11/05/2017
22:48:12
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De Jacquinot veut un retour aux bonnes mœurs catholiques.


Sous ce nouveau gouvernement fasciste et suprémaciste, Briarres semble entrer dans l’une des ères les plus sombres de son histoire. Sous la volonté de «revenir au lien sacré qui unit la famille, l’Église autour du père et du fils, mais également réunir le peuple autour de ses valeurs morales communes, autour du prince et du seigneur, loin des perversions», le premier ministre Hippolyte de Jacquinot a fait part de son ambitieux programme politique auprès de la chambre des pairs, qui est déjà certainement acquise à sa cause extrémiste, malgré l’existence d’une opposition au sein de la chambre qui est bel et bien marginalisée, sans véritable influence ni capacité d’opposition contre ce gouvernement réactionnaire, soutenu par des nobles et des bourgeois aux intérêts conservateurs et souvent très catholiques, influencés par l’Église catholique elle-même. La chambre des pairs, outil conservateur par excellence de la principauté, était réunie en session plénière pour l’occasion, et le Premier ministre, dans son long et rétrograde projet de politique générale pour l’État et concernant la société, a voulu «mettre en place des profondes transformations de celle-ci ». Des transformations qui, vous vous en doutez, ne sont pas vraiment positives.

Dans ces mots, qui semblent pourtant progressistes : «transformer la société de Briarres», on aurait pu s’attendre à un projet visant à améliorer la qualité de vie de nos concitoyens, à améliorer le pouvoir d’achat et à réduire les inégalités entre riches et pauvres, qui augmentent pourtant déjà de jour en jour dans un pays où les pauvres s’appauvrissent davantage, tandis que les riches, eux, s’enrichissent encore plus dans leurs cercles fermés et huppés, loin des préoccupations et des malheurs des basses classes. Ou encore, à minima, on aurait pensé qu’il voulait présenter un projet pour lutter pour les droits des femmes, qui diminuent à vue d’œil depuis quelques années déjà. Mais qui aurait pu s’attendre à ce que, dans ce projet profondément réactionnaire, se cacherait une volonté à peine voilée d’une politique ultra-réactionnaire et d’un conservatisme social exacerbé, visant à faire de la principauté un lieu où les droits humains, même les plus fondamentaux, ne sont plus respectés ni garantis pour des milliers de sujets de sa majesté ?

Appelant aux côtés d’une Église catholique toujours plus influente et omniprésente, malgré quelques avancées sociales acquises durant les règnes du très progressiste seigneur Simon d’Aballes, c’est un profond changement qui se déroule sous nos yeux avec l’arrivée de ce nouveau premier ministre issu parmi l’extrême des extrêmes. Il appelle au retour aux bonnes mœurs et à une société morale, à savoir ce qu’il entend par là. Et dans cette optique, le Premier ministre a indiqué vouloir faire revenir la seigneurie dans les bonnes voies à travers des mesures extraordinaires visant à endiguer l’influence libérale et wokiste du reste de l’occident, qui a pu se répandre au sein de la principauté. Cela devrait passer par une politique de renforcement du rôle de l’Église dans la société civile, qui va devenir de plus en plus grand et influent, avec notamment le projet de transfert des affaires judiciaires concernant le droit de la famille et de l’enfance aux tribunaux ecclésiastiques de l’Église catholique, en jugement de première et de seconde instance. Mais aussi, plus grave encore et qui ne devrait pas nous laisser indifférents, avec la criminalisation de l’avortement, pourtant déjà rendu légal sous le mandat du premier ministre Jean-Jacques Dumont, lui-même sous le règne du feu le seigneur Simon d’Aballes, père de l’actuel seigneur de Briarres Joseph d’Aballes, plus libéral et plus ouvert d’esprit que son descendant. De Jacquinot, fervent religieux placé à la tête d’un État qui semble jusqu’alors séparé des principes religieux, considère que l’avortement est un crime contre la vie donnée par Dieu et que son autorisation contrevient aux lois divines. De même, la contraception, si elle n’est pas interdite par ce projet gouvernemental, devrait être fortement limitée, la rendant de ce fait inaccessible pour l’écrasante majorité de la population.

En plus de renforcer le rôle de l’Église dans la société civile, l’objectif derrière cette politique de lutte contre les avancées sociales est une volonté de contrôle du corps des femmes et une réduction des droits de celles-ci, qui voient tous les progrès qu’elles ont acquis être réduits à un simple néant, réduites au rôle d’épouses et de mères soumises à l’autorité du père ou du mari. C’est également le retour de la politique de la fertilité, qui encourage la procréation tout en réduisant les femmes à de simples couvreuses et accoucheuses, dont le rôle n’est plus que de tomber enceintes et d’accoucher sans aucun autre droit.

Le gouvernement Jacquinot montre les dérives de ce régime et de ses institutions lorsque le pouvoir politique est concentré dans les mains d’un gouvernement conservateur, soutenu par des parlementaires tout aussi conservateurs que réactionnaires. Il démontre une volonté d’imposer l’autoritarisme et l’absolutisme dans notre pays, chose contre laquelle se sont ardemment battus nos ancêtres à travers la révolution de 1794. Sous ce gouvernement, ce sont les droits et la vie de milliers de personnes qui sont menacés : des femmes, déjà, mais également des personnes considérées comme « déviantes » par le pouvoir, c’est-à-dire tout ce qui est LGBT et autres. Dans ces lubies réactionnaires, les mesures politiques présentées à la chambre des communes font froid dans le dos et montrent un manque considérable d’empathie humaine, et une volonté, pas cachée du tout, d’exclure de la société civile ces personnes considérées comme « déviantes ». Proposée par père Désiré Favre, du club des amis de l’Église et membre de la coalition gouvernementale de Jacquinot, sous la fonction de secrétaire d’État à la Foi et aux Affaires religieuses, la mesure devrait empêcher l’adoption d’enfants par les personnes considérées comme homosexuelles, pour ainsi « empêcher la perversion et la transmission de ces idéologies wokistes et antisociales qu’est le mouvement LGBT », en reprenant les termes du secrétaire. Sans oublier qu’avec la décision de la Cour princière (Cour suprême de la principauté de Briarres), dans l’affaire État vs Sole et Florentin, où la Cour reconnaît que l’État possède le droit de reconnaître comme non valide un mariage unissant deux personnes du même sexe et de le rendre non valide, le secrétaire d’État souhaite aller plus loin en interdisant carrément les mariages entre personnes de même sexe sur le sol de la principauté et la non-reconnaissance systémique de ceux-ci, même s’ils ont été réalisés à l’étranger, en ajoutant en plus la mise en place de mesures punitives visant à dissuader ces faits, comme la déchéance de nationalité ou des peines d’emprisonnement.

Soutenu par le premier ministre lui-même, qui a les mains libres en raison de la confiance que lui voue le seigneur d’Aballes et sa mainmise sur les deux chambres parlementaires, ainsi qu’au soutien implicite de la Cour suprême de la principauté, le gouvernement Jacquinot se lance dans une véritable chasse à l’homme au XXIe siècle contre les personnes LGBTQ+ et contre les femmes.

Nous souhaitons toutefois rappeler au premier ministre et à son gouvernement que la sexualité n’est pas un choix, mais quelque chose de naturel : tout le monde est libre de se considérer comme il le souhaite et de vivre de la manière dont il estime lui convenir. Lorsqu’un État devient autant interventionniste dans la vie du peuple, c’est généralement un signe de volonté de contrôle et de limitation des droits et des libertés. Ces dérives extraordinaires de l’appareil étatique demandent la réactivité de chacun. De telles dérives ne peuvent être laissées impunies. Sinon, ce sont nos libertés et nos droits, acquis à travers des luttes sociales, qui seront tour à tour menacés et réduits. Ne fermons plus les yeux, mais agissons, car en patientant ainsi, c’est le loup qui risque de nous dévorer.
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