Le ciel de Volkingrad se grisait sous la lourdeur de l'hiver, la ville se couvrait lentement de son épais manteau de neige par la rude saison Kartienne. L'infrastructure aérienne était active oui, mais aucun journaliste, aucun civil, personne hormis le 101ème régiment de l'Armée Impériale et la seule diplomate de l'assemblée, l'ambassadrice Haltaï. Le temps semblait figé, rien ne bougeait sur le tarmac si ce n'est les silhouettes de quelques militaires assaillis par le froid. Il y avait aussi ces massifs blindés de la brigade d'acier, tous en rang, dans une formation plus défensive que cérémonielle. Les appareils étaient assez facilement reconnaissables, des Gepanzert II, connus pour leur caractère vif et rapide, des chars légers en somme. Et puis des imposants Panzer III, stationnés en arrière, pointant leur canon lourd dans le ciel, ancrant leurs chenilles dans le béton.
Pourtant, dans cette immobilité tendue, une chose semblait flotter dans l'air. Une mélodie suspendue, muette mais bien présente, absente mais pressante. Un chant que l'on entend point mais dont on décèle chacune de ses notes. C'était la trace fantôme du chant de marche de la 101ème, aucun haut-parleur ou musicien ne le jouait et malgré tout. Malgré tout, son tempo semblait se deviner dans les pas des soldats, les mouvements silencieux de leur fusil armaturé à leur épaule, chaque petit geste, le silence était écho. Les roues du jet Lermandien s'ancrèrent au sol, imitant les chars Kartiens déjà présents, aucun mouvement ne fut immédiat. Ce fut uniquement lorsque la délégation posa tête hors de l'aéronef que le protocole diplomatique fut engagé. Un militaire déploya le tapis rouge comme à l'accoutumée, un autre hissait le drapeau impérial tandis qu'un dernier levait les couleurs Lermandiennes.
Deux figures Kartiennes s'imposaient dans le silence cérémonieux. Le Commandant Zenon Ensön, scrutant l'horizon de sa tenue noir et son regard acéré. Il était le meneur du 101ème régiment, ayant dores et déjà prouvé sa valeur à nombreuses reprises malgré sa jeunesse. Il y avait également la diplomate Kartienne, une figure bien différente qui contrastait de l'aspect militaire de l'occurrence. De son caractère habituellement chaleureux, elle se plaçait devant deux soldats de la garde au sol. Lorsque l'aéronef Lermandien pointant le bout de ses ailes, l'ambassadrice munie de son manteau maîtrisé d'un artisan local, d'une teinte bleutée nuit, s'avança d'un sourire chaleureux et tendant la main vers les arrivants. Elle contrastait réellement des militaires, de leur froideur apprise des entraînements et combats, le fleuron armé Kartien, l'épée non matérielle de l'Empire.

Grande Ambassadrice Oskana Haltaï: Excellences Lermandiennes, Président Duval. Le Saint Empire de Karty vous ouvre ses portes dans sa solennité, sa sincérité et son respect. Permettez-moi à nouveau d'excuser la Chancelière Orlovski qui se voit retenue d'un événement de premier ordre, sa majesté le Tsar Stanislas I la remplacera comme escompté.