14/09/2016
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Palais de Marcine

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Ici seront répertoriées toutes les conversations entre les hommes politiques marcinois sur des sujets divers et variés...
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Bon, maintenant on fait quoi ?


Image se rapprochant du palais du Premier Ministre Marcinois

Aimé Bolila regardait son nouveau bureau, immense, richement décoré ; boiseries, dorures, colonnades, des siècles et des siècles d’histoire défilaient ainsi devant ses yeux. Les draperies traditionnelles des Lab’assé aux élégants sabres fins des Antrania-Marcine. Le parquet et les murs, de bois, donnaient l’impression qu’ils réverbéraient la lumière, traversant les grandes fenêtres du palais. Ce jeu de lumière, typique de la culture marcinoise, symbolisait pour Bolila l’art et la maîtrise de l’optique par le Royaume. Le pan-afaréen préférait de loin cette chaleur à la froideur des consulats antériniens et eurysiens… Les meubles quant à eux, espacés, écartés, étaient de fabrication marcinoise, encore le pan-afaréisme balbutiant du Royaume, étaient en cuir et de dataient pour la plupart de la collection des années 2010. Le lustre, éteint, dénotait avec cet intérieur quasiment à 100 % afaréen, c’était l’un des rares objets à avoir été confectionné en Antérinie, avec du verre des fabriques des Marches, symbole de la coopération poussée entre les deux états qui se sont apportés tant au niveau culturel qu’économique… Et le Premier Ministre le voyait rien que dans l’architecture du palais, fortement inspiré du style eurysien, malgré quelques touches locales…

Mais pourtant, il ne pensait pas à la bombe que fut sa dernière déclaration, déjà à Antrania on grinçait des dents et peu apprécièrent les sorties du Premier Ministre de Marcine, et il était certain que l’appareil reliant le palais des Mille Cent Trente au palais de Marcine sonnerait d’ici quelques heures et il serait certain que de la Greauce serait loin d’etre aimable lorsqu’il prendra la parole, et il y a fort à parier que la formation d’une milice indépendante d’Antrania sera un véritable parcours du combattant qui ferait passer les réformes agraires qui seront entreprises pour un parcours santé… Le pire, sera sans doute pour le Roi, pris entre les envies d’autonomie de sa Couronne afaréenne et les tendances centralisatrices, ou du moins les relents hégémoniques de son autre Couronne d’Eurysie… Certes, ce n’est pas une première dans l’histoire antérino-marcinoise, un dualisme a toujours existé et les souverains réussirent à réconcilier leurs gouvernements respectifs… Mais pourtant, Louis VI risquerait d’avoir du fil à retordre, de la Greauce, tout autonomiste qu’il était risquerait certainement de se voir dépasser par ses alliés et de devoir temporiser avec les conservateurs, ainsi les affrontements quant au nouveau statut de Marcine risquerait certainement de dégénérer en guerre plitique généralisée en Antérinie, notamment lorsque de Grace s’en melerait…

Mais pour le moment, un autre sujet tracassait le Premier Ministre, qui avait devant lui une petite carte de l’Afarée et une fiche d’information sur un petit pays ; l’Union du Transveld, situé en Afarée équatoriale, cet état adoptait une gouvernance particulière, un modèle inique qui considérait les populations locales comme de la main d’œuvre bon marché tout juste bonnes à travailler tout en niant leurs droits civiques… Tout en permettant aux élites coloniales de prospérer et de s’enrichir sur le dos des locaux… Cette situation est particulièrement mal vécue à Marcine. Non pas car cela fait resurgir les traces d’un passé colonial inexistant, mais surtout car les transveldiens noirs partagent des caractéristiques religieuses communes avec les Marcinois, tandis que le P.P.A, sachant parfaitement que si tout cela venait à s’effondrer brutalement, les conséquences pour les populations seraient désastreuses, et les risques d’une guerre civile ne seraient pas à négliger… Accentuant encore plus l’instabilité régionale et attirant les vautours kah tanais et clovaniens, déjà occupés à s’écharper au Gondo voisin…

Ainsi la question que tout le monde au palais de Marcine se posait était de savoir s’il était nécessaire et souhaitable de tisser des liens avec l’état, ou au contraire s’il fallait soutenir les mouvements plus ou moins légaux qui visaient à rééquilibrer la situation en faveur des locaux, question qui est à la fois de la géopolitique à cause d’un choix qui sera avant tout motivé par le besoin de s’attirer les faveurs de certains états comme le Grand Kah ou encore l’Ouwalinda et le Dgondu, mais aussi une question idéologique qui divise encore les idéologues du P.P.A ; le traitement des populations (majoritairement blanches) et des fractures inter-raciales voir inter-ethniques entre les peuples locaux… Qui divise la plupart des membres du P.P.A sur le sujet… Ainsi le Premier Ministre appela son ministre des Affaires Etrangères, Aimé Bassé, qui maîtrisait bien mieux la situation locale que son collègue et ami… Ce dernier entra assez rapidement et s’assit sur l’un des petits fauteuils de cuir avant de demander ce qui pouvait pousser le Premier Ministre à le convoquer…

Aimé Bolila : « J’ai un conseil à te demander, c’est par rapport au Transveld, tu sais que je suis loin de pardonner les eurysiens (et les aleuciens) de leurs crimes coloniaux et de leurs interventions dans les affaires des tribus afaréennes, et aujourd’hui encore je ne pardonnerai rien à la Clovanie pour ses activités au Gondo. Ainsi je voulais savoir si je devais ouvrir des liens diplomatiques avec l’État, ou au contraire l’une des factions afaréennes, et si oui, lesquelles ? Enfin je sais que tu es le premier à considérer les états coloniaux comme légitimes en Afarée, donc je voulais connaître ton point de vue, car cette action aura certainement des conséquences sur Marcine et la Confédération si l’Union du Transveld le prends mal, et déjà que de la Greauce ne me lachera pas d’ici les prochains mois, alors autant éviter de donner à Louis d’Antrania (le Ministre des affaires étrangères antérinien) un prétexte pour me sauter dessus… »

Aimé Bassé : « Je suis ravis de voir que tu décides de prendre les choses avec sagesse, au lieu de foncer tête baissée, et de te mettre à dos des états souverains et les états confédérés. Mais je tiens à préciser par rapport à tes remarques, que je ne suis pas un révisionniste qui néglige les crimes coloniaux eurysiens et aleuciens, je tiens tout de même à rappeler que les minorités blanches existent et qu’il faut donc faire avec, les négligées reviendrait à nier le passé colonial, et à montrer que les pans afaréens sont des enfants qui oublient des points essentiels. Car que l’on le vueille ou non, ces derniers (les blancs) conservent leur influence dans l’économie locale, ils monopolisent les postes politiques ; pourquoi ? Car ils sont les seuls à avoir les formations nécessaires, enfin un système politique et éducatif qui favorise les blancs pendant des siècles ne peut redevenir équitable en seulement quelques années, il y a besoin de lui permettre de s’acclimater et de redevenir plus égalitaire… Ainsi il faut encourager le gouvernement à se montrer plus ouvert, en lui faisant miroiter des accords, des échanges, qui seraient alléchants… »

Aimé Bolila, surpris ne peut s’empêcher de dire : « Si je comprends bien, tu propose d’entretenir des liens commerciaux et économiques avec un état raciste et autoritaire ? »

Aimé Bassé s’attendait à ce genre de remarques, ça fait des années qu’il travaille avec Bolila et ça fait des années que la question revient sans cesse et divise le P.P.A en deux camps, les « révisionnistes » et les « radicaux » deux, camps proches idéologiquement, mais pourtant opposés sur la question diplomatique, les premiers, grandement inspirés par les préceptes chrétiens, prônait une vision qui promulguait une amnistie générale et un oubli de tout les crimes commis par l’un et l’autre camps, permettant de briser un cycle de la violence en promouvant le Pardon généralisé. Cette vision, certes candide, pour ne pas dire inatteignable sans quelques pressions extérieures et une bonne volonté généralisée, n’en reste pas moins la plus modérée, et vise à conserver certains acquis de la colonisation, notamment au niveau économique et politique, comme l’apparition de la démocratie parlementaire ou encore du libéralisme qui a permis une évolution technologique importante. Mais, dans certains cas, la situation est tellement explosive, que ce réformisme et ces vœux pieux ne suffisent plus, le niveau de rancune est si élevé que les populations blanches, et surtout leurs collaborationnistes, seront nécessairement victime d’une vindicte populaire malsaine et meurtrière…

De l’autre coté, les « radicaux » font fi des saints principes qui guident les « révisionnistes » qu’ils accusent de nier l’existence des crimes coloniaux (élément évident de mauvaise foi car au contraire les « révisionnistes » tentent de dépasser ces derniers en promulguant le pardon ; « on pardonne mais on n’oublie pas ») et considèrent que les colons doivent payer, et ce quitte à se rapprocher de la vendetta en perpétuant le cycle de la rancœur et en excitant les haines des populations soumises aux colons et à leurs auxiliaires afaréens. D’ailleurs, les « radicaux » sont certainement les plus violents et les plus critiques à l’égard des populations ayant collaborées et même « trahie » leurs peuples, chose parfaitement impensable pour les pans afaréens les plus convaincus. Ainsi ces hommes ne sont même plus considérés comme afaréens, et méritent l’exil au même titre que les colons. Paradoxalement, les « radicaux » ne proposent aucune solutions viables pour le nouvel état, qu’il y ait un génocide ne les dérange pas, tant que « l’honneur » afaréen est sauvegardé, et que les douloureuses traces du passé colonial soient oubliées, et ce aux dépens des populations locales qui se retrouvent sans expériences, aux capacités administratives réduites, sans cadres, sans ingénieurs, sans politiciens capables, ouvrant donc la voie aux investissements étrangers et à la prise de contrôle par l’investissement du pays… Avec en prime, la formation des élites locales dans des écoles étrangères ou ils apprendront à devenir les fidèles serviteurs d’un état qui s veut décolonialiste, mais qui deviendra la nouvelle Métropole…

Ainsi Bassé répondit calmement : « Ne me lance pas sur ce genre de sujet, tu sais très bien qu’encourager au génocide n’est pas une preuve d’humanisme, et je ne permettrais pas que le Royaume soit à l’origine de tensions ethniques meurtrières, d’accord ? N’oublions pas que tu t’es engagé à rester pacifique et que si tu dois intervenir, ce sera avec l’aval des grandes puissances et de la Confédération, donc non nous ne soutiendrons pas le régime, nous pousserons le régime à changer, à devenir plus doux avec les locaux. Je sais, ce n’est pas facile de rester neutre lorsque nos frères de religion peuvent se faire maltraiter, lorsque nos frères de couleurs souffrent à cause d’étrangers qui les plongent dans la peur et la violence en plus de se croire supérieur à la moitié de l’univers en se prétendant soutenus par le Seigneur ! Mais non, nous resterons neutres et impassibles, nous contacterons le plus de monde possible sur place pour obtenir plus d’informations, mais en attendant nous devons tacher de ne pas provoquer d’incidents. Sauf, si les crimes commis par le régime tranveldiens sont trop importants. Espérons qu’ils restent pacifiques et que rien ne soit tenté contre les peuples afaréens présents sur place… »

Bolila, surprit par cette fermeté fit sourdement : « Et s’ils tentent quelques choses ? »

Bassé, fit simplement : « Espérons pour eux que leurs frontières sont bien gardées et que les gardes civils soient correctement armés… Enfin, je suis certain que nous ne ferons pas le sale boulot nous même, nous nous sommes engagés à rester pacifiques, mais je suis certain que les grandes puissances locales resteront parfaitement neutres si l’Ouwalinda voire d’autres états afaréens, comme l’Antegrad ou l’Azur, s’immiscent dans les affaires locales pour le bien des populations concernées, quant à Marcine, elle pourra très certainement écoulé son stock d’armes auprès des états afaréens concernés, et ce aux dépens du Transveld, en espérant bien sur que ces stocks d’armes livrés de manière aléatoire, ne tombent pas dans les mains d’afaréens en colère, et que les troubles ne finissent pas en révolution… Enfin avec Ateh Olinga dans le coin, difficile de nous assurer que le calme et la paix entre les peuples colonisés et leurs maitres (qu’ils soient eurysiens ou kwele) ne volent pas en éclat… »

Bolila appréciait les sous-entendus à peine voilés de son collègue, et c’est dans des moments comma ça qu’il se rappelle que cet homme était digne d’être son ami, il espérait simplement que ces pronostiques soient justes et ne put s’empêcher de demander :

« Et sinon, on soutient quelqu’un en particulier ? Ou on reste statique et l’on attends de voir comment ça se passe là-bas ? »

« Et bien, dirions-nous que mieux vaut choisir notre « poulain », le représentant des intérêts locaux, et là encore, deux choix s’offrent à nous ; soit on s’intéresse à George Ntumba et dés lors on adopte une ligne politique claire, c’est à dire celle des « révisionnistes ». Soit on se montre plus violent et l’on choisit Alfred Maloba. Les deux soutiennent l’émancipation des peuples mais en revanche, dans les deux cas nous auront choisis notre ligne directrice, soit on se montre impitoyable et l’on préfère assassiner en masse les élites blanches et les kwele, comme ce fut le cas peu après la colonisation velsnienne en Ouwalinda, amenant pauvreté et faiblesse pour le Transveld, soit au contraire on décide de nous montrer plus ouvert et l’on choisit la voie d’Alfred Ntumba en encourageant son réformisme et en espérant que les Blancs et les Kweles sauront se faire discrets. Ce choix, doit être primordial. Il désignera notre attitude à adopter vis à vis des puissances coloniales et leurs reliquats en Afarée, soit le Pardon, soit le sang, mais il est certain qu’un choix doit être fait dans l’intérêt des populations locales. Sinon, nous pourrions malencontreusement ouvrir la porte au désordre et aux querelles ethniques, et tu sais très bien que pour peu que les locaux aient soifs de vengeance, la situation pourrait devenir explosive et sanglante. Donc si ça ne tenait qu’à moi, j’aurais déjà envoyé une lettre de soutien à Ntumba et préparer des fonds spéciaux pour sa campagne. »

« Hum, bon on va attendre, et je rappellerais au diplomate que l’Union a toutes les cartes en main, si elle décide de se montrer ouverte et tolérante avec les populations afaréennes, le Royaume et par extension la Confédération seront cléments, a contrario, si le Transveld s’attaque de manière trop brutale aux « indigènes », ou du moins, se montre plus violent que d’habitude, nous ne ferons rien pour eux, et même au contraire, nous laisserons les ouwalindais ou les antegrains se précipiter sur ces derniers… Enfin, comme le disent nos amis cartaradais ; « wait and see » et advienne ce qu’il pourra… »

Oui, allo ?

« Biiip ; Biiip ; Biiip »

Puis à ce moment là, une sonnerie de téléphone retentit à travers l’élégant bureau marcinois, le Premier Ministre se leva précipitamment et alla répondre, puis une fois le combiné en main il fit à Bassé :

« C’est de la Greauce, et il est de très mauvaise humeur, j’espère que tu sauras le calmer, car sinon, je vais certainement me montrer très désagréable. »

Et Bassé, pensa en souriant ; finalement, ils auront un peu de temps devant eux les transveldiens, car je sens qu’une bataille bien rude opposera Marcine à Antrania d’ici les prochains mois… Avant de répondre aimablement à Bolila :

« Ne t’inquiète pas, je suis certain que de la Greauce est un personnage très raisonnable… »
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« Pourquoi nous et pas les autres ? »

- « Aimé, je crois qu’on a un problème… » Fit sobrement le ministre des affaires étrangères marcinois en entrant dans le vaste bureau du Premier ministre. Ce dernier, jeune et grand, portait un costume typiquement marcinois. Le deux pièces était de couleurs pétantes, il était semblable aux fleurs tropicales, à leur instar il était souriant et chaleureux, il aimait se montrer fin et délicat avec ses interlocuteurs, ses costumes aux couleurs atypiques lui permettait de passer pour un excentrique inoffensif… Pourtant, ce ministre savait faire preuve de poigne et de caractère quand il le fallait, la belle plante aux couleurs éclatantes pouvait devenir carnivore si son interlocuteur n’allait pas dans son sens. Pourtant cette fois-ci il n’arborait pas son habituel sourire confiant, il était plutot agité et inquiet, la missive sylvoise l’avait laissé plus que pantois. Et c’est tout naturellement qu’il décida de faire part de ce courrier pour le moins embarrassant à Bolila, qui saurait certainement ce qu’il faut faire… « … c’est un courrier des Sylvois. »

Aimé Bassé, Ministre des affaires étrangères marcinoises


-  « Oh, merde alors ! » Répondit lentement le Premier Ministre, lui portait un costume plus traditionnel, le fameux trois pièce bleu marin caractérisant la plupart des élites politiques de la Confédération. A contrario de son collègue, il était plus froid, moins agréables avec ses interlocuteurs ; on disait souvent « Bassé est une main de fer dans un gant de velours, Bolila n’a qu’un gantelet en acier et un sourire carnassier », si son ami pouvait très vite devenir une plante carnivore, lui était un requin de la politique, quand il souriait, ses adversaires tremblaient, et quand il se lancait dans de longues tirades, ils s’inclinaient. Combien de piques réussirent à faire craquer ses opposants ? Combien de remarques assassines assénées plus violemment encore que des coups de massue purent mettre au tapis ses ennemis ? En clair, Bolila a une verve agressive, le verbe haut et les manières brutales. Ce n’est pas un poète aimant le beau, mais un pamphlétaire préférant la raillerie. Et c’est de cette manière qu’il put s’attirer les bonnes grâces des marcinois ; lors de ses débats il ridiculisait aisément ses adversaires et leurs points de vue en dévoilant au grand jour les dissonance cognitives de certains et en réussissant à esquiver les questions et les pointes. Ainsi, les rieurs étaient de son côté, les élécteurs étant les plus sceptiques quant à leurs choix de vote sont confortés.


Aimé Bolila

Mais pourtant, il savait que ses compétences dans le domaine diplomatique étaient assez réduites, il était taillé pour les débats et l’administration interne, mais il n’y comprenait rien aux intérêts fluctuants des grandes puissances, aux alliances contradictoires formées entre états étant opposés en tout points, aux rapports de forces internes entre les uns et les autres… Il déléguait volontiers tout cela à son ministre des affaires étrangères et n’avait pas hésiter à soutenir les revendications des anarchistes lors de la conférence de Marcine pour obtenir sa majorité au Parlement. Mais il arrivait des fois que la situation se dégrade trop vite, que les intérêts marcinois, confédéraux et géopolitiques entraient en collision et que ce qui devait être une simple embrouille de voisinage devenait un véritable engrenage régional qui prit dans la tourmente tout les états limitrophes et probablement d’autres puissances mondiales. « La Terre est vaste, et Dieu décida de nous envoyer cette épreuve ! » pensa instinctivement le Premier Ministre, et il faut dire que cette réaction est bien naturelle car cette missive impromptue venait de jeter un nouveau sujet de discorde dans la vaste arène qu’est la Confédération, les politiques et parlementaires marcinois se jetteraient sur l’occasion pour soutenir tel ou tel camps, et bien entendu le continent lui même devra probablement être concerné. Pis encore, les convictions profondes du P.P.A vont être mise à l’épreuve par ce nouvel incident qui risquerait de rebattre les cartes de la géopolitique locale.

Il n’ignorait pas ce qui se passait en Ouwalinda et leurs rivaux antegrains, loin de là d’ailleurs, et lui même avait prédit que ces affrontements intestins propres aux roitelets afaréens qui se parent de la dignité démocratique en organisant des « élections », qui feraient passer la Grande république pour un modèle démocratique infaillible, risqueraient de dégénérer et de prendre une tournure tout à fait disproportionnelle aux enjeux. Et bien entendu, il fallait que Marcine soit concernée par ces enfantillages, « Des missiles s’écrasent tout les jours au Gondo et pourtant on en fait pas tout un drame, même par sur que l’O.N.D ait pris des mesures concrètes sur le sujet ! Mais quand un dictateur sanguinaire meurt, dès lors les sylvois investissent la zone ! » pensa t’il, avant de lâcher « Ils devraient se contenter d’aider leurs pédophiles à agresser des enfants au lieu de se mêler de ce genre de choses » laissa t’il échapper. « Et maintenant me voilà obliger de me mêler des sujets qui me dépassent, séparer deux enfants dans la vaste de cour de récréation qu’est l’Afarée n’est pas simple au départ, maintenant on doit en plus se coltiner l’aide impromptue de la sixième puissance mondiale ! » continua t’il. « Et bien sûr, « mother anarchy loves all of her children », et la Kah va bien entendu soutenir l’Ouwalinda et probablement entrer en contact avec Sylva pour aider son poulain et se rapprocher des états afaréens. ».

- « Pas certain qu’Axis Mundi se brouille avec ses voisins directes et l’O.N.D pour les beaux yeux d’Ateh, enfin ce serait particulièrement osé et dangereux, d’autant plus que je doute que l’Alguarena si elle ne se sent pas concernée pour l’instant, laisse les deux autres grandes puissances du continent paltoterran s’écharpper sans rien faire. D’autant plus lorsque c’est son rival qui est impliqué… Ensuite, c’est quand même l’Ouwalinda, une puissance en passe de devenir un état voyou et qui est soumis à un embargo, donc par certain que l’Afarée se prenne de compassion pour Ateh. » Rappela Bassé avant de dire ; « Mais malheureusement ce n’est pas tant ce qui va se passer entre le Kah et Sylva qui nous intéresse et qui nous alarme surtout, mais plutot ce que nous allons faire. Les sylvois veulent des garanties, pire encore, il veulent que nous nous mêlons de ces affaires là. » Puis le ministre s’assit et regarda droit dans les yeux son collègue avant de dire ; « Tu sais pertinemment que les paramètres à prendre en compte sont trop nombreux, et que ça va forcément attirer la Confédération. »

Il faisait bien entendu allusion aux rapprochements diplomatiques menés par l’Antérinie auprès des autres états de l’O.N.D, dans le but de rejoindre cette organisation. Et si Marcine venait à s’opposer de manière trop directe à Sylva, les représentants confédérés pourraient avoir des échanges pour le moins animés avec le Royaume, qui mets en péril toute une stratégie visant à redorer le blason antérinien. Mais, surtout, c’est la ligne diplomatique antérinienne qui en viendrait à être totalement bousculée, car l’Empire s’est toujours montré assez coulant avec les actions de chacun, tant que ses intérêts premiers (à savoir commerciaux) n’étaient pas en jeu, mais là c’est toute une route commerciale qui pourrait être bloquée pendant quelques jours ; « Les Onédiens sont impérialistes, et leurs interventions répétées au Hivistiland, ou du moins le sinistre état au nom imprononcable qui a rejoint le giron du Valkoienland, et ce sans l’accord de l’U.E.E. à laquelle appartenait cet état ! Qu’est ce qui les empêcherait de bloquer les ports marcinois si on refusait de les aider et qu’on bravait le blocus ? » pensa Bolila avant de faire « Et de Grace ne nous pardonnera jamais d’avoir mis en péril les relations entre l’Antérinie et l’O.N.D, d’autant plus que les relations entre Marcine et l’Antérinie vont probablement se tendre d’ici les prochains jours, si nous laissons un « vu » aux sylvois qui risqueront de mal le prendre… Surtout avec la formation d’une armée marcinoise indépendante de l’armée confédérale, qui n’a pas l’air de ravir le reste de la Confédération… » acquiesca le Premier Ministre.

- « Encore une fois, le pire sera au niveau politique, comment vont réagir les membres du P.P.A s’ils apprennent que nous avons céder, j’imagine bien les gros titres de l’Afaréen « Bolila s’incline devant l’ogre onédien et abandonne lachement ses alliés ouwalindais ! » ou encore « L’Ouwalinda livrée à elle même, l’Afarée trahie par le P.P.A et Bolila devenant la risée de toute la Confédération ! ». Enfin on ne peut abandonner ceux qui luttèrent héroïquement pour l’indépendance du Gondo, et comment peut on nous prétendre afaréen si nous laissons les autres imposer des sanctions à ceux qui se battent concrètement pour le continent, ce serait complètement contre productif et particulièrement stupide. Ensuite, un dictateur de plus de moins n’est pas une perte réellement problématique, au contraire d’ailleurs, lui se vendait dans la joie et la bonne humeur aux étrangers et aux clovaniens, alors sa mort devrait surtout être considérée comme une délivrance pour l’Afarée, donc non, on ne va certainement pas prendre de risques politiques pour un tel drôle, d’autant plus lorsque certains se mettent à bloquer des pays entiers pour se donner bonne conscience. C’est comme ça que je vois les choses, mais en revanche une chose est sûre, on ne peut répondre de manière évasive à cette missive, c’est avant tout une décision politique que nous prenons Aimé, alors je pense qu’il est nécessaire d’en référer à l’autre puissance parlementaire, c’est à dire le F.L.A. » répondit avec vigueur le ministre.

-  « Sages paroles… » fit son interlocuteur, « mais attends, c’est une plaisanterie ?! Ils regrettent vraiment la mort de ce fou furieux qu’était Idi Amar ?! Sérieusement ! On parle d’un dictateur qui réussit à s’attirer les foudres d’une organisation aleucienne en quelques jours seulement ! De plus, un dictateur ne peut être légitime à régner, enfin comment peut on considérer que la mort de cet homme qui mit en péril l’équilibre afaréen en provoquant délibérément un autre dirigeant beaucoup plus sanguin que les élites traditionnelles en lui envoyant un missile peut être vue comme une tragédie ! Et puis merde, pourquoi nous et pas les autres ? Enfin, jamais un état démocratique ne pourrait prendre de telles décisions pour la mort d’un dictateur psychopathe ! Bref, ces sylvois sont bien étrange, à prendre la défense du pédophile et du dictateur tout en oubliant la veuve et l’orphelin, enfin en laissant l’orphelin seul avec des pédophiles… » Ces paroles complètement décousues et particulièrement virulentes traduisaient assez bien l’embarras du Premier Ministre. Puis il appuya sur un microphone et demanda ; « Faites venir Madame Diallo, on a besoin d’elle ! ». Cette dernière entra et demanda comme une tournade en quelques secondes en signifiant qu’elle attendait ici depuis une vingtaine de minutes avant de se lancer dans un long, très long monologue.

JeanneDiallo,secrétaireduF.L.A

-  « Je sais pourquoi vous me faites venir, j’ai appris par l’ambassadeur ouwalindais les exactions commises par les sylvois, l’odieuse tentative de génocide commis par ce sinistre état de pédophiles en puissance ! Non mais, sérieusement ! Ils tentent d’affamer les camarades ouwalindais, et pourquoi ? Car ils ont euthanasié un chien ! Non mais sérieusement ! Mettre sous blocus tout un sous continent pour se donner bonne conscience et faire croire que l’on défends ainsi la démocratie en inversant les rôles ! Seigneur délivrez nous du mal et des sylvois surtout ! Bon, et bien maintenant il faut bien entendu prendre une décision, et là encore on ne peut se passer de moi. Donc je serais claire et précise, pas besoin de grands gestes et de grandes déclarations hypocrites, juste besoin du Kah. Vous voyez, cet état est fantastique, c’est en quelques sortes le bon génie (et comme tout génie il est anarchiste) de l’Humanité, un problème ; il le résout en quelques jours en proposant une solution équitable, et Marcine ne servira que de simple intermédiaire entre l’Ouwalinda, Sylva et l’Antegrad ! Vous voyez ? Non seulement nous évitons de nous mettre à dos la Confédération, nous montrons que nous sommes d’honnêtes afaréens, et en plus nous tachons de résoudre des conflits ! Si tout le monde était aussi intelligent que les anarchistes, le monde irait mieux. » fit pour débuter l’anarchiste aux costumes flamboyants.

«  Car voyez-vous, le principal problème dans tout ça est l’intervention sylvoise, qui n’est ni nécessaire, ni légitime, et je pense que le monde irait infiniment mieux sans ces raclures d’ONDistes, regardez, Idi Amar balance de manière injustifiée et injustifiable un missile sur l’Ouwalinda, dès lors, Ateh le brillant stratège envoit un missile afin de rappeler que la violence n’est pas une solution, d’autant plus lorsque l’Afarée n’apprécie que très moyennement les traîtres, et finalement le dictateur antegrain, qui a vécu comme un chien durant une grande partie de sa vie meurt à cause de ses propres décisions, ironique, n’est-ce pas ? Mais les sylvois, préférant s’engouffrer dans la mauvaise voie décidèrent de soutenir l’Antegrad et son dictateur ! Donc maintenant on se voit obligé d’intervenir pour approuver l’intervention sylvoise ou au contraire tenter de raisonner ces têtes de pioche ayant autant de morale que les sociaux traîtres. »

« Puis nous recourrons à l’aide kah tanaise, tout en aidant discrètement nos bons amis ouwalindais, quitte à mentir sur la marchandise, car si les sylvois ne sont pas chrétiens, ils maitrisent à minima les bases de la charité. Et je doute fortement qu’ils viennent imposer un blocus terrestre sur le sol d’un état membre de la ligue de Vecal, sous peine de s’attirer l’animosité de l’Antérinie et surtout de Velsna, donc en disant faire passer de l’aide humanitaire, nous fournissons tout ce dont a besoin l’État ouwalindais. Et bien entendu, le monde politique ne pourra nous critiquer car nous avons agi en honnêtes chrétiens et en bons afaréens ! Alors messieurs ? N’est ce pas un bon plan ? Et si ça venait à se savoir… » rajouta rapidement Jeanne en voyant le ministre des affaires étrangères émettre des doutes « Nous n’aurions qu’à nier et affirmer que des margoulins profitèrent de notre bonne volonté et de notre générosité pour commettre de terribles forfaits et se lancer dans la contrebande… »

-  « Et le Kah ? Qu’à t’il à voir là dedans ? » fit Bolila.

-  « Aaah ; que les hommes de droite sont sots… » fit simplement l’anarcho-royaliste « … voyez-vous, l’Ouwalinda refusera de traiter avec l’Antegrad et Sylva si nous sommes les seuls à les y encourager, mais en revanche si la sagesse kah tanaise les convainc à participer à la conférence (qui se déroulera probablement à Marcine car nous entretenons des relations cordiales avec et l’Antegrad et l’Ouwalinda) nous pourrions ainsi se placer comme les arbitres du sous continents qui tentent de mettre en place un monde pacifique entre les puissances régionales pour éviter que de tels évènements se reproduisent, certes le « Aimez-vous les uns les autres» christique sera probablement forcé par les grandes puissances, mais sera au moins mis en place. Et puis, le continent est vaste et nous passons pour des sauvages à chaque conférence, il serait temps de redorer le blason local. Et puis, la Confédération, trop heureuse de la réussite marcinoise, se montrera bien moins méfiante quand vous tenterez de ramener nos concitoyens à la raison en en appelant à la paix générale en Afarée. »

-  « Brillant exposé, Jeanne, tu peux être fière, car tu viens probablement de nous désembourber d’un pétrin pas possible. Espérons maintenant que les kah tanais se joindront à notre idée, et surtout réussissent à se montrer convainquant aux yeux des ouwalindais. » Fit le ministre des affaires étrangères.

-  « Mother anarchy loves all of her children… » répondit en souriant Jeanne, «… n’oubliez pas que nous sommes probablement les anarchistes préférés des Kah tanais sur le continent afaréen, d’abord car nous ne sommes pas des fous furieux que l’attentat à la bombe attire plus sûrement qu’un traité de politique, et ensuite car nous avons une doctrine pour le moins atypique… Et je sais de source sûre que Rai trouve nos costumes fantastiques. »

-  « Rai c’est pas le clown se promenant avec une crète plus haute que les plumes d’une huppe fasciée ? » Demanda Bolila tandis que Bassé approuvait lentement en hochant la tête.

- « Vous êtes intenables ! Quelques mois à Reaving vous feraient du bien à tout les deux ! » Répondit sur le ton de la blague Jeanne.

Image se rapprochant du palais du Premier Ministre Marcinois
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