Posté le : 12 mai 2025 à 21:24:17
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Je me tenais sur l'une des anciennes tours marquant l'entrée de la ville. Sans être trop haute, elle dominait les alentours et offrait un confortable lieu de repos. Entre deux quart, j'y passais régulièrement plusieurs heures à rêvasser, dormir, écrire. Il n'y avait ici pas grand chose d'autre à faire et nous avions l'interdiction la plus stricte d'entreprendre tout contact avec la population civile qui n'était pas nécessaire. Nous avions sauté il y a de ça quelques jours, et depuis, rien ne s'était passé. Les longues marches dans les rues d'abords calmes, presque désertes de la ville d'un demi-million d'âmes, s'étaient ensuite transformées en un brouhaha permanent d'une constante monotonie. Le marché de la place centrale, au croisement de l'avenue de la liberté peu après avoir passé la rue de la mairie, abritant chaque samedi la plus grande activité de la ville. Il était aisément visible depuis la hauteur de la tour du fait de la grande allée qui rejoignait la tour au marché. Hasard de l'histoire, suite à quelques événements sociaux du siècle précédent, les anciens locataires de la cité avaient décidés d'ouvrir en grands les artères de la ville, transformant la série de petites veines et les milliers de capillaires en un ensemble moins organique, mais bien plus aisé à diriger. En bas de la tour, assise au pied d'un arbre, les pieds posés entre deux des pavés de la voie, une dame nous tournait le dos. Les jambes légèrement pliées, elle se tenait la tête inclinée de côté, dans une attitude qui révélait un âge qui commençait à se remarquer, même dans la nuque. Elle peignait depuis de heures l'activité du marché. Dressait, coloriait, corrigeait, changeait constamment la marée humaine que je distinguait péniblement. Levant à des rares occasions son bras doit devant elle, prenant des mesures aussi approximatives que maîtrisée par son regard expérimentée, elle passait tour à tour des couleurs froides aux couleurs chaudes. Depuis qu'elle avait commencé, le ciel s'était déjà changé, passant d'un gris certain dû à la nuit tempétueuse que nous venions d'avoir, au ciel d'un bleu éclatant que la mer avait ramené par ses puissants vents. Le pinceau dansait telle une bannière du marché, ajoutant des fruits sur cette étable, un poisson frais sur cette table, un enfant qui courait entre les allées sous le fond de sonore de l'un des derniers crieurs de rue de la cité. Devant cette peinture, et devant le tableau vivant du marché, j'y passa la matinée.
Jakobsen n'avait pas esquissé d'expression pendant la brève prise d'intervention. Il n'en avait pas l'habitude en présence d'illustres inconnus, fussent-ils de grands dirigeants ou de simples passants.
- Je prend note de votre demande concernant le maintien de la présence de nos forces armées. Il m'est cependant obligatoire de vous demander une potentielle échéance précise quant à l'entrée en fonction du président, si celui-ci est élu ou non, ainsi que de celle du Sénat. Nous aussi souhaitons une transition rapide et correctement réalisée, il en va de votre stabilité évidente comme vous venez de le mentionner.
Nous sommes par ailleurs ravis de points mentionnés concernant les droits des minorités; Si votre parole a une valeur, vous venez par cette occasion de vous éviter le malheur de subir des sanctions économiques désastreuses sur votre régime, ce que l'ancien s'apprêtait à subir. Sur la religion d'Etat ou non, Tanska n'a aucun commentaire à faire. Concernant les Organisations Non Démocratiques, je le craint de devoir vous demander quelques précisions quant aux libertés. La première et la principale étant celle du mouvement dans les villes et les zones reculées. La seconde étant la possibilité de venir en assistance aux établissements médicaux. Exceptionnellement, je ne m'obligerait pas à vous demander la possibilité pour ces ONGs de recueillir des témoignages sur ce qu'elles ont eu à subir. Il me semble être trop tôt pour soumettre votre Etat au poids difficile de l'histoire récente de la dictature du Tsarat.