16/09/2016
04:20:18
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La chute du tyran [Velsna-Tanska-Pravoslavnyy]

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Igor Makarov

27 juin 2016, les révolutionnaires s'était apaisés avec l'arrivée des troupes velsniennes et tanskiennes dans le pays. Cependant, il fallait encore leur prouvé que ce énième changement de régime en Pravoslavnyy serait quant à lui durable et bien plus sure que le précédent. C'est pour cela que cette rencontre avait été organisée : proposer un plan d'action pour organiser la république pravoslave.

Igor Makarov : Toute mes salutations, je ne me suis encore jamais présenté. Je suis Igor Makarov, chef de la révolution. J'ai longtemps fait parti des forces spéciales pravoslave jusqu'à ma démission pour certaines raisons, mais cela n'est pas le sujet de cette rencontre. Vous pouvez surement pensez que notre révolution est pour vous un énième coup d'état. Mais il n'en est point. Notre mouvement dure depuis la prise du pouvoir de Shevshenko. Seulement, ces mouvements n'ont jamais été médiatisés dû au contrôle des médias.

Il marqua une pose observant ses interlocuteurs.

Igor Makarov : Je vous propose maintenant de continuer cette discussion à l'intérieur, non pas dans le bureau du Tsar car il est en nettoyage mais dans l'ancien sénat national abandonné qui devrait reprendre de ses fonctions dans les prochains mois si tout se passe bien.

Sénat national vide
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Introduction: Choc des cultures

Une clope ?



Aux abords d'une rue, les plumets noirs des chasseurs strombolains s'agitent autour de l'un de leurs tout terrain. Se disputant autour d'une carte qui n'est pas écrit dans leur langue, on peut les entendre jusqu'au bout de la rue. Stevograd est un labyrinthe dans lequel se perdre est bien plus aisé qu'on ne le croit. Les velsniens ne sont pas habitués à ces rues rectilignes, dans lesquelles les points de repère clairement identifiables ne sont pas courants pour ceux qui n'ont pas l’œil de l'observateur avisé.

"Mets pas tes doigts partout, t'es plein de cambouis ! Enlève ça !"


a

Parmi ces hommes et ces femmes venant de leur petite île celtique, l'une d'entre elle tente de jouer des coudes pour atteindre ne serait-ce que le toit de la voiture sur lequel est cette foutue carte. Le cyrillique ne sied guère à ce groupe de soldats, dont le lieutenant se tourne vers l'intéressée, la voix tenue par la frustration:
- Elena. Tu parles le pravoslave ? Le tanskien ?

La jeune femme était quelque peu perdue décontenancée: en dehors de son île natale et de Rasken, elle n'avait pas vu grand chose du monde, et ses compétences en linguistiques suivaient ce même chemin. Mais il faut toujours bien se faire voir...c'est même ce qu'il y a de plus capital si l'on ne veut pas rester dans cette position de "soldato" toute sa vie. La jeune femme répond instinctivement:
- Oui, bien sûr lieutenant. -un beau mensonge, mais suffisamment convainquant -
- Bien. Je crois avoir vu une bande de tanskiens dans la rue derrière, devant un théâtre. Je crois qu'ils l'ont aménagé en hôpital de fortune pour...cette affaire de persécution. Je te laisse aller voir: demande leur où est ce putain de Sénat, on est censé faire partie du cordon de sécurité de l'Amirraglia.
- A tes ordres lieutenant.


La jeune femme commence à s'éloigner, avant que la voix de son supérieur ne la pousse à regarder de nouveau en arrière:
- Oh. Et essaie de voir qu'ils ont pas des clopes. J'en ai trouvé nul part dans ce pays, c'est à croire que personne veut tuer sa santé ici...
- A tes ordres lieutenant.
- répéta t-elle mécaniquement une seconde fois, exactement sur le même ton que la première -

Il était vrai que Stevograd et sa signalétique locale n'aidait pas à se diriger. Qui plus est, son attirail commençait à lui peser, et cette maudite mèche rousse ne cessait de pendre devant ses yeux à chaque pas. Heureusement que le théâtre était l'un de ces très rares points dans l'espace que l'on pu situer facilement, avec toute cette lumière émanant des néons de sa devanture, et ces militaires qui n'étaient pas du même uniformes, et qui allaient et venaient accompagnés de civils et du personnel médical.

Un tanskien faisait le plantain à l'entrée. La jeune femme au plumet noir ne passa inaperçu, et il la vit immédiatement approcher tout en signifiant son arrivée d'un signe de la main. On avait appris rapidement les membres du contingent à se reconnaître mutuellement, mais au vu de l’éventail de plumes garnissant le casque des chasseurs strombolains, il était guère difficile de jouer au jeu des sept familles.

La jeune femme hésitait maintenant qu'elle était plantée devant ce type: elle ne parlait pas un mot de tanskien. Tant pis, elle allait tenter tout le registre jusqu'à ce que cela fonctionn. Elle tenta d'abord une formule de politesse dans son strombolain natal, ce dérivé si étranger de velsnien dont l'accent rappelait définitivement l'Achosie. Bien évidemment, c'était peine perdue, et le tanskien signifia clairement de son air désarçonné qu'il n'avait rien compris. Alors elle essaya dans un approximatif velsnien de la capitale: là encore, rien de concret si ce n'est une tentative de réponse de son interlocuteur. Quitte à tenter le tout pour le tout, autant essayer du raskenois, c'était là ce qu'elle avait de plus proche de sa langue dans sa besace. Elle répéta un mot sous forme de question qu'elle avait appris lors de la campagne de la Rache l'année précédente: "Zigarette ? Zigarette ?".

Cette fois ci, le tanskien eu l'air de comprendre, mais il esquissa une négation d'un geste de la tête. La frustration semblait l'avoir gagner, mais elle voyait en la chaise en plastique cabossée à côté du soldat, une occasion de se poser quelques instants, tout en continuant à lui parler, cette fois en velsnien...de toute façon, tirer des infirmations sur l'emplacement du Sénat allait prendre du temps...
- Donc vous n'avez vraiment pas de cigarette ? Même pas une ? - le tanskien secoua une nouvelle fois la tête - Après...fallait pas que je me fasse d'illusion, j'ai jamais croisé de tanskien qui sache se divertir un tant soit peu... Vous êtes tous aussi culs serrés ? Pas d'alcool autorisé non plus pour vous quand vous êtes en permission ?

Pas de réponse.

- Pas étonnant que vous ayez tous l'air malheureux... ça boit pas, ça fume pas... Trier des dossiers dans la fonction publique, ça doit être une forme d’extase pour vous à côté de ça..."Ouuuh un dossier rouge A-39. Celui là est d'une texture quasi érotique..."

Pas de réponse.

- Tu connais la blague du con qui dit non ?


Pas de réponse.

- T'es censé secoué la tête là, comme ça. - elle fait un non de la tête dans l'espoir de lui en faire faire un, sans succès - Bon...je crois que je vais essayer de trouver un de tes potes qui parle velsnien, il m'aidera peut-être un poil plus que toi.


Le rouquine se lève, et alors qu'elle semble s'éloigner définitivement, elle entend un petit "Hey." derrière elle. Le soldat tanskien, qui lui adresse dans un velsnien relativement correct:
- Le Sénat national est à quinze minutes d'ici. Tu pars dans ta direction, tu tournes à droite et c'est tout droit.

La jeune femme fut décidément prise au dépourvu, et esquissa un simple "Ah, euh...merci. A un de ces jours le tanskien. Et je retire rien de ce que j'ai dit !"


Sénat national pravoslave


Cet endroit paraissait définitivement étrange pour l'Amirraglia. Un homme qu'elle avait rencontré quelques jours auparavant avait été abattu à quelques pièces de l'endroit où se tenait cette réunion. Sécurité il y avait autour de sa personne, certes, mais pas forcément davantage que celle des tanskiens, qui au demeurant n'étaient pas encore arrivés à bon port. Sofia Di Saltis était donc invitée par un gouvernement dont il ignorant tout: ni de ses vues idéologiques ou politiques à court terme, ce qui n'était pas sans provoquer chez elle un sentiment d'inconfort. Un désaveu du Sénat velsnien était si vite arrivé, et une carrière politique si vite arrêtée... Lorsqu'on fit la remarque de la propriété du bureau du tsar à la quarantenaire, elle se pinça les lèvres pour ne pas demander, sur un fond d'humour macabre, si il restait peut-être des tâches sur la tapis. Mais cette rencontre était trop importante pour venir se perdre en jeux et en plaisanteries de mauvais goût, aussi tentantes soient elles.

Elle et son aide de camp avaient déjà préparé une série de questions quant aux quelques dossiers à traiter. Dans le fond, les velsniens n'avaient pas grand chose à demander, si ce n'était quelques garanties à un départ qu'elle espérait rapide. Vint finalement le moment de cette entrevue, et d'une poignée de main de la part de cet inconnu. "Emballons cette affaire.", se disait-elle:
- Excellence Makarov, c'est un plaisir, même si nous aurions préféré que les circonstances de notre rencontre soient différentes. En premier lieu, sachez que, je pense que tout le monde autour de cette table à les mêmes intérêts. Nous n'avons aucun intérêt à faire trainer la reprise d'une vie politique pravoslave apaisée. Le commerce exige des partenaires fiables, et mon gouvernement n'est pas là pour policer vos faits et gestes, simplement nous assurer un cadre dans lequel le déroulé des échanges ne soit pas perturbé par des décisions politiques qui affectent gravement, à la fois des populations citoyennes de la Pravoslavnyy, et les voisins de votre pays, sachant que nous entretenons des liens commerciaux avec certains d'entre eux.

Ainsi, je pense que nous devons aborder un premier point qui est conditionnel du départ en bon ordre des troupes velsniennes: à savoir l'assurance qu'aucun des édits précédemment signés par le Tsarat ne trouve une suite en votre future politique. Ainsi, nous avons à cœur que vous validiez l'accord qui avait été précédemment signé avec mon gouvernement à ce sujet, et que vous vous en portiez garants et responsables. C'est là le premier aspect d'un éventuel accord entre nous, même si je suppose que mon collègue tanskien sera peut-être en quête de précisions quant au statut de ces populations. Dans un second temps, nous aimerions redéfinir avec vous le cadre dans lequel les ONG tanskiennes et les troupes paramédicales velsniennes opèrent actuellement sur le territoire pravoslave. Nous escomptons certes, du moins dans notre cas, retirer toute présence militaire velsnienne à court terme de Pravoslavnyy, mais nous estimons que les opérations humanitaires de nos deux pays vont probablement devoir êtres présentes pour une plus longue durée, peut-être quelques semaines. Dans ce contexte, il nous paraît donc important que nous obtenions de votre gouvernement l'assurance que nous pouvons vous passer le relais, et que vous pouvez assurer vous même la protection des ressortissants velsniens dépêchés par cette multitude d'organismes. Sommes nous d'accord sur cette première base de discussion ?


L'Amirraglia semblait autant attendre l’assentiment de son homologue pravoslave que tanskien.
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Les quelques dizaines de Tanskiens présent dans la ville n'avaient pas vraiment quitter leurs lieux d'atterrissages. Sans être enfermés, ils ne sortaient guère des immeubles qui les accueillaient, palais, parlement, sénat et autre lieux de symboles. Aucun n'avait le visage découvert, c'est à peine si les pravoslaves ou les velsniens purent apercevoir des regards etet quelques rares nez. La présence de patch laissant aisément deviner leur nationalité, à condition de connaitre le drapeau national. Il s'agissait là d'une rare échappée aux normes en vigueur des membres de la STORM. Opération officielle oblige, la publicité ne pouvait être évitée. Tout au plus, une poignée de groupes s'occupaient de sécuriser quelques hôpitaux de fortune. Si tous ces hommes et femmes avaient opérés auprès de populations civiles, souvent dans la clandestinité, le contact avec l'habitant, avec le local, avec la victime, la femme et l'orphelin n'avait rien du naturel. Mais il était tout du formel et de l'établit. De la norme, de la psychologie et de quelques bases sociologiques données quelques jours sinon heures avant les opérations.

soldat tanskien sur le toit d'un immeuble

Au plus grand bonheur de ces soldats, du personnel médical, principalement issu des ONG tanskiennes ainsi que plusieurs reporters accompagnaient les forces tanskiennes. Pour la première fois, trois journalistes avaient obtenus carte blanche. Légende administrative si peu attribuée qu'elle est inscrite au panthéon des mythes des formulaires tanskiens, la carte blanche, délivrée par le ministère de la Défense, permet d'accompagner les forces armées dans des opérations, à l'unique condition de ne pas s'éloigner de son unité d'affectation. Les tanskiens ne bougeant pas, les journalistes non plus.

La signalétique, l'apprentissage de la langue, la connaissance même de la ville étaient ainsi rendues inutiles à la grande majorité d'entre eux. Après tout, les humanitaires s'en chargeraient, eux. Toute rencontre avec les pravoslaves s'illustrait par une méfiance mêlée à une forme d'indifférence certaine de la part des soldats, une inquiétude et une forme de familiarité de la part des humanitaires. Les deux faces d'une même pièce de l'opération, tanskienne visibles à la vue de tous, du moins de quiconque approchait les bâtiments comprenant quelques tanskiens. Tout au plus, il n'y avait qu'une poignée d'officiers de liaisons. Après une journée seulement, le commandement décida de déployer quelques officiers de la marine supplémentaire. Plus joviaux, habitués aux escales mouvementés par la hâte, animés par le chant, hydratés régulièrement par l'alcool quand il était permit, en d'autres termes sociabilisés par des jours en port au bout du monde, les marins tanskiens semblaient être d'autres tanskiens. Après tout, nombre d'entre eux étaient recrutés dans les banlieues de Ny-Norja où la marine faisait office d'ascenseur social d'une rare efficacité.



Au-delà des officiers de la Force d'Auto-Défense Navale s'amusant à rendre les tanskiens plus approchables, il n'y avait, dans la capitale pravoslave, aucun officiel tanskien issu de l'administration, moins encore du gouvernement. A l'approche du sommet, il fallut à la hâte dépêcher l'administrateur de secours. L'administrateur de secours, en Tanska, n'existe en réalité pas. Tantôt diplomate d'un Consulat général d'une ville perdue disposant hasardeusement de quelques centaines de ressortissants à une centaine de kilomètres à la ronde, tantôt agent de la Direction Générale des Droits humains du ministère des Affaires étrangères en poste sur une ambassade locale ou d'un pays voisin, il pouvait aussi être conseiller politique, secrétaire général d'une administration, membre d'un cabinet ministériel formé aux grandes écoles fédérales, en bref, il était le ou la tanskienne formée à l'administration et donc capable en tout temps de cerner les enjeux légaux d'une discussion.

Moyennant quelques notes de synthèses et briefings savamment dressés par les services correspondants et quelques commentaires d'universitaires commandés en quelques jours, l'administrateur de secours pouvait ainsi disposer des éléments suffisants à discuter de quelques points là où il le fallait.

Arrivé au lendemain de l'arrivée des tanskiens, Adrian Jakobsen était l'administrateur de secours des tanskiens. Ambassadeur de Tanska en Slaviensk, rare haut-fonctionnaire tanskien disponible à quelques centaines de kilomètres à la ronde, Jakobsen se trouvait presque heureux de cette visite le sortant de la morosité grisatre de Slaviensk pour la morosité grisatre de Pravoslavnyy qui avait néanmoins le charme douteux de teindre par paquets de gouttes, et d'un rouge visqueux, les murs et sols de quelques administrations que l'on s'acharnait curieusement à nettoyer avec vigueur.

- Excellence Makarov, Excellence, c'est plus avec intérêt personnel et nécessité qu'avec plaisir que nous nous rencontrons mais je ne bouderais pas mon plaisir pour autant. Comme nombre de mes concitoyens présents dans cette ville et ce pays, ma présence ne devrait normalement pas être d'une longue durée bien que je reconnaisse une forme de surprise apaisante quand au calme apparent de cette ville.

Comme l'a dit son Excellence, nous attendons de votre part l'assurance formelle et légale de l'annulation complète des édits précédents et du rétablissements des minorités exclues dans leurs droits. Ensuite, effectivement, nous voulons savoir quelles seront les libertés laissez aux humanitaires tanskiens et aux troupes paramédicales velsniennes. Nos points sont là-dessus similaires à ceux formulés précédemment comme première base de discussion.


Ambassadeur tanskien
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Les deux homologues avait parlés. Les deux parlaient d'un certains accord qui ne semblait pas être connu du dénommé Makarov. Puis il se souvint d'un document trouvé dans le bureau du Tsar après son assassinat par la révolution.

Igor Makarov : Ne vous inquiéter point, les accords signés seront toujours de mise et les droits au minorités gardés et même améliorer. Notre république n'aura pas de religion d'état et sera laïque. Pour ce qui est des ONG et de l'aide médicale, elles pourront effectuer leur travaille avec assez de liberté.

Il marqua une pose pour séparer ces deux sujets.

Igor Makarov : Concernant la présence de vos troupes militaires, elle pourront rester jusqu'à ce que la république est pu démarrer. Cet à dire que le président est pris ses fonctions ainsi que celles du sénat. Après cela, nous vous demanderons de retirer vos troupes militaires. Nous ne souhaitons aucun de débordement et que cette transition soit rapide et simple.
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Je me tenais sur l'une des anciennes tours marquant l'entrée de la ville. Sans être trop haute, elle dominait les alentours et offrait un confortable lieu de repos. Entre deux quart, j'y passais régulièrement plusieurs heures à rêvasser, dormir, écrire. Il n'y avait ici pas grand chose d'autre à faire et nous avions l'interdiction la plus stricte d'entreprendre tout contact avec la population civile qui n'était pas nécessaire. Nous avions sauté il y a de ça quelques jours, et depuis, rien ne s'était passé. Les longues marches dans les rues d'abords calmes, presque désertes de la ville d'un demi-million d'âmes, s'étaient ensuite transformées en un brouhaha permanent d'une constante monotonie. Le marché de la place centrale, au croisement de l'avenue de la liberté peu après avoir passé la rue de la mairie, abritant chaque samedi la plus grande activité de la ville. Il était aisément visible depuis la hauteur de la tour du fait de la grande allée qui rejoignait la tour au marché. Hasard de l'histoire, suite à quelques événements sociaux du siècle précédent, les anciens locataires de la cité avaient décidés d'ouvrir en grands les artères de la ville, transformant la série de petites veines et les milliers de capillaires en un ensemble moins organique, mais bien plus aisé à diriger. En bas de la tour, assise au pied d'un arbre, les pieds posés entre deux des pavés de la voie, une dame nous tournait le dos. Les jambes légèrement pliées, elle se tenait la tête inclinée de côté, dans une attitude qui révélait un âge qui commençait à se remarquer, même dans la nuque. Elle peignait depuis de heures l'activité du marché. Dressait, coloriait, corrigeait, changeait constamment la marée humaine que je distinguait péniblement. Levant à des rares occasions son bras doit devant elle, prenant des mesures aussi approximatives que maîtrisée par son regard expérimentée, elle passait tour à tour des couleurs froides aux couleurs chaudes. Depuis qu'elle avait commencé, le ciel s'était déjà changé, passant d'un gris certain dû à la nuit tempétueuse que nous venions d'avoir, au ciel d'un bleu éclatant que la mer avait ramené par ses puissants vents. Le pinceau dansait telle une bannière du marché, ajoutant des fruits sur cette étable, un poisson frais sur cette table, un enfant qui courait entre les allées sous le fond de sonore de l'un des derniers crieurs de rue de la cité. Devant cette peinture, et devant le tableau vivant du marché, j'y passa la matinée.



Jakobsen n'avait pas esquissé d'expression pendant la brève prise d'intervention. Il n'en avait pas l'habitude en présence d'illustres inconnus, fussent-ils de grands dirigeants ou de simples passants.

- Je prend note de votre demande concernant le maintien de la présence de nos forces armées. Il m'est cependant obligatoire de vous demander une potentielle échéance précise quant à l'entrée en fonction du président, si celui-ci est élu ou non, ainsi que de celle du Sénat. Nous aussi souhaitons une transition rapide et correctement réalisée, il en va de votre stabilité évidente comme vous venez de le mentionner.

Nous sommes par ailleurs ravis de points mentionnés concernant les droits des minorités; Si votre parole a une valeur, vous venez par cette occasion de vous éviter le malheur de subir des sanctions économiques désastreuses sur votre régime, ce que l'ancien s'apprêtait à subir. Sur la religion d'Etat ou non, Tanska n'a aucun commentaire à faire. Concernant les Organisations Non Démocratiques, je le craint de devoir vous demander quelques précisions quant aux libertés. La première et la principale étant celle du mouvement dans les villes et les zones reculées. La seconde étant la possibilité de venir en assistance aux établissements médicaux. Exceptionnellement, je ne m'obligerait pas à vous demander la possibilité pour ces ONGs de recueillir des témoignages sur ce qu'elles ont eu à subir. Il me semble être trop tôt pour soumettre votre Etat au poids difficile de l'histoire récente de la dictature du Tsarat.
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L'Amirraglia n'avait pipé mot depuis qu'elle avait livré ses premiers avis sur la question de la transition gouvernementale, et il semblait bien que le tanskien avait pensé à ce dont il fallait penser. La quarantenaire se redressa sur son siège, comme pour reprendre de la hauteur vis à vis de Makarov:

- Je pense que le cadre que vous êtes en train de dessiner est un bon début, et vos demandes vis à vis du retrait des troupes et un possible relais visant à assurer la sécurité des équipes médicales et humanitaires est envisageable. Après tout...nous ne sommes pas venus en conquérants. Attendre l'élection d'un chef d'état et d'un nouveau gouvernement nous paraît chose judicieuse. Nous plaçons notre confiance dans votre gouvernement provisoire en attendant.

Quant à l'avis de mon homologue, son excellence Jakobsen, je le rejoins sur cet avis: il nous faut une date claire et acceptée par nos trois partis quant à un départ programmé et un passage de relais à l'armée pravoslave. Mais en dehors de cela, je pense que toute cette discussion est sur de bons rails.
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