
La Ligue némédienne était à son apogée, mais l’âpreté des affrontements entre les promettes cités-États demeurait. Epidion, Myrida, Korion et autres cités de la Ligue tentaient de surclasser leurs rivales sur le terrain diplomatique, par le jeu d’alliances secrètes et d’armements trop conspicuellement affichés. Halegion, postérieur au fameux Alexion, considérait que l’équilibre précaire qui permettait d’instaurer une paix molle avait atteint ses limites pour que s’épanouisse la prospérité de la patrie. Il eut l’idée fort inhabituelle de soumettre, dans un référendum sans précédent, l’avenir de la patrie à la volonté du peuple, entre le maintien d’un pays fédéré et la création d’un royaume, centralisé donc unique.
Ce référendum, qui se déroule au cours de l’an 225, conduira à l’élection d’Halegion Premier roi de la Némédie unifiée en l’an 226 mettant fin à la longue période de morcellement politique et ouverte la voie à la création d’une armée royale centralisée dont l’infanterie constituera l’ossature.
En période Moderne, la Némédie ne connaîtra qu’un seul conflit majeur la guerre de Mehravan (1523-1527) entre la Némédie et la Ligue Mehravan, coalition de principautés perses opposées à l’expansion de l’influence némédienne dans la région du Nazum. À cette époque, forte de sa puissance économique et culturelle, la Némédie cherchait à élargir son réseau de comptoirs et d’influence, mais la lutte acharnée des principautés, sensibles à leur autonomie et à leur indépendance, provoqua une série de combats sanglants remportés par la némédienne.
Tout au long de son histoire, l’Armée royale némédienne a supporté, tant bien que mal, le poids des conflits et des enjeux d’une politique demeurée barbare. De l’issue de chaque guerre, au prix de vies humaines, dépendait la mémoire collective de son pays. Si la Némédie a pu conserver sa souveraineté et son corps politique, c’est qu’au prix de sacrifices multiples, d’existences précocement supprimées, elle a su les rassembler non sans peine. L’infanterie, par son corps, continue d’incarner ce dévouement, ce travail, cette endurance. Autorisée à mener à bien l’ardente obligation militaire qui lui est consignée par la sacralité d’une tradition millénaire, elle est le modèle même de cette force, de cette loyauté, de cette vigilante exigence que connaît à peine le royaume désormais.