sincères. Votre invitation est un honneur, et, nous retrouver ici, sur les terres Achosienne procure sentiments et émotions indescriptibles mais nobles."

Il élargit ensuite son regard vers l’ensemble de l’assemblée, engageant tous les participants d’un geste ouvert de la main.

"Mesdames, Messieurs, représentants des nations celtes et des diasporas qui portent nos cultures dans tous les hémisphères de notre globe, je vous salue avec respect et fraternité. C’est un honneur de partager ce moment avec vous, réunis par notre volonté commune de préserver et de faire vivre ce patrimoine précieux."

La voix d’Émile, claire et posée, s’élevait avec assurance tout en gardant cette proximité humaine, comme un appel à l’unité dans la diversité.
Lorsque Émile regagna doucement son siège, un léger silence se posa, vite comblé par la voix nette et posée de Solenn Cariou. Restée debout, elle prit la parole avec cette assurance tranquille qui lui était propre, son regard ancré dans celui des représentants présents autour de la table.

"Si nous sommes ici aujourd’hui, ce n’est pas par nostalgie. Ce n’est pas non plus pour agiter un drapeau du passé ou pour figer notre culture dans une vitrine. C’est parce qu’il existe, devant nous, des menaces bien réelles et profondément actuelles. L’uniformisation croissante du monde. L’influence massive et continue des grandes cultures dominantes. Le temps, qui use lentement la mémoire. Et surtout, ce silence insidieux qui s’installe lorsqu’on cesse de se souvenir."

Elle marqua une pause brève, puis reprit, plus grave encore :

"Le Neved le sait bien. Nous avons passé des siècles repliés sur nous-mêmes, observant de loin un monde en mouvement, parfois par prudence, parfois par peur. Peur de perdre ce que nous étions. Peur de nous voir dilués dans un flot qui ne laissait plus de place aux voix singulières. Cette peur n’a pas disparu. Mais aujourd’hui, nous croyons qu’il est temps de faire face. Non pas en imposant notre culture, jamais. Mais en la préservant, en la partageant, avec ceux qui veulent l’entendre, la découvrir, l’aimer."

La salle, baignée par une lumière dorée, semblait suspendue aux mots calmes mais fermes de la ministre. Une tension douce mais palpable flottait dans l’air, faite d’émotion retenue et de lucidité partagée.
Solenn redressa légèrement les épaules, laissant glisser son regard sur la grande table de chêne.

"Le Neved est favorable, sans ambiguïté, à la fondation d’une organisation interceltique telle que vous l’avez proposée. L’idée est juste, nécessaire, attendue depuis longtemps. Elle nous rassemble autour de ce que nous avons en commun, mais elle doit aussi respecter ce qui nous distingue. Mais avec cet enthousiasme viennent des craintes. Nous ne voulons pas faire de la culture un étendard qu’on impose, ni une obligation qu’on applique. Nous ne sommes pas ici pour convaincre. Nous ne sommes pas là pour convertir. Nous sommes là pour partager, pour transmettre, et pour laisser la liberté d’écouter à ceux qui en ont le désir. Notre histoire, nos chants, nos mots anciens et nouveaux, nos silences aussi, n’ont de valeur que s’ils sont reçus avec respect et curiosité, non avec devoir ou culpabilité."

Solenn marqua une brève pause. Puis, sans changer de posture, elle reprit, plus ancrée encore dans la proposition.

"Et parce que nous croyons qu’un tel projet ne peut reposer uniquement sur de beaux principes, nous souhaitons aussi, en toute transparence, partager nos idées concrètes."

Elle effleura les feuilles devant elle du bout des doigts, sans les lire.

"Le Neved est convaincu que pour préserver nos cultures, nous devons mobiliser tous les outils à notre disposition. Ceux venus d’hier comme ceux d’aujourd’hui. Les manuscrits, les contes, les chants. Mais aussi les réseaux, les bases de données, les plateformes numériques, les applications pédagogiques. Ce n’est pas une opposition entre tradition et modernité : c’est une alliance, une complémentarité. L’un nourrit l’autre. Et l’un sans l’autre, aujourd’hui, ne suffit plus.
Nous devons investir. Dans des programmes éducatifs transnationaux, dans des festivals qui font se rencontrer les artistes et les publics, dans des bourses qui permettent aux jeunes de nos peuples d’apprendre leur langue, d’étudier leur histoire, de voyager entre nos territoires. Nous devons créer des ponts, pas des murs. Des lieux de mémoire vivants, ancrés dans le présent.
Et nous ne devons pas oublier celles et ceux qui sont loin de nos terres, mais qui portent encore nos noms, nos souvenirs, nos accents mêlés à d’autres. Les diasporas sont un fil invisible, parfois fragile, mais précieux. Elles doivent avoir leur place pleine et entière dans cette organisation. Non pas comme archives lointaines, mais comme acteurs vivants du présent.
Ce que nous proposons, ce n’est pas une réponse unique. Ce sont des moyens partagés. Des initiatives concrètes. Un engagement commun, respectueux des rythmes de chacun. Pour que nos cultures ne soient ni sanctuarisées, ni diluées, mais vécues. Et vivantes."


Émile s’était légèrement penché en arrière durant l’intervention de Solenn, attentif, les mains croisées. Lorsque le silence s’installa de nouveau, il se redressa lentement, puis se leva dans un mouvement fluide, sans brusquer l’instant. Il jeta un regard calme à Solenn, empreint d’un respect évident, puis s’adressa à la salle.

"Je n’ai pas grand-chose à ajouter… et c’est sans doute le meilleur signe. Quand on porte une parole claire, il faut savoir la laisser résonner sans l’écraser."

Il laissa passer un léger sourire, complice, presque tendre.

"Mais si je devais conclure… je dirais simplement que nous ne sommes pas venus avec des certitudes. Nous sommes venus avec un espoir. Celui que, malgré nos histoires différentes, nos accents, nos drapeaux, nos choix politiques parfois divergents… quelque chose nous relie encore. Et que ce quelque chose mérite d’être transmis.
Vous savez, on parle souvent d’identité comme d’un héritage. C’est vrai. Mais c’est aussi une responsabilité. Et parfois, cette responsabilité est fatigante. Parce qu’elle demande du soin. De la nuance. Du temps. On aimerait que tout soit simple. Mais ce n’est pas simple. Rien ne l’est. Et c’est très bien ainsi.
Ce que nous sommes ne tient pas dans un discours. Ni dans un musée. Ni même dans un chant. Ça tient dans des gestes qu’on répète sans toujours savoir pourquoi. Dans des mots qu’on prononce parfois mal. Dans une émotion qu’on ressent quand on entend une mélodie venue de loin. C’est fragile. Mais c’est là."


Il leva doucement la main, comme pour en désigner la présence, invisible mais commune.

"Alors oui, nous sommes prêts à marcher avec vous. À réfléchir. À construire. À rêver un peu, même. Pas pour faire revivre un passé figé, mais pour s’assurer qu’il laisse encore une trace dans ce monde. Pas pour faire du bruit… mais pour ne pas disparaître en silence."

Puis, son regard balaya l’assemblée une dernière fois.

"Merci de nous accueillir. Merci de nous écouter. Et surtout… merci d’être là."

Il regagna sa place, dans un calme simple, presque intime, tandis que la lumière déclinante jetait sur la table des reflets d’ambre et d’or.
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Le ministre des Affaires étrangères de Caratrad, Padraig Cunningham, et sa collègue de la culture, Laura Duffy, écoutèrent dans un silence relatif les allocutions des participants. Le premier fut pris d’une violente quinte de toux à la mention du terme « ethnique », tandis que le petit sourire de la seconde tomba brutalement à la mention de « l’Île Celte ». Ils saluèrent toutefois poliment les interventions des menkiens, et applaudirent avec bien plus de chaleur les discours nevediens.


Cunningham, la crise passagère subitement disparue après l’allocution menkienne, prit l’accent docte qu’il avait adopté à Camford pour s’exprimer en dyffrynien, seule langue commune à l’ensemble des participants.


« Mesdames et messieurs, chers amis, je vous remercie de vos interventions constructives, qui ont pour moi clairement définit les fondations de l’organisation que nous allons construire. Il est évident que Caratrad participera à ce projet magnifique, dont l’initiative revient à nos hôtes achosiens. Mais si les grandes idées sont là, il est de mon devoir en tant que ministre des Deux-Couronnes de revenir sur certains points du contenu de l'organisation qui ont été suggérés ici.


Le point évidemment le plus essentiel est la question de la définition : qu’est-ce qu’un celte ? Qu’est-ce qu’un peuple celtique ? Existe-t-il seulement un peuple celte ? Nos estimés hôtes ont mentionné à juste titre les minorités celtes et leur rapport à la culture celtique, ou plutôt ce que nous pourrions appeler l’ensemble culturel celtique, puisqu’il me semble clair que s’il y a déjà beaucoup de différences entre un goidhil du Ghalldachd et un dyffrynien du Gwithbarth, il y en a encore davantage entre les branches respectives présentes dans nos États. De ce fait, une vision restreinte qui désignerait « le peuple celte » me semblerait presque discriminatoire et aveugle à la mosaïque des cultures celtiques. En réalité, il me semble que peut être défini comme étant de culture celtique toute population dont la langue est celtique ou dans lequel survit un grand nombre de pratiques culturelles celtiques.


Pour poursuivre sur l’allocution de nos hôtes, et pour être parfaitement clair, mon gouvernement sera sûrement favorable à la fondation d’un organisme qui servirait en quelque sorte d’observatoire des droits des minorités celtes, mais il n’appréciera guère une clause portant sur un quelconque devoir de protection, à moins que celui-ci ne soit très clairement défini. Il est aussi à remarquer qu’un observatoire des droits requerrait une définition commune desdits droits."



Cunningham s’interrompit sur un discret geste de sa collègue. Laura Duffy prit la parole sur un ton tranchant qui contrastait avec son expression affable.


"Pour en revenir aux points de nos collègues menkiens, j’aimerais rappeler que nous sommes ici pour parler de politique culturelle et non de culture politique. Je ne pense pas qu’une discussion sur la post-modernité et ses conséquences, quoi qu’on en pense, ait sa place dans ce sommet. J’abonderai surtout dans le sens de nos collègues nevediens en rappelant l’importance de nourrir une vision conciliatrice et non agonistique de la préservation des cultures celtiques. A ce titre, et en tant que représentante caratradaise, je souhaite rappeler que mon pays ne reconnaît pas de correspondance entre appartenance ethnique et appartenance culturelle. Je crains bien qu’il nous soit impossible et même illégal pour mon collègue et moi de reconnaître une définition des peuples celtes fondée sur des critères ethniques."


Duffy s’interrompit. Cunningham en profita pour revenir à la charge.


"Une fois encore, je ne peux qu’abonder dans le sens de nos collègues nevediens. Un programme d’échanges culturels comprenant des échanges universitaires me semble être une idée proprement excellente. On pourrait même aller jusqu’à évoquer un accord douanier sur les échanges de biens culturels, si cela ne vous semble pas trop éloigné du sujet. Nous avons dans ce domaine plusieurs suggestions à faire, mais qui, hélas, non pas forcément leur place dans ce sommet en particulier. En revanche, peut-être pourrions nous nous accorder pour remettre à plus tard ces deux sujets ? Une instance dédiée pour chaque servirait de forum de discussion visant à la rédaction d’un traité sur ces sujets. Ce qui m’amène justement à évoquer la charte de la future organisation… "


Cunningham marqua une pause inhabituelle, à peine plus longue qu’une pause entre deux phrases, mais suffisamment pour être remarquée par les habitués des réunions de cabinet où on se poignardait gentiment dans le dos.

"… : ayant été informés à l’avance de l’objet du sommet, nos services diplomatiques ont rédigé un brouillon de charte, que je puis vous soumettre une fois votre avis sur les différents points évoqués par ma collègue et moi-même entendus."
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