07/02/2018
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Comprendre le Royaume de Teya - Textes sur la pensée teylaise

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La souveraineté est l'affaire de tous, une réponse à la lettre kartienne. - I
Réponse à cette lettre

Auteur : Michel Surfrais.
Date de Parution : 22/01/2018.
Catégorie : Géopolitique.
Lieu de Publication : Le Globe Diplomatique et Publication mensuelle de l'Université de Manticore.



« Qu'importe le lieu où est forgée l'unité, la sagesse de celle-ci réside dans sa capacité à venir du peuple et nul ne peut changer cela. »
Catherine III, première déclaration de Catherine III en tant que Souveraine du Royaume de Teyla, après le décès de son père.


Cher Fern Hossein,

En tant qu'intellectuel et penseur teylais, je vous remercie pour votre lettre, vos lettres et celles de vos collègues. À bien des égards, celles-ci offrent un cadre de réflexion pertinent sur le Royaume de Teyla. Les désaccords sont nombreux et même profonds, je dois bien l'avouer. Vos analyses, bien que critiques, soulèvent des questions essentielles sur la gouvernance, les alliances et la perception internationale, et je les accueille comme une invitation précieuse au dialogue et à la remise en question de tout système et de toutes pensées. L'humanité a avancé lorsqu'elle a su se remettre profondément en question. C'est un phénomène qu'on observe lorsqu'une nation perd une guerre. Souvent les historiens trouvant les causes de la défaite y voient un conservatisme du régime en place qui n'a pas su faire les bonnes réformes alors que le vainqueur a, lui, su faire preuve d'un certain progressisme. Mais l'observation ne s'arrête pas là. Lorsqu'un régime est défait, bien souvent, ce dernier se relève et entame les réformes militaires, économiques, etc. qui auraient dû faire depuis bien longtemps. C'est ainsi que la remise en question est une nécessité et que je vous remercie pour vos précieuses lettres et ouverture au dialogue.

Permettez-moi de commencer par un point essentiel dans votre réflexion. Malgré la pertinence de vos propos, ces derniers semblent souffrir d'un point que je suis obligé de soulever. Prenons le cas de la souveraineté nationale. Un élément d'importance depuis que l'État-nation est né en tant qu'entité politique, la souveraineté, bien toujours dans la tête des hommes, ne fut jamais au niveau de l'État. Ce phénomène est récent, entre deux cents ans et trois cents ans. Vous dites que l'Organisation des Nations Démocratiques serait asservie vis-à-vis de l'Organisation des Nations Démocratiques. À bien des égards, vous omettez, avec une naïveté touchante qui force presque le respect, les fondements mêmes de cette alliance. Tout comme vous présentez une particularité culturelle comme une opinion, une réalité qui arrive bien souvent et qui démontre un manque de compréhension, si ce n'est d'ouverture sur le monde.

La Souveraineté de l'État-nation est le fruit d'un débat constant au Royaume de Teyla, comme le démontrent les archives nationales. En effet, dès le début du nouveau régime, à savoir la monarchie constitutionnelle, les députés s'alertent sur la capacité du Royaume de Teyla à être réellement souverain. Les raisons vont d'un domaine à l'autre. Il est normal pour un pays qui sort de dix-huit ans de guerre civile de voir sa souveraineté remise en cause par les puissances étrangères. Ces débats sont aujourd'hui d'actualité au Royaume de Teyla. Ici les archives de l'Assemblée nationale le démontrent. L'esprit teylais n'est pas enfermé dans un prisme, il est ouvert aux différentes opinions. Lorsque Antoine Carbasier, alors Premier ministre de Sa Majesté, soumet au vote, et donc au débat, au Parlement les textes fondateurs de l'Organisation des Nations Démocratiques les opinions divergent au sein de la chambre basse et dépassent les postures politiques dans la chambre haute qui n'est pas organisée en groupe politique comme sa consœur. Cette pluralité s'explique par la nature même de notre souveraineté, qui n'est pas une entité figée mais un processus dynamique, constamment redéfini par le dialogue et le consensus démocratique, même face aux défis posés par nos adversaires sur la scène internationale.

La souveraineté d'une nation diffère des pratiques culturelles agissant dans les différentes contrées du monde. Il m'est apparu durant mes recherches que la souveraineté pour un Kartien dépendait avant tout de la force brute de la nation kartienne. Une vision du monde qui diverge du Royaume de Teyla. Toutefois, bien que je sois en désaccord avec la vision de la souveraineté teylaise, je ne présente pas la souveraineté teylaise comme la seule définition de la souveraineté qui a vocation à être véridique. Le ton de votre texte, en ce point, est problématique. Car si vous êtes en droit d'exprimer vos convictions, et même de les fonder sur une perspective culturelle qui vous est propre, vous semblez trop souvent ériger cette perspective en vérité universelle, manquant d'une certaine humilité face à la diversité des conceptions qui façonnent la gouvernance des nations. Cette tendance à universaliser votre propre vision, en dépit des spécificités historiques et politiques qui animent d'autres peuples, comme le nôtre, risque de miner la richesse du dialogue que vous appelez de vos vœux.

Présenter l'asservissement teylais envers l'entité onédienne sans remettre dans le contexte ladite création de l'Organisation ou encore les particularités culturelles du Royaume de Teyla est trompeur pour quiconque chercherait une compréhension approfondie des choix du peuple teylais et pourquoi ces choix ne sont pas vus comme un asservissement, mais au contraire comme un renforcement de la Souveraineté du Royaume de Teyla. Votre réflexion ignore complètement le contexte géopolitique dans lequel se trouvait le Royaume de Teyla à l'époque et ignore complètement que cette adhésion, plutôt création de l'Organisation, est bel et bien le fruit d'un débat démocratique, de débats publics et parlementaires qui se placent dans un environnement et un processus entièrement démocratique.

Il est essentiel, alors, de replacer quelques éléments de contexte importants. Tout d'abord, l'Organisation des Nations Démocratiques est née d'un processus lent, mais diplomatique. Le Royaume de Teyla avec la République Faravanienne, selon plusieurs sources politiques et diplomatiques et les rapports officiels et publics, ont discuté de l'intérêt de réunir des nations démocratiques et partageant les mêmes valeurs, face aux diverses menaces (j'y reviendrai) auxquelles faisaient face les nations démocratiques. Les deux nations mentionnées plus tôt se sont penchées sur des textes qui pourraient rassembler des nations, sans les imposer, cela va de soi. La conférence de Manticore qui a duré plusieurs semaines est l'aboutissement de ce processus où les textes, discutés au préalable avec l'ensemble des nations invitées. Si la Conférence de Manticore a duré aussi longtemps, c'est que les discussions sur le contenu des deux textes fondateurs, dont le traité de Manticore, ont continué durant cette conférence avec divers désaccords. Toutefois, un consensus a fini par se dégager et les textes ont pu être soumis au débat et à la ratification.

Toutefois, ma formulation est mauvaise. Le débat avait lieu avant, à bien des égards. N'oublions pas que les nations de cette organisation sont des nations démocratiques et que la presse est libre de se renseigner sur le contenu des textes, ce qu'elle n'a pas manqué de faire. Les dirigeants et diplomates faisaient des déclarations à la presse, presque chaque heure, finissant par assommer les journalistes à cause d'un manque de sommeil. De plus, c'est oublier que le Gouvernement Carbasier I n'avait qu'une majorité relative à l'Assemblée nationale et que donc la ratification a dû se faire sur la base d'un consensus. J'omettrai le fait que la culture de compromis à l'échelle locale au regard des modes de scrutin à la proportionnelle a toujours eu pour conséquence un dialogue constant entre le Gouvernement de Sa Majesté issu d'une majorité et les oppositions qu'elles soient majoritaires ou relatives dans l'hémicycle. L'ensemble du pays était pour la ratification des textes et les sondages récents montrent une légitimation plus forte de l'Organisation des Nations Démocratiques qui est perçue comme un moyen de s'assurer de la sécurisation de la Souveraineté teylaise.

Dorénavant, permettez-moi de revenir sur le contexte géopolitique de l'époque. En outre, le Royaume de Teyla faisait face à des menaces et une plus particulièrement inquiétante. Le Royaume de Teyla et les teylais n'oublient pas que la nation teylaise subissait des pressions de plus en plus fortes et hostiles de la part de la Loduarie Communiste. Entraînements à la frontière teylaise, sans avertissement au préalable, laissant le suspense quant aux intentions de la Loduarie Communiste qui aboutira sur l'assassinat, reconnu par les autorités loduariennes, de deux teylais sur le territoire Loduarien. En outre, la nation teylaise n'avait pas les moyens militaires, seule, pour assurer la défense de son territoire. Comme l'a toujours fait le Royaume de Teyla, divers sommets entre le Royaume de Teyla et la Loduarie Communiste ont été organisés, le Royaume de Teyla a toujours le chemin du dialogue avec la Lodaurie Communiste. Toutefois, il devait se prémunir si ce dialogue échouait. La population et les politiques en avaient conscience. C'est pourquoi, la création de l'Organisation des Nations Démocratiques n'est pas vue comme une perte de souveraineté mais comme une sauvegarde de la souveraineté teylaise.

L'Organisation est avant tout une alliance militaire et non une alliance économique. Le Royaume de Teyla est toujours souverain quant à l'utilisation de ses forces armées et personne ne peut décider de l'action de l'armée teylaise si cette personne n'émane pas du Gouvernement de Sa Majesté (Premier ministre, Ministre des Armées et de la Défense Nationale) ou encore de Sa Majesté Catherine III. Nos engagements au sein de l'Organisation des Nations Démocratiques sont cadrés par des textes et protocoles qui sont on ne peut plus clairs qui respectent la prérogative de chaque État membre sur ses forces armées. C'est une alliance et non une fusion de nations.

Cette première partie est longue, je reviendrai sur les autres éléments de votre lettre, cher Fern Hossein, prochainement.


Source(s) :
Lettre d'un des députés au Premier ministre de l'époque.
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La souveraineté est l'affaire de tous, une réponse à la lettre kartienne. - II
Réponse à cette lettre

Auteur : Michel Surfrais.
Date de Parution : 23/01/2018.
Catégorie : Géopolitique.
Lieu de Publication : Le Globe Diplomatique et Publication mensuelle de l'Université de Manticore.



« Qu'importe le lieu où est forgée l'unité, la sagesse de celle-ci réside dans sa capacité à venir du peuple et nul ne peut changer cela. »
Catherine III, première déclaration de Catherine III en tant que Souveraine du Royaume de Teyla, après le décès de son père.


Cher Fern Hossein,

Permettez-moi de revenir sur les éléments de votre lettre concernant le conflit en Eurysie Centrale. Ce conflit déchaîne les passions. J'ai vu dans beaucoup de publications des personnes tout à fait respectables, allant dans une direction sans voir la complexité du conflit qui a lieu en Eurysie Centrale, afin de confirmer les fantasmes ancrés au plus profond d'eux. Il est bien trop facile, et même tentant, de réduire des situations géopolitiques complexes à des schémas manichéens où les bons et les méchants sont clairement identifiables, où chaque action a une cause unique et une conséquence facilement observable. Les simplifications abusives, que je constate bien trop souvent avec mes collègues sur le conflit en Eurysie Centrale, éloignent les personnes des dynamiques à l'œuvre, mais aussi des causes ayant provoqué le conflit. Les questions que vous posez, bien que légitimes, souffrent de cette simplification du conflit et les questions que vous posez ne sont pas accompagnées d'éléments probants, la vérité des faits que vous tentez d'imposer, réduisant la qualité du débat et de la discussion.

Vous parlez des nations autoritaires et non démocratiques. Je dois l'avouer, je ne vois pas pourquoi votre lettre en fait référence. Le Royaume de Teyla, comme le démontre sa constitution et la réalité des pratiques du pouvoir, répond à un régime parlementaire avec une idéologie de démocratie libérale. Quant à l'Hotsaline, la seconde nation qui est mentionnée dans votre lettre, celle-ci répond aux mêmes principes, bien que je doute de l'adjectif libéral. Mais toutefois, l'Hotsaline répond aux principes d'une démocratie et reste un régime parlementaire. La présidence de l'Hotsaline est une présidence tournante, qui tourne toutes les années, ce qui empêche l'accaparement et une concentration des pouvoirs. Le régime est avant tout parlementaire avec de nombreux représentés et avec actuellement une coalition de divers partis au pouvoir. La nation Hotsalienne est bien plus démocratique de ce que pouvait être, à titre de comparaison, les précédents régimes de la nation kartienne avant sa récente guerre civile.

Vous vous trompez quant à la liberté d'action des régimes autoritaires. Ceux-ci ont peut-être une liberté d'action plus importante que les nations démocratiques (j'en doute), mais cette liberté n'est pas totale et elle est tout de même restreinte. En outre, les régimes qui concentrent les pouvoirs au sein d'un même et seul homme ou femme doivent respecter et écouter les diverses factions internes. Ainsi, les réformes étatiques engagées, le remplacement des proches des anciens dirigeants, n'est que très rarement brutal et total. Ces réformes et ces remplacements sont exercés sur le temps long afin de s'assurer de la loyauté des institutions clés, notamment l'armée et les services de renseignement, sans provoquer de rupture systémique brutale qui pourrait leur être fatale. Un dirigeant, aussi absolu soit-il dans sa fonction, qui ignorerait ces contre-pouvoirs officieux ou tenterait de briser les factions internes du jour au lendemain, signerait son propre arrêt de mort politique et au sens premier du terme "mort". Ainsi, les régimes dont vous faites l'analyse, qui se révèle fausse à mes yeux, à laquelle vous attachez une liberté d'action totale est un mythe qui doit se terminer pour la qualité du débat.

Dès lors que vous appliquez votre grille d'analyse et de lecture sur le conflit en Eurysie centrale, l'analyse que vous faites et les questions que vous posez ne sont pas les bonnes ou souffrent d'un manque cruel de vérité et d'un manque profond de réflexion. N'oublions pas que le conflit en Eurysie centrale n'est pas un conflit dans lequel un mal et un bien sont identifiables clairement. Il semble, à en écouter les divers observateurs géopolitiques de nationalités différentes, que les deux camps ont leurs propres torts et propre légitimité à engager les actions qu'ils engagent. Vos déclarations sonnent comme celle d'un ultra d'un club de football. Il est dommage que votre position ressemble à cela alors que le conflit en Eurysie centrale s'explique davantage par une grille de lecture de rapport de force ou de Realpolitik pour utiliser un anglicisme né d'un désaccord profond sur la légitimité du régime politique né d'un coup d'État des Communes-Unies de l'Altrech.

Cette lecture à travers un rapport de force en premier lieu, et non comme un combat idéologique, bien que je n'oublie pas que cette notion fait partie du conflit en Eurysie Centrale est pertinente si nous prenons en compte que le Royaume de Teyla avait la nécessité de répondre à l'activation de la clause de défense, afin de démontrer qu'il répondrait à toute activation de l'article du deuxième texte fondateur de l'Organisation des Nations Démocratiques. Pour les nations communalistes et communistes la réponse était nécessaire, face à une attaque contre les Communes-Unies d'Altrech, afin de démontrer que le bloc de l'Internationale Libertaire présente un contre-projet face au bloc de l'Organisation des Nations Démocratiques et l'Organisation des Nations Commerçantes. Pour que ce bloc puisse se constituer, il doit convaincre qu'il interviendrait pour protéger tout régime attaqué par une nation d'un des deux blocs libéraux.

C'est dans ce cadre précis que l'intervention de l'Hotsaline, loin d'être un acte gratuit d'agression unilatérale ou une manifestation d'un supposé régime "obscur", doit être comprise. Elle s'inscrit dans une logique de préemption face à ce qui était perçu comme une menace imminente pour la République d'Hotsaline suite à un coup d'État en Altrech et dont la guerre civile avait fait de nombreux morts et suicides. Les réactions du nouveau régime en Altrech ne pouvant pas être anticipées, les autorités politiques de l'Hotsaline ont voulu anticiper en réduisant les capacités de projection des Communes-Unies de l'Altrech, dont le coup d'État est très certainement soutenu par des régimes étrangers, comme le tend à démontrer la présence d'un groupe aéronaval Kah-tanais au moment du coup d'État. Dans ce contexte, et pour revenir à la question de la "liberté d'action" des régimes et à votre critique d'une prétendue "indignation à géométrie variable" de la part du Royaume de Teyla, il est impératif de replacer les faits dans le cadre que j'ai évoqué précédemment, celui d'un rapport de force.

Le déploiement de forces teylaises en Kresetchnie, cité dans votre lettre, vise, et je suis sincère en disant cela, au maintien de la paix et à la stabilité dans la région. Au regard des propos du ministre des Affaires Étrangères dans une Conférence, le Royaume de Teyla a émis des réserves quant aux actions de l'Hotsaline et la réponse teylaise n'a eu lieu, car précisément la réponse non proportionnelle, le non-avertissement de l'attaque de la Fédération des Peuples d'Estalie et de ses partenaires envers les forces teylaises, ce qui aurait aidé à la compréhension des intentions de la coalition autour de la Fédération des Peuples d'Estalie. La non-proportionnalité de l'attaque est un élément essentiel de la réflexion teylaise qui justifie son intervention. Cette non-proportionnalité, pourtant un élément d'importance à maîtriser, s'est traduite par une menace envers plusieurs nations de la région, menace à laquelle ne pouvait rester indifférent et passif le Royaume de Teyla et face à la dégradation évidente de la stabilité en Eurysie centrale, déjà bien affaiblie par divers évènements dont le coup d'État en Altrech.

En sortant de votre indignation bien trop sélective, la position du Royaume de Teyla, dans ce conflit, provient d'une analyse tout à fait pragmatique de la situation en Eurysie Centrale. Si des reproches sont à faire au Royaume de Teyla dans cette affaire et Dieu sait qu'il y en a je vous le concède cher Fern Hossein, ils ne sont pas à faire sur un dilemme moral entre le bien et le mal ni même sur la volonté de préserver la stabilité de l'Eurysie Centrale, mais bel et bien sur les conséquences de l'intervention teylaise elle-même. C'est ici que les questions pertinentes, en ne voulant pas imposer son récit à travers une analyse complètement fallacieuse, peuvent être posées envers tous les acteurs du conflit et y compris sur la non-participation de la nation kartienne au conflit. D'une phrase, j'estime que la non-participation de la nation kartienne au conflit remet en cause son statut de puissance régionale et remet en cause notamment sa crédibilité.

Nous pouvons, et devons, discuter de l'impact à long terme de nos actions (il est teylais, donc comprendre actions teylaises), des réactions en chaîne qu'elles ont pu provoquer, ou encore de l'efficacité de nos moyens mis en œuvre pour atteindre les objectifs de paix et de stabilité. Mais ces discussions doivent être menées avec la pleine reconnaissance que les motivations initiales étaient légitimes et ancrées dans une évaluation rationnelle de la situation et des engagements du Royaume y compris concernant la volonté de défendre, indirectement et sur le moyen terme, la République Impériale de Karty.

D'un point de vue plus cynique, votre propos ignore la réalité des États, et j'ose espérer qu'en tant que politicien de la nation kartienne, vous avez omis ce fait volontairement afin d'éviter de flirter avec le ridicule. Mais les États-nations ne sont pas des arbitres de la morale absolue sur la scène internationale. Les États sont bien entendu des entités qui répondent en fonction de leur intérêt et ceux de leurs alliés. C'est ce qu'a fait la République Impériale de Kart en refusant d'intervenir à la suite d'une demande teylaise, si j'en crois vos différentes lettres. Le Gouvernement kartien n'est pas opposé au conflit car la morale indiquait de s'y opposer, nous savons que les Kartiens n'ont de morale que lorsqu'elle va dans leur intérêt. Le Gouvernement kartien s'est refusé à intervenir dans le conflit car il pensait que le conflit allait entraîner le Royaume de Teyla vers les tréfonds, qu'il allait subir une défaite militaire en somme.

Votre missive sur ce point-là est parlante parce que vous affirmez : "Voyant que son intervention ne paiera, le Royaume de Teyla essaya en vain d'entraîner ses alliés dans sa chute." Permettez-moi de rectifier votre projection et qui semble à travers votre formulation, apparaître comme l'analyse du Gouvernement kartien à l'époque. Vous présentez ici votre propre analyse de la situation et votre propre projection des conséquences qu'aura le conflit en Eurysie centrale, comme étant la position officielle du Royaume de Teyla. C'est un tour rhétorique habile, mais qui ne me trompe point.

C'est précisément cette grille de lecture cynique et opportuniste que vous projetez sur le Royaume de Teyla, qui décrit mieux la logique de non-intervention de votre propre nation. En lisant votre lettre, il est flagrant que votre analyse politique semble souffrir d'une influence du Gouvernement kartien de l'époque. En n'intervenant pas auprès d'un de ses partenaires le plus fidèle, la République Impériale de Karty a agi non pas par inquiétude morale mais bel et bien par pur cynisme et à travers un calcul des plus opportunistes. Où la défaite militaire, étant selon les analyses du Gouvernement kartien une évidence, justifierait leur abstention. Une telle position envoie un message désastreux à l'ensemble des partenaires de la République Impériale de Karty et à l'ensemble des nations de la région.

En guise de conclusion, cher Fern Hossein, un conflit ne peut être résumé de manière simpliste et votre affirmation fausse sur la liberté d'action des régimes autoritaires, point de départ de votre réflexion et de votre questionnement, pose, sincèrement, la question de votre honnêteté intellectuelle. Vous semblez, à bien des égards, chercher à défendre la nation kartienne plutôt qu'émettre un avis objectif sur les actes de tous les acteurs dans le conflit qui se joue sous nos yeux en Eurysie centrale.
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