GénéralitésHistoire de l'AzzymérieEncerclée par la Mer de Leucytalée au nord et par le désert du Sahra' au sud, l'Azzymérie est un pays d'Afarée du Nord à l'histoire riche et millénaire du fait de sa position géographique à la croisée de l'Afarée et de l'Eurysie qui en fit, à partir de l'Antiquité, l'un des points de passage obligés des commerçants souhaitant se rendre sur l'un ou l'autre continent pour y vendre leurs biens exotiques. D'abord berceau de la civilisation Azzymérienne, célèbre pour ses marchands et ses navigateurs, aujourd'hui disparue mais qui lui a donnée son nom avant de voir s'installer sur son sol quelqu'une des premières communautés chrétiennes, l'Azzymérie sera, au cours de son histoire, successivement conquise par les empires Rhêmien puis Islamique (sous la domination duquel la majorité de la population de la région se convertira à l'Islam), héritant de ces multiples invasions et occupations d'un très riche patrimoine historique et archéologique.
Après la perte de la région par l'Empire Islamique au début du dixième siècle, provoquée à la fois par son déclin progressif et sa perte d'influence et par les premières croisades chrétiennes qui touchent également les alentours de Qadisha, plus au nord, à partir de 1095, l'Azzymérie se retrouve progressivement divisée en plusieurs petits royaumes musulmans, formés par le ralliement d'un nombre exponentiel de tribus bédouines à d'anciens seigneurs, généraux ou nobles de l'Empire, les plus notables de ces royaumes étant les Émirats du Farez et du Mahdi et le Sultanat Azzym, auxquels s'ajoutent les petites Principautés Chrétiennes des Jézareth et des Amyriaques, du nom des deux principales communautés chrétiennes du territoire, fondés par les croisés catholiques Eurysiens à partir du début du douzième siècle.
Le Sultanat Azzym, dirigé par la dynastie Azzym de la tribu des Azzymirs, héritière revendiquée de l'ancienne civilisation Azzymérienne, s'imposera très vite comme la puissance dominante de la région, conquérant ou vassalisant progressivement la plupart de ses voisins et les commandant lors des guerres de reconquêtes des territoires chrétiens, guerres qui se concluront par la chute des royaumes croisés au cours du quatorzième siècle. Le Sultanat Azzym poursuivra son expansion pendant près de cinq siècles, subissant parfois des reculs et des défaites face à ses ennemis, perdant même sa capitale Al-Arwah à plusieurs reprises, mais s'en relevant toujours bien assez vite grâce à la persévérance des Azzym et au soutien des nombreuses tribus nomades leur ayant prêtées allégeance. L'unification de l'Azzymérie sera officiellement achevée après la conquête de la côte du Farez en 1882 (au nord) et du désert du Mahdi (au sud) en 1908, bien que plusieurs tribus resteront loyales aux deux Émirs déchus mais revanchards et continueront de combattre aux côtés de leurs descendants pendant encore quelques décennies.
Malgré tout, le Sultanat d'Azzymérie prospérera économiquement grâce à l'exploitation de ses nombreux gisements de pétrole, généralement par des entreprises Eurysiennes, le pays n'ayant alors pas les moyens techniques d'extraire lui même le précieux or noir dont son sol regorge. Cependant, les richesses ainsi gagnées ne profiteront qu'à une poignée d'individus, composée de la famille royale et de ses plus proches collaborateurs, creusant d'autant plus les inégalités entre, d'un côté, les élites politiques, militaires et religieuses du Sultanat et, de l'autre, la majorité de la population, allant du petit bourgeois à l'esclave. Les quelques intellectuels issus de cette majorité pauvre se tourneront naturellement dans un premier temps vers les idées socialistes voire communistes mais ne seront que peu suivis par la population encore très conservatrice qui voit ces idées comme anti-religieuses et anti-traditionnelles.
Un de ces intellectuels, un certain Abdel Haza, proposera donc, à partir de 1934, une alternative au socialisme Eurysien qu'il juge comme mieux conciliable avec les réalités sociales et culturelles de l'Azzymérie. Selon lui, l'Azzymérie n'est qu'une petite fraction d'une nation bien plus large, la nation Arabe, unie par une langue et par une histoire communes mais divisée en plusieurs États à cause du tribalisme et du colonialisme, divisée économiquement à cause du féodalisme et du capitalisme occidental, et divisée religieusement à cause du fondamentalisme religieux, phénomène amplifié par son instrumentalisation au profit des impérialistes Eurysiens. Haza considère le Christianisme et l'Islam (auxquels il ajoute occasionnellement le Judaïsme) comme des religions sœurs toutes deux parties intégrante de l'identité Azzymérienne et Arabe vouées à s'unir et à prospérer dans l'harmonie, rejette le principe de lutte des classes imaginés par les socialistes conventionnels qu'il voit comme un frein à l'unification nationale, lui préférant le combat entre le peuple et le monarchisme réactionnaire vendu à l'occident, et défend la création d'un État républicain, socialiste et laïc, la redistribution des terres, la nationalisation des ressources, notamment pétrolières, la lutte contre l'influence des autorités religieuses sur la vie politique et sur la population et la sédentarisation des tribus nomades, tout cela dans l'optique de créer une société égalitaire, soudée et libérée des entraves de la réaction qui l'empêchent d'unifier les peuples Arabes de toute l'Afarée.
Ce système, baptisé par Haza lui-même Socialisme-Nationaliste Arabe Azzymérien et couramment nommé Hazisme par ses partisans de l'époque, n'aura que peu de mal à conquérir le cœur des foules, notamment de la jeunesse, touchées par ses promesses de liberté, d'égalité et d'indépendance des peuples Afaréens vis à vis de l'impérialisme Eurysien.
C'est d'ailleurs sur cette jeunesse, qu'il considère comme n'ayant pas eu le temps d'être définitivement endoctriné par la réaction et la religion, qu'Abdel Haza s'appuiera pour former son mouvement, se rapprochant de jeunes intellectuels pour former les bases de son futur parti (le Sultanat Azzymérien étant alors une monarchie absolue, les partis sont officiellement interdits et contraints à la clandestinité) et, surtout, s'attirant la sympathie de jeunes officiers de l'armée Sultanale, parmi lesquels Mohamed al-Jabar, qui lui promettent de le suivre dans une prise du pouvoir par la force, formant ainsi clandestinement le Mouvement Révolutionnaire Socialiste Républicain d'Azzymérie ou MRSRA. Haza considérait en effet que le soutien du peuple n'était pas suffisant pour renverser la monarchie car "Le peuple est trop ignorant et mal éduqué pour comprendre que si situation pourrait être différente ou, s'il est conscient de l'injustice qu'il subit, pour savoir comment y mettre un terme définitif. La révolution socialiste ne peut donc venir spontanément du bas, elle doit lui être imposée par le haut."
Abdel Haza n'avait aucune confiance en la réussite d'une prise du pouvoir par une insurrection populaire et privilégiait un Coup d'État militaire ce qui sera chose faite en Février 1949 lorsque les officiers du MRSRA et leurs soldats loyaux s'empareront par la force du Palais Sultanale et des principaux points stratégiques du pays, forçant le Sultan à abdiquer et permettant la proclamation de la République Unie d'Azzymérie. Dans la foulée, Abdel Haza abolira l'esclavage et la noblesse, mettra en place un régime républicain présidentiel multipartite, se fera élire Président de la République au suffrage universel direct dans des circonstances floues et lancera ses premières campagnes de redistribution des terres et d'alphabétisation.
Mais une partie des officiers du MRSRA, menée par Mohamed al-Jabar, se disent insatisfaits de la politique d'Abdel Haza qu'ils trouvent trop mou dans ses réformes. Mohamed al-Jabar et ses officiers loyaux mênent donc, dès 1951, un second coup d'État, renversent Haza et s'emparent du pouvoir. Après cette "double révolution" (la première pour faire tomber le féodalisme réactionnaire, la seconde pour imposer la justice sociale), al-Jabar accélérera drastiquement la politique sociale d'Haza : nationalisation de toutes les ressources minières et pétrolières du pays, réforme du système scolaire pour rendre l'école laïque, gratuite et obligatoire, aides à la mécanisation de l'agriculture, remboursement partiel des soins, plans d'accès à l'électricité et à l'eau courante pour toutes les villes, sédentarisation forcée des bédouins...
Malgré tout, le nouveau régime devient très vite de plus en plus autoritaire. Mohamed al-Jabar revient, dès sa prise de pouvoir, sur l'autorisation des partis politiques, des syndicats et du droit de manifestation ou de grève, obtenus après la proclamation de la République et instaure un culte de la personnalité centré sur lui même accompagné d'une réécriture de l'histoire faisant d'Abdel Haza un traître à la révolution et un agent de la réaction. Le terme d'Hazisme pour désigner l'idéologie du régime disparaît totalement au profit de celui de Jabarisme.
Mohamed al-Jabar se fera constamment réélire jusqu'à sa mort en 1988 à l'âge de 73 ans. Son fils Bilal lui succède et se retrouve à la tête d'un État ayant sombré dans le totalitarisme, le militarisme et le népotisme mais dont les progrès sociaux et économiques sont réels et reconnus internationalement : l'illettrisme, la pauvreté et les inégalités de genre ou de richesse ont étés considérablement réduites et les tensions religieuses se sont en apparence tus.
Mais les motivations de Bilal al-Jabar sont bien moins nobles que celles de son père. Sitôt arrivé au pouvoir, il met fin à bon nombres des réformes sociales de son prédécesseur, supprimant les aides aux soins ou à la mécanisation de l'agriculture, qu'il considère comme de l'argent jeté inutilement par les fenêtres, et rouvrant une partie des ressources naturelles du pays à l'exploitation privée afin de renflouer les caisses de l'État dans lesquelles il pioche allègrement pour sa propre fortune. Craignant que ces réformes soient mal reçues par la frange la plus socialiste de l'administration civile et militaire du régime et qu'elle ne complote pour le renverser, il entreprendra également de réorganiser ces deux institutions, les généraux et cadres autrefois nommés au mérite étant remplacés par une nouvelle élite moins compétente et moins efficace mais jugée plus loyale au Président. Le projet Socialiste-Nationaliste Azzymérien est brutalement stoppé par cette refonte du système, ne servant plus qu'à légitimer le régime par la propagande.
À la mort de Bilal al-Jabar en 2006, malgré l'opposition d'une importante partie du MRSRA qui s'oppose de plus en plus à la dictature dynastique des al-Jabar, accusée d'avoir trahi les principes et les objectifs des révolutions de 1949 et de 1951 pour leur seul profit personnel, son fils Wael lui succède à son tour et poursuit pendant un temps la politique de privatisation et de purge de son père, entraînant la démission d'une importante partie du gouvernement qui ira grossir les rangs de l'opposition.
Afin de combattre cette opposition grandissante, le nouveau président initie les premières réformes démocratiques depuis l'établissement du régime, autorisant pour la première fois la formation de partis d'opposition et l'organisation d'élections semi-libres à l'échelle locale et réduisant la censure des médias en autorisant certains journaux indépendants et en libérant des dizaines de prisonnier politiques. Ces réformes seront très loin d'avoir l'effet escompté. Loin de calmer l'opposition, elles ne feront que la renforcer en lui permettant de s'organiser et de diffuser plus largement ses revendications. Les petits groupuscules idéologiques longtemps isolés s'unissent rapidement en de vastes mouvements politiques d'opposition à l'échelle régionale et des manifestations éclatent dans tout le pays entre 2006 et 2007 pour exprimer le mécontentement de la population face à l'appauvrissement et l'autoritarisme croissants de l'Azzymérie sous la gouvernance des al-Jabar et pour demander la démission du Président et de son gouvernement et une démocratisation complète et non pas partielle du régime par le biais d'élections présidentielles libres et démocratiques, ouvertes à toutes les forces politiques du pays.
Malgré ses réformes démocratiques, Wael al-Jabar restait peu enclin à abandonner le pouvoir et la confortable richesse qu'il lui apporte. Il refusa donc de céder aux exigences des manifestants, ordonnant à la police ou à l'armée de les disperser par la force si nécessaire et d'arrêter les meneurs du mouvement de contestation. La violence augmente. Dans certains cas, l'armée ouvre le feu sur une foule désarmée. Dans d'autres, ce sont les manifestants qui prennent d'assaut et pillent les casernes pour prendre les armes et défendre leur liberté. Des milliers de soldats, généralement issus des mêmes communautés qu'ils sont chargés de réprimer, et parfois même des unités entières, officier compris, désertent ou font sécession, craignant d'être victimes des purges qui s'intensifient ou refusant de suivre des ordres qu'ils jugent immoraux, renforçant d'autant plus l'opposition qui se militarise rapidement.
Le 22 Février 2007 et dans les jours suivants, des unités sécessionnistes de l'armée Azzymérienne, accompagnées de civils armés issus de l'opposition anti-gouvernementale, prennent par la force le contrôle de plusieurs villes importantes. L'Azzymérie bascule dans la guerre civile, une guerre qui deviendra très vite un bourbier chaotique. En effet, alors que les rebelles étaient à l'origine issus de scission de l'armée et donc majoritairement favorables aux idées d'Abdel Haza voire de Mohamed al-Jabar, l'effondrement du contrôle de l'État sur de vastes portions de territoires et la diffusion dans tout le pays de dizaines de milliers d'armes et d'équipements militaires perdus au gré des combats permettra l'essor de nouveaux groupes armés aux idéologies et objectifs variés (islamistes, socialistes, libéraux, nationalistes, séparatistes ou simples bandes de pillards profitant de la guerre pour s'enrichir dans la plus totale impunité) qui s'affronteront ou s'allieront selon leurs convergences et leurs intérêts du moment, rendant toute victoire d'une rébellion divisée face à un gouvernement affaibli mais encore bien uni sous un dirigeant et une idéologie clairs plus qu'utopique.
La situation évoluera cependant positivement pour les insurgés à partir de la Conférence de Jasrusan, organisée à l'initiative du Groupe Armé pour la Démocratie, l'une des plus puissantes factions rebelles, dans la ville du même nom alors sous son contrôle. Cette conférence, qui rassemble la majeure partie des groupes armés révolutionnaires, se conclut par la formation du Groupement Révolutionnaire Armé Azzymérien pour la Démocratie (GRAAD), une alliance entre les différentes factions rebelles, lesquelles s'accordent sur une trêve globale, au moins jusqu'à la fin de la guerre, promettent de mettre de côté leurs différents idéologiques, de ne plus s'affronter et de coopérer au maximum pour venir à bout du régime Jabariste. Si la coopération entre les différents groupes rebelles restera très limités, la plupart des factions préférant mener des opérations militaires contre les positions gouvernementales pour leur propre compte sans en informer leurs alliés au préalable, ne collaborant réellement et ne menant des offensives conjointes qu'avec les groupes armés les plus proches idéologiquement, elle sera néanmoins suffisante pour prendre un avantage décisif sur les forces de la République Unie malgré quelques escarmouches occasionnelles entre groupes insurgés rivaux.
Ainsi, le GRAAD parvient, après neuf ans de conflit, à prendre, non sans mal et au prix de plusieurs milliers de vies, le contrôle d'Al-Arwah, la capitale du pays, et à capturer ou chasser les dernières forces loyales au Président Wael al-Jabar, qui réussira cependant à s'enfuir à l'étranger avec sa famille, et proclamera dans la foulée le Gouvernement Révolutionnaire Uni de Transition de l'État Azzymérien (GRUTÉA), régime temporaire dirigé collectivement par les différentes factions révolutionnaires chargé de reconstruire le pays et de mettre en place des institutions solides et démocratiques.
Mais, malgré le départ des al-Jabar, la République Unie d'Azzymérie maintient encore son contrôle sur une partie du territoire, principalement centré autour de la ville de Mektehb, dans le désert du Mahdi, au sud du pays, où se sont réfugiés les membres du gouvernement ayant refusés de fuir à l'étranger ou de se cacher et leurs dernières forces armées, le tout dirigé d'une main de fer par le Premier Ministre Omar el-Djani. La guerre n'est donc toujours pas terminée.
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