Cela fait bien longtemps que la capitale promet un "retour au calme". Bien longtemps de silence, de réunions pour un « renouveau », de promesses d’élections qui n’arrivent jamais, et de projets territoriaux qui sont supprimés du jour au lendemain.
La colère ne s’est pas éteinte, mes amis. Elle se charge. Désormais, on entend des clics. Des clacs. Des bruits métalliques. Des armes qu’on monte. Des chargeurs qu’on insère. Des grenades qu’on aligne. Ils ne parlent pas. Ou alors, seulement à voix basse. Ils réclament la fin d’un régime. Ils ne portent pas d’uniforme, ne répondent à aucune faction, à aucune hiérarchie officielle. Certains sont d’anciens soldats, d’autres des étudiants, d’autres encore des pères qui ont vu leur maison rasée sans explication, ou leurs enfants arrêtés pour "suspicion de participation à une manifestation illégale". Ils n’ont pas de nom officiel, mais à Sirius, les rares qui osent encore parler d’eux les appellent "les Sutz", en référence aux bas-fonds où ils se cachent… et au fait qu’ils sont en train d’armer quelque chose. Vieux AK récupérés, pistolets rouillés mais fonctionnels, explosifs maison, outils volés sur des chantiers abandonnés. Leurs plans s’échafaudent dans le silence : cartographies de Sirius, horaires de rondes, failles dans les dispositifs policiers... Ils n’ont plus de leader depuis l’arrestation d’Abu Bakr As-Omar. Alors oui, pour l’instant, il n’y a que des bruits de chargeurs. Mais ce ne sont pas des préparatifs. Ce sont des avertissements.
