INFRASTRUCTURES - ZONE DE TIR LOURDE (ZT-L)
Les deux pas de tir de la ZT-LLa Zone de Tir Lourde (ZT-L) du Spatiodrome du Gilanan est le site dédié au lancement des fusées de grande dimensions, dits lanceurs lourds, dont la fusée faravanienne Safir 1. La conception de ce lanceur, premier véhicule de classe orbital pour le pays, est d’ailleurs la raison même pour l’existence du spatiodrome. Ainsi la ZT-L est le cœur du site de lancement, en mettant en œuvre le lanceur Safir mais également d’autres lanceurs lourds, commerciaux notamment.
A ce titre, la Zone de Tir Lourde est un ensemble de bâtiments et d’infrastructures destiné à accompagner la fusée, de son intégration jusqu’au lancement. Organisés telle une chaîne d’assemblage d'usines, les infrastructures s’alignent dans une suite logique qui permet au lanceur d’être assemblé puis lancé le plus rapidement possible et ainsi permettre une forte cadence de tir. De l’arrivée des composants de la fusée jusqu'à son lancement, la ZT-L s’organise comme suit :
Les composants du lanceur rejoignent le spatiodrome du Gilanan depuis leur site de production via plusieurs moyens de transport qui connectent le site, par voie ferroviaire, aérienne, portuaire ou routière.
Les étages principaux et secondaires de la fusée sont ensuite acheminés dans un même grand bâtiment, le bâtiment d’assemblage, divisé en trois halls. Le premier étant le hall de réception qui accueille les étages dans leur forme conteneurisée. Une fois séparés de leurs protections, les étages sont déplacés dans la chambre suivante, le hall d’assemblage. Dans cette grande pièce, les modules inférieurs et supérieurs de la fusée sont mis bout à bout et fixés dans un véhicule unique qui deviendra le corps du lanceur. Reprenant les principes des chaînes d’assemblage d’usines, jusqu'à deux lanceurs peuvent y être assemblés simultanément. Les lanceurs sont enfin déplacés vers la troisième et dernière chambre, le hall de préparation. Dans celui-ci, les lanceurs assemblés sont redressés à la verticale avant d’être “assis” sur leur table mobile de lancement. Dans ce hall et comme son nom l’indique, les lanceurs se préparent au tir en recevant les derniers éléments qui composent la fusée finale. Là encore, deux fusées peuvent être préparées simultanément.
Parmi ces éléments figurent les propulseurs d’appoint à poudre, les “boosters” qui démultiplient la poussée du lanceur au décollage. Ces derniers étant remplis de poudre hautement inflammable, ils disposent d’une chaîne d’intégration et de stockage séparée afin de limiter les risques. Ainsi, les composants des propulseurs d’appoints sont acheminés sur site de la même façon que les étages du lanceur avant d’être assemblés dans leur hall d’assemblage dédié, le bâtiment d’intégration des propulseurs d’appoint. Ils y sont préparés et mis en condition de vol avant d’être transférés dans un lieu de stockage séparé, le bâtiment de stockage des propulseurs d’appoint. Ici, les boosters attendent la finalisation de l’assemblage du corps du lanceur avant d’y être attachés au dernier moment avant le vol. Pour ce faire, ils sont transférés depuis leur bâtiment de stockage vers le hall de préparation du bâtiment d’assemblage principal. Les propulseurs d’appoint rejoindront enfin le corps central du lanceur sur sa table de lancement.
Dernier élément composant le lanceur, la charge utile est composée du satellite que la fusée doit placer sur orbite. Composant fragile et sensible aux changements atmosphériques, la charge utile dispose là encore de sa propre chaîne d’assemblage dans un environnement contrôlé, appelé “salle blanche”. Ainsi, après leur arrivée dans leur conteneur spécialisé, les charges utiles seront traitées dans le bâtiment de préparation des charges utiles. A l’issue de ce processus, les charges utiles aptes au vol seront déplacées dans la chambre dite d’encapsulation. C’est dans cette chambre que sont livrés à la fois les adaptateurs de charge utile et également les composants de la coiffe aérodynamique. La charge utile sera alors montée sur son adaptateur puis “encapsulé” dans la coiffe afin de se retrouver en conditions de vol. Cet ensemble compose la partie haute du lanceur, c’est la charge utile qui, montée sur la fusée, sera mise en orbite à l’issue de la mission. Et en effet, une fois encapsulée, cette partie supérieure est acheminée vers le hall de préparation du bâtiment d’assemblage principal pour être placée au sommet du lanceur. L’assemblage de la fusée est ainsi terminé et peut être acheminée vers le pas de tir.
Pour ce faire, la table mobile de lancement qui a servi de support à l’assemblage final de la fusée va se déplacer jusqu'à son pas de tir. Grâce à un grand nombre de roues positionnées sous la table, cette lourde structure sert d’interface entre le lanceur et le sol. Une fois le déplacement effectué vers le pas de tir, la table de lancement permet de remplir en ergols (carburant) la fusée pour la préparer au tir. Des grandes ouvertures a la base de la table de lancement assurent le passage des gaz d'échappement du lanceur au décollage. Également part entière de la table mobile de lancement, on retrouve un grand mât ombilical qui s’érige à la parallèle du lanceur. C’est ce mat qui connecte le sol au lanceur en assurant l’asservissement en propergols aux différents étages, la climatisation de la charge utile, l’alimentation électrique initiale du lanceur mais également le dialogue du Poste de Contrôle du Champ de Tir (PC-CT) et le lanceur. Le diagnostic de la fusée s'effectue ainsi par ce lien et c’est également grâce à cette connexion que l’ordre de tir est envoyé. Lors du lancement, toute la connectique qui reliait le lanceur se sépare et vient se stocker dans le mât ombilical qui les protégera de la violence du lancement.
Enfin, la ZL-T dispose de deux pas de tir afin de pouvoir atteindre une cadence de tir élevée en alternant les séquences de lancements avec les séquences de reconditionnement du pas de tir. Ces deux sites sont l’élément central de la ZL-T depuis lequel les lancements sont effectués. Ils reçoivent ainsi les fusées prêtes au tir grâce aux tables mobiles qui viennent s’installer au-dessus d’un grand système de carneaux, des immenses tunnels déflecteurs de gaz afin de canaliser et d’évacuer les violentes flammes issues du décollage d’un lanceur. Un système de déluge d’eau alimenté par de grands châteaux d’eau permet également d’atténuer l’onde de choc et le bruit issu du lancement. Avant cela, une usine d’ergols installée pour les besoins du Spatiodrome du Gilanan fournit des zones de stockage situées à proximité de leurs pas de tir respectifs. C’est depuis ces zones de stockage d’ergols que tout un réseau de canalisation alimente le lanceur avec son carburant. Les fusées utilisant plusieurs types différents d’ergols, ces zones de stockage disposent de plusieurs réservoirs adaptés à des types et volumes de carburants spécifiques. Ainsi, les zones de stockage d’ergols sont en mesure de contenir entre autres de l’azote liquide, hydrogène, oxygène, hélium, azote, propane et air comprimé. Enfin, de grands pylônes protègent les lanceurs de la foudre en agissant tel des paratonnerres. Les ergols du lanceur étant sensibles aux risques d’incendie, ces systèmes de protection contre la foudre captent et évacuent les éventuelles décharges électriques. Des longs câbles sont également tendus entre eux dans le but de compléter la protection du lanceur. D’autres dispositifs tels qu’un système d’éclairage ou encore un complexe de suivi optique pour les caméras complète l’équipement des pas de tir.
C’est l’ensemble de ces infrastructures qui complètent la Zone de Tir Lourde et qui permettent la mise en œuvre des fusées, de l’arrivée des composants jusqu’au lancement. A cadence maximale, un lanceur peut être préparé en seulement 15 jours grâce aux installations de la ZT-L. Le schéma ci-dessous permet d’illustrer ce qui a été expliqué plus haut.