10/12/2016
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[Presse] La Presse papier makotane

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Titre du Sujet : La presse écrite makotane

De bon matin,  dans une cuisine makotane, un vacher lit le journal en buvant son café tandis que son épouse, en bonne ménagère s'active déja pour aux fournaux.

Comme on peut s'en douter, le Makota est très en retard pour tout ce qui concerne la diffusion de l'information. Internet est quasi inexistant (et limité à un petit intranet lent et pauvre), la télévision est rare, n’existe que dans les villes et ne dispose que d’une seule chaîne. La radio, bien qu’un peu plus développée puisqu’elle est accessible partout sur le territoire, demeure un moyen d'information cantonné à l’immédiateté et reste secondaire par rapport à la presse papier, qui conserve une place prépondérante dans l’État.

Il existe des dizaines de titres de journaux, gazettes, magazines et autres lettres confidentielles ; cependant, on ne peut pas dire que tout le monde lit tout (ce qui n’existe nulle part, d’ailleurs). La lecture est avant tout affaire de position sociale et géographique : selon qui l’on est socialement et où l’on se trouve, on ne lira pas les mêmes journaux (là encore, c’est une évidence). Cependant, dans un pays où la structuration politique est presque nulle (il n’existe pas de partis politiques véritablement structurés, seulement des personnalités et leur clientèle), la lecture de tel ou tel titre permet de vous classer dans tel ou tel "groupe politique".

Les Makotans ne sont pas des gens très ouverts sur l’international ; aussi, les articles devraient essentiellement aborder des questions locales. Notons enfin que, bien qu’il n’y ait pas de censure préventive et que l’on puisse théoriquement imprimer ce que l’on veut, l’épée de Damoclès que représentent les ligues de vertu est perpétuellement suspendue au-dessus de la tête de ceux qui chercheraient à remettre en cause l’Ordre moral, religieux ou politique de l’État. Il n’est pas rare que des journaux progressistes ou socialistes soient mis à sac, incendiés, voire que leurs rédacteurs soient passés à tabac ou tués par les foules assemblées de manière fausse spontanée, dans l’indifférence feinte ou l’indisponibilité factice des hommes du shérif local. En somme, la liberté de parole est parfois assez théorique dans l’État du Makota.

Liste des titres de Journaux

Néant

Liste des Articles

Une nouvelle étoile est née : Le premier disque de Melle Dominique Dalila rencontre déja le succès, in Les Nouvelles du Makota, 23/10/16
Le Président Irreville se remarie !, In l'Observateur Fortirrevillois, 25/10/16
Le Makota s'initie au Commerce international, in Les Nouvelles du Makota, 26/10/16
La Lutte contre la Mortalité Infantile par les méthodes Translaves, In Le Journal des Mères de Famille, 29/10/2016
Mais qui êtes-vous, Monsieur le Vice-Président ?, in Le Bal, 2/11/2016
Correctif concernant le Vice-Président, In Bal, le 3/11/16
Encore un accord international !, in Le démocrate makotan, 5/11/2016
Le Vice-Président en Lermandie !, in Les nouvelles du Makota, 5/11/2016
La Seconde Dame inaugure un gymnase et distribue des prix,In le Bal, 4/11/16
« Besoin de personne », le nouveau disque de Melle Dalila scandalise, In les amis de l'Autel, 10/11/2016
Robert-le-Maléfique n'est plus !, In les Nouvelles du Makota, 14/11/2016
Mise à sac du Studio Hubert : Mlle Dalila échappe de peu à la mort !, In les amis de l'Autel, 16/11/2016
Melle Dominique Dalila contre-attaque ! , In Les amis de l'Autel, 19/11/2016
Drame de Pontvac : « Non, je ne les ai pas laissés passer », In les amis de l'autel, 20/11/2016
« Assez de la dictature des Ranchers ! »,In les Nouvelles du Makota du 28/11/16
Mlle Dalila rejoint la coalition contre le Président !, in Les Nouvelles du Makota, 29/11/16
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le texteUne Nouvelle Etoile est née
Le premier disque de Melle Dominique Dalila rencontre déja le succés

Voila certainement une nouvelle que beaucoup attendaient dans le petit monde des cabarets et autres lieux de licence que l'on trouve en nombre considérable dans Sainte-Régine et sa banlieue.
En effet, la nouvelle est tombée en début de semaine : Mademoiselle Do-minique Dalila, la célèbre chanteuse et courtisane, s'est lancée dans le monde tout nouveau de la chanson enregistrée à destination du grand public.
Il faut bien dire, cependant, que les autorités et les plus actifs des industriels semblent actuellement se livrer à une politique d'incitation à la captation sonore des meilleures voix que l’on peut entendre sur les scènes des cabarets et des bordels, afin de fournir du travail aux tout nouveaux studios d'enregistrement de la Capitale qui apparraissent ces derniers mois comme des champignons.
Aller enregistrer des artistes sulfureuses tirées des bordels et des cabarets pourrait sembler une gageure, mais si l'on en croit M. Henry Hubert, producteur de musique à l'origine de ce disque et qui a bien voulu répondre à nos questions : « Composer enfin un véritable catalogue de titres plus popu-laires est indispensable pour toucher une toute nouvelle clientèle, à la fois plus nombreuse et plus populaire, que la musique classique et la musique de fanfare n'intéressent que très peu. »
Pour notre part, nous ne pouvons que donner raison à M. Hubert, car il faut bien admettre que, bien que jusqu’à présent il n'était pas envisageable de sortir de ces registres de musiques convenables et morales, aujourd'hui, avec l'effondrement abyssal du coût d'acqui-sition d'un lecteur de disque 33 tours et du prix de pressage et de gravure d'une galette pour ce même 33 tours, il est possible à tous — et même aux plus modestes — de s'équiper.
Notons d'ailleurs que les 33 tours sont en voie de disparition dans les salons de nos nantis, qui lui préfèrent le CD-compact que l'on peut écouter via des bijous technologiques du nom barbare de Hifi, technologie très avancée que nous ne savons pas encore produire mais que nous achetons à l’étranger.
Mademoiselle Dominique Dalila, dans son salon, avec son premier disque dans les mains, c'est un trente-trois tours pour permettre une meilleur accessibilitée .


Il semble donc compréhensible, voire indispensable, de chercher à élargir la liste des consommateurs potentiels de cette machine, qui a encore quelques années d'exploitation devant elle.
On est cependant en droit de se demander s’il est bien opportun de faire sortir des lieux de licence les voix des sirènes que l'on y entend, lesquelles, bien que mélodieuses, représentent malgré tout un danger réel pour les bonnes mœurs ; notamment pour les plus jeunes, mais aussi pour la moralité publique en général.
À nos craintes, M. Hubert veut se montrer rassurant : « Il n'est bien enten-du pas question d'enregistrer tout et n'importe quoi sans distinction, ni de faire fi des convenances. Nous avons naturellement exclu d'office du réper-toire de nos productions tous les titres immoraux et paillards qui seraient de nature à jeter le trouble dans les esprits candides de la jeunesse ou à scandaliser les plus honnêtes personnes du sexe. Pour nous, enregistrer des prostituées et des actrices, ce n'est pas faire sortir le bordel des murs dans lesquels il convient de l’y maintenir. »
En tout cas, et quoi que l’on puisse en penser par ailleurs, on ne peut que constater que le premier disque de Mlle Dominique Dalila est un succès considérable, puisque le premier tirage est déjà écoulé en moins d’une semaine, avec pas loin de 15 000 exemplaires. M. Hubert prévoit d’ailleurs un épuisement total du produit avant la fin de la semaine, et nous a annoncé qu’une nouvelle impression était d’ores et déjà en cours.
Il semblerait bien que l’on assiste en ce moment même aux débuts de carrière de Mlle Dominique Dalila comme « étoile » de la chanson, comme le disent les étrangers. Espérons que cette activité fera naître en cette jeune femme le désir de renoncer à sa vocation première, et la conduira à quitter les bordels et les cabarets.
Quoi qu’il en soit, c’est un concept nouveau pour le Makota, et nous suivrons donc cela de très près pour vous.

Une nouvelle étoile est née : Le premier disque de Melle Dominique Dalila rencontre déja le succès, in Les Nouvelles du Makota, 23/10/16
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 L'image en tête sur trois colonnes représente une  photographie de presse en demi-teinte ou tramage (des années 90, donc de bonne qualité mais noir et blanc ) devant l'entrée d'un château du XIXe, on y voit un homme âgé en costard du XIXe et écharpe de chef d'état qui tient les mains d'une femme dans la vingtaine en robe blanche de mariée du XIXe (et le voile qui va avec, ils posent pour la photo qui est une photo officielle de mariage. Ils sont entourés de notables en costard du XIXe. En dessous, une photographie de presse  en  demi-teinte ou tramage (des années 90 aussi), a genoux sur un prie Dieu dans une cathédrale, une femme dans la vingtaine  en robe  blanche de mariée du XIXe (et le voile qui va avec).

le texte en bloc note

























Photographie prise par nos soins à la sortie de la Cathédrale de Fort-Irreville après une cérémonie de mariage célébrée en petit comité.

Le Président Irreville se remarie !
Après un an de deuil, le Président épouse une jeune fille de ferme inconnue de tous

Hier, à dix heures du matin, a eu lieu à la cathédrale de Fort-Irreville la célébration d’un mariage assez inattendu : celui de notre Président. Veuf depuis un peu plus d’un an, le premier de nos magistrats avait annoncé ses secondes noces en toute discrétion.
Sa première épouse, rappelons-le, pré-nommée Rolande l’Orageuse en raison de ses colères mémorables et publiques, était une demoiselle Hautin, issue de l’une des familles les plus influentes du Plateau Oriental, après, naturellement, la famille Irreville. Ce premier mariage, certes d’in-térêt, n’en avait pas moins été fécond et durable, car outre le fait que son épouse lui ait donné cinq enfants, dont deux fils, cette union dura près d’un demi-siècle.
C’est une mauvaise grippe, aussi soudaine qu’atypique et violente, qui emporta notre Première Dame au début du mois de sep-tembre de l’an dernier. Nous avions couvert l’événement ici même, et assisté à ses obsèques, célébrées également dans la cathédrale de Fort-Irreville, avant que la défunte ne soit conduite à sa dernière demeure, le mausolée Hautin.
Mais laissons la défunte reposer en paix, et voyons plutôt qui est notre nouvelle Première Dame. Il semblerait bien que, pour ses secondes noces, notre Président ait opté pour un mariage d’amour, puisque la future, une certaine Marie Jacquemin, est la fille d’un vacher sans terres, ni richesses, si ce n’est la propriété d’une petite maison dans la prairie.
Si l’on en croit un proche du Président, que nous avons pu interroger sous le sceau de l’anonymat, Monsieur Irreville aurait fait la connaissance de sa future épouse alors qu’il inspectait les habitations des vachers à son service (au nombre desquels figure le père de la mariée), dans le but de s’assurer que ses employés vivaient dans des conditions décentes sur les plans de l’hygiène et de la moralité.
Il serait alors tombé par hasard sur la jeune femme, tandis qu’elle allait puiser de l’eau au puits de la ferme, et aurait été frappé d’une flèche de Cupidon.Nous ignorons si cette charmante histoire est véridique. Et si elle l’est, nous avouons ne pas bien comprendre
comment une jeune femme d’à peine vingt ans peut tomber amoureuse d'un homme
en ayant presque quatre-vingt. Il s'agit cert-tainement là d'un de ces fameux mystères de l'amour. Souhaitons-leur tout de même beaucoup de bonheur dans leur ménage.















Melle Marie Jacquemin en prière avant la messe

Le Président Irreville se remarie !, In l'Observateur Fortirrevillois, 25/10/16
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Les trois photos sont des photographies de presse en demi-teinte ou tramage (des années 90, donc de bonne qualité mais noir et blanc ). La première est prise dans un bureau style XIXe, on y voit un homme âgé en costard du XIXe et écharpe de chef d'état quisigne un décret entouré d'hommes debout autour de lui en costards cravates du XIXe siècle. La seconde montre  dans un Sénat à la tribune, le meme homme âgé en costard du XIXe et écharpe de chef d'état faire un discoure. La troisème image montre à l'arrière d'une voiture de luxe décapotable que conduit un chauffeur en costard du XIXe, un homme âgé en costard du XIXe et écharpe de chef d'éta quitient les mains d'une femme dans la vingtaine en robe du XIXe , ils saluent la foule.

Le Makota s'initie au Commerce international, in Les Nouvelles du Makota, 26/10/16


Transcription brute (presse-papier)Le Makota s'initie au Commerce international
Le président Irreville a promulgé deux accords diplomatiques après validation par le Congrès
Hier, au palais présidentiel, eut lieu la première cérémonie de pro-mulgation destinée à entériner définitivement deux accords diplo-matiques et commerciaux.
C'est un événement inédit pour notre état car, aussi curieux que cela puisse paraître, jamais le Makota n'avait signé le moindre accord international. Les rares ententes économiques tacites tis-sés ça et là n'avaient jusqu'à maintenant jamais dépassé le stade de l'implicite et de l'arrangement verbal.
A présent, il n'en est plus ainsi et le Makota reconnait l'existence de deux nations, la Némédie et Slaviensk dont il désire se faire des amis autant que des collaborateurs économiques.
En effet, les deux accords qui viennent d'être signés et d'entrer en vigueur, dont les textes, large-ment isomorphes, se composent des mêmes trois volets que sont la reconnaissance réciproque de nos États, frontières et gouvernements, les modalités des futurs échanges économiques – essentiellement notre viande et notre uranium con-tre les technologies et machines des deux autres pays – ainsi qu'un échange d'ambas-sadeurs et, par conséquent, la création d'amba-ssades dans nos pays réciproques, structures qui n'existaient pas chez nous jusqu'à ce jour.


Le Président signant officiellement les accords commerciaux conclus l'un avec la Némédie et l'autre avec Slaviensk

C'est donc un moment historique pour notre nation que nous sommes en train de vivre car, avec ces premiers accords assez symbo-liques, s'ouvre — on peut l'espérer — une ère toute nouvelle pour l'État du Makota et l'ensemble de ses citoyens. Sans compter que ces accords prévoient notamment l'in-stallation de centrales nucléaires ainsi que de nouvelles machines puissantes qui devraient améliorer notre productivité et nos profits.
D'ailleurs, il faut croire que notre Président a semblé accorder à cet événement une importance consi-dérable puisqu’il n’a pas hésité à interrompre, temporairement du moins, sa lune de miel avec sa nouvelle épouse, l’ex-mademoiselle Marie Jacquemin, fille d'un petit vacher, qui est à présent Madame Irreville et Première Dame.
Lune de miel, d’ailleurs, qui ne faisait que commencer puisque le mariage, qui fut célébré à Fort-Irreville dans une relative intimité, ne remonte qu’à trois jours.
Ce fut par ailleurs l’occasion pour la jeune femme de se montrer pour la première fois à la population, qui fut tout à fait enchantée de voir autant de jeunesse et de beauté apparaître, pour ainsi dire, de manière aussi inattendue, à la tête de l’État. Il faut dire que c’est une chose peu commune que de voir un homme épouser une femme de plus de cinquante ans sa cadette.
Il faut croire que notre Président n’aura pas estimé devoir tenir le deuil de sa première épouse plus que l’année obligatoire, puisqu’il n'est demeuré veuf que le strict temps imposé par la loi.
Cela ne nous empêchera cepen-dant pas de continuer à déplorer la disparition tragique de sa première épouse, Rolande, née Hautin et morte brutalement. Sa famille, très réputée et très ancienne dans l’État, était pour beaucoup d’entre nous une garantie d’honnêteté et de moralité.

Espérons que les affaires de l’État ne dérangeront plus les jeunes mariés dans cette période importante de l’existence qu’est la lune de miel. En tout cas, nous leur souhaitons tout le bonheur possible et de nombreux enfants.

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Article de presse grand format en cinq colonnes comprenant trois illustrations qui sont toutes des photographie en demi teinte et il y un encadré en bas à droite. La première illustration est une photographie de deux religieuses nourrissant un poupon (c'est à dire un bébé), l'une le tien sur ses genoux et l'autre lui donne la cuillère. La deuxième montre nonnes infirmières s'occuper d'enfants dans un jardin, elle est sous-titrée : La garderie pour enfants malades de l'Hôpital de Sainte-Régine, la troisième montre des poupons sur une nappe posée sur une pelouse et est sous titrée : huit jolis petits poupons.

La Lutte contre la Mortalité Infantile par les méthodes Translaves, In Le Journal des Mères de Famille, 29/10/2016


Transcription bruteLa Lutte contre la Mortalité Infantile par les méthodes Translaves
Il n’est assurément pas facile de changer du jour au lendemain des habitudes que l’on a développées dans le cadre d’un apprentissage long et difficile. C’est pourtant ce qui est en train de se produire dans le service de puériculture de l’hôpital de Sainte-Régine.
Le responsable de ce boulever-sement n’est autre que le directeur du service lui-même, le docteur Charles Durand, qui, lors d’une conférence de presse tenue il y a peu, a annoncé que son service entrait activement en guerre contre la surmortalité infantile qui frappe encore le Makota.

Dans cette même conférence de presse, le docteur Durand n'hésita pas à poser le « constat accablant d'une incroyable et tragique innéficacité des services de puériculture et de neonatalogie qui confinent au Moyen-Age eurysien le plus sombre » . Il faut bien avouer qu'avec ses 16% de mor-talité infantile contre 0,35% de moyenne dans les pays riches, notre état se situe assurémment au fin fond des classements internatio-naux, aux coté sdes états faillis
Et le docteur commente cette statistique sans cacher une certaine colère : « On pourrait s'en moquer, voir en rire quand le font certains, mais c'est de la mort de nos enfants dont il est question. Il s'agit là de ce que nous avons de plus précieux et du plus beau don que peut nous faire le Ciel. Et qu'en faisons nous de ce don ? Nous le méprisons en nous attachant à des vieilleries thérapeutiques qui feraient rire le monde entier si il advenait, pour notre malheur, que l'on apprennen par delç nos frotnières qu'elles ont encore court dans nos cliniques. »
Que préconise le docteur Durand pour lutter contre ce mal ?
Il ne demande rien de moins que de mettre à niveau la puériculture et la néonatologie selon les normes modernes.Pour ce faire, il a obtenu un exemplaire d’un ouvrage de puériculture d’origine translave
(mais issu de la République, Translave et non du régime com-muniste), qu’il a fait traduire et imprimer, puis qu'il a envoyé à l’ensemble de ses confrères, ainsi qu’aux religieuses qui l’assistent dans son service.
Le protocole Durand, que l’on peut également désigner sous l’appellation de méthode translave de puériculture et de néonatologie, repose sur trois principes simples mais qui sont, en vérité, tout à fait novateurs au regard des techniques médicales : l’asepsie, la diététique moderne et la formation médicale et scientifique des infirmières.

De tous ces points, l’asepsie est certainement le plus important, mais aussi le moins bien compris. On la confond souvent, à tort, avec l’hygiène, alors qu’un linge ou une plaie peuvent être totalement infestés de microbes sans pour autant paraître sales.
Pour pratiquer au mieux l’ase-psie, le docteur Durand interdit désormais que l’on juge de la propreté d'une chose sur la seule base de son apparence ou de son odeur. Il a donné des consignes claires sur les moyens de purifier un linge ou un objet quelconque par ébouillantage, ainsi que sur le nettoyage des plaies au moyen d’une désinfection alcoolique.
Pour ce qui est de la diététique, il n’est dorénavant plus question de faire appel à la théorie humorale, et seuls les notions modernes de ca-lories, vitamines, lipides et sucres devront être employés dans le cadre d’une théorie complexe que les in-firmières n’auront pas à connaître, mais dont elles devront appliquer les prescriptions. Pour l’avoir con-sulté, le manuel nous semble assez simple et à la portée de toutes les cuisinières.
La formation médicale des infir-mières est également au centre du protocole, avec pour objectif de permettre à nos bonnes sœurs de pratiquer en sûreté et avec effi-cacité un maximum de gestes techniques, afin d’alléger le travail des médecins. Elle doit être organi-sée dans le cadre d’un ensei-gnement dédié, au sein même de l’hôpital, lequel disposera désor-mais d’un service réservé exclu-sivement à l’instruction de ces dames. Au programme de cette classe, on comptera des cours d’a-natomie, de petite chirurgie, de ma-nipulation des enfants et de connai-ssance des spécificités de l’orga-nisme infantile, car, comme l’affir-me le docteur Durand : « L’enfant est un objet d’étude à part entière, et non un adulte miniature. »
Si l’on en croit le docteur Durand, cette seule réforme de-vrait suffire, si on la mène à son terme, à faire chuter la mortalité infantile de plus de 90 %, la fais-ant passer sous la barre des 1,5% d’enfants morts. On demeu-rerait toujours très au-dessus des 0,35 % d’enfants mourant avant d’attein-dre l’âge adulte, ce qui est la valeur actuelle de la mortalité infantile dans les pays modernes. Mais, comme le rappelle le docteur : « Rome ne s’est pas faite en un jour. Cependant, les plus spectaculaires des progrès sont aussi les plus accessibles. Nous verrons plus tard, et progressivement, co-mment nous aligner sur la barre des 0,35 %. »

En conclusion, il semblerait bien que nous soyons à l'aube d'une nouvelle ère qui nous libérerait enfin, pour l'essentiel, du drame de la mortalité infantile. L'expérience de la mort d'un enfant est en effet un chose terrible qui devrait être

épargné à toutes les mères, y com-pris les plus pauvres – sans même parler du gain démographique bé-néfique au Makota. Espérons donc que le docteur Durand et son équipe parviendront à faire mettre fin à cet fléau épouvantable.
CONSEILS D'HYGIÈNE
Il ne faut jamais laisser trainer du linge sale. Il doit avoit sa place dans un sac qu'on ne videra qu'au moment du lavage.
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Changez souvent de bas et de chaussettes. L'hygiène y gagnera et ... le porte-monnaie aussi. Des bas portés longtemps s'usent plus rapidement.
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Lavez-vous, ni l'eau froide, ni à l'eau chaude, mais à l'eau tiède.
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Mangez lentement, mastiquez complètement vos aliments : les aliments suffisemment broyés et ensalivés sont à moitié digérés.
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Brossez-vous les dents après chaque repas évidemment, et brossez-vous aussi les gencives. La brosse à dents sera ferme et douce. Elle sera mise à l'abri de la poussière après usage.
***
Il faut se brosser très soigneu-sement les cheveux tous les jourspour les débarasser de la poussière et des microbes qui ont pu s'y poser.
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Un peigne doit être lavé chaque jour après usage et rincé à l'eau tiède.
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On ne doit pas s'habituer à être trop vêtu. Un lainage léger est plus chaud que plusieurs vétements mis les uns sur les autres.
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Il faut se déchausser sitôt rentré chez soi. Cela repose les pieds et évite le transport des microbes de la rue dans les maisons.
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La chambre d'un malade doit être calme et rangée. On doit l'aérée chaque jour.
***
Voyez votre dentiste plusieurs fois par an : la carie dentaire est la maladie la plus répandue et doit être, comme toute maladie, soignée au début.
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On admet aujourd'hui que la tuberculose n'est pas héréditaire, mais elle est extrémement contagieuse. L'enfant ne nait pas tuberculeux même si ses parents le sont, mais c'est auprès d'eux qu'il s'injectera. La séparation, si cruelle qu'elle soit – et nous savons à quel point elle peut l'être – s'impose après la naissance du bébé.

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Article de la presse papier en cinq colonnes et quatre illustrations. Il s'agit de quatre photos, sur la première nous voyons un homme  âgé en costume élégant du XIXe siècle, il prononce un discours à la tribune d'une chambre avec un jeune homme derrière lui. Le second c'est un homme posant dans son bureau pour une photographie officiel et il y a le drapeau du Makota en arrière fond. La quatrième c'est une scène de télévision où un homme donne une corde de pendu à un autre en le pointant de son arme et la dernière c'est un homme armé habillé en vacher avec sa femme en robe du XIXe siècle.

Mais qui êtes-vous, Monsieur le Vice-Président ?, in Le Bal, 2/11/2016

Presse papier brutMais qui êtes-vous, Monsieur le Vice-Président ?
Notice biographique succincte du second personnage de l'État, Jean Irreville Junior
À mesure que notre Président vieillit – sénescence qui, bien qu'in-déniable, ne l’a cependant pas em-pêché d’épouser récemment, en se-condes noces, une jeune femme de cinquante ans sa cadette – se pose de plus en plus sérieusement la question de savoir qui sera son su-ccesseur à la tête du Parti Pasto-raliste et, par là même, qui sera le prochain à occuper le fauteuil de la présidence de la République.
Cette question, qui en vérité n’en est pas vraiment une, beaucoup d’entre nous y ont déjà répondu comme à une évidence : le fils prendra la suite de son père, comme le père assura lui-même, en son temps, la succession du sien, qui, souvenons-nous-en, exerçait déjà la magistrature suprême.
Il faut dire que notre Répu-blique, et sa belle Constitution, font que l’on retrouve toujours plus ou moins les mêmes noms à l’en-semble des postes, fonctions et magistratures ne relevant pas du suffrage universel. Il en va ainsi de la présidence comme de bien d’autres sièges : ceux qui peuvent s’assurer le soutien de la Chambre des Territoires et de la Chambre Censitaire sont assurés d’être élus.
Les Irreville, nos présidents de-puis des décennies, ont l’avantage d’être membres de ces deux cham-bres. Pour les Territoires, ils repré-sentent le comté de Fort-Irreville, fondé par leur ancêtre et dont ils sont propriétaires de la majorité des terres. Et pour la Chambre Censi-taire, ils conservent une richesse (et une solvabilité) assez stables pour leur permettre de toujours demeu-rer dans les dix premières fortunes, très confortablement au-dessus de la limite de la cinquantième fortune, en deçà de laquelle il n’est pas possible de siéger à la Chambre Censitaire. L’appartenance à deux des trois chambres, et leur profond et puissant réseau, ne laissent aucun doute sur le nom du prochain président : Jean Irreville Junior (ou III) succédera à Jean Irreville Senior (ou II).
Puisqu’il en est ainsi, et que l’on ne peut rien y faire – et quoi que l’on pense, par ailleurs, du père comme du fils – et dans la mesure où l’on connaît déjà très (certains diraient trop) bien le père, il faut que nous nous penchions davan-tage sur le fils, car le connaître, c’est connaître l’avenir.
Jean Irreville III (ou Junior à partir de la mort de son grand-père) est né en 1957 au palais présidentiel de Sainte-Régine. Son grand-père étant président de la République et son père vice-président, le jeune Jean passe ses premières années dans les ors de la République, au milieu des soirées de gala et des réceptions guindées de la Présidence et de la Vice-Présidence. Le « Prince Jean », comme le nomment ironiquement les membres du Parti Démocrate – déjà, alors, les plus vigoureux opposants à la présidence Irreville – est au centre des attentions de son grand-père et un objet de fierté et de satisfaction pour son père. L'un comme l'autre le montrant au tout Sainte-Régine de l'époque.
Sa mère, Rolande, née demoiselle Heurtin, est issue d’une grande famille de propriétaires, grâce à laquelle les Irreville disposent de plusieurs voix supplémentaires dans les deux chambres non démo-cratiques. Rolande, qui nous a quittés il y a à peine plus d’un an, dans les circonstances curieuses que l’on sait, était déjà connue pour ses crises d’hystérie épouvantables, qui plongeaient, dit-on, le palais prési-dentiel dans les affres d’une lour-deur pénible chaque fois que ma-dame se trouvait mécontente de quelque chose ou d’une autre, généralement insignifiante.
Passée la petite enfance, les années qui suivirent nous sont un peu moins connues. Nous savons qu’il fut longtemps élevé au ranch familial de Fort-Irreville, d’où il ne revenait au palais présidentiel que le temps de quelques jours pour les grandes fêtes, essentiellement Noël, Pâques et la Pentecôte.
Sa vie au ranch, qu’il partageait avec sa mère, s’organisait autour de deux principales occupations : l’étu-de, dispensée par un précepteur qui lui était exclusivement dédié, et la prairie où, très tôt, il apprit tout ce qu’il faut savoir sur la vacherie — laquelle est et demeure l’activité principale de la famille, en plus d’être sa profession historique et ancestrale. Il est vraisemblable, donc, que le jeune Jean ait appris à monter à cheval en même temps qu’à lire. Mais si l’on en croit certains critiques ou opposants divers, et qu’on le corrèle à ce que l’on observe aujourd’hui de sa répartie et de ses textes, on ne peut qu’en déduire que l’apprentissage de l’équitation et de l’élevage fut beaucoup plus simple pour lui que celui de la lecture et des savoirs académiques. Cela dit, et quoi que l’on pense de la famille Irreville, personne n’attend d’un future Pré-sident de la République du Makota qu’il soit expert en orthographe.
Du reste, si sa maîtrise des lettres est incertaine — et l’est restée —, le jeune Jean Junior est cependant rapidement réputé, dans les milieux vachers, comme un excellent cavalier, très efficace au lasso, et un champion du rodéo. Il remporte d'ailleurs plusieurs compétitions de rodéo à la suite de performances objectivement remar-uables, qui marqueront durablement les esprits des participants et des juges. C’est aussi un tireur honnête, bien que, contrairement à la légende, il n’ait jamais été spécialement bon au tir.
En 1975, alors âgé de 18 ans, le jeune Jean épouse Mademoiselle Marie-Charlotte Plessis. Il s’agit naturellement d’un mariage arrangé, destiné à régler un différend politique entre les Irreville et les Plessis. Les deux jeunes gens ne se connaissent pas, et la future, âgée de 16 ans, avouera plus tard, dans un entretien, que le mariage s’était déroulé quarante jours seulement après qu’on lui en eut parlé pour la première fois, et qu’elle ne rencon-tra son futur qu’à deux reprises avant la noce. Cependant, elle garde un bon souvenir de sa nuit de noces et de la lune de miel qui s’ensuivit (voir illus ci-contre).
En 1979, le Président Jean Irreville Ier du nom (le grand-père) meurt en poste à l'âge de 74 ans. Son fils, alors Vice-Président, achè-ve le mandat paternel avant de se présenter à l’élection présiden-tielle de 1980 et de choisir son propre fils comme Vice-Président. Jean le jeu-ne (car c’est depuis cette époque qu’il est ainsi nommé) accède alors à la Vice-Pridence à l’âge de 22 ans, devenant le plus jeune Vice-Prési-dent de l’histoire de la République du Makota. Il conservera ce poste jusqu’à ce jour, étant réélu en même temps que son père aux élections de 1985, 1990, 1995, 2000, 2005, 2010, et finalement réélu l’année dernière, en 2015, quelques jours seulement après avoir enterré sa mère, Madame Irreville Rolande, dont nous avons parlé.
Relativement discret lors de son premier mandat, ce n’est qu’au début des années 1990 que Jean Irreville Junior commence à se faire connaître du grand public au delà du seul comté de Fort-Irreville. C’est son grand combat contre le vol de bétail qui le fait émerger. À l’époque, il n’est pas encore question de télévision — laquelle n’est même pas encore arrivée au Makota —, aussi c’est sur les ondes que le Vice-Président se fait entendre et connaitre.
En 1991, il participe comme invité à une émission généraliste de divertissement durant laquelle il évoque des anecdotes de chasse aux voleurs de bétail qui captivent l’auditoire. Par la suite, en réaction à l’intérêt suscité par le sujet, il de-vient un invité récurrent, puis un chroniqueur régulier, avant de deve-nir patron de sa propre émission hebdomadaire : La Semaine des Vachers. Cette émission, consacrée à la vie dans la prairie et au « Makota réel », connaît un vrai succès d’au-dience et durera des années, jusqu’à ce que Jean Irreville renonce aux ondes avec l'arrivée du petit écran.

Avec l’arrivée de la télévision et de sa chaîne unique MakotaTV — nous sommes alors en 2006, soit un an après la fin de la politique d’isolationnisme intransigeante —, l’influence de Jean Irreville Junior augmente subitement, et ce bien que la télévision soit alors ce qu’elle encore moins répandue qu' aujourd’hui et bornée au seul monde urbain et périurbain. Néan-moins, il n’est pas rare que des radios diffusent en audio et avec l'ajout de commentaires de ce que l'on devrait voir, les émissions télé-visées du Vice-Président. Et bien que le nouveau médium télévisuel rassemble finalement peu de spec-tateurs, malgré un public en perpé-tuelle progression, c’est encore par la radio que Jean Irreville Junior touche le plus large auditoire. L’émission qu’il anime depuis maintenant pas moins de dix ans s’intitule « Les vaches sont bien gardées ». Elle est connue de la plupart des Makotans, pour qui elle représente en quelque sorte un ren-dez-vous hebdomadaire incontour-nable, durant lequel ils peuvent communier avec Jean Irreville Ju-nior, figure idéalisée du vacher par-fait, maître de la prairie et pour-fendeur des mauvais. Car le principe fondamental de cette émission est simple : il s’agit d’une téléréalité dans laquelle Jean Junior

assisté de ses apprentis vachers, piste, attrape et châtie les voleurs de bétail. Tout cela est accompagné en permanence de prises de situations de vie plus ou moins spontanées, durant lesquelles se révèlent des traits de personnalité tantôt appré-ciés, tantôt détestés. On y trouve également de nombreux conseils pratiques pour élever des vaches ou des chevaux, leur trouver de la nou-rriture, préparer des enclos, cons-truire et réparer étables et écuries, ou encore préparer un repas de vacher, etc. Un scandale frappa l’émission dès la première diffusion, lorsqu’y fut filmée l’exécution sommaire et sans jugement d’un voleur de bétail que Jean Junior avait capturé. Le Vice-Président parvint à s’en tirer en invoquant la présence d’un juge qui, documents à l’appui, avait approuvé cette exé-cution. Cependant, il se dit que ce document, bien qu’authentique, au-rait été antidaté. Depuis, pour faire taire les polémiques et rester dans la stricte légalité, le Vice-Président ne tourne plus aucune émission sans la présence d’un juge qui est au nombre de ses amis qui prononce la sentence de mort diffusée immédiatement avant la séquence de pendaison.
Pour en revenir aux affaires plus proprement politiques, on ne peut pas dire que le Vice-Président s’investisse énormément dans le gouvernement de l’État. Il faut dire que la Constitution de notre pays ne laisse finalement que peu de pouvoir à la Vice-Présidence, en dehors de ceux que la Présidence consent à lui accorder. Or, à notre connaissance, le Président Irreville ne semble guère pressé de lâcher la main et de confier plus d’autorité à son fils.
C’est pourquoi, si l’on met de côté les inaugurations, les remises de médailles et autres obligations protocolaires dont Jean Irreville Junior se charge à l’occasion, lorsque son père est occupé à l’autre bout de l’État, on peut affirmer que le Vice-Président n’est guère associé intimement au pouvoir. Cela dit, c’est aussi ainsi que les choses se passaient, si l’on en croit les archives, à l’époque où son père, alors Vice-Président, assi-stait le premier Président Irreville.
Pour conclure, s’il ne fait guère de doute que l'actuel Vice-Président occupera un jour le fauteuil de son père et de son grand-père, il est impossible de savoir quel président il sera, puisqu’il ne lui a jamais été donné de sérieusement gouverner le pays. Une chose est certaine : il sera très probablement le président le plus populaire de l’histoire du Makota, et jouira d’une large majo-rité d’opinions favorables. Quant aux réformes, que l’on se rassure : il n’y en aura pas. Ce régime n’a pas été inventé pour ça.
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Article de presse d'un journal démocrate du Makota, il est construit en cinq colonnes comprenant une illustration qui est une photographie en demi-teinte montrant un homme (qui est le président makotan) parler à un groupe de nantis qui sont les membres de la Chambre des territoires. L'ambiance est assez tendu, l'on boit de l'alcool, l'on fume des cigares, l'on conserve son stetson à l'intérieur, il y a deux soubrettes dans un coin de la pièce.

Encore un accord international !, in Le démocrate makotan, 5/11/2016

Transcription en blocEncore un accord international !
Le Congrès vient de voter l'autorisation de voter un accord international avec la Lermandie
Aujourd'hui était un jour im-portant pour notre bonne vieille République du Makota, car notre pays compte à présent un ami supplémentaire. Il s'agit de la Ré-publique de Lermandie, un État aleucien jusqu'à présent à peu près inconnu de nous, mais avec lequel notre bon président Irreville a dé-cidé d'engager des échanges diplo-matiques.
En vérité, comme toujours, ce n’est pas nous qui sommes à l’initiative de cet accord tout juste signé, mais bien une démarche des Lermandiens eux-mêmes. Il faut dire que notre méconnaissance du monde est telle que personne ne serait surpris d’apprendre que le Président ait dû consulter un atlas mondial pour localiser son inter-locuteur et situer son pays.
Évidemment, nous n’avons pas cette information et nous ne préten-dons pas qu’une telle chose soit arrivée. Mais force est de consta-ter qu’une telle hypothèse, loin de sembler saugrenue, apparaîtrait comme parfaitement crédible. À l’inverse, il nous semblerait tout à fait invraisem-blable que le Président se trompe sur le nom ou la position d’un seul des comtés du Makota, et tout à fait plausible qu’il place toutes les municipalités qui les composent.
Encore une fois, nous n’affir-mons pas que c’est le cas ; nous constatons seulement que nous-mêmes – et pas seulement l’État – actons notre ignorance du monde qui nous entoure comme une cho-se normale, alors que cela ne de-vrait certainement pas être le cas.
Mais laissons ces considérations culturelles ou sociologiques, et vo-yons un peu ce que nos représen-tants ont jugé opportun de signer en notre nom. Il s'agit d'un accord diplomatique et commercial assez similaire à ceux que nous avons récemment conclus avec l'Empire de Slaviensk et la République de Némédie.
Sur le plan diplomatique, on y trouve une reconnaissance offici-elle réciproque des deux signa-taires. Évidemment, cela peut sembler bien naïf, alors qu’il n’y a finalement rien d’évident à ce que deux nations se reconnaissent mu-tuellement dans leurs régimes, principes, et frontières. Par ai-lleurs, à cette reconnaissance s’a-joute – comme pour les deux autres pays cités – un échange d’ambassadeurs ainsi que le droit d’établir des ambassades l’un chez l’autre, per-mettant ainsi de mener une diplomatie continue, avec un potentiel pan culturel.
Sur le plan économique, prin-cipal sujet d’intérêt des Chambres foncière et censitaire, on observe, comme d’habitude, que capitaines d’industrie et grands propriétaires terriens se sont une fois de plus arrangés entre eux, dans le cadre institutionnel, pour retirer un maximum de profit de cet accord commercial. Il est bien évide-mment normal et souhaitable que
les acteurs économiques de notre pays tirent profit des politiques et de la diplomatie nationales, mais notre nation va bien plus loin que cela, puisque chez nous, ce sont les intérêts eux-mêmes qui font la politique et la diplomatie.
Dans le détail, il s'agit toujours de vendre notre viande bovine pour ouvrir de nouveaux marchés à nos gros éleveurs de la Chambre
des Territoires. À cela s'ajoute un contrat d'exportation de notre fer, ce qui n'est pas pour déplaire non plus aux grands industriels qui controlent la Chambre Censitaire. En échange de tout cela, et en consentant la logistique a des acteurs lermandiens, nous de-vrions recevoir davantage de ma-chines, objets technologiques et médicaments. C'est déja bien !
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deux photos de presse en demi teinte ou tramage noir et blanc, la première montre dans une grande salle d'un palais présidentiel, à une table en homme en costard cravate du XIXe avec stetson sur la tête et écharpe protocolaireassis à coté de son homologue  qui signe un document. L'autre photo montre la visite d'une usine de véhicules tout terrain du XXIe,  un homme en costard cravate du XIXe avec stetson sur la tête et écharpe protocolaire est guidé par son homologue  qui lui explique comment l'usine fonctionne. L'usine se nomme Manbrama.
Le Vice-Président en Lermandie !, in Les nouvelles du Makota, 5/11/2016


Transcription en presse papier
Le Vice-Président en Lermandie !
Un vice-président quitte le territoire national pour la première fois
Hier, le Président Jean Irreville sénior consentait une fois de plus à interrompre sa lune de miel et à laisser seule, pour quelques heu-res, la toute fraîche Première Da-me, afin de se rendre au Congrès et en obtenir l’autorisation de si-gner l’accord qu’il préparait entre notre pays et la Lermandie. Une fois cette autorisation obtenue dans les conditions que l’on sait (pour plus d'information, repor-tez-vous à l’édition d’hier, où nous couvrions cet événement avec force détails), le Président retour-na aussitôt auprès de sa douce moitié et donna instruction à son fils, le Vice-Président Jean Irreville Junior, d’aller signer à sa place cet accord diplomatique.
Les autorités de la République de Lermandie tenant absolument à une signature solennelle de l’a-ccord, le Vice-Président fit donc le déplacement en avion depuis l’aé-roport de Sainte-Régine jusqu’à celui de Bradis, capitale de Ler-mandie. Aussi incroybale que cela puisse paraitre, c’était la première fois qu’un Vice-Président en fonction quittait le territoire natio-nal — chose que même un Président n’a d’ailleurs, jusqu’à présent, jamais faite.C’est un point que notre Vice-Président rappela dans son discours : « La raison [de notre tendance à l’isolationnisme] réside dans le fait historique que l’esprit de nos institutions est glo-balement subordonné à notre désir d’isolation. Ou, pour le dire autrement, il y avait d’abord l’iso-lationnisme makotan, avant que l’on songe à construire un État autour [...]. Mais c’en est fini de cet état d’esprit — tout du moins de sa radicalité primitive. À pré-sent, nous désirons tirer le mei-lleur parti de la mondialisation, sans pour autant perdre notre â-me dans la démarche. En somme, nous nous lançons dans une ouverture prudente et raisonnée qui ne pourra qu'être bénéfique. »
Par ailleurs, cette visite diplo-matique, ne se résuma pas à la signature d’un texte sur lequel les gouvernements de Makota et de Lermandie étaient tombés d’a-ccord et que le Congrès a validé. Il s’agissait également, pour la Ler-mandie, de montrer à nos auto-rités ce dont étaient capables ses usines les plus modernes. C’est ainsi que le Vice-Président put visiter, sous la conduite du Prési-dent Duval en personne, l’usine mécanique MAMBRAMA et l’en-
treprise informatique TEMSOFT: deux fleurons de leur industrie, qui impressionnèrent beaucoup notre délégation.
Tout cela s'acheva sur la signature proprement dite de l'accord de Coprospérité entre nos deux pays. Ce troisiéme accord commercial établit aussi une autre nouveauté qui répond à un vide institutionel : un Vice-Président est autorisé à signer ce genre de document au nom du Président de la République.
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deux photos montrant deux couples

Correctif concernant le Vice-Président, In Bal, le 3/11/16

Transcription bloc noteCorrectif concernant le Vice-Président
Notre journaliste a été négligeant dans sa la notice, la Rédaction rétablit les faits
C’est avec une certaine honte mêlée de perplexité que nous revenons vers vous, estimables lecteurs, pour rectifier les erreurs et manquements majeurs de notre article paru dans l’édition d’hier, lequel abordait la vie de Jean Irreville Junior (Jean Irreville III).
Vous avez été très nombreux à nous faire remarquer cette erreur confondante, et nous, la Rédaction de Bal, tenons à vous remercier pour votre vivacité et votre réactivité, grâce auxquelles il nous a été possible de publier ce correctif dès aujourd’hui.
Pour aller droit au but : nous avons confondu les deux épouses de notre Vice-Président. Si la première était bien Mademoiselle Marie-Charlotte Plessis, qu’il épou-sa en 1975 dans le cadre d’une noce arrangée, la photographie publiée n’était pas celle de ladite Marie-Charlotte, mais de sa seconde épouse. (La vraie Marie-Charlotte est postée ci-contre). Le mariage fut annulé par l’Église un peu plus de trente ans plus tard, en 2006, au motif d’un lien de consanguinité qui avait jusqu’alors échappé à la vigilance des deux partis.
Depuis, Mademoiselle Plessis aurait quitté le pays pour l’Eurysie, abandonnant ses trois filles à la garde de leur père, Monsieur Jean Irreville Junior.



De sordides rumeurs préten-draient que Mademoiselle Marie-Charlotte Plessis vivrait en concu-binage avec une autre femme, dans le cadre d’une union que la loi de la nature et celle de Dieu réprouvent unanimement. Cela dit, c’est une chose que nous nous refusons à confirmer, de peur de devoir ajouter un correctif à ce correctif. Toujours est-il que cette femme est officiellement reniée par son père et déshéritée intégralement.


Madame Irreville, la vraie, la légi-time, épousée en secondes noces (mais qui, selon le droit de l’Église, est en fait la première), est quant à elle une femme irréprochable, d’une vertu sans tache, sur laquelle ne pèsent aucun soupçon.
Elle est la fille d’un rancher célèbre du comté de Neuterre, et ami proche de Jean Irreville Junior : Benoît Lemoine.C’est dans son ranch de Plumeval qu’il était de coutume qu’ils passent ensemble des moments d’amitié, principal-ement autour de la chasse et de la pêche.
Aussi, Mademoiselle Lemoine et Monsieur le Vice-Président se connaissaient-ils déjà, au moins de vue sinon d’amitié, et ce alors même que la future était encore enfant. C’est pourquoi, lorsque l’ancienne union de Jean Irreville Junior fut déclarée nulle, il ne fallut pas longtemps pour que l’on songeât à ce mariage.Monsieur Lemoine ne fit aucune difficulté, et il se dit même qu’il en fut fort content — d’autant plus que le futur ne demandait aucune dot… bien que certains prétendent que la dot résidait plutôt dans un vote favorable aux projets présidentiels à la Chambre des Territoires, mais là encore, il ne s’agit que de rumeurs invérifiables.
En conclusion, nous nous permettons de renouveler, une nouvelle fois, nos excuses pour cette négligence qui fut la nôtre, et qui n’a pas échappé à la vigilance de notre fidèle et très estimable lectorat. Nous espérons que Mada-me Irreville saura nous pardonner cette indélicatesse — ce qui ne nous cause pas trop d’inquiétude, compte tenu de sa réputation de douceur et de bonté.
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Il y a trois photos en demi teinte, c'est un article de presse en cinq colonnes. La première photo montre une inauguration d'un bâtiment nommé "Gymnase Sainte Tiphaine'', la seconde montre madame Juliette Irreville discourant, la dernière on voit madame Juliette Irreville distribuer des prix.

La Seconde Dame inaugure un gymnase et distribue des prix,In le Bal, 4/11/16

Transcription bruteLa Seconde Dame inaugure un gymnase et distribue des prix
Mme Juliette Irreville, épouse du Vice-Président, s'est rendue à l'orphelinat du comté de la Horlanerie
Devant le grand portail de fer forgé qui protège l'orphelinat pour filles du comté de la Horlanerie, toutes les pensionnaires sont assemblées sous la surveillance bienveillante des religieuses qui en ont la tutelle. L'excitation et les cha-hutements que l'on peut observer, malgré la discipline que les sœurs s'efforcent de maintenir dans les rangs, montrent qu’un événement important dans la vie de l’établ-issement est sur le point de se produire.
Après quelques longues minutes d’attente, tandis que la cloche de la chapelle sonne lentement et sereinement les neuf coups de 9 h, une voiture officielle se présente devant l’orphelinat : l’invitée d’ho-nneur arrive, et tout le monde retient son souffle. L’attente se teinte visiblement d’un mélange d’excitation et d’intimidation. En-fin, la voiture stationne devant le portail ; le chauffeur en sort prom-ptement, ouvre la portière arrière et se retire, en position d’attente. C’est alors que paraît Madame Juliette Irreville, épouse du Vice-Président Jean Irreville Junior, et à ce titre Seconde Dame du Makota.
L’assemblée marque un instant de silence, impressionnée par la pres-tance gracieuse de la Seconde Dame. Rapidement cependant, deux reli-gieuses ouvrent les lourdes portes ferronnées, et la mère supérieure s’avance avec toute la célérité que lui permet son âge avancé, afin de saluer l’invitée d’ho-nneur sans la faire attendre. Les deux femmes échangent quelques mots : la mère supérieure est affa-ble, et la Seconde Dame lui témoi-gne un respect profond et cordial.
On se dirige alors, pour ainsi dire en procession, vers l’extrémité opposée de la vaste cour de l’or-phelinat. Là se tient fièrement une structure imposante, d’une propreté immaculée. Le bâtiment, fait de bri-ques et de béton, se dresse avec force ; ses lourds et hauts murs soutiennent une coupole à la fois légère et solide, fruit de l’ingénierie la plus sophistiquée que l’on puisse trouver en Makota. Grâce à un savant système de poutres d’acier rivetées et de tirants posés avec soin là où il convient d’en avoir, la voûte s’élève telle une basilique de la Rhême antique ou une cathédrale théodosinienne.
Et tout cela pour un prix qui, s’il n’est pas modique – n’exagérons rien –, demeure malgré tout accessible à des personnes détermi-nées disposant du soutien public et de puissants et riches appuis : typiquement, des personnes pou-vant se réclamer du soutien de l’é-pouse du Vice-Président du Mako-ta. Car il se dit que la Seconde Dame fut une défenseuse détermi-née de ce projet de gymnase pour les orphelines du comté de la Horlanerie.
Les travaux auront été relative-ment rapides, puisqu’il n’aura fallu que deux ans pour bâtir ce somp-tueux palais dédié aux arts phy-siques et gymnastiques de la jeune fille. Il faut dire que le financement constant et important permit aux ouvriers de ne jamais devoir s’arrê-ter, ni par manque de salaire ni par défaut de matériaux. En somme, ce projet – qui touche aujourd’hui à son terme par le fait même qu’il se concrétise et s’apprête à devenir opérationnel dès qu’il aura été inauguré – est un exemple d’évergé-tisme mené d’une main de maître. Et l’on peut dire sans doute que cela est dû à la maîtrise d’œuvre politique et financière de sa première et principale bienfaitrice.
C’est pourquoi il sembla naturel à tous que le gymnase porte le nom de Juliette Irreville. Mais l’intére-ssée, en raison de sa modestie, refusa un tel honneur. On tomba donc d’accord sur le nom et le patronage de sainte Tiphaine, reli-gieuse makotane canonisée il y a trente ans par le Patriarche de Sainte-Régine. Cette sainte femme, martyrisée par les natifs aléuciens durant le XVIIe siècle après avoir été enlevée et abusée dans des conditions et des modalités qu'il n'est pas convenable d'aborder ici, avait longtemps été oubliée, jusqu’à ce que des miracles la ramènent à notre mémoire et motivent sa cano-nisation. Sainte Tiphaine, patronne des femmes victimes de rapt, semble toute désignée pour protéger et inspirer ces jeunes filles.
À présent, tout le monde est rassemblé devant le gymnase Sainte-Tiphaine et l’on tend un ruban vert et or, aux couleurs de la République de l’État du Makota. Puis, des orphelines présentent à la Seconde Dame une paire de ciseaux d’argent disposée sur un élégant coussin de velours tissé d’or, d’un rouge écarlate. Madame Juliette Irreville prend alors en main la paire de ciseaux et, une fois que les orphelines sont revenues dans le public, et après avoir pris la pose pour le photographe officiel, coupe délicatement le ruban.
C’est alors un cri de joie que l’on entend dans les rangs des jeunes filles, et l’on entre, pour ainsi dire en procession, dans le gymnase, désor-mais officiellement opératio-nnel. Il est difficile, voire impo-ssible, de re-transcrire avec exacti-tude l’émotion que l’on pouvait lire dans les yeux et sur les visages des orphelines, tandis qu’en pénétrant dans leur nouveau gymnase, elles découvraient un volu-me tel que la plupart n’en avait jamais vu — à moins d’avoir déjà mis les pieds dans une cathédrale, ce qui n’était très certainement pas le cas de beaucoup d’entre elles.
Le lecteur doit bien comprendre que les pensionnaires de l’orpheli-nat sont, le plus souvent, issues des familles les plus pauvres et les plus arriérées. Et, quand ce n’est pas le cas, elles sont restées trop long-temps dans l’institution pour bien connaître le monde — tout du moins pour le connaître comme une enfant de leur âge est censée le connaître. Cela dit, cet écart culturel et social entre les orphelines et les enfants du monde tend à diminuer grâce à des initiatives généreuses comme celle que dirige la Seconde Dame du Makota.
Et comme elle aime à le rappeler souvent — et notamment dans son dernier courrier aux membres de son organisation de bienfaisance — : « On ne peut pas faire des orphelins des enfants normaux, aussi droits que les enfants qu’ils auraient pu être s’ils avaient grandi dans des conditions plus normales et naturelles. Mais nous n’avons pas créé les orphelins ; nous ne pou-vons qu’essayer de faire les mei-lleurs orphelinats possibles — les moins mauvais. Et il faut de l’argent et des bonnes volontés. Ces derniè-res sont apportées par les religieu-ses, qui sont notre plus grande et notre plus inestimable ressource. Nous, nous n’avons qu’à apporter l’argent et en surveiller la dépense. »

Mais revenons-en à notre inau-guration. Une fois que les orphe-lines ont pris places sur des chaises face à une estrade montée pour l'occasion, madame Juliette Irreville vint au pupitre installé pour l'occasion face à ses protégées . Après quelques instants d'attente pour que le calme reviennent et le silence, notre Seconde Dame débuta un discours à l'attention des jeunes filles. Ce fut un long et beau discour qui captiva l'auditoire.
Il fut d'abord question de la vie et des miracles de Sainte Tiphaine et du culte de vénération que toutes les femmes du Makota ferrait bien de lui rendre, et plus particulière les orphelines ainsi que l'ensemble des femmes isolées.
Puis, on passa à l'importance de la culture physique pour assurer la santé du corps mais aussi celle de l'âme et prévenir des maux dangereux pour le Salut et que l'on rencontre trop souvent : la paresse, l'impureté, la tristesse. Tout cela fut bien entendu expliqué avec la prudence et la finesse suggestive qui conviennent quand on s'adresse à des enfants en générale et des jeunes filles en particulier. Puis la Seconde Dame conlut son discours en évoquant un vaste programme de construction d'infrastructure sportive pour la jeunesse déshéritée.
Le discours fut salué, on s’en doute, par un concert d’applau-dissements. On put alors passer à la dernière partie de cet événement : la remise des prix scolaires. Comme c’est le cas un peu partout dans notre beau pays, l’orphelinat accor-de chaque année des prix de mérite ou d’excellence à ses élèves les plus méritantes.
Cette année, la remise des prix fut décalée de manière à ce que la Seconde Dame puisse les remettre en personne, au nom des religieuses institutrices. Il s’agissait pour l’e-ssentiel, on s’en doute, de choses édifiantes : des lectures de bons au-teurs, des recueils de fables ou de vies de saints, ainsi que des livres illustrés pour les plus jeunes.
Au total, il y eut beaucoup de prix, et la plupart des jeunes filles repartirent de l’événement avec un petit quelque chose qu’elles avaient mérité.
Voilà donc comment s’est déroulée cette demi-journée, qui s’acheva avec les douze coups de midi. Madame Juliette Irreville resta déjeuner, puis repartit pour Saint-Régine afin d’attendre son mari à la descente d’avion, celui-ci revenant de son voyage diplomatique et commercial dans la République de Lermandie.
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Article de Presse "People" ou culturel en cinq colonnes et composé de quatre images qui sont toutes des photographies en demi teinte d'une qualité assez médiocre (tramage pour un tirage massif d'un quotidien à destination du Grand Public) . Au dessus du titre l'on trouve une photographie montrant Melle Dominique Dalila en scène, derrière son micro et exibant son nouveau vinyle intitulé "Besoin de Personne. La deuxième photographie la montre chantant avec passion, la troisième on la voit de nouveau avec un vinyle, et la dernière elle est attablée en tenu de gala  et fume une cigarette.
« Besoin de personne », le nouveau disque de Melle Dalila scandalise, In les amis de l'Autel, 10/11/2016

Transcription en presse-papier« Besoin de personne », le nouveau disque de Melle Dalila scandalise
Son second vynile, sorti dans la foulé du premier, provoque la colère des ligues moraleshttps://imgur.com/KUTDy0F
Il n’aura pas fallu longtemps pour que Mademoiselle Dominique Dalila fasse de nouveau parler d’elle, et, comme on s’en doute, compte tenu de son profil sulfu-reux, c’est en mal qu’elle se rappelle à no-tre souvenir. Chanteuse de cabaret hier, sans doute prostituée avant cela — profe-ssion qu’elle a peut-être bien poursuivie en parallèle de ses prouesses scéniques, car une courtisane demeure toujours une courtisane —, la jeune femme s’est réce-mment lancée dans la musique enregistrée en offrant sa voix et son répertoire (pour ne pas dire autre chose) à un producteur particulièrement avide et peu scrupuleux, sur lequel nous avons enquêté et dont nous livrons ici le portrait succinct et peu flatteur, mais rigoureusement véridique.
Cet énergumène, pour le moins lou-che, se nomme Henry Hubert. Il est défa-vorablement connu des agents de l’ordre, en particulier des brigades des mœurs de plusieurs villes, ainsi que de la magistra-ture judiciaire. Il aurait été soupçonné d’être à l’origine de contenus pornogra-phiques dont, rappelons-le, la production comme la possession sont absolument prohibées dans l’ensemble du Makota — y compris dans les comtés les plus libéraux, ou les bordels les plus libertins.
Heureusement pour lui — mais malheureusement pour la justice et la mo-ralité publique —, toutes ces horreurs étant signées sous des pseudonymes d’ai-lleurs scabreux (que nous ne pouvons reproduire ici), et les complices de cette impureté que l’on ne saurait appeler des artistes se faisant filmer, certes nus mais masqués, il n’a pas été possible de rattacher formellement ces bobines ou cassettes VHS à monsieur Henry Hubert ou à l'un de ses collaborateurs.
Fort de ces expériences multiples et lucratives dans le milieu de la débauche filmée, cet individu, pour le moins démo-niaque, estima certainement — malgré le scandale évident que cela ne pouvait que provoquer, ou précisément pour cette raison — qu’il y aurait autrement plus d’argent à se faire en exploitant le talent tout relatif de cette succube de l'enfer qu’est Mademoiselle Dominique Dalila et ses disques vendus légalement et partout, qu’à poursuivre sa carrière clandestine dans le vice de chair.
Comme nous avons eu l’occasion de l’écrire déjà lors de la sortie de son premier vinyle, le mois dernier, nous sommes intimement convaincus que l’influence de cette courtisane sur la population générale du Makota ne peut être que néfaste, et nuire gravement aux bonnes mœurs et à la moralité publique.
D’ailleurs, interrogé par nos soins, Monsei-gneur Jean Lambert, évêque de Fondation, nous confirme dans nos opinions et nous donne la garantie que notre opposition à cette femme — et à ceux qui la soutie-nnent — est une stricte nécessité morale : « Cette demoiselle Do-minique Dalila est manifestement une femme de petite vertu, une courtisane qui donne le change grace à une certaine élégance nécéssitée par le fait seul qu’elle s’adresse à une clientèle socialement plus élevée. Si cela ne tenait qu’à nous, si nous en avions le pouvoir, nous prendrions un décret commandant l’incarcération immé-diatement dans les couvents de toutes les prostituées, y compris les plus pimpantes des courtisanes, qui sortiraient des bordels que l’usage et la mesure nous obligent à tolérer. »
Puis, au sujet de cette nouvelle tendance pour la musique dite populaire dans la production de disques musicaux,
https://imgur.com/KUTDy0F
Monseigneur continue : « Il n’est pas accepta-ble, sous aucun prétexte, que l’on se per-mette de produire quoi que ce soit d’immoral sur du matériel d’enregistre-ment, sonore ou visuel. Il faut interdire à cette courtisane de faire produire et de vendre sa voix pécheresse et ses textes licencieux dans l'ensemble de l'état, j'ai déja adressé un supplique en ce sens au Président de la République. »

Sans compter, d’ailleurs, qu’un troi-sième vinyle serait déjà en préparation, et qu’il promet sans doute un scandale en-core plus retentissant que celui que nous connaissons actuellement. Encore faut-il que ce disque voie le jour, ce que l’on peut espérer ne jamais arriver, si, par la grâce de Dieu la démarche d'interdiction lancée par Monseigneur Lambert — sans doute bientôt assisté de ses confrères dans l'épiscopat — porte ses fruits.
https://imgur.com/KUTDy0F
Mais revenons-en à ce deuxième viny-le intitulé « Besoin de personne ». Il doit ce nom, à la fois menteur et orgueilleux — car personne, surtout pas une courtisane, ne peut sérieusement préten-dre n’avoir besoin de personne — à la première chanson dont il est le titre, et qui est la plus fredonnée et écoutée mais aussi, hélas, de l’avis unanime des moralistes, la plus scandaleuse.
Formellement, la version de cette chanson que nous avons pu écouter — celle du disque mais qui est aussi diffusée partout à la radio, mais qui, paraît-il, di-ffère sensiblement de sa version originale telle que chantée en cabaret — s’étend sur presque trois minutes, avec une ins-trumentation pénible, barbare, et une ry-thmique décadente et scabreuse, typique-ment eurysienne. Rien que ces aspects seuls mériteraient une interdiction si nos notables consentaient à se montrer un tant soit peu à la hauteur de leurs charges.
Mais ce n’est pas tout : car, non contente de nous imposer ce qui précède, Mademoiselle Dominique Dalila se livre, sans la moindre vergogne, à une apologie explicite de l’union libre et de la séduc-tion d’hommes selon ses propres désirs peccamineux, et non dans le cadre du mariage et de la famille.
En somme, c’est une véritable apolo-gie de la débauche et de la prostitution — sous sa forme la plus perverse, car la plus subtile : la courtisanerie. Et l’on y entend des choses que l’on ne peut répéter sans rougir, et qui ne sauraient avoir été inspirées que par l’esprit damné et vicieux d’une succube répugnante : « Je l’ai conquis toute seule, il m’a donné toutes ces nuits, je crois que je lui ai tout pris. »

HRP : La Chanson dont il est question
Captable par les voisins directs du Makota et le vinyle "Besoin de personne" est trouvable certainement dans les pays en lien avec le Makota, comme la Némédie, Slaviensk ou encore la Lermandie. Cette chanson n'est pas interdite à l'export mais il y a tout de même peu de chance qu'elle se retrouve dans d'autres bacs que ceux des foires de collectionneurs de vinyles car seul le vinyle existe (il n'y a pas assez de public encore pour la variété en CD au Makota (technologie supérieure à ce qui se trouve dans les classes moyennes et basses)
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Article de journal en trois colonnes. Une seule photographie, en demie teinte ou tramage, on voit un shérif accroupi à coté d'un cowboy mort et faire le signe de pouce levé en signe de satisfaction.

Robert-le-Maléfique n'est plus !, In les Nouvelles du Makota, 14/11/2016

Le texte en presse papierRobert-le-Maléfique n'est plus !
Claude Montant, shérif du comté de Le-Noyer, a refroidi cette canaille.
L'État du Makota compte à présent un scélérat de moins ! Robert-le-Maléfique a rendu son dernier soupir hier soir dans la grande rue de la petite municipalité de Plume, dans le comté de Le-Noyer. La nouvelle est tombée dans la nuit et c’est pourquoi, en exclusivité ce matin, c’est avec un réel plaisir que nous pouvons informer notre très estimable lectorat — parmi lequel, certainement, il s’en trouve qui ont fait les frais de la malfaisance de ce criminel — que notre État est dorénavant un lieu plus sûr.
Robert-le-Maléfique, de son vrai nom Jean-Robert Fabre, était sous le coup d’un mandat d’amener assorti d’une prime de près de 300 000 $ pour sa capture mort ou vif, somme considé-rable que tous les criminels ne peuvent pas se vanter de valoir. Il devait une telle prime à ses exactions criminelles particulièrement odieuses, incluant — entre autres choses — de nombreux meurtres d’hommes, de femmes et d’enfants (on en décompte pour l’heure plus de trente, mais ce n’est là qu’un minimum), ainsi que le viol d'au moins une quarantaine de femmes, y compris des religieuses et des mineures. À cela s’ajoutent les classiques vols avec effraction, attaques de véhicules, détroussages de tout genre, et bien entendu — comme toujours — vol de bétail.
Robert-le-Maléfique a donc bel et bien terminé sa carrière, et brûle vraisembla-blement en enfer à l’heure où nous écrivons ces lignes. Mais, à sa décharge, et sans vouloir en aucune manière justi-fier ses exactions innommables et révol-tantes, nous remarquons cependant qu’il a eu la piété filiale de se maintenir dans le chemin tracé par ses ancêtres : fils d’un criminel et d’une prostituée, et petit-fils d’un autre criminel, il a, en un sens, poursuivi la tradition familiale durant toute sa vie. Hélas pour lui — mais heureusement pour nous — il n’a engendré, à notre connaissance, aucun fils pour perpétuer cette sordide lignée qui, il faut l'espérer, est à présent éteinte.
Passons à présent au déroulé des derniers jours de monsieur Fabre. Cela faisait certainement plusieurs semaines que l’intéressé se terrait dans les montagnes qui bordent le comté du Noyer, protégeant un juteux magot accumulé par le moyen de rapines particulièrement violentes, agrémentées de “à-côtés” que la morale réprouve et dont nous avons déja parlé (tout en conservant pour nos les détails sordides), et tentant de se remettre d’une mauvaise blessure par balle à la jambe subie dans le cadre de ses exactions.
Vient un jour où les denrées viennent à lui manquer, et Jean-Robert constate qu’il a faim. Aussi descend-il dans la petite ville de Plume pour s’en procurer. Le bon sens aurait voulu qu’il se fasse discret et qu’il achète paisiblement ce dont il avait besoin sans faire de vagues, mais ce n’est pas ce qu’il fit. Probablement parce qu’il ne voulait pas amoindrir son trésor — qui devait pourtant être gigantesque au regard des vols qu’il avait commis — il décida de braquer l’épicerie, de faire le plein de vivre puis de s’en retourner tranquillement dans sa planque. Ce qu’il fit avec succès, en abattant, au passage, l’employé qui était à la caisse.
Plus tard, quand ses provisions vinrent de nouveau à manquer, il réitéra l’opération : descente à Plume, braquage brutal d’une épicerie, retour à la maison. Il réitéra ainsi à quatre reprises, c’est-à-dire pendant plus de quatre mois. La cinquième tentative lui aura été fata-le. Cette fois, le shérif du comté, Claude Montant, qui avait bien repéré le manè-ge (on a envie de dire : enfin), se posta en embuscade près de la seule épicerie qu’il avait autorisée à rester ouverte. Il y entama une longue planque qu’il main-tint plusieurs jours, jusqu’à ce que Robert finisse par arriver, inconscient du châtiment qui l’attendait.
Lorsqu’il s’approcha de l’épicerie, le shérif ne tarda pas à le reconnaître : non seulement il ne le connaissait pas — or il connaît les vachers du coin — mais encore il correspondait parfaitement à la description qui lui avait été fournie. De surcroît, sa tête figurait affichés dans son bureau parmi les plus fameux cri-minels recherchés. Il l’abattit de trois balles dans le dos, dont une dans la nuque. Il empochera la prime de 300 000 dollars — de quoi prendre sa retraite. Quant au magot de Robert-le-Maléfique, il est san doute perdu pour longtemps… de quoi, peut-être, faire naître une nouvelle légende locale.
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Il s'agit d'un article de presse quatre colonnes et composé de trois images qui sont des photographies en demi teinte ou tramage. La principale est rectangulaire (horizontale) est montre la scéne d'émeute initiale devant le studio, la seconde montre la mise à sac d'une salle d'enregistrement, et la dernière montre les jambes d'un pendu dans un bureau saccagé et enfumé.

Mise à sac du Studio Hubert : Mlle Dalila échappe de peu à la mort !, In les amis de l'Autel, 16/11/2016

Le texte en Presse-PapierMise à sac du Studio Hubert : Mlle Dalila échappe de peu à la mort !
Le Studio a été ravagé par une foule furieuse, Henry Hubert a été pendu mais Melle Dalila est parvenue à s'enfuir
L'incident s’est produit hier après-midi dans la petite munici-palité de Pontvac, en périphérie de Sainte-Régine, capitale de l'État, où sont installés depuis quelques années les sulfureux studios d’enre-gistrement Hubert.
Plusieurs ligues de vertu venues de tout l’État, scandalisées par "Besoin de Personne", le dernier album de mademoiselle Dominique Dalila, ont organisé une manife-station spontanée devant les lieux.
Rappelons à nos lecteurs que le producteur Henry Hubert, perso-nnage sulfureux, a par ailleurs été soupçonné par la Justice d’être le principal pornographe du Makota (lire à ce sujet notre article sur le second disque de Mlle Dalila, daté du 10/11/16), bien que l’insu-ffisance des preuves ait empêché sa condamnation.
Tandis que le nombre de mani-festants ne cessait de croître et que la tension allait grandissant, le shérif de la municipalité, accompa-gné de ses deux adjoints, s’est rapi-dement rendu sur place. Ils se sont positionnés devant le bâtiment afin d’en interdire l’accès aux protes-tataires et d’entamer, nous citons leur déclaration : "une démarche d’apaisement par le dialogue". Manifestement, cette méthode — toute moderne — ne porta pas les fruits escomptés : bientôt, les armes sortirent des holsters un peu partout, des fusils apparurent, et des coups de feu retentirent, certains en direction du studio, mais la plupart en l’air.
Soudain, un vacarme violent retentit à l’arrière du bâtiment : la porte de service venait d’être en-foncée par un camion-bélier. Un groupe de manifestants, lourde-ment armé, pénétra alors dans les lieux avec fureur. Lorsque la foule massée à l’avant apprit ce qui se passait à l'arrière, elle se rua vers l’entrée principale sans plus se soucier de l'autorité. Dépassées, les


forces de l’ordre se replièrent, non sans faire usage de leurs armes pour se frayer un passage et abattre ceux qui, par leur comportement, semblaient les menacer.
Dès lors, le studio fut totalement livréà la colère des manifestants qui, se répandant dans toutes les salles, renversèrent tout le mobilier, dé-truisirent tout le matériel et taba-ssèrent le personnel qu’ils trouvè-rent sur leur route.
Tout ce qui était en bois fut alors rassemblé et combiné avec les papiers déchirés des archives et de l’administration ; des incendies fu-rent allumés un peu partout, tandis que, dans le même temps, certains émeutiers détruisaient conscien-cieusement le volumineux, coûteux et complexe matériel électronique de captation du son.
Rien ne fut pillé, mais rien ne fut épargné, et tandis que la fumée des feux commençait à se faire de plus en plus présente, l’endroit devenait un chaos indescriptible de brutalité.
C'est alors qu'une rumeur se fit entendre dans la foule. Made-moiselle Dominique Dalila (dési-gnée à cette occasion par d'autres termes plus précis et circonstanciés, mais peu élégants) se trouverait au sous-sol, où elle tenterait de fuir par les égouts. Un contingent impor-tant d’émeutiers se rendit aussitôt à la cave, où ils trouvèrent, outre du vieux matériel de musique mécani-que, une porte barricadée à la hâte, qu’ils ne tardèrent pas à enfoncer par la force combinée de plusieurs individus et la fureur de leur colère.
La salle était une grande pièce sans fenêtre, servant de local tech-nique au service d’évacuation des eaux usées de la ville de Sainte-Régine et de sa banlieue, à laquelle Pontvac appartient. Tandis qu’un grand nombre d’émeutiers se me-ttait curieusement à détruire les pui-ssantes pompes qui s’y trouvaient, quelques autres, plus déterminés, partirent à la recherche de Mlle Dalila et de sa cour dans ce qui se révéla rapidement être un dédale de galeries étroites et chaotiques.
Il fallut tout de même plusieurs minutes aux poursuivants pour apercevoir enfin, dans un recoin de galerie, mademoiselle Dominique Dalila et ses assistantes, toutes cou-vertes d’excréments du fait de la galerie pleine d’eaux usées qu’elles avaient empruntée, grimper frénéti-quement et en hurlant de panique une échelle métallique menant à la surface, où — heureusement pour elles et au désespoir de leurs pour-suivants — les attendait un utilitaire qui les fit quitter la ville à grande vitesse vers une destination inconnue.
Notre journaliste sur place, qui a observé toute la scène pour nous, n’a pas eu le temps de prendre les photographies qui s’imposaient pour immortaliser Mlle Dalila cou verte d’excréments. La rédaction présente donc ses plus plates excuses à ses estimés lecteurs.
Mais l’histoire ne s’arrête pas là. Du côté des studios, à son dernier étage, les émeutiers atteignent le bureau du directeur, M. Henry Hubert, qui s’y était retranché avec quelques collaborateurs après avoir échoué, semble-t-il, à rejoindre à temps le passage menant au sous-sol et aux égouts. Il sort les revolvers tandis que la porte est enfoncée et que les assaillants pénètrent dans le bureau.
S’ensuit une fusillade brève et violente, qui s’achève par la mise hors de combat des défenseurs et le désarmement d’un Henry Hubert blessé. Ce dernier est d’abord battu sévèrement par la foule, avant d’être finalement pendu au lustre de son bureau.
C’est précisément à ce moment que notre photographe parvient dans la pièce et immortalise la scè-ne par le cliché ci-dessus, tandis que les émeutiers fuient le bâtiment, désormais largement gagné par les flammes. Les pompiers auront ce-pendant beaucoup de mal à atteindre l’incendie, la foule les retenant assez longtemps, laissant une ruine fumante .
Le bilan macabre est de onze morts, dont Henry Hubert, et d’une quarantaine de blessés.

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Article en trois colonnes avec deux illustrations qui sont des photographies en demi teinte ou tramage. La première photographie montre une femme prononcer un discours dans une salle de presse protégée par une femme homasse et un cow boy, la seconde montre un homme dans un salon du XIXe siécle entouré de deux femmes en robes de courtisanes et qui fument et boivent.

Melle Dominique Dalila contre-attaque ! , In Les amis de l'Autel, 19/11/2016


Le texte de l'article sous forme de Presse PapierMelle Dominique Dalila contre-attaque !
Rescapée d'une agression qui a emportée son producteur et son studio, la chanteuse entre en résistance.
Hier soir, reçus sur invitation dans une salle de presse spécialement aménagée pour l'occasion dans la salle de réception d'un grand hôtel de Fondation, nous avons pu assister à la première apparition publi-que de Mlle Dominique Dalila depuis son agression survenue le 15 novembre der-nier, soit il y a quatre jours. Manifes-tement, la jeune femme, qui pourtant ne manque habituellement ni de tact ni d'a-plomb, du fait de sa profession de chan-teuse de cabaret et de courtisane notoire, nous a semblé ce soir-là d'une gravité et d'une émotion inhabituelles, au point qu'elle était, pour ainsi dire, au bord des larmes lorsqu'elle fit son entrée dans la salle. Elle était accompagnée sous bonne garde par son cousin, M. Jean Riger, un petit vacher jusqu'alors inconnu du grand public, et par une femme hommasse et très défavorablement connue des services de police des mœurs pour fait de tribadisme, Mlle Julie Oudin. Tous deux, arme en main et doigt sur le ponter, se tenaient de part et d'autre de Mlle Dalila.
Avant de retranscrire les propos tenus par l'oratrice, nous prenons quelques lignes pour rappeler succinctement à nos lecteurs les événements survenus le 15 novembre au Studio Hubert situé à Pontvac, en périphérie de Sainte-Régine. Pour des informations plus détaillées, nous renvoyons au numéro du 16 novembre.
Pour résumer brièvement, le studio d'enregistrement de M. Henry Hubert, producteur de vinyles, a été pris d'assaut par des émeutiers issus de diverses ligues de vertu. Les installations furent ravagées, les machines détruites, puis le bâtiment incendié. M. Henry Hubert, bien que retranché dans son bureau et lourdement armé, fut capturé par la foule après une fusillade durant laquelle il fut blessé, puis finalement pendu au lustre de son bureau. Dans le même temps, Mlle Dalila et plusieurs de ses assistantes, dont Mlle Julie Oudin, sa garde du corps homasse men-tionnée plus haut, réussirent à fuir par les égouts grâce à un accès situé dans les sous-sols du bâtiment. Elles échappèrent à leurs poursuivants en se jetant dans un canal souterrain rempli d'immondices avant d'atteindre une sortie et de quitter la ville à bord d'un véhicule d'urgence manif-estement prévu pour cette éventualité.
Depuis ce tragique événement, nous avions perdu sa trace et certains préten-daient même, sans preuve, que Mlle Dalila avait quitté le territoire pour le Royaume de Teyla où elle serait hébergée par Marie-Charlotte Plessis. Cette information se révèle manifestement fausse, puisqu'il semble que la rescapée n'ait pas quitté cet hôtel où nous l'avons rencontrée à son invitation.
À présent, nous pouvons en venir à la conférence de presse de Mlle Dalila. Comme il est de coutume lors de ce genre d'événement, elle a débuté par un discours suivi d'un temps réservée aux questions des journalistes. Le début de son discours fut consacré à rappeler les faits, comme nous l'avons fait, bien que l'intéressée ait omis l'ambarassant passage aquatique, ce que nous pouvons comprendre. Elle a ensuite tenu à « rendre hommage à l'ho-mme à qui je dois ma carrière de chan-teuse et bien plus encore » et qui, selon elle, « trop en avance sur son temps, ne pouvait que déplaire à une popu-lation arriérée ». Elle ajouta que M. Henry Hu-bert « se doutait du sort que lui réservaient les ligues de vertu et qu'un jour ou l'autre, comme il aimait à le dire, il finirait par flotter sur le dos dans un égout sordide de Sainte-Régine ».
Puis, regaillardie par cet hommage poignant rendu à un homme lourdement soupçonné de pornographie et noceur notoire, elle accusa publiquement le shérif de la municipalité de Pontvac ainsi que celui du comté de Les-Marais d'être chacun responsable de la mort de son protecteur. Le premier, pour ne pas avoir appelé de renforts et avoir sciemment né-gligé une partie des accès au bâtiment, et le second, pour ne pas être venu prêter main-forte malgré les appels téléphoniques répé-tés de M. Henry Hubert. Mlle Dalila insis-ta particulièrement sur ce point, indiquant que « c'est par la complicité passive des forces de l'ordre et, plus généralement, de l'ensemble des magistrats élus, que les ligues de vertu les plus violentes peuvent imposer leur loi sans jamais être inquiétées et ce, au mépris des principes fondamen-taux de l'État du Makota ». Elle ajouta, ce qui est factuellement exact, que « la police
municipale n'a même pas été capable de procéder à une seule arrestation, ne serait-ce que pour outrage ! » Elle conclut son discours en affirmant qu'elle « ne comptait pas passer à autre chose et retourner au cabaret pour faire ce que l'on attend d'[elle], mais qu'[elle] comptait bien poursuivre l'œuvre de M. Henry Hubert ».
Pour ce qui est des questions, elles furent nombreuses, mais nous ne retien-drons ici que l'essentiel : Mlle Dalila a le projet d’ouvrir un nouveau studio d’enre-gistrement, plus ou moins clandestin, avec les fonds qu’elle pourra grappiller ici et là, ainsi que ceux que lui ont rapportés ses disques. Elle n’exclut pas de lancer une souscription internationale auprès des for-ces du Progrès du monde entier. Nous suivrons cela de près.
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Article de presse en trois colonnes avec une seule illustration qui est une photographie en demi teinte ou tramage montrant un shérif en conférence de presse

Drame de Pontvac : « Non, je ne les ai pas laissés passer », In les amis de l'autel, 20/11/2016

Texte brut en bloc notrePOLICE-JUSTICE
Drame de Pontvac : « Non, je ne les ai pas laissés passer »
Mis en cause par Mlle Dalila, le shérif Jourdain rejette toute complicité avec les émeutiers.
Dans sa conférence de presse donnée le soir du 18 novembre, durant laquelle elle revenait sur les événements tragiques s'é-tant déroulés au cours de l'aprés-midi du 15, mademoiselle Dalila, sulfureuse chan-teuse de variété sur disque et en cabaret ainsi que courtisane notoire, insinuait très clairement que le sort tragique du produc-teur licencieux et pornographe suspecté, Henry Hubert, devait quelque chose à la non-chalance, voire à la complicité, des forces de l'ordre dépêchées sur place.
Jean Jourdain, shérif de la municipalité de Pontvac, s'étant rendu sur les lieux avec ses deux adjoints pour y remplir son devoir, s'est senti, très justement, insulté dans son ho-nneur. C'est pourquoi il a décidé de donner une conférence de presse pour dissiper toutes les accusations calomnieuses concernant le comportement adopté par ses hommes et lui-même lors de ce tragique événement, qui fit pas moins de onze morts, dont monsieur Henry Hubert et plusieurs de ses collabo-rateurs, ainsi que plus de quarante de blessés.
Il va de soi qu’amoureux de la vérité comme nous le sommes et désireux d’informer au mieux notre lectorat avec des sources tout à fait sûres et très exactes, nous nous sommes rendus à cette conférence pour obtenir du shérif Jourdain les quelques données nouvelles qu’il était le seul à pouvoir fournir, du fait de son point de vue unique de force d’interposition neutre et impartiale.
Mais avant cela, nous nous faisons un devoir de poser comme un fait clair et vérifiable par tous que le shérif Jourdain est un homme absolument dont l'intégrité est absolument hors de tout soupçon, et que si nous avons consenti à entendre son témoignage, c’est au seul profit de la vérité, et non pour le voir se laver d’une quelconque suspicion infondée et imaginaire. En effet, après quelques recherches et interrogations auprès de la population locale et des autres ma-gistrats de la municipalité, il s’avère que mon-sieur le shérif Jourdain est un homme abso-lument irréprochable, très aimé et respecté de ses administrés, comme le prouvent d’ailleurs ses pas moins de quarante années au service de la loi et de la sûreté de Pontvac, dont les deux tiers dans le cadre d’un mandat électif renouvelé toujours très largement par les urnes.
Il n’en va naturellement pas du tout de même pour feu monsieur Henry Hubert, dont le souvenir est pour le moins beaucoup plus contrasté, ou, pour le dire plus clairement, qui ne laisse aucun bon souvenir et que personne ne semble regretter. Certes, nous connaissons l'adage qui dit que des morts il ne faut dire que du bien, mais, hélas, il est une triste vérité dont nous devons informer nos lecteurs au mépris de ce diction, c'est que ce producteur imposait à la petite communauté locale ses mœurs très dissolues, toutes urbaines et même étrangères, qui ne pouvaient que jeter le trouble et la discorde dans la bourgade. En effet, on ne compte plus les occasions de beuverie et de débauche durant lesquelles le studio Hubert, à présent réduit en cendres comme le corps de son propriétaire, se transformait en un véritable lupanar sodomite et gommorrhéen, propre à attirer sur Pontvac les pires malédictions divines.
À ce sujet d’ailleurs, le shérif Jourdain commença sa communication précisément sur les différents désordres à l’ordre public qu’il dut gérer très concrètement dans le cadre de ses fonctions de défenseur de l’ordre public et moral dans la municipalité. L’essentiel de ces désordres émanait de ce studio — et donc de monsieur Henry Hubert, de ses employés et de ses amis : arrestations pour tapage nocturne, atteinte à la pudeur, comportements contre-nature, adultères et unions libres, ivresse publique manifeste, con-sommation et vente de produits stupéfiants, vio-lence, outrage et autres chefs semblables. « Dans une communauté paisible, où l’essentiel du travail d’un shérif consiste à servir de médiateur entre les vachers et à faire une planque de temps à autre pour arrêter les voleurs de bétail, je me suis retrouvé à devoir régler des situations tout à fait nouvelles », déclara-t-il, pour bien nous faire comprendre l’embarras dans lequel ce studio plongeait toute la communauté. « Ces gens vivaient entre eux et ne parlaient pour ainsi dire à personne, se contentant d’allers-retours entre Sainte-Régine » (ndlr : la capitale n’est, en effet, pas loin) « et Pontvac. Ils n’étaient pas des nôtres, mais une extension des vices de la capitale, que la capitale elle-même semblait ne plus vouloir, si j’en crois les rapports de la police du comté des Marais » (ndlr : le comté dans lequel se trouve Sainte-Régine, et qui englobe aussi Pontvac).
Mais le shérif ne justifia pour autant aucune violence, et déclara qu’il appartenait au juge de faire son travail ; que beaucoup des gens de ce studio auraient dû être en prison ou en asile, et que les femmes qu’on y trouvait relevaient d’un hôpital pour filles-mères et prostituées isolées et qu'en tout état de cause, il n’incombait ni à la police, ni encore moins à la population, de se substituer à la loi et de se faire justice elle-même.
Une fois faite cette remise en contexte ô combien nécessaire, nous arrivons enfin à l’événement dramatique du 15 novembre dernier. Aux alentours de 16 h, le shérif reçoit un coup de téléphone de monsieur Hubert, se plaignant d’un attroupement a-normal devant le studio. On parle alors d’une petite dizaine d’individus. Le shérif se trouve à l’autre bout du territoire de la mu-nicipalité, en pleine démarche de médiation entre deux vachers concernant un terrain li-tigieux. Il demande à monsieur Henry Hu-bert de verrouiller les portes, prendre ses armes et d’appeler la police du comté.
Une demi-heure plus tard, une fois apaisée la situation entre les deux vachers et rédigé avec eux le procès-verbal à desti-nation du juge, le shérif se rend avec ses adjoints devant le studio Hubert. Il y trouve alors une cinquantaine d’individus, des deux sexes et de toutes conditions (on y note même la présence de quelques religieuses exaltées), mais majoritairement, il s’agit d’une population masculine et vachère — donc armée d’armes à feu, des fusils à levier et des révolvers. Le shérif déclare en outre qu’à trois contre une cinquantaine, ils ne pouvaient pas faire de miracles et qu’il s’attendait à un renfort de la police du comté qui tardait à venir.
Un quart d’heure après, le shérif entend le bruit caractéristique d’une voiture-bélier : c’est la porte de service du studio, située dans la ruelle arrière, qui vient d’être enfoncée. Ne pouvant se séparer, au risque que l’un d’entre eux se retrouve seul face aux émeutiers, les policiers restent postés devant le bâtiment, tandis que les assaillants y pénètrent par l’arrière et qu’un vacarme invraisemblable se fait entendre à l’inté-rieur. Au bout d’un moment, la pression monte tellement devant le studio que le shérif et ses hommes sont contraints d’abattre plusieurs émeutiers et d’engager un repli vers leur véhicu-le. Rapidement, la fumée commence à apparaître à travers les vitres brisées du bâtiment et l’on entend d’intenses échanges de coups de feu à l’intérieur. Puis tout le monde sort, tandis que le bâtiment se trouve en proie aux flammes.
Les pompiers arrivent rapidement, mais sont empêchés d’accéder au bâtiment par une foule enragée. Le shérif et ses hommes se concentrent alors sur la protection des soldats du feu. Enfin, quand le bâtiment est tout à fait anéanti et qu’il commence à s’effondrer, la foule se disperse et les lances à eau des pompiers peuvent enfin entrer en action. Quand la police du comté arrive sur place, il n’y a plus ni studio, ni émeutiers.
« Je ne sais pas pourquoi les agents du shérif du comté ont été aussi longs à venir nous prêter main-forte, mais j’affirme qu’à seulement trois contre une foule furieuse, mes hommes et moi n’étions absolument pas en position de procéder à une quelconque arrestation. Nous avons défen-du nos vies et celles des pompiers. Nous avons fait le maximum de ce qu’il nous était possible de faire pour protéger nos concitoyens, et nous avons même abattu quelques émeutiers ! C’est pourquoi je n’accepte pas que l’on fasse traîner sur notre compte des calomnies qui nous déshonorent injustement et qui trompent la population. »

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