11/05/2017
16:17:45
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[Politique] - Manuel de l'harmonie sociétale - Comprendre nos institutions

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« La plus grande vérité ne réside pas dans le trône le plus haut, mais dans la voix la plus humble. »
– Ancien Proverbe de la baie des baleines.



Bienvenue dans l'espace dédié à l'âme de notre nation : ses institutions et organisations. Ici, vous ne trouverez pas de simples organigrammes, mais le reflet des principes qui guident notre peuple depuis le Grand Réveil (대각성 - Dae Gakseong ) et l'émergence du nouveau système. Le manuel de l'harmonie sociétale (화합 사회 매뉴얼 - Hwahap Sahoe Maenyueol) a été créé par l'assemblée des cercles pour offrir une compréhension claire de la manière dont notre liberté est garantie et comment l'harmonie est recherchée à chaque niveau de notre société.

Contrairement aux nations dirigées par des monarques ou des majorités silencieuses, le pouvoir à Gorae Man s'élève de la base, de chaque individu, de chaque quartier, de chaque métier. C'est une pyramide inversée, où les racines sont solides et le sommet ne fait que coordonner le flux vital qui monte d'en bas.

Ce sujet est votre guide pour naviguer dans notre structure unique. Il sera régulièrement enrichi et mis à jour pour refléter l'évolution constante de notre nation.


Préface : une nation née de l'Harmonie

Bien au-delà des horizons lointains de l'ouest, là où le grand continent de Nazum s'incline vers l'est et rencontre les flots, s'étend la nation de Gorae Man (고래 만 - Baie des Baleines). Notre territoire, une terre de contrastes magnifiques, s'étire sur quelque 48 972 kilomètres carrés, embrassant à la fois des côtes baignées de soleil, des vallées fertiles irriguées par de nombreux fleuves et des montagnes majestueuses qui touchent les nuages. Au cœur de cette diversité géographique bat le pouls de notre mégalopole, dont Haesim (해심 - Cœur de la Baie) est la capitale, un joyau abritant 25 millions de nos 45 millions d'habitants. Le reste de notre peuple, 20 millions d'âmes, vit dans l'équilibre des campagnes, des montagnes et des côtes, cultivant la terre et pêchant dans les eaux qui nous ont nourris depuis des millénaires.

Notre histoire est celle d'une quête perpétuelle d'harmonie. Jadis, nous étions divisés : le royaume de Haesim s'étendait le long de la baie, défié par les fiers clans des montagnes et les audacieux pirates de la côte. Une longue et sanglante histoire de conflits fut finalement apaisée par la ruse et le sacrifice d'une princesse légendaire, Min So-yeon, qui, par son esprit et son ultime acte, unit les cœurs et les terres sous la bannière de Gorae Man.

Après des siècles d'une prospérité nouvelle, un désenchantement profond s'abattit sur notre démocratie classique. La confiance s'éroda, les cœurs se fermèrent, et la grande abstinence lors des élections laissa un vide que personne n'osa remplir. Ce fut le Grand Réveil, une période de silence où l'état vacilla, mais où la résilience du peuple s'exprima. Des initiatives locales, des solidarités inattendues, des responsabilités assumées par les communautés et les entreprises firent renaître l'espoir. De cette crise est né notre système unique : une démocratie délibérative et participative, organisée en cercles, où la voix de chacun compte.

Nos Symboles Nationaux

Notre devise nationale : 덕이 이끌고, 자유 가 영감 을 주네 (Deogi Ikkeulgo, Jayuga Yeonggameul June) - La Vertu Guide, la Liberté Inspire.
Cette maxime reflète notre conviction profonde que la moralité et l'éthique doivent être les phares de toute action, individuelle ou collective, tandis que la liberté est la force créatrice qui nourrit l'innovation et le progrès de notre société.

Notre Monnaie : 조개 물결 (Jogae ou Jog) – le coquillage
Bien avant l'ère du métal et du papier, les premiers habitants de la Baie des Baleines utilisaient les coquillages les plus rares et les plus fins comme moyen d'échange. Le "Jog" est un hommage à cette tradition séculaire. Aujourd'hui, bien que notre monnaie soit numérique et métallique, elle porte ce nom pour rappeler nos origines et l'importance du commerce équitable, guidé par les mêmes principes d'honnêteté et de respect que les anciens échanges de coquillages.

Notre drapeau national :
drapeau
Le drapeau de Gorae Man est une toile simple mais profonde. Sur un fond d'un blanc immaculé, symbole de paix, de pureté et de la nouvelle ère de notre nation, s'étendent trois bandes horizontales d'un bleu profond. Ces bandes convergent harmonieusement vers un cercle central du même bleu. Au cœur de ce cercle, une queue de baleine plonge gracieusement dans l'eau, évoquant la faune majestueuse de notre baie et l'héritage maritime de notre peuple.
  • Le fond blanc : représente la paix retrouvée après des siècles de conflit.
  • Les trois bandes bleues convergentes : symbolisent les trois grandes factions historiques – le royaume de Haesim (la mer), les montagnards (la terre) et les pirates (les flots rebelles) – qui ont fini par converger vers une unité harmonieuse. Elles représentent également les trois piliers de notre société : le passé, le présent et le futur, ou la terre, la mer et le ciel. Leur mouvement vers le centre évoque l'idée de convergence et de consensus.
  • Le cercle bleu central : incarnation de l'unité, de l'harmonie parfaite et du principe des "cercles" qui forment notre système politique. C'est le point de rencontre de toutes les diversités.
  • La queue de baleine plongeante : un hommage à notre Baie des Baleines, berceau de notre civilisation. La baleine est un symbole de sagesse, de puissance. Sa queue plongeante représente la capacité de notre nation à s'enraciner dans ses profondeurs historiques tout en embrassant le progrès et l'avenir. Elle est aussi un clin d'œil à l'idée que le pouvoir, comme la baleine, émerge des profondeurs.

  • Notre hymne national : 파도와 산의 노래 (Padowa Sanui Norae) - le chant des vagues et des montagnes
    Ses paroles racontent l'histoire de notre terre, de la sagesse des ancêtres, du sacrifice de So-yeon, et de l'harmonie retrouvée entre le peuple, la mer et la montagne. Sa mélodie, à la fois majestueuse et sereine, évoque la force tranquille de notre nation et sa résilience.


    Sommaire

    Constitution de Gorae Man
    Structure des cercles
    Principe du consensus
    Bureau du médiateur
    La représentation nationale
    La sécurité
    Le système éducatif
    « La loi n'est pas un joug, mais la forme que prend notre liberté pour que chacun puisse s'épanouir en harmonie. Elle est le jardin clôturé où poussent nos vertus. »
    – Scribe Jeong Hyeon, XIVème siècle.



    Les Écrits Fondateurs (기초 문서 - Gicho Munseo) sont le socle même de la nation, forgés dans la sagesse collective après le Grand Réveil. Ces principes ne sont pas des règles imposées d'en haut, mais l'expression de la volonté du peuple, une charte qui garantit la liberté et guide la quête d'harmonie. La Constitution de Gorae Man est un texte concis, délibéré et constamment réaffirmé par l'assemblée des cercles. Elle n'est pas une relique immuable, mais un guide susceptible d'évoluer par un consensus profond, reflétant la maturité et les besoins du peuple gorémanien. Elle incarne une promesse collective : celle d'une gouvernance juste, transparente et au service de chaque vie.


    Constitution de Gorae Man

    Préambule
    Nous, citoyens de Gorae Man, réunis en cercles libres et conscients, affirmons notre volonté de vivre dans l’harmonie, la justice, la liberté et la paix. Nous nous dotons de cette Constitution comme fondement vivant de notre communauté. Qu’elle soit le reflet de notre engagement collectif à construire une nation où la dignité humaine, la sagesse partagée et la beauté du monde sont honorées et protégées.

    Section 1 : Principes fondateurs

    Article 1 – Souveraineté collective
    La souveraineté réside dans le peuple de Gorae Man, exprimée à travers ses cercles communautaires et assemblées. Toute autorité publique émane de cette souveraineté partagée, exercée selon les principes d’harmonie, de responsabilité et de respect mutuel.

    Article 2 – L’harmonie comme guide
    La recherche de l’harmonie est le principe directeur de toute action individuelle et collective. Elle guide nos lois, nos décisions, nos jugements et nos relations, tant à l’intérieur de la nation qu’à l’extérieur. L’harmonie ne saurait être utilisée pour restreindre arbitrairement les libertés fondamentales, mais elle appelle à l’équilibre et au dialogue.

    Article 3 – Les libertés fondamentales
    Chaque citoyen de Gorae Man jouit de la liberté d’expression, de conscience, d’association et de mouvement. Ces libertés s’exercent dans le respect de la dignité humaine, de la liberté d’autrui et de la paix sociale. Nul ne peut être restreint dans ses droits que selon la loi et dans le respect de l’équité.

    Article 4 – Participation démocratique et délibérative
    La participation active à la vie publique, à travers les assemblées et les cercles thématiques ou territoriaux, est un droit et un devoir. Le consensus est la voie préférée de la décision. En l’absence d’accord unanime, un vote qualifié peut être tenu selon les modalités définies par l’assemblée des cercles.

    Article 5 – Transparence et droit à l’information
    Les actes des institutions et de leurs représentants sont publics et soumis à la transparence. L’information est un bien commun et son accès garantit la confiance, le contrôle citoyen et la responsabilité.

    Article 6 – Citoyenneté et filiation
    La citoyenneté est transmise par filiation (hyeoltong) pour toute personne née de deux parents citoyens gorémaniens. L’intégration de nouveaux citoyens est possible pour toute personne né d'un seul parent gorémanien, manifestant un engagement durable et sincère envers les valeurs de Gorae Man. L’assemblée des cercles définit les voies d’intégration ouvertes et équitables.

    Article 7 – Justice équitable et réparatrice
    Toute personne a droit à un procès équitable, public, impartial. La justice vise la restauration de l’harmonie, la réhabilitation de l’individu et la réparation du tort causé. Elle privilégie l’éducation, la médiation et la transformation.

    Article 8 – Voies de recours et de médiation
    Tout citoyen dispose du droit d’appel contre les décisions judiciaires et peut saisir le bureau du médiateur, instance indépendante de conciliation et d’alerte éthique, pour toute injustice perçue ou atteinte à ses droits.

    Article 9 – Devoir générationnel
    La protection des ressources est un devoir fondamental. Toute activité doit anticiper les besoins des générations futures.

    Article 10 – Évolution de la Constitution
    La présente Constitution peut être amendée par un consensus qualifié de l’assemblée des cercles, garantissant sa capacité d’adaptation face aux défis du temps, sans trahir ses fondements.

    Section 2 : Principes juridiques fondamentaux

    Article 11 – Justice transformatrice
    La peine de mort est abolie. La justice pénale privilégie la réhabilitation, l’écoute et la reconstruction du lien social. Les peines privatives de liberté sont accompagnées de programmes de transformation intérieure et de réinsertion.

    Article 12 – Exil
    Dans les cas extrêmes, où un individu menace de manière persistante et grave l’harmonie publique, la justice peut, après un processus judiciaire rigoureux, prononcer une peine d’exil (추방 – Chubang). Cette mesure ne peut être décidée qu’à l'unanimité.

    Article 13 – Éveil civique progressif
    La majorité civile, sexuelle et pénale est fixée à 18 ans. Les jeunes dès 16 ans peuvent participer aux assemblées avec voix consultative, afin d’apprendre par l’expérience les principes de la vie civique.

    Article 14 – Liberté de croyance et diversité spirituelle
    Chacun est libre de croire, de ne pas croire, ou de pratiquer la tradition spirituelle de son choix. Aucune religion d’État n’est reconnue.

    Article 15 – Droit à la dissidence et à la grève
    La grève est reconnue comme ultime voie de protestation, précédée obligatoirement d’une médiation par le bureau du médiateur. La dissidence est un droit, exercé dans la paix et dans le respect de la collectivité.

    Article 16 – Éthique des mœurs et protection de la dignité
    La loi n’impose pas de conduite morale unique. Les communautés locales définissent leurs normes éthiques, dans le respect des droits humains. La discrimination fondée sur le genre, l’orientation, l’origine ou toute différence est proscrite.

    Article 17 – Propriété et responsabilité collective
    La propriété privée est reconnue, mais les ressources vitales sont des biens communs régis par l’éthique. Toute activité humaine ou économique doit contribuer à l’équilibre du pays.

    Définitions institutionnelles

  • Cercle : groupe de citoyens réunis par quartier, profession, thème, chargé de la délibération et de la proposition législative.
  • Assemblée des cercles : organe délibératif national, composé de délégués des cercles, exerçant le pouvoir législatif et le contrôle des institutions.
  • Bureau du médiateur : organe indépendant chargé de la médiation, de l’éthique publique, de l’écoute des plaintes citoyennes.
  • Portée juridique : La Constitution est directement invocable par tout citoyen devant une juridiction de Gorae Man, et supérieure à tout autre texte légal.
  • « Le pouvoir ne doit pas s'élever comme un pic solitaire, mais s'étendre comme la nappe d'eau qui abreuve toutes les terres. »
    – Doyenne Song Hye-rim, organisatrice de la première assemblée de quartier lors de la grande stase.


    organigramme


    Si la géographie de Gorae Man a sculpté nos terres et nos âmes, notre système de gouvernance, fondé sur les cercles, a façonné la manière dont nous vivons et décidons ensemble. Né des cendres de la Grande Stase, cette structure n'est pas qu'une simple organisation politique ; c'est la manifestation concrète de notre quête d'harmonie, une réponse profonde aux échecs des pouvoirs centralisés du passé. La doyenne Song Hye-rim, résistante pacifique de l'époque, l'avait pressenti : la véritable souveraineté ne réside pas au sommet d'une pyramide de pouvoir, mais s'épanouit à sa base, là où chaque voix compte et où chaque citoyen est un acteur du destin commun.

    Dans Gorae Man, le pouvoir n'est pas délégué à une élite ou concentré en un seul point. Il diffuse, se coordonne et se délibère à travers un réseau complexe et organique de cercles de représentation. Chaque citoyen appartient simultanément à plusieurs de ces cercles – selon son lieu de vie, sa profession, sa génération – faisant de la participation directe non pas un devoir lointain, mais une composante naturelle et intrinsèque de la vie quotidienne. Ce chapitre se propose d'éclairer le fonctionnement de notre gouvernance par cercles, le système qui a permis au peuple de Gorae Man de reprendre les rênes de son destin. Loin des structures rigides des époques révolues, notre modèle est un réseau vivant et respirant, où chaque citoyen est non seulement un électeur, mais un acteur direct et engagé des décisions qui façonnent notre quotidien. Nous verrons comment, de l'échelle du quartier à celle de la nation, et du domaine professionnel au générationnel, la voix de chacun est recueillie, débattue et harmonisée, transformant le consensus en la véritable force motrice de notre société.


    La gouvernance par cercles de Gorae Man

    Principes Fondateurs

  • Chaque citoyen est acteur du politique, non spectateur.
  • La souveraineté réside dans les cercles de base, non dans une élite dirigeante.
  • Le pouvoir se diffuse, se coordonne et se délibère, plutôt que se concentre et s’impose.
  • Chaque citoyen appartient simultanément à plusieurs cercles de représentation, selon son lieu de vie, sa profession, sa génération, etc.
  • L'harmonie et la liberté responsable guident chaque délibération et la recherche du consensus.

  • Structure des cercles

    La pyramide inversée de Gorae Man s'organise autour de plusieurs axes de cercles, chacun représentant une dimension fondamentale de la vie citoyenne. Ces niveaux convergent vers l'assemblée des cercles, garantissant que la voix de la base est le moteur de toute décision.

    1. Échelon territorial (지역 원형 - Jiyok Wonhyeong)

    Cet axe représente la voix des communautés géographiques, du plus petit regroupement local aux structures nationales. Il distingue l’urbain et le rural, tout en assurant une convergence au sommet.

    Voie Urbaine :
    Quartier (동네 - Dongne) --> District (구역 - Guyok) --> Ville (도시 - Dosi) --> Mégalopole (거대 도시 - Geodae Dosi) --> Nation (국가 - Gukga)

    Voie Rurale :
    Village (마을 - Maeul) --> Canton (면 - Myeon) --> Province (도 - Do) --> Nation (국가 - Gukga)

    Chaque niveau délibère de ses propres affaires localement. Il désigne ensuite un ou plusieurs coordinateurs (조정자 - Jojeongja) pour siéger au niveau immédiatement supérieur, leur mandat étant la coordination et non le commandement.

    2. Échelon professionnel (직업 원형 - Jigeop Wonhyeong)

    Cet axe représente le monde actif dans toutes ses formes, assurant que les réalités du monde du travail sont pleinement intégrées dans la gouvernance.

    Entreprise (privé) / Établissement (public) (기업 / 기관 - Gieop / Gigan) --> Syndicat professionnel (직업 조합 - Jigeop Johap) --> Secteur d'activité (분야 - Bunya)

    exemple :
    Hôtel Seuta (entreprise privée) → Syndicat des salariés de l'hôtellerie → Secteur Tourisme.

    Chaque secteur désigne ses coordinateurs, choisis par consentement parmi ceux reconnus pour leur expérience et leur légitimité par leurs pairs. Une même entreprise ou établissement public peut, en son sein, regrouper plusieurs syndicats, qui se retrouveront, au niveau supérieur, dans le même secteur d'activité.

    exemple :
    Hôpital de Haesim (établissement public) → Syndicat des infirmiers / Syndicat des médecins / Syndicat des cadres de l'administration publique → Secteur Santé.

    3. Cercles libéraux et culturels (자유 전문직 및 문화 원형 - Jayu Jeonmunjik mit Munhwa Wonhyeong)

    Ces professions, souvent dotées d’une autonomie organisationnelle spécifique, ont leurs propres structures de délibération.

    Groupe ou Association (도고 - dogo / 조합 johap) --> Secteur d’activité (분야 - Bunya)

    exemples :
    Ordre des avocats, associations d'artisans ou d'artistes, etc.

    4. Échelon générationnel (세대 원형 - Sedae Wonhyeong)

    Afin d’inclure la voix des âges dans la délibération collective et d'assurer une perspective à long terme, cet échelon est dédié aux différentes générations.

    Établissements scolaires (학교 - Hakgyo) --> Organisations étudiantes (학생 단체 - Haksaeng Danche) --> Cercle de jeunesse (청소년 원형 - Cheongsonyeon Wonhyeong)

    Cercles locaux d’aînés (지역 노인 원형 - Jiyok Noin Wonhyeong) --> Assemblée des Sages (현자 의회 - Hyeonja Uihoe)

    L'un des fondements de la Constitution du Gorae Man est de travailler dans l'intérêt des générations futures. Il est donc primordial de pouvoir leur donner la parole. De même, les ainés disposent souvent d'une expérience de vie qu'il est sage de ne pas mettre de côté. Ces groupes peuvent disposer d'un rôle consultatif renforcé et d'un droit de saisine direct des autres cercles pour des questions transversales.

    5. Cercles divers (기타 원형 - Gita Wonhyeong)

    Ce volet regroupe les cercles non couverts par les axes précédents mais jouant un rôle reconnu par la société, généralement issus du milieu associatif.

    exemples :
    Cercle des consommateurs (소비자 원형 - Sobija Wonhyeong), Cercle des usagers du service public (공공 서비스 이용자 원형 - Gonggong Seobiseu Yongja Wonhyeong), etc.

    Fonctionnement

    Au-delà de leur structure, les cercles de Gorae Man se distinguent par un fonctionnement axé sur la recherche du consensus et l'alignement mutuel.

  • Chaque cercle délibère de ses affaires propres, identifiant les besoins et forgeant des propositions.
  • Il désigne un coordinateur (조정자 - Jojeongja) pour porter la voix du cercle au niveau supérieur, garantissant la fidélité de la proposition de la base.
  • Les coordinateurs de niveaux similaires se retrouvent dans des assemblées de coordination (조정 회의 - Jojeong Hoeui) (ville, région, nation...).
  • Ces assemblées n’imposent pas de décisions. Leur rôle est de faciliter le dialogue, de trouver un terrain d'entente et de chercher le consensus et l'alignement entre les différentes voix des cercles qu'elles représentent.
  • Au sommet de la pyramide inversée, l'assemblée des cercles (원형 의회 - Wonhyeong Uihoe) regroupe les coordinateurs des plus grands axes (territoriaux, professionnels, etc.), synthétisant les aspirations nationales en politiques cohérentes.

  • Exemple concret

    Pour illustrer le fonctionnement quotidien de ce système, prenons l'exemple de Ha-yoon (하윤), 45 ans, boulanger vivant dans un quartier (동네 - Dongne) de Haesim. Ha-yoon appartient simultanément à plusieurs cercles :

  • Au cercle de son quartier (동네 원형 - Dongne Wonhyeong) (urbain), où il délibère des améliorations locales (par exemple, un nouveau parc ou la gestion des déchets).
  • Au cercle des boulangers (빵집 원형 - Ppangjip Wonhyeong), qui fait partie du Secteur de l’agro-alimentaire (식품 산업 분야 - Sikpum Saneop Bunya), où il discute des normes de qualité du pain ou des conditions de travail.
  • Au cercle des consommateurs (소비자 원형 - Sobija Wonhyeong), où il exprime son avis sur la qualité des produits ou les politiques commerciales.

  • Il peut participer activement dans chacun de ces cercles, selon ses disponibilités, son intérêt, ou la pertinence du débat. Son pouvoir n’est pas délégué à un parti politique, il s’exerce directement et concrètement à travers sa participation à ces diverses instances de décision et de consensus.
    « L'harmonie n'est pas le silence, mais le chœur de toutes les voix qui s'accordent enfin. »
    – Maître Hyeon, philosophe du XXIème siècle




    Le principe du consensus dans la politique de Gorae Man

    Le consensus est le cœur du système politique de Gorae Man et la manifestation la plus directe de sa philosophie de l'harmonie. Loin d'être une simple méthode de vote, c'est un processus fondamental de prise de décision qui imprègne toutes les sphères de la gouvernance, depuis les cercles locaux jusqu'à l'assemblée des cercles.

    Voici les points clés de ce principe :

    1. Recherche d'un accord général, non d'une majorité
    Contrairement aux démocraties majoritaires où 50% + 1 voix suffisent et s'imposent à 49%, le consensus à Gorae Man vise à obtenir un accord large et profond, voire l'unanimité (100%), sur une décision. Il ne s'agit pas d'un simple compromis, mais d'une solution où chaque voix est entendue et où les préoccupations de chacun sont intégrées au maximum. L'objectif est d'éviter d'avoir des "perdants" ou des minorités significatives qui se sentent ignorées ou opprimées, ce qui pourrait briser l'harmonie sociale.

    2. Processus délibératif
    Le consensus est atteint par une délibération approfondie et respectueuse. Les discussions au sein des Cercles sont longues et détaillées, permettant à chaque membre d'exprimer son point de vue, de poser des questions, d'écouter les arguments d'autrui et de modifier sa position si nécessaire. Les coordinateurs jouent un rôle essentiel dans ce processus, agissant comme des facilitateurs et des synthétiseurs, s'assurant que toutes les perspectives sont prises en compte et que le dialogue reste constructif.

    3. Responsabilité ascendante
    Les décisions sont prises à la base, au sein des cercles les plus proches des citoyens (géographiques, professionnels, générationnels). Une fois le consensus atteint à ce niveau, la proposition est transmise aux cercles de niveau supérieur, où elle est à nouveau délibérée et consolidée avec d'autres consensus locaux. Ce processus ascendant garantit que les décisions nationales sont le reflet fidèle des aspirations et des accords obtenus à l'échelle des communautés.

    4. Désignation des dirigeants
    Les représentants, y compris ceux de l'assemblée des cercles, ne sont pas élus au sens classique. Ils sont désignés par un processus de consensus. Cela signifie que les membres du cercle évaluent les candidats sur des critères de sagesse, d'expertise, d'intégrité et de capacité à synthétiser les opinions, jusqu'à ce qu'un accord général se dégage sur la personne la plus apte à représenter et à guider le cercle. Ce n'est pas une compétition, mais une reconnaissance collective des qualités d'un individu à servir l'harmonie.

    5. Rejet du partisanisme et de la confrontation
    L'absence de partis politiques à Gorae Man est une conséquence directe de ce principe de consensus. Les partis, par leur nature compétitive et polarisante, seraient perçus comme des obstacles à la recherche d'un accord général et comme des sources de division. La vie politique se concentre donc sur la collaboration et la recherche de solutions partagées, plutôt que sur la confrontation idéologique ou les jeux de pouvoir partisans.

    6. Mécanismes pour éviter le blocage
    Pour garantir l'efficacité de la gouvernance tout en préservant le principe de l'harmonie, Gorae Man a développé des mécanismes progressifs pour résoudre les situations de blocage dans la recherche du consensus :

  • Recherche du consensus total (100% des voix) : la première et principale étape est toujours la recherche active et prolongée d'un consensus de 100% des voix du cercle. Cela implique des discussions continues, des ajustements de propositions, et une médiation interne au cercle pour lever toutes les objections et intégrer tous les points de vue.
  • Consensus pondéré (90% des voix en cas de blocage initial) : si, après une délibération exhaustive, un consensus de 100% des voix s'avère impossible en raison de divergences irréductibles de quelques individus, un consensus pondéré de 90% est alors recherché. Cela signifie que la décision peut être adoptée si une très large majorité (90% des membres du cercle) est en accord, tout en s'assurant que les préoccupations des 10% restants ont été pleinement entendues et, si possible, atténuées.
  • Intervention du bureau du médiateur en cas de blocage prolongé : si un blocage persiste même au-delà du seuil de 90% des voix, et si les arguments du blocage ne sont pas résolus par la délibération prolongée, la question est soumise au bureau du médiateur (instance indépendante de conciliation et d'alerte éthique). Le rôle du Bureau est de :
    • Vérifier la justification : examiner si les arguments du blocage sont véritablement justifiés par la recherche du bien commun et la préservation de l'harmonie.
    • Écarter les intérêts personnels : déterminer si le blocage n'est pas motivé par un intérêt personnel égoïste, un conflit d'intérêt, une volonté de nuire à la collectivité, ou une opposition systématique et non constructive.
    • Recommandation ou décision : Le bureau du médiateur peut proposer une solution médiatisée ou, dans les cas extrêmes et après une enquête approfondie, autoriser la poursuite du processus malgré la persistance d'une opposition marginale et jugée non fondée. Ce mécanisme garantit que la recherche du consensus ne soit pas détournée à des fins obstructionnistes.

    En somme, le consensus à Gorae Man est plus qu'une technique de gouvernance ; c'est une valeur cardinale qui façonne la participation citoyenne, la prise de décision, la désignation des leaders et la résilience des institutions, garantissant une société où la cohésion prime sur la division.
    « Celui qui ne prend pas parti est souvent vu comme un lâche. Mais dans notre nation, celui qui écoute les deux rives est celui qui bâtit les ponts. »
    – Seo Yeon-ah, directrice du bureau du médiateur




    Fonction, fondement et héritage

    Le Bureau du Médiateur (화해국 – Hwahae-guk) est l’une des institutions les plus singulières du Gorae Man, à la croisée de la philosophie, de la politique et de la justice. Il ne statue pas, ne gouverne pas, ne commande pas : il relie. Fondé sur les principes de la Philosophie de l’Harmonie, le bureau n’est pas seulement un organe d’arbitrage ; il est le garant de la paix intérieure, de la fluidité du consensus, et de la réparation morale entre les individus et les cercles.

    Son origine remonte à l’époque des premiers Hwagan (화관), les disciples errants des écoles de Go Sa-jin, reconnus pour leur sagesse et leur sens de la mesure. Ces érudits, souvent solitaires et itinérants, parcouraient les villes et villages pour aider à résoudre les conflits, conseiller les gouvernants, ou soutenir un citoyen confronté à une injustice. Progressivement, leurs services furent structurés, institutionnalisés, sans jamais renier leur autonomie d’esprit.

    Missions principales

    Le Bureau du Médiateur peut être saisi par toute partie prenante – citoyen, cercle, organisation professionnelle, entreprise, institution publique – et peut intervenir à tous les échelons de la société

    • Dans les conflits internes à un cercle : lorsque la recherche du consensus est bloquée malgré les processus ordinaires de discussion.
    • Dans les conflits entre cercles : qu’ils soient territoriaux (par exemple, entre deux quartiers ou régions), sectoriels (entre professions), ou générationnels.
    • En médiation judiciaire : lorsqu’un citoyen estime qu’une décision judiciaire a été rendue de manière injuste, il peut saisir le Bureau. Celui-ci analyse le dossier, non pour rejuger l’affaire, mais pour en vérifier la justice morale et contextuelle, et peut proposer une voie alternative de réparation.
    • Dans les conflits civils ou commerciaux : litiges entre particuliers, entre entreprises, ou entre les deux, sur la base contractuelle ou relationnelle.
    • En cas de désaccords éthiques ou de dissidences : le bureau peut jouer un rôle de médiateur entre des revendications et les autorités.
    • En veille éthique institutionnelle : le Bureau peut émettre des recommandations si une pratique publique ou privée menace la cohésion ou l’harmonie de la collectivité.

    Son objectif n’est jamais de condamner ni d’imposer, mais de faire émerger une solution mutuellement acceptable. Dans les cas les plus complexes, il peut aller jusqu’à recommander un accord réparateur ou proposer un arbitrage final, sans jamais enfreindre la liberté des parties.

    Mode de saisine

    La saisine du Bureau est volontaire, non hiérarchique. Elle peut être initiée :

    • Par un citoyen seul ou un groupe de citoyens.
    • Par un cercle ou un coordinateur.
    • Par une instance judiciaire ou un service public.
    • Par une entreprise ou une organisation privée.

    Le Bureau dispose d’antennes locales dans chaque grande ville ou canton, et d’une instance nationale pour les affaires majeures ou systémiques.

    Le rôle dans le processus de consensus

    L’un des rôles les plus visibles du Bureau est son intervention en cas de blocage du consensus, dans les cercles comme dans les assemblées supérieures. En effet, il peut :

    • Examiner la nature du blocage et vérifier s’il repose sur des arguments sincères, légitimes, ou sur un intérêt personnel.
    • Proposer une synthèse nouvelle ou un ajustement de proposition.
    • Écarter une objection jugée obstructionniste ou incompatible avec l’harmonie collective.
    • Recommander la poursuite du processus si le blocage n’est pas fondé.

    Indépendance et direction

    Le Bureau du Médiateur est un organe indépendant. Il ne dépend d’aucun ministère ni d’aucune assemblée, bien qu’il puisse coopérer avec toutes. Son autorité repose sur la confiance qu’inspire sa neutralité, la sagesse de ses membres, et la reconnaissance de ses conclusions comme légitimes.

    À sa tête se trouve aujourd’hui Seo Yeon-ah (서연아), ancienne Hwagan réputée pour sa droiture, sa capacité d’écoute et son absence totale de parti-pris. Elle a longtemps œuvré dans les régions reculées du sud avant d’être choisie à l’unanimité par l’assemblée des Hwagan pour présider le bureau national.
    « Un arbre ne pousse pas en ligne droite. Il plie au vent, suit la lumière, cherche l’eau. Ainsi doit être la règle : souple, vivante, fidèle à ce qu’elle sert. »
    – No Jun-wu, philosophe de la grande stase




    Au Gorae Man, l'organisation politique repose moins sur l’autorité déléguée que sur la responsabilité partagée. Loin des modèles de pouvoir centralisé ou de compétition électorale, les fonctions politiques s’inscrivent dans une logique d’harmonie collective et de coopération. La représentation n’est pas un privilège, mais un service. L’exercice d’une fonction publique n’est pas une carrière, mais une tâche désignée à un moment donné par les pairs, selon un processus de reconnaissance fondé sur la confiance, l’expérience et la vertu.

    Ce chapitre vise à clarifier les modalités qui régissent les mandats et fonctions au sein du système sociopolitique des cercles, ainsi que les outils à la disposition des citoyens pour garantir que cette organisation reste fidèle à ses fondements : le respect mutuel, la transparence, la justesse et la recherche constante de l’équilibre.

    À travers la figure du représentant, du coordinateur ou encore des dispositifs citoyens de contrôle, le Gorae Man incarne une démocratie de l’engagement, où nul n’est au-dessus des autres, et où toute voix peut devenir un repère si elle sait écouter autant qu’elle parle.


    Les représentants : serviteurs de la parole collective

    Les représentants au Gorae Man ne sont ni élus au sens concurrentiel, ni nommés par autorité supérieure. Ils sont désignés par leurs cercles — qu’ils soient territoriaux, professionnels, générationnels ou symboliques — selon un processus de consensus. Cette désignation ne repose pas sur un vote majoritaire, mais sur une recherche d’accord partagé, parfois longue, visant à reconnaître la personne la plus à même d’exprimer la voix collective avec clarté, prudence et fidélité.

    Pour être choisi comme représentant, un individu doit avoir démontré des qualités précises :
    🔹 une compréhension fine des enjeux du cercle,
    🔹 une capacité d’écoute sincère,
    🔹 une intégrité personnelle perçue comme fiable,
    🔹 et une aptitude à synthétiser des points de vue divergents sans les trahir.

    Ce rôle n’est ni un pouvoir ni un prestige, mais un mandat de confiance : celui de parler en gardant l’oreille tournée vers ceux qu’on représente. Le représentant ne prend pas de décision seul : il transmet, reformule, éclaire, coordonne. Il agit comme un pont.

    Durée des mandats

    La règle générale veut qu’un mandat de représentant soit confié sans limitation de durée. Il est conservé tant que la confiance du cercle est maintenue. Il prend fin naturellement par :
    🔹 une démission volontaire,
    🔹 une incapacité majeure à remplir la mission,
    🔹 ou une révocation décidée par le cercle lui-même.

    Cependant, chaque cercle est libre de fixer ses propres règles. Certains limitent la durée du mandat à quelques années, d’autres l’adaptent à la nature de la fonction représentée. Ainsi, un représentant du salariat d’une entreprise peut perdre son mandat s’il cesse d’en être salarié. De même, des cercles de jeunes adultes peuvent instaurer des seuils d’âge ou de renouvellement pour favoriser la rotation et l’inclusion. Cette souplesse permet à chaque cercle de s’adapter à sa réalité vivante.

    Délégation ascendante

    Chaque représentant peut être amené à désigner un représentant de niveau supérieur, pour porter la parole de plusieurs cercles dans une instance de coordination plus large (ville, région, nation). Là encore, il ne s’agit pas d’un vote, mais d’une désignation par consensus des représentants du niveau inférieur. Ce système garantit que la voix portée reste ancrée dans une légitimité directe et continue.


    Les coordinateurs : serviteurs de la convergence

    Si les représentants sont les porteurs de la voix des cercles, les coordinateurs sont les artisans du lien entre ces voix. Ils ne représentent pas un cercle en particulier : ils incarnent une mission. Leur rôle est d’harmoniser les interactions entre cercles, de faciliter les prises de décision collectives, ou de mener à bien un projet transversal.

    Désignation

    Un coordinateur est désigné par les représentants entre eux, toujours par consensus. Il peut être choisi parmi les représentants eux-mêmes, ou, dans certains cas, une personne extérieure peut être sollicitée si son expertise ou son autorité morale est jugée précieuse pour la mission.
    Il n'existe pas de coordinateur "par défaut". Chaque fonction de coordination est créée par nécessité : un besoin d’articulation entre plusieurs cercles, un blocage à surmonter, une situation de crise à accompagner, ou encore un projet à piloter. Une fois la mission accomplie, le coordinateur se retire ou son rôle est redéfini.

    Fonctions permanentes

    Certaines fonctions de coordination sont devenues relativement stables, bien qu’elles ne soient pas “institutionnalisées” au sens classique. On peut citer, par exemple :
    🔹 le coordinateur aux affaires étrangères, qui organise et porte la voix du pays dans les relations diplomatiques (actuellement : Lee Min-jin).
    🔹 le facilitateur de l’Assemblée des Cercles, qui veille au bon déroulement des débats et à l'équité de la parole lors des grandes délibérations nationales.
    🔹 le coordinateur à la Sécurité, qui intervient lors de crises ou de catastrophes naturelles.

    Dans tous les cas, ces fonctions sont renouvelées par consensus des représentants concernés, et jamais considérées comme acquises ou permanentes par principe.

    Mandat et responsabilité

    Un coordinateur ne gouverne pas. Il anime, facilite, soutient. Son pouvoir est fonction de la confiance que lui accordent les représentants. Il peut proposer, arbitrer en cas de blocage mineur, mais il ne tranche jamais seul une décision qui engage durablement un cercle ou l’ensemble du pays.
    Sa responsabilité est d’autant plus grande qu’elle est librement confiée : s’il perd la confiance des représentants, il peut être relevé de sa mission à tout moment.

    Les outils citoyens : les garde-fous de l’équilibre

    La philosophie politique du Gorae Man repose sur l’harmonie, mais cette harmonie n’est pas une paix imposée : elle est le fruit d’un équilibre vivant entre responsabilité individuelle et engagement collectif. Ainsi, les citoyennes et citoyens disposent de plusieurs leviers directs pour agir, corriger, et participer aux décisions qui les concernent.

    Le référendum d’initiative circulaire

    Lorsqu’un cercle estime qu’un sujet le concerne profondément et qu’il n’a pas été correctement pris en compte par ses représentants ou par l’échelon supérieur, il peut initier un référendum. Celui-ci permet de sauter l’échelon de représentation et de revenir à une décision directe par les membres concernés.

    Chaque cercle définit librement ses modalités : nombre minimal de signataires pour convoquer un vote, niveau de quorum pour valider une décision, nature des sujets recevables. Toutefois, dans tous les cas, les principes suivants s’appliquent :
    🔹 Le référendum ne peut porter atteinte aux libertés fondamentales d’un autre cercle.
    🔹 Il ne peut être utilisé pour désigner un représentant (ce n’est pas un vote électoral).
    🔹 Il est toujours soumis à une évaluation de compatibilité par les médiateurs.

    Le droit de révocation

    Tout représentant peut être révoqué par le cercle qui l’a désigné. Cette révocation peut être motivée par une perte de confiance, un comportement jugé contraire à l’éthique du cercle, un manquement grave à ses engagements, ou tout simplement parce qu’il ne remplit plus les conditions du mandat (par exemple, un représentant des salariés qui cesse d’être employé).

    Chaque cercle fixe ses propres critères de révocation. Toutefois, une règle commune prévaut : la révocation doit suivre une procédure de consensus inversé — c’est-à-dire qu’il faut un consensus pour acter que le mandat n’est plus légitime.

    L’appel à médiation

    En cas de conflit interne au cercle, de blocage du processus de décision, ou de désaccord entre représentants et membres, il est possible de solliciter une médiation. Le Bureau du Médiateur intervient alors pour aider au rétablissement du dialogue et, si besoin, orienter vers une reconfiguration du mandat.

    La proposition ascendante

    Enfin, tout membre d’un cercle peut formuler une proposition ascendante. Il s’agit d’une idée, d’un projet, ou d’une réforme que la personne souhaite voir débattue au niveau supérieur. Si la proposition reçoit l’aval d’un nombre significatif de membres (selon les critères du cercle), elle est portée à l’ordre du jour des représentants.
    « Une société sûre n’est pas celle qui surveille, mais celle qui veille. »
    – Devise du Conseil National de Coordination Sécuritaire




    Au Gorae Man, la sécurité ne relève pas d’un monopole d’état centralisé, mais d’une compétence partagée entre les cercles, à l’image de la gouvernance sociocratique du pays. Elle recouvre à la fois la sûreté publique, le secours aux personnes, la prévention des catastrophes naturelles et la gestion des crises.

    Ce modèle repose sur une idée fondamentale : la sécurité est un bien commun, construit collectivement à travers la coopération, la prévention, la confiance et la vigilance mutuelle. Les actions coercitives sont limitées, encadrées, et n’interviennent qu’en dernier recours.


    Organisation générale

    Le système de sécurité gorémanien repose sur une articulation entre quatre niveaux :

    🔹 Les Cercles de Sécurité (안신회 – Anshinhoe) : première ligne de vigilance citoyenne, à l’échelle locale.

    🔹 Les Corps Publics d’Intervention et de Veille (공안청 – Gongancheong) : services professionnels formés, répartis par spécialité.

    🔹 Les Groupes d’Entraide Civile (자원대 – Jawondae) : groupes de volontaires reconnus par les cercles, notamment en zones rurales ou en cas de catastrophe.

    🔹 Le Conseil National de Coordination Sécuritaire (국민안전연합 – Gungmin Anjeon Yeonhap) : instance de concertation intercercles, qui définit les protocoles communs et coordonne les moyens nationaux.


    Les Cercles de Sécurité – Anshinhoe

    Implantés dans chaque quartier, chaque village ou chaque secteur professionnel, selon les besoins, les Anshinhoe sont composés de volontaires formés aux gestes de premiers secours, à la médiation, à la veille préventive ou aux procédures d’évacuation.

    Souvent reconnaissables à leur brassard, ils ne sont ni armés ni habilités à utiliser la force, mais leur présence est dissuasive et rassurante. Leurs fonctions incluent :

    🔹 La médiation de proximité

    🔹 L’orientation vers les services compétents

    🔹 L’alerte en cas de danger (feu, glissement de terrain, agression…)

    🔹 L’aide à l’évacuation en situation de crise


    Les Corps Publics de Sécurité – Gongancheong

    Ce sont des services professionnels, formés à un haut niveau, intervenant à la demande des cercles, des citoyens ou en autonomie lors de situations critiques. Ils se déclinent en plusieurs branches spécialisées :

    Corps d’Intervention Rapide (속응단 – Sogeungdan)

    Branche polyvalente d’intervention d’urgence, les Sogeungdan sont les premiers déployés sur des situations critiques : secours à personne, incendies, accidents graves, rixes, troubles publics ou sinistres environnementaux. Ils regroupent en une seule structure des profils issus :

    🔹 Des services d’urgence médicale

    🔹 Des unités d’intervention anti-incendie

    🔹 Des brigades de désincarcération ou de sauvetage aquatique

    🔹 Des équipes de sécurisation urbaine

    Présents dans toutes les grandes villes, ils disposent de centres opérationnels capables de répondre rapidement sur un large rayon.

    Corps de Surveillance et de Prévention (감시단 – Gamsidan)

    Branche dédiée à la veille territoriale, ces agents opèrent principalement via des technologies avancées :

    🔹 Drones de surveillance

    🔹 Réseaux de capteurs (feux de forêt, glissements de terrain, pollution…)

    🔹 Logiciels de détection de tension sociale ou d’alerte

    🔹 Veille météorologique et coordination avec les cercles concernés

    Ils travaillent étroitement avec les Anshinhoe pour anticiper les crises, superviser les grands rassemblements ou surveiller les zones forestières sensibles en saison sèche.

    Corps d’Enquête et de Renseignement (특수조사청 – Teuksu Josacheong)

    Branche spécialisée dans les enquêtes complexes, elle est composée d’agents formés aux techniques d’investigation moderne, à l’analyse numérique et forensique, au droit et à la cybercriminalité. Ils interviennent uniquement sur demande formelle d’un cercle ou du conseil national de coordination, et leur mission inclut :

    🔹 Crimes graves (homicides, délits financiers, cyberattaques, etc.)

    🔹 Espionnage ou sabotage

    🔹 Douanes, trafic transfrontalier

    🔹 Enquêtes sur les causes d’accidents majeurs

    Ils collaborent avec les juridictions médiatrices, et sont soumis à des chartes d’éthique très strictes.


    Les Groupes d’Entraide Civile – Jawondae

    En complément des structures formelles, le Gorae Man reconnaît l’action des Jawondae : groupes de citoyens volontaires spécialisés dans une aide ponctuelle (soutien aux personnes âgées, aide à l’évacuation, premiers secours, gestion d’abris, accueil de sinistrés). Ils sont encadrés et formés par les cercles, parfois appelés en renfort lors de catastrophes ou de crises locales.


    La sécurité comme culture collective

    Plus qu’un service, la sécurité est conçue comme une valeur intégrée dans l’éducation, la vie civique et la cohésion sociale :

    🔹 Éducation à la vigilance responsable : apprentissage dès l’école des principes de l’harmonie, de l’entraide.

    🔹 Alerte partagée : plateformes citoyennes de signalement.

    🔹 Prévention communautaire : forums réguliers dans les cercles pour discuter des besoins, organiser les patrouilles, former aux gestes qui sauvent.
    « Éduquer, ce n’est pas remplir un vase, mais nourrir une flamme. »
    – Proverbe des cercles éducatifs de Haesim




    Au Gorae Man, l’éducation est bien plus qu’un moyen d’instruction : elle est l’un des fondements de la construction harmonieuse de l’individu et de la société. Elle vise à révéler les forces de chaque élève, à développer sa conscience personnelle, à le relier aux autres, et à lui permettre de contribuer pleinement à la vie collective. Loin de toute logique de sélection élitiste ou de standardisation, le système éducatif gorémanien est conçu pour s’adapter aux singularités de chacun, tout en cultivant un sentiment d’appartenance à une communauté vivante.

    Les établissements scolaires ne sont pas seulement des lieux d’apprentissage, mais des microcosmes citoyens. On y apprend à penser, à faire, à ressentir, mais aussi à coopérer, à débattre, à prendre soin de son environnement et de ses pairs. Chaque école du pays incarne ces valeurs à travers son propre cadre, ses couleurs, son uniforme, ses pratiques locales. L’uniforme scolaire, propre à chaque établissement, symbolise l’unité. Il est souvent conçu en concertation avec les cercles éducatifs, et son esthétique reflète autant la géographie locale que l’identité collective du quartier ou du village. Son port est obligatoire, mais loin d’uniformiser, il renforce la conscience de participer à une aventure commune.

    L’objectif premier de l’éducation n’est pas la performance, mais la connaissance de soi et des autres, l’épanouissement dans la relation au monde, et la préparation à une vie active, autonome et engagée. Chaque élève est reconnu dans sa singularité. Il est encouragé à explorer divers domaines – artistiques, intellectuels, manuels, relationnels – avant d’orienter progressivement son parcours selon ses affinités et ses aptitudes.

    Le système éducatif du Gorae Man repose enfin sur une conviction profonde : la société n’a pas besoin uniquement de spécialistes diplômés, mais de citoyens complets, capables de comprendre leur environnement, de collaborer, de prendre soin du bien commun et de contribuer avec justesse à l’équilibre collectif. Tous les métiers sont utiles, toutes les voies sont honorables. L’école ne hiérarchise pas les ambitions : elle les éclaire, les accompagne et leur ouvre des chemins adaptés, dans le respect du rythme de chacun.


    Philosophie éducative gorémanienne : le samyeon-do appliqué à l’école

    La singularité de l’éducation au Gorae Man repose sur un principe simple mais profond : éduquer, c’est relier. Relier l’enfant à lui-même, aux autres, à son environnement, à la société tout entière. Cette vision s’enracine dans le samyeon-do (삼연도), la voie des trois reliances, qui constitue le socle philosophique de l’éducation nationale. Inspirée des traditions spirituelles et humanistes du pays, cette philosophie articule le développement du corps, du cœur et de l’esprit dans une quête d’équilibre dynamique.

    Chaque dimension est cultivée avec autant de soin :

    🔹 L’esprit s’exerce dans la recherche de compréhension, l’apprentissage des savoirs, l’ouverture intellectuelle, la réflexion critique.
    🔹 Le cœur se forme dans la relation, la sensibilité, la coopération, l’expression artistique, l’empathie et la régulation émotionnelle.
    🔹 Le corps s’épanouit à travers le mouvement, le sport, le soin de soi, l’autonomie concrète, l’entretien de l’espace vécu.

    Ainsi, un cours de géographie peut s’ouvrir par une randonnée, une séance de mathématiques peut déboucher sur la construction d’un jeu collectif, une discussion philosophique peut naître d’un conflit dans un club ou d’une expérience vécue lors d’un stage. L’école est conçue non comme un lieu clos, mais comme un laboratoire de vie, perméable à la réalité, aux émotions, aux projets, aux imprévus. Dans cette perspective, l’échec n’est pas une faute mais une étape du cheminement. Le jugement n’a pas sa place : on observe, on soutient, on oriente. Le rôle de l’enseignant est de nourrir les trois plans du développement, et d’aider chaque élève à identifier ses déséquilibres comme ses forces, afin de progresser à son rythme.

    L’éducation gorémanienne est aussi profondément collective. On n’apprend pas seul, mais en interaction. Chaque classe fonctionne comme une petite communauté : on débat, on décide ensemble, on se répartit les tâches, on célèbre les réussites communes. Les conflits sont traités par la médiation. Cette culture du dialogue dès le plus jeune âge façonne des citoyens capables de délibérer, d’écouter, de coopérer — des compétences fondamentales dans une société gouvernée par les Cercles.

    Enfin, le samyeon-do introduit une éthique fondamentale : on ne transmet pas ce qu’on ne vit pas. Un enseignant incarne ce qu’il enseigne. Il ne se contente pas de réciter un programme, il vit avec ses élèves, dans un lien nourri de respect mutuel et d’écoute. Il est tour à tour guide, témoin, passeur, accompagnant. Le samyeon-do appliqué à l’éducation n’est donc pas un supplément : il en est la trame. Il fonde une pédagogie vivante, sensible, exigeante sans être rigide, enracinée dans la réalité du monde.


    Parcours scolaire : rythme, niveaux et structures

    Le système éducatif du Gorae Man est structuré en quatre grands cycles progressifs, chacun correspondant à une étape de développement de l’élève. Ce découpage vise à respecter les rythmes de maturation personnelle, sans enfermer les élèves dans des cases rigides. Le passage d’un cycle à l’autre ne repose pas sur des notes ou des examens, mais sur une évaluation globale du cheminement, effectuée en concertation avec les cercles éducatifs.

    1. Choyakgi (초약기), le cycle de l’éveil (6 à 9 ans)
    Cette première étape met l’accent sur la découverte sensorielle, la relation au corps, à la nature et aux émotions. L’apprentissage se fait par le jeu, l’observation, le récit, l’expérience concrète. On y pose les bases de la lecture, de l’expression orale et écrite, du calcul, mais toujours dans un cadre bienveillant et rythmé par les saisons et les événements communautaires. Les élèves commencent à participer à la vie de classe : rangement, soin du matériel, premiers débats collectifs, petit jardin ou coin nature partagé. L’objectif est de leur donner très tôt le goût d’une responsabilité joyeuse.

    2. Heukgagi (흑가기), le cycle de l’exploration (10 à 13 ans)
    Durant ce cycle, les élèves élargissent leur horizon. Ils découvrent une variété de disciplines : sciences, histoire, arts, langues, artisanats. C’est aussi à ce moment qu’apparaissent les premières immersions en dehors de l’école, dans des ateliers locaux, des chantiers civiques ou des institutions publiques. La structure de la semaine reste souple : certaines demi-journées peuvent être consacrées à des projets interdisciplinaires, à des clubs ou à des enquêtes menées en groupe. L’élève commence à exprimer ses préférences, mais sans devoir encore choisir une orientation.

    3. Jinhyeonggi (진형기), le cycle de l’approfondissement (14 à 16 ans)
    Ce cycle marque un tournant : les élèves commencent à moduler leur emploi du temps en fonction de leurs intérêts. Tout en poursuivant un tronc commun (langue, mathématiques, culture civique, philosophie, etc.), ils peuvent approfondir certains domaines : métiers manuels, création, recherche, technologies, vie sociale... C’est aussi durant ce cycle que les élèves deviennent entièrement responsables de leur classe : ménage, rangement, décoration, parfois même organisation d’un espace de repos ou d’un potager. Cette autonomie pratique s’accompagne d’un approfondissement du travail en cercles : les décisions importantes sont débattues en groupe, des porte-paroles sont désignés, et les élèves apprennent à exprimer leurs désaccords de manière constructive.

    4. Jagyegi (자계기), le cycle de l’orientation (17 à 20 ans ou plus)
    Le dernier cycle est entièrement tourné vers la construction du projet de vie. Les élèves alternent cours spécialisés, stages, travaux de recherche, engagement civique, expériences immersives. Ils sont accompagnés par un binôme tuteur (enseignant + professionnel) qui les aide à bâtir leur portfolio. Ce cycle ne mène pas forcément vers l’université : il peut aussi déboucher sur un apprentissage, une formation spécialisée, un engagement dans la vie locale ou un départ à l’étranger. L’important est que chaque jeune sorte de l’école en sachant qui il est, ce qu’il aime faire, et comment il peut contribuer à la société.


    Apprendre à se connaître : immersion, découverte, autonomie

    Le système éducatif du Gorae Man ne vise pas à formater des élèves selon un moule, mais à aider chacun à se découvrir en lien avec le monde réel. Cela passe par des expériences concrètes, des responsabilités partagées et une ouverture sur les multiples visages de la société.
    Dès le cycle Heukgagi (exploration, 10–13 ans), les élèves sortent des murs de l’école pour effectuer des immersions progressives dans différents milieux de vie : fermes communautaires, ateliers d’artisanat, structures de soins, entreprises locales, institutions civiques ou encore collectifs culturels. Ces immersions sont vécues à la fois comme des expériences d’éveil et des formes d’utilité sociale : on découvre en participant, en observant, en aidant. Elles peuvent durer une demi-journée, plusieurs jours, voire une semaine entière selon l’âge et le cadre.

    Ces immersions ont pour but :

    🔹 De dépoussiérer les représentations : montrer ce que signifie un métier au quotidien, loin des clichés.
    🔹 De révéler des affinités ou des rejets salutaires, qui aident à construire un projet de vie.
    🔹 De connecter l’élève à la société réelle, y compris dans ses fragilités (aider dans un centre d’accueil, observer la chaîne de recyclage des déchets, participer à une plantation forestière…).

    Chaque élève tient un Yeonil-jang (연일장), journal scolaire, dans lequel il consigne ses réflexions, observations, ressentis et projets. Ce journal n’est pas noté, mais suivi par un tuteur de parcours, qui en discute régulièrement avec l’élève. Ce binôme (éducateur ou adulte de confiance) l’aide à mettre des mots sur son évolution.

    À partir du cycle Jinhyeonggi (approfondissement, 14–16 ans), l’autonomie devient une pierre angulaire de la formation. Chaque classe est entièrement entretenue par ses propres élèves : ménage quotidien, gestion du matériel, organisation de l’espace, décoration, mais aussi parfois entretien d’un petit jardin, d’un potager pédagogique, voire d’un espace de repos collectif. Les élèves organisent cette gestion eux-mêmes, avec une rotation des rôles pour que chacun passe par différents types de responsabilités : soins aux plantes, rangement, accueil, intendance, gestion des outils, médiation en cas de conflit, etc. Ces tâches sont vues non comme des corvées, mais comme des exercices concrets de citoyenneté.
    Dans certaines écoles, ces fonctions vont jusqu’à l’organisation de petites cantines autonomes, tenues par des élèves volontaires formés à l’hygiène et à la cuisine collective. Ce sont souvent des espaces d’apprentissage coopératif, soutenus par des artisans, des cuisiniers ou des familles partenaires.

    Apprendre à se connaître au Gorae Man, c’est donc expérimenter. C’est faire l’épreuve du réel dans la confiance, assumer des responsabilités collectives, et peu à peu sentir où son énergie trouve sens. Ce processus lent, vivant, ancré dans l’expérience, est au cœur du projet éducatif gorémanien.


    Orientation

    L’orientation, au Gorae Man, n’est ni une sélection ni une course vers le prestige. Elle est pensée comme un processus d’alignement progressif entre la personne, ses forces, ses aspirations, et les besoins du monde. Ce n’est pas l’élève qui doit entrer dans un moule, mais la société qui se construit en reconnaissant la diversité des talents.

    Dès le cycle Jinhyeonggi (approfondissement, 14–16 ans), les élèves sont invités à explorer plusieurs voies possibles. Ce ne sont pas des filières figées, mais des pôles d’expérimentation : un même élève peut par exemple suivre à la fois un atelier d’ébénisterie, un stage en médiathèque et un cycle d’initiation à la recherche scientifique. On encourage la transversalité : être manuel n’empêche pas d’être littéraire, aimer la biologie n’exclut pas la musique. L’élève n’est jamais seul pour choisir. Il est accompagné par son cercle éducatif : un binôme tuteur (enseignant + professionnel de terrain), des membres de sa famille, parfois un ancien élève ou un référent local. Ensemble, ils l’aident à formuler ses préférences, à exprimer ses craintes, à tester ses intuitions. L’objectif n’est pas de « bien choisir » mais de choisir lucidement, en connaissance de cause, avec l’idée que l’orientation n’est jamais figée.

    À partir du cycle Jagyegi (orientation, 17–20 ans), chaque élève construit un projet personnel d’engagement dans la société. Cela peut être un parcours d’apprentissage, une formation spécialisée, une entrée dans la vie associative ou artisanale, ou un projet d’étude plus académique. Ce projet est validé non par concours, mais par une présentation orale devant un cercle mixte, composé de professionnels, de tuteurs et de citoyens. L’élève y présente son Yeonil-jang, où figurent ses expériences, réalisations, lettres de soutien, réflexions, rêves parfois.

    Les études supérieures restent accessibles, mais elles ne sont ni un objectif universel, ni un critère de réussite. Il n’y a aucune hiérarchisation entre les parcours. Devenir charpentier, chercheuse, maraîcher, danseuse, poète ou couturier sont autant de façons valables d’habiter le monde. Cette égalité est visible dans les faits : les artisans expérimentés peuvent enseigner à l’école, les travailleurs manuels peuvent intégrer des cercles de décision, les jeunes entrés tôt dans la vie active peuvent revenir se former plus tard.

    Chaque fin de cycle donne lieu à une cérémonie d’entrée dans la vie active, publique et festive. On y célèbre les différents choix : apprentissages, projets civiques, études, mobilités rurales ou maritimes. L’élève y est honoré comme membre actif et reconnu de la communauté, non pour son classement, mais pour son engagement.

    Ainsi, au Gorae Man, choisir sa voie n’est pas une compétition, mais un acte libre, conscient et accompagné. Et chaque métier, pourvu qu’il soit utile, juste et exercé avec intégrité, est perçu comme noble et nécessaire.


    Clubs, culture, sport : le prolongement de la vie civique

    L’école gorémanienne ne se résume pas à des cours. Elle est un lieu de vie, d’engagement, d’expérimentation collective. C’est pourquoi chaque établissement scolaire comprend un système structuré de clubs, auxquels les élèves participent dès le cycle Heukgagi (exploration). Ces clubs sont conçus comme un prolongement naturel de la vie civique : on y apprend à coopérer, à créer ensemble, à débattre, à organiser et à agir.
    Chaque élève est tenu d’intégrer au moins un club, et beaucoup en rejoignent deux ou trois selon leur énergie. Ces clubs sont autogérés dans leur fonctionnement courant, avec un ou deux adultes référents (enseignants ou intervenants extérieurs) qui jouent un rôle de soutien discret, sans contrôle vertical. Les élèves tiennent eux-mêmes les réunions, répartissent les rôles, votent leurs projets, s’organisent autour d’un objectif commun.

    On distingue plusieurs grandes familles de clubs :

    🔹 Clubs artistiques : théâtre, musique, calligraphie, danse, arts plastiques, arts numériques… Souvent impliqués dans la décoration des espaces scolaires ou l’organisation de festivals.
    🔹 Clubs sportifs : Hojaeng, arts martiaux traditionnels, sports collectifs, course, natation, escalade… Ils valorisent l’esprit d’équipe et la maîtrise de soi.
    🔹 Clubs écologiques ou de plein air : entretien de jardins collectifs, plantations d’arbres, observations naturalistes, écoconstruction, marches exploratoires.
    🔹 Clubs scientifiques ou techniques : robotique, astronomie, expériences chimiques, réparations collectives, inventions, simulations.
    🔹 Clubs civiques et sociaux : médiation, journal scolaire, débats philosophiques, aide aux plus jeunes, entraide locale ou campagnes de solidarité.

    Dans les écoles rurales ou maritimes, les clubs s’adaptent au territoire : un club de pêche, un atelier de poterie, un groupe de chant traditionnel ou de navigation peuvent y avoir une place centrale. L’ancrage local des activités est essentiel pour renforcer l’identité communautaire.

    Au-delà des compétences spécifiques développées, ces clubs ont une valeur pédagogique essentielle : ils permettent aux élèves de se sentir utiles, entendus, engagés dans quelque chose de plus grand qu’eux. Ils sont un terrain d’apprentissage collectif, d’initiative et de solidarité. Ils préparent à la participation active dans les Cercles citoyens à l’âge adulte.


    Rôle des enseignants et des tuteurs

    Dans le système éducatif du Gorae Man, l’enseignant n’est pas une autorité verticale, mais un guide attentif, un éclaireur de chemins possibles. Il ne transmet pas seulement des connaissances : il accompagne des personnes en formation, des citoyens en devenir. Cette posture repose sur une conviction : on éduque mieux par la présence que par le pouvoir, par l’écoute que par la domination.

    Chaque enseignant est membre d’un cercle éducatif rattaché à l’établissement : ce cercle regroupe d’autres enseignants, mais aussi des professionnels locaux, des familles et des représentants de la communauté. Ce modèle favorise une co-éducation ancrée dans le territoire, où les décisions concernant les élèves, les méthodes, les projets ou les règles sont débattues collectivement.

    Les enseignants sont formés à plusieurs compétences complémentaires :

    🔹 Maîtrise d’une ou plusieurs disciplines (langues, sciences, arts, etc.)
    🔹 Accompagnement du développement personnel et social
    🔹 Médiation et gestion de conflit
    🔹 Conduite de projet interdisciplinaire ou collectif
    🔹 Réflexion philosophique et éthique liée à l’éducation

    Dans chaque cycle, un élève est également suivi de manière individualisée par un binôme tuteur composé d’un éducateur (souvent un enseignant) et d’un professionnel de terrain (artisan, soignant, chercheuse, ou toute autre personne engagée dans la vie active). Ce binôme suit l’élève pendant plusieurs années, voire jusqu’à la sortie du cycle. Il joue un rôle de référent de confiance, capable d’aider l’élève à formuler ses doutes, à éclaircir ses choix, à valoriser ses acquis. L’enseignant, dans ce cadre, ne travaille pas seul. Il coopère avec d’autres professeurs, mais aussi avec des membres extérieurs à l’école : intervenants artistiques, médiateurs, anciens élèves, familles, représentants des cercles. Cela rend les classes plus perméables à la vie réelle, et empêche l’isolement professionnel.

    En classe, l’autorité de l’enseignant repose sur la légitimité de son engagement et la qualité de la relation, et non sur une distance imposée. Il est impliqué dans la vie quotidienne : réunions de cercle, clubs, repas partagés, projets collectifs, cérémonies. Il est souvent présent lors des immersions, et peut même en proposer de nouvelles selon son réseau ou ses passions. Enfin, les enseignants sont formés en continu, tout au long de leur carrière. Ce perfectionnement peut inclure des échanges inter-établissements, des retours en formation courte dans des milieux professionnels, ou des périodes d’auto-formation guidée. Le but est de maintenir un lien fort entre la réalité du monde et les pratiques pédagogiques, dans une dynamique d’évolution constante.


    Évaluation, sélection, et avenir

    Le Gorae Man a fait le choix clair de rompre avec la logique compétitive des examens standardisés, qui figent les parcours, nourrissent l’angoisse, et hiérarchisent les élèves selon des critères souvent déconnectés de la réalité. Ici, l’évaluation est un outil de connaissance et d’orientation, non un instrument de tri ou d’exclusion. Il n’existe donc aucun examen national unique. À la place, chaque élève constitue progressivement son Yeonil-jang, un dossier vivant qui regroupe :

    🔹 Ses réalisations concrètes : projets menés, stages, créations, engagements.
    🔹 Ses réflexions personnelles : extraits de son Journal de Reliance, lettres de motivation, intentions d’avenir.
    🔹 Des appréciations croisées : des enseignants, de ses pairs, de professionnels, de membres de son cercle éducatif.

    Ce portfolio est régulièrement enrichi et mis à jour, notamment lors des entretiens de cercle, qui ont lieu une à deux fois par an. Ces entretiens réunissent l’élève, ses tuteurs, des représentants éducatifs et parfois un ou deux invités extérieurs (professionnels, anciens élèves, membres de la communauté). L’objectif est de faire le point sur son cheminement, d’identifier ses avancées, ses doutes, ses besoins et ses pistes.

    L’évaluation prend des formes variées :

    🔹 Évaluation par projet : expositions, chantiers, présentations orales, démonstrations de savoir-faire.
    🔹 Co-évaluation collective : feedbacks entre pairs lors des projets de groupe.
    🔹 Auto-évaluation guidée : l’élève apprend à poser un regard critique sur lui-même, à partir de grilles souples et de questions ouvertes.
    🔹 Évaluation en situation : lors des immersions ou des engagements associatifs, avec retour des encadrants.

    Les notions de note, de moyenne ou de classement sont abandonnées. On parle plutôt de trajectoire, de palier atteint, de prochaine étape. L’erreur n’est pas stigmatisée, mais considérée comme une source d’apprentissage précieuse.

    L’accès aux formations spécialisées, aux apprentissages avancés ou aux études supérieures se fait par dossier et entretien. Chaque établissement définit ses critères : certains valorisent les compétences techniques, d’autres l’engagement civique, d’autres encore l’esprit critique ou créatif. Dans tous les cas, il ne s’agit jamais de sélection par élimination, mais de rencontre entre un projet personnel et une offre cohérente.

    Enfin, le système éducatif reste perméable : un élève peut revenir se former après une période dans la vie active, se réorienter à 25 ans, proposer une formation sur mesure validée par son cercle de métier. L’apprentissage est vu comme un processus continu, évolutif, non linéaire.
    Ainsi, l’évaluation gorémanienne est humanisante, souple et exigeante. Elle invite à grandir, non à se battre. Elle prépare à une vie adulte où l’on ne se définit pas par un diplôme ou un statut, mais par une capacité à apprendre, à contribuer, et à évoluer avec sens.
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