11/05/2017
22:44:06
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Sommet Estalie — LIBERALINTERN

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London port

Les révolutionnaire Estaliens chez les révolutionnaires Kotioïtes.

Le représentant Zélandien à l'Internationale Libertaire : Jesper Leusink, était en train de griller une clope sur les quais de Kotios ; coiffé d'un Fedora et habillé d'un trench-coat tous deux gris. Observant le port et les Camarade-dockers, il se dit que Kotios n'est finalement pas si différente de Blankenvoorde : capitale de facto des Syndicats-Unis de Zélandia ; météo grise en permanence, vent, pluies fines qui s'introduit partout. . . après tout, les deux cités ne partagent-elles pas la même façade maritime ? Quoique, relevant le col de son manteau pour se protéger de la petite pluie froide commençant à lui tomber dans la nuque, Jesper nuança quelque peu son propos intérieur. Kotios, à la différence de Blankenvoorde, restait en ébullition, Révolutionnaire. Alors que la capitale Zélandienne avait eu, quoi, cinq-cents ans ? Cinq siècle pour s'affirmer face à la Réaction qui s'opposait alors à la proclamation de la Fédération de Zélandia et se policer ; devenir une révolutionnaire de salon, discourant et théorisant beaucoup mais agissant peu, Kotios a contrario restait un volcan en ébullition depuis sa révolution en 2004 ; marins, ouvriers, fonctionnaires. Tous avaient la bougeotte « ⎯ Pas comme les Zélandiens » se dit le jeune Sud-Afaréen, prenant une nouvelle bouffée de son joint quand arriva au même moment, sans trop se presser, un Camarade-Diplomate, lui Zélandien pure souche justement.

« ⎯ Les Estaliens arrivent dans pas longtemps. Leur avion vient de se poser à l'aéroport. J'peux vous prendre du feu ?
Jesper, tendant son briquet tout en s'étouffant dans sa propre fumée ⎯ Quoi maintenant? Kut! J'ai complètement zappé. Bah, y'a plus qu'à espérer qu'ils ne soient pas trop à cheval sur les coutumes ; ce serait bien ma veine.

⎯ Vous en faites pas. Tout est déjà prêt : thé, café, sucrette et greffiers. Tous déjà en place sous la bonne direction d'Elise qui s'est improvisée chef d'orchestre.

⎯ C'est plus de l'impro. là. Elle est passée pro. dans le domaine ; qu'est-ce que l'on ne ferait pas sans Elise, hein ?

⎯ La même chose que les membres de l'U.C.Z. à l'U.I.C.S.

⎯ Pourquoi tu nous compares à ses guignols ? Ils foutent jamais rien !

⎯ Justement. »


La délégation Estalienne fut conduite par Jesper ⎯ arrivé à temps ⎯ jusqu'à un petit salon de l'hôtel de ville et ⎯ comme toujours ⎯ accolé à un balcon reconvertit en potager. Une fois chacun installé, boisson chaude en main ⎯ il s'agira d'un thé noir pour le représentant Zélandien ⎯ Jesper prit la parole en ces termes.

« ⎯ Bienvenue à vous Camarades Estaliens, et bienvenue à Kotios pour le Camarade qui restera de façon permanente dans cette grande famille qu'est le LiberalIntern. Veuillez voir ces sommets entre Notre organisation et ses futurs membres non pas comme un interrogatoire, ce n'est là nullement notre intention, mais comme une discussion informelle mais non moins légère afin de connaître les intentions et raisons qui poussent, ici votre Fédération, à vouloir rejoindre Notre Union. Ainsi, nous demandons traditionnellement à nos invités quelles sont leurs ambitions : pour l'Alliance, pour la Révolution et la lutte contre la Réaction ; dans leur région du monde et à l'international ? Aussi, nous demandons habituellement aux futurs membres de nous décrire ou expliciter les caractéristiques de leur système politique mais votre demande d'adhésion était très précise sur ce sujet. Ce faisant je ne considère pas nécessaire de vous demander cela même si, peut-être, mes Camarades de l'Internationale voudront malgré tout des détails. Je ne suis pas dans leur tête. » finit Jesper, haussant ses épaules avec un sourire charmeur
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Une bouffée d'air LIBRE.


L'avion du gouvernement fédéral avait pu se poser sans trop de soucis à l'aéroport de Kotios. Etrangement, à son bord, ne figurait pas la Commissaire aux Relations Extérieures. Habituellement, c'était généralement elle ou au moins un des fonctionnaires de sa Commission qui se chargeaient des grandes entrevues diplomatiques mais le sommet que l'Internationale Libertaire avait souhaité convoquer auprès de l'Estalie tenait davantage du dialogue idéologique que de la rencontre diplomatique stricte et ordonnée. Il n'était pas question de négocier un accord diplomatique de premier ordre, puisque l'Internationale Libertaire était là pour ça, mais bien d'affirmer la compréhension des uns et des autres quant aux nombreux courants libertaires qui composaient l'organisation. Il faut dire que l'Anarchisme Renouvelé figurait comme un OVNI pour certains. Vu comme étrange pour les libertaires de temps à autre, et surtout vu comme extrêmement dangereux et suspicieux par les réactionnaires et les libéraux en tout genre, il fallait expliquer auprès des camarades libertaires que l'Estalie avait des méthodes et un point de vue qui pouvait certes interpeller mais dont la finalité restait la même. De ce raisonnement, les Estaliens ont donc pris soin non pas d'envoyer la Commission aux Relations Extérieures mais bien le Président de la Fédération lui-même, Pyotr Husak, au sommet. Idéologue principal de l'Anarchisme Renouvelé, c'est le visage même du libertarisme à l'estalienne et donc de ce fait, le plus à même d'expliquer à ses camarades le courant qu'il représente. Cependant, il n'était pas seul : il était accompagné par Franka Voronov, une jeune déléguée du Club de Coopération Anarchiste, un des très nombreux clubs du Congrès International des Travailleurs (organe législatif de la Fédération des Peuples Estaliens) et qui représentait en somme la faction la plus conformiste des husakistes avec les autres courants anarchistes qui composaient le Congrès. Franka était d'ailleurs destinée à devenir la prochaine représentante de l'Estalie à l'Internationale Libertaire et le choix n'était pas anodin : son appartenance à la faction conformiste du BAR et sa capacité de négociation avec les clubs du BAC (bloc de clubs politiques regroupant de très nombreux courants libertaires) lui ont valus une certaine réputation auprès du Président qui a estimé que pour négocier avec d'autres libertaires, il fallait leur mettre à disposition une représentante qui pouvait délaisser en partie les convictions husakistes initiales pour effectuer des compromis et négocier cordialement avec le reste de l'organisation. En tout cas, c'est le raisonnement que le Président a suivi lorsqu'il avait recommandé la jeune déléguée au reste du Congrès qui accepta quasiment à l'unanimité sa nomination.

Arrivés à l'hôtel dans lequel le représentant zélandien avait décidé de les amener, le Président sourit avec sincérité à son homologue zélandien, prit à son tour un thé vert, but une gorgée afin de goûter la teneur de celui-ci puis il commença à s'exprimer d'un ton posé et calme :

"C'est un honneur de pouvoir se rendre enfin à Kotios, Monsieur Leusink. J'ai entendu beaucoup d'histoires autour de cette ville, notamment de la résistance qu'elle a su offrir bravement aux hordes réactionnaires francisquiennes il y a plus d'une dizaine d'années maintenant. Je comprends pourquoi l'Internationale Libertaire tient autant à Kotios.

Je vois que vous vous êtes un peu renseigné sur notre modèle politique. Bien que la candidature estalienne a fait de son mieux pour donner tous les éléments nécessaires à l'explication de notre régime et de son fonctionnement interne, je sais aussi que ce régime peut parfois porter à confusion ou être difficile à comprendre. A vrai dire, même pour certains de mes compatriotes, certains ne comprennent pas toutes les subtilités du régime politique estalien et je ne leur en jette pas la pierre, la sophistication d'un régime politique est parfois nécessaire pour le rendre viable et résilient. Néanmoins, si vous avez des questions précises à me donner sur un élément qui vous interpelle ou que vous n'avez pas bien compris, n'hésitez pas à me le faire savoir tout de suite, nous sommes là pour ça après tout.

Je vous remercie d’ailleurs pour la clarté de vos interrogations, cela me permet d’aborder directement ce que nous venons défendre ici. Je vais donc m'attarder sur votre question principale, sur nos intentions et nos motivations au sein de l'organisation. Comme vous le savez sans doute, l'Estalie adopte une position assez agressive dans sa politique à l'international, elle a souvent tendance à faire preuve de force dans ses rapports à l'étranger. Au début, il faut admettre que cela relevait de la nécessité du fait de notre encerclement stratégique par des régimes réactionnaires et libéraux ne vouant aucun autre objectif que celui d'écraser notre Révolution dans le sang. Le grand jeu d'échecs de l'Eurysie centrale nécessitait de l'agressivité, ni plus ni moins. A ce jour, notre politique se veut plus pragmatique mais elle conserve toujours cet objectif d’initiative offensive à l’encontre des régimes libéraux et réactionnaires : notre politique est pro-active et elle refuse la passivité. C'est une approche qui diffère quelque peu des méthodes communalistes, il me semble, l'entrisme étant le propre des Kah-tanais. Je ne critique pas cette approche de nos compères d'Axis Mundis, bien entendu, il s'est avéré que leurs méthodes ont étés concluantes à plusieurs reprises. Disons seulement que les méthodes estaliennes sont moins subtiles et s'appuient sur nos principales forces : la subversion, le hard-power, une économie dynamique et l'acquisition de rapports de force avantageux à l'international. Ce que nous prévoyons donc pour l'organisation n'est pas spécifiquement de redéfinir la façon de faire de nos camarades libertaires mais d'assurer l'existence d'un pôle de préservation de la Révolution en Eurysie. La disparition du Pharois et donc de ce fait du second champion de la cause libertaire à l'international laisse l'Eurysie veuve de son principal atout et je pense sincèrement que bien que nos moyens matériels soient encore limités (bien qu'en progression constante), l'Estalie peut agir comme un acteur majeur en Eurysie afin de sauvegarder la Révolution dans les pays où elle a émergé et d'étendre celle-ci.

En somme, nous ne demandons pas à nos camarades de nous suivre dans nos méthodes, seulement de reconnaître que notre but est le même : la victoire de la Révolution, contre tout ce qui l’oppresse.
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