Posté le : 02 jui. 2025 à 01:43:18
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Vlad acquiesça au compliment du Présidium, sans toutefois en rajouter une couche. Oui, l'Estalie était belle, en tout cas beaucoup plus que le laissaient supposer ses détracteurs polks qui passaient leur temps à fustiger la Fédération pour sa laideur moderniste, une terre soi-disante d'usines et de machines à perte de vue alors qu'il aurait suffi de faire un tour dans les campagnes estaliennes pour se rendre compte qu'il existait autant des bassins industriels massifs à l'est du pays comme des terres agricoles fertiles et des zones boisées inviolées par la main de l'Homme à l'ouest. Le Questan était en ce sens aussi un joli bâtiment. Etait-ce à cause de sa nature initiale ? Peut-être, le bâtiment était un palais à l'origine, une construction du milieu du XIXe siècle devant afficher fièrement le prestige d'une des familles de militaires nobles les plus fortunées de la capitale à l'époque. Pourtant, même en sa qualité d'ancien palais nobiliaire, cela ne justifiait pas son état actuel : le Questan n'avait-il pas été le théâtre des violents affrontements de la prise de Mistohir par les Kartaliens, au point d'en devenir l'ultime bastion lors de la chute de la capitale ? Les affrontements auraient dû avoir raison du palais et pourtant, il était là, dressé et fier, occupant une fois de plus une fonction vitale de la gouvernance estalienne, servant cette fois-ci le peuple dans son entièreté. Le bâtiment était devenu l'effigie de cette supplantation de l'ancien ordre par l'Anarchisme Renouvelé, un ancien monument de soumission de la classe nobiliaire sur le peuple devenu le bâtiment depuis lequel la Révolution avance à pas de loups, au gré des alliances, des accords et des traités conclus avec les révolutionnaires du reste du globe. Une belle ironie en somme.
Vlad ne se tenait pas d'expliquer toute les subtilités que ce bâtiment, ainsi que beaucoup d'autres dans la capitale, apportaient en terme de significations symboliques aux Estaliens. Pour Vlad, comme pour la plupart des agents du SRR, la symbolique était une chose qu'il fallait laisser aux intellectuels. Lui avait connu les combats, le terrain, la mesquinerie des hommes ; un environnement dans lequel le symbolisme était abandonné au bord de la route tel un orphelin jeté par-dessus bord par des parents indignes de l'être. Au contact des conséquences de leurs idées, les hommes abandonnent la symbolique, ni plus ni moins. L'agent se contenta donc d'aller de l'avant, menant la délégation jusque dans une grande salle. En son centre, une grande table, style XVIIIe siècle, attendait la délégation. Vlad fit signe à ses homologues barvyniens de s'asseoir sur les très confortables fauteuils qui entouraient la grande table. Une fois assis, quelques hommes de la Commission entrèrent dans la salle et sans attendre, ils posèrent les documents de la Commission liés à la rencontre devant Vlad et Slavitek afin que ceux-ci se replongent dans le dossier de la rencontre. Bien entendu, Vlad sortit ses propres documents de son costume, sortant une enveloppe brune parfaitement étanche et commença à sortir les documents, les plaçant étrangement à l'opposé de Slavitek afin que celui-ci ne scrute pas des yeux les dits documents, ne laissant que dans sa vue les documents de la Commission aux Relations Extérieures. Les bureaucrates qui avaient confiés les documents en profitent pour poser quelques verres, de l'eau et servent du café à tous ceux présents à la table, tout en posant de petites assiettes d'en-cas. Slavitek sourit légèrement :
"Je vous en prie, messieurs, servez-vous. Je ne sais pas combien de temps cette rencontre va durer, il est important que nous soyons tous à l'aise pour discuter convenablement."
Vlad sortit son nez de ses documents et débuta alors la rencontre, son regard impassible continuait de transpercer la délégation barvynienne. Les Barvyniens en face d'eux n'avaient peut-être pas le plus tendre des Estaliens en face d'eux mais c'était quelqu'un de pragmatique et direct, ils étaient au moins assurés que la rencontre ne tournerait pas autour du pot.
"Très bien, messieurs, débutons. Comme vous le savez, nous avons un certain nombre de sujets à aborder. Je pense que vous connaissez certainement la situation régionale de l'Eurysie de l'Est, celle-ci n'est guère reluisante. Entre un Slaviensk qui a effectué depuis le début de l'année un revirement autoritaire assez flagrant et qui s'arme de jour en jour, une présence onédienne systématique en Translavya ou encore les incursions onédiennes et velsniennes dans le détroit de Rusalka, la région est loin d'être stable et il est important pour nos deux nations de coopérer dans le sens d'une stabilisation régionale mais également dans la sécurisation de nos intérêts communs. En effet, la Barvynie, de ce que nous savons, ne dispose pas d'une force armée de grande qualité, elle manque d'effectifs, de matériel et si j'en crois mes documents, le dernier conflit en date à laquelle votre nation a participé date de 1992. Je ne vous jette pas la pierre : avant le Saïdan, l'Estalie a connu une paix relative tout le long du XXe siècle ; néanmoins, je pense qu'avec une absence de conflits depuis plus de vingt ans, le cadre doctrinal de vos forces armées dû en pâtire. Ce que je veux dire par là, c'est que la Barvynie n'est à notre sens pas pleinement en capacité de se défendre seule dans le cas où Slaviensk, l'OND ou Velsna tenteraient à nouveau d'agrandir leur influence régionale. Bien sûr, il n'existe à ce jour pas de signes avant-coureurs de tels événements mais vous savez, la Pravoslavnyy avait beau être un régime réactionnaire de la plus basse espèce, rien ne prédestinait dans l'immédiat à son affrontement. Les Slavis, les Onédiens ou les Velsniens jouent sur l'effet de surprise pour remporter la partie. En somme, en l'absence de politiques de défenses dissuasives, votre pays est pour ainsi dire...nu. Et je pense que c'est un problème auquel il faut remédier dans l'immédiat."