Posté le : 05 août 2025 à 19:37:55
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123Le Président du Collège du Budget et des Finances (CBF) fut égayé de cette réponse.
123Le convoi poursuivit sa route et arriva à la gare centrale Pechnukayev. Avant de prendre le train, Son Excellence le Président du CBF déclara :
Votre Excellence. Je ne pourrais malheureusement pas vous accompagner car j'ai été réquisitionné d'urgence par Sa Majesté Impériale pour une affaire d'État. Vous serez donc accompagné de mon Vice-Président du CBF, Son Excellence Alexandre Karsatovitch Tilichtchov jusqu'à destination qui vous guidera si besoin. Là-bas vous serez accueillit par Son Excellence, le Comte Mikhaïl Vil Viy Garescu, Premier vice-président du Collège des Affaires Étrangères. Avec lui, vous pourrez négocier des accords économiques sur les matières premières, déclara Son Excellence le président du CBF.
123Ainsi, le Président, bien que dubitatif et quelque peu méfiant quant à ce changement de dernière minute, conserva un calme apparent, déterminé à évaluer la sincérité de ses nouveaux interlocuteurs. Le train prit alors sa route, et le Président Lermandien, au terme de ce trajet, se fit accueillir, comme convenu, par Son Excellence, le Comte Mikhaïl Vil Viy Garescu, Premier vice-président du Collège des Affaires Étrangères.
123Ils se dirigèrent tous deux vers l’Okrinivia — cette honorable institution décentralisée, semblable à une antenne consulaire du Collège des Affaires Étrangères, située à Sarkopol — où devaient se tenir les négociations. Une fois arrivés, les deux hommes entrèrent et s’installèrent, et ainsi le dialogue débuta.
— Bonjour à vous, Votre Excellence...
123... prononça calmement Garescu, après s'être levé respectueusement et incliné d’un geste mesuré. Il prit une inspiration, arrangea d’un doigt sa cravate, puis entama son propos avec cette prestance rigoureuse propre aux dignitaires impériaux.
— Votre Excellence, permettez-moi tout d’abord de vous souhaiter la bienvenue en terre mores et plus précisément sarkopolites, en ce bastion, cette forteresse cinq centenaire où les cris de peurs des barbares du sud ont résonnés avec puissance, là où nos nations pourront s’entendre sans trouble ni tumulte étranger. Soyez assuré de notre plus haute considération, et de l’engagement du Collège des Finances, tout autant que celui des Affaires Étrangères, à favoriser l’émergence d’un cadre de coopération clair, stable, et mutuellement bénéfique.
123Il marqua une légère pause, son regard se posant avec bienveillance sur son interlocuteur, puis reprit d’une voix égale.
— Le Zagroyat, en cette ère nouvelle, se tourne résolument vers des alliances fondées sur la réciprocité et la transparence, principes que Sa Majesté Impériale elle-même tient pour sacrés dans le vaste échiquier des relations internationales. C’est dans ce cadre que nous envisageons les discussions à venir : comme une fondation durable, non d’intérêts passagers, mais d’une architecture économique solide et orientée vers le long terme.
Vous le savez peut-être déjà, mais notre Monarchie dispose d’un excédent stratégique de matières premières essentielles : houille raffinée, nickel, manganèse, bois, or, fer, tungstène, diamant, gaz, titane, uranium, et bien d'autres encore — autant de ressources que nous maîtrisons et que nous sommes disposés à exporter sous de favorables conditions. Toutefois, notre approche n’est pas purement transactionnelle ; elle se veut structurée et équilibrée. Nous n'échangeons pas contre de simples bénéfices ponctuels. Nous cherchons à bâtir.
123Un bref silence accompagna le tintement d’un verre posé sur le plateau d’un secrétaire discret, tandis que Mikhaïl Garescu poursuivait.
— Il serait donc envisageable, si cela rejoint vos intérêts, d’établir un accord bilatéral sur deux piliers : primo, un accès préférentiel à nos ressources — réputés pour leur rapport qualité-prix — sur dix ans ; secundo, une stabilisation douanière sur les produits importés en Morakhan issus de vos industries — notamment mécaniques, pharmaceutiques et informatiques — en contrepartie des mêmes droits de douanes sur nos exportations en matières premières chez vous.
Je ne vous cache pas, Excellence, que la stabilité politique de votre État — que nous observons avec intérêt et respect — inspire chez nous une réelle admiration et une forte volonté de rapprochement. La Lermandie, par sa position géographique et sa capacité logistique, pourrait devenir un carrefour d'acheminement pour nos exportations vers l’Aleucie.
123Il s’arrêta, lentement, puis ajouta plus bas, comme pour ancrer ses paroles :
— Je n’exagère pas en affirmant que ce moment, bien qu’encore préliminaire, pourrait être l’un des jalons d’un partenariat stratégique majeur. Et je puis vous assurer, Excellence, que vous trouverez en nous non pas des partenaires capricieux, mais des alliés résolus, méthodiques, et honorés par la parole donnée.
123Il se tut enfin, posant ses mains à plat sur le dossier du fauteuil, dans une posture droite, en attente de la réaction de son vis-à-vis, mais sans insistance. Le silence de la salle — à peine troublé par le crépitement discret du poêle impérial — donna à cette déclaration des airs d’ultimatum feutré.