11/05/2017
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Du droit international - Réflexion au sein du Royaume. [RP]

Du droit international - Réflexion au sein du Royaume.

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Au détour d'une discussion à l'Assemblée nationale.

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- Le Royaume de Teyla peut-il rester chez lui, tranquillement, à ne rien faire ? Nous avons tous été heurtés par les derniers développements en Afarée, n'est-ce pas ?

Les mots du Député du Mouvement Royaliste et d'Union, qui se prénommait Martin Carrigue, étaient adressés à ses deux collègues du même parti politique. Martin Carrigue pensait qu'il fallait influencer le Gouvernement de Sa Majesté pour que celui-ci prenne des dispositions plus fortes qu'un simple communiqué sur la situation en Afarée. Il était d'accord avec la patience et la nécessité de dialogue avec les pays afaréens pour toutes les actions que ferait le Royaume de Teyla dans la région. Les mouvements pan-afaréanistes se multipliaient comme des petits pains sur le continent, ce qui n'arrangeait en rien toute initiative émanant d'un pays d'un continent autre que l'Afarée. Martin en était conscient, pourtant il trouvait la réponse du Royaume de Teyla bien faible. Une nation, l'Ouwanlinda, avait bombardé et tué un chef d'État étranger. Maintenant, non pas une nation, mais deux nations bombardaient les bâtiments politiques, symboles d'un pouvoir. Ces bombardements n'avaient pas pour but des objectifs militaires, au grand dam de nombreux membres du Gouvernement du Royaume de Teyla.

L'Ouwanlinda a ouvert quelque chose de nouveau, continua Martin, la clope au bec. Le rapport de force n'est plus le même, il me semble. L'Ouwanlinda a frappé le cœur d'une nation de plein fouet, son chef d'État et le lieu qui représentait le pouvoir ultime dans un régime dictatorial comme celui de la Fédération Centrale Démocratique d'Antegrad. Cette Fédération, suite à la mort de son leader, n'a pas pris la peine de répondre. Une honte, une humiliation, une défaite, dit-il tout en étant circonspect face au constat qu'il faisait. Ce n'est pas rien, au contraire, c'est un changement majeur qui a pu passer inaperçu, mais je pense que cela est une grave erreur !

Martin se pencha sur son bureau. Il avait la chance que son bureau, pour son rôle à la députation, se trouvait dans le siège de l'Assemblée nationale, pour éteindre sa cigarette dans un cendrier transparent. Martin regarda, de manière presque fascinée, la lueur rougeâtre de la braise qui s'éteignait. Un point qui s'affaiblissait chaque seconde passante, comme la mort de ce qu'il pensait être l'ancien monde. Un monde non régi par un droit international, mais dont la morale restait un principe, un non-dit, mais toujours présent.

Redéfinir les règles ! Voilà ce à quoi nous devons nous atteler. Nous devons influencer le Gouvernement de Sa Majesté pour qu'il se penche sur la question. Nous devons redéfinir les règles pour qu'elles soient acceptées de tous, afin que la surenchère dans les conflits armés cesse. On tue des dirigeants étrangers, on bombarde des cibles qui n'ont rien de militaire, mais tout de politique. Je dois rencontrer le Premier ministre dans la semaine, autour d'un de ces fameux dîners qu'il aime tant faire. Je vous ai appelés, chers collègues, pour savoir votre avis sur la question. Le Royaume de Teyla doit-il s'atteler à faire entrer dans les consciences un changement dans les règles du jeu ? Le jeu doit-il être régulé ?

Elena resta assise sur sa chaise, alors qu'un bruit sourd venait d'envahir la pièce. La sonnette de l'Hémicycle sonnait pour alerter les députés que la séance reprenait. Il était vingt-trois heures, une journée normale à l'Assemblée nationale. Mais les trois représentants du peuple ne voulaient pas rejoindre la séance pour discuter de la proposition non contraignante enjoignant le Gouvernement de Sa Majesté à revoir certaines de ses positions à l'internationale et réaffirmer son soutien à une politique diplomatique humaniste.

- Tout de suite, si tu me demandes mon avis, et c'est ce que tu fais, dit-elle en fixant Martin, je crois que tu dois être prudent, mais je soutiens l'initiative, bien entendu. La diplomatie du Royaume de Teyla a un réseau important à travers le globe et j'imagine que si le projet est bien construit et présenté à nos partenaires de l'Organisation des Nations Démocratiques, la République Translavique, le Saint-Empire de Karty et la Slavienks, alors ils signeront les documents que nous voulons imposer sur la scène internationale. Je ne pense pas que les nations communistes, même si nous avons des contacts avec elles, comme le Grand-Kah, valident notre projet. Elles y verront la volonté d'un pouvoir bourgeois de maintenir ses privilèges sur la scène internationale. Les normes, les lois que nous établirons au niveau international seront remises en cause par ces nations pour la raison que je viens d'évoquer, et elles trouveront sans doute d'autres raisons pour ne pas valider le projet. Le Grand-Kah est une nation qui s'intéresse à une multitude de dossiers, il ne voudra pas voir cette capacité, vue comme un atout, s'affaiblir sous le coup de normes et lois internationales.

Aimé Bazou, député lui aussi issu des rangs du Mouvement Royaliste et d'Union, avait une voix qui faisait taire les enfants turbulents. Une basse profonde, émanant du profond de ses poumons, faisant apparaître une autorité naturelle. Quand Aimé parlait, on l'écoutait. C'est ainsi qu'Aimé, après qu'Elena eut terminé sa prise de parole, prit la conversation pour lui.

- Seront-ils les seuls ? Demanda-t-il instinctivement, des plis apparaissant sur son front, d'un air songeur. Je ne le crois pas, pour d'autres raisons, même si les propositions que fera le Gouvernement de Sa Majesté sur la scène internationale seront parfaites et objectives. Le Grand-Kah, l'Alguarena et la plupart des nations sont des entités avec une idéologie déterminée et les réactions peuvent être anticipées avec une marge d'erreur plus ou moins importante selon le dossier dont nous parlons. Par exemple, à mes yeux, l'incertitude de la décision est plus grande chez l'Alguarena que le Grand-Kah. Mais passons. Il y aura des nations qui refuseront de signer les propositions que nous mettrons en avant, parce qu'il est dans leur intérêt propre de refuser. Elles y verront des freins à leurs ambitions, une construction d'un ordre international n'allant pas dans leur sens et donc contre leurs intérêts.

La flexibilité, le doute sur les actions qu'elles peuvent mener sont une arme pour certaines nations qui en ont besoin pour dominer leur voisinage ou parfois leur propre population. Étant donné que nous parlons de l'Ouwanlinda et de la République des Trois Nations, j'estime que vous voulez clamer la nécessité d'un droit international sur les conflits, un encadrement de ceux-ci dans une certaine limite. Ces nations, encore une fois, verront à travers un encadrement des conflits, une limitation des actions militaires durant ceux-ci, un frein pour atteindre les objectifs qu'ils se sont fixés ou se fixeront. Pourquoi se refuser de tuer un chef d'État alors que cela permet de nombreuses facilités comme une paix imposée par la force, comme le démontre l'épisode avec Ateh ?

Alors je sais,
balaya-t-il d'une main devant lui, comme pour rejeter les futures critiques, vous allez me dire que j'ai soutenu de nombreuses guerres qui sont pour la plupart restées dans les placards chez moi ou au ministère des Armées. Que cela fait de moi quelqu'un qui aurait tout intérêt à ne pas observer la construction d'un droit international sur les questions guerrières. Vous vous trompez, j'ai beau avoir cru qu'il fallait envahir la Loduarie Communiste, la Grande République de Velsna et j'en passe, je n'en reste pas moins un humaniste, dit-il sans gêne. Je ne souhaite pas la mort des civils, des soldats désarmés et encore moins des chefs d'État étrangers, sauf pour Lorenzo, je dois avouer ce péché, honorable collègue. Mais ces nations ne sont pas dans la même optique que la mienne, j'en suis certain.

Martin et Elena sourirent à la dernière remarque d'Aimé. Ils ne pouvaient pas lui reprocher de vouloir la mort d'un homme qui avait tué deux Teylais, qui avait causé tant de peur auprès de la population teylaise et même auprès des politiques teylais, devait s'avouer intérieurement Martin avec honte. Toutefois, le Royaume de Teyla avait survécu, il avait même vaincu face à la barbarie au sens littéral. La chute du Secrétaire général, aussi brutale soit-elle, n'avait été pleurée par personne ici. Bien au contraire. Les trois députés se souvenaient encore des scènes de liesse dans les rues de tout le pays lors de la mort de Manticore, avec des gestes plus qu'obscènes, loin d'une retenue. Les esprits se sont lâchés ce jour-là, ils s'en souvenaient, mais la plupart des hommes politiques s'étaient retenus. Une consigne venant directement de la Résidence Faure.

- Je ne crois pas que votre analyse soit fausse, mais elle ne dénote pas d'une vérité absolue, Aimé. Il est vrai que les actions de l'Ouwanlinda ont donné des idées à beaucoup de nations à travers le monde quant aux actes militaires, enfin militaires avec des guillemets, à exercer sur son adversaire pour le faire rompre. Mais nous avons une chance, celle de voir la République des Trois Nations ne pas céder face aux menaces de l'Antegrad et de la nation ayant un nom que personne ne peut retenir, dit Martin en gloussant. Il reprit sérieusement : si la République des Trois Nations ne cède pas, alors nous aurons un argument de taille auprès de ces nations qui n'ont pas d'intérêt, selon vous, à s'embarquer dans un tel projet. En outre, le Gouvernement de Sa Majesté devra appuyer sur la scène internationale le fait que vouloir faire plier une nation en contraignant la continuité de l'État ne fonctionne pas en toute circonstance, et notamment lorsque la communauté internationale réagit de manière importante.

Nous avons eu de la chance, pour l'instant, que la communauté internationale parle d'une seule voix et condamne l'attaque tout en reconnaissant que la République des Trois Nations a des réformes à faire. Mais là encore, la communauté internationale a parlé d'une seule voix, en disant très clairement que ces changements doivent être discutés dans un cadre de discussion souverain et surtout dans un contexte de paix. La pression n'est plus désormais sur la République des Trois Nations, mais bien sur les agresseurs. La construction d'un droit international, si petite soit cette construction, permettra de rendre ces élans de solidarité cohérents et d'augmenter leur influence. Nous ne pouvons pas nous contenter d'observer passivement la situation actuelle et nous satisfaire des résultats quasi inexistants. Et cela vaut pour tous les dossiers afaréens. Pauvre continent...

À force de voir ces réactions internationales, et même si elles ne sont pas constituées grâce à un droit international, lesdites nations finiront par entendre raison sur l'approche des frappes balistiques et stratégiques. Les raisons que vous évoquez pour acter un refus de signature à un droit international par ces nations sont véridiques. Mais dans une telle situation, les arguments ne tiennent plus et ne sont plus valables. Les nations récalcitrantes auront toutes les raisons de participer à un droit international sur les actions militaires afin de les limiter en fin de compte. Il ne faut pas oublier que ces nations, bien qu'elles n'aient pas de morale ou ne soient pas démocratiques, gardent pour la plupart une raison. L'acte de l'Ouwanlinda peut paraître irréfléchi, mais je crois que c'est tout l'inverse. Dans ce conflit et au Gondo aussi, il n'y a pas de méchant ni de gentil, étant donné que tout le monde a commis des actes abominables dans les conflits régionaux. Ateh a profité de l'absence d'un camp dont la morale est supérieure pour viser un chef d'État étranger et éviter une réaction internationale unanime.

Toutefois, l'acte en lui-même a eu des répercussions importantes : le blocus par le Duché de Sylva et d'autres nations de l'Antegrad et de l'Ouwanlinda. La communauté internationale n'était pas unie derrière ce mouvement, mais une partie conséquente de cette dernière a réagi comme on l'aurait pu attendre dans un monde avec un droit international. Le droit international ne changera pas les dynamiques guerrières, les actions unilatérales, il permettra de trouver des solutions de paix convenables à toutes les parties, réduire le nombre de conflits, j'ai espoir, et de manière cynique, de pouvoir s'appuyer sur une législation pour argumenter afin de défendre les intérêts du Royaume de Teyla à l'international.


- Vous avez un optimisme que je ne possède pas, répondit Aimé. La réaction de la communauté internationale, tant envers l'Ouwanlinda que sur le dossier des Trois Nations, n'est qu'un réflexe fébrile, une réaction qu'on a comme lorsque le docteur nous tape sur le genou avec un marteau, mais enlevez l'automatisme dans ma métaphore. Ou plutôt, il arrive des situations où l'on ne relève plus la jambe instinctivement. Une action primitive, instinctive, appelle à des réactions de la même nature. Les deux réactions se sont faites parce que la transgression faite était trop dangereusement même pour les plus aventureux. Cela doit être en plus financé. Toutes les nations ne se sont pas prononcées sur le sujet. La République des Trois Nations a démontré que oui, une nation peut tenir. Mais tiendra-t-elle quand un événement international prendra le pas et que les acteurs internationaux, régionaux, se détourneront du dossier ? La réponse est évidemment non, Martin.

Le cynisme, le sabotage des États, ne permettront pas à une telle initiative de réussir. Mais je reconnais sa nécessité, Martin.

- Humm, laissa s'échapper à voix haute Elena en regardant ses deux collègues députés. Un léger froncement de sourcils apparut sur son visage songeur aux mots de ses deux collègues masculins. Aimé, je vous aime bien, mais je dois nuancer vos propos. La réaction est certes éphémère, comme dans toutes les situations similaires, mais elle permet de mesurer la tendance actuelle des nations autour du globe et notamment des nations comptant comme des puissances internationales et régionales. Elles ont répondu présentes. Oui, il manque des nations et en nombre, et aussi parmi les nations puissantes, mais avaient-elles besoin de s'exprimer alors que chaque prise de parole a condamné l'action contre les Trois Nations ? Un réflexe, dis-tu ? Peut-être, mais celui-ci ne doit-il pas être codifié pour éviter les excès et que nous terminions tous par faire ce qu'Ateh a lancé ?

Les nations ont établi des lignes rouges, sans le mettre par écrit. C'est notre point de départ sur la constitution d'une proposition pour un droit international. La question désormais est la suivante : le droit international que nous voulons construire survivra-t-il si la réponse apportée à une agression militaire n'est pas une réponse militaire ? Le droit international sera-t-il respecté si nos réactions n'ont que des condamnations diplomatiques ?


- Je note l'interrogation, dit Martin. Mais nous n'arriverons pas à construire un mécanisme de réponse commune et surtout militaire entre les différentes nations du globe. Les idéologies sont trop différentes, les types de régimes pareillement. Les réponses diplomatiques unanimes ne sont pas obtenables de toutes les nations, alors une réponse militaire unie est illusoire. Mais cette réponse peut être d'une nature différente. Elle peut être économique. Une réponse suivie par le plus grand nombre à travers des sanctions économiques peut avoir des conséquences, qui ne feront pas retirer des troupes d'un théâtre d'opération, cela est illusoire, mais compliquera la tâche d'une nation qui tue des civils, des chefs d'État et j'en passe, chers collègues.

- Des sanctions économiques ? Aimé se retint de rire pour son collègue. Les sanctions économiques frappent avant tout les populations civiles et non les élites ou la classe dirigeante, la seule classe qui me semble nécessaire de punir si elle prend des décisions criminelles. Cela serait injuste et si elles sont suivies par une majorité de nations, alors les sanctions frapperont durement la population et accentueront la pauvreté. Nous sommes ici à parler de morale et à raison. Mais appauvrir une population pour faire plier un régime, est-ce moral ? Abandonne ce volet lorsque tu feras ta présentation au Premier ministre. Certes, cela rend moins crédible une réponse internationale, mais cela ne nous enlève pas notre humanisme. Les nations, et non le Royaume de Teyla, devront se saisir de ce dossier. Mais le Royaume de Teyla ne peut être tout seul à écrire des articles mettant en place un système de sanction international.

Je souhaite ajouter que si tu poursuis dans cette voie, il se pose le même problème que le suivi des règles établies, la signature des textes que proposera le Royaume de Teyla à l'international. C'est prendre le risque que les sanctions établies soient suivies par une minorité de nations, soient contournées, comment sais-je, rendant toute initiative de sanction ridicule aux yeux des gouvernements étrangers. Peut-être que cela sera le début d'une prise de conscience collective, je le souhaite. Mais dans les débuts de l'établissement d'un début de droit international, la bataille sera rude entre ceux qui le défendront et ceux qui voudront le tourner en dérision et le ridiculiser.


Martin acquiesça de la tête. Aimé n'avait pas tort quand il disait que si le Royaume de Teyla décidait seul d'articles sur un système de sanction, alors il se mettait tout seul entre deux feux dangereux et qui pourraient mettre à mal le projet. L'évidence même, pour les personnes dans la pièce, était de laisser cette partie à la discussion et votation entre toutes les parties qui seraient intéressées par le projet. C'était moins casse-gueule pour l'image du Royaume de Teyla à l'international.

- Vous avez raison sur ce point, Aimé, dit Martin dans un geste élégant. Vous avez raison, nous ne pouvons pas prendre le risque de faire perdre la crédibilité internationale du Royaume de Teyla. De plus, nous ne pouvons pas prendre le risque qu'un tel projet, ambitieux et répondant à des craintes fondées, échoue sur des considérations qui peuvent être discutées entre les États signataires. Mais cela pose une autre question. Si nous estimons cela, cela dit indirectement que nous ne créons pas seulement des chartes sur lesquelles les États dressent leur signature, mais que nous créons bien une instance de discussion entre les nations sur les divers sujets qui doivent être portés à l'attention des États signataires.

Nous verrons ce que donne le dîner avec son Honorable Premier ministre.


La diplomatie et la politique tiennent à rien parfois. Après la rencontre entre le Premier ministre et le député du Mouvement Royaliste et d'Union, le gouvernement de Sa Majesté ajouta une phrase sur le droit international et la proposition d'une charte, annonçant peut-être le début de la construction d'un droit international. Cette initiative pourrait marquer le commencement d'une ère nouvelle où les nations collaborent plus étroitement pour établir des normes communes et renforcer la paix et la sécurité internationales.
Blason


Lettre interne au Gouvernement de Sa Majesté.
Son honorable ministre des Affaires Étrangères Pierre Lore,
à Son honorable Premier ministre de Sa Majesté Angel Rojas.



Honorable Premier ministre de Sa Majesté,
La situation préoccupante qui prévaut actuellement en Afarée, et plus particulièrement les agissements de l'Ouwanlinda et les attaques en cours contre la République des Trois Nations, impose, comme vous me l'avez adressé, une réflexion approfondie de la part de notre Royaume, suivie, si nous l'estimons nécessaire, d'actions sur la scène internationale. Il est désormais établi que plusieurs lignes rouges et morales, que nous pensions infranchissables, ont été franchies par divers acteurs internationaux et que nous risquons une escalade régionale ou mondiale des actions qui chercheront à faire plier un État par tous les moyens. Ce que nous observons en Afarée sont une dynamique pour une nouvelle organisation du monde, une nouvelle manière de faire la guerre, de nouveaux moyens et outils utilisés à des fins de soumission d'États démocratiques ou du moins pacifistes, comme c'était le cas de la République des Trois Nations. Les nations afaréennes rivalisent d'ingéniosité pour faire plier leurs adversaires régionaux, oubliant les valeurs morales qui doivent conduire les dirigeants et les nations.

Nous avons soutenu le projet de création de l'Organisation des Nations Démocratiques, alors que nous n'étions pas au pouvoir, parce que nous avons cru, avec raison, à la nécessité de cette organisation. Nous avons soutenu ce projet parce que nous y avons vu un outil nécessaire pour renforcer l'influence du Royaume de Teyla sur la scène internationale et construire le début d'un droit international. Les objectifs que nous nous étions fixés sont pour la très grande majorité remplis et réussis. Toutefois, sur la question d'un droit international, y compris sur la question du tribunal, je dois faire le constat amer, mais juste, de notre échec. Cet échec est d'autant plus patent aujourd'hui, face à des actes comme ceux commis par l'Ouwanlinda, Carnavale, etc., qui ne donnent aucune place à la morale. L'absence de droit international sur les questions principales tend à rendre les actions sur la scène internationale violentes de la part des acteurs. La discussion est recherchée entre les États ayant une puissance similaire, mais lorsque le rapport de force est disproportionné, alors la nation se retrouvant en capacité de domination aura de plus grandes chances de se lancer dans des actions militaires. Dans de telles conditions, les nations dont la force militaire est largement inférieure à celle de l'attaquant sont obligées d'adopter des doctrines militaires de guérilla et innovantes, comme nous le démontre l'action d'Ateh envers le feu dictateur de la Fédération Centrale Démocratique d'Antegrad.

L'observation que nous faisons tous les deux, et que font une partie des Honorables Députés du Mouvement Royaliste et d'Union et des oppositions, pose le débat de la construction d'un droit international et plus largement sur la réponse et l'attitude à adopter face à des actes qui paraissent disproportionnés, mais dont les conséquences entraînent des actes tout aussi disproportionnés. Il est nécessaire, pour le Royaume de Teyla, de réfléchir à ces deux questions d'une importance égale. C'est précisément sur ces deux questions fondamentales que l'avenir de l'ordre international, et par extension la sécurité de notre propre Royaume, se joue. Monsieur le Premier Ministre de Sa Majesté, je crois qu'il est nécessaire que le Royaume de Teyla ne se contente pas d'observation, mais propose une analyse poussée face à la situation actuelle afin d'attirer l'attention des nations sur le projet que nous souhaitons construire.

Ma première réflexion se portera sur notre volonté commune de porter à l'international un projet de législation sur les cibles militaires pouvant être ciblées lors d'un conflit militaire. La première évidence est que ledit projet ne peut être lié d'aucune manière à l'Organisation des Nations Démocratiques. En outre, je souhaite porter à votre attention l'échec de la construction en interne du tribunal, pourtant inscrit dans les textes fondateurs de l'organisation. La seconde évidence est que l'organisation est légitimée auprès des membres de l'organisation, mais n'est pas un acteur suffisamment légitimé auprès de la plupart des nations autour du globe et notamment auprès de celles dont l'idéologie diverge grandement de celle de l'Organisation des Nations Démocratiques. Il en va de même pour la question des valeurs. Si le projet émerge de l'Organisation des Nations Démocratiques, des nations comme le Grand-Kah y verront un projet contraignant pour la souveraineté nationale et la population. À l'évidence, des nations communistes, communalistes y verront un projet orchestré par l'Organisation des Nations Démocratiques afin de protéger l'intérêt des puissants. N'étant pas la volonté du Royaume de Teyla, il est nécessaire que le projet soit construit.

Pour qu'une législation portant sur les sujets que nous souhaitons soit acceptée et respectée par le plus grand ensemble d'acteurs internationaux, elle doit se construire en dehors de l'Organisation des Nations Démocratiques et en dehors de ses réseaux. De plus, à l'évidence, la forme que prendra la proposition d'un début de droit international sera déterminante pour l'avenir du projet et conditionnera notre vision que nous voulons donner à ce droit international. Tout d'abord, au regard des enjeux, il me semble pertinent de renoncer à souscrire à un sommet mondial pour obtenir des signatures, des retours, etc. Des nations chercheront à saboter ledit sommet, car il n'est pas dans leur intérêt propre que la communauté internationale se structure. Ou si nous choisissons l'ouverture d'un sommet pour entériner le texte, alors les règles doivent être strictes et les prises de parole doivent être courtes, allant à l'essentiel.

Toutefois, ce n'est pas parce que je privilégie l'absence d'un sommet international que je ne souhaite voir aucune discussion internationale, bien au contraire. J'ai conscience de la nécessité d'engager une discussion et une réflexion avec nos partenaires et des nations tierces, comme le Califat Constitutionnel d'Azur qui s'est montré intéressé par la construction d'un droit international. Nous devons adopter une approche plus ciblée que ne le serait un sommet international. Ainsi, le Gouvernement de Sa Majesté établirait les premières versions des textes que nous voulons présenter à la communauté internationale. Ensuite, la diplomatie teylaise se contenterait de présenter les textes à diverses nations et de demander des retours sur lesdits textes. Cela permettra à la diplomatie teylaise de prendre le pouls sur l'initiative tout en adaptant les textes si nécessaire. Le format que je propose, Votre Excellence, permettra d'observer avec une plus grande assiduité la volonté des États à mettre en avant leur intérêt national contre leur volonté de construire un droit international fondé sur des valeurs fondamentales.

Si le Royaume de Teyla observe une adhésion de principe aux textes proposés, alors le Gouvernement de Sa Majesté pourra présenter ses textes en grande pompe à la communauté internationale. L'objectif serait de proposer un cadre non pas punitif dans l'immédiat, mais normatif. Des principes clairs, transparents, pour permettre l'établissement des règles de base à travers le globe, notamment durant les conflits militaires. Par exemple : "Ne pas viser un bâtiment nécessaire à la diffusion d'informations d'alerte à la population". Comme nous l'avons relevé, il est nécessaire de légiférer sur la conduite de la guerre, au regard des derniers événements. Il reviendra à la communauté internationale d'engager des discussions sur des sanctions, une action commune si elle estime que les textes n'ont pas été respectés par l'une des parties signataires. L'adhésion d'un nombre significatif de nations à un tel projet, même s'il ne constitue pas un traité international contraignant au sens classique dès le départ, aurait une valeur morale et politique considérable. Elle créerait une norme de conduite internationale, un point de référence contre lequel les actions des États pourraient être jugées par les opinions publiques et les oppositions politiques.

Ma seconde réflexion, tout aussi cruciale, porte sur la réponse et l'attitude à adopter face à ces actes disproportionnés. À l'évidence, il semble pertinent de dire qu'une réponse violente, dans la plupart des cas, ne fera qu'alimenter le cercle de la violence et provoquera des situations dangereuses pouvant amener à des conflits régionaux. Nous n'oublions pas les guerres passées et les logiques escalatoires qui se sont produites dans la plupart de ces conflits à grande échelle. Le Royaume de Teyla et le droit international doivent conduire à ce que les conflits n'entraînent pas une escalade régionale, voire plus grande. Mais cette réflexion comporte, hélas, des limites assez importantes et visibles. Quelle sera la réponse du Royaume de Teyla face à un acte militaire arrivant dans son cadre sécuritaire ? Nous savons pertinemment que cette réponse sera, sans doute militaire, et non diplomatique en fonction de la nation entraînant une menace sur notre cadre sécuritaire. Les grandes nations devront accepter le jeu que nous souhaitons installer, ce qui n'est pas une chose innée chez la plupart des nations, y compris au Royaume de Teyla et sans aucun doute chez nos partenaires.

Cela paraîtra paradoxal, mais je crois qu'il est nécessaire d'assumer ce paradoxe. Le droit à la légitime défense reste un élément central et prépondérant dans toutes les législations internationales, et ce droit immuable ne saurait être réduit au niveau international, lors des périodes de conflit. Au contraire, ce droit doit permettre une réponse internationale en faveur de l'État agressé lorsqu'un conflit armé éclate. J'ajoute, Votre Excellence, qu'importe l'idéologie ou la forme de l'État. Celui-ci ne saurait ne pas obtenir ce droit à la légitime défense, même si l'État agressé est contraire aux valeurs fondamentales du Royaume de Teyla. Le Royaume de Teyla devra être constant sur des positions, concernant le droit international, que nous voulons instaurer, pour le préserver et le voir réussir, et non échouer.

J'enjoins le Gouvernement de Sa Majesté à tenir des discussions avec le Parti Les Royalistes, dont nous savons être le seul parti politique pouvant, lors des prochaines élections, obtenir une majorité soit absolue ou relative, les mettant en capacité de former un gouvernement. Nos efforts ne doivent pas être troublés, mis à sac, par l'arrivée d'une nouvelle administration. Le monde ne nous le pardonnera pas. Il revient, alors, au Gouvernement de Sa Majesté actuel de prendre les dispositions nécessaires pour que la prochaine administration continue, sur ce dossier-là, la voie dans laquelle nous avons engagé le Royaume de Teyla. Il ne s'agit pas d'une question partisane, mais d'une question d'État et de crédibilité. Une rupture de la politique diplomatique teylaise sur un dossier aussi important ne saurait être observée autrement comme une perte de crédibilité sur la scène internationale de notre État, de notre diplomatie. Il est urgent de sensibiliser les leaders des formations politiques, quelles que soient leurs idéologies, représentées au Parlement, et de la nécessité de la création d'un début de droit international. Le projet, que vous souhaitez porter à l'international, est au-dessus des intérêts du Royaume de Teyla. En effet, il est nécessaire pour les intérêts des peuples, des populations civiles.
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