Activités étrangères à Cramoisie
Posté le : 07 juin 2025 à 23:44:50
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Posté le : 09 juin 2025 à 14:32:54
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Refoulés loin des côtes, ils s'enorgueillissaient de leurs contes et de leur déviances. Les prédicateurs, les administrations et les cadastres disparaissaient dans le sable comme les scorpions fuient la lumière du jour. Leur foi ne ressemblait à nulle autre. De la grande toile des nomades tissée sur tout le continent ils n'étaient que des perles isolées. Ils connaissaient le nom des villes. Le monde lointain n'aurait pu être ignoré par eux. Commerçants d'or et d'esclaves on voulait de leurs bras pour garnir les contingents. Les guerres faisaient appel à eux et ils les honoraient comme d'homme à femme.
Ils connaissaient leur généalogie et l'empreinte qu'y laissaient les empires. Les Blancs de Kodeda n'avaient que précédé les Rouges d'Abou Yamen. Les Noirs du Finejouri suivraient les Bleus de l'Althaj dans les archives verbales de leurs transmissions orales. Tantôt amis, tantôt ennemis, les tribus se mouvaient dans l'air liquide des hégémonies. Ce n'étaient que de fumeuses illusions qui duraient le temps d'un battement de cils. Dans ce pays inondé de soleil la lumière brûle et dissèque toutes les couleurs et de ces poussières il ne reste rien. Eux-mêmes les Gens des Trois Lunes se savent éphémères comme les brindilles dont on démarre un feu pour la cuisine. Les flammes en jaillissent. Dans la nuit elles projettent des ombres sur les parois de la roche, éclairant des peintures dessinées par les dieux révolus.
C'est le soir qu'on se rassemble et qu'on se retrouve, que ce soit entre femmes, entre bergers, ou bien au chevet des grands-mères qui psalmodient pour les enfants. L'air adouci par l'absence du soleil dessèche moins la bouche qu'humecte un thé brûlant. C'est l'heure des histoires, de la mémoire, de la science et de la poésie. L'hémisphère droit du coeur. Les délibérations stratégiques et les comptines. Les plaisanteries et les règlements de compte.
S'ils se passent de livres ils ne sauraient vivre dans le silence. Il en sont assiégés. Dans les immensités que l'aridité dépeuple rien ne parle. Ni oiseau fuyant la faim, ni chat tapi dans l'ombre. Aveugles et insensibles les insectes s'enfouissent. Les chameaux battent des paupières en s'abreuvant dans les gueltas, ce sont des alliés. Les chiens aboient sur les hyènes invisibles, ce sont des amis. Mais sans parole les Trois Lunes ne survivraient pas.
Les filles de ce pays se font tatouer par leurs grands-mères. Leur visage est gravé des motifs énigmatiques qui longtemps fit leur valeur sur les marchés d'esclaves. Pourtant elles ne connaissent pas de miroir. Chacune ignore, de sa naissance à sa mort, l'aspect de son visage, la courbure de ses yeux que pourtant elle maquille, comme les hommes, d'un trait de khôl. Narcisse n'a pas sa place dans leurs mythes.
Le silence appartient à ceux qui détestent la vie, qu'on les appelle ascètes ou psychopathes. La contemplation de soi-même caractérise la stérilité. Moraux, leur code d'honneur, pourtant prolixe en politesses, promet le pire aux transgresseurs. Mais de leurs valeurs superstitieuses l'on ne se souviendra pas car un nouveau saut dans les technologies d'armement promet les Gens des Trois Lunes à un nouvel anéantissement. Que la maladie infecte le sable, l'atmosphère ou le coeur, elle se répandra car les actionnaires sont unanimes. Les volutes pourpres de la mort, déployées comme par de gros champignons, repeignent les murs du Pays des Trois Lunes qui n'en portera plus le nom. Ses mystères et ses chansons sont ensevelis pêle-mêle avec le gravier, les chamelons, les lynx, les buissons d'acacia et les colonnes de temples, les montagnes s'effondrent, le monde s'aplani, les survivants peut-être s'enfuient dans les grottes d'aquifères plongées dans la nuit. Le silence, les échos, la peur de l'étouffement, les instants d'après la catastrophe sont un cauchemars qui sera gravé dans la mémoire collective tant qu'elle se transmettra par les bouches et les oreilles. Dehors les nuages rougis par la honte et l'extase s'évertuent à filtrer la lumière saturée de poussière. Les propriétaires s'avanceront avec leurs grands chapeaux, leurs fanfares discordantes et les câbles de leurs générateurs électriques.
Ce n'est pourtant pas ainsi que le père du père du grand-père avait décrit la fin du monde. Reclus dans le sous-sol, dans les marges de l'existence, ils se demandent s'ils le verront encore. Le ciel. Dans la nuit la voûte étoilée scintille sans doute. Le Chasseur, le Jardin, la Vierge disposés comme des peintures, annonçant la pluie, la sécheresse, la chance ou le mauvais oeil, Albiréo, Aldébaran, Arcturus auxquels ils donnent d'autres noms, des milliers de noms qui toute leur vie leur ont tenus compagnie et dont ils sont à présent privés.
Un jour viendra, murmure le survivant comme hier, comme demain, comme si aujourd'hui il ne se passait rien qu'un emmerdement passager, un jour viendra où les étoiles se décolleront du ciel et plongeront sur la terre pour tout anéantir, pour tout recréer. Dans une heure, dans un million d'années ; silencieuses à leur tour les montagnes seront patientes.
Posté le : 30 juin 2025 à 18:40:58
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C’est donc toi qui gagneras toujours ?
Ta puissance fait de toi celui que personne n’ose contredire.
Moi, ils vont sûrement me contredire, car j’ai osé demander la libération.
Aussi, mon armée est faible comparée à eux.
Mais pourquoi parlent-ils à chaque fois ?
Qu’ils retournent chacun dans leur pays !
Mais nous ne sommes pas assez puissants face à eux.
Vous, qui les faites trembler.
Vous qui avez accumulé une puissance telle que, tous autant qu’ils sont, vous lèchent les pieds !
Nous avons besoin de dissuader.
Nous avons besoin de nous protéger.
Et nous nous tournons vers l’enfer,
Vers le Diable.
Car eux.
Sont mille fois pires que le Diable.
Nous avons besoin de puissance.
Ce cylindre qui fait votre fierté…
Ce feu contenu dans l’acier…
Puisse-t-il être nôtre, par vingtaines ou plus.
Non pour détruire mais pour exister.
Non pour conquérir mais pour survivre.
Posté le : 02 jui. 2025 à 02:09:13
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En effet, à part certaines annonces et des changements visibles alignés avec la voix des peuples Althaljirs, la Sororité et la Maktaba travaillent à huis clos, sans permettre, pour la plupart, que les débats et sujets en cours ne fuitent.
La communication contrôlée de la politique et de l'interaction entre ces deux institutions n'a rarement failli.
Le monde ne donne toutefois aucun répit aux peuples Althaljirs qui sortirent de leur torpeur pour aider et s'aider ; la Bienveillance Althaljir a pour but de prodiguer et partager les bienfaits des succès étatiques et sociétaux aux voisines géographiques et à une Afarée sous développée, en difficulté. Il y a aussi la nécessité pour les Althaljirs de faire face à une approche de la vie qui implique altruisme (mot dont l'étymologie vient de l'ancien Alth) et un ensemble de culpabilité qui en découle si les actes au quotidien ne satisfont pas.
Althalji Alkabir est un concept géographique regroupant les peuples voisins parlant l'Alth ou aux origines et similitudes culturelles Althaljirs. Lors du nouvel Althaljisme, ayant mis en avant la politique intervientionisme des Eveillées face aux Conservatrices, début des années 2000, l'irrédentisme et la politique sécuritaire et de Bienveillance des Tamurt n Althalj dessinèrent les contours de cette Grande Althalj, l'Althalj Alkabir.
Et en ce sens, les Tamurt n Althalj ont trouvé dans l'Althalj Alkabir une satisfaction de leur besoin d'altruisme et donc par la politique de Bienveillance un ciment sociétal et une place de bonheur emprunte de religiosité et d'une culture Afaréenne utopique (pouvant s'apparenter à de la naïveté). Les Eurysiens et Paltoterrans utiliseront leurs termes afin de catégoriser une société et approche complexe afin de se rassurer sur leur compréhension de ces peuples oubliés qui ressurgissent de montagnes et déserts tout aussi négligés. Socialisme et humanisme Althaljir, autoritarisme et théocratie démocratique masquée, néolibéralisme-conservateur, nationalisme... Qu'importe réellement la "position" sur l'échiquier géopolitique, les Tamurt n Althalj font face à une double crise sans précédent.
La Qari Ijja Shenna est mourante et nulle ne sait comment la succession s'effectuera.
Le socle de la nation, la mère de toutes, fait face à la maladie. Les Tamurt n Althalj sont inquiètes.
La Sororité et la Maktaba tentent de continuer dans la ligne directrice de celle-ci, toutefois l'inactivité croissante sur la scène internationale et surtout face aux crises multiples de cette dernière longue année ne laisse aucun doute quant à l'incertitude qui s'est ancrée.
Les troupes étaient prêtes à embarquer pour le Gondo des suites de la reprise de la guerre civile. Elles sont toujours sur le qui-vive dans les casernes Althaljirs.
Les forces aériennes et navales étaient prêtes à intervenir face à toute tentative de disruption en Mer d'Emeraude, les appareils chauffaient sur les bases aériennes et les navires étaient chargés.
Les Forces du Matriarcat Ilâhmique étaient en alerte rouge depuis trop longtemps et pourtant rien ne permettait une baisse de cette tension atteignant un paroxysme.
Et cette tension ultime, la Qari Ijja Shenna la savait un fléau pour les Tamurt n Althalj, car elle signifiait un virage irréversible qui embourberait les Althaljirs et orienterait une frustration et un fanatisme vers une défaite nationale et personnelle.
La Qari le ruminait et elle ne pouvait se résoudre à engager pleinement la nation, vive et militairement capable, dans des conflits qui seraient un cancer sociétal tel qu'il serait le délitement de la portée, de la pensée et du ressenti vertueux de la Bienveillance Althaljir.
Cette hésitation se reflétait sur la présence diplomatique et médiatique, le silence d'une gouvernance qui ne pouvait assumer le succès de l'assimilation complète de la Bienveillance au sein des Tamurt n Althalj. Le silence porta dés lors préjudice à l'image de la nation engagée pour la défense et le développement pérenne de l'Afarée.
C'est alors que la deuxième grande crise accentua les maux Althaljirs.
La Qari se réveilla en sursaut, une douleur si intense parcourant son corps, accompagnée de céphalées tels les cris de milliers, de dizaines, de centaines de milliers d'âmes en peine en résonnance dans son esprit, dans une boîte crânienne bien trop petite.
Se mouvant lentement hors de son lit rudimentaire en bois, elle saisit sa canne et se dirigea vers la fenêtre qu'elle ouvrit de sa main libre et tremblotante. Celle-ci s'ouvrit facilement, laissant rentrant une froidure typique de ces altitudes. Après un instant d'adaptation à la luminosité, elle put discerner les monts et pics enneigés tels des minarets gigantesques, les nuages s'installant en contrebas pour former un matelas blanc cotonneux. L'air s'infiltra dans ses poumons comme une petite décharge qui réveille les sens, un corps meurtri, vieillissant.
La porte de la chambre s'ouvrit après de longues minutes, la Qari respirant toujours à la fenêtre comme pour évacuer un cauchemar et ses douleurs attenantes. La qari Sofines Berek entra lorsque la Qari Ijja Shenna lui fit un signe.
Qari, nous disposons de très mauvaises nouvelles.
L'Afarée vient d'être attaquée, sous les Yeux d'Ilâhat.
Un mélange de pleurs, d'amertume, de révolte et de colère s'empara des peuples Althaljirs.
A travers le prisme de la religion et de la culture, les tourments s'accentuèrent.
Et la Qari Ijja Shenna fit une annonce inspirée comme d'antan, ne laissant que peu paraître la maladie, comme si le devoir lui redonnait une force qui s'amenuisait.
Les populations, les paysages et ses millénaires de plénitude n'y sont plus.
La souffrance de l'Afarée ne connaît pas de fin. Cette manne, elle nous faut la porter, toutes, nations Afaréennes.
Les Shayatin prennent sans égard, sans remord, sous le regard médusé des forces vertueuses.
Ainsi quand la lionne saigne, les chacals reprennent courage.
Les Tamurt n Althalj condamnent fermement l'atroce, l'intolérable qui teintent la Cramoisie.
Ilâh sera juge de ces actes et Icemlet ne tremblera pas."
Le nuage chimique et toxique ne s'était pas arrêté aux frontières.
La Qari Ijja Shenna reprenait les rênes des Tamurt n Althalj et les sortaient de la torpeur bienheureuse vers un avenir difficile, celui dessiné par Ilâh.

Posté le : 02 jui. 2025 à 11:27:59
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Il n’existe pas de réaction type. Pas de relation type. Pas de norme. Les fictions juridiques s’enchaînent, existent dans le creux des crânes. Les circonvolutions des diplomates, des politiciens, de la matière rose de leur cerveau. Et quand une balle traverse la tête, que la violence remplace les faits, on s’attend à ce qu’elle reste dans les recoins. Cantonnées à ce que l’on attend d’elle. Limitée. Normes, attendues. Ne soyez violents qu’avec certains et de telle façon, ou d’autres viendront vous accuser des crimes qu’ils vous prêtent. Ne tuer que d’une certaine façon, où le quarteront des puissants vous fera payer votre égarement. N’oubliez pas. Eux seuls ont le droit de définir les limites. Ils sont la muraille qui enserre, le boa qui étrangle, le monde à leur merci, une réalité aux frontières fixes, mais bien vivantes.
Et on se penche rarement sur l’infime, les drames individuels, les violences brutes du pays réel. On détourne le regard, on invoque ces sales démons que lorsqu’ils servent la parole globale. Un soldat viol. Un autre tue. Des enfants finissent sous les grava, et une bombe tue une famille. Des milliers meurent des faims, et combien l’ont mérité ? C’est au nom d’une plus grand-chose. Les frontières ignorent leurs habitants. Leur mouvement lent et tellurique est une cause en soi. Pour la rendre nobles, il faut ignorer ses effets. L’infime n’est invoqué, jamais, que pour salir son opposant. Et tous y ont plongés les mains. Il n’existe pas de guerrier propre. Fut-il combattant de la liberté. Fut-il sincèrement convaincu de sa raison. Suit-il quelques lois de la guerre, oxymore ultime, mais peut-être seule barrière entre un Conflit et un massacre. Un brigadier solaire sourit mieux, et crois travailler pour le bien. Il ne tue pas les enfants, ne viole pas les femmes. Ses bombes renverront tout de même le pays vingt ans en arrière. Moindre mal.
Le monde a connu son lot de massacres. Quelques uns médiatisés, la plupart ignorés volontairement ou non. La simple multiplication des horreurs rend la comptabilité ardue. Ces massacres sont le creuset des dénonciations. Des récriminations. Des interventions étrangères. L’OND et Velsna interviennent car un pays menace ses homosexuels. Le Grand Kah se fraie un passage, car la Loduarie tire au phosphore blanc sur des manifestants. Le monde hurle à s’en arracher la gorge, car la Communaterra est. C’est déjà trop.
Qui pleure les fantômes kresetchniens ? Les premiers peuples d'Aleucie ? Qui regarde Carande, voit la Vélèsie, qui porte son regard plus loin encore et se dit "C'est monstrueux" avec l'idée d'en faire quelque chose ?
Qui a les moyens de faire le bien partout ? Qui a l’envie de le faire ? Qui en a l’intérêt ? Tout est munition, et il faut choisir ses tirs. Un pays a ses intérêts. La morale est rarement motrice. On l’exploite, on l’assimile à la raison d’État. On se tord en gesticulations, on dénonce. L’infamante hypocrisie de l’État fait partie même de sa raison d’être. Un État est un ogre. Lui faire confiance c’est être imbécile.
Ou peut-être pas ?
Peut-être qu’il existe bien une humanité ? Ou plutôt, peut-être qu’il existe bien une humanité ayant tenue bon ? Tenue bon devant l’édification des régimes, devant les logiques de la politique ? Face à ces choses qui séparent l’être et sa nature, face à la civilisation qui prône l’oublie ? Peut-être que même dans les tripes pourries des décideurs, de leur logique malade et tordue, peut-être que derrière les masques de bonne volonté, les faux-semblants, les sympathies hautement structurées, peut-être que derrière l’empilement des faits et actes du Mensonge, il reste quelque chose pour être choqué. Une étincelle humaine. Et peut-être que c’est la nature profonde de ce choc, peut-être que c’est sa réalité pure, sans filtre, peut-être que c’est l’ébranlement qui pris le monde, face à un sentiment trop sincère, trop honnête, trop éloigné de la fiction juridique, qui le cantonna au silence.
Désormais, Cramasoie est. Conçue dans la fureur. Un cratère, une colonie d’enfers et de cauchemars. L’expansion d’une tumeur qui elle, refuse et se joue de la Fiction juridique. Plus proches de leurs sentiments, moins humains que tous les autres. Ils ont atteint la brutalité sauvage que seule l’aliénation permet. Et le monde est en état de choc, se réveille d’un mauvais rêve.
Une expérience limite, à l’échelle du monde entier. Une douleur intolérable. Une transgression dépassant le stade des abus acceptables. Le viol d’un continent par les colons est tolérable. Le massacre des populations est entendable. On justifie le pillage et l’impérialisme. Mais tant qu’il porte un masque. Ici tout est trop cru. Et pendant un bref instant, même les empires tressaillent.
Et où sont-ils, les objecteurs de consciences? Ceux qui, habituellement, tapaient du poing sur la table ? Aucune flotte, aucun blocus, des dénonciations flasques. Lentement, on se prépare à la suite.
La Paix du Grand Kah est chose complexe. Dépourvue d’universalité, elle prétend à l’hégémonie. C’est une paix qui justifie qu’une armée d’agression soit qualifiée de « Garde », et qui considère les frontières avec mépris. Une paix qui observe le monde par le prisme de l’Humanité, définit par la liberté et le bien-être. Un pays qui aime les acteurs locaux, mais cherche à les subvertir. N’analyse le monde qu’en tant que machines, casse-tête à décoder, immense architecture humaine dont les fondations même étaient pourries.
Cette Paix intervenait parfois – souvent – mais était de fait mal comprise. C’était une paix patiente.
La fin des Empires qu’elle appelait ne se ferait pas dans une guerre suprême et finale. Les condamnations ne donnaient pas lieu à l’action. S’il fallait tuer tout ce qu’on dénonce, combien de pays exactement resterait-il ?
Pour l’Union tout est question de cause. Un jeune homme mourant de faim est une tragédie personnelle. Un ouvrier, le corps brisé par le travail à la chaîne, en est une autre. Chaque maladie professionnelle, chaque centimètre pris par le système sur la vie privée et personnelle, de la concentration des médias aux cancers liés aux pesticides, de l’homophobie au racisme, chaque indice de l’Empire, de l’Hégémonie, est ramené à sa cause profonde. Puis, enfin, est compartimenté. Il y avait sur Terre bien peu de pays qui pouvaient se vanter de ne pas être coupables. Les puissants, l’élite, la minorité qui exploite le reste.
Et il n’était pas toujours utile d’agir. La Révolution avait deux siècles. Elle en vivrait deux autres, deux autres, deux autres encore. Serait éternelle. Sa victoire ouvrirait les portes d’un infini. Alors il y avait le temps. Chaque chose en son temps. La construction se faisait patiemment.
Carnavale, cependant, heurtait ce calendrier. Une phénomène qu’on avait trop laissée croitre, sans doute. Personne n’avait estimé la profondeur réelle de sa folie. Personne n’avait estimé qu’elle puisse quitter sa cour, son château de carte, son éternelle heure du thé, et essaimer ailleurs quelques graines de son cauchemar.
« Il faut faire quelque chose. »
Les Communes Afaréennes pleuraient. Les gaz toxiques avaient tué les bêtes, et les cancers se multiplieraient dans les générations à venir. Les eaux claires avaient pris cette teinte malade, et il faudrait bien des efforts pour retrouver un sentiment de normalité.
Non.
On ne le retrouverait jamais. Un kah-tanais d’Afarée était un Afaréen. Il vivait son continent comme un tout, et chaque colonie comme un clou dans sa chair. Cramoisie, elle, était un pieu.
« Il faut faire quelque chose, maintenant. »
Les débats s’éternisaient. Le Grand Kah n’avait pas intérêt à subir seul les volées de missile Carnavalais. On ne pouvait pas intervenir unilatéralement contre un pays représentant un vrai risque. Les morts seraient nombreux. Trop. Et cette puissance militaire devait être exploitée ailleurs. La Révolution avait le temps. Pas à pas. Pleurons les morts, et...
« Nous comprenons les raisons de la Confédération. Nous attendons qu’elle comprenne les raisons des communes exclaves. »
Que pouvait-on faire d’autre qu’acquiescer. Des mots creux. Promesse de soutien. Silence. Chacun était libre de ses croyances, et de son action. Le châtiment tomberait s’il le fallait. Les Communes Exclaves prendraient ce risque au nom des autres.
Les portes capitonnées du comité de défense s'ouvrirent enfin. Asong Sopo se détacha du mur contre lequel elle attendait et intercepta son ami, dont le visage était une toile vierge.
« Alors ?
– Alors nous feront le nécessaire », répondit-elle d’un ton neutre.
Posté le : 04 jui. 2025 à 17:54:12
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Apprenant à l'instant la déclaration de la Principauté de Carnavale de répéter ses frappes balistiques sur la Kabalie, le Duché de Sylva somme de ne pas mener à terme cette opération en urgence. Mais considérant le caractère de l'auteur de ce sinistre projet, il est évident que les paroles ne sauront être convaincantes que si des actes concrets les suivent. C'est pourquoi sont opérés des frappes contre la Principauté de Carnavale, planifiées pour arriver à 4h (heure locale). C'est 4h plus tard que la présidente Bernadette Vougier tiendra un bref discours pour revendiquer cette frappe et imposer l'ultimatum :
« Le génocide et la colonisation en Kabalie par une puissance eurysienne n'a que trop duré, parce qu'on laisse faire, parce que l'on perd du temps à discuter de la légitimité de chacun de s'outrer, parce que l'Afarée se livre à des guerres intestines, certaines n'étant que l'extension d'ingérences eurysiennes. Carnavale a les mains libres pour agir, elle s'en vante, elle continue de tuer tout en tenant des inversions accusatoires contre ceux qui lève la voix.
Le Duché de Sylva ne le tolère pas, ne l'a jamais toléré et ne le tolérera jamais, et constatant que rien ne changera sans acte, déclare officiellement qu'une poursuite du massacre enclenchera une réponse armée directement contre le cœur du problème, la cause de ces symptômes, l'antre du tueur, la Principauté de Carnavale. En guise d'avertissement, plusieurs missiles de croisière ont été tirés contre une cible militaire de Carnavale, un aérodrome. C'est un avertissement, le dernier que nous ferons avant que n'escalade progressivement cette crise. Le carnage en Kabalie cessera, de gré ou de force. »
Posté le : 04 jui. 2025 à 23:48:13
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Par la présente communication le gouvernement de la Sérénissime République de Fortuna et son Amirauté, suite à une série réunion extraordinaires du gouvernement s'étant étalé sur plusieurs jours, constatent le cas échant :
D'une part, l'augmentation considérable des flux migratoires Afaréen émergeant de la région de Kabalie qui atteignent des pics encore jamais observés au cours de l'Histoire récente ou lointaine, ce dans un cours laps de temps et englobant des centaines voir des milliers de personnes se lançant dans une vaste entreprise qui ne peut être qualifiée que de fuite en panique à travers des hectares entiers tantôt de désert, et plus rarement de mer, ce en n'emportant bien souvent qu'une misère à peine suffisante pour perdurer quelques jours tant l'urgence et le caractère de terreur induisant cette envol est grand.
En est reconnu comme étant la cause claire et sans équivoque, le Génocide perpétré par l'entreprise dites "Cramoisie" sous l'égide des Grandes familles de l'Oligarchie Carnavalaise qui s'appliquent à opérer une élimination méthodique et systématique d'une rare froideur à l'encontre des populations en questions, ce dans le but clairement affirmé selon leurs dires de "Purifier" les terres concernés et pouvoir entreprendre une mission de colonisation aux visée "justifiées" via des élucubrations religieuses déformées et détournées. Il n'existe à l'heure actuelle aucune perspective de restriction quand aux méthodes employées pour ce que toute âme ne peut qualifier décemment que d'horreur à l'état pure, de fait l'usage d'armement chimique et balistique est privilégiée par la mission coloniale de même que la présence de commandos dits "De nettoyage".
Le Phénomène migratoire d'après les prévisions ne va faire que s'accentuer pour une durée encore indéterminée, et ira de mal en pire à mesure que le régime colonial Carnavalais fera monter dans les octaves ses mesures à visée génocidaire. L'absence pour l'heure de front mondial, diplomatique ou au delà ne fait que confirmer cet état de fait, quand bien même des discussions sont semble-t-il en cours entre plusieurs acteurs régionaux et internationaux afin d'adresser des réponses fermes, communes et humaines face à cet évènement sans précédant au cours des dernières décennies.
Le cas échéant, le Doge Sérénissime au nom de la République et du peuple Fortunéen a prit les décisions suivantes avec le plein soutient du sénat républicain et des Cortès de Grietta déclare et ordonne :
- L'ouverture sans délais des frontières de Grietta et l'octroi d'un statut spécial de citoyens honoraires fortunéens à la populace en fuite de Kabalie
- La suspension des procédures administratives d'usages quand à ces entrées sur le territoire Fortunéen afin de préférer une version accélérée et simplifiée de manière exceptionnelle au vue du caractère inédit de la situation
- La facilitation de l'accès à la Citoyenneté Fortunéenne classique pour ceux qui parmi les réfugiés le désirerait.
- L'acheminement de denrées humanitaires de première nécessité et l'octroi de fonds d'urgence aux autorités locales afin de superviser l'accueil de manière humaine et digne des réfugiés
- La réquisition de bâtiments et logements non usité de l'Académie Navale de Grietta afin de pourvoir des toits aux réfugiés.
- La mise en place d'un Couvre-Feu allant de 20 h du soir à 6h du Matin pour les deux semaines à venir dans un premier temps avec possibilité de reconduire celui ci en fonction de la stabilisation ou non de la situation.
- Le Déploiement préventif de nouveaux bâtiments de l'Armata et le redéploiement des Voltigeurs de la Légion à Grietta afin de prévenir à toute volonté de poursuite de l'entreprise génocidaire par delà les frontières de Kabalie.
- Réaffirme son engagement à protéger ceux qui doivent l'être, comme il se doit, l'Armata ne tolèrera aucune agression quelconque contre les populaces réfugiées.
En complément de ceci, Il Stato da Màr, par la volonté du conseil des Amiraux, annonce :
Ces mesures sont à prise d'effet immédiats et sont sujettes à des compléments et ajustements dans un futur proche en fonction de l'évolution de la situation. Le Gouvernement républicain est hautement concerné par la Crise en cours et observe son évolution avec inquiétude et attention.
Posté le : 13 jui. 2025 à 13:24:41
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Reptiles, scorpions, mammifères de la taille d'un pouce, la faune se déterre et cherche le peu de subsistance qui lui permettra de vivre un jour de plus.
Ici et là, la flore joue un rôle pivot dans la chaîne alimentaire, une flore sèche, à l'écorce ou à la structure adaptée au soleil qui irradie et incendie. Le peu d'humidité, sous forme de gouttelettes microscopiques qui, par les changements de températures entre le jour et la nuit, perle dans un creux, apportera cette ligne de vie, comme ce fut le cas depuis des siècles, dans ces contrées autrefois luxuriantes.
Au sein de cette nuit sombre, la vie est chérie, d'autant plus qu'elle est sous la bonne étoile des Tamurt n Althalj, protectrice de ce qui fut créé et de ce qui est prodigué aux dignes héritières et disciples de La Déesse.
La beauté de la nature est le reflet de la bonté et miséricorde d'Ilâh, mais aussi de Sa présence.
Et les Althaljirs en apprécient chaque instant et chaque once de ce qui peut être préservé, afin d'y trouver la célèbre plénitude tant recherchée par ces femmes et hommes dont la seule raison de vivre est d'agir par altruisme et avec bienveillance (Al-Birr en Alth), dans la lignée des Hadiths de de la Prophète Jamilah au Couchant, soeur du prophète Mohammed au Levant.
"Soyez bienveillantes, car chaque fois que la bienveillance fait partie de quelque chose, elle l'embellit."
A travers cette bienveillance, les Althaljirs suivent les pas de la plénitude et du salut.
Dans cette nuit sombre de nouvelle lune, la lune ainsi entièrement sombre, les Forces du Matriarcat Ilahmique s'exercent dans des conditions spécifiques, se devant d'utiliser leurs équipements individuels afin de manœuvrer dans la pénombre.
La semaine précédente, les FMI avaient pu s'entraîner dans des conditions encore plus défavorables, lorsqu'un haboob venant de l'Est avait englouti le désert d'Asefsaf et Ifilku pendant trois jours.
Les perturbations électroniques, les conditions climatiques, tout était mis à l'épreuve pour simuler des combats et actions militaires en territoire hostile où les masques et équipements chimiques et toxiques, les chaleurs torrides et la dégradation des appareils.
Dans de faibles visibilités, l'aviation Althaljir devait trouver des cibles, les drones volaient à basse altitude, scannaient et cartographiaient. Sans employer de chemins ou pistes, l'expérience Althaljir permettaient aux véhicules d'avancer rapidement et en toute sécurité, tandis que les déploiements de points forts temporaires anticipaient les forces aériennes de l'ennemi afin de lui scier l'initiative de rompre toute logistique des FMI.
Les entraînements et simulations de grande envergure avaient rassemblé une large partie des armées d'Icemlet, tantôt pour des opérations d'infiltration, tantôt pour des saisies de terrains et objectifs étendus.
L'armée combinait parfaitement entre les airs et la terre, une spécialité que les FMI avaient peaufiné lors des nombreuses opérations de sécurisation des Territoires Libres Sahrannes, notamment à la suite de la crise des Courageux qui propulsèrent de nombreux mercenaires à travers le désert vers l'Ouest afin de déstabiliser et profiter du malheur Afaréen.
Les règles d'engagement étaient à présent en Eudwanium à l'extérieur des frontières des Tamurt n Althalj, comme un préambule d'une entrée en guerre. Les Forces du Matriarcat Ilahmique pouvaient à présent tirer avec des balles réelles et pour tuer. L'Eudwanium spécifique aux opérations ponctuelles avait été étendu à l'ensemble des FMI sans distinctions, une première.
L'inclusion des appareils Harir dans ces exercices grandeur nature avait été concluant avec des performances au dessus des attentes des Etat-Majors. Cette utilisation et révélation de la puissance technologique avait galvanisé des troupes au moral d'ores et déjà haut. Le vombrissement des appareils laissèrent un avant goût de ce à quoi la guerre du future ressemblerait, aux côtés des drones en forme de rapace et des dernières générations de chasseur bombardiers.
L'Etat-Major devait régulièrement rappeler que le sacrifice au combat n'était pas systématique et ne devait aucunement être employé dans des situations pouvant l'éviter. La culture du sacrifice, dans un altruisme exacerbé, imprégnait la société Althaljir depuis des siècles, comme un dernier acte ultime de Bienveillance et de salut.

Manoeuvres Althaljirs, lors du Haboob de Janvier 2017 à Asefsaf - Exercices de simulation d'un conflit en conditions similaires à la Cramoisie
